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#1 Mon 26 June 2000 08:17

Urbatique Bertrand
Invité

financement public des donnees de base

Une discussion interessante a ete engagee sur la liste GPS animee par
Richard Scauri a propos de la politique commerciale de l'IGN, notamment
pour l'utilisation des cartes au 1/25 000 scannees et calees (calibrees)
comme fond carto pour les GPS.

Cela m'a conduit a developper un peu (tout en restant forcement assez
sommaire) sur la necessite d'un financement public des donnees de base.
Vous trouverez ci-apres cette contribution qui interessera peut etre
certains membres de la liste geomatique.

Georges Bertrand

Attention, le probleme de l'IGN est assez complexe :

1. Les grandes echelles ne sont pas rentables

Dans aucun pays les cartes topo a grande echelle ne sont produites sur
une base entierement privee. On emploie ici le mot grande echelle a
partir du 1/25 000 (ce qui est plutot une echelle moyenne : l'echelle
grandit quand le diviseur diminue, le 1/25 000 est plus grand que le
1/200000). La production de telles cartes n'est tout simplement pas
rentable, sauf si l'Etat finance la collecte et la mise a jour des
donnees. C'est cela qui justifie la subvention de l'Etat a l'IGN. Ce
dernier a ete cree au depart pour des raisons strategiques, comme service
geographique des armees, pour produire la cartre d'etat-major, dont le
1/25000 descend...

Cela explique que Michelin en reste aux petites echelles routieres (sauf
Paris). Michelin vend ses cartes comme elements de notoriete. Le
departement n'est beneficiaire que depuis quelques annees, essentiellement
grace au guide rouge...

Pour leur part Navtech et TeleAtlas produisent des bases de donnees de
rues et de points d'interet (et non des cartes), qui peuvent correspondre
a une grande echelle (autour du 1/10 000). Mais ces bases de donnees ne
comprennent que peu de details topographiques. Navtech et TeleAtlas ne
sont pas plus rentables et n'ont pu construire leurs bases de donnees que
grace au soutien (en centaines de millions de francs pour chacun)
d'equipementiers soucieux de vendre leurs systemes de guidages (Philips
pour Navtech, Bosch pour TeleAtlas). Ils comptent, a tort ou a raison, se
recuperer sur le prix de ces equipements.

Ainsi l'aide de l'Etat est indispensable pour les grandes echelles. C'est
pourquoi le rapport Lengagne propose que l'IGN realise d'ici 2005 un
referentiel a grande echelle . Un IGN privatise pourrait etre plus pres
de ses clients, mais il ne produirait pas les cartes dont nous avons
besoin, sauf a faire faillite tres rapidement.

2. La politique commerciale de l'IGN

Depuis 10 ans il est demande a l'IGN (par le ministre des finances)
d'augmenter ses recettes commerciales afin de reduire l'aide de l'Etat.
L'IGN pouvait augmenter le prix des cartes au 1/25 000 et au 1/50 000 ,
secteur ou il est en situation de monopole. Mais cela aurait ete mal vu.
Les autres produits papier (cartes et guides) sont en situation de
concurrence, l'IGN n'y est pas maitre de ses prix.

La solution mise en place a consiste a vendre les produits numeriques a
des tarifs prohibitifs a un petit nombre de clients fortunes (les services
de l'Etat en premier lieu, mais aussi les collectivites locales et les
grands gestionnaires de reseaux). C'est ainsi que le scan du 1/25000 a pu
etre propose a pres de 100 fois le prix de son equivalent papier.
Ajourd'hui le scan 25 est propose a 1000 F HT la dalle de 100 km2 (licence
monoposte) et a 6200 F la feuille Top25 (licence multiposte). Le droit de
vectorisation est fixe a 3200 F HT (licence monoposte).

Ces prix sont en coherence avec le prix des autres bases de donnees de
l'IGN, notamment la BD Topo et Georoute. Pour l'IGN il s'adgissait
d'eviter que ses grands clients du secteur publics ne preferent le scan 25
a la BD Topo, vendue encore plus cher.

Tout cela repose sur l'idee que le client qui dispose d'un ordinateur pour
afficher une carte est forcement riche et peut payer beaucoup plus que
le client Lambda. Cela peut marcher quand le client a un besoin vital de
l'info ou est pret a un effort pour soutenir l'IGN... Mais evidemment cela
ferme completement le marche grand public, ainsi que celui des PME et des
petites collectivites locales ou de certains services publics...

3. Les propositions de l'AIVF, de l'APCIG et du SPDG

Pour nous l'Etat doit continuer a financer a 100 % la collecte et la mise
a jour des donnees a grande echelle, y compris le 1/25 000. L'utilisateur
ne devrait supporter que le cout de mise a disposition, c'est a dire le
cout d'impression et de distribution des cartes papier (qui correspond a
peu pres a son prix de vente actuel), le cout de gravure et de
distribution des CD (de l'ordre de 200 F pour le 1/25 000 sur un
departement), le cout de telechargement pour les fichiers sur Internet
(pas de cout ni de recette pour IGN).

Michelin, Blay, Didier Richard, tout editeur interesse, auraient acces a
ces cartes au meme prix et la possibilite de les distribuer et des les
completer comme ils l'entendent (avec une licence de type GNL), sans etre
obliges de signer des contrats dissuasifs. Ainsi un editeur pourrait
utiliser librement les fonds du 1/25 000 pour y representer les sentiers
de randonnees, les pistes, refuges et autres points d'interets propres a
telle ou telle activite. Il pourrait egalement les mettre au format ad hoc
pour leur utilisation avec tel GPS ou tel PDA..., d'une maniere sans doute
plus reactive que l'IGN...

Nous demandons egalement que soit liberees d'autres donnees essentielles
produites par l'IGN, comme les orthophotos (photos aeriennes assemblees et
calees dans un systeme de projection associe a un datum ), les limites des
communes et la toponymie (liste des noms des objets topographiques avec
leur position dans le meme systeme de reference). ainsi les editeurs
disposeront de toute la matiere premiere collectee par l'IGN, afin de
produire des cartes et des bases de donnees correspondant a la diversite
des besoins des clients.

Aujourd'hui la direction de l'IGN propose des cles de financement de type
50 % Etat, 50 % IGN. Cela n'empecherait pas l'IGN de proposer des prix
trop eleves par rapport aux possibilites du marche, car il faut couvrir
les 50 % et cela suppose de faire des hypotheses sur le nombre possible
d'utilisateurs pendants la duree de vie de la donnee. Si le nombre prevu
est petit, le prix reste eleve (et reciproquement : c'est circulaire).

C'est pourquoi nous sommes decides a poursuivre l'action engagee pour une
nouvelle politique tarifaire. Nous serons recus tres prochainement par le
Directeur General de l'IGN. N'hesitez pas a nous faire part de vos
souhaits, si vous souhaitez completer la tres interesssante contribution
de Richard Scauri (que nous avons prise en compte). Pour cela vous pouvez
adresser vos idees a spdg@texte-a-enlever.csi.com.

Amities GPS

Georges Bertrand

 

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