#1 Tue 30 June 2009 02:38
Géomaticien et géographe ?
Je me pose de drôles de question depuis que je travaille en tant que infogéographe (au départ je me disais "je serais ingénieur géomètre-topographe").
Et parfois ce genre de questions me taraude un peu plus qu'à d'autres moments. Le signalement des actes du congrès 2008 des géomètres-expert par Bruno il y a dix jours, et notamment l'intervention Enseigner la géomatique: le piège des mots m'a marqué.
Aussi avec toutes ces histoires de formations et démarches métiers, je vais un peu plus loin que le géographe littéraire / géographe scientifique. La géomatique, c'est le penchant moderne de la géographie d'hier, c'est l'exploitation du travail du géomètre, avec l'aide du géophysicien (ou simplement du géodésien ?). Mais j'évoque la géographie d'hier, alors qu'au contraire cette géographie est toujours vivante et c'est elle qui utilise l'information géographique numérisée.
En regardant la rubrique emploi de GeoRezo, je remarque que le géomaticien est parfois soumis à quelques variations d'appellations, géographe, cartographe, spécialiste SIG, spécialiste télédétection, spécialiste géolocalisation, géomètre... Je me demande donc si tous ces noms ne sont que différentes facettes d'un même métier, ou si nous avons chacun un métier différent qui a la particularité d'avoir un point commun assez anodin qui est l'information géographique.
Avec la géographie, on modélise / décrit le monde sur lequel nous vivons. Or si ici on se réunit autour de la modélisation numérique car cette méthode nous pose des problèmes commun. Mais j'ai l'impression qu'il n'y a pas un mot pour la géographie un peu plus descriptive. Pas de question car il n'y a pas de logiciel pour faire son analyse. Mais du coup, j'ai l'impression que c'est un métier totalement différent.
Est-ce pour une bonne raison ? Ou alors je divague durant une courte nuit d'été et ça me passera ? Ou bien vous ne voyez pas de raison particulière mais la géographie qu'on nous a enseignée dans notre enfance est bien un visage de notre discipline commune à nous, GeoReziens, géomaticiens, géographes ? Je ne suis pas le seul à ne pas dormir de temps en temps à me demander quel est mon métier ? Que je suis peut-être plus qu'un technicien qui sait lire la carte des temps moderne ?
Jérôme Cuinet
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#2 Tue 30 June 2009 08:43
- François
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Re: Géomaticien et géographe ?
Bonjour,
C'est bien là tout le drame du géomaticien géographe en quête d'identité !
Pour moi il y une(des) discipline(s), puis des méthodes et des outils.
J'ai du mal à croire que l'on puisse faire le syncrétisme de tout cela dans un seul mot ou dans un seul cerveau.
Je trouve malheureux de voir tout le temps sous-tendre la gueguerre entre les grandes écoles et l'université.
Bien entendu il est humain de vouloir tirer la couverture vers soi...
Quel est aujourd'hui le point commun entre un épidémiologiste, un topographe, un gestionnaire d'espaces naturels ?
Il y peu de chance que ce soit la formation initiale ! Par contre ils peuvent mettre en oeuvre des outils qui représentent l'espace, l'analysent ou le décrivent.
L' épidémiologiste a-t-il besoin de connaître les problèmes d'altération linéaire sur les chantiers de grande étendue ? non.
Le topographe doit-il savoir représenter l'information quantitative multivarié ? Pas nécessairement...
Le gestionnaire d'espaces naturels doit-il savoir programmer en PL-SQL, doit-il savoir absoluement maintenir une base de données Oracle sur un serveur AX ? ...
Rien n'empêche d'avoir fait des études de géographie et d'avoir pu ensuite devenir ensuite spécialiste de la télédétection ou géomètre topographe si l'on est pas allergique au mathématiques...
Pour ma part, je suis géographe de formation, ai travaillé dans un cabinet de géomètres experts, chez un éditeur de logiciels, dans deux collectivités territoriales... Je me suis adapté parce que je le pouvais.
Mais on peut difficilement connaître à fond tant de méthodes et d'outils. Le PL-SQL, les divisions de propriétés, les tantièmes, le PL-SQL...
