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Carnet (neo)cartographique
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14:42
1,5 million de manifestant.e.s le 5 décembre
sur Carnet (neo)cartographiqueCamarades cartographes, veillez trouver ci-dessous la carte des mobilisations du 5 décembre 2019 contre la réforme des retraites. Cette carte a été réalisée avec le package R leaflet [voir]. Les codes sources sont disponibles ici [voir]. Concernant les données, elles sont principalement issues du portail “Mobilisations en France” de la CGT [voir] et ont été complétées ponctuellement par la presse régionale et des contributions individuelles via le formulaire dédié [voir]. A ce jour, des données ont été collectées pour 164 villes sur les 250 rassemblements annoncés par la CGT [voir]. De manière générale, quand plusieurs chiffres sont disponibles, les sources syndicales ont été privilégiées. N’hésitez pas à completer si votre ville n’est pas représentée.
Ingénieur de recherche CNRS en sciences de l'information géographique. Membre de l'UMS RIATE et du réseau MIGREUROP / CNRS research engineer in geographical information sciences. Member of UMS RIATE and the MIGREUROP network.
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11:22
Exploration cartographique de relations mondiales #3
sur Carnet (neo)cartographiqueLa cartographie de relations mondiales souffre de problèmes graphiques spécifiques à ce type de données […] qui peuvent être résolus en filtrant les nœuds, par conséquent leurs relations, selon les quantiles de la distance qui les sépare, par exemple.
Ce troisième billet poursuit l’exploration de relations aériennes mondiales qui avait été engagée en agissant sur le graphisme et les positions de lieux [Voir #1], poursuivi par le filtrage des nœuds et des liens, en particulier ceux qui sont dits majeurs [Voir # 2].
L’objectif ici est de poursuivre l’exploration par un filtrage devant nous permettre de localiser les aéroports qui occupent une position majeure (quels sont les premiers) en captant une part significative du nombre de relations – donc en termes de densité de trafic (nombre de lignes) et non de trafic passager, les relations de la base Openflightdata mobilisée n’étant pas pondérées.
Le critère de sélection pouvant être exploré selon différentes directions et la carte filtrée indéfiniment, plutôt qu’approfondir dans cette voie, explorons plutôt la composante géographique de ces relations aériennes. Parmi les différentes possibilités présentées dans Bahoken, (2016), nous explorons ici la distance parcourue par ces lignes aériennes, ce qui nous conduit à supprimer tous les filtrages antérieurs de manière à pouvoir examiner la distribution de l’ensemble des relations impliquant tous les aéroports disponibles.
3.1. Distribution des distances des relations aériennes mondialesLa composante géographique des relations aériennes mondiales est appréhendée ici du point de vue de l’espacement des lieux, de la distance (orthodromique) à parcourir entre deux aéroports. Ces distances se répartissent de la manière suivante.
Figure 1 : Distribution des distances des relations aériennes
On observe qu’une forte part des relations aériennes de la base Openflightdata s’exprime à très courte distance, à moins de 60 km – ce qui est logique, le fichier présente de nombreux aéroports locaux.
Pour filtrer les relations en fonction de la distance parcourue, nous allons conserver la même posture que dans les billets précédents, à savoir raisonner selon les positions (et en termes de degrés des sommets et des liens). Cela nous conduit à segmenter notre série de distances selon les quantiles puis d’observer les relations aériennes correspondantes, éventuellement de les filtrer à nouveau.
Nous choisissons de faire trois classes de distances parcourues qui pourraient correspondre aux petits, moyens et longs courriers. Cela nous conduit à réaliser une petite collection de trois cartes complémentaires.
3.2. La composante géographique des relations aériennes mondialesL’ensemble de cartes obtenues ici diffère fondamentalement de celles des billets précédents. D’abord parce qu’elles ne représentent que les relations entre les couples d’aéroports et non leur fréquence ; ensuite, en raison des motifs qu’elles décrivent.
Figure 2. Petits et moyen-long courriers
Liaisons inférieures à 645 km.
Liaisons comprises entre 645 et 2 595 km.
Liaisons supérieures à 2 595 km
A courte distance, les relations qui demeurent sont celles de la desserte locale, domestique tandis qu’à longue distance, on voit surtout le rôle des aéroports internationaux situés en Europe dans la desserte internationale mondiale.
Figure 3. Relations de courte distance parmi l’ensemble
On observe que les aéroports impliqués dans des liaisons de courte distance le sont également dans la longue distance, ils sont aussi essentiellement localisés dans les pays du nord, à quelques exceptions près.
Les différentes cartes présentées interpellent par les nombreux liens observés sur la zone Europe, pouvant poser problème dans la lecture. Ils empêchent en effet la visualisation de traits européens, hormis en cas de zoom comme ci-après.
Figure 4. Zoom sur des relations européennes
Le recadrage de la carte sur une zone Europe met en évidence la position de certains aéroports dans le réseau de lignes aériennes internationales, impliquant des aéroports majeurs, qu’il serait intéressant de pouvoir lire au niveau Monde.
Le problème qui se pose tient au « statut » de cette zone Europe dans les cartes réalisées. Parce qu’elle est formée de nombreux états qui présentent des superficies somme toutes faibles à l’échelle mondiale, leurs aéroports se retrouvent tellement « proches » qu’il est parfois difficile de les différencier à cette échelle.
Pour résoudre ce problème, deux grandes possibilités sont envisageables. La première consiste à agréger les différents pays européens – en considérant que l’Europe constitue une entité en tant que telle – dont on ne retiendrait que l’aéroport de rang 1 ; la seconde possibilité consiste à changer l’espace des positions (des aéroports) de manière à ce que ces derniers, en particulier ceux qui sont impliqués dans de nombreuses relations aériennes, ne soient pas trop proches sur la carte et cela, indépendamment du fait qu’ils appartiennent à un pays de faible superficie.
A suivre …
Billets liés :
Bahoken F. (2019), Exploration cartographique de relations mondiales #3
Carnet (néo)cartographique. [https:]]Bahoken F. (2019), Exploration cartographique de relations mondiales #2,
Carnet (néo)cartographique, [https:]]Bahoken F. (2018), Exploration cartographique de relations mondiales
Carnet (néo)cartographique, [https:]]Référence :
Bahoken F. (2016), Propositions de solutions liées à la prise en compte de l’espace : la distance, le voisinage spatial et l’appartenance territoriale, Contribution à la cartographie d’une matrice de flux, Thèse de doctorat en géographie, pp. 285-323. Accessible sur HALshs
Géographe et cartographe, Chargée de recherches à l'IFSTTAR et membre-associée de l'UMR 8504 Géographie-Cités.
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16:55
Exploration cartographique de relations mondiales #2
sur Carnet (neo)cartographiqueLa cartographie de relations mondiales souffre de problèmes graphiques spécifiques à ce type de données, à leur échelle géographique d’analyse, leur résolution notamment. L’effet spaghetti qui en résulte peut être résolu en filtrant les nœuds et/ou les liens à cartographier…
Ce second billet poursuit l’exploration de relations aériennes mondiales qui avait été engagée [Voir #1], dans un objectif d’analyse cartographique.
L’objectif ici est d’explorer les résultats cartographiques obtenus suite à une double sélection de l’information, réalisée sur les nœuds (les aéroports) et sur leurs relations. Cette exploration sur le filtrage fait l’objet de deux billets, successivement notés 2 et 3 [Voir #3].
Plusieurs possibilités théoriques et méthodologiques de filtrage étant envisageables, nous faisons le choix général de raisonner selon les positions (ou selon les rangs), en termes de degrés (des sommets et des liens). Cette posture est justifiée par le fait nous cherchons à savoir quels sont les aéroports qui occupent une position majeure (quels sont les premiers) en captant une part significative du nombre de relations – donc en termes de densité de trafic (nombre de lignes) et non de trafic passager, les relations de la base Openflightdata mobilisée n’étant pas pondérées (ou valuées). Cela étant, des données complémentaires peuvent être mobilisées pour enrichir la carte.
2.1. Les aéroports majeurs à l’échelle mondiale
La carte des aéroports de premier rang 1 (first degree airports) varie selon les critères retenus (niveau global de la matrice) ou local (sélection de lignes / colonnes de la matrice) des aéroports, ou de leur agglomération de rattachement – mais c’est une autre question que j’espère d’ailleurs pouvoir traiter un jour… Nous arbitrons donc ici entre différents critères tels le nombre de degrés pondérés ou non à l’échelle mondiale, régionale, locale, globale de la matrice d’adjacence, etc..
Nous avons choisi de raisonner selon le niveau géographique, en retenant le rang 1 par pays – ce mode de sélection en référence au flux majeur est très populaire chez les géographes. Rappelons que le nombre d’aéroports total de la base est de 5 584 relatifs à 3 325 villes.
Figure 1. Aéroports de rang 1 par pays
Pour plus de lisibilité, il est possible d’afficher les labels des entités sélectionnées…
Figure 2. Liste des aéroports de rang 1 par pays
… ainsi que le poids de ces différents aéroports en termes de degrés pondéré.
Le volume total de relations aériennes (entrantes ou sortantes) est analysé au regard du trafic en termes de passagers pour identifier les aéroports qui sont doublement denses : en termes de densité de lignes et de trafic de passagers.
Figure 3. Degré et encombrement des aéroports de rang 1 par pays
La petite sélection (arbitraire et largement discutable) des dix plus gros aéroports permet de différencier les aéroports qui sont à la fois majeurs pour leur pays, en termes de densité de ligne aérienne, et les plus denses en termes de trafic passager au niveau mondial.
Ces aéroports les plus denses (incluant ceux dont le volume est le plus important – entourés de tiretés vert) sont tous situés dans l’hémisphère nord : d’abord en Asie, en Chine (Beijing) et à Hong-Kong, en Europe (Francfort, Londres et Paris Charles de Gaulle en 5e position) et aux États-Unis (Chicago). Il est intéressant d’observer que les aéroports les plus encombrés en termes de densité de trafic passager sont également situés en Asie (mais pas en Chine!), au Japon et en Corée ; aussi en Australie (l’aéroport de Sydney se distingue par son encombrement et non par sa densité de lignes), de même que Johannesburg en Afrique du sud et Saõ Paulo au Brésil.
Poursuivons notre exploration cartographique en ne retenant que ces 4% d’aéroports majeurs (pour leur pays) et visualisons les sur un fond de carte en projection polaire – comme vu dans le billet précédent (déjà mentionné, voir ici).
Figure 4. Aéroports de rang 1 par pays, en projection polaire
Examinons à présent les relations majeures de ces aéroports.
2.2. Les relations aériennes issue des nœuds majeurs, à l’échelle mondialeLa cartographie des relations aériennes impliquant cette sélection d’aéroports va mettre l’accent sur les couples de relations les plus importants, en termes de fréquence de ligne.
Pour augmenter la lisibilité de ces relations, leur teinte varie en fonction de la part en % que chacune de ces lignes représente par rapport au total.
Figure 5. Relations aériennes – version 1
La figure obtenue n’étant pas très lisible, il est possible d’agir sur la disposition des lignes en fonction de leur valeur, autrement dit de favoriser la perception visuelle des couples de relations présentant les relations aériennes les plus nombreuses (en proportion de l’ensemble, par exemple) – en les plaçant au premier plan, comme ci-dessous.
Figure 5. Relations aériennes – version 2
La carte obtenue souligne alors les relations les plus importantes dans l’ensemble, elle dessine en particulier les motifs de sous-réseaux intra continentaux ; ils sont situés aux Amériques (États-Unis / Mexique / Canada), en Europe (France, Allemagne, Espagne) ainsi qu’en Asie, mais dans des proportions du total moins importantes. On observe plus généralement, et logiquement, de façon complémentaire à la carte de la figure 3 (qui portait sur le degré des aéroports impliqués dans ces relations), que les relations les plus importantes sont celles de l’hémisphère nord.
Il est possible d’améliorer un chouïa cette figure, en faisant une autre sélection à savoir, celle de ne représenter que les 1% de relations les plus fortes, comme ci-après.
Figure 5. Relations aériennes – version 3
La sur-sélection des valeurs comme ci-dessous fait apparaître des motifs (apparemment) intéressant qu’il est possible de commenter à foison. Elle souligne effectivement les relations aériennes les plus denses, en mettant l’accent sur les pays présentant les aéroports qui accueillent la densité de lignes la plus importante.
Mais la carte obtenue est-elle vraiment si intéressante ? Une variante pus efficace de ces possibilités de filtrage sera présentée dans le Billet #3.
Avant cela, il est possible de ne sélectionner que le lien majeur (de ces aéroports majeurs).
2.3. Les relations majeures des aéroports majeurs, à l’échelle mondialeEn suivant le même raisonnement que pour les nœuds, il est possible de ne représenter que la relation majeure de chacun de ces aéroports.
Figure 6. Relations internationales majeures des aéroports de rang 1, par pays à l’échelle mondiale
La carte qui en résulte apparaît plus intéressante que la précédente. Son filtrage très important révèle les seuls plus forts des nœuds et des liens (les premiers de cordée !) . La sélection conduit en effet à isoler différents principaux sous-réseaux de relations aériennes qui présentent de nombreuses lignes avec quelques aéroports (États-Unis, Europe et Asie… ), ces sous-réseaux sont organisées autour d’aéroports d’envergure internationale. Après un tel filtrage, il est ensuite possible de poursuivre l’analyse soit dans le cadre de la théorie des graphes (calculer des mesures de centralité des sommets …) soit dans le cadre de la théorie gravitaire (pour le dire vite), pour explorer par exemple le rôle de l’espace géographique.
A suivre …
Billets liés :
Bahoken F. (2018), Exploration cartographique de relations mondiales #3, Carnet (néo)cartographique, [https:]]
Bahoken F. (2018), Exploration cartographique de relations mondiales, Carnet (néo)cartographique, [https:]]
Géographe et cartographe, Chargée de recherches à l'IFSTTAR et membre-associée de l'UMR 8504 Géographie-Cités.
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12:16
Dendrochronologie, viz et migration
sur Carnet (neo)cartographiqueOù les auteurs (Pedro M. Cruz etal., 2019) montrent comment la métaphore des cernes ou « lignes de vie » des troncs d’arbres permet de visualiser l’origine géographique et la temporalité des principales vagues migratoires aux États-Unis. Lumineux.
L’image présenté ci-dessous a été réalisée dans le cadre du projet de recherche en cours de Pedro Cruz, John Wihbey, Avni Ghael et Felipe Shibuya, soutenu par le College of Arts, Media, and Design de la Northeastern University.
Projet qui s’inscrit dans une recherche plus vaste portant sur les flux, vagues migratoires et identité aux États-Unis, elle a également donné lieu à une Exposition sur les cernes d’arbres soutenue par le Northeastern Center for the Arts.
Le projet a été récemment présenté lors de la conférence de l’IEEE Viz Art Program (Visap 2019′).Le point de départ de la lecture est le centre d’un modèle circulaire – en l’occurrence les États-Unis – dont il est question d’observer l’évolution de vagues migratoires.
Chaque ligne correspond à une année, l’orientation de leur écartement du point central est fonction de la situation du pays ou de la région de provenance de migrants par rapport aux États-Unis (Le Canada est au nord, par exemple).
Sur ces lignes sont placés des points. Chacun d’entre eux correspond à un nombre de migrants (ci-dessus à 100 immigrants) qui sont donc arrivés aux États-Unis au cours d’une année ou d’une décennie. La position des points résulte d’un algorithme de calcul qui les place de manière à simuler l’apparence des cernes d’arbres. Leur teinte renseigne sur la région du monde d’origine (L’Europe en vert, le Canada en bleu, l’Afrique en Rouge et l’Amérique latine en orange, etc.).
Ce système de teintes par zone d’origine explique aussi l’importance de la déformation de la ligne, plus étendue vers certaines régions du monde (Canada, Europe), traduisant ainsi l’importance et l’ancienneté de l’immigration de ses ressortissants vers les États-Unis.
Cette image présentée pour les États-Unis est ensuite déclinable / déclinée pour visualiser la situation d’états américains, les comparer (organisation en collection de cartes) ou encore celle de différents pays.
En savoir plus :
- Le site du projet est ici
- L’animation vidéo, sur Viméo
- L’article : Pedro M. Cruz etal (2019), Process of simulating tree rings for immigration in the U.S., IEEE Viz Art Program, October 21-25, 2019, Vancouver, BC, Canada [Voir]
Géographe et cartographe, Chargée de recherches à l'IFSTTAR et membre-associée de l'UMR 8504 Géographie-Cités.
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13:31
La grande muraille États-Unis-Mexique
sur Carnet (neo)cartographiqueCamarades cartographes, on s’intéresse aujourd’hui au mur qui sépare les États-Unis et le Mexique. Il s’agit en fait d’une séquence cartographique réalisée dans le langage R avec Ronan Ysebaert et présentée mercredi dernier dans le cadre d’une journée d’étude organisée par la commission Géomatique du CNFG, la plateforme Géotéca et l’UMS Riate. J’en résume ci-dessous les grandes lignes. Les liens vers l’ensemble des cartes, la présentation et les programmes R sont disponibles en fin de billet.
