#1 Fri 10 April 2009 19:00
- Pierre Dolez
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MNT (raster) et triangulation (TIN)
Bonjour,
Un grand nombre des sujets que je consulte utilise la notion de Terrain Naturel. Pour être utilisé par une machine, il est nécessaire de fabriquer une numérisation de ce TN qui puisse, au bout du compte, répondre à la question : quelle est l'altitude la plus probable pour un point connu en XY.
Une solution intuitive, très efficace et qui date des années 70, consiste à construire un maillage rectangulaire et appliquer à chaque case une altitude. C'est le principe du raster. Il présente l'inconvénient de représenter le terrain sous forme d'une fonction discontinue. Un petit algorithme permet cependant, en étudiant les cases immédiatement voisines, d'obtenir une continuité, par interpolation. Ceci est fondamental dans le cas où on cherche une valeur précise et non une valeur encadrée.
Une autre solution adoptée consiste à conserver un fichier définissant des triangles irréguliers.
Les sommets des triangles sont définis en XYZ.
Chaque triangle est considéré comme plan et l'interpolation de l'altitude à l'intérieur d'un triangle est immédiate.
Les diverses documentations indiquent que cette triangulation est faite suivant la méthode de Delaunay. La méthode de création de ces triangles consiste à rechercher les triangles tels qu'aucun sommet ne soit strictement intérieur au cercle circonscrit à un triangle. Cette définition permet d'être sûr qu'aucune zone ne sera oubliée, ni appartienne à plus d'un triangle.
Une condition de Delaunay est de minimiser les angles des triangles, pour éviter des triangles allongés. Si deux triangles ayant un côté communs ont la somme des angles opposés supérieure à 180°, on effectue un basculement, c'est à dire qu'à partir des quatre points définissant les deux triangles, on inverse le côté commun.
Cette condition ne doit pas s'appliquer à la numérisation du terrain naturel. Le but est de rechercher l'altitude la plus probable pour un point. En exprimant le vecteur normal au plan défini par chacun des triangles, ou pourrait démontrer que cette condition relative aux angles ne se justifie pas pour numériser un TN. Pour s'en convaincre, il suffit de dessiner un quadrilatère de sommets A, B, C D. On attribue à A, B et C des altitudes voisines, et à D une altitude sensiblement différente. On veut calculer l'altitude du point I, intersection de AC avec BD. Cette altitude s'obtient par simple interpolation, mais faut-il interpoler entre A et C ou entre B et D? Le choix de la diagonale aura été fait, suivant les angles, conformément à la condition de Delaunay, autrement dit, il a une chance sur deux d'être mauvais. Il est bien évident que le choix du segment à utiliser est BD, puis que c'est celui qui a la plus grande pente.
Il faut remarquer aussi que le calcul d'une pente est plus rapide pour la machine que le calcul d'un angle.
On lit fréquemment que la triangulation (TIN) est plus précise que le raster. En matière de calcul, le terme de précision est impropre. Un calcul est juste ou faux, sauf dans certains cas où on néglige des infiniment petits d'un ordre supérieur. Ce qui est plus ou moins précis, c'est le levé topo. On pourrait parler de finesse par exemple. Etant donné que les pixels d'un MNT sont sur 16 bits (sauf erreur de ma part), cela permet, dans la plupart des cas, une précision décimétrique pour chaque case. Etant donné que un raster fait l'économie de la position XY des points, le rapport finesse-encombrement est forcément favorable à la méthode raster.
Je sais que de nombreux membre du présent forum sont concernés par la numérisation du TN, et je pense qu'ils réagiront à ma petite démonstration.
Cordialement.
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#2 Sat 11 April 2009 17:43
- ChristopheV
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Re: MNT (raster) et triangulation (TIN)
Bonjour,
Sans connaître réellement ce domaine, je vous propose une petite lecture concernant un domaine étranger à la topographie mais pourtant proche: "Algorithmes pour la synthèse d'images et l'animation 3D" de Rémy Malgouyres aux éditions DUNOD. Les chapitres 9 et 10 devraient intéresser Pierre : "Surface de Bézier" et surface B-Splines.
NB: Pour ma part j'ai utiliser la première partie du livre consacrée au droite et aux polygones qui donne des algorithmes plus qu'intéressant pour les SIG (polygones) et Raster (droites).