Il faut bien se spécialiser pour être reconnu.
Je suis géographe dans l'âme, mais mon activité d'aujourd'hui n'a rien à voir avec la géographie. Il faut savoir le reconnaître et l'assumer.
Il est difficile de maîtriser toutes les méthodes et outils.
L'essentiel c'est de communiquer, de s'intéresser à ce que fait l'autre, en avoir une idée assez précise pour lui demander ce qu'il faut quand il faut.
C'est pour cela qu'il y a des techniciens spécialisés.
Quand je vois un étudiant d'une fac de lettre à Grenoble, qui fait un mémoire de à l'Institut de la Communication Parlée tout en travaillant avec des étudiants de l'INPG qui cherchent à modéliser la production de la voix(c'était il y a une dizaine d'année), pour moi c'est le même genre de problématique.
Ah oui à l'époque il y avait un truc qui s'appelait MIASS (mathématiques et informatique appliquées au sciences sociales) et ça doit toujours exister...
Alors bon si on s'en sent capable, pourquoi pas.
Le mot géomatique me donne des crises d'urticaire car il est pour moi autant fourre-tout que le mot géographie... ;-)
Le plus dur c'est d'expliquer ça au gens...
François
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#3 Tue 30 June 2009 08:49
- Marc Leobet
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Re: Géomaticien et géographe ?
Bonjour,
cette question anime les débats nationaux voire transatlantiques, puisque le 6 juillet l'ENSG abritera un séminaire de réflexion franco-québécoise sur un sujet connexe : quelles sont les compétences d'un géomaticien?
Pour en avoir discuté avec Stéphane Roche (formation en France, universitaire au Québec), les approches sont très différentes, avec là-bas une dimension mathématique importante. En espérant ne pas trahir sa pensée, et très schématiquement, quelqu'un incapable de passer d'un système de référence à un autre en programmant les équations à la main ne peut prétendre au titre de géomaticien. Ce qui réduirait assez drastiquement leur nombre en France!
Bref, le géomaticien est un métier qui n'existe peut-être pas, avec des techniques dont la liste n'est pas fixée clairement (la géodésie, la photogrammétrie, sont-ce des disciplines de géomaticiens?).
J'espère que le séminaire aura des conclusions publiables.
Cordialement
Marc Leobet
@MarcLeobet sur Twitter
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#4 Tue 30 June 2009 09:36
- greg-gwened
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Re: Géomaticien et géographe ?
Bonjour,
Je me suis également posé récemment la question.
La formation universiataire que je viens juste de terminer est censé former au métier de géomaticien.
Avec un peu de recul, à travers les différents enseigenments suivis, je me rend compte que cette formation forme à différents métiers selon les sensibilités de chacun car il est impossible pour une seule personne de connaitre tout cela:
- Administrateur de données
- Cartographe
- Télédétection
- Développeur SIG
- Développeur Webmapping
- ...
Finalement, l'ensemble de ces métiers forme ce que l'on appelle la géomatique. Un géomaticien serait donc censé maitriser l'ensemble de ces domaines ou le métier de géomaticien n'existerait-il pas ?
Finalement, le cartographe ou le developpeur webmapping ne sont-il pas à la géomatique ce que le pizzaiolo serait à la cuisine ou l'attaquant au footballeur? Géomaticien est un métier ou avoir vision transversale des différents discipline est nécessaire (tout comme l'attanquant doit prendre en compte le role du défenseur de son équipe).
Désolé pour ceux qui n'aimerait pas le foot ou cette comparaison, mais c'est tout ce que j'ai trouvé en cette matinée difficile aprs une courte nuit de sommeil !
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#5 Tue 30 June 2009 09:45
Re: Géomaticien et géographe ?
Hello,
Par curiosité, je propose de jeter un coup d'oeil ailleurs, précisément sur cette liste de job (entre autre listes): http://www.geojobs.org/jobs.php
On y voit non pas des "geomaticiens", mais des métiers qualifié de façon suffisamment différente pour qu'on puisse comprendre que ce sont des métiers différents, reliés par le SIG... Je trouve que ce n'est pas si incohérent, et j'aime plutôt cette approche là, plus concrète.