Borders and lines on maps are not a representation of preexisting differences between peoples and places ; they create those differences.” (Reece Jones, 2016)
Le mur
La ligne séparant les Etats-Unis du Mexique a été définie en 1848, à la fin de la guerre entre les deux pays, dans le traité de Guadelupe Hidalgo. Au départ, la frontière était marquée sur les cartes mais pas nécessairement sur le terrain. Ce n’est qu’en 1890 qu’une commission regroupant les deux pays fut formée pour installer au sol des bornes de démarcation. En 1924, les Etats-Unis déploient pour la première fois des agents de patrouille frontaliers. Au milieu des années 90, certains points de passages, à El Paso ou San Diego, sont carrément verrouillés. Puis, à la suite des attentas du 11 septembre 2001 qui mettent le pays sur une trajectoire toujours plus sécuritaire, le Secure Fence Act est signé en 2006, actant ainsi le projet fou de construire un mur le long de la frontière ; une matérialisation physique de ce qui n’était au départ qu’une ligne tracée à la main sur une carte…
Un espace géographique inégalitaire
En terme de richesse, cet espace frontalier est aujourd’hui profondément inégalitaire et discontinu. Le PIB par habitant élevé des Etats-Unis place le pays au 14 rang mondial derrière un certain nombre de petits “paradis” fiscaux (Monaco, Liechtenstein, Luxembourg, …) tandis que le Mexique reste dans le milieu du tableau, au 87e rang. Le PIB par habitant des Etats-Unis est 7 fois supérieur à celui du Mexique. Une disparité bien visible sur les cartes et dans la vie des gens.
Si cette discontinuité spatiale peut se cartographier de façon classique en faisant varier l’épaisseur des frontières comme sur une carte de discontinuité classique, elle peut aussi être représentée en faisant varier la hauteur de cette même frontière en fonction des valeurs de discontinuités. En d’autres termes, plus les écarts de richesse sont forts, plus le mur est haut. Un nouveau mur, invisible, emerge alors pour venir se superposer au mur bien réel, construit par les autorités américaines.
Une frontière militarisée
Pour protéger la richesse américaine, un simple mur ne suffit pas. Il faut aussi des milliers d’hommes armés prêts à empêcher quiconque de passer. Le long du mur ou le long du fleuve Rio Grande, c’est près de 382 postes frontières qui sont référencées dans la base de données OpenStreetMap. Si on les représente sous formes de barres, ils apparaissent alors comme des tours de contrôle, des miradors disséminés le long de la frontière, pour repérer et intercepter tout intrus.
Une frontière qui tue
Ici comme ailleurs, la militarisation d’une frontière sur un espace inégalitaire a une conséquence directe : cela tue ! 2245 personnes sont mortes ou portées disparues à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique depuis le 1er janvier 2014. Et même si ce chiffre est loin de rejoindre celui des drames qui se passent aux portes de l’Europe (18 000 morts sur la même période), il est chaque année en augmentation. Sur la carte ci-dessous, chaque point rouge représente un événement où au moins une personne a perdu la vie.
Ci-dessous, chaque cercle correspond au nombre de personnes mortes ou portées disparues lors d’un événement.
Sur celle-ci, les cercles sont déplacés pour les rendre tous visibles, et voir ainsi l’ampleur du phénomène, sans rien dissimuler.
Ici, chaque événement est décomposé de telle sorte qu’un point sur la carte correspond à une vie perdue.
Enfin, par un choix puissant de couleurs – surimpressions de rouges sur fond noir – cette ultime carte animée tente de rendre compte du massacre de masse qui sévit à cette frontière, comme à tant d’autres, et qui continue, encore, et encore, et encore, et encore…. Jusqu’à quand ?
La présentation réalisée mercredi 20 novembre est ici : [https:]]
Les codes sources R des cartes sont disponibles ici : [https:]]
Ingénieur de recherche CNRS en sciences de l'information géographique. Membre de l'UMS RIATE et du réseau MIGREUROP / CNRS research engineer in geographical information sciences. Member of UMS RIATE and the MIGREUROP network.
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16:21
Cartographier des flux avec arabesque !
sur Carnet (neo)cartographiquearabesque est une nouvelle application web de cartographie thématique dédiée aux données de flux et réseaux origine-destination. Cette première version permet leur exploration, filtrage, géovisualisation et représentation.
arabesque permet de réaliser des cartes de flux depuis un navigateur web – équipé de Mozilla ou de Chrome, à partir de ses propres jeux de données.
Développée dans le cadre du projet geographic flow visualisation – gflowiz [consulter le carnet], par une équipe pluridisciplinaire, arabesque s’inscrit dans le paradigme de la « cartographie de visualisation » (Alan MacEachren, 2004) qui consiste à combiner au sein d’une même interface les deux piliers de la représentation : la (géo)visualisation et le traitement amont des données correspondantes.
arabesque s’appuie sur les possibilités technologiques actuelles, en particulier celles offertes par les nouvelles bibliothèques de visualisation et de cartographie web (openlayers, d3, OSM, Turf, NaturalEarthData).
La réalisation d’une carte de flux avec arabesque se décompose en 5 grandes étapes :
- Importation des données de flux (liens et/ou nœuds) ;
- Traitement des données de flux (création d’indicateurs, statistiques) ;
- Exploration et filtrage numérique des données ;
- Symbolisation graphique ;
- Exportation et sauvegarde.
Accéder à l’application : http://arabesque.ifsttar.fr/
Une visualisation par défaut des données de flux (liens et nœuds) est proposée par l’application après leur chargement – pour éviter un effet-spaghetti au démarrage. Les données pouvant être massives, la vue affichée par défaut représente les 10% de liens (de figurés) qui contribuent à la part (en % du total) d’information de flux la plus importante.
La vue ci-dessous représente les 10% de liens qui décrivent 91% des flux internationaux de migrants (2017) impliquant 83% des nœuds (ici, des pays du monde, selon la liste ISO3).
Paramétrage
arabesque permet ensuite d’agir sur toutes les composantes de la représentation de flux pour aboutir à une carte juste et lisible. Les possibilités d’actions portent, d’une part, sur l’information en elle-même, qu’elle soit géographique (fond de carte) ou statistique (fond de la carte) ; d’autre part, sur leur symbolisation graphique (figuré), dans le respect des principes de sémiologie pour une amélioration qualitative de la carte.
En savoir plus sur les paramétrages …
Après quelques paramétrages simples, il est possible d’obtenir assez facilement une carte signifiante, comme illustré ci-dessous.
Le résultat obtenu peut être sauvegardé sous la forme d’un projet pour pouvoir être utilisé ultérieurement dans arabesque, ou bien exporté au format image.
L’application étant libre, tout le matériel servant à son développement et à son utilisation est disponible en ligne :
- Accéder aux codes sources de arabesque : [https:]]
- Ajouter des commentaires : https://github.com/gflowiz/arabesque/issues
- Accéder à l’application : [arabesque.ifsttar.fr]
- Suivre un tutoriel : [https:]]
- Le carnet de recherche du projet : gflowiz
Toutes les contributions sont bienvenues.
Alors n’hésitez pas !Géographe et cartographe, Chargée de recherches à l'IFSTTAR et membre-associée de l'UMR 8504 Géographie-Cités.
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14:05
Dessiner c’est coder !
sur Carnet (neo)cartographiqueCamarades cartographes, à travers ce billet, j’entends montrer que l’on peut faire de très jolies cartes avec le langage R ! Oui je sais, des lignes de code c’est repoussant, compliqué et austère. Mais c’est aussi la liberté de bâtir une carte de A à Z sans être contraint par les carcans de tel ou tel logiciel. Ici, à des fins de démonstration, j’ai choisi de reproduire en R cette fameuse carte des murs invisibles publiée dans l’atlas Map Maps [voir] et qui était également présente, dans une version antérieure, dans le Manuel de Cartographie [voir]. Dans les deux cas, de nombreux logiciels avaient été nécessaires pour la réaliser : Excel (pour mettre en forme les données), QGIS (pour préparer le fond de carte), Magrit (pour gérer la projection et la symbologie), Adobe Illustrator (pour la mise en page), etc. Cette nouvelle version de la carte ne mobilise quant à elle qu’un seul et même logiciel : R !
Tout commence par une feuille blanche
Dans cet environnement de travail, plus besoin d’aller télécharger un fichier de données sur un site internet, le dezipper, le remodeler dans un tableur pour le rendre compatible avec les logiciels de cartographie. Plus besoin non plus d’aller télécharger un fond de carte, de l’ouvrir dans un SIG pour en extraire telle couche pertinente, déterminer l’emprise, le projeter puis l’exporter avant de l’ouvrir dans un autre logiciel de cartographie avant de le réexporter vers un autre logiciel de dessin vectoriel. Ici, tout se fait de façon cohérente et continue. Dans R, le package eurostat offre la possibilité d’accéder directement aux données statistiques et aux fonds de cartes des régions européennes (NUTS) à différentes années à différents niveaux de généralisation. Quelques lignes de code suffisent alors pour sélectionner les données utiles et les joindre au fond de carte. Puis, le package rnaturalearth permet d’habiller un peu la carte en ajoutant la mer ou les graticules. Puis, c’est au tour du package sf de jouer son rôle pour la projection cartographique ou autres opérations SIG, etc. Ici, c’est une projection orthographique [voir] centrée sur l’Afrique qui a été choisie pour donner cet effet de perspective (en 2.5D).
Concernant la représentation cartographique en tant que telle, nous nous servons évidemment du package cartography et de ses nombreuses fonctions. La fonction choroLayer permet de réaliser en quelques lignes une carte choroplèthe. La fonction getBreaks permet de déterminer les classes de valeurs pertinentes. La fonction getBorders permet d’extraire les frontières pour réaliser une carte de discontinuités (que l’on pourra faire avec la fonction discLayer). Au besoin, on pourra aussi utiliser le package RColorBrewer pour choisir des belles palettes de couleur. Puis, le positionnement des textes et la réalisation des légendes (e.g. legendChoro) vient finaliser la carte avant son export.
La taille c’est aussi la hauteur
La hauteur des murs est proportionnelle
à la valeur des discontinuités.
Plus les discontinuités sont fortes,
plus les murs sont hauts.Sur cette carte, la représentation des discontinuités est inhabituelle. Tout d’abord, pour des raison de lisibilité, seules les 10% les plus fortes sont représentées sur la carte. C’est a dire, les frontières où les valeurs de PIB par habitant de part et d’autre sont très différentes. Ensuite, le choix a été fait de différencier les discontinuités entre deux régions d’un même pays et les discontinuités entre deux régions de deux pays différents. Cela a pour but de mettre en exergue les discontinuités sur les frontières nationales. Pour ces dernières, la hauteur des murs est proportionnelle à la valeur des discontinuités (alors que d’habitude, on fait plutôt varier l’épaisseur de la ligne). Plus les discontinuités sont fortes, plus les murs sont hauts. Pour ce faire, une simple petite boucle en R a permis de faire varier le nombre d’iterations en fonction de la valeur des discontinuités et aussi determiner la hauteur des murs sur la carte. Un effet d’extrusion rendu possible par la projection cartographique choisie. Ainsi, le mur autour du Luxembourg est plus haut que les autres puisque ce pays est énormément plus riches que ses régions voisines.
Des lignes de codes aux lignes de la cartes
Au final, cette carte est le résultat de 200 lignes de code. Ni plus. Ni moins. Et même si effectuer une mise en page jolie et élégante sans utiliser la souris reste laborieux, le résultat final ressemble à s’y méprendre à une carte issue d’un logiciel de DAO. Preuve qu’on peut être un peu geek et dessiner quand même de jolies cartes. Et inversement
Code source disponible sur github.
Coding is DrawingComrades cartographers, with this post, I intend to illustrate that you can make very pretty maps with the R language! Yes, I know, lines of code are repulsive, complicated and austere. But it is also the freedom to build a map from A to Z without being constrained by the limitations of any particular software. Here, for demonstration purposes, I have chosen to reproduce in R this famous map of invisible walls published in the Map Maps atlas [see] and which was also present, in an former version, in the Manuel de Cartographie [see]. In both cases, many softwares were required to create it: Excel (to prepare the data), QGIS (to prepare the base map), Magrit (to manage the projection and the symbology), Adobe Illustrator (for the page layout), etc. This new version of the map has only been made with one single software: R!
A from scratch process
In this workflow, there is no need to download a data file from a website, unzip it, reshape it in a spreadsheet to make it compatible with cartographic software. No more need to download a basemap, open it in a GIS to extract such a relevant layer, determine the extent, project it and then export it before opening it in another mapping tool and again in a CAD software. Everything here is done in a coherent and continuous process. In R, the eurostat package offers the possibility of direct access to statistical data and to the European Regional basemaps (NUTS) at different years at different levels of generalization. A few lines of code are then sufficient to select the useful data and join it to the basemap. Then, the rnaturalearth package allows you to “dress up” the map by adding the sea or the graticule. Then the sf package is next to play its role for cartographic projection or other GIS operations. Here, an orthographic projection [see] centered on Africa was chosen to give this perspective effect (in 2.5D).
Concerning the cartographic representation as such, we obviously use the cartography package and its many functions. The choroLayer function allows you to create a choropleth map in a few lines. The getBreaks function is used to determine the relevant value classes. The getBorders function allows you to extract the borders to create a discontinuity map (what can be done with the discLayer function). If necessary, we can also use the RColorBrewer package to choose beautiful color palettes. Then, the positioning of the texts and the realization of the legends (e.g. legendChoro) finalize the map before its export.
The size is also the height
The height of the walls is proportional
to the value of the discontinuities.
The stronger the discontinuities,
the higher the walls.On this map, the representation of discontinuities is not common. First of all, for reasons of readability, only the highest 10% are represented on the map. This means, borders where the values of GDP per capita on both sides are very different. Then, the choice was made to make a distinction for discontinuities between two regions of the same country and for discontinuities between two regions of two different countries. For these, the height of the walls is proportional to the value of the discontinuities (whereas usually, the thickness of the line is varied). The stronger the discontinuities, the higher the walls. To do this, a simple loop was used to vary the number of iterations according to the value of the discontinuities and also to determine the height of the walls on the map. An extrusion effect made possible by the chosen cartographic projection. Thus, the wall around Luxembourg is higher than the others because this country is much richer than its neighboring regions.
From code lines to map lines
Finally, this map is the result of 200 lines of code. No more. No less. And even if making a pretty and attractive layout without using the mouse remains laborious, the final result looks like a map from a CAD software. Proof that you can be a little geeky and still draw pretty maps. And vice versa
Source code available on github.
Ingénieur de recherche CNRS en sciences de l'information géographique. Membre de l'UMS RIATE et du réseau MIGREUROP / CNRS research engineer in geographical information sciences. Member of UMS RIATE and the MIGREUROP network.
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12:18
Le poids des mots
sur Carnet (neo)cartographiqueCamarades cartographes, si les choix graphiques (formes, couleurs, tracés, etc) déterminent très largement le message cartographique émis, le choix des mots qui composent la carte est lui aussi loin d’être anodin. Choisir les mots, c’est choisir comment on nomme les choses, comment on désigne une réalité. Et choisir les mots, c’est souvent prendre parti. Je pense bien sûr à cette carte d’Israël repérée lors de la dernière conférence internationale de cartographie en juillet dernier [voir], sur laquelle, au delà du fait que la plateau du Golan y est annexé, le mot Palestine n’y figure pas, les mots “territoires occupés” encore moins, et Jérusalem y est indiqué comme la capitale du Pays à la place de Tel Aviv. Bref, des choix qui n’ont rien d’anodins et qui renvoient à une vision (géo)politique bien particulière. Je pense aussi à cette carte sur la population Roms en Europe réalisée en par Cécile Marin [voir] que je montre souvent aux étudiants sans le titre, en leur demandant d’en proposer un. Un titre plutôt neutre comme « Les Roms en Europe » ? Un titre raciste comme « L’invasion Roms » ? Ou alors le titre original qui prend clairement le parti de ce peuple d’Europe : « Les Roms, peuple européen ». Le constat est alors sans appel. Alors même que la carte reste immuable, changer le titre peut changer radicalement le message de la carte dans son ensemble. Le titre programme la lecture écrivait Christian Jacob en 1992 dans l’Empire des cartes.
Dans l’actualité, la question des mots se pose aussi radicalement. Faut il designer ce qui s’est passé à la mosquée de Bayonne le 28 octobre dernier de « faits » comme le dit Christophe Castaner, d’ « attaque » comme l’écrivent nombre de journalistes, ou bien d’ « attentat » comme l’affirme le fondateur de Mediapart, Edwy Plenel. Quels mots sont les plus adéquats pour décrire cette réalité dramatique ? Cartographier, c’est toujours exprimer une intention, matérialiser une idée, tenir un discours. Aucune carte n’est anodine et les mots qui la composent en disent souvent autant sur le phénomène géographique représenté que sur le cartographe lui même. La carte devient alors une sorte de carte d’identité du cartographe qu’il peut être intéressant de s’amuser à décrypter…
Ingénieur de recherche CNRS en sciences de l'information géographique. Membre de l'UMS RIATE et du réseau MIGREUROP / CNRS research engineer in geographical information sciences. Member of UMS RIATE and the MIGREUROP network.
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14:10
Livre-circulation sur un plan
sur Carnet (neo)cartographiqueSi vous ne savez pas quoi lire en cet automne, après les différentes rentrées littéraires, sachez qu’il existe un moyen de vous repérer dans ce qui ressemble souvent à un imbroglio : le plan d’un réseau de métro de livres réalisé par Sophie.
Sophie est une enseignante canadienne de français, passionnée de littérature jeunesse. Elle partage ses coups de cœur sur son site internet, Sophielit, Un site pour propager le plaisir de lire ! Aussi sur différents réseaux sociaux Twitter, Facebook, Youtube et Instagram.
Elle les partage également sur une carte saisonnière dressant leur réseau. L’ensemble des livres suggérés par Sophielit.ca est en effet représenté à la manière du métro parisien. Leur agencement autorise une circulation ligne par ligne, donc thème par thème, avec un système de correspondances entre différents thèmes pour les lecteurs avancés.
Extrait du plan du réseau Automne 2019.
Sophielit.ca. Droits réservés. Publié avec l’autorisation de l’autrice.
Chacun des thèmes correspond à une ligne du réseau, colorée, ponctué de plusieurs stations libellées du nom des ouvrages. Ces stations présentent différents niveaux de difficulté de lecture (lecteur débutant, intermédiaire, avancé).
