Vous pouvez lire le billet sur le blog La Minute pour plus d'informations sur les RSS !
Feeds
11861 items (35 unread) in 55 feeds

-
Décryptagéo, l'information géographique
-
Cybergeo (10 unread)
-
Revue Internationale de Géomatique (RIG)
-
SIGMAG & SIGTV.FR - Un autre regard sur la géomatique
-
Mappemonde (10 unread)
-
Imagerie Géospatiale
-
Toute l’actualité des Geoservices de l'IGN
-
arcOrama, un blog sur les SIG, ceux d ESRI en particulier
-
arcOpole - Actualités du Programme
-
Géoclip, le générateur d'observatoires cartographiques
-
Blog GEOCONCEPT FR

-
Géoblogs (GeoRezo.net)
-
Conseil national de l'information géolocalisée
-
Geotribu
-
Les cafés géographiques (2 unread)
-
UrbaLine (le blog d'Aline sur l'urba, la géomatique, et l'habitat)
-
Icem7 (10 unread)
-
Séries temporelles (CESBIO)
-
Datafoncier, données pour les territoires (Cerema)
-
Cartes et figures du monde
-
SIGEA: actualités des SIG pour l'enseignement agricole
-
Data and GIS tips
-
Neogeo Technologies
-
ReLucBlog
-
L'Atelier de Cartographie
-
My Geomatic
-
archeomatic (le blog d'un archéologue à l’INRAP)
-
Cartographies numériques (2 unread)
-
Veille cartographie (1 unread)
-
Makina Corpus
-
Oslandia
-
Camptocamp
-
Carnet (neo)cartographique
-
Le blog de Geomatys
-
GEOMATIQUE
-
Geomatick
-
CartONG (actualités)
Cartographies numériques (2 unread)
-
5:54
Exposition « Cartografia, la Corse en cartes 1520-1900 »
sur Cartographies numériques
Le musée de la Corse vous invite au voyage et à la découverte du monde des cartes. « Cartografia, la Corse en cartes 1520-1900 » réunit géographie et histoire dans un corpus de représentations de l’île et de la Méditerranée tracé sous l’œil du cosmographe, du politique, du militaire, de l’hydrographie. L’exposition présente une sélection de documents anciens, de cartes et de plans, de livres et d’atlas, ainsi que les acteurs et les nombreuses techniques qui participent à la discipline cartographique. La diversité des collections exposées éclaire par leurs formes, leurs matières et leurs couleurs. La présentation rassemble un florilège d’images qui témoignent de l’intérêt dont la Corse fut l’objet durant plusieurs siècles.Dossier de presse de l'exposition à télécharger en PDF.
Le parcours de l’exposition s’inscrit dans la longue durée. 1520-1900 : quatre siècles de regards portés sur le territoire corse et ses rapports au monde. La présentation d’une sélection des collections du musée de la Corse vise à partager une part du patrimoine insulaire enrichi par la participation de prêts d’œuvres de diverses institutions corses, nationales, internationales et de collections particulières, très rarement présentées au public. Cette exposition est aussi l’occasion d’accéder à une longue et précieuse séquence figurative de l’histoire corse. Construite autour de deux séquences principales et 5 sections distinctes, l’exposition « Cartografia, la Corse en cartes 1520-1900 » présente plus de 300 œuvres.
Séquence I : L’ère géographique
• Section 1 : le XVIe siècle et l’extension du monde connu
• Section 2 : le XVIIe siècle, l’héritage des pairs
Séquence II : L’ère scientifique
• Section 3 : le XVIIIe siècle et la souveraineté disputée
• Section 4 : le XIXe siècle et la topographie moderne
Du plan Terrier à la carte de Jacotin (1770-1824)
Parmi les cartes remarquables à découvrir :
- La Mer Méditerranée et les costes des Estats qui la borne (1709) par Nicolas de Fer, géographe, graveur
- Carte de l'isle de Corse pour servir aux vaisseaux du roi (1768) par le Sr Bellin
- Insula Corsica olim regni Tiulo insignis nunc Genuensis reipublicae potestati subjecta par Matthaeum Seutter
- Le Plan Terrier, une grande entreprise cartographique qui se déroula de 1770 à 1796 (données disposnibles sur Open data Corsica)
- De l'usage de la carte dans l'art depuis les années 1960
Articles connexes
Atlas stratégique de la Méditerranée et du Moyen-Orient (FMES)
Etudier les formes urbaines à partir de plans cadastraux
Cartes et atlas historiques
L'histoire par les cartes -
7:55
Rapport mondial 2023 sur les déplacements internes (Conseil norvégien pour les réfugiés)
sur Cartographies numériquesLe Rapport mondial sur les déplacements internes du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) constitue une source importante de données et d'analyses pour appréhender chaque année l'impact des déplacements internes à l'échelle mondiale. Les déplacés internes sont des personnes contraintes de fuir à l'intérieur de leur propre pays, notamment en raison de conflits, de violences, de violations des droits humains ou de catastrophes. Lorsque des personnes passent une frontière pour échapper aux persécutions, elles sont protégées par des conventions internationales et sont juridiquement considérées comme des réfugiés. Les personnes vivant une situation semblable qui quittent leur région d’origine tout en restant dans leur propre pays deviennent des déplacés internes. Leur protection relève de la responsabilité de l’État concerné, mais celui-ci ne peut souvent plus l’assurer – ou refuse de la garantir au groupe de population concerné. Les déplacés internes ne constituent pas une catégorie juridique particulière et ils ne bénéficient donc pas d'une protection spécifique du droit international (source : UNCHR).
Déplacements internes en raison des conflits et des catastrophes en 2022 (source : Norvegian Refugiee Council)
71,1 millions de personnes vivaient en situation de déplacement interne dans le monde fin 2022, une augmentation de 20% par rapport à 2021 soit la plus élevée jamais enregistrée. Le nombre de déplacements associés aux conflits et à la violence a presque doublé pour atteindre 28,3 millions. La guerre en Ukraine a déclenché 16,9 millions de déplacés, le chiffre le plus élevé jamais enregistré dans un pays. Le phénomène météorologique de La Niña qui a persisté pendant trois années consécutives, a conduit à des niveaux records de déplacements dus aux inondations notamment au Pakistan, au Nigeria et au Brésil. Elle a entraîné une sécheresse record en Somalie, en Éthiopie et au Kenya, à l'origine de 2,1 millions de déplacements. Les conflits, les catastrophes et les déplacements ont aggravé la situation en matière d'insécurité alimentaire, qui était déjà préoccupante en raison de la lenteur de la reprise après la pandémie de Covid-19. Le rapport 2023 en est sa huitième édition. Il est consacré à l'insécurité alimentaire en tant que moteur, impact et obstacle potentiel aux déplacements internes.
Déplacements internes en raison des conflits et des violences en 2022 (source : Norvegian Refugiee Council)
Déplacements internes en raison des catastrophes en 2022 (source : Norvegian Refugiee Council)Le rapport se divise en deux parties :
- Partie 1 : Déplacement interne en 2022
Cette section présente les données mondiales sur les déplacements internes collectées par l'IDMC tout au long de l'année 2022, dans les différents contextes politiques, économiques et sociaux de différents pays et régions. Elle présente les chiffres sur les déplacements internes liés aux conflits et catastrophes a, ainsi que les dernières estimations de l'IDMC sur l'impact économique de ces déplacements.
- Partie 2 : Sécurité alimentaire et déplacement
Cette section contient des données et des analyses qui montrent les relations complexes entre les catastrophes, les conflits, l'insécurité alimentaire et les déplacements internes. Le rapport 2023 présente les principales dimensions des relations entre sécurité alimentaire et déplacement interne, chacun agissant à son tour comme un moteur et un impact de l'autre, les deux renforçant les cycles durables de vulnérabilité et de crise.
Coût estimé pour assurer la sécurité alimentaire des personnes déplacées via des plans de réponse humanitaire (source : Norvegian Refugiee Council)Les rapports publiés depuis 2016 consacrent une première partie aux données générales et une deuxième partie au traitement d'une question spécifique, ce qui permet d'aborder la question sous différents angles :
- Rapport 2022 : impact des déplacements sur les enfants et les jeunes
- Rapport 2021 : relations entre changement climatique, catastrophes et déplacements
- Rapport 2020 : politiques et moyens mis en oeuvre par chaque pays pour y répondre
- Rapport 2019 : défis et opportunités des déplacements internes
- Rapport 2018 : voies à suivre pour réduire les déplacements, défis et lacunes en matière de données
- Rapport 2017 : enjeux pour les associations humanitaires et de développement
- Rapport 2016 : défis méthodologiques et conceptuels à surmonter pour établir un tableau
Articles connexes
MigrExploreR pour géo-visualiser des migrations internationales
Une datavisualisation sur les migrants décédés dans le monde entre 2014 et 2019
Une data visualisation pour étudier les vagues d'immigration aux Etats-Unis (1790-2016)
La Grande Migration des Noirs aux Etats-Unis à travers les romans de Toni Morrison
Étudier les mobilités résidentielles des jeunes Américains à partir du site Migration Patterns
Une data-story sur les flux de migrations en Afrique
Exposition de Mathieu Pernot L’Atlas en mouvement
Cartographier les migrations internationales
S'exercer à cartographier des migrations dès la classe de 4ème
-
6:51
Atlas des « cercles de fées » dans le monde
sur Cartographies numériques
Source : Emilio Guirado & al. (2023). The global biogeography and environmental drivers of fairy circles, Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), sept. 2023)Des chercheurs de l'Université d'Alicante en Espagne ont produit un nouvel atlas du phénomène naturel connu sous le nom de « cercles de fées ». Présents principalement dans les régions arides de Namibie et d’Australie, les cercles de fées sont une végétation organisée en forme d’anneau. L'équipe de recherche a pu découvrir des centaines d'emplacements de cercles de fées en utilisant des images satellite haute définition pour analyser environ 574 799 parcelles de terrain dans le monde.
Carte représentant la répartition des « cercles de fées » indiqués par des points jaunes (source : Guirado et al., PNAS, 2023)
L’équipe a découvert 263 sites où ces tâches brunes peuvent être trouvées. Elles sont répartis sur 3 continents et 15 pays, notamment au Sahel, au Sahara occidental, dans la Corne de l’Afrique, à Madagascar, en Asie du Sud-Ouest et en Australie centrale. Les scientifiques ont pu relever plusieurs points communs :
- des sols sableux et pauvres en nutriments
- des climats arides avec une forte saisonnalité des précipitations
- la présence de nids de termites comme facteurs à l'origine de la formation de cercles de fées
L'article suggère que les cercles contribuent à augmenter les ressources en eau et que les zones dotées de cercles de fées connaissent une productivité végétale plus stable que celles qui n'en sont pas dotées.
« L'atlas mondial présenté ici fait progresser notre compréhension de la biogéographie des modèles de végétation en forme de cercle de fées et facilitera la conduite de recherches futures sur les caractéristiques et les mécanismes qui sous-tendent ces modèles de végétation énigmatiques dans des endroits jamais étudiés jusqu'à présent... Nos travaux ouvrent également la voie à des recherches plus approfondies sur les implications fonctionnelles de ces structures végétales, qui rendent les écosystèmes plus stables et pourraient les aider à éviter les points de bascule associés au changement climatique ».
L'origine mystérieuse a conduit à l'appellation « cercles de fées » (fairy circles). Différentes hypothèses scientifiques ont été avancées jusque-là sur leur origine (voir l'article consacré au sujet sur Wikipedia)Articles connexes
Une carte animée des biomes anthropogéniques ou anthromes à l'échelle mondiale (Anthroecological Lab)
GeoSahel. Suivre l'évolution de la biomasse et améliorer la surveillance pastorale au Sahel
Une carte de l'INPN pour analyser et discuter la répartition de la biodiversité en France
Eduquer à la biodiversité. Quelles sont les données... et les représentations ?
Une carte mondiale des types d'habitats terrestres
-
18:51
L'histoire par les cartes : découvrir la collection Steegh-Teunissen de la Bibliothèque de l'Université de Leiden
sur Cartographies numériques
En 2021, les collectionneurs John Steegh et Harrie Teunissen ont fait don de l'intégralité de leur collection cartographique aux Bibliothèques de l'Université de Leiden (UBL) aux Pays-Bas : pas moins de 19 000 cartes et 2 500 atlas et guides de voyage, qu'ils ont réunis en près de 40 ans.La collection comprend des cartes de tous les continents, du XVIe siècle à nos jours avec un accent particulier sur les XIXe et XXe siècles. Il s'agit probablement de la plus grande collection de cartes privées des Pays-Bas. Les thèmes abordés concernent notamment la gestion de l'eau, le développement urbain, la répartition ethnique, les conflits militaires. On y trouve une grande variété de cartes, y compris des cartes de propagande et des cartes publicitaires. Le fond comprend des cartes ottomanes, des cartes de la Palestine et d'Israël, des cartes de Leiden aux Pays-Bas (environ 140) et quelques cartes concernant l'Holocauste. Le plan secret de la ville allemande de Varsovie de 1939, sur lequel les SS ont dessiné les contours du ghetto juif prévu en novembre 1940, est assez unique.
Extrait du plan du ghetto de Varsovie dessiné à la main par les SS en 1940 (source : Harrie Teunissen)
« L'Holocauste est en grande partie une histoire spatiale » (entretien avec Harrie Teunissen, collectionneur de cartes)
« Topographie de la terreur : cartes du ghetto de Varsovie » (conférence d'Harrie Teunissen)
L'exposition Mapping Modernity qui se déroule jusqu'au 28 janvier 2024 reprend une partie de la collection Steegh-Teunissen. Les deux collectionneurs ont travaillé avec le Design Museum Den Bosch pour sélectionner 250 cartes qui racontent l'histoire de notre monde moderne :
« Un monde dans lequel l’être humain se place au centre et croit pouvoir affirmer son contrôle sur tout. L’histoire de la modernité est celle du contrôle : sur la nature, les populations et les flux commerciaux. Les êtres humains se sont placés au centre de l’univers et ont utilisé des cartes pour tenter de dominer une réalité complexe et insaisissable. Chaque carte offre un aperçu de l'état d'esprit de ceux qui l'ont commandée et de la manière dont ils ont cherché à façonner le monde à leur convenance. Vous pouvez facilement imaginer les personnes qui ont dressé ces cartes : le général SS en 1939 qui a délimité le ghetto juif sur une carte de Varsovie, scellant ainsi le sort de milliers de personnes. Le fonctionnaire néerlandais inquiet du ministère des Travaux publics qui présentait à ses supérieurs une carte montrant une meilleure protection de la Hollande, deux jours avant les inondations catastrophiques de 1953. Les compilateurs de l'atlas des écoles américaines du XIXe siècle, identifiant quelles populations étaient « civilisées » et n'avaient pas encore atteint le « standard blanc » (à supposer, comme ils le sous-entendaient, que cela soit envisageable). La façon dont nous interagissons avec les cartes et l’influence qu’elles ont sur nous ont progressivement changé. Les cartes numériques jouent désormais un rôle majeur dans nos vies, qu'il s'agisse de nous repérer ou de rechercher un logement. Les cartes papier de cette exposition permettent de montrer comment nous en sommes arrivés là » (présentation de l'exposition Mapping Modernity).
A découvrir également :
Une carte allemande de la diffusion de la grippe russe de 1889-90 :
Graphische Darstellung Des Auftretens Der Insluenza-Pandemie (voir cet article pour les explications)L'Ukraine d'après les cartes historiques des collections de l'UBL :
L'exposition BorderlandsUn magnifique atlas de l'Ukraine et des pays limitrophes (1937) :
Atljas Ukrajiny i sumežnich krajiv K.213Extrait de l'atlas de l'Ukraine et pays limitrophes (source : Collection Steegh-Teunissen)
La collection Cartes et Atlas de l'UBL rassemble des documents cartographiques depuis la fondation de la bibliothèque universitaire en 1587. La collection de cartes et d'atlas comprend aujourd'hui environ 100 000 feuilles de cartes (dont 3 000 cartes manuscrites), 3 500 atlas et 25 000 gravures et dessins topographiques. La plus grande partie a été léguée en 1872 comme héritage de l'éditeur Johannes Tiberius Bodel Nijenhuis (1797-1872). Outre la collection Bodel Nijenhuis, la collection de cartes et d'atlas comprend plusieurs autres sous-collections, telles que la collection Van Keulen, la collection de cartes coloniales néerlandaises de l'ancienne bibliothèque de l'Institut royal des tropiques (KIT), la collection de cartes de l'Institut royal néerlandais d'études sur l'Asie du Sud-Est et les Caraïbes (KITLV) et plusieurs autres sous-collections moins importantes. Les cartes datent du XVIe siècle à nos jours. L'accent est mis sur le matériel cartographique des Pays-Bas et de l'Europe occidentale, ainsi que sur les régions exploitées par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales et la Compagnie des Indes occidentales (VOC et WIC) et sur les anciennes colonies néerlandaises de l'Indonésie, du Surinam et des Antilles néerlandaises actuelles.
Voir par exemple « La cartographie néerlandaise de Chypre » (catalogue d'exposition)
Articles connexes
Trois anciennes cartes de la Chine au XVIIIe siècle numérisées par l'Université de Leiden
L'histoire par les cartes : les archives du Musée mémorial de l'Holocauste à Washington
L'histoire par les cartes : le Rijksmuseum met à disposition plus de 700 000 œuvres sur le web, notamment des cartes
L'histoire par les cartes : une exposition virtuelle sur les cartes missionnaires (vers 1850 - 1950) par l'Université d'Utrecht
Le peintre hollandais Vermeer et les cartes
Cartes et atlas historiques
L'histoire par les cartes
-
21:13
Chronoscope World, une machine à remonter le temps avec des cartes
sur Cartographies numériques
Chronoscope World est une machine à remonter le temps avec laquelle on peut revenir plusieurs siècles en arrière en voyageant à travers des cartes. Plus de 6700 cartes historiques sont consultables à partir de la même interface cartographique. Le site comprend environ 1 200 cartes de l'Institut de géographie régionale de Leibniz et du projet ChronoAtlas, auxquelles s'ajoutent les collections de 35 grandes bibliothèques qui ont ouvert leurs cartes en open data à l'échelle mondiale.
Interface de navigation du site Chronoscope World
Le site peut être utilisé à partir de la barre chronologique qui permet de sélectionner des cartes par dates ou bien en définissant une zone géographique à l'aide de l'outil de sélection. La recherche se fait ensuite à partir de ces choix initiaux auxquels on peut encore ajouter des filtres. Les résultats apparaissent sous la forme d'un mur de vignettes : en cliquant sur celles-ci, les cartes choisies s'affichent automatiquement sur un planisphère ou sur un globe grâce à leur géoréférencement. On peut saisir des coordonnées ou des liens provenant d'autres applications cartographiques. On peut également y ajouter des géo-liens à partir de liens manifeste Wikipédia ou IIIF. Le format IIIF fournit un cadre international d'interopérabilité pour toutes les images. Il s'agit d'un format ouvert permettant de fournir des images haute résolution provenant de bibliothèques et d'archives du monde entier.
ChronoAlex, un récit cartographique à partir des expéditions d'Alexandre Humboldt
Des récits sont proposés à partir de séries de cartes commentées, par exemple sur les expéditions de Humboldt ou sur un tour du monde à partir de cartes. Un Atlas des cartographes permt de faire un voyage des premiers atlas à aujourd'hui. Quasiment toutes les cartes de Chronoscope sont fournies sous licence gratuite. Le site propose également des podcasts, des diffusions vidéo, des parcours à 360° et une webcam en direct.
Chronoscope World dérive d'un projet antérieur, Chronoscope Hambourg qui réunissait déjà plus de 650 cartes sur la ville d'Hambourg.
Le site du Chronoscope a été conçu par le Chrono Research Lab dont l'objectif est de faire partager le patrimoine culturel à un large public afin de « donner du sens à notre présent et donner une cause à notre avenir ». Il repose sur des données culturelles ouvertes, collectées dans le cadre du mouvement d'ouverture des données openGLAM (Galleries, Libraries, Archives, Museums). Matthias Mueller-Prove, co-fondateur du site, est concepteur informatique d'expériences utilisateurs créatives, spécialisé en UX et IIIF.
Matthias Müller-Prove, Geo-Spatial Interaction Design for Old Maps Geo-Spatial Interaction Design Using Chronoscope World to browse and study digitized maps and cultural heritage documents
Suivre Chronoscope sur Twitter ou sur Mastodonte.
En complément
En France, l'IGN met à disposition le site Internet Remonter le temps afin de pouvoir comparer de manière simple et rapide les cartes anciennes et actuelles de la France. Cela concerne essentiellement, pour les cartes historiques, la carte de Cassini (XVIIIe siècle), les cartes d'état-major (XIXe siècle), les cartes et les photographies aériennes des années 1950.
Le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France ne dispose pas d'interface cartographique permettant de superposer toutes les cartes contenues sur le site. Mais le moteur de recherche interne donne accès à plus de 4 000 cartes anciennes par continent et par siècle. Une page donne un accès direct aux portulans, globes et cartes du monde entier classés par région (Europe, France, Afrique, Amériques, Japon). Utiliser ce tutoriel pour télécharger les cartes en haute résolution sur le site de Gallica. Voici un autre tutoriel pour apprendre à géoréférencer une carte disponible dans Gallicarte. La BNF a en outre numérisé 55 globes en 3D.
Articles connexes
Annoter et partager des images et des cartes numériques en haute résolution en utilisant des outils IIIF
Comment géoréférencer une carte disponible dans Gallica ?
Derrière chaque carte, une histoire : la carte des chemins royaux dans les Cévennes (1703)
Derrière chaque carte, une histoire. La cartographie du détroit de Magellan entre science et imaginaire
Derrière chaque carte, une histoire. La carte de Gough et les îles perdues de la baie de Cardigan
Les story maps : un outil de narration cartographique innovant ?
Cartes et atlas historiques
-
19:47
La carte, objet éminemment politique : la carte officielle de l'Arabie saoudite
sur Cartographies numériques
Carte officielle du Royaume d'Arabie saoudite (source : GASGI)
L'Autorité générale des levés et de l'information géospatiale (GASGI) a publié le 11 septembre 2023 la nouvelle carte officielle du Royaume d'Arabie saoudite, complétée par les frontières approuvées au niveau international. Israël n'étant pas reconnu par l'Arabie saoudite, l’ensemble de l’État juif est toujours appelé « Palestine ». Cette publication intervient alors que le Royaume saoudien fait savoir aux États-Unis que la résolution des problèmes palestiniens est essentielle à tout accord de normalisation avec Israël.L'Autorité générale des levés et de l'information géospatiale d'Arabie saoudite (GASGI) a appelé les autorités gouvernementales à ce que cette nouvelle carte officielle devienne la source unique pour les sites Internet, les médias, les livres ou les brochures. La carte est présentée comme étant une « référence nationale fiable pour des applications générales et destinée à être utilisée pour la planification stratégique, la localisation et l'identification des lieux ».
L'Arabie Saoudite a en outre ajouté les îles de Tiran et Sanafir à sa carte officielle de la mer Rouge. Le président égyptien Sissi a décidé de céder ces îles à Riyad en 2016, provoquant des protestations publiques contre cette perte de souveraineté. Le roi saoudien Salman bin Abdulaziz Al Saud s'est rendu au Caire en avril 2023, annonçant un ensemble d'investissements de plusieurs milliards de dollars pour l'Égypte. Cet accord entre les deux pays n'est pas sans susciter des controverses. Après l'approbation de l'accord par le Parlement égyptien, de vastes manifestations ont éclaté dans tout le pays, les manifestants scandant « Aux Égyptiens ! Aux Égyptiens ! » en référence à la souveraineté de ces îles.
Le détroit de Tiran, passage stratégique entre l'Égypte et l'Arabie saoudite (source : Wikipédia)
Tiran et Sanafir, deux îles inhabitées situées à environ quatre kilomètres l'une de l'autre dans la mer Rouge, revêtent une importance stratégique en raison de leur contrôle sur l'entrée du golfe d'Aqaba, qui sert de principale voie d'accès au trafic maritime vers les ports d'Aqaba en Jordanie et d'Eilat en Israël. Les deux pays revendiquent ces territoires depuis le milieu du XXe siècle.
Extrait de la carte officielle de l'Arabie saoudite montrant les îles de Tiran et de Sanafir
passées sous souveraineté saoudienne (source : GASGI)
Administrées pour la plupart par l'Égypte, les îles ont été occupées par Israël en 1967, avant d'être restituées à l'Égypte en 1982 lorsque les deux parties ont signé les accords de paix de Camp David. Les deux îles constituent la base d'une petite force multinationale de maintien de la paix depuis 1979, à la suite d'un accord de paix entre l'Égypte et Israël. Tiran, d'une superficie de 61 kilomètres carrés, abrite également un aéroport utilisé par les troupes. Pendant des mois, les États-Unis auraient négocié un accord pour transférer Tiran et Sanafir de l’Égypte vers l’Arabie saoudite. En juillet 2022, le président américain Joe Biden a déclaré que les soldats internationaux de maintien de la paix, y compris les troupes américaines, quitteraient Tiran d'ici la fin de l'année. Le même mois, des responsables israéliens ont déclaré qu’ils avaient donné leur feu vert pour approuver le transfert des îles stratégiques à l’Arabie saoudite, levant un des obstacles qui pourrait ouvrir la voie à une formalisation des liens entre Riyad et Tel Aviv. Les deux îles étaient censées être transférées de l'Égypte à l'Arabie saoudite en 2018. Mais l'accord exigeait l'autorisation d'Israël pour tout changement du statut des forces internationales sur le territoire, en raison du traité de paix israélo-égyptien de 1979 qui exigeait que des observateurs internationaux soient présents sur les îles. Bien que les autorités saoudiennes aient donné aux deux îles des noms légèrement différents en arabe, il est probable qu'elles continueront à s'appeler Sanafir et Tiran dans les versions anglicisées des noms.
Au moment où l'Égypte a cédé la souveraineté de ces îles à l'Arabie saoudite en 2017, une vidéo virale a circulé sur les réseaux sociaux. Celle-ci présentait une série de cartes anciennes des îles de Tiran et de Sanafir dans le but de montrer qu'elles relevaient de la souveraineté saoudienne. Ces extraits de cartes historiques peuvent être consultés sur le site Sada-Elbalad. Parmi elles, on trouve notamment une carte de 1947 des États arabes et une carte de 1955 représentant les pays du Moyen-Orient. Les frontières maritimes entre l'Égypte et l'Arabie Saoudite sont mises en évidence ; les deux îles y apparaissent comme appartenant au Royaume d'Arabie Saoudite. La vidéo fait également référence à des documents égyptiens détenus par les ministères de la Défense et de l'Arabie Saoudite.
Carte du Moyen-Orient de 1955 utilisée pour légitimer l'appartenance des îles de Tiran et Sanafir à l'Arabie saoudite
(source : Library of Congress)
La carte officielle de l'Arabie saoudite est disponible en arabe et en anglais dans plusieurs formats numériques sur le site de la GASGI.
Cartes à télécharger en haute résolution :- Carte routière
- Carte des sites sacrés
- Carte générale de l'Arabie saoudite (1: 10 000 000)
- Carte générale du relief
- Carte des frontières internationales
- Accès aux données de la plateforme nationale
Sources utilisées- L’Autorité générale saoudienne des levés et de l’information géospatiale publie la carte officielle de l’Arabie saoudite (Arab News)
- Israel is still 'Palestine' on Saudi Arabia's new map despite peace talks (The Jerusalem Post)
- Saudi Arabia officially adds Red Sea islands of Tiran and Sanafir to its map (Middle East Eye)
- Ancient maps confirm Saudi sovereignty over islands (Egypt Today)
- Tiran and Sanafir in the historic documents (vidéo)
- Geopolitics of Small Islands : The Stalemate of Tiran and Sanafir’s Transfer Impacts Egypt-Saudi Relations (Arab Center Washington DC)
Articles connexes
Le Moyen-Orient, une construction instable et récente : la preuve en cartes et en schémas
La carte, objet éminemment politique : la cartographie du Moyen-Orient entre représentation et manipulation
La carte, objet éminemment politique : l’Etat islamique, de la proclamation du « califat » à la fin de l’emprise territoriale
La carte, objet éminemment politique : Nétanyahou menace d'annexer un tiers de la Cisjordanie s'il est réélu
La carte, objet éminemment politique : la montée des tensions entre l'Iran et les Etats-Unis
La carte, objet éminemment politique : la Chine au coeur de la "guerre des cartes"
La carte, objet éminemment politique : la "bataille des cartes" entre la Turquie et la Grèce
La carte, objet éminemment politique : la question kurde
La carte, objet éminemment politique. L'Argentine et sa carte officielle bi-continentale
-
14:44
Cartes et données sur les inondations en Libye (catastrophe de Derna)
sur Cartographies numériques
La tempête Daniel, qui a frappé dans la nuit du 10 au 11 septembre 2023 la ville de Derna (100 000 habitants) au nord-est de la Lybie, a entraîné la rupture de deux barrages en amont provoquant une crue de l’ampleur d’un « tsunami » le long de l’oued qui traverse la cité. Le bilan provisoire s'établit à plus de 11 300 morts au 18 septembre 2023. Selon les experts, la situation sociale, économique et politique difficile du pays a contribué à ce lourd bilan humain. Une situation de chaos qui limite les capacités de prévision des services météorologiques locaux et des systèmes d'alerte et d'évacuation.
Inondations en Libye - EMSR696 (Situational reporting Copernicus Emergency Management Service)
1) Traitement médiatique de la catastrophe« Libye : des inondations dans l'est provoquent des milliers de morts » (RFI). Le gouvernement de l'est libyen, désigné par le Parlement et non reconnu par la communauté internationale, a décrété un deuil national de trois jours, suite à la tempête Daniel qui, après la Grèce, la Turquie et la Bulgarie, a fortement affecté la Libye (voir l'animation de cette tempête).
« Avant/Après : les images impressionnantes des inondations en Libye » (Le Figaro). Vue du ciel, la catastrophe naturelle est impressionnante. Une très large partie de Derna est sous les eaux. Le wadi Derna, un simple petit cours d’eau, s’est transformé en une vague semblable à un « tsunami » d’après plusieurs témoins. La cité a été submergée par des vagues de 7 mètres de haut qui ont tout détruit sur leur passage en emportant les voitures et les maisons. « Avant / Après Inondations en Libye : découvrez l’ampleur des dégâts vus du ciel » (Ouest France).
« Inondations en Libye : à Derna, le nombre de morts est toujours incertain » (Le Monde). Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), au moins 30 000 personnes qui vivaient dans cette cité de 100 000 habitants ont été déplacées. Une partie des 10 000 disparus après les inondations à Derna pourraient se trouver en mer, ils ont été emportés vers la mer pendant les inondations. La mer rejette leurs corps vers les plages.
« Comment expliquer les inondations monstres qui touchent le pays ? » (BFM-TV). La tempête Daniel s'est transformée en un cyclone subtropical méditerranéen. Ce sont deux facteurs qui semblent s'être combinés pour recharger le système à bloc. La hausse des températures de l'air sous l'effet du réchauffement climatique qui rend l'air plus humide. Et la hausse des températures des océans. Une mer Méditerranée plus chaude et qui s'évapore plus a donc alimenté la puissance du medicane Daniel. « Pourquoi la tempête Daniel a été aussi dévastatrice en Libye ? » (Futura Science).
« Qu’est-ce qu’un medicane, ce phénomène météo responsable des inondations meurtrières en Libye ? » (Le Parisien) Les météorologues appellent ce phénomène un medicane (contraction de "hurricane" et "Méditerranée"). Ce phénomène hybride présente certaines caractéristiques d'un cyclone tropical et d'autres d'une tempête des latitudes moyennes.
« Inondations en Libye : les deux barrages de Derna étaient fissurés » (Euronews). Dans une étude publiée en novembre 2022, l'ingénieur et universitaire libyen Abdel-Wanis Ashour a mis en garde contre une "catastrophe" menaçant Derna si les autorités ne procèdent pas à l'entretien des deux barrages. Malgré cet avertissement, aucuns travaux n'ont été menés.
« Dans une Libye corrompue, les alertes concernant le délabrement des barrages de Derna restées lettre morte » (Le Monde). Un rapport du groupe d’experts de l’ONU avait déjà dénoncé le comportement « prédateur » des groupes et milices qui se disputent le pouvoir depuis plus de dix ans et ont entraîné « le détournement des fonds de l’Etat libyen et la détérioration des institutions et des infrastructures ». Des militants de la société civile demandent une enquête internationale, craignant que les investigations locales ne puissent être fructueuses dans un pays largement gouverné par des groupes armés et des milices.
« Inondations en Libye : des barrages fragilisés par des années de négligences » (Libération). Les deux barrages avaient été construits dans les années 70 par une entreprise yougoslave non pas pour collecter de l’eau mais pour protéger Derna des inondations. Nonobstant les moyens financiers dont dispose le premier pays pétrolier d’Afrique, les travaux n’ont pas été entrepris.
« L'ONU et l'OMS préoccupées par les risques de maladies » (RFI). À Derna, dans l'est de la Libye, une semaine après les inondations dévastatrices provoquées par la tempête Daniel, un très grand nombre de corps se trouve encore sous les décombres. Cette situation représente une menace pour l'hygiène. Sur place, les agences de l'ONU tentent de prévenir la propagation de maladies.
« Les enfants de Libye sont confrontés à une nouvelle tragédie après plus d’une décennie de conflit » (UNICEF). On estime que près de 300 000 enfants ont été exposés à la puissante tempête. Au-delà des risques immédiats de morts et de blessés, les inondations en Libye présentent un risque grave pour la santé et la sécurité des enfants. Avec des approvisionnements en eau potable compromis, les risques d’épidémies de diarrhée et de choléra, ainsi que de déshydratation et de malnutrition, augmentent considérablement. Parallèlement, les enfants qui perdent leurs parents ou sont séparés de leur famille sont plus exposés aux risques de protection, notamment à la violence et à l’exploitation.
« Les inondations en Libye laissent l'ancienne Cyrène meurtrie et menacée de pillage » (Middle East Eye). Des eaux torrentielles et des glissements de terrain ont emporté certaines antiquités du site du patrimoine mondial de l'UNESCO tout en en exposant d'autres pour la première fois.
2) Pistes d'analyse en termes d'aléa / risque / vulnérabilité et enjeux
« Inondations en Libye : un désastre humanitaire sur fond de crise politique » (France Culture). C’est dans la province agricole de Cyrénaïque, située à l’est du pays, que les inondations ont été les plus meurtrières. La municipalité de Derna, qui souffrait déjà d'un manque d'infrastructures, a vu disparaître dans la mer un quart de son territoire en quelques heures. Jalel Harchaoui, spécialiste de la Libye et chercheur au Royal United Service Institute, rappelle la situation difficile que connaît cette ville depuis une dizaine d’années : « c’est une ville qui a un historique politique tout à fait particulier, qui est marginalisée par rapport au reste de la Cyrénaïque. Elle a été le lieu d’un siège imposé par le maréchal Haftar de 2015 à 2019 et qui s'est achevé par une guerre civile. Depuis 2019, il n'y a pas d’infrastructures comme des hôpitaux ou des transports et les reconstructions ont été négligées. »
« L’interaction entre les précipitations, l’exposition et la vulnérabilité exacerbées par le changement climatique a entraîné des impacts généralisés dans la région méditerranéenne » (World Weather Attribution). Un événement aussi extrême que celui observé en Libye est devenu jusqu’à 50 fois plus probable et jusqu’à 50 % plus intense par rapport unréchauffement qui serait inférieur à 1,2°C. Outre le manque d’entretien, les barrages d’Al-Bilad et d’Abu Mansour ont été construits dans les années 1970, sur la base de précipitations relativement courtes, et n’ont peut-être pas été conçus pour résister à un épisode de pluie sur 300 à 600 ans. Un examen complet portant sur les critères de conception des barrages sera nécessaire pour comprendre dans quelle mesure la conception des barrages et le manque d'entretien ultérieur ont contribué à la catastrophe.
« Les inondations en Libye montrent la nécessité d’alertes multirisques précoces et d’une réponse unifiée » (déclaration du Secrétaire général de l'Organisation Météorologique Mondiale). Le patron de l’OMM qui dépend de l’ONU, Petteri Taalas, a estimé que « la plupart des victimes auraient pu être évitées » pointant du doigt la désorganisation liée à l’instabilité politique dans le pays. L'agence météorologique libyenne a émis des avis d'alerte trois jours avant et l'état d'urgence a été déclaré dans certaines parties de l'est de la Libye.