A+
Christophe
L'avantage d'être une île c'est d'être une terre topologiquement close
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#3 Sat 11 April 2009 19:33
- Pierre Dolez
- Participant assidu
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Re: MNT (raster) et triangulation (TIN)
Bonjour Christophe,
C'est justement ça le problème. La topographie et le terrain naturel en particulier n'ont rien a voir avec des images de synthèse. Dans le cas des images de synthèse, le but recherché est d'obtenir une image agréable à l'œil, en topographie, le but est de trouver l'altitude qui a la plus forte probabilité d'être l'altitude réelle. Cela sous entend naturellement que la levé a été correctement fait, c'est à dire que tout point interpolé le sera dans le sens de la plus grande pente.
Concernant la triangulation de Delaunay, la première étape est intéressante puis qu'elle donne un algorithme rapide pour déterminer des triangles qui ne se recouvrent pas et ne laissent pas de trou. Par contre la seconde qui effectue un basculement si la condition des angles n'est pas remplie, ne correspond à rien en matière de topographie.
Je citerai pour preuve indirecte la présentation d'un programme (que je nommerai pas). Il y a un très joli plan avec le dessin des triangles. Ce dessin est tel qu'il satisfera tous les topographes. Or, les triangles sont en grande partie de forme très allongée, ce qui représente effectivement très bien le TN, mais ne satisfait pas la condition de Delaunay. Je ne sais pas comment les triangles ont été réalisés, mais certainement pas par l'application de la condition de Delaunay. Très probablement, les basculements ont été faits manuellement.
Concernant les courbes de Bézier, sufaces de Bézier etc. La parabole est une solution très efficace pour lisser des courbes de niveau. Il ne faut pas oublier que en topographie on parle "d'interprétation" des courbes de niveau. En particulier, il n'est pas évident qu'une courbe de niveau doive passer par les points de cote ronde (je pèse mes mots et je confirme) Or l'un des points fondamentaux des courbes de Bézier est justement de passer par les dits points.
L'informatique est un outil utilisé pour diminuer les temps de calcul, dessin etc. Si les méthodes mènent à avoir un résultat autre que un topographe moyen aurait, c'est que les algorithmes ne sont pas bons.
En tout cas merci d'avoir réagi, j'espère qu'il y en aura d'autres.
Cordialement.
Dernière modification par Pierre Dolez (Sat 11 April 2009 19:36)
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#4 Sun 12 April 2009 23:54
Re: MNT (raster) et triangulation (TIN)
Bonjour,
En complément de la présentation claire sur le sujet du CNIG disponible sur ce forum (http://georezo.net/forum/viewtopic.php?pid=90635#p90635), j'ajouterais quelques éléments de réflexion issus d'une expérience acquise en traitement de données bathymétriques :
- avec un TIN on peut modéliser des zones relativement plates avec peu de points et un relief accidenté avec une densité plus importante pour améliorer sa résolution. D'où un intérêt évident par rapport à des grilles de densité régulière (notamment en termes de taille de fichier...) même face à des formats grille raster compactés.
- lors de changement de systèmes de coordonnées, la conversion s'opère pour chaque noeud sans perte de précision, alors que la grille raster devant être ré-échantillonée perd en précision. De même si l'on part d'une grille avec une maille de 5 m pour la ré-échantillonner en maille submétrique, il s'opére une évidente dégradation en termes de qualité, d'où l'intérêt de conserver les données sources (semi de points XYZ mesurés et méta-données associées) pour les re-postraiter si nécessaire via un nouveau gridding.
- par contre, en matière d'interopératibilité, les grilles (notamment raster) ont l'avantage d'être plus facilement prises en compte par les logiciels de SIG pour des raisons de meilleur rendu visuel (ombrage des pentes par exemple) et sont relativement utilisées lorsqu'il s'agit de distribuer des MNT, car les formats TIN à l'exception du format ITF sont soit propriétaires soit non pris en compte par certains GIS d'où l'intérêt de stockage en format ASCII XYZ intégrant les points des lignes de cassure. Par ailleurs, parmi tous les formats supportant les polygones 3D, le format DXF Autocad est très souvent utilisé pour stocker un TIN du fait de ses possibilités de géoréférencement.
Bien cordialement
--
Peio Elissalde
Magic Instinct Software
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