Les thèmes et niveaux de lecture sont tous deux légendés, avec une sémiologie impeccable qui mobilise les variables visuelles de Forme et de Couleur.
Ce réseau de livres, qui se veut centralisé sur votre appétence pour la lecture, se déploie autour d’un point central symbolisé par une pastille « Vous êtes ici ».
L’autrice étant enseignante, des plans similaires sont proposés pour différents publics.
Les suggestions de lecture pour cet hiver 2019 sont présentées sur ce plan.
Sophielit.ca. Droits réservés. Publié avec l’autorisation de l’autrice.
Pour des adolescents, par exemple, voir un exemple par ici.
Rejoindre le site de Sophielit.ca
Puis, n’oubliez pas, si vous trouvez des mentions de cartes, n’hésitez pas à les renseigner dans #MapQuote.
Billet lié : MapQuote : la carte des citations cartographiques
Géographe et cartographe, Chargée de recherches à l'IFSTTAR et membre-associée de l'UMR 8504 Géographie-Cités.
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23:46
[Book] avec des #MapQuotes à lire et à voir
sur Carnet (neo)cartographiqueDans le cadre de Mapquote, nous recherchons des citations et mentions des termes cartes » et « cartographie » dans des romans, afin de les cartographier sur une carte globale, présentée ici.
Si ces mentions sont généralement présentées de manière littérales, certaines d’entre elles sont également proposées en version picturale, dont sous la forme de carte.
C’est le cas dans A la lumière de ce que nous savons (In the Light of What We Know, trad. Jacqueline Odin), un ouvrage de Zia Haider Rahman publié en mars 2016 aux éditions Christian Bourgois.
La présentation qui en est faite sur le site Diacritik évoque un roman-monde et carte du temps « riche et foisonnant » qui propose une relecture de la vision idéologique apportée par les cartes du monde. Celle-ci est rapportée lors de dialogues ou du récit de Zafar, personnage central dont on suit la circulation de part le monde.
Le site signale en particulier le récit – présenté sous la forme de note de bas de page et non en plein texte – filant des pages 31 à 33, mentionnant littéralement et visuellement des (fonds de) cartes. Il est intéressant de noter que le dialogue proposé conduit à 1) une définition de la carte du monde selon Peters et à 2) une illustration du fond de carte correspondant comparée à un fond de carte en projection Mercator.
Extrait de l’ouvrage, proposé par Diacritik.
Et ce n’est pas tout !
Une section du deuxième chapitre 2 portant également sur ces systèmes de projections devrait faire sourire tous les cartographes. Extraits :
« S’agissant de cartographier le globe, le problème fondamental est de reporter la surface courbe de la terre, sphère aplatie aux pôles, sur une surface plane. Il existe une autre difficulté : si, sur terre, on se met à marcher dans n’importe quelle direction et continue sa route, jamais on ne rencontrera de limite. On pourra faire le tour du monde. Mais si on se place sur une carte, morceau de papier rectangulaire, et qu’on avance pareillement, on finira par atteindre le bord du papier. Obtenir une représentation de la surface courbe de la Terre, sur une feuille de papier plane et limitée, tel est le défi des projections. On se heurte au même problème pour traduire la poésie. Partant d’une langue, on doit projeter l’œuvre dans une autre langue. »
Et ce n’est pas tout. L’ouvrage propose plusieurs citations de différents types de cartes, des citations qui sont en fait des définitions, des descriptions détaillées, telle cette évocation de cartes topographiques lors d’un voyage en avion.
Comme le dit l’auteur, toutes ces cartes nous « […] intriguent par leur nature de métaphores : outils qui nous donnent quelque chose dont la vérité est bien plus riche mais sans lesquels nous ne percevrions rien et ne trouverions jamais nos repères. »
Au-delà de ces quelques exemples portant sur des définitions, l’ouvrage est par ailleurs truffé de citations de l’auteur ou rapportées telles celle-ci :
Et ces apports sont présents dès le premier chapitre, qui compte pas moins de huit mentions du terme « carte » avec ou sans « s ».
Ce chapitre est d’ailleurs fourni gratuitement par l’éditeur.
En savoir plus sur Diacritik
Référence : Zia Haider Rahman, A la lumière de ce que nous savons (In the Light of What We Know), trad. Jacqueline Odin, éditions Christian Bourgois, mars 2016, 528 p.
Billet lié : #MapQuote
Géographe et cartographe, Chargée de recherches à l'IFSTTAR et membre-associée de l'UMR 8504 Géographie-Cités.
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21:59
[Exposition] VIVRE SON TERRITOIRE
sur Carnet (neo)cartographiqueCréer une carte, c’est construire un iceberg.
« VIVRE SON TERRITOIRE » L’UNIVERSITÉ CARTOGRAPHIQUE CITOYENNE. Découvrez l’histoire complète d’une carte topographique. Exposition proposée par Jacques Boutault, Maire du 2e arrondissement de Paris
et Jasmine Desclaux-Salachas « les Cafés-cartographiques »
Du 23 Septembre au 04 Octobre 2019
Mairie du 2e arrondissement de Paris – 8, rue de la Banque, Paris 2e – Métro BOURSE. -
11:46
[Conference] Vivre son territoire
sur Carnet (neo)cartographiqueDans le cadre de l’exposition « VIVRE SON TERRITOIRE » l’Université Cartographique Citoyenne,
Jacques Boutault, Maire du 2e arrondissement de Paris et « les Cafés-cartographiques »
vous invitent à la conférence « Entre Géodésie et Art, Bâtir la Paix »
Jeudi 03 Octobre à 19H00 – Espace JEAN DAME – 17, rue Léopold Bellan, Paris 2e – Métro SENTIER.- Présentation-Expertise:
Armelle COUILLET, Présidente de l’Association ´les Cafés-cartographiques’. Cartographe
UMR 6266 du CNRS-Normandie Université, Université de Rouen.- Coordination et restitution des travaux cartographiques de Battir depuis Mai 2012:
Jasmine DESCLAUX-SALACHAS, Directrice général de l’Association ´les Cafés-cartographiques’. Cartographe.
Fondatrice des Cafés-cartographiques (Octobre 1999).- De la mise en œuvre locale des relevés sur le terrain à la réalisation des collections de cartes topographiques de Battir: UNESCO? École Nationale des Sciences Géographiques? les Cafés-cartographiques:
Giovanni FONTANA-ANTONELLI, Architecte-urbaniste, expert du paysage.
L’équipe scientifique de l’Écomusée de Battir a été coordonnée dès 2003 par G. Fontana Antonelli, alors Directeur du Bureau Culturel de l’UNESCO à Ramallah, par Samir Harb, Mohammad Hammash, Mohammad Abu Hammad (Architectes-urbanistes) ; par Claudia Cancellotti, Patrizia Cirino, Nicola Perugini (Anthropologues), Pasquale Barone (Expert du paysage), Francesco Cini (Géomorphologue) et Hassan Muamer (Ingénieur-civil Battiri les ayant rejoints en Février 2010) : “— Une équipe où personne n’a jamais dirigé l’autre, tant chacun savait le travail qu’il y avait à faire “ Giovanni Fontana Antonelli Paris Déc. 2015, interview JdS.G. Fontana Antonelli nous expliquera l’origine des travaux topographiques dirigés à Battir jusqu’en Novembre 2011.
Nous expliquerons comment les fichiers de ces mesures de terrain sont parvenues à Paris. Nous répondrons aux questions qui n’ont jamais cessé d’être posées depuis plus de 7 années de partages à flux continu de cette aventure cartographique sans précédent dans l’histoire humaine ;et
Hervé QUINQUENEL, Ingénieur SIG/GIS, École Nationale des Sciences Géographiques — Aujourd’hui Chef de Produit Cartographies et Chaîne Graphique, Institut National de l’Information Géographique et Forestière /ex-IGN, pour expliquer notre rôle dans la géolocalisation de la donnée de Battir depuis Paris, dès 2012.
H. Quinquenel présentera les travaux des élèves de l’École Nationale des Sciences Géographiques que nous avons tutorés, des redressements de la cartographie initiale aux rectifications des bases de géo-référencement et leurs enregistrements dans nos différents systèmes cartographiques professionnels. Nous expliquerons notre démarche pédagogique et d’ouverture de nos métiers de la représentation du territoire suite à la demande qui nous a été faite.
En savoir plus sur la conférence :
– Visionner l’origine du projet local de l’Écomusée de Battir après 2003
www.vimeo.com/362527155– Flyer-verso de la conférence
– Télécharger le dossier de presse de l’exposition: VIVRE_SON_TERRITOIRE_DossPress4pagesw
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16:34
Make our Cartography Great Again!
sur Carnet (neo)cartographiqueMes chers camarades, la cartographie est décidément un sport de combat. Loin d’être de simples descriptions du réel, les cartes thématiques en sont aussi des leviers, des arguments, pour établir un rapport de force avec ses adversaires. En tout cas, cela était bien visible aujourd’hui sur les réseaux sociaux.
Tout a commencé par le tweet suivant de Donald Trump.En pleine procédure d’impeachment suite à l’affaire ukrainienne, le président Trump dégaine une carte pour se revendiquer une légitimité populaire. Les américains le soutiennent, c’est visible sur cette carte : les États-Unis sont recouverts de rouge, couleur du parti républicain, lui-même à sa tête …
Mais il y a un hic !Un air de déjà vu
Si elle y ressemble, cette carte n’est pas l’exacte réplique de la carte de son élection [voir]. Par ailleurs, elle ressemble tout autant à la carte de la réélection de Richard Nixon en 1972 qui remporta haut la main 49 des 50 États américains. C’est d’ailleurs ce que n’ont pas tardé à lui rappeler certains twittos en ressortant cette carte, toute rouge également (voir infra), qui ressemble comme deux gouttes d’eau à celle brandie par Trump il y a quelques heures. L’argument est puissant puisque, rappelons-nous, cette victoire écrasante et cette légitimité populaire n’empêchera en rien le président Nixon de démissionner deux ans plus tard suite à l’affaire de Watergate. L’argument cartographique est donc retourné avec force, en prêtant un destin similaire à Donald Trump. Un beau contre argument.
Mais ce n’est pas là que se joue le nœud de cette affaire cartographique.Et quid de la population ?
Si cette carte recouverte de rouge peut paraître impressionnante, c’est qu’elle considère au même niveau les comtés très peuplés et les comtés quasi vides. C’est d’ailleurs ce que se sont empressés de lui rappeler un certain nombre de twittos aguerris aux techniques de manipulation cartographique. Certains d’entre eux l’ont même accusés de “fake map“. Car, en effet, si on élimine de la carte les zones vides, elle parait d’un seul coup beaucoup moins impressionnante !
Une simple carte par symboles proportionnels, en anamorphose (voir infra) ou en trois dimensions (voir infra) rend également les choses beaucoup plus limpides.
En réintroduisant un critère de taille fondé sur la population, la carte change radicalement de visage. Les zones rouges deviennent moins imposantes et la partie (de cartes) n’est plus gagnée d’avance.Au final, Trump avance un argument cartographique provocateur revendiquant sa suprématie sur l’écrasante majorité du territoire américain. Si les grandes villes ne votent pas pour lui, il a le territoire des arrières-pays pour lui et tous ceux qui y vivent relégués. L’argument est fort. Mais rappelons nous quand même que, en 2016, Donald Trump a été élu avec 3 millions de voix de moins que Hilary Clinton et cela, malgré une carte totalement bardée de rouge.
Il y a décidément mille et une façons mettre en scène graphiquement une même réalité géographique. La guerre des cartes est déclarée !Sur le même sujet : Donald Trump ou la vérité à la carte, Libération, 03 oct. 2019
Ingénieur de recherche CNRS en sciences de l'information géographique. Membre de l'UMS RIATE et du réseau MIGREUROP / CNRS research engineer in geographical information sciences. Member of UMS RIATE and the MIGREUROP network.
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16:24
Longitude, concentré de Calembourg (57387) cartographique
sur Carnet (neo)cartographiqueLe 25 septembre dernier sortait “Mad Maps, L’atlas qui va changer votre vision du Monde” de Nicolas Lambert et Christine Zanin. J’ai eu un grand Plaisir (78490) à parcourir cet ouvrage et ses cartes parfois très sérieuses et graves (“La butte rouge migratoire”, page 95) parfois un peu Folles (87067) comme “Le monde vu par un platiste” page 113 ou comme “Un monde inversé” page 45.
La carte qui m’a le plus interpellée est “Longitude” (page 35). Il s’agit d’une carte imaginaire de “La Grande Île Uzion”, prétexte pour Nicolas pour laisser s’exprimer son goût pour la paronymie (rapport lexical entre deux mots dont la graphie ou la prononciation sont très proches). Enfin dans ce cas, plutôt la paronymie étendue aux toponymes, la topo-paronymie.
N. Lambert, C. Zanin, 2019
La carte a toujours été pour moi une invitation au voyage et au rêve et celle-ci ne fait pas exception. On se prend donc assez rapidement à souhaiter s’allonger sur la plage Horaire en bord de la mer Idienne. Puis repartir vers le bois Inkou, en empruntant la route Abaga mais en contournant le marais Okü et en évitant les périls du Rock Ambolesk.
Imaginaire, imaginée, la carte fait la part belle aux jeux de mots toponymiques et le fameux marais Okü fait bien évidemment penser à cette séquence du Petit Rapporteur où Daniel Prévot montrait Montcuq à la télévision.
Daniel Prévot montrant Montcuq dans l’émission Le Petit Rapporteur (1976)Car les toponymes, du monde réel cette fois-ci, sont parfois victimes des Calembourg (57387) les plus Bidon (07034). Les jeux de Meaux (77284) Y (80289) sont parfois Marans (17218), ne nous arrache qu’un Mouais (44105) dubitatif ou sont vraiment Trécon (51578). Le sujet en est souvent le Saix (86250) ou Le Fion (74500), dans un humour un peu Simplé (53260) et Bauffe (Belgique).
On en retrouvera certains sur la carte des noms de villes les plus drôles en France compilée par le site lebonbon.fr.
Carte des noms de villes les plus drôles en France (source : lebonbon.fr)
Outre-Manche, nos amis Anglais ne sont pas en reste avec Great Snoring (le grand ronflement) ou Donkey Town (ville de l’âne). L’Écosse en revanche n’incite pas au tourisme avec Dull (Ennuyeuse) ou pire Lost (Perdue) !
Carte des noms les plus étranges du Royaume-Uni (Source : familybreakfinder.co.uk)
Les Finlandais sont en revanche bien meilleurs que nous à ce petit jeu, car à l’occasion de l’invasion par les
Russes et la cartographie réalisée par ces derniers, ils se sont pour le moins laissés aller. L’on apprendra
aussi qu’il y existe 121 étangs nommés Paskalampi (étang de merde).D’autres, tel Victor Alexandre, s’en amusent et ont recours à la synecdoque et au Code Officiel Géographique
pour passer le temps au Buros (64152).
Source: Victor? @humeursdevictor (Twitter.com)Avis à la team @InseeFr et #carto (@B_Bouthier @JulesGrandin).
— Victor (@humeursdevictor) August 20, 2019
J'ai un jeu à vous proposer.
Je vous préviens, ça a l'air complètement 26101 mais 01073.
01188 des gens qui sont prêts ?Comme quoi, même avec la cartographie, sujet au combien sérieux, il est possible de faire le Mariol (03163).
Rions (33355) un Poil (58211) avant La Tombe (77467) ! -
11:26
MapQuote : la carte des citations cartographiques
sur Carnet (neo)cartographiqueCamarades cartographes, j’imagine que certains d’entre vous sont probablement aussi des camarades lecteur.rice.s, et que tout comme moi, votre vie est ponctuée de romans qui vous accompagnent au fil de vos journées, et parfois même de vos nuits. Certains d’entre eux sont bons, d’autres moins, certains sont à oublier tandis que d’autres vous font cogiter pendant des années. Parfois dans ces romans, il est aussi question de cartes. Au cœur de l’intrigue parfois ; au détour d’une phrase plus souvent. Simple évocation ou description fine, nombreux sont les romans qui évoquent la cartographie. C’est justement ce florilège de citations que nous ambitionnons de rassembler ici à travers le projet MapQuote.
Comment ca marche ?MapQuote est un projet libre initié par Françoise Bahoken et moi-même. Il prend la forme d’une carte interactive basée sur la méthode des clusters [voir]. Celle-ci repose sur la bibliothèque JavaScript Leaflet [voir] et a été entièrement conçue en langage R [voir].
L’information cartographiée est répartie dans différents fichiers :
- Un fichier auteurs référençant leurs noms et leurs lieux de naissance [voir]
- Un fichier biblio référençant les livres au format BibText [voir]
- Un fichier mots référençant les termes ciblés (cartographie, cartes, planisphère, mappemonde, etc.) [voir]
- Et bien sûr, un fichier citations [voir]
Des livres et vous !A ce jour, MapQuote contient un nombre de citations encore limité. Seuls 27 livres et 46 citations sont pour l’instant référencés. Le travail de saisie est en cours. Pour enrichir ce corpus, nous faisons donc appel à vous. Nous vous invitons à contribuer au projet en cliquant simplement sur cet icône, qui vous donnera accès à un formulaire de saisie. Vos citations seront ensuite validées et intégrées à la carte lors de la prochaine mise à jour. Nous comptons sur vous !
Comme l’écrivait Victor Hugo : « lire, c’est boire et manger ; l’esprit qui ne lit pas maigrit comme le corps qui ne mange pas. » Bref, n‘oubliez jamais que lire délivre
Ingénieur de recherche CNRS en sciences de l'information géographique. Membre de l'UMS RIATE et du réseau MIGREUROP / CNRS research engineer in geographical information sciences. Member of UMS RIATE and the MIGREUROP network.