Après, la passerelle de l'un à l'autre est parfois tenue, ou au contraire très large. Voilà un extrait des intitulé des différents métiers que j'ai pu trouvé en regardant rapidement, connaissant aussi certains qui reviennent souvent. Pour ma part, je me situe très loin du GIS Developer, mais beaucoup plus près du GIS Analyst/Specialist ou du Cartographer, par exemple. Un GIS Manager serait plutôt un géomaticien des collectivités, typiquement. Par contre, je ne me qualifierais pas de géographe !
Cartographer
GIS Senior Software Engineer
GIS Programmer Analyst I
GIS Specialist
CAD/GIS Manager
3D Geospatial Analyst
GIS Sales Technician
GIS/Remote Sensing Analyst
GIS Tech Support
Data Integration Specialist
GIS Team Supervisor
Je suis sur que si on essayait de définir chaque profil de poste, on trouverait les différentes composante qui sont parfois présente chez nous, sachant qu'il en manquerait sûrement certaines. Ca pourrait même permettre de définir des profil "type", peut être plus pertinent que "geomaticien", qui pourrait quasi se traduire comme "GIS person" en anglais, en gros, sigiste (ce qui est aussi vague dans les 2 langues.
EDIT : il manque une paire de métiers qui ne sont pas listés (les métiers "non-SIG" de la géomatique), mais j'ai choisi une liste de job SIG.. ceci expliquant celà, sachant que nos collègues anglophones se spécialisent peut être plus...
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#6 Tue 30 June 2009 10:48
- Frédéric ROUSSEAUX
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Re: Géomaticien et géographe ?
Bonjour,
Ce n'est pas directement lié aux métiers, mais voici un lien sur le "GIS & T body of knowledge" proposé par l'Association of american geographers.
http://www.aag.org/bok/ (cliquer sur le pdf pour le voir en grand)
...Ou l'on voit l'éventail des concepts et méthodes que l'on peut aborder quand on utilise l'information géographique. L'effort d'inventaire est intéressant.
Frédéric
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#7 Mon 06 July 2009 22:30
Re: Géomaticien et géographe ?
Géomaticien, un métier impossible ?
Toutes ces interventions rassurent, je vis un drame commun. Mais ma réflexion n'a pas pour but de définir le métier idéal. On a déjà bien du mal à acquérir tout ce savoir, on ne va pas mettre au buchet ceux qui ne savent pas résoudre l'intégrale de la latitude isométrique, ceux qui ne savent pas définir un anticlinal et ceux qui ne savent pas citer l'article 646 du code civil.
La liste de Frédéric Rousseaux montre un large panel des disciplines de la science de l'information géographique, une appellation pour le SIG que je ne connaissais pas forcément. En voyant ce véritable poster, on se rend bien compte que le géomaticien est loin d'être une spécialité en soit. On ne peut prétendre maitriser tous ces domaines de compétence.
La liste de Robin est aussi très intéressante, elle me fait comprendre pourquoi certains n'aiment pas le terme géomatique. La géomatique, c'est la discipline de ceux qui font du SIG (on le voit bien dans ce petit billet de blog par exemple), or même si c'est vrai que nous faisons du SIG, ceux qui pratiquent Ms Word et Excel ne sont pas des informaticiens.
On voit parfois, et Robin s'en rappelle après coup, que le SIG est aussi un système, l'outil informatique n'étant qu'un outil pour une petite partie du système d'information géographique. L'outil informatique peut mettre en valeur l'expertise du géomaticien, mais il ne saurait le définir.
Discipline ou outils ?
Avec mon exemple de bureautique, je vois que je le même genre de question peut se poser avec l'informatique. Je jette alors un œil sur Wikipédia, à l'article Informatique , et je vois une citation de Bernard Lang :
nul ne confond la thermodynamique, la technologie des moteurs à explosion et le mode d'emploi d'un véhicule automobile.