« Les faits sont clairs. Les alertes précoces sauvent des vies et génèrent d’énormes avantages financiers. J’exhorte tous les gouvernements, institutions financières et société civile à soutenir cet effort » (secrétaire général de l’ONU, António Guterres). Voir le plan publié par l'ONU Alertes précoces pour tous. Plan d'action exécutif 2023-2027. Qu’il concerne les crues, les sécheresses, les vagues de chaleur, ou les tempêtes, un système d’alerte précoce est un système intégré qui permet d’être prévenu de l’approche de conditions météorologiques dangereuses et éclaire sur ce que les pouvoirs publics, la collectivité et les individus peuvent faire pour atténuer le choc de leurs effets imminents.
Ksenia Chmutina & Jason von Meding (2019). A Dilemma of Language : “Natural Disasters”. International Journal of Disaster Risk Science. A propos des catastrophes dites "naturelles" : même si les dangers sont naturels, les catastrophes ne le sont pas. Cet article soutient qu’en rejetant continuellement la faute sur la « nature » et en imputant la responsabilité des échecs du développement à des phénomènes naturels « exceptionnels » ou à des « cas de force majeure », on accepte de ceux qui sont à l'origine des catastrophes qu'ils se satisfassent d'une mauvaise planification urbaine, d'inégalités socio-économiques, de politiques mal réglementées, d'un manque d’adaptation et d’atténuation proactives, autant de facteurs qui augmentent la vulnérabilité.
Introduire le chapitre « Les sociétés face aux risques » en Seconde par les inondations en Libye (académie de Normandie). Les notions de « catastrophe naturelle » (tempête) et « technologique » (rupture de barrage) sont abordées, ainsi que celle d’« aléa ». Aussi, la notion de « prévention » peut être approchée en évoquant le rôle des barrages qui étaient censés protéger la ville, mais trop vétustes et mal entretenus.Ici, les notions qui peuvent être approchées sont celles de « pays en développement », « crise », « résilience », « culture du risque »…3) Cartes et données SIG à visualiser en ligne ou à télécharger
Libye : les dégâts dans la ville de Derna et le barrage détruit vus par le satellite Pléiades Neo (Un autre regard sur la Terre). « J’ai vu beaucoup d’images de catastrophes. Celle de Derna est vraiment sidérante. J’ai ressenti la même sidération pour des désastres comme le tsunami de l’océan indien en 2004, l'ouragan Katrina en 2005 ou le tremblement de Terre d’Haïti en 2010 » (@RegardSurTerre). Voir ce fil twitter de @MagaliReghezza qui montre que le séismé d'Haïti était encore d'une autre ampleur.
Images satellites Maxar et Planet des inondations (Geospatial World). Segmentation automatique des images satellite du programme Maxar Open Data (Samgeo).
Cartes et données SIG élaborées par le Service de gestion des urgences CopernicusEMS (dégâts estimés à partir de l'observation d'images satellites). Voir également les zones impactées par la tempête Daniel en Grèce avec l'animation satellite.
Atlas de la mortalité et des pertes économiques dues à des phénomènes météorologiques, climatiques et hydrologiques extrêmes 1970-2019 (Organisation météorologique mondiale) à télécharger en pdf.
4) Utilisation de la cartographie pour organiser l'aide humanitaire
Inondations en Libye en 2023 - Aperçu de la situation d'urgence (Reliefweb). La tempête Daniel a provoqué des inondations à grande échelle dans le nord-est de la Libye, entraînant des pertes de vies humaines et des dégâts aux infrastructures dans plusieurs villes côtières et le long des rivières, notamment Benghazi, Al-Jabal Al-Akhder, Al-Marj, Batah, Bayada, Albayda, Shahat et Sousse. La ville de Derna semble être durement touchée après la rupture de deux barrages en amont, libérant plus de 30 millions de mètres cubes d'eau dans la ville de Derna. Les premiers rapports suggèrent d'importants dégâts aux logements et aux infrastructures critiques. La tempête a exacerbé les problèmes d'accès à l'eau potable et aux soins de santé. Les zones touchées sont désormais confrontées à des risques plus élevés de maladies infectieuses en raison de services de santé perturbés, des réseaux d'égouts endommagés, de la persistance des eaux de crue et de la boue.
Empreinte des bâtiments de la zone touchée par les inondations à Derna (Google Buildings). Les empreintes des bâtiments sont utiles pour toute une une gamme d’applications, depuis l’estimation de la population, la planification urbaine et la réponse humanitaire, jusqu’aux sciences du climat et de l’environnement. Cet ensemble de données ouvertes à grande échelle contient les contours des bâtiments dérivés de données en haute résolution. Fichiers geojson ou csv à télécharger directement.
Données SIG sur la Libye mises à disposition par Humanitarian Data Exchange (HDX), site dédié au partage de données humanitaires.
Articles connexes
Tempête Alex et inondations dans les Alpes maritimes : accès aux cartes et aux images satellitaires
Cartographier la trajectoire des cyclones avec des données en temps réel
Cartes et données sur les séismes en Turquie et en Syrie (février 2023)
Cartes et données sur les tremblements de terre au Japon depuis 1923
Simuler des scénarios de tremblement de terre en utilisant des cartes
Cartes-posters sur les tsunamis, tremblements de terre et éruptions volcaniques dans le monde (NOOA, 2022)
Analyser et discuter les cartes de risques : exemple à partir de l'Indice mondial des risques climatiques
L'évolution de la cartographie humanitaire au sein de la communauté OpenStreetMap
-
9:28
Étudier l'expansion de la Chine en Asie du Sud-Est à travers les caricatures de presse
sur Cartographies numériques
Les cartes humoristiques sont devenues assez courantes dans les médias et sur Internet. Le fil twitter ci-dessous donne des pistes de lecture concernant ces cartes-caricatures, que l'on retrouve souvent en illustrations dans les manuels scolaires. L'objectif est d'en décrypter les symboles et d'en donner une approche critique en confrontant les visions. A l'ère d'Internet et des réseaux sociaux, ces dessins humoristiques circulent de plus en plus. Ils renvoient souvent les uns aux autres dans un jeu de miroir complexe, de sorte qu'il n'est plus possible de les prendre isolément comme on le ferait dans un commentaire classique de document. L'expansion de la Chine en Asie du Sud-Est fournit un bon exemple pour étudier ces représentations et en dégager des visions géopolitiques.Les dessins de Nath Paresh reviennent souvent dans la presse. Il est caricaturiste au National Herald en Inde et ses dessins sont distribués aux États-Unis par Cagle Cartoons (vision indo-américaine) [https:]] pic.twitter.com/0Z5oFEfwrB
— Sylvain Genevois (@mirbole01) May 22, 2023
Les parties du corps émergées du dragon correspondent aux îlots convoités par la Chine. Assez intéressant de voir ici Taiwan assimilé aux îles de la mer de Chine méridionale. La caricature de Nath Paresh est reprise par un journal japonais [https:]]
— Sylvain Genevois (@mirbole01) May 22, 2023
Evolution de la situation géopolitique et de la réprésentation des menaces : l'enjeu n'est pas seulement militaire, il concerne aussi les activités de pêche (allusion ici à la rivalité sino-vietnamienne + incapacité de l'ASEAN à réguler les conflits) [https:]] pic.twitter.com/IAUxyJamyN
— Sylvain Genevois (@mirbole01) May 22, 2023
A confronter avec des dessins humoristiques permettant de jouer sur d'autres stéréotypes que le dragon : la muraille de Chine ou encore le panda... [https:]] [https:]] pic.twitter.com/8t4G1P83Nm
— Sylvain Genevois (@mirbole01) May 22, 2023
Les visions géopolitiques peuvent être intéressantes à décrypter à travers ces dessins humoristiques dès lors qu'on s'emploie à les contextualiser et en dégager des pistes d'interprétation en les confrontant [https:]] [https:]] pic.twitter.com/NW7KpEX1Uy
— Sylvain Genevois (@mirbole01) May 22, 2023
L'occasion de rappeler ce dessin satirique diffusé lors du G7 de 2021 où le sommet international était déjà accusé de vouloir réprimer la Chine. Voir la caricature et ses symboles décryptés sur ce site [https:]]
— Sylvain Genevois (@mirbole01) May 22, 2023
Tse Tsan-Tai a représenté chaque pays occidental par un animal pour en montrer la brutalité. Voir la lecture des symboles proposée par @Propagandopolis [https:]]
— Sylvain Genevois (@mirbole01) September 17, 2023
L'artiste hongkongais exilé Ah To a mis à jour cette carte « Situation en Extrême-Orient » pour refléter les réalités de 2022. Il peut être intéressant de comparer les symboles pour montrer le renversement de la situation géopolitique un siècle après [https:]] pic.twitter.com/mggBTjOdDE
— Sylvain Genevois (@mirbole01) September 17, 2023
La carte, objet éminemment politique. Les tensions géopolitiques entre Taïwan et la Chine
Articles connexes
La carte, objet éminemment politique : la Chine au coeur de la "guerre des cartes"
Etudier les densités en Chine en variant les modes de représentation cartographique
Comment la Chine finance des méga-projets dans le monde
L'histoire par les cartes : l'Asie du Sud-Est à travers des cartes japonaises de la 2e Guerre mondiale
Cartes anciennes sur l'Asie du Sud-Est (Yale-Nus College de Singapour)
Comment l'Asie perçoit le monde ? (France Culture)
Etudier les conflits maritimes en Asie en utilisant le site AMTI
Cartes et caricatures. Recension de cartes satiriques et de cartes de propagande
Les nouvelles façons de « faire mentir les cartes » à l’ère numérique
Jouer avec les stéréotypes en géographie, est-ce les renforcer ou aider à comprendre le monde ?
-
10:11
Cartes et caricatures. Recension de cartes satiriques et de cartes de propagande
sur Cartographies numériquesVous cherchez des images de propagande à base de cartes ? Cette page vous propose une recension de ressources sur Internet qui peuvent vous intéresser.
Le compte twitter @propagandopolis sélectionne et commente chaque semaine des images et des cartes historiques. Voir le site de l'auteur qui propose des cartes de propagande américaine et du monde entier : PropagandopolisLe site commercial Barron Maps propose une impressionnante série de cartes satiriques et de cartes de propagande. Roderick Barron (@barronmaps) est spécialisé dans le domaine des cartes de propagande et des cartes imaginaires. Il alimente un blog associé au site qui contient des articles de fond. Il y explore notamment le phénomène des cartes « sério-comiques » de la fin du XIXe et du début du XXe siècle (voir cette présentation vidéo en anglais). On y trouve les oeuvres de Fred W. Rose qui s'est rendu célèbre par ses cartes caricaturales de l’époque victorienne (avec des pieuvres).
La British Library propose également une belle recension de cartes satiriques du monde entier. La page d'accueil retrace la longue histoire des cartes satiriques depuis le XVIIe siècle jusqu'à nos jours, avec de nombreux exemples empruntés à différents pays et différentes époques.
Le site de la célèbre collection David Rumsey constitue une source de premier ordre. On peut y trouver toutes sortes de cartes satiriques, en utilisant son moteur de recherche interne (par exemple avec les mot-clés "propaganda" ou "satirical").
Le site Vividmaps a sélectionné des cartes satiriques de l'Europe, principalement du XIXe et du début XXe siècle (l'âge d'or des nationalismes ayant donné lieu à beaucoup de cartes de propagande). « L’Europe était le siège d’États puissants souvent en concurrence. Ils ont pris part à des guerres sanglantes et ont tissé des intrigues diplomatiques en coulisses. Dans cette confrontation, la satire était non seulement une forme d'art mais aussi une arme dangereuse, dont le but était de montrer à la population et à celle des autres pays qui est qui dans l'arène politique.»
Last but not the least. La formidable série de "cartes persuasives" de l'Université Cornell. « Plus de 800 ?cartes destinées avant tout à influer sur des opinions ou des croyances - à faire passer un message - plutôt qu'à communiquer une information géographique. La collection contient une grande variété de "cartes pour convaincre" : qu'il s'agisse de la cartographie allégorique, satirique ou picturale, de choix sélectifs de l'information, de l'utilisation inhabituelle de projections, de couleurs, de graphiques et de textes, ou encore d'images ou d'affiches de propagande destinées à tromper intentionnellement, ces cartes véhiculent un large éventail de messages religieux, politiques, militaires, commerciaux, moraux et sociaux. »
En complément
Un fil twitter de @GoncharenkoUA sur "la propagande douce" véhiculée par les cartes qui représentent la Crimée comme séparée de l'Ukraine et comme une partie de la Russie.
Un fil twitter sur les cartes et dessins humoristiques concernant l'expansion de la Chine en mer de Chine méridionale.Articles connexes
Les nouvelles façons de « faire mentir les cartes » à l’ère numérique
La rhétorique derrière les cartes de propagande sur le coronavirus
Cartographie électorale, gerrymandering et fake-news aux Etats-Unis
Étudier l'expansion de la Chine en Asie du Sud-Est à travers des cartes-caricatures
Qu'est-ce que le Listenbourg, ce nouveau pays fictif qui enflamme Twitter ? (fake map)
Derrière chaque carte, une histoire : découvrir les récits de la bibliothèque Bodleian d'Oxford
Bouger les lignes de la carte. Une exposition du Leventhal Map & Education Center de Boston
La carte, objet éminemment politique
-
6:36
Bascule des géoservices de l'IGN vers une Géoplateforme
sur Cartographies numériques
Le programme Géoplateforme vise à doter la puissance publique d’une infrastructure collaborative et mutualisée pour la production et la diffusion des géodonnées. Son ambition est de permettre aux porteurs de politiques publiques et aux collectivités locales qui le souhaitent de bénéficier très simplement de fonctionnalités avancées pour diffuser leurs propres données et s’ouvrir à des communautés contributives. Cet espace, composante géographique de l'État-plateforme reconnue grand projet numérique de l'État, répond notamment aux enjeux de souveraineté des données de l’État face aux géants de l’Internet.La Géoplateforme s'inscrit pleinement dans la dynamique des Géo-communs soutenue par l'IGN. En effet, si l'institut a bien vocation à porter ses propres services sur la Géoplateforme, celle-ci se veut en premier lieu un outil commun au monde public. C'est la mobilisation progressive de partenaires, producteurs et usagers de données géographiques qui doit permettre d'atteindre cet objectif.
L'IGN informe les utilisateurs des géoservices du Géoportail d'une bascule vers sa nouvelle Géoplateforme. La date d’arrêt de l’infrastructure du Géoportail est fixée au 31 décembre 2023. Pour les internautes des sites web portés par l’IGN (Géoportail, Remonter le temps, Géoportail de l’Urbanisme…), c’est transparent.Pour découvrir les nouvelles fonctionnalités de la Géoplateforme
Les principaux changements pour tous les géoservices inhérents au passage à la Géoplateforme sont :
- Changements d’URL
L’usage du protocole [HTTPS] / TLS 1.2 est imposé pour accéder aux géoservices, sans exception possible.
Les géoservices ne sont plus accessibles via le Réseau Interministériel de l’État (RIE)- Changements du contrôle d’accès
Les actuelles « clés » Géoportail (personnelles et publiques) disparaissent, elles sont remplacées par un nouveau mécanisme de contrôle des accès sur les données non libres.
Pour les données à accès restreint (par exemple pour les SCAN 25®, SCAN 100® et SCAN OACI de l’IGN), un nouveau mécanisme de diffusion sera mis en place.
Par défaut, tout devient open source et accessible librement.- Principaux changements de certains géoservices
Les géoservices exposant des standards OGC n'exposent plus que la dernière version :
WMS 1.1 n’est plus supporté (seulement le 1.3)
WFS 1.0 n’est plus supporté (seulement le 2.0)
Le service d’auto-configuration disparaît (l’API JavaScript est adaptée en conséquence) (lien vers article ici)
Les flux INSPIRE intègrent les flux génériques de la Géoplateforme
Les services de téléchargement (via le site Géoservices) et de diffusion de données anciennes (via le site Remonter Le Temps) évoluent sans conservation des interfaces API actuellesLien ajouté le 27 septembre 2023
Le replay et le support de présentation du temps d'info #Géoplateforme consacré à la première version de [https:]] , le futur service public des cartes et données du territoire, sont disponibles ! #Géocommuns
— IGN France (@IGNFrance) September 27, 2023Articles connexes
Depuis le 1er janvier 2021, l'IGN rend ses données libres et gratuites
Les anciens millésimes de la BD Topo disponibles en téléchargement sur le site de l'IGN
Lidar HD : vers une nouvelle cartographie 3D du territoire français (IGN)
Zoom sur le service Edugéo (IGN) proposé à travers le portail de ressources Eduthèque
Chercher une carte IGN par thème d'études
Mise à disposition de la base Demandes de valeurs foncières (DVF) en open data
Carte lithologique de la France au 1/50 000e sur InfoTerre (BRGM)
DataFrance, une plateforme de visualisation de données en open data
Recension de liens pour se procurer des fonds de cartes SIG
-
20:01
Plateforme de cartes en ligne du Patrimoine mondial de l'UNESCO
sur Cartographies numériques
L'UNESCO lance une Plateforme de cartes en ligne du patrimoine mondial. Cet outil de suivi, lié aux bases de données existantes de l'UNESCO, affiche les sites géoréférencés du patrimoine mondial avec leurs zones tampons, et permet d'effectuer des opérations cartographiques de base. La plateforme est destinée aux États adhérents à la Convention du patrimoine mondial, aux gestionnaires de sites, aux organisations consultatives, à l'UNESCO et à bien d'autres acteurs.
Accès à la Plateforme de cartes en ligne du patrimoine mondial (source : UNESCO)
La plateforme SIG de l'UNESCO est destinée à :- Renforcer la protection de la valeur universelle exceptionnelle des biens du patrimoine mondial en fournissant aux États membres un système d’information géographique en ligne pour améliorer le suivi de leur état de conservation.
- Améliorer la qualité et la cohérence des cartes des biens du patrimoine mondial, pour faciliter l’accès et l’analyse des données géographiques du patrimoine mondial, afin de développer des systèmes de gestion adéquats.
- Faciliter la planification et la préparation d’évaluations d’impact sur le patrimoine, d’évaluations d’impact environnemental, ainsi que d’autres documents pertinents et complexes sur la base de cartes accessibles et précises des limites des biens du patrimoine mondial et de leurs zones tampons.
- Aider les développeurs de projets (y compris du secteur privé) à mieux comprendre les différentes limites de protection du patrimoine mondial et les guider dans l’évaluation de projets situés dans les limites ou à proximité d’un bien du patrimoine mondial. Il s’agit d’un outil directement pertinent pour la mise en œuvre de l’engagement à respecter des zones d’exclusion ou des projets relatifs à l’énergie éolienne.
Avec la mobilisation de ressources additionnelles, d’autres couches de données pourraient être ajoutées au système, à commencer par les facteurs affectant les biens tels qu’ils sont répertoriés dans le Système d’information sur l’état de conservation.
L’inscription d’un bien sur la liste du Patrimoine mondial est une reconnaissance de sa « valeur universelle exceptionnelle », qui le rend digne d’être préservé comme patrimoine de l’humanité. Les données sur le patrimoine mondial de l'UNESCO sont téléchargeables à partir d'une carte interactive. Les fichiers proposés sur cette page (format kml et xls) intègrent la géolocalisation des sites et permettent une réutilisation des données dans un globe virtuel ou un SIG. La base de données permet de distinguer les sites naturels, culturels ou mixtes (avec leur date d'inscription à la liste de l'UNESCO) ainsi que les sites en danger. Une recherche en plein texte permet, à partir de mots-clés, de raffiner la recherche à partir de certains critères. Il est possible par exemple de choisir en fonction des critères de sélection ayant présidé à leur inscription comme sites naturels, culturels ou mixtes.
Carte interactive avec accès aux données géolocalisées (source : UNESCO)
La carte du patrimoine mondial 2023 est disponible en haute résolution et dans différentes langues. Cette carte murale est disponible en téléchargement (avec la possibilité de comparer avec d'anciennes cartes depuis 2002).
Carte des sites du patrimoine mondial au format affiche murale (source : UNESCO)
Données disponibles sur la France :- Plate-forme de données ouvertes du ministère de la Culture (Data.culture.gouv.fr)
- Base des lieux et équipements culturels en France - Basilic (Data.gouv.fr)
- Base de données des Journées Européennes du Patrimoine en France (Data.gouv.fr)
- Liste et localisation des Musées de France (Data.gouv.fr)
Pour aller plus loin
Lionel Prigent (2013). L'inscription au patrimoine mondial de l'Unesco, les promesses d'un label ? Revue internationale et stratégique 2013/2 (n° 90), p.127-135
Mélanie Duval, Ana Brancelj et Christophe Gauchon, Élasticité des normes et stratégies d’acteurs : analyse critique de l’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO, Géoconfluences, juin 2021.
Bernard Debarbieux (2020). Imaginaires et rhétoriques de la mondialité au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. L’Espace géographique 2020/4 (Tome 49), p. 354-370.
Jean-Christophe Fichet (2020). Le patrimoine mondial de l’UNESCO en cartes. Carto-lycée.Articles connexes
Carte des événements des Journées européennes du patrimoine en France (2019)
L'histoire par les cartes : les cartes de la Société de documentation industrielle, un inventaire du patrimoine industriel de la France de l'entre-deux-guerres
Mise à disposition de la Base de données nationale des bâtiments (BDNB) en open data
France Pixel Bâti. Naviguer dans la structure du patrimoine bâti français en haute définitionEtudier les formes urbaines à partir de plans cadastraux
-
20:33
Le forum d'OpenstreetMap, un lieu d'échange autour des enjeux de la cartographie collaborative et de l'open data
sur Cartographies numériques
Le forum d'OpenStreetMap (@OSM_FR) est très intéressant à observer et à analyser pour appréhender les enjeux actuels concernant la cartographie collaborative et l'open data en matière de géodonnées.
Les débats concernent notamment la place et le rôle que doit jouer OpenStreetMap en tant que première plateforme de crowdsoucing, en lien avec la question délicate de la coopération possible (souhaitable ?) avec des entreprises privées. Voir par exemple le problème de la réutilisation d'images haute résolution venant d'autres fournisseurs (Maxar ou autres...). Il s'agit aussi d'anticiper les évolutions et réfléchir à la manière de faire évoluer le modèle de données ouvertes avec des enjeux importants sur la façon de valoriser le modèle attributaire d’OSM. Plus la quantité de données augmente et plus le besoin de standardiser les structures est important. OpenStreetMap présente l’avantage de n’avoir qu’un unique espace sémantique, obligeant la communauté à tenir en cohérence des concepts bien différents qui ne le sont habituellement pas (les bâtiments et la voirie proche, les routes et les réseaux électriques…). Voir la consultation de la communauté sur cette question d'évolution du modèle de données.
Les enjeux en termes d'éducation et formation ne sont pas oubliés, à travers une rubrique EducOSM. Sur cette page, est présenté notamment l'enseignement des Sciences numériques et Technologie (SNT) dans les établissements scolaires. Paru au bulletin officiel de l’Éducation nationale, de la jeunesse et des sports, le bulletin officiel spécial n°1 du 22 janvier 2019 fixe le programme d’enseignement de Sciences Numériques et Technologie de la classe de seconde générale et technologique. Dans le programme en annexe (page 15), dans la thématique Localisation, cartographie et mobilité, il est fait mention de contenus dans lesquels on trouve la capacité attendue "Contribuer à OpenStreetMap de façon collaborative". La communauté OpenStreetMap propose de comparer 7 manuels scolaires de seconde qui traitent de cette capacité (Les manuels scolaires et OSM, quels traitements en SNT ?). Des pistes d'activités pédagogiques sont également proposées autour de "Carto-parties" qui exploitent les données OSM et permettent d'initier à la cartographie collaborative (Carto-Partie au lycée agricole de Beaulieu). Les "bonnes pratiques" pour contribuer à OpenStreetMap en SNT sont décrites sur le site de la DANE de l'académie de Lyon, qui est mis à jour régulièrement. Une page OpenstreetMap, la cartographie collaborative ! présente en détail l'intérêt d'utiliser OSM et de construire des activités pédagogiques avec cet outil open source pour initier et faire réfléchir aux enjeux de la cartographie collaborative et de l'open data.
Articles connexes
Autour d’OpenStreetMap, les tensions grandissent sous l'influence des entreprises
L'évolution de la cartographie humanitaire au sein de la communauté OpenStreetMap
Une cartographie très précise des densités à l'échelle mondiale pour améliorer l'aide humanitaire
Utiliser la grille mondiale de population de la plateforme Humanitarian Data Exchange
Microsoft met en téléchargement 800 millions d'empreintes de bâtiments
Tentative de "caviardage cartographique" à l'avantage de la Chine dans OpenStreetMap
-
13:36
Panoramax, l’alternative libre pour photo-cartographier les territoires
sur Cartographies numériquesPanoramax fédère les initiatives (des collectivités, des contributeurs OSM, de l’IGN...) pour favoriser l'émergence d'un géocommun de bases de vues immersives. Aujourd’hui l’utilisation de photos/vues immersives de rues via Google StreetView et/ou Mapillary, ou via des prestations privées (ESRI/Cyclomédia, SOGEFI etc.) ouvre pas mal d’opportunités en termes de rationalisation des déplacements, facilitation et accélération du recueil d’information nécessaire aux traitements de certaines procédures et finalement d’amélioration de la connaissance du territoire. La collecte, le partage et l’utilisation de ces données restent cependant compliqués : problème de licences, dépendance à des sociétés privées dont la stratégie n’est pas orientée vers l’ouverture des données ou dont la stratégie n’est pas claire, difficulté à partager des bonnes pratiques, à s’assurer de la pérennité d’une solution pour y appuyer des usages métiers à partager, etc.
A terme, Panoramax pourrait devenir une sorte de StreetView à la française, mais il est encore trop tôt pour savoir quel sera l'avenir du projet. Il existe déjà une application semblable Mapillary qui semble rencontrer un succès important à l'échelle mondiale, même si la finalité est un peu différente. Sur Panoramax, les photos sont fournies par la communauté, hébergées sur plusieurs instances, disponibles en licence CC-BY-SA 4.0 et téléchargeables en pleine résolution. Il est d'ores et déjà possible d'y déposer des images et de l'utiliser en lien avec différentes applications cartographiques (notamment QGIS).
- Interface de versement des photos sur le forum Géocommuns.
- Contribution sur GitHub
- Plugin Panoramax pour Q-Gis
- Synchronisation avec JOSM
L'équipe est portée par La Fabrique des géocommuns et sponsorisée par Institut national de l'information géographique et forestière : La Fabrique des géocommuns, incubateur de communs à l’IGN. Lancée en 2021, la Fabrique a pour ambition d'initier et d'accompagner le développement de services publics numériques construits autour de géocommuns.Articles connexes
Pour aider à géolocaliser des photographies, Bellingcat propose un outil de recherche simplifié à partir d'OpenStreetMap
L'évolution de la cartographie humanitaire au sein de la communauté OpenStreetMap
Autour d’OpenStreetMap, les tensions grandissent sous l'influence des entreprises
Facebook prend le contrôle de Mapillary, le principal concurrent de Google Street View
Google Street View et sa couverture géographique très sélective -
6:45
Cartes et données sur le séisme au Maroc (septembre 2023)
sur Cartographies numériques
Le Maroc a été touché dans la nuit du 8 au 9 septembre 2023 par un séisme d'une magnitude de 6,8 à 7 sur l'échelle de Richter dans la province d'Al-Haouz, au sud-ouest de la ville de Marrakech. Plus de 2500 personnes ont perdu la vie dans le séisme. L’épicentre a été localisé dans la chaîne du haut Atlas, à une quarantaine de kilomètres du Djebel Toubkal, le point culminant du Maroc. L’épicentre est proche d’Amizmiz et à environ 70 km au sud-ouest de Marrakech et 140 km au nord-ouest de Ouarzazate. La profondeur du foyer a été estimée à 25 km. La secousse a été ressentie à Rabat, à Casablanca, à Agadir et à Essaouira, semant la panique parmi la population. Le séisme a été aussi ressenti dans le sud du Portugal et de l’Espagne, en Algérie et dans les îles de Lanzarote, de Fuerteventura et à Madère. Mais c'est dans le Haut-Atlas que les dégâts sont les plus importants. La province d'Al-Haouz, rurale et assez difficile d'accès, par ailleurs destination de prédilection pour les amoureux de la nature et du tourisme de montagne, déplore plus de la moitié des victimes.
Carte d'intensité du séisme au Maroc en septembre 2023 (Source : USGS, Wikipédia)
1) Traitement médiatique de la catastrophe
« Les images du séisme qui a fait plus de 2000 morts » (Le Parisien). Nombreux sont les Marocains à avoir passé la nuit dans la rue, par crainte de répliques. « Séisme au Maroc : une tragédie nationale en images » (Slate).
« Toulia, rescapée devenue le visage de la souffrance » (BFM-TV). Au lendemain du drame, son visage a fait la Une de nombreux médias français et étrangers. Elle est désormais sans domicile à Marrakech. Elle n'est "pas très heureuse d'être le symbole de tout ça". Toulia, une mère de famille âgée de 55 ans, est devenue sans le savoir l'un des visages horrifié de la catastrophe qui a frappé le Maroc. La même image médiatique a été reprise par Libération, BBC News, Washington Post, The Telegraph...
« Cartes : là où le tremblement de terre a frappé le Maroc » (New York Times) avec carte des séismes majeurs au Maroc depuis 1900. Des informations diffusées sur les réseaux sociaux ont indiqué que certains villages n'avaient toujours pas reçu d'assistance plus d'un jour après le séisme. La région compte de nombreuses maisons en briques crues et peu d’infrastructures parasismiques. En raison des routes coupées, de nombreux villages du haut Atlas restent isolés. Des dégâts ont aussi été signalés dans la vieille ville historique de Marrakech. La Médina, site classé au patrimoine mondial de l'UNESCO datant de plusieurs siècles et entourée de murs en grès rouge, a été endommagée et certains bâtiments se sont entièrement effondrés.
« Séisme au Maroc : pourquoi la catastrophe était imprévisible » (TV5 Monde).
Le Maroc se trouve à la frontière de la plaque tectonique africaine, qui s’étend de l’océan Atlantique jusqu’à la Syrie en traversant la mer Méditerranée. Cette situation géographique expose régulièrement le royaume à des séismes dévastateurs, comme celui d'Agadir en 1960, qui a fait plus de 12 000 morts et détruit 75% de la ville ; ou encore à Al Hoceïma en 2004, qui a causé la mort la mort de 628 personnes et des dégâts matériels considérables. Florent Brenguier, de l’Institut des Sciences de la Terre de l’Université de Grenoble, précise cependant que la puissance du séisme de vendredi est inhabituelle : “les zones les plus concernées par les secousses sismiques sont situées à 25 kilomètres plus au Nord, vers les côtes et le Détroit de Gibraltar. Là, l’épicentre ne se situe pas à l'interface entre deux plaques tectoniques.
« Le tremblement de terre a pris les scientifiques de court par sa violence dans cette zone » (20 Minutes).
Le Maroc est exposé aux séismes, mais ils surviennent plutôt habituellement 500 km plus au nord, vers Gibraltar, dans une région frontière entre les plaques tectoniques africaine et européenne. On parle d’une bande de 50 à 100 km où l’activité sismique est soutenue, avec des mouvements d’un côté et de l’autre de cette frontière très rapides à l’échelle de la sismologie. De l’ordre de plusieurs millimètres par an. Certes, le Haut Atlas n’est pas très loin de cette zone frontière. Mais l’activité sismique y est considérée jusque-là comme modérée, avec historiquement des séismes de magnitude 4, mais pas plus.
« Séisme historique au Maroc avec une magnitude surprenante pour les experts ! » (Futura Science). Avec une magnitude de 6,8 à 6,9, il s’agirait là du plus puissant tremblement de terre enregistré jusqu’à présent dans le pays.
« Le tremblement de terre a pris les scientifiques de court par sa violence dans cette zone » (20 Minutes).
Le Maroc est exposé aux séismes, mais ils surviennent plutôt habituellement 500 km plus au nord, vers Gibraltar, dans une région frontière entre les plaques tectoniques africaine et européenne. On parle d’une bande de 50 à 100 km où l’activité sismique est soutenue, avec des mouvements d’un côté et de l’autre de cette frontière très rapides à l’échelle de la sismologie. De l’ordre de plusieurs millimètres par an. Certes, le Haut Atlas n’est pas très loin de cette zone frontière. Mais l’activité sismique y est considérée jusque-là comme modérée, avec historiquement des séismes de magnitude 4, mais pas plus.
« Les séismes de cette ampleur sont “rares mais pas inattendus” au Maroc » (Courrier international). Le séisme qui a secoué le Maroc vendredi serait le résultat de la rupture d’une faille inverse, le type de faille qui engendre les montagnes. La faible profondeur de son foyer et sa proximité avec une zone densément peuplée aux constructions fragiles expliquent l’ampleur des dégâts.
« Séisme au Maroc : Mohammed VI en première ligne » (Le Point). Mohammed VI a décrété un deuil national de trois jours, « avec mise en berne des drapeaux sur tous les bâtiments publics » ainsi que « l'accomplissement de la prière de l'absent dans l'ensemble des mosquées du royaume ». Face à l'ampleur des dégâts, la plus haute autorité de l'État a décidé de mettre en place immédiatement une commission interministérielle. Elle sera chargée du déploiement d'un programme d'urgence de réhabilitation et d'aide à la reconstruction des logements détruits dans les zones sinistrées dans les meilleurs délais. Mohammed VI se montre aussi soucieux de contrôler son image dans les médias qu'il semble se méfier de l'aide internationale. « Séisme au Maroc : le silence gênant de Mohammed VI » (France-Info).
« Un premier bilan du séisme au Maroc en 10 points et 5 cartes et graphiques inédits » (Le Grand Continent). L’efficacité de la réponse politique au séisme et à ses conséquences sociales pourrait se transformer en enjeu clef de politique intérieure. Le président turc Erdogan qui a remporté les élections de mai dernier, avait par exemple vu sa campagne mise en difficulté par les critiques de sa réponse au séisme et du défaut d’anticipation attribué à son gouvernement. Au Maroc, le séisme de 2004 à Al-Hoceima dans la région du Rif, qui avait fait le plus grand nombre de victimes depuis le séisme d’Agadir de 1960, a été suivi de séquences de protestation des populations de cette région qui compte parmi les plus pauvres du Maroc, dénonçant l’arrivée tardive des secours et la mauvaise gestion du gouvernement — région où devait naître 12 ans plus tard, en 2016, l’important mouvement populaire du Rif.
« À Marrakech, la peur des répliques, mais aussi celle de voir fuir les touristes » (Le Monde). Marrakech, qui compte un peu moins d'un million d'habitants, a été lourdement frappée par ce tremblement de terre, puisqu'elle n'est située qu'à quelques dizaines de kilomètres au nord de l'épicentre. Les Français sont nombreux à détenir des riads qu’ils louent sur place aux touristes. Ils tentent de rassurer leur clientèle et d’éviter que suite au séisme les voyageurs ne se détournent d’une destination qui retrouvait des niveaux de fréquentation d’avant le Covid. « Un moment de panique: au Maroc, un Français, propriétaire d'un hôtel près de Marrakech, a tout perdu » (BFM-TV).
« Pourquoi certains villages n'ont-ils pas été immédiatement secourus ? » (BFM-TV). Difficilement accessibles par les routes, qui ont été endommagées ou obstruées par des blocs de pierre, des villages isolés du Maroc sont toujours dans l'attente des secouristes, plus de 48 heures après le tremblement de terre.
« Une ONG française accuse Marrakech de bloquer l'aide humanitaire » (BFM-TV). Le président de l'association Secouristes sans frontières assure que ses équipes sur place n'ont "toujours pas" reçu l'accord du gouvernement marocain pour intervenir et être "bloquées" par Marrakech. Le Maroc a accepté l'aide officielle de quatre pays, l’Espagne, le Royaume-Uni, le Qatar et les Emirats arabes unis. La France n'est pour l'instant pas dans le lot. Plus de 830 000 Marocains vivent en France tandis que plus de 30 000 Français vivent au Maroc, selon les données des autorités françaises.