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9:00
Mad Maps
sur Carnet (neo)cartographiqueCamarades cartographes, je suis heureux de vous annoncer la sortie aujourd’hui de Mad Maps, L’atlas qui va changer votre vision du Monde. Enfin, un atlas, pas tout à fait… Car le but de cet ouvrage n’est pas d’utiliser les 60 cartes inédites qu’il contient pour décrire le Monde selon un thème donné comme le ferait un atlas traditionnel, mais plutôt de raconter comment les cartes décrivent le Monde. Styles graphiques, méthodes cartographiques, couleurs, polices de caractères, systèmes de projection, échelles, etc. tout y passe pour donner à voir l’infinité du Monde des cartes. A travers cinq chapitres ludiques, pédagogiques, critiques, engagés voir parfois impertinents, ce livre tente de bousculer un certain nombre d’idées reçues. La Terre est-elle vraiment ronde ? La France est-elle en Europe ? Quelle est la vraie taille des continents ? La géographie ca sert à faire la guerre ou bien bâtir la paix ? Le Monde a-t-il un centre ? Les cartes peuvent-elles nous mentir ? Ou sont passés les ouvriers ? Le Nord est-il vraiment en haut ? Les américains ont-ils libéré la France ? Quel est le point commun entre une pieuvre géante et les pays de l’OTAN ? A quoi ressemblera le Monde dans 250 millions d’années ? Et si la Terre était plate ? Autant de questions susceptibles de changer votre vision du Monde…
Ce livre tout en images est disponible dès à présent dans toutes les meilleurs librairies
Ils en ont parlé :- Geocarrefour [voir]
- La Nouvelle République [voir]
- Néocarto [voir]
- Cartographie(s) numérique(s) [voir]
- Géographies en mouvement (libération) [voir]
- L’Humanité [voir] et [voir]
- Decryptagéo [voir]
- La Cliothèque [voir]
- Cartolycée [voir]
- Page des libraires [voir]
Ingénieur de recherche CNRS en sciences de l'information géographique. Membre de l'UMS RIATE et du réseau MIGREUROP / CNRS research engineer in geographical information sciences. Member of UMS RIATE and the MIGREUROP network.
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17:10
Exploration d’une application web de visualisation de flux : deck_mobiliPro
sur Carnet (neo)cartographiqueIl y en a qui fabriquent des applications web de cartographie parce que c’est leur métier et puis il y en a d’autres qui le font, juste parce qu’ils sont passionnés ! Il semblerait que ce soit le cas de l’auteur de deck_mobiliPro, alors ça vaut le coup de prendre un peu de temps pour l’explorer finement.
Billet réalisé suite à la demande de recension de l’auteur, publié avec son autorisation.
deck_mobiliPro est une application d’exploration cartographique en ligne fabriquée par Nahélou Quentin, alors étudiant en Master 2 SIGAT (Rennes 2) . L’objectif est de géo visualiser les mobilités professionnelles de la région Bretagne, à l’échelle communale.
L’application accessible ici est très aboutie, maniable, fluide et assez intuitive. Elle représente des flux du point de vue des lieux de destination et d’origine en mobilisant différentes informations, l’orientation des flux par exemple ou encore les modalités de ces déplacements. Avant d’aller plus loin, il convient de préciser le point de vue adopté, à juste titre, par l’auteur – la cartographie de flux étant souvent considérée comme devant être l’expression de figurés exclusivement linéaires.
1. Préambule sur le point de vue des fluxLa partie centrale de l’interface propose en effet toujours une carte choroplèthe, avec un rendu coloré en deux ou trois dimensions des effets de ces flux sur la distribution des lieux ; elle permet de mettre en évidence visuellement une forme d’attractivité de l’emploi disponible dans certaines communes.
Si la visualisation des interactions entre lieux de résidence et de travail n’est pas proposée, l’application offre en revanche, sur sa partie droite, des diagrammes qui renseignent sur la distribution des flux représentés selon les modes de transport et le profil de l’employeur principal.
La partie gauche de l’application présente, quant à elle, trois modalités de filtrage de l’information au préalable de sa visualisation :
- Analyse des flux entrants ;
- Analyse des flux sortants ;
- Analyse expérimentale.
Ces possibilités de filtrage correspondent aux parties de la matrice de données sous-jacentes qui sont encadrées de rouge sur la Fig. 1.1, les flux entrants correspondent à la colonne (Dj) et les flux sortants à la colonne (Oi).
Figure 1.1. Une matrice de flux origine-destination et ses marges
F. Bahoken, Neocarto, 2019.
En effet, si la carte de flux évoque au premier abord des figurés linéaires (qui symboliseraient la partie bleue de la Fig. 1.1), sa construction est en réalité plus complexe que cela puisqu’elle est supposée pouvoir combiner à la fois des figurés linéaires (partie bleue), ponctuels et/ou surfaciques (parties rouges et bleues).
2. Exploration des flux sortantsJe choisis d’explorer les flux sortants (j’aurai pu prendre les flux entrants, cela revient strictement au même sur le plan méthodologique, seule l’interprétation devrait changer).
L’analyse étant localisée, la possibilité est offerte de sélectionner une seule localité. Ne connaissant pas particulièrement la Bretagne, je clique au hasard et je sélectionne la commune de Vannes. Mon exploration porte donc sur les flux sortants de Vannes (Fig. 2.1).
Fig. 2.1. Interface d’exploration des flux sortants de Vannes
La représentation principale située au centre présente des polygones (symbolisant les communes), qui sont extrudés (variable visuelle Taille) pour un rendu en effet 3D par rapport à … une variable qui n’est hélas pas précisée. Ce rendu n’étant pas associé à une légende, il apparait difficile d’avoir une idée autre que visuelle des effectifs représentés. J’entends d’ici des collègues comme Boris Mericksay, par ailleurs enseignant de l’auteur, dire quelque chose comme ceci : « les légendes sont facultatives dans ce genre de dispositif de web cartographie ! ; certaines informations complémentaires étant disponibles au survol » – nous y reviendrons.
La teinte de ces polygones à une intensité décroissante à mesure que l’on s’éloigne de Vannes. Si les communes limitrophes ou voisines de Vannes reçoivent logiquement la part de navetteurs la plus importante, on observe que des communes plus éloignées, situées à l’est, probablement des pôles d’emploi secondaires à l’échelle régionale, semblent attirer davantage d’actifs résident à Vannes, que des communes plus proches situées à l’ouest ou au nord breton.
La signification de la teinte de chacun des polygones, à l’inverse de leur taille, est précisée dans une légende située sur le bas de la partie gauche. La variation d’intensité proposée correspond à la part en % de l’ensemble de flux émis par Vannes, que chacune des communes représentée reçoit, en application de la variable visuelle Valeur.
Cette précision de l’intensité permet de déduire que la hauteur de chacune des communes correspond à l’effectif de navetteurs provenant de Vannes, autrement dit, au nombre d’actifs qui réside à Vannes et exerce dans la commune concernée – ce qui revient à sélectionner une ligne du tableau de la Fig. 1.1 et de ne représenter que ce qui se passe à la destination.
Le premier des deux graphiques présentés sur la partie droite de l’interface est un diagramme en barres colorées (Fig. 2.2.).
Il représente l’ensemble des 18 216 actifs résidant à Vannes qui travaillent dans une autre commune, en lien avec la carte principale. Il décrit les effectifs d’actifs internes (intra communal) et externes (inter communal) selon leur mode de transport (à pied, en voiture…).
Fig. 2.2. Distribution modale des flux internes et externes à Vannes
Si ce graphique est très intéressant pour lui-même, il est regrettable qu’il ne soit pas tout à fait en adéquation avec la carte centrale. Cela génère à première vue une confusion (éléments barrés sur le paragraphe précédent), ce qui est dommage.
En effet, d’après ce que j’ai compris, la valeur 18 216 est celle de l’ensemble des actifs de 15 ans et plus exerçant un emploi et résidant à Vannes qui se déplacent pour travailler, que leur lieu de travail soit situé à l’intérieur de la commune (flux internes) ou à l’extérieur (flux externes) ; elle ne correspond pas aux seuls flux sortants comme indiqué sur la légende.
Sans avoir un compas dans l’œil, il me semble que la somme des rectangles des flux sortants (la partie droite du graphique) ne fait pas 18 216 ; elle est plutôt de l’ordre de 5 à 5 300 individus si j’ajoute, à la louche, les différentes barres décrivant ces flux.
En fait, l’information sur l’effectif d’actifs sortants de Vannes – c’est cela qui m’intéresse, puisque c’est mon filtrage de départ – n’est pas directement accessible. Il n’est pas possible de savoir à combien s’estime l’ensemble de ces habitants de Vannes qui va travailler ailleurs, dans la région, ce qui est un peu dommage puisqu’il s’agit de l’information représentée sur la carte principale (les actifs qui résident à Vannes).
Revenons à la carte principale, car des informations complémentaires sont disponibles au survol de la souris pouvant nous éclairer (Fig. 2.3).
Fig. 2.3. Survol à la souris de la commune de Vannes
Le survol de la commune de Vannes fait apparaître une fiche riche d’enseignements [Boris Mericksay a donc raison !]. On y apprend que la population totale de la commune est de 53 218 habitants. Aussi que le nombre de « flux depuis Vannes », c’est-à-dire émis par Vannes est de 12 603 personnes.
À quoi correspond cette valeur, par rapport au tableau de la Fig. 1.1 ? S’agit-il de la somme marginale en ligne de Vannes ? Ou bien de la somme marginale déduite des flux internes (Oi) qui pourrait correspondre à une ligne de la Fig. 1.1 ?
Si je retire ces 12 603 personnes (69,9%) aux 18 216 actifs sortants (Fig. 2.2), j’obtiens 5 613 actifs [Je n’ai pas un compas dans l’œil mais j’y étais presque!] qui pourraient correspondre à l’ensemble des sortants hors diagonale (hors flux internes), qui représenteraient environ 30 % des actifs.
Le second graphique propose une distribution du profil (de l’employeur) des travailleurs « intra » (en rouge) et « sortants » (en bleu) de la commune pour y exercer un emploi (Fig. 2.4.) – dont on note qu’il correspond bien aux données cartographiées
Fig. 2.4. Distribution du profil des travailleurs sortants et internes à Vannes
Ce graphique est complémentaire du précédent. On y apprend ainsi que, à l’instar des navetteurs internes, les navetteurs externes sont employés dans les secteurs de l’administration publique (environ 2 000 personnes), dans le commerce (environ 1 500) et dans l’industrie (environ 1 000).
3. Exploration de l’analyse expérimentale
La sélection de la section Analyse expérimentale entraîne un enrichissement de la légende située sur la partie gauche de l’interface.
3.1. Exploration visuelleLa première étape consiste à sélectionner la commune que l’on souhaite analyser, puis de choisir le type de flux à visualiser : entrant, sortant ou tous. Sans précision sur le « tous », on ne sait pas exactement de quel indicateur il s’agit. C’est pourquoi je choisis d’explorer d’abord les flux entrants [pour changer], toujours du point de vue de Vannes.
Pour les flux entrants / sortants, la carte décrit logiquement les sommes marginales (partie rouge de la Fig. 1.1.), par des cercles proportionnels dont la variation de taille est présentée en légende (en bas à gauche).
Fig. 2.5. Interface d’exploration de l’analyse expérimentale : exemple des flux entrants
Le survol à la souris est moins détaillé que précédemment, seule la population totale de la commune est affichée.
Les diagrammes présentés sur la droite ont également été modifiés par rapport à l’interface précédent : les flux entrants ont été ajoutés à cette distribution des actifs selon les modes de transport. On y apprend ainsi que le nombre total de flux entrants est de 26 768 actifs, qui travaillent à Vannes et résident dans une autre commune de la région ; le nombre de sortants étant inchangé (à 18 216 actifs), ce qui est normal.
La sélection de ce qui correspond à « tous » les flux n’est pas précisée. D’après la Fig. 1.1, on pourrait croire qu’il s’agit d’une des parties présentées en vert (indicateurs donnés à titre d’exemple). En fait, il s’agit d’une visualisation simultanée des flux entrants et des flux sortants.
Ce choix conduit à changer la représentation (Fig. 2.6.), en enrichissant la symbolisation et la légende correspondante (toujours située sur la gauche de l’interface). Quatre teintes sont désormais utilisées pour représenter ces flux.
Fig. 2.6. Interface d’exploration de l’analyse expérimentale : exemple de « tous » les flux
Ce choix de superposer des symboles circulaires qui présentent par ailleurs des variations de tailles et de teintes opaques, en référence à différentes parties de la matrice (Fig. 1.1) conduit à une symbolisation qui n’apparaît pas visuellement efficace.
Examinons la légende correspondante (Fig. 2.7.) pour en savoir plus.
Fig. 2.7. Légende générale de l’analyse expérimentale
Je ne suis personnellement pas favorable à ce choix, car la superposition de cercles ne génère pas un résultat très lisible, y compris à la lecture. De plus, la combinaison des éléments variables n’est pas rigoureusement exacte sur le plan sémiologique… ce qui explique d’ailleurs pourquoi ce n’est pas clair.
Pour montrer le rôle joué par le fait de considérer chacune des infirmations à représenter une par une, avant de les combiner, déconstruisons cette légende, pour essayer d’en proposer une qui serait plus efficace à défaut d’être plus jolie.
3.2. Déconstruction de la légende principaleLa Fig. 2.8 dissocie les différents éléments, en conservant (à peu près) les codes couleurs et les formes choisies par l’auteur.
Fig. 2.8. Décomposition de la légende
Cette décomposition nous indique qu’en en réalité, la légende proposée n’a pas besoin de mobiliser quatre teintes, deux d’entre elles qui sont opposées sur le cercle chromatique suffisent.
En repartant des choix colorés de l’auteur (Fig. 2.8, pour les entrants, exemple (1)), j’ai sélectionné le rouge fondé et le ton opposé sur le cercle chromatique puisqu’il s’agit de symboliser des informations qui sont formellement opposées : des flux entrants et des flux sortants d’un lieu. Dit autrement, il s’agit de mobiliser la Couleur dans son acception qualitative, vu le type qualitatif (catégoriel) de flux à représenter.
Ainsi, un élément d’explication de la confusion tient ici à un problème lié au choix de la variable rétinienne Couleur pour représenter des informations différentes. Puisque trois caractères sont disponibles, il devrait être possible de distinguer les variables visuelles utilisées pour chacun d’eux. Mais seule la Couleur ressort nettement.
La Couleur
La couleur est mobilisée dans un nuancier unique, en l’occurrence de couleurs chaudes (dans les mêmes tons de rouge-orange-jaune) pour représenter, d’après la légende (Fig. 2.7), pour chacun des lieux :
- la valeur ou l’intensité du flux (via les signes > <) ;
- L’orientation entrante du flux ;
- L’orientation sortante du flux
L’orientation du flux :
L’orientation est une variable caractéristique des flux, plus souvent mobilisée lorsque les flux sont représentés du point de vue des relations entre les lieux. Lorsque ce n’est pas le cas, il est effectivement possible d’utiliser la couleur pour distinguer les flux entrants vs sortant d’une commune, ce qui est effectivement le choix fait ici.
Indépendamment du choix des tons qui est fortement subjectif, le choix du nuancier donne l’impression d’une variation d’intensité entre les cercles, c’est-à-dire d’une utilisation de la Valeur, ce qui n’est pas le cas, par définition. D’ailleurs, l’auteur le sait bien puisqu’il a précisé ceci en légende : « Entrants dans la commune sélectionnée > aux sortants ».
Les mentions littérales (« entrant = sortant » ; « entrants > sortants ») font référence au bilan net des flux aux lieux, plus généralement à leur attractivité en termes de travailleurs – elle correspond formellement à la représentation de l’indicateur (S) présenté sur la Fig. 1.1. Cependant, si cette information semble avoir été calculée, elle n’a pas été reprise dans la représentation, ce qui est dommage.
De même, l’intensité des flux n’est hélas pas directement visible, alors qu’elle semble souhaitée. En réalité, il manque à cette représentation, la variable permettant de le faire, à savoir la Taille … Ré-introduisons-là.
Fig. 2.8. Décomposition de la légende et ajout de la Taille
3.3. Proposition de reconstruction de la légende
En partant de là (Fig. 2.8), il est possible de combiner différents éléments informations pour reconstruire la légende.
La légende d’origine mobilise trois types d’informations sur lesquelles il est possible d’agir :
- information sémiologique : la Couleur, l’Orientation, la Taille* ;
- information graphique : le choix d’une implantation ponctuelle associée à une Forme unique, un cercle ;
- information numérique : la valeur du flux, son orientation, une information sur son bilan net (ex. des flux entrants supérieurs aux flux sortants)
L’objectif n’étant pas de tout refaire, nous conservons l’ensemble des choix de l’auteur et suggérons de modifier le symbole et/ou sa teinte. L’utilisation de demi-cercles affrontés (Fig. 2.9), éventuellement colorés (orientation), permettrait de différencier facilement à la fois les différences de taille que l’orientation des flux (entrants-sortants).
Fig. 2.9. Recomposition de la légende
La suggestion de demi-cercles affrontés apparaît facilement, mais je ne sais si elle est aussi “facilement “automatisable – elle ne semble pas être présente par défaut. Si elle ne peut être mise en œuvre facilement, alors, dans ce cas, il faudrait envisager un autre procédé de représentation ou bien calculer un indicateur qui permettrait de ne mobiliser qu’un cercle par localité.
*Note : il n’est pas tout à fait exact de dire que la Taille n’est pas présente sur l’application, elle l’est effectivement mais de manière anecdotique car elle est incomplète : la légende correspondante ne propose aucune information sur le poids des cercles.
