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#1 Wed 29 June 2005 07:47

Jean-Baptiste Henry
Invité

Avec Galileo, l'Europe veut damer le pion au GPS américain

LE MONDE | 28.06.05 | 13h35 • Mis à jour le 28.06.05 | 13h35
BRUXELLES de notre bureau européen

C'est une étape déterminante dans un long parcours d'obstacles
diplomatico-industriels. L'offre conjointe des deux consortiums auparavant
en compétition ­ Eurely et iNavSat ­ a été retenue, lundi 27 juin à
Bruxelles, pour assurer la concession de Galileo, le système européen de
radionavigation par satellites, censé devenir opérationnel en 2010 après le
déploiement de trente satellites.

Les 25 Etats membres de l'Union européenne, la Commission européenne et
l'Agence spatiale européenne (ASE) ont entériné le choix effectué par
l'entreprise commune Galileo, implantée à Bruxelles, pour mener à bien la
conception du projet. Le consortium iNavSat est piloté par le groupe
européen d'aéronautique EADS, le fabricant français d'électronique et de
système de défense Thales, et Inmarsat, fournisseur britannique de services
de communication mobile par satellites. Eurely, lui, est constitué du
français Alcatel, de l'italien Finmeccanica et de l'espagnol Hispasat.

*"L'offre conjointe contient des améliorations substantielles, comparée aux
offres séparées qui étaient sur la table"* , s'est réjoui le commissaire
européen au transport, Jacques Barrot. Le contrat définitif devrait être
signé d'ici à la fin de l'année. Les ultimes négociations devraient se faire
sous la pression de l'Allemagne, qui a longtemps menacé de ne pas soutenir
l'offre commune, si elle ne bénéficiait pas de retombées industrielles à la
hauteur de sa contribution financière au projet. *"Nous demeurons
intransigeants dans notre exigence d'un bénéfice industriel convenable, pour
l'Allemagne, de la mise en place à l'exploitation de Galileo"* , a averti le
ministre des transports allemand, Manfred Stolpe.

L'attitude de Berlin donne une idée de la bataille qui a eu lieu dans les
coulisses depuis des mois. Bien avant le choix du concessionnaire, la mise
en chantier de Galileo a donné lieu à de rudes affrontements entre les Etats
membres : les Britanniques ne voulaient pas d'un concurrent au GPS, alors
que les Français, soutenus par les Allemands, rêvaient d'étendre la
politique spatiale européenne à ce secteur sensible. En février encore, les
autorités européennes avaient été incapables de départager les deux offres
concurrentes, pour des raisons tant techniques que diplomatiques. Elles
avaient alors incité les deux consortiums à joindre leurs forces.

Eurely a, dès le début, bénéficié du soutien de l'Italie et de l'Espagne. La
France affirmait vouloir rester neutre, du fait de la rivalité entre Thales
et Alcatel, et souhaitait voir les candidats en lice coopérer. En face,
l'Allemagne a pris fait et cause pour iNavSat afin de ménager les intérêts
d'EADS.

Selon ses rivaux, iNavSat aurait bénéficié, dans un premier temps, des
faveurs de l'entreprise commune Galileo. Afin de calmer le jeu, la
composition de cet organe, présidé par l'allemand Rainer Grohe, a été
modifiée. Deux observateurs ­ Karel van Miert, l'ex-commissaire aux
transports puis à la concurrence, et Roger-Maurice Bonnet, ancien directeur
scientifique de l'ESA ­ ont été désignés pour garantir l'impartialité du
choix.

Les divergences au sein de l'Union apaisées, il a fallu vaincre l'opposition
américaine : un accord d'interopérabilité et de coopération avec le GPS a
été signé en juin 2004, en marge d'un sommet entre les Etats-Unis et l'Union
européenne.

Aux yeux des responsables européens, l'enjeu est énorme. D'après M. Barrot,
Galileo est *"le premier grand projet industriel mené par l'Union
européenne"* . C'est aussi le *"premier système civil"* de radionavigation,
concurrent du GPS américain, à la vocation plus militaire. Galileo est, se
félicite M. Barrot, *"susceptible de constituer la* *pre* *mière
infrastructure stratégique" *sous contrôle de l'Union européenne.

Le programme permettrait, selon ses promoteurs, de créer 150 000 emplois.
Une hypothèse haute : *"Il est encore trop tôt pour dire où seront générés
ces postes, tout va dépendre du niveau des revenus en phase
d'exploitation"*, pondère un expert. Le système européen offrira cinq
signaux : l'un sera
gratuit et consacré aux particuliers, un autre offrira des services payants
pour les professionnels, un troisième sera crypté et réservé aux
administrations...

Les architectes du système rêvent d'en faire une référence en matière de
cofinancement entre le public et le privé, au moment où les Vingt-Cinq
veulent s'appuyer sur ces partenariats pour développer leurs infrastructures
: les deux consortiums devront financer les deux tiers des coûts de
déploiement, estimés à quelque 2,3 milliards d'euros au total. La mise en
commun des deux offres permettrait de réduire de 20 % le financement public.

La constellation de 30 satellites - ­ un premier appareil de test sera lancé
au mois de décembre, par une fusée russe Soyouz ­ - devrait être
complètement opérationnelle à partir de 2010. Galileo tentera de se faire
une place sur un marché jugé prometteur par les Européens. Afin de
développer une gamme de services attrayante, chaque consortium a commencé à
nouer des alliances avec les opérateurs, comme la compagnie ferroviaire
allemande Deutsche Bahn, ou le groupe de télécoms suédois Ericsson pour
iNavSat.

Selon les experts, le chiffre d'affaires global généré par les services de
positionnement par satellite a doublé entre 2002 et 2003, pour atteindre 20
milliards d'euros. Il pourrait approcher, selon les études les plus
optimistes, les 300 milliards d'euros vers 2020. Avec Galileo, l'Union
européenne espère, à terme, contrôler la moitié de ce pactole.
*Philippe Ricard*
Article paru dans l'édition du 29.06.05
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0 … 666,0.html


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Jean-Baptiste Henry, jean-baptiste.henry[at]vtt.fi
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