« Rabat ne veut pas se comporter en pays meurtri que le monde viendrait charitablement secourir » (Le Figaro). Sylvie Brunel, ancienne présidente d'Action contre la Faim, estime que face aux offres d’aide humanitaire aux arrière-pensées géopolitiques, il est légitime que le Maroc se positionne en État souverain. « Les Marocains ont l'expérience des séismes... Il faut faire très attention car l'expérience des séismes montre que le grand risque, c'est l'afflux de bonnes volontés qui provoque un engorgement de l'aide et une impossibilité à agir efficacement... Le Maroc ne veut pas se retrouver dans la situation du proverbe qui dit que "la main qui donne est au dessus de la main qui reçoit" » (interview pour BFM-TV). Géopolitique et gestion des risques : « Pourquoi le Maroc n'accepte pas l'aide de la France ? » (Europe 1). « Maroc : La diplomatie du séisme » (débat sur Public Sénat).
« Maroc : géopolitique d'une catastrophe » (Le Dessous des cartes). Comment expliquer que la France ne fait pas partie des premiers pays sélectionnés pour apporter de l’aide ?
« Tremblement de terre au Maroc : le difficile acheminement de l’aide internationale humanitaire » (Libération). » Les premières vingt-quatre à quarante-huit heures sont cruciales pour sauver des vies. Des voix s'élèvent pour faire remarquer qu'en cas de séisme les premières heures sont déterminantes et qu'il peut être dommageable d'attendre une réponse officielle pour décider si le pays a besoin d'aide.
« L'UNICEF estime qu'environ 300 000 personnes n'ont plus de maisons. Parmi elles, il y aurait environ 100 000 enfants » (BFM-TV). « 530 écoles et 55 internats endommagés selon le ministère marocain de l'Education nationale » (France-Info).
« Séisme au Maroc : la technologie peut-elle aider à prévoir ou à prévenir les séismes ? (France-Info). Il faut savoir qu’aujourd’hui, presque tous les mobiles ont un capteur de mouvements suffisamment sensible pour détecter des ondes sismiques. En analysant les vibrations d’un seul téléphone, il y aurait pas mal de fausses alertes. Mais comme cette détection est désormais intégrée d’usine à tous les mobiles Android, cela permet de s’appuyer sur des milliers de téléphones. Notamment, les plus proches de l’épicentre pour prévenir tous les autres. Encore une fois, ce n’est pas une prédiction, mais une alerte.
« Le séisme au Maroc a aussi dévasté le patrimoine historique, endommageant palais, mosquées et minarets » (Le Monde). Au moins vingt-sept monuments emblématiques de la région de Marrakech ont été détruits ou endommagés par le tremblement de terre qui a tué plus de 2 900 personnes. « Séisme au Maroc : l'Unesco dresse un premier bilan des monuments touchés » (LeMatin.ma).
« Comment se relever ? Le défi maintenant, c’est que tout ne soit pas reconstruit en béton » (Libération). L’entrepreneur Oussama Moukmir, fondateur d’une coopérative dédiée à la bioconstruction, promeut un bâti conforme aux normes sismiques, mais confectionné à partir de matériaux locaux et durables, en usant de méthodes anciennes. « Séisme au Maroc : les maisons en terre crue critiquées à tort » (Reporterre).
« Le phénomène controversé des "lumières sismiques" intrigue internautes et scientifiques » (France-Info). Depuis le séisme du 8 septembre au Maroc, des vidéos amateurs montrant des phénomènes lumineux présentés comme liés au tremblement de terre circulent sur les réseaux sociaux. Ils sont parfois décrits comme des "lumières sismiques", un phénomène que la science peine à expliquer.
« Séisme au Maroc : raconter un événement exceptionnel à l’étranger, le défi de la presse régionale » (La rvue des médias). Sans bénéficier des mêmes moyens que la presse nationale, les quotidiens régionaux déploient des techniques pour articuler ces actualités à l'échelle locale. Aussi exceptionnel soit-il, un événement survenu à l’étranger n’est pas forcément traité en une. Pour les inondations survenues en Libye quelques jours après le séisme au Maroc, par exemple, la couverture médiatique de la PQR est moindre.
2) Pistes d'analyse scientifique en termes d'aléa/risque/vulnérabilité et enjeux
Séisme au Maroc : "C'est une rareté d'avoir de si gros séismes dans cette zone" (France24)Le Centre national pour la recherche scientifique et technique (CNRST) basé à Rabat a indiqué que le séisme était d'une magnitude de 6,8 degrés sur l'échelle de Richter et que son épicentre se situait dans la province d'Al-Haouz, au sud-ouest de la ville de Marrakech. Il s'agit du plus puissant séisme à frapper le royaume à ce jour. Un phénomène "surprenant", selon Florent Brenguier, sismologue à l’Institut des Sciences de la Terre de l’Université de Grenoble, car la zone où se trouve l'épicentre ne se situe pas "à l'interface entre deux plaques tectoniques".
« Séisme au Maroc. "Marrakech n’est pourtant pas la zone la plus active du pays" » (Challenge.ma).
En Turquie, on était sur un mouvement horizontal, puisque la Turquie s’échappe en gros vers l’ouest, elle « part » vers la Grèce. Il y a un coulissement horizontal des plaques. Là, on est plutôt sur une convergence entre l’Afrique et l’Eurasie ou l’Ibérie, la partie espagnole, et sur des failles chevauchantes : le relief du Haut-Atlas est en train de monter sur l’avant-pays au nord. Mais on est toujours dans un contexte de limite de plaques. Il faut voir à quelle magnitude le séisme va se fixer. On est autour de 6,8 ou 6,9, ce qui est une intensité assez forte. Cela correspond en gros à un déplacement moyen sur la faille de l’ordre d’un mètre, en quelques secondes, sur plusieurs kilomètres. Forcément, ça secoue énormément la région (Philippe Vernant, enseignant-chercheur à l’université de Montpellier (sud) et spécialiste en tectonique active, notamment au Maroc).
En 2011, un nouveau règlement de construction parasismique (RPS 2000) a été mis en place, et est appliqué dans la majorité des nouvelles constructions des zones urbaines marocaines. Mais selon Philippe Guéguen, directeur de recherche à l’Institut des Sciences de la Terre de l’Université de Grenoble, de nombreux bâtiments plus anciens et monuments historiques échappent à ces nouvelles normes : “la réglementation n’est pas faite pour ce type de bâtiment, il n’y a pas de règle particulière. Il faudrait les renforcer, ou les remplacer par des bâtiments plus récents, plus modernes. Mais personne ne fait ça. Et la mise en application des normes demande du temps.”
Michel Sébrier, Lionel Siame, El Mostafa Zouine, Thierry Winter, Yves Missenard, Pascale Leturmy (2006). Tectonique active dans le Haut Atlas marocain. Comptes Rendus Geoscience, Vol. 338, 1–2, January 2006, Pages 65-79. La révision critique des données sismologiques et structurales, associée à l'acquisition de nouvelles données topographiques, géomorphologiques et sur la géologie du Quaternaire permet de situer les failles actives majeures du Haut Atlas aux niveaux des failles bordières nord et sud. La segmentation de ces failles suggère qu'elles ont le potentiel pour générer des séismes de magnitude 6,1 à 6,4.
Taj-Eddine Cherkaoui & Ahmed El Hassani, Seismicity and Seismic Hazard in Morocco 1901-2010, Bulletin de l’Institut Scientifique de Rabat, section Sciences de la Terre, 2012, n° 34, p. 45-55. Voir également le site personnel de Taj-Eddine Cherkaoui sur la sismicité et l'aléa sismique au Maroc.
B. Theilen-Willige, R. Löwner, F. El Bchari, H. Wenzel (2013). Remote Sensing and GIS Contribution to the Detection of Areas Susceptible to Local Site Effects during Earthquakes and to Tsunami Waves in W-Morocco. Vienna Congress on Recent Advances in Earthquake Engineering and Structural Dynamics 2013 (VEESD 2013). Lorsque des tremblements de terre ou des tsunamis se produisent, des actions immédiates et efficaces sont nécessaires pour réduire les dommages matériels et les pertes humaines. Les techniques de télédétection et SIG sont étudiées dans le cadre du projet W-Maroc afin de contribuer à l'inventaire systématique et standardisé des zones les plus sensibles aux mouvements du sol.
Abdelouahad Birouk, Aomar Ibenbrahim, Azelarab El Mouraouah & Mohamed Kasmi (2020). New Integrated Networks for Monitoring Seismic and Tsunami Activity in Morocco. Annals of Geophysics, 63, 2, SE220, 2020. Un certain nombre de réseaux ont été déployés pour mesurer le niveau de la mer et surveiller l'activité sismique en temps réel au Maroc, qui a connu plusieurs tremblements de terre destructeurs au cours de son histoire. Ce nouveau réseau sismique consiste en un hub pour la gestion des données satellites et les 48 stations sismiques au sol, toutes reliées à une Unité centrale d’acquisition, de traitement et de stockage des données à Rabat. Par rapport au réseau précédent, le nouveau réseau a permis d'enregistrer cinq fois plus d'événements par an et a contribué à abaisser le seuil des magnitudes détectées. Une surveillance 24h/24 et 7j/7 a été mise en place pour cette surveillance et pour fournir une alerte sismique rapide aux autorités nationales compétentes dans le cadre de la gestion des risques sismiques.
Pour comprendre l'origine du séisme, l'Observatoire éducatif méditerranéen (EdumedObs) met à la disposition des enseignants un dossier à ouvrir dans Tectoglob3D. L'outil se présente comme un globe virtuel en 3D. Le logiciel Tectoglob3D permet d'étudier des sismogrammes, de réaliser des coupes, d'ajouter des foyers et de faire de la tomographie sismique. L'application peut être utilisée directement en ligne sur le site SVT de l'académie de Nice (voir cette vidéo de présentation).
« Maroc, Lybie, Grèce : plus la société est inégalitaire, plus la catastrophe est meurtrière » (Futura Sciences). L’investissement dans les biens communs, la répartition des richesses et celle du pouvoir déterminent la vulnérabilité des populations aux catastrophes naturelles, explique Jean-Paul Vanderlinden qui est professeur en économie écologique à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et membre du laboratoire CEARC (cultures, environnements, Arctique, représentations, climat) de l’Observatoire de Versailles Saint-Quentin. Ses travaux portent sur l’analyse du risque existentiel au niveau local et son articulation avec le changement climatique.
« Pour une analyse géographique des catastrophes : le cas du séisme du 8 septembre au Maroc » (Le Grand Continent). David Goeury rappelle la nécessité de procéder à une analyse géographique des catastrophes pour comprendre comment peut se déployer une aide d’urgence. La polémique stérile sur l’aide internationale est venue masquer la réalité du territoire touché et les spécificités du déploiement des secours d’urgence en zone de haute montagne. L’émotion, les élans de générosité et l’incompréhension de réalités territoriales complexes ont nourri des discours particulièrement confus.
« Séisme : géopolitique du désastre marocain » (Blast). Aboubakr Jamaï, Professeur des relations internationales à Aix-en Provence, décrypte et analyse ce que cet évènement tragique révèle de la situation politique et sociale du royaume chérifien ainsi que de ses relations diplomatiques, plus que tendues, avec la France.
3) Cartes et données SIG à visualiser en ligne ou à télécharger
Cartographie du tremblement de terre par l'United States Geological Survey (USG) avec l'intensité sismique, les failles tectoniques, la densité de population, etc...
Cartographie du séisme et de la zone impactée par l'United Nations Satellite Centre (UNOSAT-UNITAR) avec analyse de la population exposée.
Ressources fournies par le Global Disaster Alert and Coordination System (GDACS).
Ressources mises à disposition par le Centre Sismologique Euro-Méditerranée (CSEM).
Données SIG sur le Maroc mises à disposition sur Humanitarian Data Exchange (HDX), site dédié au partage de données humanitaires.
Cartographie des villages en attente d'aide (fichier kml sur Google Maps).
Tous les villages et douars situés à moins de 50 km de l’épicentre du séisme (fichier kml sur Google Maps).
Cartes et données SIG élaborées par le Service de gestion des urgences CopernicusEMS (dégâts estimés à partir de l'observation d'images satellites).
Images Maxar en haute résolution diffusées en données ouvertes avec possibilité de comparer les images avant et après la catastrophe sur le visualisateur en ligne. Inscription sur le site nécessaire pour pouvoir télécharger des images prêtes à l'analyse. Voir ce tutoriel pour optimiser le téléchargement et faciliter la réutilisation des images Maxar dans Q-Gis.
Fichiers des plaques tectoniques à télécharger au format shp ou geojson. Carte des séismes dans le monde sur la période 1900-2018 disponible en pdf.
Base de données des tremblements de terre dans le monde (NCEI - NOAA) avec la géolocalisation, la magnitude, la distance du foyer par rapport à l'épicentre, les pertes humaines, les dégâts matériels.
Séisme au Maroc : la déformation du sol vue par satellite (Futura Sciences). Les secours ont eu accès rapidement aux images satellitaires de la zone dévastée par le séisme au Maroc grâce à la Charte internationale « Espace et catastrophes majeures ». Mais les satellites sont également capables d’observer très finement la déformation du sol. Des données essentielles pour mieux comprendre ce qui s’est passé dans la nuit du 8 au 9 septembre.2
Des images et des analyses à partir d'images satellites Pléiades (CNES) sont mises à disposition dans le cadre de la Charte internationale « Espace et catastrophes majeures ». Cartes réalisées par UNITAR / UNOSAT. Certaines images permettent d'étudier la déformation au sol vue depuis les satellites.
4) Utilisation de la cartographie pour organiser l'aide humanitaire
La communauté OpenStreetMap s'est mobilisée en urgence pour mettre à jour la cartographie de la zone touchée par le séisme, faciliter les secours et organiser la logistique. L'équipe humanitaire HOT Osm (@hotosm) a appellé tous les volontaires à une grande opération de cartographie collaborative dans le cadre de la procédure « Disaster Response » qu'elle a mise en place pour couvrir ce type de catastrophe. Pour participer à cette cartographie à distance : [https:]]
Données SIG déjà mises à disposition sur le site HOT Osm. Les données concernant les bâtiments sont régulièrement mises à jour.
« Dans la province d’El Haouz, dans les zones rurales, les maisons sont construites en terre, les unes à coté des autres ce qui rend parfois difficile de séparer les bâtiments de leur entourage, surtout si il y des arbres à côté. Je propose de cartographier la bâtiment selon leur contour extérieur, indépendamment de la forme intérieur du bâtiment » (témoignage de Fatima Eddaoudi responsable Tasking Manager de HOT). Les discussions portent également sur le périmètre à prendre en compte (disponible en geosjson) et l'avancée du travail de saisie cartographique qui nécessite des processus réguliers de validation (voir la grille de tâches en geojson).
Rapport d'impact 2022-23 sur les opérations conduites par HOT Osm « Cartographions notre monde ensemble »
« Qualité des données : un voyage sur la plateforme humanitaire d'OpenStreetMap » (Geotribu). Delphine Montagne parle de son travail bénévole et solidaire de validation au sein des campagnes d'HOT OSM, le volet humanitaire d'OpenStreetMap.
Réponse au tremblement de terre en Turquie et en Syrie (février 2023) : les ressources mises à disposition permettent de mettre en évidence l'intérêt de la cartographie humanitaire et l'expérience déjà acquise par HOT Osm lors du séisme en Turquie et Syrie.
Articles connexes
Cartes et données sur les séismes en Turquie et en Syrie (février 2023)
Cartes et données sur les tremblements de terre au Japon depuis 1923
Simuler des scénarios de tremblement de terre en utilisant des cartes
Un nouveau modèle de plaques tectoniques pour actualiser notre compréhension de l'architecture de la Terre
Carte-poster des tremblements de terre dans le monde de 1900 à 2018 (USGS)
Cartes-posters sur les tsunamis, tremblements de terre et éruptions volcaniques dans le monde (NOOA, 2022)
Analyser et discuter les cartes de risques : exemple à partir de l'Indice mondial des risques climatiques
Une anamorphose originale montrant l'exposition accrue des populations au risque volcanique
Les éruptions volcaniques et les tremblements de terre dans le monde depuis 1960
L'évolution de la cartographie humanitaire au sein de la communauté OpenStreetMap
-
12:42
Cartes et données sur le rugby en France et dans le monde
sur Cartographies numériquesLa Coupe du monde de rugby à XV, qui a lieu en France du 8 septembre au 28 octobre 2023, est l'occasion de s'intéresser à l'importance de ce sport à l'échelle de la France et du monde. Le rugby est devenu un sport mondialisé, mais ultra-polarisé au regard du petit nombre de pays participants. En France, ce sport s'est largement diffusé au delà de la région sud-ouest, qui reste malgré tout son fief d'origine avec des clubs historiques comme Toulouse ou Bayonne.
1) La géographie du rugby à l'échelle mondiale
Carte des pays participants à la Coupe du monde de rugby à XV 2023 (source : Wikipédia)
La Coupe du monde de rugby à XV est organisée tous les quatre ans depuis 1987. Depuis l’édition de 1991, cette compétition se déroule en deux phases : une phase de qualification et un tournoi final. Seules quatre nations figurent au palmarès de la Coupe du monde. La Nouvelle-Zélande a remporté trois fois le trophée en 1987, 2011 et 2015, tout comme l'Afrique du Sud en 1995, 2007 et 2019. L'Australie a gagné deux fois en 1991 et 1999 et l'Angleterre a gagné l'épreuve en 2003, seul pays de l'hémisphère Nord à s'emparer du trophée planétaire. La France a été présente trois fois en finale (1987, 1999, 2011). Malgré une ouverture aux différents continents et aux nouveaux venus par qualification, le bilan fait apparaître que la compétition est jusqu'ici dominée par cinq nations, trois de l'hémisphère Sud et deux européennes : l'Australie, la Nouvelle-Zélande, l'Afrique du Sud pour le Sud ; l'Angleterre et la France pour l'Europe. Seules ces cinq sélections nationales sont parvenues à se hisser en finale. Avec trois qualifiés en Coupe du monde, le rugby sud-américain est en pleine progression. Le Japon, qui a été le précédent pays organisateur en 2019, fait figure un peu d'exception en Asie.
Des données concernant la participation par nations, la fréquentation par nombre de spectateurs ou la présence dans les stades sont disponibles sur Wikipedia. Pour obtenir des données plus détaillées, consulter le site officiel rugbyworldcup.com.- Géographie du rugby (extrait de l'émission "Géographie à la carte", France Culture)
« En réalité, la Coupe du monde de rugby n’est pas si mondiale que ça : ce sont toujours les mêmes pays qui gagnent mais ce sont toujours aussi les mêmes qui participent. Lorsque l’on regarde quels sont les pays qui sont qualifiés pour la Coupe du monde 2023 – et la situation était similaire pour les éditions précédentes – , il y a 12 places qui sont déjà « trustées », et il n’y a que 20 nations qui participent, ce qui signifie que le reste du monde se partage seulement huit places. C’est une ouverture qui est un peu difficile. C’était le propos tenus par Jean-Pierre Augustin dans son étude géographique du rugby, qui expliquait que c’était une mondialisation inachevée et peut-être au fond, inachevable… Car cette pratique qui est née au début du XIXe siècle au Royaume-Uni s’est in fine assez peu développée. Aujourd’hui, on compte 132 fédérations nationales qui font partie de la fédération internationale, un chiffre qui, à l’échelle du sport, est tout petit, comparé à la FIFA ou à la fédération internationale de volley qui en compte plus de 220. La pratique du rugby est très ancrée dans certains pays, même si on observe un fléchissement, que les choses sont en train d’évoluer par le biais de différents canaux : la professionnalisation […], l’arrivée du rugby à 7 dans le programme olympique depuis les JO de Rio de 2016, et la féminisation, qui a permis de grossir les rangs des licencié.es et des pratiquant.e.s de rugby. »- « 10 points, 9 cartes et graphiques sur le monde du rugby » (Le Grand Continent)
Demain le XV de France défie les All Blacks pour l'ouverture de la Coupe du monde de rugby !
— Julien Migozzi (@JulienMigozzi) September 7, 2023
Mais d'ou viennent les Bleus ?
Petit thread pour explorer la géographie mondiale des 1165 joueurs du XV de France, avec ce site construit pour l'occasion : ?? [https:]]
1/9 pic.twitter.com/U3SLoLK7sw
La carte officielle de la coupe du monde de rugby : la projection d'Atlantis (1948) pic.twitter.com/JC8mrA7IdH
— Jules Grandin (@JulesGrandin) September 8, 2023
2) La géographie du rugby à l'échelle nationale
Hélène Joncheray, David Sudre et Antoine Lech, « Le monde de l’Ovalie et ses espaces », Norois, 244 | 2017.
« Le rugby en Lorraine : vers un nouvel "effet Coupe du monde" ? » (INSEE, 2015).
« Coupe du monde : le rugby a-t-il vraiment dépassé les frontières de l'Ovalie ? » (France-Info, 2023).
« Rugby : du combat celte au jeu occitan (L'Histoire).
« Rugby à la télévision : jusqu’en 1995, c’était le paléolithique » (La revue des médias).
« 200 ans de ballon ovale » (archives Gallica).
Même s'il peut exister un "effet coupe du monde", le sport ce n'est pas que la compétition et il peut être intéressant d'étudier les pratiques sportives à travers le nombre de clubs et de licenciés. Le rugby témoigne d'une diffusion à partir du Sud-Ouest, même si aujourd'hui sa pratique a tendance à se généraliser.
Part des licenciés de rugby en France métropolitaine en 2020 (source : Jean Dupin, INJEP, Data.gouv.fr)
Les données sont issues du recensement des licences et clubs auprès des fédérations sportives agréées par le ministère chargé des sports. Voir le site de l'INJEP pour utiliser les données du recensement 2021.
Il existe des inégalités entre les femmes et les hommes dans la pratique du sport. Les femmes pratiquent davantage le sport de manière encadrée ou en club, mais elles sont moins nombreuses à participer à des compétitions. Le rugby reste, avec le footbal, l'un des sports les plus inégalitaires en termes d'égalité homme/femme, si l'on prend comme critère le nombre d'inscrit.e.s par fédération sportive en France.
Le rugby, l'un des sports les moins pratiqués par les femmes (source : INJEP, 2021)
?La carte du rugby professionnel (depuis la saison 98-99 pour la première division et la saison 00-01 pour la deuxième)
— surlatouche.fr (@surlatouche_fr) May 4, 2020
31 départements sur 96 ont ainsi été représentés au niveau pro (35%) pic.twitter.com/ipMEQNn5c3
Articles connexesA l’occasion de la coupe du monde de rugby à XV qui commence aujourd’hui en France, j’ai dessiné la carte de tous les clubs emblématiques de rugby ? pic.twitter.com/mzAIGxmlIi
— Alcatela (@Alexismouss) September 8, 2023
L’Atlas des sports, le site qui interroge le monde sportif et ses dynamiques socio-spatiales
Approche multiscalaire des pratiques sportives. L'exemple des sports de « balle au pied »
La cartographie des clubs de football à travers les réseaux sociaux
Football : cartographie de tous les pays affrontés par les Bleus dans leur histoire
La cartographie du Tour de France d'hier à aujourd'hui
Cartes des pistes cyclables en Europe et en France
Classer les villes cyclables en France et dans le monde. Quels sont les indicateurs utilisés ?
Cartographier les espaces du tourisme et des loisirs -
8:26
L’Atlas des sports, le site qui interroge le monde sportif et ses dynamiques
sur Cartographies numériques
Véritable observatoire des pratiques sportives, l'Atlas des sports propose de représenter les différentes cultures du domaine et leurs formes de spatialisation. Les articles enrichis de figures analysent les combinaisons spécifiques à chaque pratique sportive, comme des comportements, des systèmes de valeurs et les rapports au corps qui sont mis en œuvre dans les situations motrices et les espaces appropriés.Ce projet qui rassemble de multiples contributions émanant de chercheurs et de chercheuses en sciences sociales est porté par des scientifiques du laboratoire Espaces et SOciétés (CNRS/Institut Agro/Le Mans Université/Nantes Université/Université d’Angers/Université de Caen Normandie/Université Rennes 2). Le laboratoire ESO propose par ailleurs une série d'Atlas sociaux sur Angers, Caen, Le Mans, Nantes et Rennes (voir ce billet de présentation).
Les cultures sportives, combinaisons spécifiques à chaque sport de pratiques, de comportements, de systèmes de valeurs et de rapports au corps (S. Darbon, 2010) mettent en œuvre des situations motrices dans des espaces appropriés (J-P Augustin, 2011). Ainsi, l’inscription des pratiques sportives dans des lieux nécessite des mises en ordre et des aménagements spatiaux. La sportivation qui caractérise le monde contemporain rassemble à la fois des sports de compétition et des ludo-sports, les activités sportives évoluant désormais à l’intersection entre ces deux formes de pratique, qu’elles soient individuelles ou collectives. C’est pourquoi les finalités de cet atlas sont à la fois de favoriser la création d’un réseau informel de chercheurs et de chercheuses, appartenant à différentes disciplines scientifiques et travaillant sur les multiples dimensions de la spatialisation de l’objet « sport », et d’analyser ce que les diverses contributions peuvent apporter les unes par rapport aux autres.
Un projet organisé autour de 12 thématiques :
- Patrimoine, patrimonialisation, enjeux de mémoire et hauts lieux du sport
- Diffusion spatiale des sports
- Pratiques sportives: inégalités et différenciations
- Mobilités et circulations des sportifs
- Fabrique des territoires du sport
- Les marchés du sport: enjeux économiques, flux financiers
- Polarisations, métropolisations
- Espaces du sport. Usages et conflits d’usages
- Enjeux géopolitiques et politiques
- Spectacles sportifs: du local au global
- Territoires du sport santé
- Problèmes sociaux
Ludovic Lestrelin, Yvonnick Le Lay, François Madoré et Stéphane Loret coordonnent le projet. Les auteur·e·s réalisent les traitements statistiques et cartographiques de leurs planches de manière autonome ou avec le soutien de Simon Charrier et Stéphane Loret. Stéphane Loret a mis en œuvre le site web du projet.
Parmi les premiers articles à découvrir :
- Les marathons en France : entre effet de métropolisation et dissémination
- Le surf fédéral en France : une activité sportive de moins en moins «régionalisée»
- De la réinvention touristique et culturelle des hauts-lieux de la production des sports équestres: le cas des Haras nationaux en France
- Castres Olympique, une particularité dans le Top 14
- La course à pied en France, marqueur de la ruralité
- Le Paris Saint-Germain : d’un club de football francilien à une franchise sportive mondiale
- L’irréversible métropolisation du rugby d’élite masculin français
Bibliographie :- Augustin J.-P., « Qu’est-ce que le sport ? Cultures sportives et géographie », Annales de géographie [En ligne] 2011/4 n° 680, pp. 361-382 http://www.cairn.info/revue-annales-de-géographie-2011-4-page-361.htm
- Darbon S., « Les pratiques sportives au filtre de l’anthropologie », La revue pour l’histoire du CNRS [En ligne] n° 26, 2010, pp. 24-29, DOI : 10.4000/histoire-cnrs.9268; [histoire-cnrs.revues.org] .
- Gillon P., Grosjean F., Ravenel L., Atlas du monde sportif. Business et spectacle : l’idéal sportif en jeu, Paris, Autrement, col. « Atlas/Monde », 2010, 80p.
Atlas national des fédérations sportives en France (2019)
[https:]]
Petit atlas du sport. Disponible sur le journal Zeit online (en allemand)
[https:]]
Articles connexesApproche multiscalaire des pratiques sportives. L'exemple des sports de « balle au pied »
Cartes et données sur le rugby en France et dans le monde
La cartographie des clubs de football à travers les réseaux sociaux
Football : cartographie de tous les pays affrontés par les Bleus dans leur histoire
La cartographie du Tour de France d'hier à aujourd'hui
Cartes des pistes cyclables en Europe et en France
Classer les villes cyclables en France et dans le monde. Quels sont les indicateurs utilisés ?
Cartographier les espaces du tourisme et des loisirs
-
18:14
Une histoire du conflit politique. Elections et inégalités sociales en France 1789-2022 (Julia Cagé, Thomas Piketty)
sur Cartographies numériquesLe nouveau livre de Julia Cagé et Thomas Piketty, « Une histoire du conflit politique », s'accompagne d'un site extraordinaire : les données des élections majeures en France depuis 1848, des tableaux de bord et des cartes permettant de conduire des comparaisons à l'échelle des communes.
Qui vote pour qui et pourquoi ? Comment la structure sociale des électorats des différents courants et mouvements politiques a-t-elle évolué en France de 1789 à 2022 ? En s’appuyant sur un travail inédit de numérisation des données électorales et socio-économiques couvrant plus de deux siècles, cet ouvrage propose une histoire des comportements électoraux et des inégalités socio-spatiales en France de 1789 à 2022. Pour la première fois, il devient possible de comparer rigoureusement la structure des électorats sur une longue période.
L'ensemble des données, graphiques et extraits du livre sont disponibles en ligne sur le site unehistoireduconflitpolitique.fr. Grâce à la numérisation des archives électorales au niveau des 36000 communes pour toutes les élections législatives et présidentielles de 1848 à 2022 et les principaux référendums de 1793 à 2005, il devient possible pour la première fois de comparer précisément qui vote pour qui.- Cartographie. Comment se répartissent les votes et les richesses dans l'hexagone depuis 1789 ?
Choisissez les élections (législatives, présidentielles, référendums) ou les caractéristiques socioéconomiques (revenu, capital immobilier, etc.) que vous souhaitez cartographier, puis zoomez sur le territoire de votre choix. - Conflit. Comment vote votre commune depuis deux siècles, et où se situe-t-elle dans la répartition des richesses ?
Visualiser la place de votre commune par rapport à la moyenne nationale et son évolution dans le temps, pour toutes les élections et les caractéristiques socioéconomiques. - Portrait. Qui a le vote le plus populaire et le plus bourgeois ?
Pour toutes les élections et les courants politiques, découvrez comment le score obtenu varie avec la richesse de la commune.
Le module cartographique mis à disposition permet de faire des comparaisons du vote par courants politiques et sur du temps long, ce qui est assez inédit.
On peut recroiser ces cartes avec les portraits par communes qui permettent d'étudier l'évolution politique sous forme de courbes cumulatives plus spécifiquement pour les communes que l'on souhaite.
Un générateur de graphiques permet de comparer différents candidats et courants politiques pour voir lesquels sont les plus "populaires" ou les plus "bourgeois". C'est très démonstratif pour mettre en évidence la sociologie du vote. En même temps, on peut discuter les termes "populaire" et "bourgeois" (il existe beaucoup de déciles intermédiaires) et questionner la significavité de la donnée qui est le revenu communal moyen.
Liens pour télécharger les ressources- Accès direct au module cartographique
- Page pour télécharger les données
- Cartes de l'ouvrage
- Cartes des annexes
- Graphiques du livre au format pdf
- Graphiques du livre au format xlxs
Commentaires dans les médias
« Julia Cagé et Thomas Piketty livrent une vision inédite de l’histoire politique française » (Le Monde).
« Les critiques ne manqueront pas face à l’ampleur et à l’ambition de l’ouvrage de Cagé et Piketty. Mais l'ouvrage des deux économistes se pose d’emblée comme une référence. Malgré des limites, son approche replace les inégalités sociales au cœur des études du vote » (Tribune de Vincent Tiberj, Le Monde).
« Julia Cagé et Thomas Piketty : le vote Macron est le plus bourgeois de l'Histoire ! » (interview des auteurs pour France Inter qui évoquent la notion de classes "géo-sociales").
« Les six enseignements à retenir du livre de Thomas Piketty et Julia Cagé, une nouvelle somme globalisante, un énorme pavé façon livre-enquête, deux siècles d’histoire électorale et une question simple : "Qui vote pour qui et pourquoi ?" » (Libération).
« Une histoire du conflit politique par Julia Cagé et Thomas Piketty, le livre qui relance la gauche » (L'Obs).
« Une histoire du conflit politique sans géographie » (Metropolitiques.eu). Julia Cagé et Thomas Piketty livrent une somme ambitieuse analysant les élections en France depuis la Révolution de 1789, qui accorde une place centrale à la notion de « classe géo-sociale ». Selon Frédéric Gilli, le livre comporte toutefois des limites méthodologiques importantes notamment dans l’usage des données géographiques.
« Une histoire du conflit politique sans géographie » (La Vie des idées). Pour Michel Offerlé, l'éco-histoire du conflit politique en France proposée par Julia Cagé et Thomas Piketty est une défense de la bipartition électorale : le clivage gauche-droite est le fondement de notre démocratie et il a permis le progrès social. Il faut donc travailler à le rétablir. Pour entrer dans le livre, il faut accepter cinq clés qui sont à la base de leur méthodologie et de leur démonstration et accepter la définition implicite du conflit qui est ici implicitement donnée
Articles connexes
Dis-moi où tu vis, je te dirai ce que tu votes ? (Géographie à la carte, France Culture)
L'évolution du vote des Français sur la 1999-2022 sur le site du Politoscope
Bureaux de vote et adresses de leurs électeurs en France (Répertoire électoral unique - INSEE)
Analyser les cartes et les données des élections présidentielles d'avril 2022 en France
La carte de l'abstention aux élections régionales de juin 2021
Géopolitique de la twittosphère en période d'élections présidentielles
Les résultats des élections européennes du 26 mai 2019 en cartes et en graphiques
S'initier à la cartographie électorale à travers l'exemple des élections présidentielles de novembre 2020 aux Etats-Unis - Cartographie. Comment se répartissent les votes et les richesses dans l'hexagone depuis 1789 ?
-
20:30
30e Conférence Internationale sur l’Histoire de la Cartographie (ICHC) - Lyon 1er-5 juillet 2024
sur Cartographies numériques
La 30e Conférence Internationale sur l’Histoire de la Cartographie (ICHC) aura lieu à Lyon du 1er au 05 juillet 2024 sur le thème « Confluences - Interdisciplinarité et nouveaux défis dans l'histoire de la cartographie ». La conférence est ouverte à tous ceux qui travaillent sur l'histoire de la cartographie, indépendamment de la région géographique, de la langue, de la période ou du sujet. La conférence encourage la coopération et la collaboration libres et sans entraves entre les spécialistes de la cartographie de nombreuses disciplines universitaires, les conservateurs, les collectionneurs, les marchands et les institutions par le biais de conférences illustrées, de présentations, d'expositions et d'un programme social.L’appel à contributions est ouvert sur le site [https:]] du 1er septembre 2023 au 20 novembre 2023 pour des communications orales individuelles, des sessions thématiques (groupe de communications individuelles), des posters et des ateliers sur les possibilités d’intégrer une démonstration technique d’analyse associées à l’histoire de la cartographie. La langue officielle de la conférence sera l’anglais, et toutes les présentations devront être faites dans cette langue (il n’y aura pas de traduction simultanée). Toute présentation (communication orale, poster ou atelier) implique que la personne responsable vienne à Lyon pour la faire en présentiel.
La 30e édition de l'ICHC encourage particulièrement des présentations sur les thèmes suivants :
- Cartographie des déplacements, voyages et rencontres en cartographie.
Englobe la production de cartes pour aider les voyageurs et les touristes à atteindre leurs objectifs, à organiser l'hébergement et le transport, et la manière dont les territoires sont mis en valeur.
- Cartes et réseaux - Utilisation, échange et circulation des cartes
Explore les interrelations entre les producteurs de cartes, en tenant compte de la diffusion de nouveaux champs d'intérêt, de nouvelles utilisations, de l'introduction de nouvelles techniques et des réseaux de partage.
- Cartographie de la nature, des espaces sauvages et de l'agriculture
Vise une nouvelle compréhension de la manière dont les espaces naturels, sauvages et agricoles ont été traités, y compris la végétation, les montagnes, les étendues d'eau, les productions agricoles, les environs des villes et les risques naturels.
- Le développement de l'urbanisme et de la cartographie
La planification implique ou suppose une connaissance précise de la réalité topographique, ce qui a conduit à des améliorations de la cartographie, tant au niveau des techniques de mesure que de la conceptualisation, et récemment à l'introduction de la cartographie numérique.