Conclusion
La superposition d’informations – de figurés symbolisés correspondants – fonctionne généralement assez mal visuellement, sauf à vouloir montrer graphiquement la complexité d’une réalité. Plus il y a de densité en termes de figurés et moins l’image sera lisible ; plus il y d’informations empilées et moins l’information principale sera visible ; plus nombreuses sont les composantes de sémiologie mobilisées et moins efficace sera le résultat issu de cette superposition.
Il est donc préférable d’essayer de sélectionner l’information, de les combiner (quelle que soit leur nature), de les articuler voire de les transformer pour faire gagner l’ensemble en lisibilité, mais surtout en richesse qualitative, dans l’objectif de résultats interprétables dans un contexte donné. C’est pour cela que la légende proposée à été décomposée, déconstruite de manière à trouver les ressorts d’une construction qui soit un peu plus efficace.
Au-delà des aspects graphiques et sémiologiques, plutôt que de chercher à superposer des formes et des teintes relatives à des informations numériques de formats variés, pouvant d’ailleurs s’opposer, au risque de frôler la carte erronée, peut-être faudrait-il fallu mobiliser des indicateurs déjà calculés, tel le bilan net (noté S sur la Fig. 1.1, voir ici un exemple de mise en application). Outre l’amélioration de la lecture, leur utilisation permet de limiter le nombre de figurés et de composantes de sémiologie à mobiliser.
De plus, mobiliser un indicateur spécifique au type de phénomène plutôt qu’une représentation directe de l’information, devrait permettre d’enrichir considérablement la sémiologie de cette, déjà bien aboutie, application dédiée aux mobilités professionnelles bretonnes. Les remarques et demandes de précisions formulées sont bien à considérer à la marge, l’essentiel du travail ayant été parfaitement réalisé ! Alors, à suivre ?
Références :
Accéder à l’application, DeckmobiliPro, c’est ici
Géographe et cartographe, Chargée de recherches à l'IFSTTAR et membre-associée de l'UMR 8504 Géographie-Cités.
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23:02
[Book] Face au BRAND territorial
sur Carnet (neo)cartographiqueDans un rayonnage dédié au design d’une petite bibliothèque, je tombe sur un ouvrage qui m’interpelle, non parce qu’il met en scène ce que je recherche ce jour-là, mais parce qu’il est consacré à des images que, a priori, je n’apprécie pas particulièrement…
Vu que je n’ai pas trouvé ce que je cherchais, je reviens sur mes pas. On doit ce billet à son percutant sous-titre : “Sur la misère symbolique des systèmes de représentation des collectivités territoriales”.Ruedi Baur et Sébastien Thiéry (dir.), 2013, Face au BRAND territorial. Sur la misère symbolique des systèmes de représentation des collectivités locales, Lars Muller Publishers.
Avec les contributions de :
Ruedi Baur, Sébastien Thiéry, Jean-Pierre Grunfeld,
Luc Gwiazdzinski, Pierre-Damien Huyghe,
Annick Lantenois, Great Nation et Maria Roszkowska.Face au BRAND territorial est un ouvrage réalisé par un collectif d’étudiant.e.s de l’EnsadLab (laboratoire de recherche de l’École nationale des arts supérieurs décoratifs) de Paris qui dénonce la pauvreté des images de territoires qui serait en lien avec une misère politique.
Ce collectif a examiné des productions visuelles de territoires qui n’intéresseraient pas la recherche, celles qui relèvent du Branding.
L’ouvrage prend la forme d’un plaidoyer pour la reprise de la compétence liée à fabrique des images territoriales parce que « […] qu’abandonner l’art de fabriquer ces images aux apprentis sorciers de la communication visuelle et aux préceptes du branding, c’est rendre progressivement inaudible nos collectivités publiques, et laisser se défaire l’action politique jusqu’à ne devenir que gesticulation aveugle ».
L’informatisation de la société a en effet conduit au succès de nouveaux modes de représentations de l’espace géographique. Leur diffusion avant tout en ligne a indéniablement contribué à populariser une image cartographique numérique, proposée sur différents supports. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les formats papier et autres supports physiques ne sont toutefois pas en reste : de la Bande Dessinée aux cartes postales, des dépliants publicitaires aux logos, films, affiches, photographies, dessins, sculptures, peintures, tous les types d’images participent de ce renouvellement du paysage de l’image cartographique, de l’image territoriale.
Ces images territoriales, si elles ont pendant longtemps été réalisées par des spécialistes de la production cartographique, relèvent désormais pour une part sans cesse croissantes du marketing (territorial, donc), ce qui signe leur appauvrissement.
La multiplication actuelle des modalités de représentations d’un territoire contribue à renouveler son image à des fins de communication, publicitaires. Il faut dire que différentes formes de représentation permettent une lecture géographique : mentales, concepts, idées ; physiques : graphique, schéma, cartes, textes, images fixes ou animées, bases de données, visualisations multimédias peuvent être mobilisés pour promouvoir une construction, un aménagement, un projet, une idée ou que sais-je encore, sous la forme d’images symboliques, fortement évocatrices, plaquées sur des supports dont l’ensemble relève d’une stratégie certaine, que l’on aime ou pas.
C’est en ce sens que cet ouvrage composé de huit chapitres se révèle intéressant. Si plusieurs raisons peuvent être évoquées, ce qui m’a probablement le plus intéressé – sachant que je ne connais pas du tout le sujet -, c’est l’analyse des environnements sémiotiques liés à des territoires donnés. La manière dont la mise en images symbolique de certains territoires est proposée est richement illustrée, et pédagogique.
Sans trop dévoiler les ressorts des auteurs, on peut citer le cas d’utilisation de différentes teinte pour révéler l’environnement sémiotique (la foultitude d’images et de symboles) auquel certaines populations sont exposées.
Prenons l’exemple du rouge. Si l’on vous demande quel pays cette teinte vous évoque, vous répondrez probablement facilement que c’est la Suisse. L’exemple est effectivement trivial. La référence au drapeau est évidente, immédiate, le message est instantané (le rouge est associé au blanc de la croix centrale). Il est d’ailleurs repris sur de multiples supports (des bols, des tee-shirts, des casquettes, des montres, des couteaux … forcément suisses, etc.).
Les auteurs montrent habilement que cette même teinte rouge correspond au communisme (dis comme cela, c’est tout de suite évident), par conséquent à l’environnement sémiotique d’un chinois dans les années 1970 … qui correspond à celui d’un suisse en 2010 !
Illustration
Le rouge “Suisse” en 2010 | Le rouge “Communisme” en 1970
Le Branding opèrant à différentes échelles et prenant différentes formes, il peut être appréhendé à l’échelle des États, comme des villes. Les analyses proposées sont, dans ce registre, intéressantes lorsqu’elles montrent le rôle joué par cette avalanche d’images sur les citoyen.ne.s, telle une contamination, une invasion. En restant dans le rouge, les auteurs montrent le pouvoir visuel de certaines marques, telles celle de cette célèbre boisson.
(extraits)
Le collectif dit combien le public est “désabusé” par cette “manipulation” (négative et) continue du branding et des politiques qui l’accompagnent. Toute cette politique visuelle du marketing territorial (Only Lyon…) participe d’une “désinformation” générale, d’une réduction des identités nationales au profit de certains qui fait en réalité fi de la “complexité du monde contemporain“.
Que penser de cette carte de France ?
En savoir plus :
-> Consulter une présentation de l’ouvrage, sur le site de Lars Müller Publishers, ici.
-> Accéder à une conférence sur le site de Pompidou, en présence de Michel Pastoureau, iciGéographe et cartographe, Chargée de recherches à l'IFSTTAR et membre-associée de l'UMR 8504 Géographie-Cités.
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11:58
7,7 milliards d’humains
sur Carnet (neo)cartographiqueCamarades cartographes, après avoir parcouru “The Vizualisation of Spatial Social Structure” de Dany Dorling (merci Laurent Beauguitte), j’ai eu l’idée de construire cette carte sur la population mondiale en utilisant sa fameuse méthode (des cartogrammes de Dorling). La carte est réalisée en R avec le package cartogram [voir] à partir des données carroyées GpW [voir]. Je la livre ici sans plus de commentaires. Les codes sources sont très simples et disponibles sur mon compte github [voir].
7.7 billion peopleComrades cartographers, after reading Dany Dorling’s book “The Vizualisation of Spatial Social Structure” (Thx to Laurent Beauguitte), I had the idea to build this map on the world population using his famous method (i.e. Dorling cartograms). The map is built in R with the cartogram package [see] from the GpW gridded data [see]. I deliver it here without further comment. The source codes are very simple and available on my github account [see].
Ingénieur de recherche CNRS en sciences de l'information géographique. Membre de l'UMS RIATE et du réseau MIGREUROP / CNRS research engineer in geographical information sciences. Member of UMS RIATE and the MIGREUROP network.
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11:16
Un Monde sans frontières
sur Carnet (neo)cartographiqueCamarades cartographes, avant le break estival, je vous propose dans ce billet une carte inédite de la population mondiale. Il s’agit d’une carte entièrement “dessinée” en lignes de code. Elle est réalisée avec R (pour les calculs) et D3.js (pour l’affichage et l’interactivité). Elle est basée sur la méthode des potentiels selon Stewart telle qu’elle a été implémentée dans la package R SpatialPosition [voir]. L’effet relief de cette carte provient de l’utilisation d’ombrages sous chaque isosurface et s’inspire des travaux de Timothée Giraud sur Tanaka [voir] (même si la méthode utilisée ici n’est pas tout à fait la même). De ce fait, les zones peuplées en rouge apparaissent en relief tandis que les zones vides en bleu (montagnes, déserts, forêts) apparaissent en creux. Des montagnes en creux, peut être est-ce contre-intuitif…
Tout comme dans le billet précédent [voir], cette carte se base sur la projection orthographique [voir] pour lui donner l’aspect d’un globe interactif. Mais en plus du cas précédent, un second globe plus petit, dont la rotation est synchronisée, permet de voir l’intégralité du Monde qu’elle que soit la vue choisie. Il n’y a plus de face cachée. Enfin, un choix cartographique non anodin : dans le but de donner à voir un Monde de continuums et non un espace discontinu, les frontières des États ne sont pas représentées . Et du coup, quoi de mieux qu’un globe pour exprimer l’idée d’un Monde sans bordures ?
Toutes vos remarques et suggestions d’amélioration sont les bienvenues. Les commentaires sont faits pour cela. N’hésitez pas à les utiliser.
Codes sources disponibles ici : [https:]]
Ce globe a été réalisé avec D3.js. Cliquez sur la carte et jouez avec la souris pour changer le point de vue.
A New Vision of World PopulationComrades cartographers, before the summer break, I propose in this blog post a new map of the world population. It is a map entirely “drawn” in source lines of code. It is performed with R (for calculations) and D3.js (for display and interactivity). It is based on the Stewart potential method as implemented in the R SpatialPosition package [see]. The relief effect of this map comes from the use of shadows under each isosurface and is inspired by Timothée Giraud’s work on Tanaka [see] (although the method used here is not quite the same). As a result, areas populated in red appear as mounds while empty areas in blue (mountains, deserts, forests) appear as hollows. Hollow mountains, maybe it’s counter-intuitive….
As in the previous blog post [see], this map is based on the orthographic projection [see] to give it the aspect of an interactive globe. But in addition, a smaller second globe, whose rotation is synchronized, allows to see the whole World whatever the view chosen. There is no longer any dark side. Finally, a significant cartographic choice: in order to show a World of continuums and not as a discontinuous space, the borders of States are not represented. And so, what better way to express the idea of a borderless world than by using a globe?
All your comments and suggestions for improvement are welcome. Comments are made for that. Feel free to use them.
Source codes available here: [https:]]
This globe was made with D3.js. Click on it and play with the mouse to change the view.
Ingénieur de recherche CNRS en sciences de l'information géographique. Membre de l'UMS RIATE et du réseau MIGREUROP / CNRS research engineer in geographical information sciences. Member of UMS RIATE and the MIGREUROP network.
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12:10
Des cartes ou des globes ?
sur Carnet (neo)cartographiqueCamarades cartographes, et si nous en finissions enfin avec ces satanées cartes qui déforment la réalité ? A l’heure du numérique où tout est interactif, animé, augmenté, en 3 dimensions, en réalité virtuelle, n’est-il pas temps, en effet, de mettre au rebut ces représentations planes et distordues qui montrent le Monde tel qu’il n’est pas. La Terre n’est pas plate à ce que je sache…
Cette idée n’est pas nouvelle. Au XIXe siècle, elle était notamment défendue par le géographe et anarchiste français, Élisée Reclus. Fermement opposé aux cartes qui, par construction, distordent la surface terrestre, il plaidait pour la construction d’un globe terrestre géant de 160 mètres de diamètre, pour l’exposition universelle de 1900. Selon lui, enseigner la géographie sur des images fausses était un non sens total. Voici ce qu’il en disait dans L’enseignement de la géographie (1903) : « Après avoir dit aux jeunes enfants que la Terre est ronde, que c’est une boule roulant dans l’espace comme le Soleil et la Lune, j’en viendrais leur en présenter l’image sous une forme d’une feuille de papier quadrangulaire avec des images coloriées […] Dois-je tenter de faire comprendre à ces petits que la sphère a pu se changer en planisphère – c’est à dire, si je comprends bien les deux mots associés, en une sphère plane ? ». Face aux écueils évident des représentations cartographiques en deux dimensions, Reclus nous mettait donc en garde contre les illusions cartographiques et plaidait pour une approche réaliste, visant à montrer le Monde tel qu’il est vraiment. De plus, un globe, ça n’a pas de bord ni de centre. Personne ne peut se mettre au centre. Personne ne peut en être exclus. Les surfaces, les formes les distances, les positions des différents pays sont fidèles à la réalité. De plus, construire un tel globe en plein Paris était aussi une façon de faire rentrer la géographie dans la citée. Au final, ce globe, qui devait trôner fièrement au somment de la butte Chaillot en face de la tour Eiffel ne sera finalement jamais construit. Mais le débat reste ouvert.
Ce globe a été réalisé avec D3.js. Cliquez sur la carte et jouez avec la souris pour changer le point de vue.Alors, faut-il en finir avec les cartes ? Rien n’est moins sur ! Car n’oublions pas que les cartes, grâce aux systèmes de projection, restent le seul moyen de donner à voir le Monde d’un seul coup d’œil. Elles permettent de visualiser simultanément les États-Unis et l’Australie, Le Brésil et le Japon, l’Arctique et l’Antarctique, pour comparer, analyser, bref faire de la géographie. De plus, renoncer aux cartes ça serait se priver d’un formidable moyen d’expression pour raconter le Monde. Car tordre, déformer, faire pivoter, découper, étirer, c’est aussi un moyen efficace pour expliquer la complexité des phénomènes géographiques à l’échelle de la planète. A la façon de Raymond Queneau qui s’est amusé à raconter un même événement de 99 façons différentes dans son célèbre ouvrage Exercice de style (1947), les cartes permettent de raconter le Monde de mille et une manières. Chaque carte le raconte d’une façon particulière sans oser prétendre tout dire. Et c’est bien là que réside l’art de faire des cartes. Sélectionner, choisir, hiérarchiser, déformer, utiliser un langage graphique riche aux mille et unes facettes pour expliquer un territoire de la façon la plus pertinente qui soit. D’une certaine façon, les cartes sont éminemment critiquables par bien des aspects, et la critique est toujours utile. Mais quoi qu’en pensent les « globistes », leurs atouts sont innombrables. Et de ce fait, il y a fort à parier qu’elles resteront longtemps l’outil premier des géographes. Et c’est très bien ainsi
Maps or globes?
Comrades cartographers, what if we finally end these damn maps that distort reality? In the digital age in which everything is interactive, animated, augmented, in 3 dimensions, in virtual reality, is it not time to discard these flat and distorted representations that display the World as it is not. The Earth is not flat as far as I know….
This is not a new idea. In the 19th century, it was defended by the French geographer and anarchist, Elisée Reclus. Strongly opposed to maps that, by definition, distort the earth’s surface, he argued for the construction of a giant 160-metre diameter globe for the 1900 Universal Exhibition in Paris. According to him, teaching geography on fake images was a total nonsense. He wrote about it in L’enseignement de la géographie (1903): “After telling the young children that the Earth is round, that it is a rolling ball in space like the Sun and the Moon, I would come to present them with the image in the form of a sheet of quadrangular paper with colored images… Should I try to make these children understand that the sphere could have changed into a planisphere – that is, if I understand the two associated words correctly, into a planar sphere?”. Faced with the obvious drawbacks of two-dimensional cartographic representations, Reclus therefore warned us against cartographic illusions and called for a realistic approach, aiming to show the World as it really is. Besides, a globe has no edge or center. No one can be put in the center. No one can be excluded from it. The surfaces, the shapes, the distances, the positions of the different countries are as in reality. Moreover, building such a globe in the middle of Paris was also a way of bringing geography into the city. In the end, this globe, which was supposed to be proudly installed at the top of the Chaillot hill in front of the Eiffel Tower, will never be built. But the discussion remains open.