Comme conduire une voiture n'est pas faire de la thermodynamique, utiliser un SIG ne peut être vraiment l'essence de la géomatique.
Notre pain quotidien est le SIG. C'est l'outil que nous utilisons. En tant que tel, il est au bout de la chaine de Sisyphe discipline > méthode > outils. Il nous manque donc la discipline...
En ces jours anniversaire, de nombreuses personnes donnent leur avis sur GeoRezo. Et aussi je vois des gens qui se définissent difficilement géomaticien, mais aussi qui attendent peut-être les débats qui ont pu animer les débuts de la liste GeoRezo (comme par exemple eric). Cette recherche de débats de fond montre que pour certaines personnes il y a un fond à la géomatique, il y a une discipline cachée derrière.
J'ai fortement envie de faire quelque chose d'affreux, rejeter les autres, et déclarer moi je suis !
1) Par rapport aux débuts de GeoRezo, l'exploitation de l'information géographique s'est démocratisée. Les intervenants entrent dans ce domaine presque par accident. Sisyphe évoque l'épidémiologiste, mais l'épidémiologiste n'est-il pas plutôt d'abord un médecin ? Thierry Joliveau nous a montré il y a quelques semaines qu'à l'OMS les connaisseurs de Jacques Bertin ont tous succombé à la grippe.
2) Le SIG est au programme de géographie au collège, Wikipédia classe la géomatique comme une branche récente de la géographie, mais personne ici ne se sent géographe. Autant ceux qui voudrait l'être que ceux qui n'ont pas une idée de ce que c'est. En regardant quel est ce métier que le géographe sur le site de l'Onisep, je vois beaucoup de points communs avec le métier de géomaticien, et en plus je vois que l'ENSG forme à ce métier, alors que j'avais plutôt tendance à croire que ceux qui sortent de cette école sont des géomaticiens.
Le géomaticien est un géographe
Des réponses à mon questionnement, seul MarcLéobet nous a fait part de l'initiative d'un séminaire qui a essayé aujourd'hui de connaitre les points communs entre tous les géomaticiens réunis ici et ailleurs. Certes le métier est plus que varié, mais pour le connaitre, il faut trouver les points communs, pas les différences ! Et on a vu que je ne voulais pas me contenter du "GIS user" comme point commun entre nous tous.
J'ai commencé par évoquer le géographe, et je me rend compte que je ne peux abandonner cette idée. Aujourd'hui celui qui se fait appeler géographe analyse le territoire. Or c'est un point de vue assez récent dans l'histoire de la discipline géographie. Étymologiquement, c'est la science de la représentation de la Terre. Le géographe parcourt le monde afin que ses contempenrains aient une image du monde dans lequel ils vivent.
Le géographe a désormais fait le tour du monde, ses atlas lui montre ce qu'il veut sans qu'il n'ait à bouger de son bureau. Il peut prendre du recul et analyser toutes les données qui ont été récoltées.
Mais le géographe doit toujours mettre à jour ses données, parcourir le monde, constituer des bases de données toujours plus énormes, représenter de façon synthétique ces données incompréhensibles dans la forme sous laquelle elles sont stockées. Pour moi, c'est cette partie là qui fait le géomaticien. Le géomaticien est le géographe qui continue représenter l'image de la Terre.
Le géographe des temps modernes
Le mythe de la carte à l'échelle 1:1 est très récent. Il n'y a que quelques dizaines d'années qu'on pouvait imaginer cette absurdité. Il y a treize ans c'était de la science-fiction. Il y a cinq ans Google a montré au grand public que demain cela était possible. Aujourd'hui, on s'inquiète réellement, on voit apparaitre des politiques de confidentialités (floutage dans Google Street View), des chartes d'éthique.
Nous sommes dans un monde géonumérique, les géotrucs sont partout. Mais nous, géomaticiens, sommes les experts de cette géonumérisation du monde ! Plus que jamais nous n'avons exercé le métier de géographe. Nous avons dans quelques cm^3 le monde entier à l'échelle 1:1.