- Nouvelles perspectives sur la transition numérique
Étudie la manière dont la dématérialisation introduit de nouvelles problématiques : décomposition en couches vectorielles à assembler et organiser pour de nouveaux usages, nouveaux rapports entre données et expression graphique, big data, conservation (ou mise au rebut) des données historiques/anciennes et des cartes numériques.
- Et tout autre aspect de l'histoire de la cartographie.
L’appel à communications propose 4 types d’interventions :
- Communication orale : présentation de 15 à 20 minutes sur une recherche en cours
- Posters : présentation dédiée à montrer une analyse de dispositifs visuels accompagnées de textes succincts
- Ateliers/Workshops : possibilités d’intégrer une démonstration technique des possibilités d’analyse associées à l’histoire de la cartographie
- Session thématique : proposition d’une séance de communications orales (les résumés des différentes interventions doivent être communiqués au comité scientifique)
Dates importantes : appel à communications/ateliers/posters - du 01/09/2023 au 20/11/2023
Réponse du comité scientifique : janvier 2024
- Exposition Représenter le lointain : une vision européenne (2 avril - 13 juillet 2024)
Exposition organisée à la Bibliothèque Municipale de Lyon, dans le cadre des "Conférences Internationales d'Histoire de la Cartographie" (ICHC) 2024.
- Exposition | Traces papier - Cartes et images de voyages en France et ailleurs, XVIIe-XXIe siècle (15 mai - 29 septembre)
Exposition organisée à la Bibliothèque Denis Diderot, dans le cadre des "Conférences Internationales d'Histoire de la Cartographie" (ICHC) 2024.
-
6:13
L'histoire par les cartes : une carte japonaise du XVIIe raconte le voyage d'Edo à Kyoto
sur Cartographies numériques
Source : The Scenic Route? The Library’s 117-foot Map from 17th-century Japan, 21 août 2023 (Library of Congress Blogs)Bien avant l'avènement de Google Earth et des livres de voyage, des cartes illustées servaient à guider les voyageurs sur leur route. La carte T?kaid? bunken ezu, peinte sur deux rouleaux, mesure plus de 3,6 mètres de long. La carte en rouleau illustré date de 1690. Elle est à découvrir sur le site de la Bibliothèque du Congrès.
Extrait de la carte "T?kaid? bunken ezu" à découvrir sur le site de la Bibliothèque du Congrès
Le cartographe Ochikochi Doin a étudié en 1651 la route de près de 500 km qui relie Edo (maintenant connue sous le nom de Tokyo) à Kyoto, et le célèbre artiste Hishikawa Moronobu a donné forme à ses découvertes en 1690 via cette carte illustrée à la plume et à l'encre. Une version non colorée est visible sur le site du British Museum. L'Université de Manchester en propose également une réimpression ultérieure.
La carte est un d?ch?zu (« carte routière ») imprimé sur bois. Elle reproduit les 486 kilomètres de ce parcours à une échelle de 1:12000. La carte représente cinq tronçons principaux de la route du Tokaido, fournissant un compte rendu détaillé des commodités, des points de repère et du terrain avec en fond des images de montagnes, de rivières et de mers. Elle montre les 53 stations ou villes postales, qui bordaient l'itinéraire pour fournir aux voyageurs hébergement et nourriture. Des monuments célèbres tels que le Mt Fuji et le Mt Oyama sont représentés sous plusieurs angles et à différentes stations.
Extraits du parchemin à découvrir sur le site de la Bibliothèque du Congrès
La carte emprunte au genre japonais de l’emaki (???, littéralement « rouleau peint »), noté souvent e-maki, un système de narration horizontale illustrée dont les origines remontent au VIIIe siècle au Japon.
La carte "T?kaid? bunken ezu", élaborée à la manière d'un guide quotidien comme pour un road trip, est aujourd'hui reconnue comme un grand artefact culturel : il est considéré comme un chef-d'œuvre de la cartographie japonaise.
Pour compléter
Les plus anciennes cartes itinéraires japonaises, ou Dochuzu, remontent au XVIIe siècle et suivent divers modèles durant la période d'Edo. Certaines adoptent une forme diagrammatique pour représenter les principaux axes de circulation terrestre de l'archipel, dont les célèbres Gokaid? conçues et développées au cours du shogunat Tokugawa. Longues de plusieurs centaines de kilomètres, ces cinq routes majeures, partant de la ville d'Edo sont jalonnées de stations (shukuba) comportant auberges, postes de contrôle et relais de chevaux. Achevé dès 1624, le T?kaid?, qui relie Edo à Ky?to, est la plus importante et la plus fréquentée d'entre elles : représentant une distance totale d'environ 500 km, longeant par endroits le littoral, la « route de la mer de l'Est », et ses cinquante-trois étapes, a inspiré de nombreux maîtres de l'estampe (Hokusai, Hiroshige). Source : Le Japon et la mer. Une cartographie asiatique (Paris Sorbonne)
Le médecin et naturaliste Philip Franz Siebold (1796-1866), qui a rassemblé une importante collection de cartes sur le Japon au XIXe, a produit une très belle carte de voyage « Mont Fuji et T?kaid? - Route de la mer orientale » (1840), d'après un livre de voyage japonais gravé sur bois en couleur du début du XVIIIe siècle. A découvrir sur le site de la collection David Rumsey.
Articles connexes
L'histoire par les cartes : la collection de cartes japonaises de la Manchester University Library
L'histoire par les cartes : une carte japonaise de l'Afrique du début de l'ère Meiji (1876)L'histoire par les cartes : l'Asie du Sud-Est à travers des cartes japonaises de la 2e Guerre mondiale
Signaler les enfants bruyants dans sa rue : Dorozoku, un site cartographique controversé au Japon
Cartes et données sur les tremblements de terre au Japon depuis 1923
Comprendre la mégapole japonaise en utilisant le site "To?kyo?, portraits et fictions"
Carte des road trips les plus épiques de la littérature américaine
-
16:29
Cartographie nationale des lieux d'inclusion numérique
sur Cartographies numériques
La Cartographie nationale des lieux d'inclusion numérique agrège une 30e de jeux de données et compte près de 18 000 structures. Elle permet d'identifier, localiser et mettre en avant les centres et les espaces qui proposent un accompagnement et des ressources pour aider les citoyens à développer leurs compétences numériques. Le travail est piloté par l’Agence nationale pour la cohésion des territoires (ANCT) et La MedNum avec l’appui de Datactivist.
Accès aux lieux d'inclusion numérique par région sur le portail cartographie.societenumerique.gouv.frLa large diffusion de la Cartographie permet de :
- contribuer à une meilleure orientation des bénéficiaires de services de médiation numérique ;
- promouvoir l'inclusion numérique, en mettant en avant les espaces d'inclusion numérique de notre territoire ;
- faciliter les partenariats locaux : la collaboration avec diverses organisations pour le déploiement de cet outil peut favoriser des partenariats solides et durables au sein de votre écosystème local.
Zoom sur un territoire permettant de repérer les lieux où l'on trouve un Conseiller numérique (en rouge)
Le schéma répond aux spécifications du schéma "Lieux de médiation numérique" élaboré collaborativement et disponible sur le site schema.data.gouv.fr. Il existe un réel besoin d’une vision nationale, complète et actualisée de l’offre de médiation numérique. Des acteurs de la médiation numérique, notamment les hubs, ont produit de nombreuses données de recensement des lieux et des offres de médiation mais souvent, ces productions ne respectent pas le même format, rendant alors impossible une vision formalisée, complète et partagée de l’offre nationale de médiation numérique. La standardisation permet de décrire l'offre de médiation numérique de manière harmonisée. Elle repose sur un travail de concertation dans lequel des utilisateurs représentatifs ont défini un schéma de données qui décrit le format des fichiers, les différents champs, les valeurs possibles.
Le jeu de données fourni par Data Inclusion est disponible au format json et csv sur Data.gouv.fr.
Une rapide représentation cartographique des données montre la forte inégalité dans la répartition des lieux d'inclusion numérique à l'échelle nationale (à recroiser avec la répartition de la population française). La base de données permet de mettre en évidence la diversité des lieux d'accueil (mairies, médiathèques, centres sociaux, maisons de quartier, missions locales, associations, fablabs...).rd-mediation-num/
La stratégie nationale pour un numérique inclusif, initiée en 2018, a permis l’émergence et le développement de nombreux dispositifs dédiés à l’accompagnement des 14 millions de Françaises et de Français en fragilité avec le numérique, sous l’impulsion de l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT). La création de La MedNum participait de cette stratégie, pour structurer l’offre de médiation numérique et participer à la consolidation économique comme à l’augmentation de la capacité d’action des acteurs et actrices de ce secteur. Les évolutions de ces dernières années semblent cependant participer à une reconfiguration de cet écosystème : crise sanitaire, généralisation de la dématérialisation, déploiement d'infrastructures numériques, recrutement massif de 4000 conseillers et conseillères numériques, mise en œuvre de solutions numériques pour les aidants et aidantes et installation sur les territoires de Hubs territoriaux pour un numérique inclusif. Afin d'accompagner ces évolations a été mis en place en 2022 un Observatoire de l'inclusion numérique qui est au coeur des missions de La MedNum.
Articles connexes
Infrastructures numériques : un accès encore inégal selon les pays
Cartographier les données des tests PISA : quelle lecture géographique des inégalités en matière d'éducation ?
Étudier les inégalités entre établissements scolaires à partir de l'Indice de position sociale (IPS)
Rapport sur les inégalités mondiales 2022 (World Inequality Lab)
Des inégalités dans l'équipement informatique des écoles primaires en France et outre-mer (rapport CNESCO, octobre 2020)
Un atlas des fractures scolaires par Patrice Caro et Rémi Rouault : comment lire et analyser les inégalités socio-spatiales en éducation ?
La cartographie des inégalités à travers l'Indice de privation multiple au Royaume-Uni (rapport 2019)
Géographies de l'exclusion numérique par Mark Graham et Martin Dittus
Monroe Work et la visualisation des inégalités scolaires dans l'entre-deux-guerres aux Etats-Unis
-
16:50
Cartes et données sur les tremblements de terre au Japon depuis 1923
sur Cartographies numériquesA l'occasion du 100e anniversaire du grand tremblement de terre du Kant?, le quotidien japonais Nikkei propose une reconstitution cartographique de la façon dont près de la moitié de la ville de Tokyo a été détruite le 1er septembre 1923. Le séisme qui a touché le centre de la capitale avait une magnitude de 7,9. Frappant vers midi alors que les familles préparaient leurs repas, il a provoqué de nombreux incendies hatisés par des vents violents, particulièrement destructeurs du fait de constructions majoritairement en bois.
« Comment les incendies ont ravagé Tokyo pendant 46 heures » (une storymap proposée par Nikkei)
Tokyo a brûlé pendant 46 heures après le tremblement de terre. À l’époque, la superficie de la ville s’élevait à 79,4 kilomètres carrés. Sur ce total, les incendies ont brûlé 34,7 km², soit plus de 40 % du territoire urbain. À la suite du séisme massif de 2011 dans l'est du Japon, le gouvernement métropolitain de Tokyo a établi un « système de zones spéciales ignifuges » et a encouragé la démolition ou la reconstruction en dur de structures en bois vieillissantes.
Comparaison de trois séismes majeurs au Japon (supérieurs à une magnitude de 7)
Si on compare sur un siècle trois séismes supérieurs à une magnitude de 7, les dégâts humains et matériels ont globalement diminué au Japon. Mais les coûts financiers ont explosé du fait de l'essor urbain et de l'augmentation du nombre et de la valeur des biens. Le gouvernement japonais estime à environ 70 % les chances qu'un séisme de magnitude 7 se produise à nouveau d'ici 30 ans.
Le journal économique Nikkei a également commémoré le 100ème anniversaire du grand tremblement de terre de Kant? en créant une carte interactive qui montre l'épicentre et l'intensité des 13 680 tremblements de terre (supérieurs à une magnitude 5) qui ont frappé le Japon depuis 1923.
Tremblements de terre ayant eu lieu dans l'archipel japonais depuis 1923 (source : Nikkei)
L'épicentre de chaque séisme est représenté par une cercle proportionnel sur la carte. Plus le tremblement de terre est important, plus le cercle est gros. La couleur est modifiée en fonction de la magnitude (couleurs chaudes) et de la profondeur de l'épicentre (couleurs froides) : plus chacune devient grande (plus profonde), plus la couleur devient sombre.Les données utilisées pour réaliser cette carte sont issues du rapport mensuel sur les tremblements de terre (1er septembre 1923 - mars 2022) et la liste des lieux sismiques (avril 2022 - 31 juillet 2023) de l'Agence météorologique du Japon. Les données d'intensité sismique proviennent du rapport mensuel des tremblements de terre et de la base de données sur l’intensité sismique. Les valeurs de la liste des épicentres du séisme et de la base de données d'intensité sismique sont des valeurs provisoires. L'emplacement des limites de plaques tectoniques est basé sur les données publiées par l'Institut de recherche sur les tremblements de terre de l'Université de Tokyo. Les cartes estimant la probabilité de nouvaux tremblements de terre sont accessibles sur le site du Centre de promotion de la recherche sur les tremeblements de terre.
Articles connexes
Cartes-posters sur les tsunamis, tremblements de terre et éruptions volcaniques dans le monde (NOOA, 2022)
Un nouveau modèle de plaques tectoniques pour actualiser notre compréhension de l'architecture de la Terre
Carte-poster des tremblements de terre dans le monde de 1900 à 2018 (USGS)
Cartes et données sur les séismes en Turquie et en Syrie (février 2023)
Cartes et données sur le séisme au Maroc (septembre 2023)
Analyser et discuter les cartes de risques : exemple à partir de l'Indice mondial des risques climatiques
Une anamorphose originale montrant l'exposition accrue des populations au risque volcanique
Les éruptions volcaniques et les tremblements de terre dans le monde depuis 1960
L'incendie de l'usine Lubrizol de Rouen et la cartographie des sites Seveso en France
Comprendre la mégapole japonaise en utilisant le site "To?kyo?, portraits et fictions" -
12:42
Rechercher du texte sur les cartes de la collection David Rumsey
sur Cartographies numériquesMis en place en août 2023, le nouvel outil Text-on-Maps permet de rechercher du texte par reconnaissance de caractères sur les cartes de la collection David Rumsey (au total 100 millions de mots indexés sur 57 000 cartes). Jusque là, on ne pouvait interroger que les données et métadonnées du catalogue. Désormais il est possible de chercher des cartes en fonction du texte qu'elles contiennent. Qu'il s'agisse des noms de lieux, de rues, de monuments, de rivières, etc..., les cartes anciennes constituent une source inestimable d'informations historiques et géographiques. La reconnaissance automatique de caractères (OCR) permet d'identifier et d'extraire ces éléments, donnant la possibilité d'étudier et d'analyser l'évolution des paysages, de l'occupation du sol, de l'urbanisme ou des changements géographiques. Une fois le mot saisi et les résultats affichés, il suffit de cliquer sur les étiquettes pour accéder aux cartes correspondantes.
Résultats de recherche avec le mot "Reunion" (507 occurrences) - Source : David Rumsey Collection
Il n'est pour l'instant pas possible de rechercher des mots dans des alphabets non latins, mais l'équipe du site travaille à améliorer les performances de l'outil de machine learning mapKurator afin qu'il soit progressivement utilisable dans toutes les langues. Les recherches ne sont pas sensibles à la casse et ne peuvent pas non plus accepter les expressions. Les recherches multi-mots sont toutefois possibles lorsque les mots adjacents se trouvent à une distance de moins de deux caractères par rapport aux deux points les plus éloignés du polygone de délimitation. On peut par exemple repérer les cartes qui utilisent les deux noms "Réunion" et "Bourbon". L'ordre des mots, les différences de graphie et le fait qu'ils soient indiqués (ou non) entre parenthèses apportent des informations intéressantes (pour savoir par exemple combien de temps le nom de Bourbon a été conservé sur les cartes).
Résultats de recherche avec les mots "Reunion" et "Bourbon" (507 occurrences) - Source : David Rumsey Collection
La qualité des résultats varie en fonction des couleurs du fond, des polices de caractères, de la technique d'impression, de la langue, de l'état de conservation de ces cartes anciennes. La graphie d'un même nom a pu également évoluer. Il peut être intéressant par exemple de chercher comment on écrivait et représentait l'Équateur. On peut utiliser Text-on-Maps aussi pour trouver des points d'intérêt, par exemple une mine d'or, un phare, un moulin, une église, un bureau de poste, etc...
Résultats de recherche avec le mot "Equator" (507 occurrences) - Source : David Rumsey Collection
Les utilisateurs de la collection David Rumsey sont invités à corriger les erreurs éventuelles en proposant une meilleure transcription et/ou à un cadre de délimitation plus précis. Il arrive que certaines cartes portent des noms légendaires ou renvoient à des lieux imaginaires, comme par exemple les fameux Monts de Kong en Afrique... qui n'ont j'amais existé ! On peut chercher des lieux mythiques, par exemple l'Eldorado, l'Atlantide, l'Enfer, le Paradis, etc...
Résultats de recherche avec le mot "Kong" (3 133 occurrences) - source : David Rumsey Collection
Il est possible retrouver des cartogrammes et des graphiques contenus dans des Atlas anciens en saisissant par exemple le terme "data"
Résultats de recherche avec le mot "data" (3 133 occurrences) - source : David Rumsey Collection
Si vous souhaitez affiner les résultats de votre requête avec des filtres basés sur les données du catalogue, vous devez utiliser les fonctionnalités de la recherche avancée. Consultez l'aide détaillée de Text-on-Maps pour obtenir des descriptions complètes sur l'utilisation de cette nouvelle fonctionnalité intéressante.
MapKurator est un outil de machine learning développé par le Knowledge Computing Lab de l'Université du Minnesota pour traiter un grand nombre d'images de cartes historiques numérisées. Les sorties incluent les étiquettes de texte, les polygones de délimitation des étiquettes, les étiquettes après correction post-OCR et un identifiant de géo-entité OpenStreetMap.
The mapKurator System : A Complete Pipeline for Extracting and Linking Text from Historical Maps :
[https:]]Pour accéder à mapKurator sur Github :
[https:]]
Pour compléterGoogle Lens, intégré au moteur Google Image, permet également de reconnaître des noms sur une image ou sur une carte, en important le fichier ou en saisissant simplement son URL. Ce qui permet de récupérer de nombreux toponymes et éventuellement de les traduire en français.
Détection automatique de texte sur des images ou des cartes avec Google Lens
Qu'il s'agisse du moteur interne du site David Rumsey ou du moteur de recherche sur Internet Google Lens, ces outils de reconnaissance de caractères à partir d'images numérisées viennent considérablement enrichir les possibilités de recherche, de sélection et d'analyse en utilisant les nomenclatures que l'on peut trouver sur les cartes. La carte, on l'oublie souvent, c'est du texte aussi bien que de l'image !
« De la reconnaissance de caractères au panoptisme historique en toponymie et cartographie ? Questions et premiers enseignements d’une évolution qui vient » (Géographies linguistiques).
Interview de D. Rumsey
— Sylvain Genevois (@mirbole01) September 18, 2023
"Les cartes dépassent les frontières de l’art et de la technologie. La construction de ma base de données en ligne de 125 000 cartes est devenue une œuvre d’art en soi : un collage d’éléments visuels reliés par des chemins menant à des lieux inattendus" [https:]]Articles connexes
Geonames, une base mondiale pour chercher des noms de lieux géographiques
Les nouvelles perspectives offertes par la cartographie des odonoymes et autres toponymes
Une carte des suffixes les plus fréquents par région des noms de villes françaises
Les monts de Kong en Afrique : une légende cartographique qui a duré près d'un siècle !
La Lémurie : le mythe d'un continent englouti. La cartographie entre science et imaginaire
L'histoire de La Réunion par les cartesL'histoire par les cartes : 18 globes interactifs ajoutés à la collection David Rumsey
Des cadres qui parlent : les cartouches sur les premières cartes modernes
Comment géoréférencer une carte disponible dans Gallica ?
-
13:01
La pollution de l'air est la première menace mondiale pour la santé humaine (rapport de l'EPIC, août 2023)
sur Cartographies numériques
« La majeure partie de la planète respire un air insalubre, ce qui réduit de plus de deux ans l'espérance de vie dans le monde » (rapport de l'EPIC, août 2023)Selon un rapport de l'Institut de politique énergétique de l'université de Chicago (EPIC) sur la qualité de l'air au niveau mondial, la pollution aux particules fines – émises par les véhicules motorisés, l'industrie et les incendies – représente « la plus grande menace externe pour la santé publique » mondiale. Ce rapport, publié le 29 août 2023, montre que les régions du monde les plus exposées à la pollution de l’air sont celles qui reçoivent le moins de moyens pour lutter contre ce risque.
« L'essentiel de son impact sur l'espérance de vie mondiale est concentré dans six pays seulement », précise le rapport : le Bangladesh, l'Inde, le Pakistan, la Chine, le Nigeria et l'Indonésie. La capitale de l’Inde, New Delhi, fait figure de « mégalopole la plus polluée du monde », avec un taux moyen annuel de 126,5 ?g /m³. A l’inverse, la Chine, a « fait de remarquables progrès dans sa lutte contre la pollution atmosphérique » initiés en 2014, souligne Christa Hasenkopf, directrice des programmes sur la qualité de l’air de l’EPIC. La pollution moyenne de l’air dans le pays a ainsi diminué de 42,3 % entre 2013 et 2021, mais reste six fois supérieure au seuil recommandé par l’OMS. Si ces progrès se poursuivent dans le temps, la population chinoise devrait gagner en moyenne 2,2 ans d’espérance de vie. De nombreux pays pollués manquent d'infrastructures de base pour lutter contre la pollution de l'air. L'Asie et l'Afrique en sont les deux exemples les plus poignants. Ils représentent 92,7 % des années de vie perdues à cause de la pollution. Pourtant, seuls 6,8 % et 3,7 % des gouvernements d'Asie et d'Afrique, respectivement, fournissent à leurs citoyens des données totalement ouvertes sur la qualité de l'air.
Évolution de la pollution aux particules fines PM 2,5 par région entre 1998 et 2021 (source : rapport de l'EPIC, août 2023)
À côté, l'Europe fait presque figure de bonne élève. « Les habitants sont exposés à environ 23,5 % de pollution en moins qu'en 1998 ». Malgré cette amélioration notable, ce n'est pas suffisant : la presque totalité du continent « ne respecte toujours pas les nouvelles lignes directrices de l'OMS ». De plus, « la pollution est nocive pour la santé humaine, même aux faibles niveaux qui existent aujourd'hui dans la majeure partie des États-Unis et de l'Europe », précise le rapport. Selon les chercheurs américains, l'espérance de vie moyenne dans le monde augmenterait de 2,3 ans si les normes de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) - une exposition annuelle inférieure à 5 µg/m3 de PM 2,5 - étaient respectées. Ainsi, l'impact de la pollution aux particules fines sur l'espérance de vie est supérieur au tabac. En comparaison, l'alcool fait trois fois moins de dégâts, les accidents de voiture cinq fois, et le VIH/Sida sept fois.
Outre les rapports publiés sur l'indice d'espérance de vie lié à la qualité de l'air (AQLI) à l'échelle mondiale, le site de l'EPIC propose des cartes et des graphiques interactifs. L'un d'eux porte sur le gain potentiel en espérance de vie si l'on respirait de l'air pur. La carte interactive est assortie d'une chronologie qui permet de mesurer les évolutions dans le temps.
Combien de temps en plus pourriez-vous vivre si vous respiriez de l'air pur ? (voir la carte interactive sur le site de l'EPIC)Pour en savoir plus sur la méthodologie utilisée pour mesurer l'Indice d'espérance de vie lié à la qualité de l'air (AQLI), voir : [aqli.epic.uchicago.edu]
Lien ajouté le 20 septembre 2023
Carte interactive pour conduire des comparaisons de la pollution de l'air par région [https:]] pic.twitter.com/yuRIwCPlLv
— Sylvain Genevois (@mirbole01) September 20, 2023Articles connexes
Pollution de l'air et zones urbaines dans le monde
Quels sont les États qui ont le plus contribué au réchauffement climatique dans l’histoire ?
Les plus gros émetteurs directs de CO2 en FranceQuand la carte du dioxyde d'azote (NO2) crée comme une ombre fantomatique de l'humanité
Qualité de l'air et centrales thermiques au charbon en Europe : quelle transition énergétique vraiment possible ?L'empreinte carbone des villes dans le monde selon le modèle GGMCF
Le tourisme international et son impact sur les émissions de CO?
Des cartes pour alerter sur la pollution de l'air autour des écoles à Paris et à Marseille
-
17:33
Photogrammar, une collection de photographies prises aux États-Unis entre 1935 et 1943
sur Cartographies numériquesPhotogrammar fournit une plate-forme de visualisation pour explorer les 170 000 photographies prises entre 1935 et 1943 par les agences Farm Security Administration (FSA) et l’Office of War Information (OWI) du gouvernement fédéral américain. Le projet est maintenu par le Digital Scholarship Lab et le Distant Viewing Lab de l'Université de Richmond.
On y trouve des scènes de la vie quotidienne pendant la Grande Dépression et la Seconde Guerre mondiale. Même si le soutien aux politiques du New Deal était un objectif explicite, les objectifs du projet dépassaient l’opportunisme bureaucratique. Stimulés par l'intérêt des sciences sociales contemporaines pour la compréhension de la vie quotidienne des gens ainsi que par leur intérêt pour l'élaboration des archives historiques de l'époque, Stryker et les photographes de l'unité ont élargi le projet pour en faire un projet de documentation de l'Amérique.
Interface de navigation de la plateforme Photogrammar
L'interface du site permet différents parcours de découverte en utilisant la carte ou la chronologie, ou encore en effectuant des recherches par thèmes, par photographes, par Etats ou par villes.
Accès par thèmes aux photographies de Photogrammar
On y trouve notamment le travail de Dorothea Lange, dont les photographies poignantes des sans-abris a attiré l'attention de la Resettlement Administration devenue plus tard la Farm Security Administration, qui la recrute comme photographe officielle en 1935. Mais les photos de Walker Evans, l'une des plus grandes figures humanistes de la photographie du XXe siècle.Articles connexes
Plus de 400 000 photographies aériennes mises en ligne par les archives historiques de l'Angleterre
L'histoire par les cartes : les photographies de la Commission du Vieux Paris
Pour aider à géolocaliser des photographies, Bellingcat propose un outil de recherche simplifié à partir d'OpenStreetMap
Des images aériennes déclassifiées prises par des avions-espions U2 dans les années 1950 ouvrent une nouvelle fenêtre pour l'étude du Proche-Orient
Annoter et partager des images et des cartes numériques en haute résolution en utilisant des outils IIIF
Manga Map, une application qui transforme vos vues aériennes en images de type bande dessinée
-
12:45
Publication d'un Atlas complet en open data sur Budapest
sur Cartographies numériques
L'équipe de journalisme visuel et de données Alto.Team, basée à Budapest, commémore le 150e anniversaire de l'unification de Buda, Pest et Óbuda avec une série de 50 cartes alternatives produites à partir de données open source. Les cartes couvrent le passé et le présent récents de Budapest, depuis ses caractéristiques physiques jusqu'aux activités humaines et aux réalités sociales de la capitale hongroise. L'objectif est de fournir une perspective différente de la vision traditionnelle. En cliquant sur les images, les cartes individuelles peuvent être visualisées en grande résolution. Les données sont téléchargeables gratuitement au format geojson, afin que chacun puisse en créer sa propre version.Atlas de Budapest avec 50 cartes a télécharger en open data (source : Alto.Team)
Sommaire (cliquez pour accéder au chapitre) :1. Budapest vue à vol d'oiseau2. Climat et météo3. Géographie et hydrographie4. Faits sociaux5. Traces d'activités humaines6. Méthodologie et notesAnnexe I. – CouchesAnnexe II. – Méthodes de représentationAnnexe III. - Comparaison
Les données et cartes peuvent être librement utilisées et modifiées à des fins pédagogiques, informatives et scientifiques avec référence à la source. Leur utilisation commerciale et lucrative n'est pas autorisée. Référence à citer : Attila Bátorfy, Budapest Open Data Atlasza, Budapest, 2023. URL : [https:]]
Les limites administratives de Budapest sont disponibles en open data sur le site d'OpenStreetMap qui fournit en outre des données sur le réseau routier, les chemins de fer, les bâtiments et l'utilisation du sol à l'échelle de la Hongrie.
Articles connexes
L'histoire par les cartes : comment le continent européen s'est pensé et construit du 16e au 20e siècle (BnF - Gallica)
La carte, objet éminemment politique. La vision réciproque de la Russie et de l'Europe à travers la guerre en Ukraine
Cartes et données sur l'enseignement et la formation en Europe (source Eurostat)
Le vieillissement de la population européenne et ses conséquences
Rubrique fonds de cartes SIG
-
7:52
Mapping China's Strategic Space : un site d'analyse géopolitique à base de cartes
sur Cartographies numériques
« Cartographie de l'espace stratégique de la Chine. Explorer comment Pékin envisage sa place dans un environnement géopolitique en évolution ».
Le projet Mapping China's Strategic Space s'appuie sur les travaux menés par le National Bureau of Asian Research visant à appréhender les tentatives des élites intellectuelles et politiques chinoises pour définir une vision de leur pays comme grande puissance sur la scène internationale. L'objectif du projet est de mieux comprendre ce qui constitue l'espace imaginé au-delà des frontières nationales de la Chine, que ses dirigeants considèrent comme vital pour poursuivre ses objectifs politiques, économiques et sécuritaires nationaux, et réaliser son ascension.Page d'accueil du site Mapping China's Strategic Space
Lancé en août 2023, le site s'organise autour de quatre rubriques principales :- Apprendre de l'histoire : cette section présente une collection d’études de cas historiques, utilisées à des fins comparatives, qui examinent comment les grandes puissances émergentes, dont la Chine, ont défini dans le passé leur espace stratégique et les facteurs qui les ont amenées à envisager de l’élargir au-delà des strictes délimitations de l'espace stratégique de leur territoire national.
- Géopolitique : un ensemble de contributions explore les fondements géopolitiques, les représentations spatiales et les nouvelles frontières de l'espace stratégique chinois.
- Multimédia : ressources vidéos et audios, témoignages et interviews d'experts et d'analystes
- Experts : présentation du groupe d'experts participant au projet Mapping China's Strategic Space
Parmi les articles déjà mis en ligne :- Comment les puissances terrestres et maritimes voient la carte par Jakub Grygiel
- La culture politique de l’impérialisme dans le Reich allemand par Woodruff D. Smith
- Cartes mentales, imagerie territoriale et stratégie : penser l'empire japonais par Alexis Dudden
Vidéos et podcasts à découvrir :- Le Myanmar et la frontière fluide de la Chine par Kelley Currie
- Conceptions de l’espace stratégique dans la Chine républicaine par Bill Hayton
La carte, objet éminemment politique : la Chine au coeur de la "guerre des cartes"
La carte, objet éminemment politique. Les tensions géopolitiques entre Taïwan et la Chine
Comment la Chine finance des méga-projets dans le monde
Utiliser les cartes du CSIS pour étudier les grandes questions géopolitiques du monde contemporain
Les investissements de la Chine dans les secteurs de l'Intelligence artificielle et de la surveillance
Tentative de "caviardage cartographique" à l'avantage de la Chine dans OpenStreetMap
Trois anciennes cartes de la Chine au XVIIIe siècle numérisées par l'Université de Leiden
Etudier les densités en Chine en variant les modes de représentation cartographique
-
16:00
Cartographier les particularismes régionaux de la langue française
sur Cartographies numériques1) L'Atlas sonore des langues régionales de France, une référence incontournable
Il existe une trentaine de langues régionales en France métropolitaine et dans les Outre-mer, sans compter les nombreux patois. Des chercheurs au CNRS les ont fidèlement répertoriées sur une carte interactive que l'on peut découvrir sur le site de l'Atlas sonore des langues régionales de France. Une fable d'Esope a été enregistrée dans 307 patois différents, révélant la grande richesse linguistique de la France. On peut aussi découvrir, dans le voisinage de la France, les langues et dialectes d'Italie, de Belgique, de Suisse, de la Péninsule ibérique et de l'Allemagne.
Souce : Atlas sonore des langues régionales de France
Pour compléter : Carte linguistique de la France au XXe siècle (Archives nationales), établie à partir du plan de classement de la Bibliographie des dictionnaires de patois galloromans publiée en 1969 par le linguiste Walther von Wartburg qui, dans son introduction, détaille le contour des aires selon lesquelles sont répartis les dictionnaires et glossaires dialectaux recensés.2) Les régionalismes cartographiés par Mathieu Avanzi
Le linguiste Mathieu Avanzi (@MathieuAvanzi) s'intéresse depuis plusieurs années aux régionalismes, ces mots qui désignent un même objet mais varient en fonction des régions. L'auteur étudie ces variations du langage en réalisant des cartes qu’il partage sur les réseaux sociaux. Il a créé, en octobre 2021, une application intitulée Français de nos régions . « Gratuite puis disponible sur l’Apple Store et Google Play, elle permet de s’exercer de manière ludique et interactive sur les expressions régionales, et de répondre aux enquêtes qui viendront nourrir de futures cartes. La géolinguistique devient ainsi une vraie science participative »
Après avoir été maître de conférences à Sorbonne Université (Paris IV) au sein de la chaire Francophonie et variété des français, Mathieu Avanzi a été nommé professeur ordinaire à l'université de Neuchâtel, où il dirige le Centre de dialectologie et d'étude du français régional. Ses travaux portent sur la géographie linguistique du français, sujet auquel il a consacré plusieurs articles et ouvrages.
Pour en savoir plus : Mathieu Avanzi, le chercheur qui décortique les mots du quotidien et les expressions de nos régions (Interview pour Ouest-France).
Pochon, poche, cornet… Comment appelle-t-on un « sac » dans votre région ? Répone ici [https:]] pic.twitter.com/9XtZ0gmqTm
— Mathieu Avanzi (@MathieuAvanzi) August 15, 2023Parmi les nombreux exemples de régionalismes qu'il a étudiés à travers des enquêtes, en voici quelques-uns célèbres (et d'autres moins connus) qui concernent la France, mais aussi la Belgique, la Suisse ou le Canada :
- Pain au chocolat vs chocolatine… Fight ! (voir son interview pour Brut fr)
- Pochon, poche, cornet… Comment appelle-t-on un « sac » dans votre région ? (voir son interview pour Brut fr)
- Faire l'école buissonnière, sécher ou faire péter les cours
- Les pâtisseries du mardi-gras : bugnes, merveilles, oreillettes, etc.
- Avoir un pantalon trop court, aller à la pêche aux moules, aller aux fraises...
- Les dénominations sur l'extrêmité du pain : cul, croûton, quignon...
- Dénomination de la fête patronale : fête, vogue, pardon...
- Petit billet utilisé pour tricher à l'école : pompe, carotte, antisèche...
- Etendoir, séchoir ou tancarville ?
- Serpillère, patte ou panosse ?
- Variations sur le pot d'eau : pot, cruche ou carafe ?
- Escargot, cagouille ou lima ?
- Le y dit neutre, un régionalisme de la grande région lyonnaise
- Remarques sur la prononciation du mot ‘foot’ en Suisse romande
- Taisez ce -p- que je ne saurais entendre, part. 1: ‘septembre’
- D’où viennent les gens qui disent cent-Z-euros ?
- Tu veux d'autres pâtes ?
Voir l'index des articles publiés sur le blog francaisdenosregions.com depuis sa création.
Articles connexes
Délimiter le Nord et le Sud en France : une affaire de représentations ?