This globe was made with D3.js. Click on it and play with the mouse to change the view.So, should we be done with the maps? Nothing is less sure! Because let us not forget that maps, thanks to projection systems, remain the only way to show the world at a glance. They make it possible to simultaneously visualize the United States and Australia, Brazil and Japan, the Arctic and Antarctica, to compare, analyze, in short, to make geography. Moreover, to renounce to maps would be to deprive oneself of a wonderful way of expression to narrate the World. Because twisting, deforming, rotating, cutting, stretching is also an effective way to explain the complexity of geographical phenomena at the global scale. In the same way as the french writer Raymond Queneau, who had fun telling the same story in 99 different ways in his famous book Exercice de style (1947), maps allow us to tell the world in a thousand and one ways. Each map tells it in a particular manner without claiming to say everything. And that’s exactly where the art of making maps lies. Select, choose, prioritize, distort, use a graphic language rich in a thousand and one facets to explain a territory in the most relevant and effective possible manner. In a way, the maps are eminently open to criticism in many ways, and criticism is always useful. But whatever the “globalists” think, their assets are innumerable. And because of this, it is likely that they will remain for a long time the preferential tool of geographers. And that’s very good as well
Ingénieur de recherche CNRS en sciences de l'information géographique. Membre de l'UMS RIATE et du réseau MIGREUROP / CNRS research engineer in geographical information sciences. Member of UMS RIATE and the MIGREUROP network.
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12:23
Quelle est la bonne carte ?
sur Carnet (neo)cartographiqueCamarades cartographes, je vous propose dans ce nouveau billet une petite réflexion sur la multi-représentation cartographique, appliquée à la géographie des migrants morts et portés disparus en Méditerranée. Ce billet fait suite à la communication effectuée avec Timothée Giraud [voir] à la 29e conférence internationale de cartographie qui s’est tenue à Tokyo du 15 au 20 juillet dernier [voir]. Si l’aspect méthodologique vous intéresse, le papier [voir], les slides [voir] et les codes sources [voir] sont dores et déjà en ligne.
Cartographier les morts
La première carte des migrants morts et disparus aux frontières de l’Union européenne a été conçue et réalisée par le géographe Olivier Clochard (Migrinter) et publiée en 2002 dans les cahiers d’Outre-Mer. Le principe de cette carte était simple. Elle combinait une information quantitative (le nombre de migrants morts et disparus représenté par la surface des cercles) et une information qualitative (la cause de la mort représentée par la couleur). C’était la première fois que ces données étaient cartographiées. En 2003, cette carte a été redessinée, “recrée” à partir de données mises à jour par l’association néerlandaise “United Against Racism”, par le géographe Philippe Rekacewicz (Visionscarto) pour une première publication dans Le Monde diplomatique, ce qui lui donna un impact considerable [voir]. Puis, toujours réalisée selon les mêmes principes, elle fut mise à jour plusieurs fois par les cartographes du réseau Migreurop [voir]. De nombreuses autres cartes, statiques, interactives, artistiques, furent aussi produites. L’idée n’est pas ici d’être exhaustif.
Ici, nous proposons de nouvelles représentations basées sur les données de l’OIM. Les 6 représentations ci-dessous sont réalisées exactement à partir des mêmes données. Je vous invite donc à présent à les décortiquer et les questionner.
Cette première carte est une carte très classique par symboles proportionnels. Chaque cercle correspond à un naufrage d’un bateau de migrants. La superficie des cercles correspond au nombre de personnes mortes ou portées disparues depuis le 1er janvier 2014. Cette carte nous permet d’identifier les endroits les plus meurtriers pour les migrants. Gibraltar, la mer Égée, les côtes libyennes. Mais elle a un gros inconvénient : il y a beaucoup de symboles superposés. Une grande partie de l’information est cachée.
Cette deuxième carte propose une agrégation des données selon la localisation des naufrages. En limitant le nombre de cercles, la méthode d’agrégation (une CAH construite sur les coordonnées géographiques des naufrages) permet de montrer l’importance du phénomène pour chaque route migratoire. Plus de 13 600 personnes sont mortes en 5 ans, entre la Libye et l’Italie. Mais la carte ne permet plus de voir le nombre de naufrages, leur localisation et leur gravité.
Cette troisième carte est construite par agrégation sur une grille régulière. De ce fait, elle permet d’identifier les zones les plus dangereuses. Au large des côtes libyennes, il y a eu en 5 ans plus de 25 morts par km². D’un point de vue politique, cette carte est utile. Elle attire l’attention sur la nécessité d’effectuer des opérations de sauvetage dans les eaux territoriales libyennes. Seuls défauts, ce type de carte ne permet pas d’appréhender les quantités et propose une représentation « non naturelle » (dans une grille).
Cette quatrième carte est la plus compliquée d’un point de vue méthodologique même si son aspect est très simple et facilement lisible. Elle a été réalisée par la méthode des potentiels (selon Stewart), méthode qui consiste à calculer en tout point de l’espace, le nombre de personnes mortes ou disparues dans un voisinage donné définit selon une fonction d’interaction décroissante (ce qui est proche est plus fortement pris en compte que ce qui est loin). Compliqué… Pour plus de détails, je vous renvoie à la bibliographie consacrée [voir]. Comme précédemment, cette carte permet d’identifier les zones les plus dangereuses et propose organisation géographique lisible, facilement compréhensible. Notons aussi que l’originalité de cette carte réside également dans l’utilisation de la méthode d’ombrage « Tanaka », qui donne cet effet de relief [voir]. Seul inconvénient, les valeurs issues de ce type de méthode sont difficiles à interpréter.
Cette cinquième carte reprend la méthodologie précédente mais effectue une inversion des valeurs pour transformer les « bosses » en « creux ». Avec une palette de couleur adaptée, la mer Méditerranée se transforme en un vaste tourbillon dans lequel les migrants disparaissent. Une sorte de métaphore cartographique qui nous rappelle explicitement les naufrages.
Enfin, cette sixième carte, qui utilise la méthode de Dorling [voir], présente un double avantage. Elle permet à la fois d’identifier le nombre de morts et de disparus dans chaque naufrage et de montrer l’ampleur du phénomène pour chaque route migratoire. Ici, aucun cercle n’est superposé. On les voit tous. Le seul inconvénient, car il y en a toujours, est que la localisation géographique des naufrages n’est pas respectée.
Quelle carte choisir ?
Aucune carte n’est efficace à 100%. Chaque carte a ses forces et ses faiblesses. Toute carte montre un aspect d’un phénomène géographique. Elle met en exergue certains éléments et en dissimule d’autres. Avantages vs inconvénients. La bonne carte, c’est donc celle qui permet de répondre aux questions que l’on se pose. Ou celle qui montre le mieux possible ce que l’on désire montrer ou communiquer. Bref, le choix de la bonne carte dépend toujours de l’objectif qu’on lui assigne. Elle dépend de l’intention du cartographe, du contexte de publication, du public, etc. Car n’oublions pas que faire une carte, c’est produire un discours graphique. Faire une carte c’est réaliser une image simplifiée et codifiée de l’espace géographique qui résulte de l’acte créateur et des choix de son auteur [voir]. En d’autres termes, faire une carte c’est raconter quelque chose sur un territoire donné. Il n’y a pas de lien direct et mécanique entre les données et l’image cartographique produite. La richesse du langage cartographique permet en réalite bien des nuances. La seule limite est notre imagination…
Which is the Better Map?Comrades cartographers, I propose in this new post a small discussion about cartographic multi-representation, applied to the geography of dead and missing migrants in the Mediterranean from 2014 to 2019. This post is a continuation of the communication made with Timothée Giraud [see] at the 29th International Cartographic Conference [see]. If you are interested in the methodological aspects, the paper [see], the slides [see] and the source codes [see] are already available online.
Mapping the Dead in the Mediterranean
The first map of dead and missing migrants at the borders of the European Union was designed and drawn by the geographer Olivier Clochard (Migrinter) and published in 2002 in les cahiers d’Outre-Mer. The principle of this map was easy. It combined quantitative data (the number of dead and missing migrants represented by the surface of the circles) and qualitative data (the cause of death represented by color). It was the first time this topic had been mapped. In 2003, this map was redrawn, “recreated” from up-to-date data, by geographer Philippe Rekacewicz (Visionscarto) for publication in Le Monde diplomatique, which gave it a considerable impact [see]. Then, always based on the same principles, the map was updated several times by the cartographers of the Migreurop network [see]. Many other static, interactive, artistic maps were also produced. The idea here is not to be exhaustive.
Here, we propose new representations based on IOM data. The 6 representations below are based on exactly the same data. I therefore invite you now to analyse and question them.
This first map is a very classical symbolization. Each circle corresponds to a shipwreck of a migrant boat. The area of the circles corresponds to the number of people who have died or were reported missing since 1 January 2014. This map allows us to identify the most deadly places for migrants. Gibraltar, the Aegean Sea, the Libyan coast. But it has a big disadvantage: there are many overlapping symbols. A lot of information is hidden.
This second map provides an aggregation of data according to the location of the shipwrecks. By limiting the number of circles, the aggregation method (a cluster analysis based on the geographical coordinates) can be used to show the importance of the phenomenon for each migration route. More than 13,600 people died in 5 years between Libya and Italy. But the map no longer shows the number of shipwrecks, their location and their gravity.
This third map is built by aggregation on a regular grid. As a result, it allows to identify the most dangerous areas. In 5 years, there have been more than 25 deaths per km² off the Libyan coast. From a political point of view, this map is useful. It highlights the need for rescue operations in Libyan territorial waters. The only disadvantage of this type of map is that it does not allow quantities to be apprehended and provides an “unnatural” representation (in a regular grid).
This fourth map is the most complicated from a methodological point of view, even if its appearance looks very simple and easily readable. It was realized by the method of potentials (according to Stewart), a method that consists in calculating at any point in space, the number of dead or missing persons in a given neighborhood defined according to a decreasing interaction function (what is close is more strongly taken into account than what is far). Complex… For more details, I can refer you to the dedicated bibliography [see]. As before, this map makes it possible to identify the most dangerous areas and provides a readable, easily understandable geographical organization. It should also be noted that the originality of this map also lies in the use of the “Tanaka” shading method, which gives this relief aspect [see]. The only drawback is that the values derived from this type of method are difficult to interpret.
This fifth map follows the previous methodology but inverts the values to transform the “bumps” into “hollows”. With an appropriate color palette, the Mediterranean Sea is transformed into a vast whirlpool in which migrants disappear. A kind of cartographic metaphor that explicitly reminds us of shipwrecks.
Lastly, this sixth map, based on the Dorling method [see], has a double advantage. It allows both to identify the number of deaths and missing persons in each shipwreck and to show the extent of the phenomenon for each migration route. Here, no circles are overlaid. We can see them all. The only disadvantage, because there are always some, is that the geographical location of the shipwrecks is not maintained.
Which map to choose?
No map is 100% successful. Each map has its strengths and weaknesses. Actually, any map shows an aspect of a geographical phenomenon. It highlights some elements and hides others. Advantages vs. disadvantages. The right map is therefore the one that answers the questions we ask ourselves. Or the one that most accurately shows what you want to show or communicate. In short, the choice of the right map always depends on the objective assigned to it. It depends on the intention of the cartographer, the context of publication, the audience, etc. Because we have to remember that making a map is always producing a visual discourse. To make a map is to create a simplified and codified image of a geographical territory that results from the creative act and the choices of its author [see]. In other words, making a map is telling something about a given territory. There is no direct and mechanical link between the data and the map image produced. The richness of the cartographic language allows many nuances and subtleties. The only limit is our imagination….
Ingénieur de recherche CNRS en sciences de l'information géographique. Membre de l'UMS RIATE et du réseau MIGREUROP / CNRS research engineer in geographical information sciences. Member of UMS RIATE and the MIGREUROP network.
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13:56
[Book] Terra forma
sur Carnet (neo)cartographiqueTERRA FORMA – MANUEL DE CARTOGRAPHIES POTENTIELLES est un ouvrage de Frédérique Aït-Touati (chercheuse au CNRS, historienne des sciences et metteure en scène), Alexandra Arènes et Axelle Grégoire (architectes) publié en avril 2019 dans la collection Cartographie des Editions B-42.
Ce manuel est issu de Zone critique, un projet de recherche création interdisciplinaire pour explorer les modalités de production ou de transmission de connaissance par les arts, ici en particulier graphiques.
L’ouvrage présente en effet de nombreux graphiques dont on perçoit bien la composante exploratoire et expérimentale. Cette réflexion sur le dessin de territoires est en effet mise au service d’une revisite (ré-exploration ?) d’une pratique de représentation graphique conceptuelle du monde qui se veut résolument nouvelle. Il faut dire que l’objectif des autrices est ambitieux, celui de réaliser “un atlas d’un nouveau genre” fondé sur une esthétique (un design ?) du graphique et sur la graphique (au sens de Jacques Bertin).
L’intérêt étant porté ici sur un graphisme “cartographique”, l’ouvrage intéresse directement l’expression visuelle de ce langage. Il conduit à une modélisation graphique classique qui passe par le dessin de formes signifiantes, réalisées à partir de symboles élémentaires structurants qui sont à leur tour mobilisés pour former un ensemble cohérent décrivant, par leurs interrelations respectives, un état, une situation, processus ou un phénomène donné ; leur mise en œuvre technique est également proposée.
Cette formalisation graphique apparaît très riche. Elle s’inscrit dans le contexte d’une analyse géographique opérationnelle, orientée aménagement de territoires pratiqués, vécus, rêvés, appréhendés selon une perspective graphique artistique, donc, mais aussi critique, politique.
L’ouvrage est composé de sept chapitres qui concernent : le sol, le point de vie, les paysages vivants, les frontières, l’espace-temps, les (re)sources et les mémoire(s).
Tous correspondent à autant de points de vue sur le monde narrés graphiquement pour en produire autant de visions différentes, comme incarnées et toujours situées. Un intérêt particulier est apporté par exemple à la notion de focale – que je trouve personnellement toujours très intéressante à explorer tant elle va pouvoir faire varier l’image produite. Ici, les points de vue sont innovants en ce sens qu’ils sont ” […] par les profondeurs, par les mouvements, par le point de vie, par les périphéries, par le pouls, par les creux, par les disparitions et les ruines […] “, ils ne sont pas orthogonaux, horizontaux, obliques comme dans les approches cartographiques plus traditionnelles. La possibilité est ainsi donnée d’entrer dans l’image par différents endroits et de cheminer dans le dessin, comme pour mieux se l’approprier.
Si tous les chapitres méritent l’attention, on notera en particulier la nouvelle sténographie proposée dans le chapitre Espace-temps, à savoir “[…] un système de notation qui permet de décrire de manière simultanée l’espace et le temps pour y naviguer ou pour y faire projet. Ces signes regroupés par famille conjuguent l’empreinte spatiale avec la durée et la fréquence […]” pour un renouvellement de ce “bagage sémiologique“. Les graphiques qui en résultent tranchent avec l’existant (les manières de représenter l’articulation des composantes temporelles et spatiales), ils sont pour certains vraiment fascinants. Ils autorisent plusieurs niveaux de lecture des spatio temporalités symbolisées – au format statique – , à un moment donné (approche transversale) ou sur une période pour figurer le changement l’évolution (approche transversale) … sachant que la mise en œuvre graphique peut toujours être décomposée ou visualisée dans son ensemble.
Au final, un bel ouvrage sur la modélisation graphique de processus sociaux qu’il est possible de feuilleter sur le site de l’éditeur, à l’adresse suivante : [https:]]
Voir également le site du projet de recherche création Zone critique
Géographe et cartographe, Chargée de recherches à l'IFSTTAR et membre-associée de l'UMR 8504 Géographie-Cités.
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22:20
[Book] This is not an atlas
sur Carnet (neo)cartographiqueThis is not an atlas. Si Ceci n’est pas un atlas, c’est en tous cas un très bel ouvrage proposant une quarantaine de documents au format papier et pdf en open access participant de la contre-cartographie. Il a été élaboré par le kollektiv orangotango, un réseau de géographes critiques et activistes sur des questions de (luttes de) territoires, de pouvoir et de résistance préfigurant la mise en place d’alternatives sociales, notamment via des processus d’émancipation par le bas.
This is not an atlas est en fait un recueil de « cartes », plus précisément de représentations visuelles de territoires – toutes ne sont pas des cartes, mais c’est un point délicat que je préfère éluder dans l’immédiat – non conventionnelles et classiques pour une bonne partie d’entre elles. D’après le kollektiv orangotango, il ne s’agit donc pas d’un atlas même s’il utilise le terme de carte pour qualifier les images proposées – le terme atlas n’étant pas à prendre au sens historique du terme, si on peut dire.
Les projets (ou documents) mis en avant n’ont en effet pas pour vocation de restituer, sous une forme cartographique formalisée, une forme d’occupation (visible ou invisible) d’une portion de surface terrestre, élaborée dans un contexte opérationnel. L’ambition ne semble pas tant dans la production d’une connaissance exhaustive de faits « objectifs » sur un territoire que dans l’illustration de l’accompagnement (sous la forme d’ateliers, etc.) de changements sociaux résultant de luttes pour plus de justice. C’est pourquoi l’ouvrage ne propose pas de cartes, géographiques, présentée à des fins de comparaison, d’information scientifique ou de communication, mais plutôt à des fins d’activisme.
L’objectif de cet ensemble semble plutôt de rassembler des documents, uniques, monographiques, portant sur différentes zones et, donc, forcément non comparables puisqu’ils sont hétéroclites. Aussi et surtout de montrer comment des représentations de territoires sont pensées, discutées, fabriquées pour, voire en coproduction avec, des populations.
Son élaboration s’inscrit en effet dans un contexte de recherche géographique critique, mêlant des considérations artistiques à des objectifs pédagogiques, d’éducation.
Ce qui est vraiment intéressant – pour qui n’y est pas familier – est de voir comme la réflexion à l’origine des projets présentés, souvent collective, prend corps dans un contexte de lutte politique et implique des populations diverses qui vont ainsi pouvoir s’emparer de l’outil « cartographie » pour proposer (co construire) leur propre vision de leur territoire, celui où ils vivent – en s’appuyant sur des matériaux divers … en réponse à différents objectifs pouvant être scientifiques.