Les numériseurs du monde
Marc Léobet a peut-être envie que le géomaticien désigne un métier qui existe, avec un jeu de compétences commun. Moi je suis persuadé qu'en tant que numériseur du monde nous devons avoir des compétences communes. Je vais répertorier ces compétences, cela va surement être la partie sujette le plus facilement à discussion.
Le géomaticien numérise et donc fatalement il modélise le monde : c'est la partie informatique, constitution des bases de données géographiques. Il connait les différentes méthodes de modélisation de l'information géométrique et son association à de l'information sémantique, comme le décrit par exemple la partie centrale du poster pédagogique de Lid (Philippe Lepinard). C'est la maitrise de cette modélisation qui permet de joindre différentes données qui semblent a priori incompatible, qui permet d'extraire de l'information là où il n'y a qu'un amas de bits sur un quelconque support de stockage.
Dans son article Cartographie numérique ? Lid nous rappelle que la cartographie est extrèmement importante. En effet sans la sémiologie graphique de Jacques Bertin, nous sommes noyés sous l'information. Il faut savoir synthétiser, faire mentir certains détails pour dire la vérité. La carte à l'échelle 1:1 n'a pas de sens, ne pas s'en rendre compte est oublier une des raisons d'être de la géomatique.
Une étape importante de la numérisation est la construction des coordonnées des données géographiques. Savoir à quoi correspond exactement les coordonnées géographiques, pourquoi cela n'a aucun sens d'interpréter ces deux angles souvent en degrés comme les coordonnées d'un système cartésien 2D, et comment projeter ces coordonnées sur un plan, cela est à mon avis l'essentiel de la géodésie.
À ces notions de base de géodésie, il faut ajouter les systèmes géodésiques de type spatial, qui ont été rendu possible avec les satellites mis en orbite autour de la Terre. Faire la différence et gérer les systèmes géodésiques modernes (RGF93, WGS84), les concilier avec les anciens systèmes terrestres (NTF, NAD27) est obligatoire afin de pouvoir afficher toutes ces données sans dommages.
Le dernier point, et pas le moindre car je participe à ce point-ci en particulier (oui je travaille chez un fabricant de caméra numérique, je fais ma pub ), c'est l'acquisition des données, avec tous les moyens modernes et classiques qui sont à notre disposition. Sans être forcément un expert dans toute l'instrumentologie actuelle, le géomaticien connait le principe et l'intérêt des différents modes d'acquisition de la données géographique (mètre ruban, distance-mètre, théodolite, caméra visible et infra-rouge, GPS, laser, radar, RFID, borne wi-fi, etc.)
Ces quelques points sont peut-être qu'un résumé partial de ma formation dont le dernier semestre avait une spécialité géomatique. Je mets peut-être trop de chose à certains côtés, mais j'ai expliqué pourquoi. J'oublie peut-être des choses essentiels pour d'autres dans leur mission de numérisation du monde. Je vous en prie, vous m'avez lu, vous avez une réaction, réagissez !
Dernière modification par Jeirhome (Mon 06 July 2009 22:31)
Jérôme Cuinet
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#8 Tue 07 July 2009 13:04
- Marc Leobet
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Re: Géomaticien et géographe ?
Marc Léobet a peut-être envie que le géomaticien désigne un métier qui existe, avec un jeu de compétences commun.
Bonjour,
Joker : j'avoue n'avoir aucune réflexion personnelle sur la géomatique. Simplement, je portais à la connaissance des lecteurs que les enseignants ont des besoins concrets pour définir les contenus de formations et que, si j'en crois mon petit doigt, leurs travaux peuvent utilement aider à cette réflexion (s'ils les publient...).
Cordialement
Marc Leobet
@MarcLeobet sur Twitter
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#9 Tue 07 July 2009 13:38
Re: Géomaticien et géographe ?
Pardonnez-moi d'avoir surinterprété, mais le sujet intéresse puisque vous avez vu le passage vous citant
Jérôme Cuinet
L'avantage de la Chine, c'est que le soleil se couche plus tard !
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#10 Wed 08 July 2009 16:32
- Jean-Louis Schwendimann
- Participant occasionnel
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Re: Géomaticien et géographe ?