Étudier la répartition géographique des noms de famille en France et en Europe
Répartition géographique et sociologie des prénoms en France
Geonames, une base mondiale pour chercher des noms de lieux géographiques
Les nouvelles perspectives offertes par la cartographie des odonoymes et autres toponymes
Cartographie des noms qui servent à désigner les couleurs en Europe (Mapologies)
Pourquoi il n'y a que deux mots pour dire "thé" dans le monde
-
19:14
L'histoire par les cartes : le mouvement des enclosures en Grande Bretagne aux XVIIIe et XIXe siècles
sur Cartographies numériquesL'enclosure désigne un processus juridique visant à clôturer les champs ouverts et les terres communes ou en restreindre l'utilisation à un seul propriétaire. Le mouvement remonte à la fin du Moyen Age, mais s'accèlère à partir du XVIIe siècle. Selon Géoconfluences, « l’enclosure est un mouvement cumulatif : chaque nouvel enclos tend à faire reculer les droits d'usage au profit du droit de propriété, et incite finalement à enclore de nouvelles parcelles ; à terme, la réduction des surfaces exploitables pour les paysans a nourri un premier exode rural et un transfert de main d’œuvre précoce de l’agriculture vers la manufacture. Le mouvement des enclosures est en ce sens l'une des racines de la première révolution agraire et industrielle ». Karl Marx considère que ce bouleversement économique et juridique est un point de départ du capitalisme. Pour Marc Bloch c'est « le mouvement révolutionnaire des enclosures qui a établi une séparation majeure entre l'Angleterre rurale passée et présente ».
Enclosure des terres communes de la paroisse de Snaith dans le nord du Yorkshire en 1751
(source : Howdenshire history). A comparer à cette carte de 1821.Les lois d'enclosure de 1801, 1836 et 1845 rendirent le processus plus facile, beaucoup d'enclosures datant de cette période. Ce "mouvement des enclosures parlementaires" (Inclosure Acts) concerne une grande partie de l'Angleterre.
Carte des communs enclos par actes du Parlement anglais
(source : The English Peasantry and the Enclosure of Common Fields par Gilbert Slater, 1907)Ces divisions parcellaires nécessitaient d'importantes opérations d'arpentage sur le terrain. Ce qui explique que l'échelle de ces plans d'enclosure soit souvent la chaîne d'arpentage elle-même, devenue unité de mesure officielle en Angleterre. Inventée au XVIIe siècle, la chaine de Gunter du nom d'un mathématicien britannique, mesurait 66 pieds soit environ 20 mètres.
La chaîne d'arpentage de Gunter (source : Wikipedia)
Certains plans fonciers reportent dans leur échelle l'unité de mesure en nombre de chaînes avec leur équivalence en pouces sur la carte : "6 Chains in 1 Inch" ou "3 Chains in 1 Inch". Voir par exemple cette barre d'échelle très décorative sur un plan d'enclosure de 1813 :
Plan d'une succession de William Chaytor par G Thornton, 1813
(source : Archives du comté du Nord Yorkshire)Les actes d'enclosure contiennent généralement le nom du propriétaire, l'étendue des parcelles et la nature du régime foncier (en pleine propriété, en fermage, etc...). Les plans et actes d'enclosure sont utiles pour suivre l'évolution de la propriété foncière, l'organisation du parcellaire, l'histoire rurale, etc. Les parcelles encloses (indiquées en général en vert) marquent la division des zones de communs.
Plan du canton de Wombleton et Harome Common par John Tuke, 1816
(source : Enclos et paysage : une étude de cas à Harome par Gail Falkingham)Le mouvement historique des enclosures concerne aussi le Pays de Galles. Le projet pilote Deep Mapping Estate Archives s'est concentré sur une petite zone du nord-est du Pays de Galles pour laquelle les cartes ont été vectorisées et superposées de manière à montrer la progression du mouvement des enclosures entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle.
Évolution des enclosures au Pays de Galles (source : Historic Enclosure Mapping - 1800-1830)
L'étude du mouvement des enclosures connaît aujourd'hui un regain d'intérêt, notamment par rapport à la question de la défense des Communs numériques face aux géants privés d'Internet. Ce « second mouvement des enclosures » à l'ère du numérique constituerait un emprunt trompeur selon Allan Greer qui montre, dans un article publié sur la Vie des idées, les points communs et les différences par rapport aux luttes agraires des siècles passés.
Pour aller plus loin
« Mouvement des enclosures ». Article de Wikipédia en version française.
« Enclosure ». Article de Wikipédia en version anglaise.
Les terres en jouissance collective en Angleterre 1700-1850 par Jeanette M. Neeson. In Demélas & Vivier, Les propriétés collectives face aux attaques libérales (1750-1914).
Les communautés villageoises dans l'évolution rurale britannique à la fin du XVIIIe siècle par Kate Tiller. Annales Historiques de la Révolution française - 1999
Guide des actes et des cartes d'enclosure au Royaume Uni (The National Archives).
Common Right and Private Interest. Rutland’s Common Fields and their Enclosure par Ian E Ryder (ouvrage à télécharger)
Cartes du village de Helpston montrant l'évolution du parcellaire avant et après enclosure (John Steane, The Northamptonshire Landscape, 1974).
Carte d'enclosure de Pirton (1818) avec base de données des parcelles.
« Des barbelés sur la prairie Internet : contre les nouvelles enclosures, les communs numériques comme leviers de souveraineté » (France Diplomatie).
« Confusion sur les Communs » par Allan Greer (La Vie des Idées).
Articles connexes
La grille de Jefferson ou comment arpenter le territoire américain
L'histoire par les cartes : la mappe sarde du XVIIIe siècle
Etudier les formes urbaines à partir de plans cadastraux
La parcelle dans tous ses états (ouvrage en open access)
Mise à disposition de la base Demandes de valeurs foncières (DVF) en open data
Fichiers des locaux et parcelles des personnes morales en open data (données MAJIC)
OneSoil, la carte interactive des parcelles et des cultures en Europe et aux Etats-Unis
EuroCrops, un ensemble de données harmonisées et en open data sur les parcelles cultivées au sein de l'UE
-
16:54
Impact du changement climatique sur le niveau des nappes d'eau souterraines en 2100
sur Cartographies numériques
Source : Impact du changement climatique sur le niveau des nappes d'eau souterraines en 2100 (CNRS, 13 juillet 2023).
Seules 30 % des réserves d’eau douce de la planète sont accessibles, les 70 % restant sont sous forme de glace dans les glaciers. Cette eau douce exploitable est principalement constituée d’eaux souterraines contenues dans les aquifères (29 %), loin devant les eaux de surfaces (1 %) formant les rivières, les lacs, ou les zones humides. Comprendre l’impact du changement climatique à venir sur les eaux souterraines est donc essentiel pour améliorer les plans d'adaptation de la gestion de la ressource en eau à l’échelle mondiale.Dans une nouvelle étude réalisée dans un laboratoire rattaché au CNRS-INSU, une équipe de scientifiques a analysé, selon l'évolution climatique à l’horizon 2100, l’évolution du niveau des nappes souterraines dans les 218 principaux bassins aquifères non-confinés du monde, en suivant les derniers scénarios de changement climatique utilisés par le GIEC. Cette étude a été réalisée avec les deux modèles de climat du CNRM (CNRM-CM6-1 et CNRM-ESM2-1), capables de représenter les rétroactions entre le climat, le changement d’utilisation des terres et les processus liés aux eaux souterraines, mais pas les prélèvements anthropiques. Selon le scénario considéré, ces modèles simulent une hausse du niveau des nappes d’eau souterraines à la fin du 21ème siècle sur 33 % à 42 % des régions couvertes par les principaux bassins aquifères du monde, et une baisse du niveau de ces nappes sur 26 % à 37 % de ces régions. Ces estimations sont ensuite croisées avec des projections de densité de population afin de tenir compte des possibles effets liés aux prélèvements d’eau par les activités humaines.
L’équipe estime alors que 31 % à 43 % de la population mondiale en 2100 pourrait être affectée par ces modifications du niveau des nappes. La majorité (29 % à 40 % de la population mondiale), serait alors plus fréquemment confrontée à des problèmes de pénurie d'eau, liés à l’évolution du climat et/ou de la consommation d’eau par les activités humaines, alors que seulement 1,7 % à 2,2 % de la population mondiale verrait sa ressource en eau augmenter, entrainant un risque accru d’inondations.
Changements simulés de la profondeur des nappes d’eau souterraines (en %) entre la période historique (1985-2014) et la fin du 21ème siècle (2071-2100) - Source : Costantini & al., 2023
Légende
Changements simulés de la profondeur des nappes d’eau souterraines (en %) entre la période historique (1985-2014) et la fin du 21ème siècle (2071-2100) dans le scénario SSP370 mis en place pour le 6e rapport du GIEC. Les régions bleues et rouges correspondent à une hausse ou une baisse du niveau des nappes, respectivement. Les régions blanches correspondent aux zones où les changements simulés ne sont pas statistiquement significatifs à un niveau de confiance de 95 %. Ces estimations ne prennent en compte que les facteurs climatiques, l’impact des prélèvements anthropiques sont discutés dans l’étude.
Pour en savoir plus
Costantini, M., Colin, J., & Decharme, B. (2023). Projected climate-driven changes of water table depth in the world's major groundwater basins. Earth's Future, 11, e2022EF003068.
L'évaporation des lacs dans le monde : une tendance à la hausse
Articles connexes
Rapport mondial des Nations Unies 2019 sur la mise en valeur des ressources en eau
Etudier les risques de pénurie d'eau dans le monde avec l'Atlas Aqueduct du WRI
Rapport 2021 du Giec : le changement climatique actuel est « sans précédent »
La France est-elle préparée aux dérèglements climatiques à l'horizon 2050 ?
Aborder la question de l'inégalité des pays face au changement climatique
Les barrages vieillissants constituent une menace croissante dans le monde (rapport de l'ONU)
Conflits liés à l'eau : les prévisions du site Water, Peace and Security
Un jeu de données SIG sur les fleuves qui servent de frontières dans le monde
-
16:56
Ces pays qui bloquent les réseaux sociaux (Statista)
sur Cartographies numériques
En réponse aux violences urbaines qui ont enflammé les banlieues françaises fin juin 2023, le président Emmanuel Macron a évoqué de potentielles mesures visant à bloquer l'accès aux réseaux sociaux en cas d'épisode de crise dans le pays. Ce genre de mesures, si elles venaient à être mises en place, constitueraient une première au sein des démocraties occidentales.
Source : « Ces pays qui bloquent les réseaux sociaux » par Tristan Gaudiaut (Statista, 10 juillet 2023).Depuis 2015, 62 pays ont bloqué l'accès à des réseaux sociaux ou des applications de messagerie selon une étude de Surfshark. Ces restrictions sont principalement le fait de gouvernements non démocratiques. Si l'on comptabilise les coupures et autres restrictions d'accès à Internet, ce chiffre grimpe à 77. C'est ce qui ressort d'une étude couvrant 196 pays réalisée par la société Surfshark, spécialisée dans la protection de la vie privée et la sécurité des données en ligne.
Ces restrictions sont principalement le fait de gouvernements non démocratiques. Comme le montre notre carte, la grande majorité des pays ayant bloqué l'accès à des réseaux sociaux ou messageries ces dernières années sont situés en Afrique et en Asie. Dans la plupart des cas, les restrictions sont temporaires et visent à limiter ou contrôler les flux d'informations lors de troubles et d'événements politiques (élections, manifestations, guerres, conflits, coups d'État, etc.). Parmi les cas les plus récents, on peut citer le Sénégal, où des coupures de plusieurs plateformes, dont Facebook, Twitter, Instagram, WhatsApp et Telegram, ont été rapportées le mois dernier lors des protestations contre la condamnation du leader de l'opposition Ousmane Sonko. L'accès à depuis été rétabli.
Selon Surfshark, des restrictions sont toujours en vigueur dans une vingtaine de pays (au 4 juillet 2023). En Chine, en Russie, en Corée du Nord, en Iran, au Myanmar et au Turkménistan, ce sont principalement les réseaux sociaux étrangers qui ont été bannis par les autorités, comme Twitter, Facebook et Instagram. Il convient de noter que la Chine a en parallèle développé son propre écosystème national d'applications, avec par exemple WeChat, Weibo et QQ. Quant aux pays de la péninsule Arabique - Émirats arabes unis, Qatar, Oman, Yemen - ils restreignent l'utilisation de WhatsApp, Telegram et plus généralement des appels passés via Internet (voix sur IP).
Source : « Ces pays qui bloquent les réseaux sociaux » (Statista, Licence Creative Commons CC BY-ND 3.0)
Pour compléter
La France pourrait-elle couper les réseaux sociaux ? Comprendre en trois minutes (Le Monde).
Violences après la mort de Nahel : pourquoi interdire les réseaux sociaux est une mauvaise idée (France 3)
Répression d'internet : la carte des coupures politiques (France Culture)
La cartographie d’une semaine d’émeutes en France (Le Monde - Les décodeurs)
La crise contre le mouvement : comprendre les émeutes en France (Le Grand Continent)
Les émeutes françaises montrent à quel point les inégalités sont enracinées (Financial Times)
Articles connexes
Mesurer la liberté de la presse dans le monde en 2022. Reporters Sans Frontières modifie sa méthodologie
La liberté de la presse dans le monde selon Reporters sans frontières
Cartographie des journalistes tués ou emprisonnés dans le monde
Carte de l'indice de perception de la corruption (Transparency International)
L'indice de perception de la démocratie selon Dalia Research
Géographies de l'exclusion numérique par Mark Graham et Martin Dittus
Quand Facebook révèle nos liens de proximité
Cartographie du réseau social Mastodon
-
10:30
Créer ses propres palettes de couleurs avec Dicopal
sur Cartographies numériques
Dicopal est une bibliothèque JavaScript qui fournit des centaines de palettes de couleurs. Elle est basée sur Colorbrewer2, CARTOColors, cmocean, Matplotlib, MyCarta, Tableau et bien d'autres palettes. Nicolas Lambert a intégré Dicopal dans Observable et montre comment l'utiliser pour l'appliquer à des cartes. Même sans passer par Observable, il est possible de récupérer les codes couleurs de ces palettes et de les utiliser dans d'autres applications cartographiques.I) Découvrir Dicopal.js
Dicopal (Discrete color palettes) est une bibliothèque javascript qui intègre de nombreuses palettes de couleurs :
- Colorbrewer2
- Fabio Crameri's Scientific Colour Maps
- CARTOColors
- cmocean
- Light & Bartlein
- Matplotlib
- MyCarta
- Tableau
- The Wes Anderson Palettes blog
- Masataka Okabe and Kei Ito's Color Universal Design (CUD) palette
2) Combiner Dicopal.js et Bertin.js
Nicolas Lambert montre sur la plateforme Observable comment combiner les bibliothèques javascript Dicopal.js et Bertin.js. L'application interactive est très pratique : elle permet de jouer à la fois sur le choix de palette et le nombre de couleurs. Le rendu s'affiche directement sur la carte :
Outre la discrétisation, Dicopal peut être utilisé également pour créer des typologies avec des couleurs contrastées :
3) Récupérer les codes couleurs de DicopalNicolas Lambert donne la possibilité de copier directement les codes html des palettes que l'on a choisies.
Articles connexes
Utiliser l'application Observable pour créer ses propres visualisations de données
Reproduire des cartes et des graphiques à la manière de Jacques Bertin
Pas de stocks en aplat ni de taux en symboles proportionnels !
Quand les couleurs révèlent le contenu et la matérialité des cartes
Quand la couleur rencontre la carte (catalogue d'exposition à télécharger)
Cartographie des noms qui servent à désigner les couleurs en Europe (Mapologies)Donnez-moi la couleur de votre passeport, je vous dirai où vous avez le droit d'aller (Neocarto)
Les nouvelles façons de « faire mentir les cartes » à l’ère numérique
La cartographie du monde musulman et ses nombreux "map fails"
-
7:27
Bureaux de vote et adresses de leurs électeurs en France (INSEE)
sur Cartographies numériques
L’Insee rend public un extrait du Répertoire électoral unique (REU) de l’ensemble du territoire français, daté de septembre 2022. Ces données permettent de mettre en correspondance les bureaux de vote et les adresses des électeurs, ce qui est très utile pour conduire des analyses électorales à l'échelle infra-communale. Cette ouverture des données était attendue depuis longtemps et avait buté jusque-là sur des fins de non recevoir. Elle vient de trouver en partie une issue grâce à la publication des données par l'Insee, à qui a été confiée la gestion du REU. En extraire les contours des bureaux de vote demande cependant quelques compétences techniques, en attendant une publication complète des informations avec les données géométriques qui devrait faciliter leur réutilisation en open data.
« A voté » : à chaque bureau de vote ses électeurs (source : Lequien & Pramil, Blog de l'Insee)1) Description du Répertoire électoral unique (REU)
Les fichiers de correspondance entre les bureaux de vote et les adresses des électeurs qui en dépendent permettent la construction des aires de bureaux de vote. Celles-ci facilitent la comparaison des données électorales avec les caractéristiques socio-démographiques des électeurs rattachés à ces aires. Ces fichiers sont élaborés à partir du Répertoire électoral unique (REU), institué par la loi n°2016-1048 du 1er août 2016 rénovant les modalités d’inscription sur les listes électorales, et qui a été mis en œuvre à partir du 1er janvier 2019.
Géré par l’Insee, le REU a pour finalité la gestion du processus électoral et la fiabilisation des listes électorales. Il permet la mise à jour en continu des listes électorales à l’initiative, soit des communes (et des consulats) qui procèdent aux inscriptions et radiations des électeurs, soit de l’Insee sur la base des informations transmises par différentes administrations (armées, justice, intérieur) et des données d’état-civil.
Le REU contient, entre autres, l’adresse des électeurs inscrits sur les listes électorales et leur bureau de vote, ce qui permet de les mettre en correspondance. À la suite de l’avis favorable rendu par la Commission d’accès aux documents administratifs sur la publication des adresses, et en concertation avec le ministère de l’Intérieur, l’Insee a développé une méthode permettant de publier cette correspondance adresses-bureaux de vote en données ouvertes (au format csv), tout en ne divulguant aucune information sur les noms et prénoms des personnes. Le projet a bénéficié de la collaboration de la DINUM (Etalab), l’organisme public qui coordonne la politique d’ouverture et de partage des données publiques.
2) Fichiers mis à disposition en open dataLes données brutes utilisées par l’Insee correspondent à une extraction des adresses du Répertoire Électoral Unique réalisée en septembre 2022. Le travail effectué sur cette extraction permet la diffusion de 2 fichiers, proposés aux formats csv et parquet :
- La table des adresses normalisées et géolocalisées du REU
- La table des bureaux de vote du REU
Trois fichiers de documentation sont disponibles en accompagnement des données :
- Le dictionnaire des variables de la table des adresses
- Le dictionnaire des variables de la table des bureaux de vote
- Un document méthodologique détaillant le travail effectué sur les données du REU
Ces fichiers de données et métadonnées sont à télécharger sur le site Data.gouv.fr. Le code associé aux traitements effectués est disponible sur Github.
Les grandes villes mettent souvent directement à disposition les découpages de bureaux de vote ainsi que leur évolution. C'est le cas de Paris, Lyon, Marseille, Lille, Bordeaux, Toulouse. Voir sur le site Data.gouv.fr pour une recherche plus avancée par communes.
3) Réutilisation des donnéesUn article du blog de l’Insee présente un exemple de réutilisation de ces données.
En résumé, il s'agit de poser les adresses sur une carte, puis de dessiner une limite autour de chaque groupe d’adresses appartenant au même bureau de vote.
Méthode proposée par Denis Vannier pour tracer les contours des bureaux de vote (source : Github)
Les fichiers geojson créés en sortie (un par département) nécessitent malgré tout une intervention au cas par cas dans un logiciel comme Qgis. Car le résultat est souvent chaotique lorsqu'on zoome sur les limites de bureaux de vote. Le découpage proposé par Etalab, impose d’ailleurs les mêmes corrections a posteriori. Cette limite s’explique principalement par les conditions de production des listes électorales dans chacune des 35 000 communes, et dans une moindre mesure par les erreurs de géolocalisation des adresses. Parfois, des électeurs sont rattachés à un autre bureau de vote que celui correspondant à leur domicile. Il arrive que des communes conservent des bureaux de vote répartis sur une base alphabétique malgré la réforme de 2016 (c’était encore le cas de Fonsorbes, en Haute-Garonne, à la veille de la présidentielle). Ces cas sont marginaux, mais suffisants pour mettre la pagaille dans un programme.
Etalab devrait prochainement publier un découpage en open data des bureaux vote à partir des données du REU. Affaire à suivre...
4) Exemples d'analyse électorale à l'échelle des bureaux de vote
Cartelec. Cartographie des grandes villes françaises à l’échelle des bureaux de vote. [cartelec.univ-rouen.fr]
Beauguitte, L. et Colange, C. 2013. Analyser les comportements électoraux à l’échelle du bureau de vote, mémoire scientifique de l’ANR CARTELEC.
Beauguitte, L. et Lambert, N. 2014. « L’HyperAtlas électoral parisien (2007?2012). Un outil pour l’analyse des dynamiques électorales intra-urbaines », Mappemonde, n° 114.
Éric Agrikoliansky, « Paris, 23 avril 2017 : un renouveau des clivages socio-politiques ? », Métropolitiques, 5 mai 2017.
Jean Rivière, 2023 : « La présidentielle 2022 au microscope. Continuités et ruptures avec le paysage électoral antérieur dans la Métropole », in F. Madoré, J. Rivière, C. Batardy, S. Charrier, S. Loret, Atlas Social de la métropole nantaise,Articles connexes
L'évolution du vote des Français sur la 1999-2019 sur le site du Politoscope
Dis-moi où tu vis, je te dirai ce que tu votes ? (Géographie à la carte, France Culture)
Analyser les cartes et les données des élections présidentielles d'avril 2022 en France
Analyser les cartes et les données des élections législatives de juin 2022 en France
S'initier à la cartographie électorale à travers l'exemple des élections présidentielles de novembre 2020 aux Etats-UnisCartographie électorale, gerrymandering et fake-news aux Etats-Unis
-
14:23
Des cadres qui parlent : les cartouches sur les premières cartes modernes
sur Cartographies numériques
Source : Chet Van Duzer (2023). Frames that Speak. Cartouches on Early Modern Maps. Mapping the past, vol. 2 (ouvrage en accès libre)Cet livre richement illustré est la première exploration systématique des cartouches cartographiques, ces cadres décorés qui entourent le titre, ou d'autres textes ou images, sur des cartes historiques. L'ouvrage aborde l'histoire de leur développement, les sources utilisées par les cartographes pour les créer et les messages politiques, économiques, historiques et philosophiques que véhiculent leurs symboles. Les cartouches constituent les parties les plus attrayantes des cartes. Le cartographe utilise ces espaces de décoration pour montrer leurs intérêts. Les cartouches sont donc essentiels à l'interprétation des cartes. Le livre traite en détail de trente-trois cartouches, qui vont de 1569 à 1821, et ont été choisis pour la richesse de leur imagerie.
Chet Van Duzer est chercheur en résidence à la bibliothèque John Carter Brown et membre du conseil d'administration du projet Lazarus à l'Université de Rochester, qui fournit de l'imagerie multispectrale aux institutions culturelles du monde entier. Il a publié de nombreux ouvrages sur les cartes du Moyen Age et de la Renaissance. En 2018, il a publié un ouvrage chez Springer Henricus Martellus's World Map at Yale (c. 1491): Multispectral Imaging, Sources, and Influence. Il est l'auteur aussi d'un ouvrage sur la carte de Waldseemüller, Martin Waldseemüller's Carta marina of 1516 (disponible en accès libre). Il a récemment terminé une bourse de recherche David Rumsey à Stanford et à la bibliothèque John Carter Brown pour étudier la carte du monde manuscrite d'Urbano Monte de 1587.
Plan de l'ouvrage avec les cartes de référence
- Introduction
- Chapitre 1. Remplir le vide avec un espoir de paix
Gérard Mercator, Nova et aucta orbis terrae descriptio ad usum navigantium, 1569 - Chapitre 2. Le regard du monstre marin
Carte de la Sardaigne d' Ignazio Danti dans la Galleria delle carte geografiche, 1580–82 - Chapitre 3. Une médecine exotique issue des tombeaux d'Égypte
Daniel Cellarius, Asiae nova description, vers 1590 - Chapitre 4. Nouvelles personnifications des continents.
Jodocus Hondius, Nova et exacta totius orbis terrarum descriptio, 1608 - Chapitre 5. Cosmographes dans l'océan Austral.
Pieter van den Keere, Nova totius orbis mappa, vers 1611 - Chapitre 6. L'ingratitude mord la gentillesse.
Jodocus Hondius, Novissima ac exactissima totius orbis terrarum descriptio, 1611 / 1634 - Chapitre 7. L'eurocentrisme à l'honneur.
Arnold Floris van Langren, globe terrestre, 1630-1632 - Chapitre 8. Les plaisirs vertigineux de la mise en abyme.
Willem Hondius, Nova totius Brasiliae et locorum a Societate Indiae Occidentalis captorum descriptio, 1635 - Chapitre 9. L'autoportrait du cartographe.
Georg Vischer, Archiducatus Austriae inférioris, 1670 / 1697 - Chapitre 10. Comploter pour le contrôle dans le Nouveau Monde.
Claude Bernou, Carte de l'Amérique septentrionale et partie de la méridionale, vers 1682 - Chapitre 11. Dévoiler le texte, interpréter l'allégorie.
Vincenzo Coronelli, globe terrestre, 1688 - Chapitre 12. Dissimulation et révélation de la source du Nil.
Vincenzo Coronelli, L'Africa divisa nelle sue parti, 1689 - Chapitre 13. Propagande dans un cartouche.
Vincenzo Coronelli, Paralello geografico dell'antico col moderno archipelago, 1692 - Chapitre 14. Si ça saigne, c'est porteur.
David Funck, Infelicis regni Siciliae tabula, vers 1693 - Chapitre 15. Célébrer un triomphe de l'ingénierie.
Jean-Baptiste Nolin, Le canal royal de Languedoc, 1697 - Chapitre 16. La bataille entre la lumière et les ténèbres.
Heinrich Scherer, Repraesentatio totius Africae, 1703 - Chapitre 17. Une carte dans la carte comme prophétie.
Nicolas Sanson et Antoine de Winter, Geographiae Sacrae Tabula, 1705 - Chapitre 18. "L'une des histoires les plus singulières de difficultés extrêmes".
Pieter van der Aa, Scheeps togt van Iamaica gedaan na Panuco en Rio de las Palmas, 1706 - Chapitre 19. Splendeur cramoisie.
Nicolas Sanson, Théâtre de la Guerre en Flandre & Brabant, vers 1710 - Chapitre 20. Généraux présentant des cartes à l'empereur.
Johann Baptist Homann, Leopoldi Magni Filio Iosepho I . Augusto Romanorum & Hungariae Regi, vers 1705–11 - Chapitre 21. Comment construire un cartouche géant.
Nicolas de Fer, Carte de la mer du Sud et de la mer du Nord, 1713 - Chapitre 22. La publicité fait son entrée.
George Willdey, Carte de l'Amérique du Nord, 1715 - Chapitre 23. L'effondrement de la bulle du Mississippi.
Matthäus Seutter, Accurata delineatio Ludovicianae vel Gallice Louisiane, vers 1728 - Chapitre 24. « Le lien de la race humaine pour l'utilité et le plaisir ».
Matthäus Seutter, Postarum seu cursorum publicorum diverticula en mansiones per Germaniam, vers 1731 - Chapitre 25. Tuez les cannibales et convertissez les autres.
Jean-Baptiste Nolin, II , L'Amérique habillée sur les relations les plus récentes, 1740 - Chapitre 26. Le cartographe et le shogun.
Matthäus Seutter, Regni Japoniae nova mappa geographica, vers 1745 - Chapitre 27. Le rouleau illusionniste du cartouche.
Gilles et Didier Robert de Vaugondy, Carte de la terre des Hébreux ou Israélites, 1745 - Chapitre 28. Une loi d'équilibre cartographique.
Matthäus Seutter, Partie orientale de la Nouvelle France ou du Canada, vers 1756 - Chapitre 29. Frontière impartiale, cartouche partisane.
Juan de la Cruz Cano y Olmedilla, Mapa geográfico de America Meridional, 1775 - Chapitre 30. Une illusion tactile qui légitime la carte.
Henry Pelham, Un plan de Boston en Nouvelle-Angleterre avec ses environs, 1777 - Chapitre 31. Lutte contre la cartographie coloniale.
José Joaquim da Rocha, Mappa da Comarca do Sabará pertencente a Capitania de Minas Gerais, vers 1778 - Chapitre 32. Les acteurs commencent à quitter la scène.
Jean Janvier, Cartes de 1761, 1769 et 1774 ; Robert de Vaugondy, Carte de 1778 ; John Purdy, Carte de 1809 - Chapitre 33. Une carte sur une carte sur une carte.
John Randel, Jr., La ville de New York telle que présentée par les commissaires, 1821 - Conclusion
Pour compléterChet Van Duzer a publié aussi un article sur les symboles coloniaux présents dans les cartouches. ll y étudie l'imagerie colonialiste de la fin du XVIIe au début du XIXe siècle afin de montrer le vocabulaire visuel de cette imagerie et de stimuler des études plus approfondies sur le sujet. Chet Van Duzer (2021). Colonialism in the Cartouche: Imagery and Power in Early Modern Maps. Figura, vol.9, 2.
Les cartouches sont des caractéristiques importantes des cartes, comme en témoignent les superbes cartes conservées à la Bibliothèque royale de Belgique. La série Cartes et Plans de la Bibliothèque royale de Belgique (KBR) comporte plus de 100 000 cartes et plans, généralement de grand format ainsi que 600 atlas et une 30e de globes anciens.
Extrait d'une carte de Frederick De Witt représentant les côtes de l'Afrique 1671 (source : Bibiothèque royale de Belgique)
Articles connexes
L'histoire par les cartes : plus de 2000 cartes numérisées sur les Pays-Bas (partie centrale)
L'histoire par les cartes : le Rijksmuseum met à disposition plus de 700 000 œuvres sur le web, notamment des cartes
L'histoire par les cartes : comment le continent européen s'est pensé et construit du 16e au 20e siècle (BnF - Gallica)
L'histoire par les cartes : une exposition virtuelle sur les cartes missionnaires (vers 1850 - 1950) par l'Université d'Utrecht
L'histoire par les cartes : la Géographie, une muse qui apparaît dans les cartes à partir de la Renaissance
L'histoire par les cartes : une carte exceptionnelle d'Amsterdam en 1625 acquise par le musée Allard Pierson
L'histoire par les cartes : les créatures marines monstrueuses d'Olaus Magnus
Le peintre hollandais Vermeer et les cartes
Cartes et atlas historiques
L'histoire par les cartes
-
10:59
Exposition de Mathieu Pernot L’Atlas en mouvement
sur Cartographies numériques
Source : Exposition de Mathieu Pernot L’Atlas en mouvement du 1er avril au 1er juillet 2023 à la Bibliothèque municipale de Lyon.
« Avec L’Atlas en mouvement, Mathieu Pernot propose une réflexion par l’image sur la manière de représenter les populations migrantes dans leurs déplacements. Ce projet d’envergure, réalisé sur plus de dix années, se compose de photographies ainsi que d’un ensemble de documents qui répertorie les savoirs partagés par toutes et tous. Planches botaniques, anatomiques, cartes et plans deviennent autant de matériaux avec lesquels interagissent les migrantes et les migrant-es rencontré-es par le photographe. Retournant le rôle du porteur des connaissances traditionnellement accordé au voyageur-explorateur occidental, Mathieu Pernot met ici en avant une transmission des savoirs véhiculée par des hommes et des femmes dont le départ n’a pas été choisi.A travers une connaissance universelle, celle qui traverse les siècles et s’affranchit des frontières, ce sont les expériences singulières que vient souligner l’auteur. Et tandis que l’Histoire se déploie dans un continuum temporel, Mathieu Pernot marque les points d’arrêts qui jalonnent le parcours d’individus, ayant dû quitter leurs pays et leurs proches. Les photographies prises à Mossoul ou à Lesbos, dans le camp de Mória ou encore à Calais, des villes détruites et des zones transitoires toujours plus nombreuses, mettent aussi en lumière la précarité des conditions migratoires. Elles appellent à l’urgence d’agir et à repenser autrement la question des déplacé-es.
Mettant en perspective, deux formes de savoir, la bibliothèque municipale de Lyon propose un dialogue entre l’Atlas en mouvement et ses propres collections. En écho aux périples des personnes en exil, ces résonances s’autorisent également des pas de côtés, en allant puiser dans les récits de certaines traversées oniriques. Les ouvrages et estampes patrimoniales présentées jouent sur l’allégorie, déplient les motifs présents dans le corpus du photographe, montrent des similitudes formelles ou encore thématiques. L’exposition s’organise de manière à parcourir l’expérience forgée par les migrant-es lors de leurs déplacements, en passant d’une vision macroscopique qui nous est commune, celle du ciel ou de la nature, jusqu’à une approche plus intime avec des récits de vie et du corps éprouvé.
De ce dialogue fructueux entre deux ensembles en construction émergent, enfin, des parallèles entre des manières de construire les savoirs, des savoirs en mouvement, qui placent l’origine de ceux qui les portent, les transmettent et les reçoivent à un niveau égal ».
Thaïva Ouaki, Commissaire d’exposition
Ce projet d’envergure, réalisé sur plus de dix années, se compose de photographies ainsi que d’un ensemble de documents qui répertorie les savoirs partagés par toutes et tous. Une partie des ressources de l'exposition peuvent être découvertes en ligne sur le site de la Bibliothèque municipale de Lyon :
- Partager les savoirs
- Sous les étoiles
- Dans la nature
- Des villes détruites
- Prendre la mer
- Autour du feu
- Eprouver son corps
- Raconter son histoire
Articles connexes
Une datavisualisation sur les migrants décédés dans le monde entre 2014 et 2019
Cartographier le parcours d'un migrant avec Google Maps
Cartographier les migrations internationales
Une data visualisation pour étudier les vagues d'immigration aux Etats-Unis (1790-2016)
Analyser et discuter les cartes des "pays à éviter" pour les voyageurs
Une data-story sur les flux de migrations en Afrique occidentale et centrale (DTM-IOM)
Cartes sensibles ou subjectives
-
9:26
Webinaires "Carte blanche" sur les formes contemporaines de cartographies et de géovisualisations de données (GDR Magis)
sur Cartographies numériquesFormat
Durée : Á partir de 12h30, pour 30mn de présentation en mode visioconférence + 30 mn d'échanges et de discussions. Le webinaire est animé et modéré par l'un.e des porteurs de l'AR 9 (Anne-Christine Bronner, Boris Mericskay, Etienne Côme, Françoise Bahoken, Nicolas Lambert).
Webinaires à venir- 6 juillet 2023 : Najla TOUATI et Laurent JÉGOU : De la carte climatique au chorotype climatique : propositions de modèles graphiques (animation Anne-Christine Bronner)
- 7 septembre 2023 : Jean-Philippe GAUTIER présentera www.cartostat.eu, une application web de cartographie statistique (animation Anne-Christine Bronner)
- 5 Octobre 2023 : Julien GAFFURI, Eurostats, @julgaf, gridviz (Animation Etienne Côme)
- 7 Novembre 2023 : [Maher BEN REBAH], UMR 7533 LADYSS, La plateforme ELYSSA de géovisualisation sur les élections (Animation Françoise Bahoken)
Webinaires passés- 11 mai 2023 : RAJERISON Mathieu, Cerema, @datagistips
Génération (de) cartes (animation Etienne Côme). ? Vidéo du Webinaire ? Ressources Slides
- lundi 17 avril 2023 : DOUET Aurélie, IE UMR Géographie-cités,
CartoDouetna.rm=TRUE. Requête, interactivité et gestion des données manquantes
? Vidéo du Webinaire ? Ressources
- Jeudi 2 février 2023 AUMOND Pierre (CR, Univ. Gustave Eiffel-CEREMA/UMRAE), @SoundCartograp1
Cartographie du paysage sonore urbain ? Vidéo du Webinaire
- Mercredi 7 décembre 2022 Philippe RIVIERE (Visions carto, Observable)
Faire des cartes statistiques avec Observable Plot ? Vidéo du Webinaire
- Mardi 8 novembre 2022 Colin KEROUANTON (IR, PACTE)
Effets spéciaux pour questions spatiales ? Vidéo du Webinaire
Intervenir dans le webinaire
Si vous êtes intéressé.e.s à venir présenter vos travaux ou expérimentations cartographiques vous êtes les bienvenus ! Que vous soyez dans le monde académique, dans le secteur privé ou passionné de cartographie et de géovisualisation contactez le collectif de l'AR9 : @ collectif de l'AR.
Informations nécessaires sur votre intervention :- un titre ;
- une image ;
- un résumé de 3-4 lignes ;
- vos noms, prénoms @ et affiliations.