Le sommaire de l’ouvrage est en effet révélateur de la richesse que ce genre de pratiques de contre-cartographie peut produire. Les huit sections présentant des titres évocateurs, comme une tentative d’illustrer autant de facettes de la contre-cartographie. Elle est ainsi vue comme un outil d’action, de renforcement de la pression politique, d’éducation, de cartographie occasionnelle, de visibilisation, de subjectivité spatiale, d’auto-réflexion et de critique (consulter le sommaire ici).
L’ouvrage a été élaboré par des (géo)cartographes critiques, engagé.e.s et souvent activistes. Une marque de fabrique des représentations qui en découlent, qui m’apparaissent toutes subjectives. On pourrait aller jusqu’à dire qu’il s’agit « d’auto-biographies graphiques » pour citer Brian Harley tant elles parlent [de mon point de vue] de leurs concepteurs-réalisateurs, certain.e.s productions étant d’ailleurs facilement reconnaissables.
La conclusion « qui n’en est pas une » précise que cet ouvrage s’inscrit dans la lignée de travaux déjà anciens de cartographie radicale (Mogel & Bhagat, 2007), en particulier ceux qui sont contre l’idée selon laquelle ces contre-cartographies seraient ou parleraient d’elles-mêmes. D’après le collectif, les « cartes » proposées sont considérées comme un outil pratique de documentation pour une analyse, une modalité d’accompagnement émancipateur de changements sociaux à l’œuvre qui est observé dans différents endroits du monde, à différentes échelles, locales et mondiales.
C’est pourquoi ces [contre] « cartes » sont considérées [par le collectif] comme participant d’un “mouvement fluide dont la tactique va de la création artistique à l’action directe en passant par l’élaboration de politiques. Ce travail lent, cumulatif et constant à plusieurs échelles d’action est ce qui crée le changement social ” (Mogel et Bhagat, 2007 : 12).
Ce mouvement étant en cours, l’ouvrage se termine par une belle discussion réflexive proposée par les différents auteurs et autrices sollicité.e.s qui posent ou répondent à certaines questions, font part de leurs doutes, etc.
-> Consulter les “cartes” dans la version numérique de l’ouvrage.
-> Consulter le blog qui accompagne l’ouvrage :
Géographe et cartographe, Chargée de recherches à l'IFSTTAR et membre-associée de l'UMR 8504 Géographie-Cités.
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19:11
[Geoweb] Watchthemed
sur Carnet (neo)cartographiqueLe projet Mapping Safe Passages. Real-Time Interventions at the Maritime Borders of Europe à conduit au développement d’une infrastructure de cartographie web intitulée Watchthemed. L’objectif de surveiller la méditerranée l’est pour garantir la sécurité des populations mouvements. Il prend la forme d’une cartographie interactive temps réel des points de passages sûrs aux frontières maritimes de l’Europe, qui peut être enrichie de couches d’informations complémentaires.
Accéder à la plateforme : [watchthemed.net]
Outre la mission d’accompagnement et de sécurisation des migrant.e.s, l’intérêt de ce dispositif est de s’inscrire dans une approche de « contre-cartographie » qui est mobilisée au sens propre ici.
Le dispositif de cartographie numérique mis en œuvre n’a en effet pas pour ambition de surveiller les frontières dans un objectif de traque de migrants, de contrôles qui les conduisent souvent à leur enfermement. Il ambitionne plutôt de surveiller les frontières pour pouvoir structurer le réseau de soutien aux populations en fuite avant (pour préparer leur voyage) et pendant le voyage lui-même, pour garantir la sécurité du parcours. L’intérêt de ce travail est également de changer de point de point de vue, d’être positionné du point de vue des populations concernées – et non de celui des autorités, de proposer une vision plutôt bottom-up et non top-down comme c’est souvent le cas.
Stephan Liebscher s’est entretenu avec Ina Fischer, membre de l’Alarmphone indique que « L’idée du projet est née en 2013, après que deux bateaux en situation d’urgence en Méditerranée centrale n’aient pas reçu d’aide : […] La situation de détresse et de non-assistance a été reconstituée en détail sur la plateforme de monitoring en ligne watchthemed.net. Ces deux cas ont été un moment clé pour soulever diverses questions :
- Que ce serait-il passé si ces personnes en détresse, systématiquement ignorées par les garde-côtes, avaient eu la possibilité d’appeler une ligne téléphonique indépendante ?
- Ne serait-il pas possible d’amplifier les appels de détresse par des appels immédiats au public ? […] »
Lire la suite de l’entretien ici (.pdf) ou sur le site du Non Atlas Project, ici
Accéder à la plateforme : [watchthemed.net]
Géographe et cartographe, Chargée de recherches à l'IFSTTAR et membre-associée de l'UMR 8504 Géographie-Cités.
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9:33
Cartographier les migrations #3 : enjeux rhétoriques
sur Carnet (neo)cartographiqueCette vidéo est issue d’un cycle de séminaires organisé par le laboratoire MIGRINTER, consacré aux représentations des migrations [en savoir plus].Ce billet est le troisième d’une série de trois billets consacrés aux représentations cartographiques des migrations, présenté lors d’un séminaire au laboratoire MIGRINTER, le 4 avril 2019. Celui-ci est dédié aux enjeux rhétoriques.
Verbatim
La carte est l’instrument fondamental du géographe. Elle permet de faire émerger des hypothèses, de tester une intuition, de valider un raisonnement, de spatialiser le regard. En sciences, la carte peut d’ailleurs valoir de preuve. L’élaboration d’une carte à la fin d’un processus de recherche permet aussi d’expliquer par l’image le résultat d’un raisonnement donnant toujours lieu à une représentation donnée du Monde, située. Le fait qu’il y ait 1000 et 1 manières de mettre le Monde en cartes suggère autant de discours envisageables. La carte illustre en réalité, par l’intermédiaire d’un langage graphique plus ou moins formel, un ensemble d’arguments dont la présentation n’est pas dénuée de techniques de rhétorique.
Certaines cartes de l’agence Frontex en sont l’exemple frappant. En représentant des migrations sud-nord par de grosses flèches rouges pointant de façon menaçante vers les pays de l’Union européenne, leurs cartes font plus que mettre, simplement, des chiffres en images. Elles racontent un phénomène inscrit dans un espace géographique, de son point de vue : celui d’une autorité qui considère qu’il faut « protéger » les frontières européennes de l’arrivée de migrants jugés trop nombreux. Le mode de représentation traduit un parti pris cartographique indéniable pour soutenir leur position. Et pourtant, d’autres choix étaient possibles : en jouant sur l’échelle du rendu ou sur les figurés graphiques eux-mêmes, ou sur les questionnements sous-jacents. Qu’y a-t-il derrière ces grosses flèches rouges ? Quid des histoires individuelles de ces hommes, de ces femmes et enfants en migration ?
Faire une carte, ce n’est pas mettre en image le réel, c’est en représenter une facette. C’est porter un regard sur le Monde, donner une représentation nécessairement tronquée et simplifiée de la réalité. La réalisation d’une carte résultant de choix pris dans un éventail de possibles, elle n’est ni totalement objective, ni complètement neutre ; elle se doit donc d’être conçue avec honnêteté.
Les cartes servent aussi à dénoncer, à alerter. C’est l’objectif de celles qui sont réalisées depuis 2003 sur les morts et portés disparus aux frontières de l’Europe. En montrant les logiques spatiales et leurs évolutions à travers le temps, ces cartes permettent de mettre directement en cause les politiques de durcissement des frontières extérieures de l’Union européenne et leurs conséquences. Chaque fois qu’un point de passage est fermé (détroit de Gibraltar, Iles Canaries, Lampedusa,?etc.), les flux migratoires sont déviés mais non stoppés. En d’autres termes, chaque fermeture conduit à des morts… La carte réalisée dans ce contexte joue alors un rôle de contestation qui n’est pas sans rappeler la démarche du géographe américain Wiliam Bunge.
Enfin, l’exemple de la cartographie des migrants syriens permet de montrer à quel point les images cartographiques peuvent être sujettes à caution. En changeant les mots, les couleurs, la taille des symboles, l’emprise de la vue, il est possible de faire tout dire à une carte, et son contraire ! À travers cet exercice de déconstruction, l’esprit critique est de mise. Cette mise en garde permet de démontrer qu’aucune carte n’est innocente ; que derrière chacune d’elles se cachent des choix et des intentions qu’il faut savoir débusquer pour bien comprendre son message.
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Voir le billet #1 : un monde de cartes
Voir le billet #2 : enjeux théoriques et méthodologiquesIngénieur de recherche CNRS en sciences de l'information géographique. Membre de l'UMS RIATE et du réseau MIGREUROP / CNRS research engineer in geographical information sciences. Member of UMS RIATE and the MIGREUROP network.
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8:43
Cartographier les migrations #2 : enjeux théoriques et méthodologiques
sur Carnet (neo)cartographiqueCette vidéo est issue d’un cycle de séminaires organisé par le laboratoire MIGRINTER, consacré aux représentations des migrations [en savoir plus].Ce billet est le deuxième d’une série de trois billets consacrés aux représentations cartographiques des migrations, présenté lors d’un séminaire au laboratoire MIGRINTER, le 4 avril 2019. Celui-ci est dédié aux enjeux théoriques et méthodologiques.
Verbatim
Les images cartographiques produites au cours du temps sur des mouvements et déplacements apparaissent diverses dans leur forme, dans leur fond et dans leur mise en œuvre. Dans la mesure où elles peuvent être (perçues comme) complexes, il devient intéressant de les examiner de plus près.
Pour cela, il convient d’adopter une posture critique dé-constructive de ces images pour essayer d’identifier les éléments qui les composent, leur structure élémentaire et plus loin leur fondement théorique. Quel est le processus mis en œuvre pour réaliser cette carte de migrations ? Dans quel cadre théorique (approche réseau, approche gravitaire, approche visuelle) s’inscrit-elle ? Quel phénomène y est symbolisé ? A l’aide de quels procédés ?
Cette seconde partie du séminaire met en œuvre une approche compréhensive à visée pédagogique, pour présenter les enjeux théoriques et méthodologiques d’une cartographie de migrations. Le rappel des notions mobilisées concernant la mesure de l’information est mis en perspective avec la symbolisation cartographique qui peut être réalisée en lien avec une difficulté spécifique qui se pose d’emblée pour les migrations.
L’usage de la flèche génère une erreur qui conduit généralement à interpréter son dessin sur une carte comme une généralisation de comportements individuels, alors qu’elle symbolise plutôt le comportement d’un agrégat – et non celui d’un groupe ou d’un individu. Son examen conduit à arbitrer sur le choix du niveau de chacune des composantes (sociale, spatiale, temporelle …) mobilisée dans l’analyse cartographique des déplacements, en général.
La prise en compte de ces choix théoriques dans la symbolisation graphique des migrations n’est donc pas sans conséquences sur le type d’images réalisée, sur leur signification. On montre enfin qu’il existe en réalité trois modalités cartographiques de ces déplacements qui diffèrent fondamentalement sur les plan graphique et théorique.
A suivre….
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Voir le billet précédent : Cartographier les migrations #1 : un monde de cartes
Voir le billet suivant : Cartographier les migrations #3 : enjeux rhétoriquesGéographe et cartographe, Chargée de recherches à l'IFSTTAR et membre-associée de l'UMR 8504 Géographie-Cités.
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14:16
Cartographier les migrations #1 : un monde de cartes
sur Carnet (neo)cartographiqueCette vidéo est issue d’un cycle de séminaires organisé par le laboratoire MIGRINTER, consacré aux représentations des migrations [en savoir plus].Ce billet est le premier d’une série de trois billets consacrés aux représentations cartographiques des migrations, présenté lors d’un séminaire au laboratoire MIGRINTER, le 4 avril 2019. Celui-ci est dédié à l’approche historique de la cartographie en général, de la cartographie des migrations en particulier.
Verbatim
Cela fait longtemps que l’Humanité produit différents types de cartes. Cartes polynésiennes, table de Peutinger, portulans, etc., nombre d’entre elles étaient notamment conçues pour le repérage et l’organisation des déplacements humains sur terre ou en mer.
L’histoire de la cartographie est aussi l’histoire de la représentation du Monde. Si la première carte du monde connu date de l’époque babylonienne (vers 600 avant notre ère), ce sont les grecs qui ont posé les fondements de la cartographie scientifique : mesure de la rotondité de la terre (Ératosthène), systèmes de projection, découpages en zones, etc.
Les premières représentations de données sous la forme de graphiques sont également très anciennes : elles datent du XIVe siècle et sont signées Nicolas Oresme, un intellectuel né en Allemagne, ancien évêque de Lisieux à qui sont attribués les premiers histogrammes de l’Histoire.
En 1826, une conjonction graphique qui mêle ces histoires de la mise en graphique et de la cartographie s’ouvre avec les travaux du français Charles Dupin. Nait alors la première carte (choroplèthe) représentant des données statistiques localisées invisibles à l’œil nu, une carte de l’instruction populaire en France. Comme l’indique Gilles Palsky, on a effectivement d’abord appris à représenter le temps sous la forme de diagramme, puis l’espace sous la forme de carte.
Et puis, il y a Charles Joseph Minard, ingénieur civil français qui entreprend, à l’heure de la retraite, un travail considérable de cartographie statistique fondé sur « un calcul par l’œil ». Sa carte figurative sur la Campagne de Russie de 1812-1813 est d’ailleurs considérée aujourd’hui comme le « Gold Standard » de la dataviz.
Minard produira nombre de cartes et graphiques descriptifs de mouvements de transports, avant d’étudier également ceux de populations humaines. Sa mise au point de plusieurs variables visuelles posera les fondements d’une école française de la sémiologie cartographique.
La publication illustrée des Lois de la migration à la fin du XIXe siècle par Ernst Georg Ravenstein, cartographe allemand installé à Londres, ouvre la voie vers un changement de paradigme théorique : les approches monographiques, purement descriptives, sont progressivement complétées par une vision idiographique qui donnera lieu à un renouvellement progressif des méthodes et des cartographies correspondantes.
Le tournant spatial de la fin des années 1960 entraînera dans son sillage un renouvellement de la figure de la carte statistique liée à un double mouvement. D’une part, les principes de sémiologie acquis au cours du temps sont formalisés par Jacques Bertin, dans le registre de la cartographie générale ; ils incluent à la marge des considérations liées aux déplacements. D’autre part, le développement d’une algorithmie spécifique au traitement et à l’analyse de données localisées va devenir une pratique courante avec les travaux de Waldo Rudolf Tobler, géographe américain qui publiera, notamment, les premiers scripts autorisant le dessin automatique sur une carte, décrivant en particulier des interactions territoriales par des flux ; plus généralement l’émergence de nouveaux outils, les Systèmes d’information géographique.
La production cartographique actuelle sur les déplacements, forte des acquis théoriques et méthodologiques du passé, est soutenue ces dernières années par le développement de l’informatique graphique et un engouement général pour la cartographie. Sa fabrique connaît en effet un renouvellement profond dans le contexte de la cartographie 2.0, une évolution en même temps qu’une ouverture des outils et des pratiques qui s’inscrit dans un contexte de permanence de questionnements anciens (figurer des routes, des directions majeures, montrer des zones d’accumulation, …).
A suivre…
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Voir les billets suivants :
Cartographier les migrations #2 : enjeux théoriques et méthodologiques
Cartographier les migrations #3 : enjeux rhétoriquesGéographe et cartographe, Chargée de recherches à l'IFSTTAR et membre-associée de l'UMR 8504 Géographie-Cités.
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9:11
Atlas des migrants en Europe (English version)
sur Carnet (neo)cartographiqueCamarades cartographes, le réseau Migreurop est heureux de vous annoncer la parution de la version anglaise de l’Atlas des migrants en Europe aux éditions Routledge [voir">[hTtP0cQd4X024uDVzSVByMw-DwZPlussNSnA">voir] ]. Tout comme la version française, ce livre parle des hommes, femmes et enfants qui fuient la guerre, la pauvreté ou les crises politiques, risquant leur vie pour trouver refuge en Europe. Et parce que, comme l’écrivait Georges Orwell, “à une époque de supercherie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire”, ce livre énonce, chiffres et cartes à l’appui, un certain nombre de vérités. Les réalités de l’enfermement en Europe (dont la France détient le triste record [voir]), la sous-traitance de la frontière, son externalisation, la surveillance militaro-policière, les morts et portés disparus à nos frontières, etc. Mais au delà de l’énonciation des faits, le livre vise aussi à déconstruire un certain nombre d’idées reçues comme le fait qu’il y aurait eu une crise migratoire en Europe en 2015 alors que tout montre qu’il s’agissait en réalité d’une crise de l’accueil. Ou encore, de montrer que l’hécatombe humaine en méditerranée n’est pas le fruit de la fatalité mais directement lié aux politiques migratoires menées par les pays européens.
Ancré de la champ de la géographie critique, le but de cet atlas collectif (près de 100 personnes y ont participé), n’est pas seulement de décrire la géographie des migrations ni de simplement décortiquer les politiques migratoires, c’est aussi d’aider à faire bouger les lignes, à changer la façon dont nous voyons les autres. En effet, si ce livre est principalement l’oeuvre de scientifiques de plusieurs disciplines et issu d’un travail rigoureux de recherche qualitative et quantitative, ce n’est pas pour autant un ouvrage neutre et purement descriptif. Il s’agit d’un ouvrage engagé, fruit d’un collectif qui prône la liberté de circulation et la fin de l’enfermement des migrants. D’ailleurs, la dimension subjective des cartes, dont il est souvent question sur ce blog, est également discutée dans cet Atlas à travers deux chapitres. Le premier, intitulé “interroger les cartes : raisons et affects”, traite de la rhétorique des images cartographiques et des discours qu’elles véhiculent. Le second, “contrefaçons cartographiques”, montre à travers l’exemple des migrants syriens, comment il est facilement possible de mentir avec les cartes. Bref, si ce livre contient beaucoup de cartes et d’infographies, il met aussi en garde de lecteur sur leur utilisation, et cherche à éveiller son esprit critique. En d’autres termes, il l’invite à se méfier des cartes et non des migrants. Cet Atlas c’est le pari du savoir et de l’intelligence collective contre des idées reçues bien souvent fantasmées. Car la géographie, ça ne sert pas seulement à faire la guerre…
Ingénieur de recherche CNRS en sciences de l'information géographique. Membre de l'UMS RIATE et du réseau MIGREUROP / CNRS research engineer in geographical information sciences. Member of UMS RIATE and the MIGREUROP network.