En réponse à Jérôme Cuinet, un parallèle avec l'urbanisme et l'aménagement.
Je ne suis ni géographe, ni géomaticien, ni spécialiste SIG. Après un
doctorat en urbanisme et aménagement, j'ai simplement fait des cartes en
utilisant les premiers logiciels disponibles, comme le grand public a
utilisé les traitements de texte et les feuilles de calcul. Il s'agissait
pour moi de faire parler des chiffres de façon spatiale. C'était de l'investigation
cartographique. Certaines de ces cartes pouvaient servir à illustrer des
rapports ou à présenter des faits remarquables. Certains de mes clients les
affichaient dans leur bureau, ce qui me gênait. Je leur disais : « non, c'est
juste pour comprendre un truc, après vous les jetez ». La carte n'était pour
moi qu'un véhicule, pas une icône. Puis il s'est trouvé de vrais
cartographes pour dire que c'étaient de « belles » cartes, qui n'indiquaient
pas le nord, avec des légendes aux chiffres arrondis (ce que je fais aussi
dans mes rapports, la marge d'erreur étant toujours supérieure à la
décimale).
Quel est le niveau de scientificité des disciplines dont nous débattons,
autour de la gestion des données (des spéculations qu'elles permettent) et
de leur représentation ? Où est ce seuil à partir duquel les résultats s'imposeraient
à ceux qui ne sont pas du métier ?
Les questions et les réponses qui s'expriment sur Georezo sont le plus
souvent techniques, de l'ordre de l'apprentissage des logiciels, de l'ordre
des mathématiques pour les plus expérimentés ou les passionnés, de l'ordre
de l'informatique.
Les questions éthiques me paraissent davantage débattues depuis quelques
temps, même si la plupart doivent considérer ces débats comme rasoirs.
Pourtant, rien n'est plus manipulatoire potentiellement, qu'une carte et «
la » donnée, ou la masse de données traitées qui la légitime. J'imagine
aussi la cartographie comme une chasse aux évidences premières. Que de
cosmogonies se sont succédées, entrecoupées de guerres de religions !
Je me suis longtemps demandé si l'urbanisme et l'aménagement étaient une
science, ou des sciences ? Enfin si ces disciplines avaient un certain
niveau de scientificité. A une époque, un certain nombre d'universitaires et
de chercheurs ont même professé que le marxisme leur donnait une
scientificité ! J'ai tenté, dans le cadre conceptuel offert par Michel
Foucault, ou en cherchant dans l'évolution de la linguistique et de la
psychanalyse, si l'on pouvait appliquer à l'urbanisme et l'aménagement, des
moyens de lecture qui feraient apparaître une logique ou des faits non
apparents en première lecture, plus pertinents que les « évidences » de l'apparence.
C'est ce qui avait conduit à la reconnaissance officielle de la linguistique
et de la psychanalyse, comme des disciplines organisées sur des bases
relativement scientifiques. Sans succès pour l'urbanisme et l'aménagement,
mais en admettant quand même une certaine scientificité, par emprunt à d'autres
disciplines. Il y a une similitude avec la géomatique.
Il y a dans la géomatique un contenu scientifique incontestable, du
traitement des données jusqu'à la sémiologie des représentations. Les SIG
contiennent des masses de plus en plus importantes de données, si
importantes d'ailleurs qu'au delà d'un certain stade, leur mise à jour n'est
plus assurée. On cherche à en mettre toujours plus, et on finit par se
demander où peut bien se cacher ce qui fera sens, par rapport à la demande d'un
client, d'une époque, ou de son interrogation de chercheur.
Il reste quelque part une alchimie qui renvoie à la créativité de l'auteur d'une
investigation ou d'une carte.
J'ai bien aimé cette phrase de Jérôme Cuinet : « Il faut savoir synthétiser,
faire mentir certains détails pour dire la vérité. »
Les échanges sur le « comment rendre une carte sexy » m'ont bien amusé.
Comme s'il fallait ajouter quelque chose à la carte. Une carte qui a quelque
chose à dire, n'est-elle pas déjà sexy ? Il va avec qu'elle le dise mieux
possible, en soignant la mise en page, pour un public large. Cette notion de
sortir du cadre des spécialistes et des utilisateurs professionnels est
importante.