Projet de l'action de recherche AR9 du GDR Magis
L'objectif général de cette action de recherche du GDR MAGIS est de fédérer des réflexions et des travaux scientifiques d’origines disciplinaires variées menés autour de la (carto)graphie contemporaine au sens large et de la (géo)visualisation de données. Pour ce faire, elle propose d’une part, de mener une veille théorique, méthodologique et technique sur les modalités de la fabrique des cartes et, d’autre part, de fédérer et d’animer une communauté de chercheurs (essentiellement géographes, géomaticiens, cartographes, informaticiens...) lors d’ateliers et de séminaires thématiques et méthodologiques. Lire le projet.
Articles connexes
Conférence Spatial Analysis and GEOmatics (SAGEO) 2023Des sources aux SIG : des outils pour la cartographie dans les Humanités numériques
Des outils pour la cartographie dans les humanités numériques (Plateforme géomatique de l'EHESS)
Humanités numériques spatialisées (revue Humanités numériques, n°3, 2021)
Utiliser l'application Observable pour créer ses propres visualisations de donnéesComment différencier infographie et data visualisation
- 6 juillet 2023 : Najla TOUATI et Laurent JÉGOU : De la carte climatique au chorotype climatique : propositions de modèles graphiques (animation Anne-Christine Bronner)
-
19:03
Le site Thinking in Space et ses cartes originales (Andrew Rhodes)
sur Cartographies numériques
Sur son site Thinking in Space ("Penser dans l'espace"), Andrew Rhodes propose des cartes originales à télécharger gratuitement et des réflexions sur les cartes, la géographie et la géopolitique. Le site tient son nom de l'article qu'il a publié en 2019 dans la Texas National Security Review : Thinking in Space : The Role of Geography in National Security Decision-making. Pour l'auteur, « pouvoir penser dans l'espace constitue un outil crucial, mais souvent sous-estimé par les décideurs. Afin d'améliorer sa capacité à penser dans l'espace, la communauté qui travaille sur les questions de sécurité nationale doit pouvoir évaluer objectivement l'efficacité avec laquelle elle utilise l'information géographique et saisir toutes les occasions d'affiner ses compétences dans ce domaine ».Andrew Rhodes invite à regarder l'Asie et le Pacifique sous un angle différent et à discuter des enjeux géopolitiques et géostratégiques en Indopacifique. Selon lui, « invoquer la "tyrannie de la distance" est devenu un sujet de discussion habituel pour les responsables, soulignant les difficultés d'une réponse rapide et l'importance d'un déploiement avancé dans le Pacifique. Mais le contenu géographique est insuffisant pour prendre en charge ces éléments au-delà des anneaux de distance rudimentaires – qui sont souvent inexacts ». Reprenant les projections orthographiques de Richard Edes Harrison où il puise son inspiration, Andrew Rhodes invite à dépasser les visions imprimées par les projections traditionnelles. Sa carte murale de l'Asie orientale et du Pacifique vus de l'Eurasie est assez originale. Elle renverse le regard en privilégiant le point de vue de la Chine (cf ceintures de pays et d'îles voisines considérés sous son influence). La carte en haute résolution est téléchargeable en licence Creative Commons sur son site.
L'Asie orientale et le Pacifique vus depuis l'Eurasie
(source : A. Rhodes, Thinking in Space, licence Creative Commons, juin 2023)
Dans la même idée, Andrew Rhodes a élaboré la carte "Mahan's Yardstick" centrée à la fois sur l'île de Diego Garcia dans l'océan Indien et celle de Guam dans le Pacifique. L'idée est de reprendre la "distance standard" de 3500 milles nautiques établie en 1899 par Alfred Mahan estimée comme la zone d'intervention maximale pour conduire des opérations navales. Même si les moyens d'intervention militaires ont évolué depuis le XIXe siècle, la carte donne une perspective intéressante sur l'Indo-Pacifique (voir cet article) en soulignant les distances énormes à prendre en compte.
Carte reprenant la distance de 3 500 milles nautiques établie par Alfred Mahan pour appréhender l'immensité de la zone indo-pacifique (crédit : © A. Rhodes, Thinking in Space, 2021)Andrew Rhodes est l'auteur de plusieurs articles de réflexion croisant géopolitique et cartographie. La série de cartes en noir et blanc "Comment la Chine voit l'Asie" est à découvrir. Il cherche aussi à reproduire des cartes anciennes, telle cette carte murale DOD des années 1960. Il est par ailleurs l'auteur d'un article sur James Monteith, cartographe et auteur de manuels de géographie au XIXe qu'il considère comme « le maître des marges » (article en accès libre ici). Au travers de la géographie et des cartes, la visée pédagogique n'est jamais loin : il s'agit de comprendre le monde dans la complexité et la pluralité des regards. Avant de publier ses cartes, Andrew Rhodes les soumet souvent sur son compte Twitter pour voir les réactions qu'elles suscitent et pouvoir intégrer des améliorations en fonction des commentaires. Voir par exemple la carte de l'alliance militaire AUKUS (Australie - Royaume-Uni - Etats-Unis) telle qu'imaginée initialement et le projet cartographique repris et peaufiné quelques mois plus tard.
Compte Twitter de Rhodes Cartography : @RhodesCartogra1
Liens pour télécharger directement les cartes achevées sur le site Thinking in Space
Sélection de cartes invitant à décentrer le regard sur la zone Indopacifique avec les commentaires :- Mahan's (Indo-Pacific) Yardstick (2021)
- Bathymetry of the Pacific Ocean (2021)
- Composite China Poster (2022)
- Population Density in Asia (2022)
- New Wall Map: East Asia and the Pacific (2023)
- Andrew Rhodes, Thinking in Space: The Role of Geography in National Security Decision-Making, Texas National Security Review 2.4 (November 2019): 90-108.
- Andrew Rhodes, Go Get Mahan’s Yardstick, U.S. Naval Institute Proceedings 145.7 (July 2019)
- Andrew Rhodes, The Second Island Cloud: A Deeper and Broader Concept for American Presence in the Pacific Islands, Joint Force Quarterly 95 (Fourth Quarter 2019): 46-53.
- Andrew J. Rhodes, The Geographic President: How Franklin D. Roosevelt Used Maps to Make and Communicate Strategy, The Portolan, Washington Map Society (Spring 2020) : 7–16.
- Andrew Rhodes, Same Water, Different Dreams: Salient Lessons of the Sino-Japanese War for Future Naval Warfare, Journal of Advanced Military Studies 11.2 (Fall 2020): 35–50.
- Andrew S. Erickson, The Andrew Rhodes Bookshelf: Guiding Leaders across the Indo-Pacific through Geo-History, Strategy & Visual Communications, China Analysis from Original Sources, 12 May 2021.
Articles connexes
La carte, objet éminemment politique : la Réunion au coeur de l'espace Indo-Pacifique ?
La carte, objet éminemment politique : la Chine au coeur de la "guerre des cartes"
La carte, objet éminemment politique. Les tensions géopolitiques entre Taïwan et la Chine
Etudier les conflits maritimes en Asie en utilisant le site AMTI
Une carte réactive de toutes les ZEE et des zones maritimes disputées dans le monde
Les frontières maritimes des pays : vers un pavage politique des océans ?
L'histoire par les cartes : James Monteith, cartographe et éducateur (1831-1890)
Le nord en haut de la carte : une convention qu'il faut parfois savoir dépasser
Projections cartographiques
-
5:21
Limites planétaires. Des chercheurs expliquent dans Nature pourquoi la Terre menace de devenir inhabitable
sur Cartographies numériques
Accès à l'article scientifique
« Plus de 40 experts alertent, dans la revue Nature, sur le franchissement de 7 des 8 lignes rouges planétaires. Ces seuils fatidiques concernent principalement le climat, la biodiversité, l’eau douce, ainsi que les cycles de l’azote et du phosphore. Cette publication s’inscrit dans la longue lignée d’articles scientifiques dédiés aux « limites planétaires ». Théorisée en 2009, la notion englobe neuf paramètres écologiques indispensables à l’équilibre du « système Terre » et, par extension, se rapporte aux seuils limites de perturbation que ces derniers peuvent endurer sans mettre en danger, de manière irréversible, les fondamentaux naturels de la planète » (source : « Des chercheurs expliquent dans Nature pourquoi la Terre menace de devenir inhabitable », Libération).
Rockström, J., Gupta, J., Qin, D. et al. (2023). Safe and just Earth system boundaries. Nature [https:]] . Article publié sous licence Creative Commons Attribution 4.0 International.
Lieux où les « limites planétaires » (ESB) ont déjà été dépassées (source : Rockström & al., 2023)Résumé
La stabilité et la résilience du système Terre et le bien-être humain sont inséparablement liés, mais leurs interdépendances sont généralement peu reconnues ; ils sont par conséquent souvent traités indépendamment. Nous utilisons ici la modélisation et l'évaluation de la littérature pour quantifier, à l'échelle globale et sous-globale, les limites sûres et justes du système Terre (Earth System Boundaries) concernant le climat, la biosphère, les cycles de l'eau et des nutriments ainsi que les aérosols. Nous proposons des limites planétaires pour maintenir la résilience et la stabilité du système terrestre (ESB sûres) et minimiser l'exposition à des dommages importants pour les humains du fait des changements du système terrestre (une condition nécessaire, mais non suffisante pour la justice). Nos résultats montrent que ce sont les considérations de justice plus que les considérations de sécurité qui contraignent les ESB intégrés pour le climat et la charge d'aérosols atmosphériques. Sept des huit limites planétaires quantifiées à l'échelle mondiale et au moins deux ESB sûres et justes à l'échelle régionale sont déjà dépassées sur plus de la moitié de la superficie terrestre mondiale. Nous proposons que notre évaluation fournisse une base quantitative pour la sauvegarde des biens communs mondiaux, pour tous aujourd'hui et à l'avenir.
Visualisations concentriques (a) et parallèles (b) des « limites planétaires » ou ESB (crédit : Rockström & al., 2023)Disponibilité du code et des données
Le codes et les données utilisés pour produire les couches d'information et les figures sont disponibles dans l'article. Les chercheurs se sont appuyés sur plusieurs ensembles de données déjà publiés dans Nature, en ce qui concerne notamment les limites pour le climat, les limites pour l'azote (voir les fichiers modèles), le phosphore (voir les ventilations des scénarios), et un résumé des indicateurs de durabilité agricole, les excédents actuels pour l'azote (voir le référentiel) avec la limite critique de surplus d'azote soustraite, et la concentration sous-globale estimée de phosphate dans le ruissellement sur la base de sa charge estimée dans l'eau douce et des données locales de ruissellement.
L'intégrité fonctionnelle actuelle est calculée à partir de la carte d'occupation du sol WorldCover à résolution de 10 mètres de l'Agence spatiale européenne. La limite de sécurité et l'état actuel des eaux souterraines sont dérivés de l'expérience Gravity Recovery And Climate Experiment et du Global Land Data Assimilation System.
Pour compléter
La 6e limite planétaire est franchie : le cycle de l’eau douce (Bon pote)
Lien ajouté le 30 août 2023
Belle data visualisation interactive et en 3D du Berliner MorgenPost sur les lieux qui risquent de devenir inhabitables d'ici 2100 en raison de la crise climatique. Approche par risques.
— Sylvain Genevois (@mirbole01) April 13, 2022
Climate crisis : Mapping where the earth will become uninhabitable. [https:]] pic.twitter.com/cRH0YqnLlhArticles connexes
Comment le changement climatique a déjà commencé à affecter certaines régions du monde
Atlas de l'Anthropocène : un ensemble de données sur la crise écologique de notre temps
Les territoires de l'anthropocène (cartes thématiques proposées par le CGET)Feral Atlas, une exploration de l’Anthropocène perçu à travers la féralisation
Le calcul de l'IDH prend désormais en compte le calcul des pressions exercées sur la planète (IDHP)
Paul Crutzen et la cartographie de l'Anthropocène
Données SIG sur les écorégions terrestres
Cartes et données sur la disparition des oiseaux en Europe
Eduquer à la biodiversité. Quelles sont les données... et les représentations ?
Une carte de l'INPN pour analyser et discuter la répartition de la biodiversité en France
Utiliser les données de l'UN Biodiversity Lab sur la biodiversité et le développement durable
-
16:28
L'histoire par les cartes : Biélorussie, histoire d'une nation (BnF-Gallica)
sur Cartographies numériques
La BnF propose des rendez-vous réguliers qui interrogent les notions d’État et de démocratie sur tous les continents, en présence de spécialistes et d’acteurs de la politique. La séance du 12 juin 2023 consacrée à la Biélorussie questionne en particulier les enjeux et les conséquences de la guerre en Ukraine pour ce pays.
Carte de la République démocratique Blanche-Ruthénienne, 1919 (source : Gallica)La couverture médiatique de la situation politique en Biélorussie est relativement faible alors qu’une vague de répression féroce s’abat sur les oppositions, sur la société civile mais aussi sur l’ensemble de la population à la suite du mouvement de contestation sans précédent de 2020 contre la réélection frauduleuse d’Alexandre Loukachenko pour un sixième mandat. Plus de 1 500 prisonniers politiques sont aujourd’hui détenus en Biélorussie dans des conditions particulièrement inhumaines parmi lesquels Ales Bialiatski, fondateur de l’ONG Viasna de défense des droits humains et co-lauréat du prix Nobel de la paix en 2022.
Depuis le 24 février 2022, la Russie utilise la Biélorussie comme base arrière dans son agression contre l’Ukraine. La Biélorussie représente donc un enjeu important de cette guerre. Le régime d’Alexandre Loukachenko, qui s’efforçait de préserver son pouvoir et son indépendance vis-à-vis du Kremlin, soutient désormais l’agression russe contre l’Ukraine. Le 25 mars 2023, Vladimir Poutine a même annoncé avoir conclu un accord avec Alexandre Loukachenko pour le déploiement d’armes nucléaires tactiques russes sur le territoire biélorusse.
Quel est l’impact de la nouvelle situation géopolitique sur le régime politique biélorusse et sur son positionnement régional ? Comment évolue la situation intérieure en Biélorussie ? Comment l’opposition biélorusse se structure-t-elle en exil ? Enfin, quelles pourraient être les perspectives d’intégration de la Biélorussie dans un nouvel ordre européen, dans le cas d’une résolution de la guerre de la Russie contre l’Ukraine ?
Table ronde organisée par la BnF et le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, en français et en anglais avec traduction simultanée en français.
Avec Ryhor Astapenia, chercheur et directeur de l’initiative sur le Bélarus à Chatham House, Tatsiana Khomich, représentante du Conseil de coordination des prisonniers politiques biélorusses, et Tatyana Shukan, docteure en science politique et membre du projet de recherche BIELEXIL – Les exilés bélarusses en Europe centrale et orientale. La table ronde est animée par Faustine Vincent, journaliste au service international du Monde chargée de l’espace post-soviétique.
A cette occasion, le site Gallica consacre un dossier thématique à la « Biélorussie, histoire d'une nation », qui retrace la genèse de ce pays à partir de cartes historiques. Pour comprendre la concurrence des mémoires du passé biélorusse, il convient de revenir sur l’histoire politique de ce pays d’Europe de l’Est, bordé par la Russie au nord-est et à l’est, la Lettonie au nord, la Lituanie au nord-ouest, la Pologne à l’ouest et l'Ukraine au sud. Ayant fait office de confins pendant des siècles, son territoire a été un espace de contact entre les peuples slaves occidentaux et orientaux, entre le monde catholique et le monde orthodoxe, longtemps disputé entre Varsovie et Moscou. Indépendante depuis 1991 seulement, la Biélorussie a été successivement intégrée à la Rus’ de Kiev (Xème-XIIème siècle), au Grand-Duché de Lituanie (1236-1795), à l’Union des Deux-Nations (ou République de Pologne-Lituanie) (1569-1795), à l’empire russe (1795-1917), et enfin à l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) au sein de laquelle elle a été l’une des républiques soviétiques (1922-1991).
Sources
Article consacré à la Biélorussie sur Wikipédia.
Goujon, Alexandra, Nationalisme et identité en Biélorussie, in Dov Lynch (ed.), Changing Belarus, Chaillot Paper, n° 85, November 2005, pp. 13-24.
Articles connexes
La carte, objet éminemment politique : la guerre en Ukraine
La carte, objet éminemment politique. L'annexion de quatre territoires de l'Ukraine par la Russie
La carte, objet éminemment politique. La vision réciproque de la Russie et de l'Europe à travers la guerre en Ukraine
La carte, objet éminemment politique : l'adhésion de la Finlande à l'OTAN
Ukraine-Russie. Retour sur un an de guerre en cartes et en analyses (février 2022 - février 2023)
Cartographier les dommages subis par les populations civiles en Ukraine (Bellingcat)
Comment cartographier la guerre à distance ?
La cartographie russe et soviétique d'hier à aujourd'hui
-
17:13
Mapping Diversity, une plate-forme pour découvrir la représentation de la diversité des noms de rues en Europe
sur Cartographies numériques
Mapping Diversity est un projet journalistique à grande échelle pour découvrir la représentation de la diversité des noms de rues en Europe et pour susciter un débat sur ce qui manque dans nos espaces urbains. Le site analyse plus de 145 000 rues à travers 30 grandes villes européennes dans 17 pays. « Plus de 90% d'entre elles portent des noms d'hommes. Où sont passés tous les autres habitants de l'Europe ? Le manque de diversité dans la toponymie en dit long sur notre passé et contribue à façonner le présent et l'avenir de l'Europe ». Le site est très facile à prendre en main. Voici les principales étapes à suivre.Étape 1 : le choix d'une ville
On choisit d'abord une ville parmi les 30 villes européennes proposées : Athènes, Barcelone, Berlin, Bruxelles, Bucarest, Budapest, Chisinau, Cracovie, Copenhague, Debrecen, Gdansk, Gênes, Katowice, Kyiv, Lisbonne, Lodz, Lyon, Madrid, Milan, Paris, Palerme, Prague, Rome, Séville, Stockholm, Turin, Varsovie, Wroclaw, Zagreb.
Carte interactive pour découvrir des noms de rues à Paris (crédit : Mapping Diversity)
Étape 2 : l'affichage des données statistiquesLa plateforme calcule aussitôt le nombre de rues et de places. On dénombre par exemple plus de 7000 noms de rues et de squares à Paris dont 4135 (59%) sont dédiés à des personnes. Parmi eux, 3766 (91,1%) portent des noms d'hommes alors que seulement 356 (8,6%) portent des noms de femmes. Une barre horizontale donne au bas de l'écran les domaines dans lesquels ils ou elles sont investi.e.s (culture, politique, religion, militaire ou autres domaines...).
Carte interactive pour découvrir des noms de rues à Paris (crédit : Mapping Diversity)
Étape 3 : l'utilisation de la carte interactive
En déplaçant la souris sur la carte interactive, on peut faire apparaître le nom de la rue et obtenir un lien sur Wikipedia pour en savoir plus sur le personnage. Précision importante qui peut être source de biais : toutes les rues ne portent pas des noms d'hommes ou de femmes. On y trouve des objets, des événements historiques, des lieux géographiques. « Rue de la gare » est par exemple le nom de rue le plus répandu en France (voir cette carte répertoriant les gares implantées "rue", "avenue" ou "place de la gare")
Carte interactive pour découvrir des noms de rues à Paris (crédit : Mapping Diversity)
Étape 4 : la comparaison avec d'autres villes
Il est possible de comparer les villes entre elles. Outre les capitales, le site propose la deuxième plus grande ville et quelques autres villes supérieures à 500 000 habitants. Vienne, Varsovie, Kyiv ou Copenhague font partie des villes ayant le moins de noms féminins (moins de 5%). Gênes, Lyon, Bucarest ou Madrid figurent parmi celles qui en ont le plus (plus de 20%), même si la part des noms de femmes y est là aussi minoritaire.Carte des lieux de naissance des femmes ayant des rues à leur nom en Europe (crédit : Mapping Diversity)
Étape 5 : l'analyse des données à partir des noms ou professionsUn tableau récapitulatif affiche les noms de toutes les femmes ayant des noms de rues dans ces villes, avec possibilité de faire des recherches sur leur nom ou leur profession. Certains noms apparaissent dans plusieurs villes : ce sont principalement des figures religieuses ou des reines, mais aussi des noms de femmes scientifiques comme Marie Curie.
Les femmes ayant des noms de rues dans les 30 villes proposées (crédit : Mapping Diversity)
Les données utilisées proviennent principalement des données géographiques OpenStreetMap mises à disposition sur Geofabrik et des données de Wikidata pour les personnes. Un travail minutieux de contrôle de la qualité a été effectué à différentes étapes, à la fois automatiquement et manuellement, en s'appuyant souvent sur des informations fournies par des sources externes. De nombreux cas d'homonymies ont ainsi pu être résolus. Sur Wikidata, le champ « sexe ou genre » n'est pas défini par un choix binaire (voir la liste des nombreuses options disponibles). Mapping Diversity s'est appuyé sur le prénom pour attribuer le genre aux personnes pour lesquelles il n'existait pas d'information sur Wikidata : ce champ doit être interprété comme « identité de genre attribuée à la naissance ». Pour une discussion des limites de cette approche, on peut se référer au travail sur le genre de Lincoln Mullen et à ce chapitre de l'ouvrage Data Feminism de Catherine D'Ignazio et Lauren Klein. Les limites des villes font référence aux limites des unités administratives locales (UAL) distribuées par Eurostat, à l'exception de Bruxelles et de Lisbonne où les communes et freguesias concernées ont été fusionnées. La méthodologie est expliquée en détail sur le site Medium.
Mapping Diversity est un projet collaboratif entre Sheldon.studio et OBC Transeuropa, au sein du réseau European Data Journalist Network (EDJNET). Le projet ne se contente pas de sensibiliser par le biais de données, mais tente de responsabiliser le public.
Mapping Diversity n'est pas le premier projet à traiter des données sur la représentation des genres dans les villes. Par exemple, en Italie, le groupe Toponomastica Femminile a recensé les rues portant des noms de femmes, parallèlement à des initiatives éducatives et militantes pour exiger plus de représentation des femmes dans le paysage urbain. À l'échelle mondiale, on trouve aussi d'autres projets comme par exemple EqualStreetNames, Streetnomics ou encore Las Calles de las Mujeres. Divers projets journalistiques ont par ailleurs examiné les noms de rues sous divers angles nationaux ou locaux. On peut citer, par exemple, Las calles de ellas sur l'Espagne, Straßenbilder sur l'Allemagne, Nevek és terek sur Budapest, Ruas do Género sur Porto, le projet du Figaro Ce que révèlent les rues de Paris ou encore le projet d'iRozhlas sur les villes tchèques.
Une des spécificités du projet Mapping Diversity est de s'inscrire dans le cadre des communs numériques. Bien que les données soient souvent publiques et officiellement accessibles, elles nécessitent généralement un ensemble de compétences diverses pour les transformer en quelque chose de pertinent pour un large public. L'ouverture des données est la première étape dans la conception des biens communs numériques et renvoie précisément à cet acte de traduction : des lignes et des colonnes d'un tableur aux éléments d'information significatifs qui sont pertinents dans la vie de tous les jours. Les biens communs numériques sont plus que des référentiels de connaissances : une fois que les données sont représentées et reliées, elles peuvent nourrir les débats et donner envie au public de contribuer et de s'engager sur le sujet. Les biens communs numériques fournissent des outils qui facilitent et permettent au public d'agir. Qu'il s'agisse de déboulonner des statues, de les peindre en rose, de renommer ou de contextualiser des rues - les biens communs numériques tels que la plateforme Mapping Diversity constituent des outils pour faciliter un débat éclairé. En mai 2023, des ateliers ont par exemple été organisés pour connecter les communautés locales aux données toponymiques de leur ville.
Pour compléter
Matteo Moretti & Alice Corona (2023). Who’s on the Map ? Using Data to Reimagine Street Name Diversity. Nightingale.
Articles connexes
Les nouvelles perspectives offertes par la cartographie des odonoymes et autres toponymes
Visualiser l'orientation des rues dans n'importe quelle ville du monde
Plans et rues de Paris d'hier à aujourd'huiRenommer les stations de métro avec des noms de femmes célèbres
Étudier la répartition géographique des noms de famille en France et en Europe
Une base de données historiques sur les personnages célèbres dans le monde (de 3500 avant JC à 2018)
Utiliser Wikidata pour chercher des informations géographiques
-
14:45
Qui habite où ? Compter, localiser et observer les habitants réels en France
sur Cartographies numériques
Source : Lévy, J., Coldefy, J., Piantoni, S., & François, J. (2023). Who Lives Whereb? Counting, Locating, and Observing France’s Real Inhabitants (Sciences Advanced, mai 2023).Résumé
Il n'est pas facile de savoir combien de personnes il y a dans une localité, un quartier, une ville. On dispose d'une part des recensements, lorsqu'ils sont fiables, et d'autre part des enquêtes de mobilité. Le monde numérique offre de nouvelles sources, mais elles restent fragmentaires dans ce domaine. La principale faiblesse des recensements est qu'ils reposent sur une hypothèse implicite : que l’emplacement de la résidence principale d’un répondant est prédictif de l’emplacement permanent de cette personne. Tel n'est pas le cas. Les individus se déplacent, venant parfois de très loin, circulant entre de nombreux lieux au cours de la journée, et pouvant passer la nuit dans un autre lieu. Les enquêtes de mobilité contribuent à enrichir le tableau, mais elles présentent aussi plusieurs faiblesses.
Pour la première fois, des données téléphoniques massives, fiables, collectées et vérifiées avec un haut niveau de précision spatiale et temporelle et couvrant l'ensemble du territoire français ont été utilisées pour répondre à ce questionnement. L'article soulève la question de la qualité et de la pertinence des données et propose un cadre qui se concentre sur l'habitant, et non seulement sur le résident ou le navetteur. Le traitement de ces données permet de mieux estimer les habitants résidant vraiment sur leur lieu de résidence et de proposer une nouvelle approche. Deux nouveaux indicateurs (habitant année et indice d'attractivité) ont été conçus pour rendre compte de la réalité des pratiques spatiales individuelles et pour appréhender les multiples modes d'habiter. Les cartes réalisées à partir de ces données sont produites et analysées dans l'article.Cartogramme représentant la densité d'habitants à l'année en France (source : Lévy & al., 2023)
Les résultats présentés dans cet article ne constituent que la première phase d'un projet de recherche qui comprend au moins cinq phases. L’étude des mobilités, la construction d'une typologie des unités spatiales, la redéfinition des aires urbaines pertinentes et l'exploration des rythmes (journaliers, hebdomadaires, annuels) sont encore en cours. Une comparaison des situations avant et après la pandémie, grâce au traitement de deux ensembles de données distincts (données de téléphonie Orange 2019-20 et 2022-23), permettra l'analyse de cet événement. Les futurs traitements de données permettront de tirer parti des tableaux de contingence qui fournissent des informations limitées mais utiles concernant les profils de personnes. Tous ces « chantiers » sont fondés sur le même principe simple : on peut désormais connecter les gens et les lieux et explorer la richesse de ce que signifie être un habitant. Les premiers résultats suggèrent qu'il est temps de changer de paradigme. La qualité des données fournies par les opérateurs téléphoniques sera certainement encore améliorée pour atteindre le même niveau de fiabilité que les recensements. Les données disponibles permettent déjà un traitement approfondi, ce serait encore plus le cas si un dialogue entre opérateurs, offices statistiques et chercheurs devait avoir lieu.
Pour aller plus loin- Valérian, G. (2022). Peuplement, population et territoires après le tournant mobilitaire, in Brieuc Bisson (dir.), Populations, peuplement et territoires en France, Presses Universitaires de Rennes, p. 171-184.
- Semecurbe, F., Suarez Castillo, M., Galiana, L., Coudin, É., Poulhes, M. (2020). Que peut faire l’Insee à partir des données de téléphonie mobile ? Mesure de population présente en temps de confinement et statistiques expérimentales, Blog INSEE.
- Sakarovitch, B., de Bellefon, M.-P., Givord, P. & Vanhoof, M. (2018). Estimer la population résidente à partir de données de téléphonie mobile, une première exploration, Économie et Statistique, 505-506, 109–132.
- Ricciato, F., Lanzieri, G., Wirthmann, A. & Seynaeve, G. (2020). Towards a methodological framework for estimating present population density from mobile network operator data, Document de travail Eurostat.
- Galiana, L (219). Dynamic approach of spatial segregation : a framework with mobile phone data, Communication au workshop "Mobilité sociale" CEPR-AMSE-Banque de France.
- Population présente sur le territoire avant et après le début du confinement – Premiers résultats, INSEE, avril 2020.
- Retour partiel des mouvements de population avec le déconfinement, INSEE Analyses, n°54, juillet 2020.
- Déplacements de population lors du confinement au printemps 2020. Données expérimentales, INSEE Statistiques et Etudes, 2021.
Articles connexes
Étudier la fréquentation touristique dans les villes espagnoles à partir des données de téléphonie mobile
PopFlux, une application pour visualiser les déménagements des Français avant et après la crise Covid-19
Des « œufs au plat » aux « œufs brouillés » : comment la crise Covid a remodelé nos villes
Avec la crise de la Covid19, les villes moyennes ont-elles bénéficié d’un regain d’attractivité ?
« Personne n'habite ici » ou comment cartographier le vide ?
Une carte animée des densités en France (1876-2018)Visualiser les densités de population en 3D et à l’échelle mondiale
Les cartes de pics de densité de population d'Alasdair Rae
L'Insee propose un nouveau gradient de la ruralité (La France et ses territoires, édition 2021)
Le Mobiliscope, un outil de géovisualisation pour explorer les mobilités urbaines heure par heure
Vers une loi universelle des mobilités urbaines ? (Senseable City Lab - MIT)
-
8:30
La carte, objet éminemment politique : Poutine exhibe une carte du XVIIe siècle pour nier l'existence de l'Ukraine
sur Cartographies numériques
Le Kremlin a publié le 23 mai 2023 une vidéo de propagande dans laquelle Poutine reçoit le président de la Cour constitutionnelle de Russie, Valery Zorkin. Ce dernier lui montre une carte datant du XVIIe siècle censée prouver que l’Ukraine n’existait pas à l'époque. Sauf que lorsqu'on zoome sur la carte, le nom d'« Ukraine ou pays des Cosaques » apparaît bien. Ce n'est pas la première fois qu'un chef d'État vient produire un narratif en instrumentalisant la carte. Au delà de la mise en scène, il s'agit pour le président de la Russie de justifier l'invasion de l'Ukraine. Ce billet vient identifier, analyser et décrypter cette carte française du XVIIe siècle que l'on peut consulter sur le site Gallica de la BNF.Poutine et Zorkin devant une carte française du XVIIe siècle (crédit : kremlin.ru)
« Je voudrais profiter de cette occasion pour dire que nous avons trouvé une copie d'une carte du 17ème siècle à la Cour constitutionnelle. Elle a été réalisée par les Français sous le règne de Louis XIV et date du milieu ou du début de la seconde moitié du XVIIe siècle. Pourquoi l'ai-je apporté ? Monsieur le Président, il n'y a pas d'Ukraine sur cette carte... », explique Valery Zorkin.
« Ce n'est qu'après la Révolution d'Octobre que divers quasi-États sont apparus et que le gouvernement soviétique a créé l'Ukraine soviétique. C'est un fait bien connu. Avant cela, il n'y avait pas d'Ukraine dans l'histoire de l'humanité. », assure de son côté Vladimir Poutine. Pour le président de la Russie, l'Ukraine n’est qu’une création artificielle de Lénine. Après la révolution d'octobre, le gouvernement soviétique a créé l'Ukraine soviétique, avant cela il n'y avait pas d'Ukraine selon Poutine (voir la transcription complète de l'échange sur en.kremlin.ru).
Au premier abord, il peut paraître surprenant de ressortir une carte aussi ancienne. Le but est de justifier l'invasion actuelle de l'Ukraine en lui déniant toute existence antérieure. La preuve par la carte et par l'histoire, en quelque sorte. Largement commentée dans les médias et sur Internet, cette mise en scène politique a été tournée en dérision sur les réseaux sociaux.
Poutine suscite les moqueries en ne voyant pas marqué "Ukraine" sur une carte française du XVIIe siècle (BFM-TV)
En Consultant une carte de la Pangée, notre Empereur #Poutine s'est aperçut que l'#Ukraine n'existait pas au Carbonifère.
— Ambassade de l'Empire de Russie en France (@AmbEmpireRussFr) May 24, 2023
Il en a déduit que l'Ukraine n'avait aucune réalité historique, ce qui justifie pleinement sa volonté de la rayer de la carte. pic.twitter.com/Aj4WxQK1cm
Le journaliste Sébastien Gobert (@SebaGobert) s'est livré à un travail d'investigation pour identifier la carte en question. En observant plus en détail le document, on peut remarquer que la carte est signée du « Sieur Sanson, géographe ordinaire du Roy ». Ce qui peut renvoyer à Nicolas Sanson (1600-1667) ou à un de ses deux fils, Adrien (1639-1718) ou Guillaume (1633-1703), tous géographes et cartographes au service du Roi. Voir ce fil Twitter :Donc Poutine se fait offrir "de manière spontanée" une carte française du XVIIe siècle qui prouve "qu'il n'y avait pas d'Ukraine". Sauf que:
— Sébastien Gobert (@SebaGobert) May 24, 2023
- "Ukraine ou pays des cosaques" apparaît en toutes lettres
- La mention "Ocraina" apparaît aussi, au nord de la mer d'Azov 1/ pic.twitter.com/yoCvFQxzlE
Un recherche plus approfondie sur le site Gallica de la BNF permet de retrouver la source exacte. Il s'agit de la carte de Guillaume Sanson intitulée : « La Russie blanche ou Moscovie divisée suivant l'estendüe des royaumes, duchés, principautés, provinces et peuples qui sont présentement sous la domination du czar de la Russie, connû sous le nom de grand duc de Moscovie », éditée en 1690-1699 par Hubert Jaillot avec « privilège du Roy » et « présentée à Monseigneur Le Dauphin ».
« La Russie blanche ou Moscovie divisée suivant l'estendüe des royaumes, duchés, principautés... » (1690-99)
par Guillaume Sanson. Source : BNF-Gallica
Les cartes de la Moscovie par les Sanson père et fils sont nombreuses et ont fait l'objet de plusieurs éditions avec quelques modifications mineures. Elles évoquent « les royaumes, duchés, principautés, provinces et peuples présentement sous la domination du tsar de Russie », en référence au partage de ces territoires entre la Russie et la Pologne. Sur le site Gallica, on en trouve au moins cinq versions publiées entre 1674 et 1717, dont une très belle version en couleur de 1695 destinée au Duc de Bourgogne (dont seul le nom de l'éditeur H. Jaillot est reproduit). La version montrée à Poutine semble être celle de 1690-99, reconnaissable par ses motifs décoratifs légèrement différents au niveau du titre et de l'échelle :- « La Russie blanche ou Moscovie... » par Sieur Sanson - édition de 1674
- « La Russie blanche ou Moscovie... » par Sieur Sanson - édition de 1685
- « La Russie blanche ou Moscovie... » par Sieur Sanson - édition de 1690-99
- « La Russie blanche ou Moscovie... » par H. Jaillot - édition de 1695
- « La Russie blanche ou Moscovie... » par Sieur Sanson - édition de 1717
La carte du XVIIe siècle exhibée par Poutine prouve-t-elle que l’Ukraine n’existait pas ? (CheckNews, Libération).
Au XVIIe siècle, l'Ukraine ne forme pas encore un État avec des frontières établies. Elle est associée aux hetmans cosaques et forme une marche entre la Russie et la Pologne. Le Hetmanat cosaque est créé en 1648 par Bohdan Khmelnytsky, à la suite d'une révolte armée contre la République des Deux Nations. Durant sa brève existence (1648-1660), le hetmanat alterne entre suzeraineté russe et polonaise. En 1654, le hetmanat est admis au sein de l'Empire russe. En 1667, le traité d'Androussovo reconnaît à la Russie la suzeraineté de la partie de l'hetmanat située sur la rive gauche (orientale) du Dniepr, y compris Kiev. Les cosaques de l'Ukraine occidentale, eux, restent sous domination polonaise. L'Ukraine commence alors à constituer une nation (mais de fait divisée entre plusieurs possessions). C’est aussi à cette époque que la "Moscovie" change son nom en "Russie".