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10:17
Le théorème des quatre couleurs
sur Carnet (neo)cartographiqueRobin Wilson, 2002
Le saviez-vous, 4 couleurs suffisent pour colorier n’importe quelle carte – la carte des pays du Monde, la carte des départements, la carte des communes, etc. – sans jamais utiliser deux couleurs identiques pour 2 pays adjacents. Faites l’essai sur n’importe quel fond de carte, ça marche à tous les coups.
Bien que triviale, cette propriété ne fut pas facile à démontrer et nombre de mathématiciens s’y cassèrent les dents. C’est Francis Guthrie en 1852, qui s’intéressa le premier à cette question en travaillant sur la coloration des régions en Angleterre. Plus tard, Alfred Kempe et Peter Guthrie Tait tentèrent des démonstrations mathématiques, mais sans succès.
Dans les années 60 et 70, d’autres voies furent explorées à l’aide de l’informatique. Heinrich Heesch, Kenneth Appel et Wolfgang Haken apportèrent enfin des preuves irréfutables après des heures et des heurs de calcul informatique. Mais pour les purs et durs, ces démonstrations informatiques n’en sont pas tout à fait.
Aujourd’hui encore, aucune preuve mathématique (sans usage de l’informatique) n’a été découverte. Mais une chose est sure quand même, avec 4 couleurs seulement, on est le roi de la carto.
A vous de jouer
Ingénieur de recherche CNRS en sciences de l'information géographique. Membre de l'UMS RIATE et du réseau MIGREUROP / CNRS research engineer in geographical information sciences. Member of UMS RIATE and the MIGREUROP network.
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17:48
Une carte de l’anti-relief démographique Haut-Alpin
sur Carnet (neo)cartographiqueAmoureux et arpenteur régulier des Hautes-Alpes, j’avais depuis longue date dans un coin de la tête la réalisation d’une carte qui déconstruit les perceptions usuelles de la topographie alpine. L’idée m’est alors venue de considérer des données fines de population, qui se concentre naturellement dans les vallées alpines et de réfléchir à l’utilisation de procédés de représentations cartographiques peu courants pour réaliser une représentation graphique originale de cet espace alpin. Le territoire des Hautes-Alpes se démarque des autres départements français tout d’abord par sa faible population (4ème département le moins peuplé de France après la Lozère, la Corse-du-Sud et la Lozère) ; mais aussi par ses caractéristiques montagneuses : avec 938 mètres, c’est le département dont l’altitude moyenne de résidence de la population est le plus élevé en France.
Cette carte originale a été réalisée grâce aux données de population fournies par l’INSEE pour six départements alpins à une résolution géographique fine (grille de 200m) et le package R linemap. Les fonctions de ce package permettent facilement d’agréger des données vectorielles d’entrée dans une grille régulière d’une résolution spatiale donnée (ici 1500 m) à de réaliser des cartes composées de lignes dont la hauteur dépend d’une variable quantitative de stock.
Les éléments d’habillage sont aussi importants pour pouvoir se repérer sur cette représentation cartographique peu usuelle. Les parcs naturels et nationaux (source : IPNP) ont ainsi été rajoutés et représentés selon un style « griffonné ». Technique graphique rendue possible grâce à la fonction GetPencilLayer du package R cartography. Les cours d’eau principaux (source : Sandre), les limites départementales (source : IGN) et des labels ont aussi été ajoutés afin que le lecteur puisse plus facilement se situer sur la carte.
Cette représentation graphique donne ainsi à voir la répartition de la population dans les Hautes-Alpes et ses départements voisins. Les pics démographiques haut-alpins se concentrent dans la vallée de la Durance (Briançon, Guillestre, Embrun). Gap la préfecture et son agglomération dominant malgré tout du haut de son pic démographique. Les pics haut-alpins sont bien isolés : entourés de plaines démographiques protégées (Écrins, Queyras, Baronnies, Vercors), les foyers de population voisins, de taille modeste (Barcelonette, La Mure, Sisteron, Nyons) sont tous situés à plusieurs dizaines de kilomètres des limites du département.
On remarque néanmoins au nord-ouest poindre le massif démographique grenoblois et ses collines Valentinoise, elles situées un peu plus à l’ouest. Briançon et Gap ne sont situés en effet « qu’à 2 heures » de voiture de Grenoble.
Malheureusement, les belles pentes qu’offrent ces pics démographiques ne sont jusqu’à preuve du contraire pas skiables.
Les données et le code qui ont permis de réaliser cette carte, utilisant les fonctionnalités de base des packages sf, cartography et linemap sont disponibles ici.
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19:37
La légende d’une carte, un élément incontournable
sur Carnet (neo)cartographiqueLa légende est l’un des éléments essentiels d’une carte statistique. S’il est essentiel qu’elle soit présente sur le document cartographique, elle doit également être conçue de manière efficace, pour éviter les contresens dans l’interprétation des informations cartographiées.
1. L’importance de la légende d’une carteLa légende doit être claire et facilement compréhensible. Lorsqu’elle est bien conçue, elle permet de faire un lien direct entre le dessin des figurés perçus, les informations sous-jacentes et l’interprétation principale de la figure, telle qu’elle est souhaitée par l’auteur. Au-delà de la légende, la difficulté de réaliser une carte (plus généralement un graphique statistique) réside donc d’abord dans le choix de la méthode de traitement des données à appliquer en amont de la représentation proprement dite, ensuite dans leur formalisation (carto)graphique ; l’inadéquation de l’un de ces éléments se verra forcément dans la légende, et conduira au désormais célèbre #mapfail !
La légende permet en effet de faire le lien entre les informations numériques, les informations géographiques, et la manière dont leur articulation est symbolisée sur un espace quelconque – en utilisant les principes de la sémiologie (carto)graphique – pour une communication efficace du message véhiculé par la carte.
C’est ainsi grâce à la légende que l’on peut s’assurer que les variables rétiniennes mobilisées pour symboliser (carto)graphiquement les valeurs numériques sont bien celles qui assurent une transmission instantanée et convenable du message.
La légende est donc un élément crucial dans la compréhension de la carte. Elle permet par ailleurs de statuer avec quasi-certitude de son caractère erroné ou non.
Pour montrer le rôle joué par la légende, considérons une jolie carte mentionnée ce jour sur Tweeter (ici), donc sélectionnée (presque) au hasard !
1. Exemple d’applicationLa carte en question peut être visualisée ici.
1.1. La carte dans son contexte"Consommation" du fond @OSM_FR à l'échelle mondiale (source : [https:]] ) pic.twitter.com/oCOWdEBEXX
— PanierAvide (@PanierAvide) February 26, 2019Cette est mentionnée avec le message suivant : « la consommation du fond OSM [couche cartographique Open Street Map] à l’échelle mondiale ».
Littéralement frappée par la part de bleu qui concerne toute l’Afrique et une partie de l’Asie en opposition à une partie de l’Europe de l’ouest, je porte rapidement mon regard sur la légende, élément fondamental de compréhension d’une carte thématique.
1.2. Focus sur la légendeLa couleur bleue, la première de la gamme, est associée à la valeur zéro. Il n’y aurait donc aucune « consommation du fond OSM » en Afrique, notamment. Dans la foulée, je tagge cette carte en #mapfail ! ce qui permet d’alimenter automatiquement la petite base de données (déjà conséquente de #mapfail) d’un collègue.
Boris Mericksay dit ici n’être pas d’accord sur le fait que cette carte soit un #mapfail . Il précise à juste titre que la variable représentée n’est pas un stock … information qui n’est pas évidente au premier abord (voir la légende). Cela me conduit à revenir sur la légende, puis sur la carte.
2. Légende et commentaire de carteCette légende est composée de trois parties, que j’examine tour à tour en suivant l’ordre de lecture qui fut le mien afin d’esquisser l’introduction d’un commentaire (comme on le fait en géographie) de la carte.
2.1. Décortiquer la légendeAu centre :
Sachant que le ton bleu symbolise le zéro, j’observe ensuite la progression de la série de valeurs qui s’étend de 0 à 25 000. Ces valeurs sont représentées en aplats. Déformation professionnelle [renforcée par le fait que j’ai rappelé ça pas plus tard qu’hier soir à des étudiants géographes de L2] : je pense immédiatement : ‘ Caractère quantitatif absolu‘ <-> Variable rétinienne ‘valeur’ <- #mapfail ! n°1 ( variable visuelle Taille). Et tagge cette carte sur Tweeter ici !
Je ne vois pas immédiatement qu’il s’agit en réalité d’une variable de rapport : Boris Mericskay a donc raison sur ce premier point, je le lui accorde. L’auteur de la carte indique par ailleurs sur un forum spécialisé ceci : the « map normalized to OSM consumption in bits per second per 1000 people, using estimated population per country from Natural Earth (the countries layer used). The outliers on the high end are micro-states, like the Vatican, with very high per capita usage ». [ cette carte est normalisée … en utilisant une estimation de la population par pays à partir de Natural Earth (la couche pays utilisée). Les valeurs aberrantes les plus élevées sont celles les micro-États, tels le Vatican où la consommation par habitant est très élevée.]
Cela étant, le défaut de légende qui a conduit à cette confusion aurait pu être évité <- #mapfail ! n°1 (défaut de légende)Partie gauche
A ces valeurs sont associées une série d’aplats de couleurs nuancées et variées. Les caissons mobilisant la ‘valeur’ avec la ‘couleur’ sur deux tons (bleu / rouge), le tout en opposition colorée. Il ne semble pas voir sur le document que cette opposition correspond à une inflexion des valeurs, au franchissement d’un certain seuil – je ne connais pas ces données, je ne vois pas ce qui justifie cette opposition <- #mapfail ! n°2 (couleur / opposition colorée abusive)
Partie droite
A la droite de ces mêmes valeurs figurent une seconde série de valeurs : elles sont grisées, présentées en pourcentage (%).
J’observe la progression des valeurs et j’aperçois une segmentation de la série qui m’apparaît un peu, comment dire, ?… Je ne le sais pas. Disons qu’elle est empirique, fondée sur la connaissance que l’auteur à du terrain qu’il analyse, 63% correspond probablement à une valeur particulière – je ne connais pas ces données. La discrétisation est donc plutôt « sensible », elle pourrait correspondre à un « seuillage naturel » (mais je n’en sais rien).
Ces % étant disposés en face des valeurs des caissons, je suppose qu’ils représentent soit l’équivalent en % de l’ensemble de la classe de valeur correspondante – je le suppose, car ce n’est pas précisé -, soit une fréquence cumulée puisque les valeurs s’étendent de 0,0% à 100%. Cette seconde éventualité me semble plus probable que la précédente. C’est celle-là que je retiens.
Forte de cette petite lecture de la légende, à l’heure du déjeuner, je décide de revenir à la carte en elle-même pour essayer de l’interpréter.
2.2. Quelle interprétation de la carte ?- les pays qui sont en jaune, c’est-à-dire eux situés dans la classe présentant la valeur 1500 contribuent à 81% de « Consommation du fond OSM à l’échelle mondiale », comme l’indique le tweet de départ. Cela n’est pas clair, d’autant moins que l’on serait dans l’hypothèse d’un % cumulé- mais je me fie ici à la seule représentation. Vue la gamme de couleurs, je ne peux en effet pas dire que les pays dont les couleurs s’étendent du bleu au jaune représentent 81% du total cumulé des connections… Prenons un autre exemple.
- les pays qui sont représentés en bleu (incluant notamment toute l’Afrique) présentent une valeur égale à 0 qui équivaut à moins de 63,6% – ou bien à, tout de même, 63,3% de la « Consommation du fond OSM à l’échelle mondiale », ce qui n’est pas rien. Donc la classe portant l’effectif de pays le plus important, portant 63% de l’information, est mélangée avec ceux où il ne se passe rien. Disons le autrement : les pays représentés en bleu présentent un « nombre de connexions » inférieur à 500 (ou plutôt à 499 ?) et correspondent à 63,6% (soit plus de la moitié) de la consommation du fond OSM.
On voit bien qu’un autre problème se dessine, avec cette difficulté de lecture. Sachant maintenant qu’il s’agit d’une variable de rapport (connexions pour 1000 personnes) , cette difficulté de lire/d’interpréter la carte est liée au mapfail ! n°2 mais avant cela, à un autre problème de position des bornes de ces classes <- #mapfail ! n°3 (discrétisation).
Si je ne connais pas les intentions initiales de l’auteur, j’observe manifestement un décalage entre la série statistique et sa représentation cartographique, lié à un mésusage des principes élémentaires qui fait que le message transmis m’apparaît difficile à appréhender.
A noter que le problème vient donc, comme très souvent en cartographie statistique, d’un défaut dans le traitement amont des données numériques. J’ajoute à cela que cette carte est par ailleurs très incomplète quant à sa conception et aux éléments d’habillage, mais il s’agit d’autres problèmes.
En guise de conclusion, cette carte ne transmet pas correctement l’information disponible. Et c’est bien dommage !.
A noter : une discussion sur l’amélioration de cette carte incluant les données, est ouverte sur Reddit (ici).
Billets liés :
Géographe et cartographe, Chargée de recherches à l'IFSTTAR et membre-associée de l'UMR 8504 Géographie-Cités.
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14:32
Pas de stocks en aplat !
sur Carnet (neo)cartographiqueCamarades cartographes, vous qui connaissez sur le bout des doigts la sémiologie graphique de Jacques Bertin, vous le savez pertinemment, la seule variable visuelle permettant de retranscrire visuellement des données quantitatives absolues est la variable visuelle Taille. En d’autres termes, s’il ne fallait retenir qu’une règle et une seule, elle s’énoncerait un peu caricaturalement de la façon suivante : Pas de stocks en aplat. Simple. Basique.
Ce principe est d’ailleurs unanimement admis. Tous les cartographes utilisent cette règle de base de façon stricte, tous les étudiants en géographie l’apprennent et se font taper sur les doigts s’ils y dérogent. En définitive, rares sont les MapFails, les FakeViz, les Cartox, c’est à dire les cartes qui n’appliquent à ce principe simple. Pas de stocks en aplat, c’est le B.A.BA de la cartographie pour les données quantitatives.
Mais la raison de cette règle est-elle vraiment comprise ? Que se passerait-il vraiment si on cartographiait des données quantitatives absolues avec des aplats de couleurs ? La carte serait-elle fausse ? Pour y voir plus clair, voici deux cartes sur la population des communes françaises réalisées rapidement avec le logiciel en ligne Magrit [voir].
Et si on essayait les stocks en aplat ?Voici une carte de la population (nombre d’habitants = donnée quantitative absolue) à l’échelle des communes françaises représentée sous forme de carte choroplèthe. Ici, la variable visuelle utilisée est la valeur (dégradé de rouge). Question : cette carte est-elle fausse ? Non, cette carte n’est pas fausse. Mais…
Carte 1 : Des stocks en aplat, une bonne idée ?
Mais, elle ne permet pas de retranscrire toutes les relations contenues dans les données quantitatives absolues qui, je le rappelle, sont les suivantes : association, sélection, ordre et proportion.
Sur cette carte, on peut distinguer les communes qui sont dans des classes de population différentes (sélection) et associer 2 communes qui se situent dans la même classe (association). De plus, on peut également repérer ou sont les communes les plus peuplées et les communes les moins peuplées (ordre). Par contre, du fait de la sémiologie graphique utilisée, la carte ne permet pas de rendre compte des quantités (ou proportions). Cela, seule la variable visuelle Taille permet de le faire. Cette carte n’est donc pas fausse, mais elle n’exploite pas la totalité des relations contenues dans les données quantitatives absolues. Elle est donc sous opérante. En résumé, on peut mieux faire…
Passons aux symboles proportionnelsReproduisons la carte avec avec l’utilisation de figurés proportionnels (variable visuelle Taille).
Carte 2 : Une image pertinente de l’espace géographique
La différence avec la carte précédente est flagrante. Ici, les surfaces des cercles sont toutes différentes. Certains sont très gros, et d’autres très petits, presque imperceptibles. Sur cette carte, la surface de chaque cercle est directement proportionnelle au nombre d’habitant. C’est cela l’expression graphique de la relation de proportion. Et de ce fait, une organisation géographique se dégage nettement. Les grandes villes jaillissent et sautent aux yeux, tout autant que les espaces vides peu densément peuplés. Grace à un bonne usage de la sémiologie graphique adapté aux données représentées, nous avons sous les yeux une image pertinente de l’espace géographique français. Une carte éloquente qui raconte correctement le territoire.
Que retenir ?En résumé, la sémiologie graphique, ce n’est rien d’autre que du pragmatisme. Faire une bonne carte, c’est se demander comment exploiter au mieux les données, les rendre visibles efficacement pour simplifier le plus possible la vie du lecteur de carte sans l’induire en erreur. Donc si vous pouviez éviter les stocks en aplat, ca rendrait un grand service à tout le monde et ca permettrait à vos cartes de révéler le territoire… A bon entendeur
Ingénieur de recherche CNRS en sciences de l'information géographique. Membre de l'UMS RIATE et du réseau MIGREUROP / CNRS research engineer in geographical information sciences. Member of UMS RIATE and the MIGREUROP network.