Le portail francophone de la géomatique

Bonjour

J'ai pris connaissance avec interet du projet de licence PGL de type Copyleft (inspiree de la licence GPL pour les softs open source) pour les donnees geographiques ainsi que la proposition de cartographie cooperative. Ce sont des pistes qui meritent d'etre explorees.

Sur le premier point, il faut prendre en consideration le double aspect d'une cartographie :
- Un ensemble d'informations elementaires (objets) comme les coordonnees d'un Waypoint, la position et la geometrie d'un batiment, d'une voie etc. Ces informations factuelles ne sont pas susceptibles d'appropriation (ni copyright, ni copyleft). Elles font parties par nature du domaine public.
- Une selection de donnees et un choix d’echelle, une mise en forme, une representation graphique (la carte)… La selection des objets peut etre protegee au titre du droit sur les bases de donnees. La carte peut l’etre au titre du droit d’auteur, comme expression de la personnalite de l’auteur, au meme titre qu’un dessin.

D’ou l’importance d’obtenir que l’IGN libere l’utilisation de tous les objets elementaires qu’il a collectes, sans selection ni mise en forme. C’est une decision politique a prendre par l’Etat.

Mais cela veut dire aussi qu’un eventuel Copyleft ne devrait s’appliquer qu’a la mise en forme et a la cartographie, qui parait difficile a organiser sur une base cooperative. C’est une difference fondamentale avec le logiciel libre, qui porte sur des creations de l’esprit (du code) et non sur des faits (la position du point existe en dehors de celui qui la leve). Cela permettrait aussi a des editeurs commerciaux d’utiliser les donnees sans contraintes particulieres sur leurs propres licences. Or plus une donnee est utilisee plus sa qualite augmente (detection des anomalies) et plus sa valeur augmente (effet reseau, qui commence pour les logiciels libres apres avoir longtemps constitue le principal argument de Microsoft).

Cette remarque conduit au second point (cartographie cooperative). Deux faits viennent conforter cette proposition :
- La diffusion du GPS, a la portee de tous. La puce GPS est rendue a 10 (Texas Instruments) et, d’ici 5 ans tous les telephones mobiles en seront equipes aux USA (plus de 10 millions des aujourd’hui). L’Europe suivra car c’est une question de securite : pouvoir localiser un appel d’urgence permet de sauver des vies. Or tous les GPS utilisent le meme referentiel (WGS 84) et la meme projection (fuseaux UTM). Plus besoins de se soucier de datum et de projection : le GPS peut etre utilise par des non-specialistes. Il l’est deja (voir la liste GPS GNSS). Il le sera de plus en plus, avec une precision croissante : 3 metres des la mise en service imminente d’EGNOS et moins encore pour le GPS assiste par le reseau de telephone mobile…
- L’arrivee de logiciels qui permettent de transformer les donnees elementaires en cartes a une certaine echelle, sans pour autant avoir une formation cartographique approfondie. Bien sur ces cartes ne pourront rivaliser avec les cartes de l’IGN ou de Michelin, qui reposent sur un savoir faire considerable, sur une expertise qu’il sera long d’integrer aux logiciels, surtout a des logiciels libres. D’ou l’interet de s’atteler sans tarder a la tache (mise au point d’un logiciel libre).

Il ne faut toutefois pas se cacher qu’il existe une difficulte importante : certaines donnees fournies par les participants seront fausses… Il y a de ce fait besoin d’un mecanisme de validation. La solution centralisee consiste a inclure dans les missions de service public de l’IGN la validation de ces donnees. La solution decentralisee consiste a n’integrer que les donnees verifiees par d’autres personnes. Dans les deux cas, les metadonnees sont essentielles : qui a leve, a quelle date et a quelle heure, avec quels moyens, qui a verifie etc.

Voila quelques idees qui, je l’espere, contribueront a nourrir un debat sur les propositions de geomaticien

Cordialement

Georges Bertrand