Pour Voltaire, « l'Ukraine a toujours aspiré à être libre, mais étant entourée de la Moscovie, des États du Grand-Seigneur et de la Pologne, il lui a fallu chercher un protecteur, et par conséquent un maître dans l'un de ces trois Etats. Elle se mit d'abord sous la protection de la Pologne, qui la traita trop en sujette ; elle se donna depuis au Moscovite, qui la gouverna en esclave autant qu'il le put » (extrait de l'Histoire de Charles XII, roi de Suède, 1731). Le texte de Voltaire montre que, déjà au XVIIe, l'Ukraine est ballotée entre l'Orient et l'Occident. Voltaire voit les Cosaques comme un peuple libre et farouche, un peu sauvage même (Quand Voltaire parlait des indomptables Ukrainiens). L'épisode de Mazepa, dont il fait un récit épique, symbolise la révolte de l'Ukraine contre le tsar de Russie. On peut cependant noter que, dans son Histoire de Charles XII, Voltaire écrit toujours "Ukraine" et "Moscovie", et non encore "Russie". Le terme d'Ukraine est lui-même associé davantage à un peuple qu'à un pays. Ce qui montre que l'idée d'Etat-nation est encore en développement à l'époque, rendant un peu vaine toute lecture récursive de l'histoire et de la carte à partir de nos catégories actuelles.
?Poutine ne sait pas lire le français ? La carte du 17ème siècle qu'il a déterrée sans l'Ukraine (vérifie la carte) A L'UKRAINE !
- ??Paula Chertok? (@PaulaChertok) 24 mai 2023
VKRINE ou PAYS DES COSAQUES = Ukraine ou Pays des Cosaques
15 mois & le pathétique criminel de guerre essaie toujours - & échoue - de justifier sa gaffe catastrophique d'une guerre génocidaire. https://t.co/xx6LQnnSSl pic.twitter.com/QErMy6CRU2
Pour compléterLe retour de l’ours russe ? Une carte satirique de l'Europe (1854) d'une étonnante actualité dans le contexte de la guerre en Ukraine ?? [https:]] pic.twitter.com/N8ClkgkksM
— Sylvain Genevois (@mirbole01) February 25, 2023
Articles connexes
La carte, objet éminemment politique : la guerre en Ukraine
La carte, objet éminemment politique. L'annexion de quatre territoires de l'Ukraine par la Russie
La carte, objet éminemment politique. La vision réciproque de la Russie et de l'Europe à travers la guerre en Ukraine
La carte, objet éminemment politique : l'adhésion de la Finlande à l'OTAN
Ukraine-Russie. Retour sur un an de guerre en cartes et en analyses (février 2022 - février 2023)
Cartographier les dommages subis par les populations civiles en Ukraine (Bellingcat)
Les enjeux du projet de gazoduc Nord Stream 2 à partir de ressources disponibles sur Internet
Comment cartographier la guerre à distance ?
La cartographie russe et soviétique d'hier à aujourd'hui
L'histoire par les cartes : Biélorussie, histoire d'une nation (BnF-Gallica)
-
6:37
Cartographier les données des tests PISA : quelle lecture géographique des inégalités en matière d'éducation ?
sur Cartographies numériques
Le Programme international pour le suivi des acquis des élèves, souvent désigné par l'acronyme PISA, est un ensemble d'études menées par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) afin de mesurer les performances des systèmes éducatifs des pays membres et non membres. Selon une étude réalisée par le National Bureau of Economic Research à partir des données de tests PISA niveau 1, les deux tiers des jeunes dans le monde manquent de compétences de base. Combler l'écart équivaudrait à 700 000 milliards de dollars au cours du siècle restant (5 fois le PIB mondial actuel), soit 11,4 % du PIB futur actualisé à l'horizon 2100. Des chiffres qui donnent le tournis et témoignent de l'immensité du défi à relever pour éduquer la population à l'échelle mondiale.
Source : Sarah Gust, Eric A. Hanushek & Ludger Woessmann, Global Universal Basic Skills : Current Deficits and Implications for World Development (National Bureau of Economic Research, mai 2023).Part des enfants n'ayant pas atteint les compétences de base dans le monde (source : Gust, Hanushek & Woessmann, 2023)
Résumé
Le monde parvient-il à assurer les conditions pour que chaque enfant acquière les compétences de base nécessaires pour être compétitif au niveau international ? Et si cet objectif était atteint, qu'est-ce que cela signifierait en termes de développement à l’échelle mondiale ? Sur la base des microdonnées de rendement internationaux et régionaux des tests PISA niveau 1, les auteurs ont cartographié les résultats sur une échelle commune. Ils ont ensuite estimé la part d'enfants qui n'acquièrent pas les compétences de base pour 159 pays, soit 98,1% de la population mondiale et 99,4% du PIB mondial. Ils constatent qu'au moins deux tiers des jeunes dans le monde n'atteignent pas les niveaux de compétences de base, les proportions variant de 24 % en Amérique à 89 % en Asie du Sud et 94 % en Afrique subsaharienne. Cette analyse économique suggère que la valeur actuelle de la production économique mondiale perdue du fait que l'objectif d'acquérir les compétences de base n'est pas réalisé, s'élève à plus de 700 000 milliards de dollars, soit 11 % du PIB actualisé à l'horizon 2100. Les données ayant servi à l'étude sont accessibles dans l'article.
Principaux résultats de l'étude
Les résultats montrent que le monde a un long chemin à parcourir avant d'atteindre les compétences de base pour tous les jeunes à l'échelle mondiale.
- Au moins deux tiers des jeunes du monde n'acquièrent pas les compétences de base.
- La part des enfants n'atteignant pas les compétences de base dépasse 50% dans 101 pays et est supérieure à 90 % dans 36 d'entre eux.
- Même dans les pays à revenu élevé, un quart des enfants ne possèdent pas les compétences de base.
- Les déficits de compétences atteignent 94 % en Afrique subsaharienne et 89 % en Asie du Sud, 68 % au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, 65 % en Amérique latine.
- Les écarts de compétences sont plus apparents pour les jeunes qui ne fréquentent pas le secondaire (environ un tiers dans le monde). Mais 62 % des élèves fréquentant l'enseignement secondaire n'atteignent pas non plus les compétences de base.
- La moitié des jeunes du monde vivent dans 35 pays qui ne participent pas aux tests, pour lesquels on manque donc d'informations régulières et fiables sur les performances fondamentales (ce qui oblige à recourir à d'autres données).
Commentaire
La carte qui accompagne cette publication est intéressante à plus d'un titre. Elle vient d'une part souligner les inégalités et les retards en matière d'éducation. Elle interroge d'autre part sur l'indicateur utilisé (tests PISA complétés par d'autres données lorsqu'elles sont manquantes) et sur la notion de "compétences de base", s'agissant de jeunes évoluant dans des contextes sociaux et culturels très différents les uns des autres. La carte vient de fait réifier des réalités socio-économiques qui ne concernent pas que l'éducation. Plus largement, l'étude pose la question d'une approche strictement économique des performances scolaires appréhendées dans le cadre d'une "compétitivité au niveau mondial" (sic). L'éducation, même si elle participe de la réussite économique de chaque pays, ne saurait se limiter à cette dimension.
Pour compléter
Accès aux données des études PISA conduites par l'OCDE :
[https:]]Accès à l'explorateur et visualiseur de données PISA :
[https:]]Articles connexes
Publication des données Parcoursup en open data sur le site Data.gouv.fr
Que vaut la data map qui géolocalise les voeux des candidats sur Parcoursup ?
Géographie de la formation et de la mobilité étudiante d'après une étude de l'Insee
Atlas régional des effectifs d'étudiants dans l’enseignement supérieur
Étudier les mobilités scolaires à partir des données de déplacements domicile-études de l'Insee
Quelle démocratisation des grandes écoles depuis le milieu des années 2000 ?
Un atlas des fractures scolaires par Patrice Caro et Rémi Rouault
Étudier les inégalités entre établissements scolaires à partir de l'Indice de position sociale (IPS)
Le niveau d'études aux Etats-Unis à travers une carte par densité de points
Présentation de l'Opportunity Atlas et des problèmes d'interprétation qu'il pose -
8:04
Une erreur de recensement révèle des détails surprenants sur les hispaniques et les latinos américains
sur Cartographies numériques
Source : A census mistake reveals surprising details about U.S. Hispanics and Latinos (Washington Post, 19 mai 2023)Qui sont les Hispano-Américains ? D'où viennent-ils et où vivent-ils ? Le service données du Washington Post publie un article très intéressant qui livre une série de cartes détaillées et interroge la manière de recenser les populations de « latinos » aux Etats-Unis.
Répartition de la population hispanique aux Etats-Unis selon l'origine (source : Washington Post)
Les questions d'identité peuvent être extrêmement compliquées à prendre en compte dans les statistiques de recensement. Depuis les années 1970 et pendant plus de 30 ans, le Census Bureau américain a demandé qui se considérait comme hispanique. L'item « latino » a été ajouté seulement dans les années 2000, du fait que certaines personnes d'origine hispanique ne s'identifiaient pas au terme d'hispanique. Dans une enquête de 2013 qui demandait aux hispaniques ou latino-américains comment ils se décrivaient, le Pew Research Center a montré que le terme « hispanique » était deux fois plus populaire que celui de « latino ». Les mots décrivant une origine nationale spécifique – « cubain », « mexicain » ou « dominicain » – venaient cependant bien avant ces deux termes. Une partie de la complexité découle de la décision de l'Administration américaine de traiter l'ethnicité (hispanique ou latino) comme quelque chose de séparé et distinct de la race (noir, amérindien, blanc) et même de l'ascendance (d'origine allemande, égyptienne, américaine...). Cette étrange approche tripartite du melting-pot oblige les gens à jongler entre différentes questions qui se chevauchent lorsqu'ils remplissent l'enquête de recensement. A charge ensuite aux employés du Census.gov d'essayer de démêler les résultats... et de découvrir parfois des erreurs de traitement comme cela a été le cas lors du recensement de 2020.
Sous l'administration Obama, il y a eu un mouvement favorable à l'idée de réunir la race et l'ethnicité en une seule catégorie et d'élargir cette catégorie afin d'inclure les personnes originaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Les partisans de cette mesure ont fait valoir qu'elle permettrait de dresser un tableau plus clair et plus utile de la population des Etats-Unis. L'idée a été abandonnée sous l'administration Trump qui craignait que cette décision ne conduise à réduire encore davantage une population blanche déjà en diminution. La plupart des Américains originaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord étaient considérés comme blancs et, jusqu'à une période récente, avant que les changements conduisent à prendre en compte les personnes se considérant comme métisses, environ les deux tiers des Américains hispaniques étaient également considérés comme blancs. Sous le président Biden, la proposition de réunir la race et l'ethnicité a été relancée par le Bureau de l'administration et du budget de la Maison Blanche. Elle semble en bonne voie pour être adoptée en 2024. Telles qu'elles sont actuellement proposées, les modifications élimineraient la nécessité pour les Hispaniques ou les Latinos de sélectionner une race distincte telle que « blanc », tout en ayant toujours le choix d'indiquer plusieurs origines.
Bien qu'ils soient nombreux à se déclarer « hispaniques » ou « latinos », les Brésiliens continuent de fait à être exclus des statistiques. En tant qu'ancienne colonie portugaise, le Brésil ne répond pas à la définition gouvernementale. Cela changerait la donne s'ils étaient officiellement classés comme Latinos, l'un des groupes démographiques les plus influents d'Amérique. Les habitants du Belize - une ancienne colonie britannique où l'anglais est la langue officielle - et de quelques autres pays non espagnols, principalement dans les Caraïbes, ne sont pas non plus retenus dans les statistiques officielles. Le lieu de naissance et la langue sont des critères tout aussi importants à prendre en compte. La plupart des Américains d'origine hispanique sont nés aux États-Unis (68%) et, si beaucoup parlent l'espagnol à la maison, un tiers d'entre eux ne parlent que l'anglais (32 %).
Articles connexes
La suppression de la Racial Dot Map et la question sensible de la cartographie des données ethniques aux Etats-Unis
Etats-Unis : les États qui gagnent de la population ou qui en perdent au recensement de 2020
Les ségrégations raciales aux Etats-Unis appréhendées en visualisation 3D et par la différence entre lieu de travail et lieu d’habitat
Étudier les mobilités résidentielles des jeunes Américains à partir du site Migration Patterns
Étudier la structure et l'évolution des logements dans 50 métropoles des Etats-Unis
Quand la crise du Covid-19 bouleverse le marché de l'immobilier aux Etats-Unis
S'initier à la cartographie électorale à travers l'exemple des élections présidentielles de novembre 2020 aux Etats-Unis
Cartographie électorale, gerrymandering et fake-news aux Etats-Unis
La carte, objet éminemment politique : le monde vu à travers les tweets de Donald Trump
-
7:29
Découvrir les structures cachées du paysage grâce au lidar (Cesbio)
sur Cartographies numériques
Simon Gascoin (@sgascoin) consacre un billet sur le site Cesbio à l'affichage de données de relief lidar en parallèle à des orthophotos de l'IGN, sans rien avoir à télécharger. Avec l’ouverture des données de l’IGN le 1er janvier 2021, le RGE ALTI à 1m de résolution est devenu public, ce qui a permis à Guillaume Attard et Julien Bardonnet (AGEOCE) de l’ajouter au catalogue de Google Earth Engine. A son tour, cela a permis à Simon Gascoin de réaliser une application web qui affiche le hillshade de ce modèle numérique de terrain et le fond de carte « satellite » de Google.
Double visualiseur permettant d'afficher les données lidar et les images satellite de Google (source : Earth Engine App)
Outre sa très bonne résolution, l'un des avantages du lidar est de rendre visible des structures souvent cachées dans le paysage, en raison notamment de la végétation ou d'autres phénomènes (exemple ici du fort de Belleville près de Verdun). Ce qui fait que les données lidar sont très utiles par exemple pour l'archéologie.
A noter : dans cette application, le relief est éclairé depuis le nord, ce qui n'est pas conforme à la réalité. Il s'agit d'un standard utilisé en géographie pour visualiser plus facilement les formes de relief (voir cet article).
Dans le même article sur le site Cesbio, Simon Gascoin indique comment ajouter le RGE ALTI et son ombrage dans le logiciel QGIS. Le recours à un SIG permet d'utiliser les données de la BD ORTHO de l'IGN, qui sont plus précises que les données satellites de Google.
Dans ce fil Twitter, il donne par ailleurs une série d'exemples montrant l'intérêt du lidar pour découvrir des structures cachées du paysage :
A la demande populaire, voici une app pour visualiser le jeu de données RGE ALTI de l'IGN et comparer avec le fond de carte "satellite" de google : [https:]] [https:]]
— Simon Gascoin (@sgascoin) May 8, 2023
Articles connexesC'est le fort d'Arches (1875) près d'Épinal pic.twitter.com/JpgOCom7N9
— Simon Gascoin (@sgascoin) May 28, 2023
LiDAR HD : vers une nouvelle cartographie 3D du territoire français (IGN)Des images Lidar pour rendre visible l'invisible. L'exemple de l'archéologie
Les anciens millésimes de la BD Topo disponibles en téléchargement sur le site de l'IGNLa NASA publie un nouveau modèle numérique d'élévation (février 2020)
Flight Simulator 2020 : quand un jeu de simulation aérienne devient un outil d'exploration visuelle de la Terre en 3D
Images 3D, MNT et MNE
-
12:56
Blancs des cartes et boîtes noires algorithmiques
sur Cartographies numériques
Matthieu Noucher, chargé de recherche au CNRS a le plaisir d'annoncer la sortie du livre Blancs des cartes et boîtes noires algorithmiques aux Éditions CNRS. Cet ouvrage, qui correspond à la version remaniée du volume 1 de son dossier d’HDR, se compose de six chapitres. Les deux premiers sont théoriques. Prenant le contrepied des discours techno-enthousiastes sur le « déluge de données », ils dressent l’état de l’art et montrent l’actualité du blanc des cartes à l’ère de l’inégale géonumérisation du Monde. Ils permettent également d’inscrire la démarche dans le champ des critical data studies. Trois études de cas proposent ensuite une exploration par leurs blancs, leurs vides, leurs omissions cartographiques, de trois systèmes métrologiques : autour de la détection de l’orpaillage illégal, de la mesure de la biodiversité et de la cartographie des habitats informels. Elles sont centrées sur l’Amazonie avec, à chaque fois, un zoom sur la Guyane. Une discussion propose enfin une réflexion sur diverses formes de résistance au comblement des cartes contemporaines. La contre-cartographie et la fugue cartographique sont ainsi évoquées comme deux logiques d’action alternatives. Un cahier central vient compléter l’ensemble. Patchwork d’une douzaine de visuels, il propose un voyage à travers une série de « silences cartographiques ».Résumé
Toute cartographie présente ses propres blancs, ses lacunes ou ses oublis, volontaires ou inconscients. Les historiens de la cartographie ont souligné les enjeux politiques de ces silences cartographiques, en particulier durant les périodes de conquête coloniale. L’hypothèse au cœur cet ouvrage est que les blancs des cartes, loin d’être obsolètes, ont aujourd’hui encore, un potentiel heuristique pour analyser les enjeux politiques de l’information géographique numérique. Alors que l’État n’a plus le monopole pour blanchir ou noircir la carte, comment les vides cartographiques sont-ils mobilisés par les différentes parties prenantes ? Quels enjeux de (dé-)régulation informationnelle sont mis en évidence dès lors qu’on s’intéresse aux logiques d’omission aujourd’hui à l’œuvre ? Face à l'illusion d'un « déluge de données », comment explorer les boites noires algorithmiques qui masquent l'inégale géonumérisation du Monde ? Pour tenter de répondre à ces questions, l’Amazonie, plus particulièrement la Guyane, se révèle être un terrain privilégié. Historiquement et symboliquement marquée par les blancs des cartes, cette marge territoriale peut, à bien des égards, être aussi considérée comme une marge cartographique. Les enquêtes menées au sein de trois dispositifs métrologiques autour de la détection de l'orpaillage illégal, de la mesure de la biodiversité et de la cartographie des habitats informels permettent d’explorer des systèmes issus des sphères institutionnelle, scientifique, citoyenne et autochtone. En défendant l’importance de l’empirie pour rester au plus proche des acteurs (producteurs et utilisateurs), des systèmes (codes et données) et des méthodes (in situ et à distance) et en développant une approche à la fois multi-située et interdisciplinaire associant géographie, sciences de l'information géographique et études des sciences et techniques (STS), cette recherche, abondamment illustrée, s’inscrit dans le champ émergent des critical data studies. En s’appuyant sur ces études de cas, elle débouche sur une réflexion transversale sur les deux principales modalités de résistance au comblement des blancs des cartes observées des rives du Maroni aux confins de l'Oyapock : la contre-cartographie et la fugue cartographique. Ce faisant, ce livre permet d'envisager, d'une part, une géographie des ignorances géonumériques qui révèle des savoirs oubliés, masqués ou détruits et, d’autre part, une géographie des résistances géonumériques qui rende visible des alternatives aux représentations spatiales dominantes. Considérées ensemble, ces deux logiques d'indiscipline carto-graphique permettent d’appréhender les blancs des cartes contemporaines comme une opportunité de diversifier nos manières de voir le Monde.
Résumé, sommaire, extraits, manifestations et articles associés à cette sortie sont disponibles à l’adresse suivante : [patiencesgeographiques.org]
Matthieu Noucher est géographe, chercheur au CNRS au sein du laboratoire PASSAGES à Bordeaux, et directeur-adjoint du réseau français de recherche en sciences de l’information géographique (GdR MAGIS). Il a publié Les petites cartes du Web en 2017 aux Éditions de la rue d’Ulm et co-dirigé l’Atlas Critique de la Guyane sorti en 2020 aux Éditions CNRS. Blancs des cartes & boîtes noires algorithmiques est une version remaniée et enrichie du volume inédit du dossier d'Habilitation à Diriger des Recherches (HDR) qu'il a soutenu le 7 décembre 2022, à l'Université Bordeaux Montaigne.
Lien ajouté le 30 août 2023
Entretien n°108. Matthieu Noucher, "Comprendre les blancs des cartes". A propos de son livre, tiré de son HDR, Blancs des cartes et boîtes noires algorithmiques #LeRegardduChercheur [https:]] pic.twitter.com/eGuEKWOKSt
— Anthony Guyon (@Anthony_Guyon) August 29, 2023
Articles connexes
« Personne n'habite ici » ou comment cartographier le vide ?
Atlas critique de la Guyane (par Matthieu Noucher et Laurent Polidori)
Cycle de conférences « L’illusion cartographique » (Bordeaux, Octobre 2020 – Avril 2021)
Atlas des pays qui n'existent plus. 50 États que l'histoire a rayés de la carte
Sous le calque, la carte : vers une épistémologie critique de la carte (Denis Retaillé)
Dire et changer le monde avec les cartes (émission "Nos Géographies" sur France-Culture)
-
6:24
Cartographie imaginaire. Les îles de la planification écologique
sur Cartographies numériques
Comment se prépare la « planification écologique » promise par Emmanuel Macron pendant sa campagne présidentielle ? Depuis sa réélection en 2022, les journalistes de @Contexte observent l'organisation que le gouvernement met en place. Pour s'assurer que la France tienne ses objectifs de réduction d'émissions de gaz à effet de serre, la machine administrative française s'active : un nouveau secrétariat général, des feuilles de routes, des chantiers, des stratégies, une programmation pluriannuelle. Yann Guégan (@yannguegan) et Victor Roux-Goeken (@_Victor_RG_) ont imaginé de produire une carte du Tendre à la manière de François Chauveau au XVIIe siècle. Ils se sont inspirés également des atlas imaginaires de Jules Grandin et Clara Dealberto. Pour la réalisation graphique, ils ont fait appel aux talents de Camille Beuron (@CamilleBeurton), graphiste d'information.Qui comprend en quoi consiste la planification écologique ? Pour mieux naviguer dans les méandres des organismes, textes et objectifs liés à cet ovni politique, la revue Contexte a cartographié les îles de la planification écologique, un récit cartographique façon "scrollytelling". « Vous allez visiter, étape par étape, un monde que dont vous ne soupçonniez pas l'existence, celui de la planification écologique à la française. Profitez-en, le voyage est gratuit ! ».
« Les îles de la planification écologique » (source : Contexte)
« Ce quinquennat sera écologique ou ne sera pas ! » (Emmanuel Macron, Meeting d’entre deux tours, avril 2022)
« Le périple commence par l’immense continent de l’exécutif. Dominées par le mont Macron, qu’éclaire parfois un rayon de soleil, les plaines de Matignon sont la tête de pont d’un vaste hinterland, censé permettre toutes les manœuvres. Cette vaste étendue de terres est bordée sur son flanc oriental par l’épais marigot législatif de la réforme des retraites. D’aucuns disent qu’il est infranchissable...»
La carte est à découvrir en accès libre sur le site de la revue Contexte. Elle peut également être téléchargée en version pdf.
Articles connexes
La régate présidentielle ou course à l'Elysée 2022 en version carte imaginaire
Utiliser des générateurs automatiques de territoires imaginaires
Derrière chaque carte, une histoire. La carte de Gough et les îles perdues de la baie de Cardigan
La Lémurie : le mythe d'un continent englouti. La cartographie entre science et imaginaire
La Terre du Milieu de Tolkien a désormais son SIG
Derrière chaque carte, une histoire. La cartographie du détroit de Magellan entre science et imaginaire
Cartes et fictions (XVIe-XVIIIe siècle) par Roger Chartier
Les story maps : un outil de narration cartographique innovant ?
Les histoires cartographiques racontées par Jules Grandin
-
10:35
Conférence Spatial Analysis and GEOmatics (SAGEO) 2023
sur Cartographies numériques
SAGEO est la conférence internationale francophone en géomatique soutenue par le groupe de recherche CNRS MAGIS ( [https:]] . L’objectif de SAGEO est de présenter les derniers travaux de recherche en géomatique et en analyse spatiale. En 2023, SAGEO est organisée à Québec, au Canada par le Centre de Recherche en Données et Intelligence Géospatiales (CRDIG) de l’Université Laval. En plus des conférences, le colloque SAGEO inclut des ateliers thématiques réunis dans la même journée et l’assemblée générale du GDR MAGIS.
Conférences invitées :
Thierry Joliveau : Techniques, pratiques et imaginaires de la géonumérisation. Les objets culturels en géomatique.
Il y a presque dix ans, lors d’une communication au colloque organisé à Québec pour les 25 ans du Centre de Recherches en Géomatique, je tentais de dessiner les défis conceptuels, méthodologiques et techniques que posait aux Sciences de l’Information Géographique la prise en compte de la dimension culturelle et imaginaire de l’espace. J’avançais que cela nécessitait un renouvèlement théorique et méthodologique, et que les usages liés à ces nouveaux objets, s’ils étaient difficiles à anticiper, seraient à coup sûr d’une très grande ampleur. La présente invitation à Sageo 2023 est l’occasion pour moi de revenir sur ces questions à partir d’un parcours de recherche de quelques trente années qui m’a conduit d’une géomatique topographique, environnementale et territoriale à l’exploration d’un « monde géonumérique » dans lequel la totalité des phénomènes localisés sur la surface terrestre, physiques aussi bien qu’immatériels, sont « géonumérisés » de manière à la fois systématique, automatique et toujours plus subreptice. Les œuvres et données culturelles apparaissent alors comme une des nouvelles frontières de cette géonumérisation. Celle-ci a d’ailleurs été prise en charge ces dernières années par le mouvement dit des Humanités numériques spatialisées, qui mobilise les techniques géomatiques pour des projets dans le domaine culturel de nature extrêmement diverse : scientifique, éducative, artistique, touristique, patrimoniale, territoriale, paysagère, promotionnelle... La composante formelle, méthodologique et technique de ce processus global de géonumérisation est bien entendu centrale. Elle déborde d’ailleurs largement de l’interdiscipline géomatique. Mais ses enjeux géographiques, sociaux et politiques ne peuvent être négligés et les spécialistes se doivent de contribuer à l’analyse critique des usages actuels et futurs de l’information géographique. L’émergence d’une géomatique des objets culturels est non seulement une occasion d’étendre la panoplie des méthodes et techniques disponibles de la géomatique mais aussi de décrypter les imaginaires qui accompagnent la géonumérisation. A partir de travaux de recherches récents, je proposerai quelques éléments pour contribuer à une réflexion collective en ce sens.
Conférencier #2: À confirmer
Sessions de conférences
Session 1 : 6 juin 10:30-12:00- HedgeTools : une boîte à outils pour caractériser automatiquement les haies en milieu agricole.
David Sheeren, Gabriel Marques, Lewis Villierme, Jean-Baptiste Boissonnat, Guillaume Guebin, Marc Lang et Claude Monteil - Caractérisation spatiale multiscalaire des agricultures contribuant à l’approvisionnement alimentaire de proximité. Propositions méthodologiques pour l’accompagnement de l’action publique de planification alimentaire.Esther Sanz Sanz, Claude Napoléone et Michel Mouléry
- Proposition méthodologique pour identifier la limite spatiale ville-agriculture : Caractérisation de la rugosité du contour. Michel Mouléry, Didier Josselin, Esther Sanz Sanz et Claude Napoléone
- ORL : une Ontologie des Relations de Localisation pour l’aide à la localisation de victimes en montagne lors d’un appel aux secours. Mattia Bunel, Cécile Duchêne and Ana-Maria Olteanu-Raimond
- Qaujikairit, un outil d’information et d’alerte précoce sur les événements météorologiques pour les communautés nordiques du Nunavik. Charles Gignac, Thierry Badard and Stéphane Voyer-Boutet, Jacynthe Pouliot et Richard Fortier
- Developing an Ontology-Based Framework to Select Geospatial Data for Natural Hazards Early Warning Systems (Case study: Nunavik, Québec, Canada). Amirhossein Vahdat, Jacynthe Pouliot, Thierry Badard and Richard Fortier
- Cartographie lidar des biotopes terrestres, marins et intertidaux de l’atoll de Tetiaroa. Benoit Stoll, Poeiti Tuheiava, Moana Badie and Lila De Oliveira
- Cartographie de la diversité spécifique forestière des milieux tempérés à partir d’imagerie hyperspectrale. Marc Lang, Max Ferriere, Florian De Boissieu, Xavier Briottet, Sophie Fabre, David Sheeren and Jean-Baptiste Féret
- Cartographier des trajectoires maritimes incertaines du XVIIIème siècle. Christine Plumejeaud-Perreau and Bernard Pradines
- Variation d’estimation de température selon les échelles administratives. Didier Josselin, Matthieu Vignal, Nicolas Viaux, Delphine Blanke and Céline Lacaux
- Identifier le domaine public et son évolution : méthodologie d’analyse spatio-temporelle par traitements géomatiques en creux du cadastre. Thibault Lecourt, Laure Casanova Enault and Didier Josselin
- Optimising the location of public services. Methodological development and application to the SUD region. Quentin Godoye and Cyrille Genre-Grandpierre
- CentipedeRTK Le Real Time Kinematic collaboratif, low-cost et open source. Ancelin Julien, Ladet Sylvie and Heintz Wilfried
- Unlocking Insights into Business Trajectories with Transformer-based Spatio-temporal Data Analysis.
- Muhammad Arslan and Christophe Cruz
- Estimer un potentiel de regroupement de mobilité à partir de données spatio-temporelles.
- Louisette Garcin, Didier Josselin, Sonia Chardonel, Mathilde Vernet and Jean-Baptiste Chesneau
- Cartographier pour le web avec `bertin`. Nicolas Lambert, Timothee Giraud, Matthieu Viry and Ronan Ysebaert
- La partie immergée de l’information géographique : Analyse critique à travers le cas de la planification spatiale marine. Juliette Davret and Brice Trouillet
- Pour un dialogue entre la géomatique et les humanités numériques : propositions pour contribuer à des pratiques géo-numériques critiques. Juliette Morel and Baptiste Hautdidier
1. De la fabrique de la donnée à son usage : les grands enjeux de recherche en géomatique appliquée aux espaces côtiers et marins. 5 Juin 2023 / Après-midiCet atelier vise à mieux définir les contours et la structure du domaine de la recherche en géomatique/information géographique s’intéressant aux espaces côtiers et marins et ses enjeux, approchant le sujet à travers l’ensemble du cycle de vie de l’information – de l’acquisition de données sur les environnements naturels et humains à leur traitement, gestion, échange, analyse et usage. L’atelier sera structuré sous la forme de deux tables rondes suivies de discussions avec l’ensemble des participants, avec des intervenants présentant de manière synthétique l’état du domaine et les grands enjeux scientifiques autour de leurs périmètres spécifiques de recherche. Les participants contribueront à alimenter cette réflexion et une synthèse sera ensuite faite et pourra mener à une contribution scientifique commune sur ce domaine. Cet atelier est co-organisé par l’action de recherche #11 du GdR MAGIS (CNRS) sur les espaces côtiers et marins et par l’Université du Québec à Chicoutimi.Point de contact : Rodolphe Devillers (IRD), Vincent Lecours (UQAC), Cyril Ray (IRENav) et Brice Trouillet (LETG, U. Nantes)Modalités de participation à l’atelier : l’atelier est ouvert à tout participant en lien avec le domaine de la géomatique appliqué aux espaces côtiers et marins. Aucune soumission n’est nécessaire.
2. Articulation de différents langages (R, JavaScript et Python) pour la géovisualisation avec Quarto. 5 Juin 2023 / Matin (voir la présentation)Dans un contexte d’essor de carnets interactifs (Notebooks), l’objet de cet atelier consiste à montrer les possibilités offertes par Quarto, un système de publication scientifique et technique open-source basé sur Pandoc, qui permet d’articuler différents langages pour réaliser des géovisualisations reproductibles dans un seul et même document. Cet atelier proposera aux participants une prise en main des principales fonctionnalités offertes par Quarto, puis une mise en œuvre de chaînes de traitements de l’information géographique reproductibles avec R, Python et Observable JavaScript dans cet environnement.Point de contact : Nicolas LambertConnaissances de base en R, Python et/ou JavaScript et installation en amont des logiciels nécessaires à la mise en place de l’environnement de développement (Quarto, R, Python, RStudio, Jupyter…). La liste des logiciels et bibliothèques nécessaires sera communiquée quelques semaines avant l’atelier. Accès au support de formation
3. Innovation en géomatique : des pensées et des outils qui évoluent. 5 Juin 2023 / MatinOuverte à tou·tes, cette session organisée par un groupe de jeunes chercheur·euses franco-québécois rassemblera sous la forme d’une table ronde des intervenant·es francophones du monde Académique, Privé, Gouvernemental et Associatif qui partageront leurs visions de l’évolution des pensées et des outils en géomatique dans leurs domaines respectifs. Un sondage interactif réalisé lors de la séance ainsi qu’une modération assurée par les animateurs de l’émission populaire québécoise de podcast sur la géomatique “Le Spot” permettront des échanges interactifs entre le public et les intervenant·es.Point de contact : Camille Scheffler
4. IOTA, une chaîne de traitements « open source » pour analyser des séries temporelles Sentinelles. 5 Juin 2023 / Après-midiLa chaîne de traitements « open source » iota², pour Infrastructure pour l’Occupation des sols par Traitement Automatique Incorporant les Orfeo Toolbox Applications ( [https:]] ), est une solution logicielle permettant d’analyser des séries temporelles d’images satellites à résolution décamétrique ou métrique à large échelle, telles que les séries optique et radar Sentinel ou encore les séries temporelles des satellites Landsat disponibles pour l’ensemble des surfaces continentales. Cette chaîne, développée par le CESBIO avec le soutien du groupe CS (https://pda.csgroup.space), permet d’automatiser le traitement massif de ces séries temporelles régulières sans nuage sur plusieurs tuiles.Point de contact : Thierion VincentPour participer à l’atelier, une connaissance de base du système d’exploitation Linux est nécessaire. Il sera aussi nécessaire de disposer d’un ordinateur avec Linux ou à défaut d’une machine virtuelle Linux (la solution WSL – Windows Subsystem for Linux – est à privilégier). Étant donné la durée courte de l’atelier, il est préférable que les participants arrivent à l’atelier avec la chaîne de traitements installée : [https:]]
Le site web de l’atelier est : [https:]] .
6. IDOMOG : représentation et gestion de l’Incertitude des Données et des Modèles en Géomatique. 5 Juin 2023 / MatinL’objectif de cet atelier est de contribuer à la réflexion sur la représentation, la gestion et l’usage de l’incertitude épistémique dans les données et les modèles en géomatique. En effet, un grand nombre de données utilisées en géomatique, de l’analyse à la modélisation et à la décision, sont entachées d’imperfections (imprécision, incomplétude, ambiguïté, etc.). L’incertitude épistémique provient du manque de connaissances complètes sur le phénomène considéré à laquelle sont associées différents types d’incertitude, présents dans les sources d’information, et notamment les données spatio-temporelles. Un but de l’atelier est donc de présenter des travaux récents qui s’inscrivent dans ce thème. L’atelier sera organisé sous la forme de présentations, ainsi que de discussions notamment pour voir si de nouvelles collaborations et projets peuvent être initiés entre le Canada et la France sur ce sujet. Le présent atelier s’inscrit dans le cadre de l’action « incertitude » du GDR MAGIS.Point de contact : François Pinet – INRAE, Eric Desjardin – URCA, Mireille Batton-Hubert – École des Mines de Saint-Étienne, Didier Josselin – CNRS
7. Géographies numériques et approches sensibles de l’espace. 5 Juin 2023 / Après-midiL’objectif de cet atelier est d’entamer un dialogue entre géographies numériques et approches sensibles de l’espace à partir de la présentation de différents projets de recherche menés d’un côté et de l’autre de l’Atlantique : par le Géomedia Lab de l’Université Concordia à Montréal ou par le projet Mobiles dans lequel intervient l’UMR EVS à Lyon-Saint-Etienne ou encore par les chercheurs intéressés à venir présenter à Sagéo des travaux qui transposent avec des interfaces numériques des expériences sensibles, qui hybrident les deux modes ou qui les mettent en dialogue.Point de contact : Claire Cunty
8. Portée et problématiques d’usage des traces géonumériques et de l’information géographique volontaire : crowdsourcing, qualité des données, gestion des espaces et usages des dispositifs de production. 5 Juin 2023 / MatinDans un contexte global de numérisation des mondes sociaux, marqué par le changement climatique, par le besoin de gérer l’aménagement de l’espace et l’accès à la nature ou encore par la montée des inégalités sociales et spatiales, où les traces géonumériques et l’information géographique volontaire (produites ou non dans le cadre d’initiatives de type crowdsourcing) offrent des perspectives très stimulantes en matière d’outils d’aide à la décision mais aussi de recherche fondamentale ou de recherche-action, cet atelier visera à identifier et proposer un espace d’échange ouvert à des chercheurs et des techniciens, à l’échelle nationale mais aussi internationale.Point de contact : Marc Langenbach, Ana-Maria Olteanu-Raimond, Pascal Mao, Cyril de Runz, Hugues François, Robin Lesné.