Pour en revenir à l'observation et l'aménagement du territoire, qui est
quand même un grand domaine d'application des SIG, on se sait toujours pas
expliquer les transformations d'un tissu économique (reproduction ou
développement ici, nécrose ailleurs), dans son rapport aux villes ou aux
zones urbanisées. Parce qu'il y a évidemment un rapport, mais aussi une
certaine distance et une certaine autonomie d'évolution de l'un et de l'autre.
L'église n'est jamais au milieu du village, elle occupe seulement un certain
milieu. Il faut sortir de la mécanique simple pour approcher la vérité, pour
paraphraser Jérôme Cuinet (que je ne connais pas).
La cartographie doit pouvoir nous aider à des réflexions plus matures sur l'urbanisme
et l'aménagement, et la géomatique profiter du progrès de scientificité qui
en résultera.
Jean-Louis Schwendimann
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#11 Wed 08 July 2009 17:58
Re: Géomaticien et géographe ?
J'aurais tendance à appeler l'urbanisme et l'aménagement du territoire de la géographie descriptive, afin de pouvoir établir le parallèle avec la partie pleine de chiffres de la géographie que j'ose appeler géomatique.
Cette préoccupation autour du caractère scientifique de la géographie descriptive, je la retrouve dans l'économie. Déjà en économie il y a deux parties, l'une descriptive, et l'autre remplie de plus de chiffres.
Or l'économie est appelée une science humaine sans difficulté apparente.
Et pourtant ce n'est pas avec l'analyse prospective de l'économiste que l'économie peut prétendre à son caractère scientifique : Tracer une droite sur du papier millimétré est aussi efficace et reproductible que les plus élaborés des modèles.
Je ne connais pas assez l'économie ni l'aménagement du territoire pour pousser cette analyse du caractère scientifique de ces discipline. Mais je crois que savoir ce que les économistes pensent de cette question pour leur discipline devrait nous aider à résoudre ce problème apparait pour la géographie descriptive.
Jérôme Cuinet
L'avantage de la Chine, c'est que le soleil se couche plus tard !
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#12 Mon 13 July 2009 01:21
- T. Joliveau
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Re: Géomaticien et géographe ?
Bonjour,
La question des rapports entre géographe et géomatique est complexe et ancienne. Je verse au débat une réflexion sur les disciplines de la géomatique écrite pour le séminaire à propos des compétences d'un géomaticien dont parle M. Léobet dans un post précédent :
http://mondegeonumerique.wordpress.com/ … geomatique
Thierry Joliveau
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#13 Tue 14 July 2009 21:12
- hanczyk
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- Lieu: Châlons-en-Champagne
- Date d'inscription: 21 Apr 2006
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Re: Géomaticien et géographe ?
Bonjour, pour info,
Le schéma directeur de l'information géographique du ministère de l'équipement a identifié 5 métiers ou fonctions nécessaires au développement de l'activité géomatique des services déconcentrés du ministère.
Voici la définition synthètique du "Géomaticien expérimenté" :
Le géomaticien expérimenté, en collaboration avec l'administrateur de données localisées, assiste le responsable IG du service, les chefs de projets SIG et les chargés d’études en terme de méthodes et de choix pour l'acquisition de données ou d'outils de traitement de l'information. Il est chargé des traitements lourds sur les données localisées et des analyses spatiales complexes. Il est également une ressource en matière de formation et d'assistance.
@+ jmh
Jean-Marc Hanczyk
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#14 Wed 15 July 2009 13:30
- Daniel
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Re: Géomaticien et géographe ?
Bonjour
Je suis tombé sur ceci ce matin. Je ne sais pas si cette information est pertinente mais ça touche le présent sujet et une des questions qu'on retrouvaient dans les interviews; Que diriez-vous à un jeune qui hésite/qui pense à faire des études de géomatique ?
Voir le lien suivant:
http://media.baliz-geospatial.com/fr/bl … -en-france
Daniel
De retour à la géomatique
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