Articles connexes
Des sources aux SIG : des outils pour la cartographie dans les Humanités numériques
Des outils pour la cartographie dans les humanités numériques (Plateforme géomatique de l'EHESS)
Humanités numériques spatialisées (revue Humanités numériques, n°3, 2021)Les nouvelles perspectives offertes par la cartographie des odonymes et autres toponymes
Des images Lidar pour rendre visible l'invisible. L'exemple de l'archéologie
- HedgeTools : une boîte à outils pour caractériser automatiquement les haies en milieu agricole.
-
19:10
Cartes invisibles. Réflexions littéraires et cinématographiques sur l’image cartographique (colloque)
sur Cartographies numériques
Le colloque « Cartes invisibles. Réflexions littéraires et cinématographiques sur l’image cartographique » est organisé dans le cadre du PDR Littérature et cartographie. Il se tiendra à l'Université Saint-Louis (Bruxelles) du 25 au 26 Mai 2023. Ce rendez-vous sera l'occasion d'aborder les cartes invisibles, mentales, potentielles, et les autres approches contre-cartographiques en littérature et au cinéma, accompagnées d'une table ronde avec l’Ouvroir de cartographie potentielle (OUCARPO).JEUDI 25 MAI
9h15 – Introduction par Aurélien d’Avout et Isabelle Ost
Session 1 – Cartes rêvées, cartes suggérées
9 h 30 – Alain Milon (Université Paris Nanterre), « La carte nous avertit : "Gare à l’assujettissement" ! »
10 h 15 – Guillaume Monsaingeon (chercheur et commissaire indépendant), « Le silence de Proust »
11 h 15 – Aurélien d’Avout (Université Saint-Louis - Bruxelles), « Les coulisses cartographiques de l’œuvre de Jean Giono »
12 h – Élodie Raimbault (Université Grenoble Alpes), « Apparition et disparition des cartes chez Rudyard Kipling : un jeu sur l’abstraction et la matérialité du territoire »
Après-midi
Session 2 – Contre-cartographies littéraires
14 h – Nepthys Zwer (historienne, membre du groupe de recherche visionscarto.net), « Trouble dans la cartographie »
14 h 45 – Cécile Chatelet (UMR THALIM), « Mettre au jour l’invisible sur la carte, contre-cartographier un lieu. L’exemple de la décharge de Staten Island dans Freskills. Recycler la terre (2019) de Lucie Taïeb »
15 h 45 – Juliette Morel (Université Paris-Est Créteil), « Les métaphores cartographiques chez Kateb Yacine, ou les ressorts de la récupération poétique d’un outil de domination colonial »
16 h 30 – Liouba Bischoff (ENS Lyon), « Escamoter les cartes : un gage de littérarité pour le récit de voyage »
17h15 – « La contrainte, le potentiel et l’invisible. L’Ouvroir de cartographie potentielle (OUCARPO) à travers littérature, vidéo et arts plastiques ». Table ronde avec Gilles Palsky, Jean-Luc Arnaud, Guillaume Monsaingeon
VENDREDI 26 MAI
Matinée
Session 3 – Apparitions et disparitions des cartes au cinéma
9 h 15 – Tom Conley (Harvard University), « L’inconscient cartographique du cinéma classique »
10 h – Laurent Darbellay (Université de Genève), « Cartographies visibles et invisibles : La métropole berlinoise selon Fritz Lang »
10h45 – Pause café
11 h – Laurent Van Eynde (Université Saint-Louis - Bruxelles), « Chemins et tableaux : la carte en suspens dans Tess de Roman Polanski »
11 h 45 – Samuel Janssen (Université Saint-Louis - Bruxelles), « The Lost City of Z : cartographier l’espace, explorer le temps »
Après-midi
13 h 30 – Isabelle Ost (Université Saint-Louis - Bruxelles), « Des cartes “hyper visibles” aux cartes invisibles. De cinéma et de littérature »
14 h 15 – Lucas Monsaingeon (Cergy Paris Université), « Les terrils du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, tas de déchets ou éminences géographiques ? Réflexions sur le mépris cartographique à partir de la Cabale des oursins, un court métrage de Luc Moullet »
Session 4 – Cartes et voyages
15 h 30 – Raphaël Luis (ENS Lyon), « Une carte qui ne mène nulle part : l’étrange train de Juan José Arreola »
16 h 15 – Sémir Badir (Université de Liège), « La carte du monde. Sur L’Usage du monde de Nicolas Bouvier »
Articles connexes
Hors du monde : la carte et l'imaginaire - Exposition cartographique (Strasbourg, du 18 mai au 20 octobre 2019)
Un océan de livres : un atlas de la littérature mondiale
Carte des road trips les plus épiques de la littérature américaine
Le tour de France des classiques de la littérature (Gallica - BNF)
Le voyage d'Ulysse. Comment cartographier un mythe ?
Cartes et fictions (XVIe-XVIIIe siècle) par Roger Chartier
Vers une carte interactive de la littérature de fiction dans le monde
Découvrir Paris à travers les grands classiques de la littérature
Fake Britain, un atlas de lieux fictionnels
Rubrique Cartes et atlas imaginaires
-
12:31
Des sources aux SIG : des outils pour la cartographie dans les Humanités numériques
sur Cartographies numériques
Le séminaire "Des Sources aux SIG" clôturera sa 3ème saison par une séance en présentiel sur le site de la MSH Paris-Saclay. Ce workshop aura lieu les mercredi 14 et jeudi 15 juin 2023. L'inscription est gratuite mais obligatoire par mail à seminairesourcesig@uvsq.fr avant le 5 juin (le nombre de places est limité).Mercredi 14 juin 2023
14h00 Mot d'ouverture du comité scientifique
14h15 Luis Fe Canto (EHIC Limoges ), Cartographier la captivité en Méditerranée XVI-XVIIIe siècle
15h00 Grégoire Cousin (IRIS EHESS), Suivre les déportés, une approche spatiale du génocide des Rom
15h45 Discussion et pause
16h15 Giovanni Pietro Vitali (DYPAC - UVSQ), Visualiser la violence pendant la Seconde Guerre mondiale à travers le SIG. Massacres de guerre et déportation en Italie entre 1943 et 1945
17h00 Séance tutoriel animée par le comité scientifique
Jeudi 15 juin 2023
10h00 Magalie Wattaux (Université de Rennes 2), Le projet ANR PARCEDES. À propos de quelques développements géomatiques au service d’une problématique scientifique et de la recherche participative
Pour en savoir plus sur le projet ANR "PARCEDES" 2022-2024 (@ANR_Parcedes) : "Parcellaires agraires et dynamiques d’exploitation du sol dans la longue durée"
[https:]]10h45 Ylenia Paciotti (Università degli studi di Genova), La simulation des paysages symboliques avec le SIG le cas des lieux religieux médiévaux de la Toscane méridionale
11h00 Discussion et pause
11h30 Carlo Citter (Università degli studi di Siena), Réflexions théoriques et méthodologiques sur la simulation des paysages symboliques avec le SIG
12h15 Clôture du séminaire et perspectives
Séances concernant le programme 2022-23
Séance #1 : 6 octobre 2022
Introduction du séminaire
Hanae EL GOUJ, doctorante en géographie et aménagement, ThéMA, Université de Bourgogne Franche-Comté. Doriane HARE, ingénieure d’études, INED
Acquisition collaborative de données géohistoriques : Numérisation des routes de la France au XIXe siècle à partir des cartes de l’État-Major dans le cadre d’une collaboration entre l’ANR COMMUNES et Open Historical Map.Séance #2 : 10 novembre 2022
Mahaut CAZALS – Doctorante Laboratoire Dypac – UVSQ
Archéologie des paysages
Anaïs BLESBOIS – Doctorante Laboratoire Dypac – UVSQ
Jardin, vergers et toponymesSéance #3 : 8 décembre 2022
Maël Le Noc, Boursier postdoctoral | Postdoctoral fellow, Fondation pour la Mémoire de la Shoah
Étudier les trajectoires de fuites de victimes parisiennes des persécutions antijuives pendant la Shoah à partir des dossiers de naturalisations : possibilités, challenge, et perspectives
Marie-Laure CHAMBRADE, Frédérique BERTONCELLO – CNRS CEPAM – UMR 7264
Réflexions sur le choix d’outils d’analyses spatiales et statistiques pour l’étude de la “conquête” des marges arides du Proche-Orient au Néolithique récent (Projet MSCA MARGINS 2022-2025)Séance #4 : 12 janvier 2023 – séance avec tutoriels
Jonathan VILLOT – Ecole Nationale Supérieure des Mines
Tutoriel portant sur un géoservice en mode Software As A Service dénommé ONB – Observatoire National des Bâtiments
Eric MERMET – CNRS / TSE-R, Eric GROSSO – Mapping Edinburgh
Topomine : une application web d’exploration itérative de la toponymie françaiseSéance #5 : 9 février 2023
Pauline BESSAGUET
Jean PASSINI – CNRS / EHESS / CRH , Angelo ODORE – EHESS / Plateforme géomatique, Eric MERMET – CNRS / TSE-R, Amalia Yuste
La façade nord de la cathédrale de Tolède : une ou trois portes ? Apport de la 3D sur la structure de formes complexes
Séance #6 : 9 mars 2023
Barbara CHITI , Marie-Laure CHAMBRADE – CNRS ArScAn , CNRS CEPAM
Des archives archéologiques à la publication : le cas d’étude du Chantier II de Tell Kazel (Syrie)
Léa HERMENAULT, Iason JONGEPIER, Christophe DE COSTER – Université d’Anvers , Université d’Anvers et Archives de l’Etat en Belgique
Des paysages, des toponymes et des gazetiers. Trois projets d’histoire du paysage belge à partir du traitement numérique de banques toponymiques et de cartes anciennesSéance #7 : 13 avril 2023
Victor GAY, Sébastien POUBLANC – Toulouse School of Economics (TSE), FRAMESPA
L’incertitude au coeur de la géographie administrative historique : le cas des bailliages et juridictions assimilées en 1789
Etienne MENAGER – FRAMESPA
De l’espace médiéval à la représentation cartographique : atouts et limites des SIG. Quelques réflexions.Séance #8 : 11 mai 2023
Leticia TOBALINA-PULIDO, Carlos D. BARRANCO GONZÁLEZ – Incipit-CSIC , Universidad Pablo de Olavide
Gestion de données imparfaites à l’aide de la logique floue : exemples d’application pour la datation et la typologie des sites archéologiques
Rémi CROUZEVIALLESéance #9 : mi juin 2023
Séance / workshop en présentiel – à venir
Séances avec vidéos en ligne concernant le programme 2021-22
Séance #1 : 15 octobre 2021
Introduction + tutoriels (Oronce Fine, TopoMine, Heurist)
Lien vers la vidéo de la séance
Séance #2 : 26 novembre 2021
Angelo Odore (EHESS), Eric Mermet(CNRS/EHESS), Romain Saguer(ULCO), Jean Passini (CNRS/EHESS), « Le projet VISMIN, questionner la visibilité du fait minoritaire juif dans l’espace public à la fin du moyen-âge : retour d’expérience sur la modélisation de la base de données »
Tiago GIL, (University of Brasilia) « Une carte numérique interactive de l’Amérique occupée par les portugais entre 1500 et 1808 »
Lien vers la vidéo de la séance
Séance #3 : 17 décembre 2021
Thomas LEVEZIEL (Université de Rennes) « Dénombrements de feux, aveux, minus, etc. Mesurer les centres de peuplement en archéologie médiévale. Le cas de Trans-la-forêt (Ille-et-Vilaine) »
Rémi CROUZEVIALLE, Sandrine PARADIS (Université de Limoges) « Du bois pour la porcelaine de Limoges. Une base de données géohistorique pour analyser l’influence de l’industrie sur les ressources environnementales au XIXe siècle. »
Lien vers la vidéo de la séance
Séance #4 : 21 janvier 2022
Davide GHERDEVICH, Helene NOIZET (DYPAC, LAMOP), « 15 ans du projet ALPAGE, bref bilan et perspectives d’avenir »
Margot FERRAND (Université d’Avignon, FR AGORANTIC, UMR CIHAM ), « Écrire et représenter l’espace urbain : les SIG face aux sources de l’administration territoriale (Avignon, XIIIe-XVe siècles) »
GUILLOPÉ Thierry (Université Gustave Effeil), LECOURT Thibault (Avignon Université, UMR 7300 Espace), « Populations et politiques urbaines en situation coloniale : établir une cartographie des dynamiques sociales en Algérie des années 1920 aux années 1960 »
Lien vers la vidéo de la séance
Séance #5 : 18 février 2022
Davide GHERDEVICH, Eric MERMET, Colin PRUDHOMME, Clément BAUER (DYPAC, EHESS) « Projet Huma-3D : sauvegarde du patrimoine, visualisation et analyse de données 3D»
Jean PASSINI, Amalia YUSTE, Eric MERMET, Angelo ODORE (CNRS / EHESS) « La façade cachée de la cathédrale de Tolède »
Laurent COSTA (ARSCAN), « 3D Abbaye de Bourgueil »
Lien vers la vidéo de la séance
Séance #6 : 25 mars 2022
Nicolas BOURGEOIS, Aurélien PELLET (EPITECH) « Apprentissage supervisé sur des données géolocalisées pour comprendre des flux de population étudiante »
Caroline KOUDORO-PARFAIT, Gaël LEJEUNE (OBTIC, STIH, SCAI, Sorbonne Université), « De la création des corpus numériques à leur utilisation : les interférences dans la reconnaissance d’entités nommées spatiales »
Hélène MATHIAN, Claire CUNTY, Thierry JOLIVEAU (UMR EVS) « FactoViz , un outil d’exploration des spatialités et temporalités d’entités historiques : l’exemple du fait religieux en France au Moyen-Age »
Lien vers la vidéo de la séance
Séance #7 : 22 avril 2022
Christophe TUFFÉRY (INRAP) « Contribution à l’étude des effets du numérique sur l’enregistrement de données archéologiques géoréférencées sur le terrain et sur leur réutilisation »
Aurélia DESPLAIN (EHESS) « Des plans cadastraux aux photos d’édifices. Premières étapes de valorisation d’un fonds de photographies historiques de l’ancienne concession française de Tianjin »
Viviane BASTOS E SILVA (EHESS) « La distribution des droits sur le territoire, zonage des droits dans les favelas de la ville de Rio de Janeiro »
Lien vers la vidéo de la séance
Séance #8 : 20 mai 2022
Christophe Tufféry, Vincent DELVIGNE, Paul FERNANDES, Jérémy GARNIAUX, Stéphane RENAULT (INRAP CR-CNRS, SARL Paleotime Laboratoire Méditerranéen de Préhistoire Europe Afrique) « La publication de données et de métadonnées ouvertes sur les ressources en matières siliceuses pour la préhistoire. L’expérience du GDR SILEX »
Leticia TOBALINA (Casa de Velázquez-EHEHI) « Travailler avec des données incertaines dans un SIG sur le peuplement tardif. Prospection, archives archéologiques et bases de données (Projet DYNAT-INC) »
Lien vers la vidéo de la séance
Jean Sébastien GROS (Ecole Française d’Athènes) « Données ouvertes ? API et Connecteurs ad hoc Le retour d’expérience de ThaCER »
Séance #9 : 24 juin 2022
Davide GHERDEVICH, Margaux NGUYEN NGOC MINH (DYPAC /DLab SHS – UVSQ) et Eric MERMET (Platforme geographique EHESS) « Les moines voyageurs : les itinéraires des rouleaux des morts au prisme des systèmes d’information géographique »
Christophe BATARDY (AOROC – CNRS ENS) « La plate forme webSIG Chronocarto »
Lien vers la vidéo de la séance
Nous sommes fiers de vous présenter la première story map issue des travaux de PARCEDES en Italie, qui rend compte des recherches de Simone Grosso sur l'ancienne lagune de Grosseto ! [https:]]
— ANR PARCEDES (@ANR_Parcedes) April 21, 2023
1/8. Un nouveau blog de recherche pointe son nez : MaNOMA, pour "Manuel numérique ouvert de morphologie agraire dans le monde" ! Placé sous le haut patronage de @AcademieAgri il présente des études sur la morphologie agraire. Visitez-le et faites tourner? [https:]]
— ArcheoGeo@Watteaux (@MagaliWatteaux) May 24, 2022
Articles connexes
Des outils pour la cartographie dans les humanités numériques (Plateforme géomatique de l'EHESS)
Humanités numériques spatialisées (revue Humanités numériques, n°3, 2021)
Conférence Spatial Analysis and GEOmatics (SAGEO) 2023
Webinaires "Carte blanche" sur les formes contemporaines de cartographies et géovisualisations (GDR Magis)
L'histoire par les cartes : la carte archéologique de Paris
ArchéOdyssée, une carte interactive de plus de 800 musées et sites archéologiques en France
Des images Lidar pour rendre visible l'invisible. L'exemple de l'archéologie
Etudier les formes urbaines à partir de plans cadastraux
Annoter et partager des images et des cartes numériques en haute résolution en utilisant des outils IIIF
-
9:49
Cartes et données pour alimenter le débat sur les attaques de requins dans le monde
sur Cartographies numériques
Après avoir connu une recrudescence dans les années 2015-2020, le nombre d’attaques de requins sur des humains a tendance à diminuer dans le monde en 2022. Il connaît cependant des « pics inquiétants » dans certaines régions, selon le fichier international des attaques de requins (ISAF) tenu par le Museum d'histoire naturelle de l'Université de Floride. En 2022, celui-ci a recensé 57 accidents, la plupart étant survenus aux États-Unis et en Australie. Cinq de ces attaques ont été mortelles, contre neuf en 2021 et dix l’année précédente (rapport annuel de l'ISAF). Depuis 2013, on dénombre en moyenne 74 attaques par an. Les chercheurs ne prennent en compte que les attaques dites « non provoquées », c’est-à-dire ne pouvant être attribuées à des stimulations humaines, comme la présence de lignes de pêche jetées à proximité directe de l’accident ou de poissons utilisés comme appâts par les chasseurs sous-marins.
Les mesures prises localement par les autorités pour prévenir les blessures et les décès contribuent à cette baisse récente du nombre d'accidents. Dans les zones très à risque, la baignade est souvent interdite (ou formellement déconseillée) à certaines heures et sur certaines plages. La capture et l’élimination de requins ont aussi été mises en œuvre, à La Réunion par exemple (Wikipedia). Mais leur efficacité n’est pas démontrée. Le sujet des risques avec les requins est une problématique majeure pour la sécurité humaine et la gestion des écosystèmes marins, particulièrement dans les outre-mer où des évènements tragiques ont lieu de plus en plus fréquemment ces dernières années. Selon l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), l'objectif est de « prévenir plutôt qu'abatttre ».I) « Attaque de requin » : de quoi parle-t-on ?
Une attaque de requin est un accident au cours duquel un contact physique agressif a été formellement établi entre un requin et un être humain (Wikipedia). Ce fait peut entraîner la détérioration de l'équipement, des blessures voire la mort de la victime. Les attaques de requins envers l'homme sont assez rares. Les raisons conduisant à une attaque ne sont pas toujours bien connues, en raison du manque de statistiques. Les données collectées à l'échelle mondiale permettent cependant d'avoir des informations de plus en plus fiables.
Sur les 470 espèces de requins dans le monde, 30 espèces ont été recensées comme pouvant attaquer l'homme. La grande majorité des attaques n'est représentée que par 4 espèces : le grand requin blanc, le requin tigre, le requin bouledogue, le requin océanique (voir le détail de ces espèces dangereuses sur Sharkattackfile.net). Une partie de ces attaques sont dirigées envers les embarcations elles-mêmes et non leurs occupants. En ce qui concerne les attaques sur les humains, les statistiques révèlent qu'elles se produisent en priorité sur des surfeurs, sur des nageurs et sur des plongeurs. Les attaques en bord de côte, lorsqu'une personne rentre ou sort de l'eau, sont plus rares.
Une attaque de requin n'est pas toujours fatale. En moyenne et dans le monde, environ 10% des attaques non provoquées sont mortelles. On distingue deux catégories d'attaques : celles dites « provoquées », où certains comportements humains favorisent l'attaque, et les autres « non provoquées », dont la raison n'est pas imputable directement à un acte de la victime. La différence est fondamentale car bon nombre d'accidents avec les requins pourraient être empêchés par une meilleure connaissance du comportement de ces animaux et en évitant certaines pratiques à risque parmi lesquelles les harceler ou tenter de les pêcher, pêcher en apnée des poissons en leur présence, tenter de les nourrir pour les attirer.
II) Les bases de données disponibles
Il est difficile d'établir des statistiques fiables, dans la mesure où tous les cas ne sont pas répertoriés. L'étude précise et systématique des attaques de requins est une discipline relativement récente, qui a quelques décennies au plus. Même si les scientifiques possèdent de très anciens témoignages d'attaques de requins, il est évident que les statistiques récentes sont plus fiables que celles des siècles précédents. L'évolution des chiffres d'attaque année après année n'a guère de signification. D'une part parce que le nombre d'attaques rapporté à la population vivant à proximité des côtes est infime et d'autre part parce qu'un très grand nombre de facteurs vont influer sur la présence ou non de requins dans une zone géographique donnée. Les statistiques du XXe siècle témoignent d'une forte augmentation du nombre d'attaques, mais c'est peut-être uniquement dû au fait que les attaques sont davantage recensées. Il convient par ailleurs de prendre en compte la hausse de la fréquentation touristique balnéaire (voir ce graphique qui rapporte les attaques à la hausse de fréquentation des plages aux Etats-Unis).
International Shark Attack File (ISAF)
L'International Shark Attack File (ISAF) est une compilation de toutes les attaques de requins connues effectuée par le Florida Museum of Natural History et l'American Elasmobranch Society, une organisation professionnelle composée de chercheurs internationaux étudiant les requins et les raies. Les origines de l'ISAF remontent aux nombreuses attaques de requins documentées contre les militaires de la marine américaine pendant la Seconde Guerre mondiale. Le Shark Research Panel a lancé ce recensement dans le but de documenter de manière exhaustive les attaques sur une base historique mondiale depuis les années 1580.
La base de données de l'ISAF distingue les morsures provoquées des morsures non provoquées par l'homme, les attaques de bateau, les attaques ayant lieu dans les aquariums, les cas douteux, ceux enfin où aucune affectation n'a pu être faite (voir la typologie).
Évolution du nombre d'attaques de requins « non provoquées » depuis 1960 (source : ISAF)
Global Shark Attack File (GSAF)
La mission du Global Shark Attack File est de fournir des données actuelles et historiques sur les interactions entre requins et humains pour ceux qui recherchent des informations précises et significatives et des références vérifiables. « Les humains ne sont pas au menu des requins. Les requins mordent les humains par curiosité ou pour se défendre ». L'objectif du Global Shark Attack File (GSAF) est de démontrer et de souligner, par le biais d'analyses médico-légales, l'importance des interactions requin/humain par rapport à la myriade de dangers auxquels nous sommes confrontés dans notre vie quotidienne. Avec une meilleure compréhension de ces interactions, nous pouvons minimiser le risque d'être blessé par un requin et nous concentrer sur la conservation de toutes les espèces de requins dans le monde. Pour les chercheurs qui ont besoin de plus de données et pour les médias, le Global Shark Attack File fournit les coordonnées directes des enquêteurs.
La base de données du GSAF (fichier à télécharger au format xls) est mise à jour à chaque nouvel incident. Les entrées de la feuille de calcul sont codées par couleur :
- Incidents non provoqués par l'homme = brun
- Incidents provoqués par l'homme = orange
- Incidents impliquant des embarcations = vert
- Catastrophes ayant eu lieu dans l'air / dans la mer = jaune
- Incidents douteux = bleu
Australian Shark-Incident Database (ASID)
L'Australian Shark-Incident Database (anciennement connue sous le nom de Australian Shark Attack File) est considérée comme la principale source de données sur les morsures de requins en Australie. Fondée dans les années 1980, elle est basée sur les recherches initiales de David Baldridge, dont l'analyse de la base de données en 1974 a abouti au premier ouvrage concernant les interactions requin/humain. L'Australian Shark-Incident Database, anciennement connue sous le nom d'Australian Shark Attack File (ASAF), quantifie les schémas temporels et spatiaux des interactions requin-humain en Australie. Elle répertorie plus de 6000 attaques de requins remontant jusqu'en 1791, ce qui en fait la base de données la plus complète disponible en son genre. La base de données australienne sur les incidents liés aux requins est à télécharger sur Zenodo.
Pourquoi les chiffres peuvent-ils différer d'une base à l'autre ?Bien que les organismes scientifiques collaborent de plus en plus pour effectuer leurs enquêtes et leurs recherches, les classifications peuvent différer. Par exemple, l'ASID ne compte pas les morsures de requins qui se produisent hors de l'eau (accidents de pêche), contrairement à l'ISAF. Si elle ne compte pas non plus les incidents où les victimes n'ont pas été blessées, elle répertorie en revanche ceux où l'équipement porté ou tenu a été endommagé. L'ASID inclut tous les incidents de chasse sous-marine, tandis que l'ISAF considère uniquement ceux provoqués par les poissons blessés qui peuvent attirer les requins.
III) La cartographie des attaques de requins dans le monde
On trouve de nombreux exemples de cartes recensant les attaques de requins dans le monde, élaborées en général à partir des bases de données présentées ci-dessus. L'ISAF propose par exemple une carte des attaques depuis 1580. Celle-ci n'est pas sans poser des problèmes de lecture et d'interprétation : la même donnée est représentée deux fois (en figurés ponctuels et en aplats) ; la taille des cercles proportionnels n'est pas indiquée en légende ; les données anciennes peuvent être soumises à caution ; les données sont agrégées par pays alors qu'il s'agit d'accidents ne concernant en général que les régions côtières.
Nombre d'attaques de requins confirmées depuis 1580 (source : ISAF)
L'ISAF propose par ailleurs une carte interactive qui permet de documenter les attaques par espèces de requins et par types d'accidents (mortels ou non) depuis 1900 :
Carte interactive des attaques de requins « non provoquées » par l'homme depuis 1900 (source : ISAF)
En contrepoint, voici une carte destinée à faire prendre conscience que le nombre de requins victimes de l'homme est beaucoup plus important que l'inverse. La carte a été conçue par Branden Rishel (Cartographers without borders). Elle a beaucoup circulé sur Internet et sur les réseaux sociaux. Dans la même veine, on trouve une infographie impressionnante de Joe Chernov et Robin Richards. Au delà de la dimension sensibilisation, ce type de représentation est susceptible de ramener le problème à l'opposition homme/requin alors qu'il s'agit de repenser les interactions entre les deux.
Les États-Unis, et plus particulièrement la Floride, sont l'un des lieux où statistiquement il y a le plus d'attaques de requins. Ce fait est à mettre sur le compte du nombre important de baigneurs et de la proximité des squales, qui augmente d'autant la probabilité d'une rencontre, et donc le risque d'une attaque. Il y a également le fait que cette région, ainsi que quelques autres, font l'objet d'une surveillance et d'un suivi particulièrement minutieux, contrairement à d'autres où les attaques ne sont pas répertoriées. L'Australie est également très touchée du fait de la proportion importante de population vivant en bordure des côtes, de la présence simultanée de trois espèces de requins les plus dangereuses, de la pratique régulière des activités nautiques et de pêche. Elle a récemment mis en place des protocoles de sécurité rigoureux sur les plages. Les côtes de l'Afrique du Sud, de La Réunion, de la Nouvelle-Zélande, de la Thaïlande et du Brésil sont également concernées, mais aussi celles de la Méditerranée et de la mer Rouge, bien que dans une moindre mesure.
« Requins versus humains : qui tue vraiment qui ? » (source : Cartographers without borders, 2014)
« Tout est question de point de vue : le monde vu par les requins (squalophobes s'abstenir) » par Nicolas Lambert (extrait de l'Atlas Mad Maps).
D'une manière générale, le nombre de requins dans les océans du monde a diminué, ce qui a peut-être contribué à la baisse relative du nombre d'attaques. L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a constaté qu'environ 37 % des espèces de requins et de raies étaient menacées d'extinction en 2021, contre 33 % en 2014. Le changement climatique, la perte d'habitat et la surpêche sont considérés comme étant à l'origine du déclin de la population de requins. Mais la perception locale du risque requin ne correspond pas aux statistiques mondiales. Les médias contribuent souvent à promouvoir la peur et les idées fausses sur les requins.
Le site Ocearch Shark Tracker permet de suivre la trace GPS de différentes espèces de requins. On peut ainsi comparer leurs traces de navigation. Le requin, un grand blanc nommé "Breton", a été équipé en 2020 d'un traceur GPS par les chercheurs. On peut le suivre sur le site d'Ocearch. Il dessine quasiment son autoportrait à travers les traces GPS enregistrées sur plusieurs mois. C'est un peu le fruit du hasard du fait que les traces sont intermittentes.IV) Analyse des attaques de requins à La Réunion
Les attaques de requins ont été particulièrement nombreuses à La Réunion, malgré une baisse récente (voir les chiffres). L'approche statistique ne suffit pas à rendre compte de tous les enjeux sociaux, économiques, politiques, environnementaux de ce que l'on a pu appeler la "crise requin" qui a profondément impacté l'île de La Réunion. Celle-ci engage à la fois des pratiques et des représentations ; elle met aux prises différents acteurs qui n'ont pas la même vision et sont partagés sur les solutions à apporter. Encore aujourd'hui, la préfecture interdit la baignade, le surf et le bodyboard dans une bande de 300 mètres du littoral (sauf dans le lagon et les endroits aménagés). Cet arrêté, mis en place en 2013 en pleine crise requin, est prolongé chaque année.
Préparation et mise en oeuvre d’un débat argumenté en Education Morale et Civique (possibilité d'adapter en géographie et en SVT)
- Identifier les acteurs impliqués dans la « crise requin » à partir du documentaire de Réunion la 1ère ("Attaques de requins à la Réunion : l'enquête")
- Pour l’acteur que vous avez choisi, indiquer les actions qu’il conduit, ses représentations et ses interrelations avec les autres acteurs. Classer les arguments avancés en vue de préparer un débat argumenté (jeu de rôle)
- Chercher les règles du débat argumenté et ce qui le distingue du débat d’opinion.
- A quels thèmes de l’Education Morale et Civique (EMC) on peut rattacher ce débat ? (voir liens Internet sur le site education.gouv.fr)
- Compléter par des recherches sur Internet. Préciser le degré d’implication (directe ou indirecte) de votre acteur dans la crise ainsi que les échelles géographiques auxquels se situent ses interventions (voir la matrice CAPE proposée sur la fiche « débat en jeu de rôle »). Préciser s’il s’agit d’un acteur public/privé, individuel/collectif, fort/faible, intérieur/extérieur par rapport à la crise…
- Rédiger une synthèse permettant de classer et hiéarchiser les arguments en vue du débat. L’objectif n’est pas de savoir qui a raison, mais quelles sont les représentations de l’autre. Le but est de confronter les points de vue pour trouver des pistes de solutions communes (objectif : identification des plages de consensus et de dissensus entre acteurs dans une approche systémique).
Question posée pour lancer le débat argumenté
Comment trouver des solutions face à la « crise requin » / au « risque requin » à La Réunion ? (deux clés de lecture à différencier mais qui peuvent se croiser, l'une concernant plutôt les conflits d’acteurs, l'autre plutôt orientée vers la gestion/protection face au risque).
Pour introduire le débat :L’île de la Réunion a connu 16 attaques de requins entre 2011 et 2015 dont 6 mortelles. On constate une surreprésentation dans la zone ouest de la Réunion où se concentrent les activités balnéaires et où a été implantée l'aire de protection marine. Les principales victimes sont les surfeurs mais la crise concerne tous les usagers de la mer, y compris les plongeurs et les pêcheurs. Des études scientifiques ont été conduites, des mesures ont été prises par les autorités administratives. Les points de vue divergent sur les solutions à apporter à cette crise. Les autorités locales souhaitent donner la parole aux différentes catégories d’acteurs (surfeurs, pêcheurs, scientifiques, politiques, écologistes...) pour connaître leur position et les solutions qu’ils proposent.
Préparation et mise en oeuvre du débat
Chaque groupe d’acteurs dispose de 30 mn pour rassembler ses arguments avant le débat. Le débat s’organise de la manière suivante :
- Tour de table où chaque groupe expose en 5 mn sa position générale par rapport au problème ;
- Débat contradictoire (45 mn) permettant de confronter les arguments ;
- Proposition de solutions (10 mn par groupe) de manière à répondre à la question posée. Si besoin, laisser à nouveau un temps de concertation pour que chaque groupe puisse revoir un peu ses arguments à la lumière de ceux des autres.
L’animateur du débat présente le sujet, veille à la distribution et au respect du temps de parole, recentre le débat si besoin.
Les débatteurs donnent leur point de vue, organisent leurs arguments, précisent leurs points d’accord ou de désaccord par rapport aux autres acteurs. Compétences attendues : savoir écouter l’autre, savoir défendre un point de vue contradictoire, savoir convaincre. Prise de note à chaque étape des échanges pour garder une mémoire du débat. Synthèse des arguments dans le tableau ci-dessous qui devra être complété et rendu à l’issue de la séance.
Tableau de synthèse permettant de croiser les points de vue et de discuter les solutions
Acteurs
Position générale
Points d’accord ou de désaccord avec les autres acteurs
Solutions proposées
Surfeurs
Pêcheurs
Scientifiques
Politiques
Ecologistes
Autre(s)
acteur(s) ?
La crise requin, un conflit de représentations avant tout ? Les acteurs en présence dans la crise requin(source : Emmanuelle Surmont, Géoconfluences, 2014)Liens à consulter sur Internet
Attaques de requins à la Réunion : débat en post diffusion (Réunion La 1ère)
Attaques de requins à la Réunion (Wikipédia)Organiser un jeu de rôle en classe sur la "crise requin" à la Réunion (Géoconfluences, 5 septembre 2016)
Emmanuelle Surmont, Peur sur les plages. Du "risque requin" à la "crise requin" à La Réunion (Géoconfluences, 30 avril 2015)Attaque de requins à la Réunion : rejeu de la « crise requin » ? (Géoconfluences, 31 août 2016)Les débats en jeu de rôle en géographie (Réseau d'éducation à l'environnement)A la Réunion, la "crise requin" sème la discorde (Histgeobox)Le requin, l'île et les surfeurs (France Ô, 20 avril 2014)L'île aux requins - Carnet de voyage d'Envoyé spécial (7 août 2014)La Réunion : une île à requins - Présentation de Jean François Nativel (3 avril 2015)La BD qui prend la défense des requins de La Réunion (Mister mondialisation)Crise requin : la fréquentation touristique de La Réunion diminue au fil des attaques (Réunion La 1ère, février 2014)Comment la « crise requin » à La Réunion s’est transformée en une crise identitaire (Slate, août 2014)Les réserves marines en cause dans la crise requin ? (Les Nouvelles Calédoniennes, Mars 2023)La Réunion : trois ans sans attaque de requin, mais « le risque est toujours là » (Libération, février 2023).
Les requins disparaissent des récifs coralliens (France Culture). Lien vers l'étude scientifique.
Articles connexesCartes et données sur l'impact de la pêche sur les écosystèmes marins (Sea Around Us)
Global Fishing Watch, un site pour visualiser l'activité des navires de pêche à l'échelle mondiale
La pêche, enjeu majeur des négociations autour du Brexit
Vers de possibles variations dans la répartition des stocks de poissons (dans et hors ZEE) en raison du changement climatique
Une carte réactive de toutes les ZEE et des zones maritimes disputées dans le monde
Cartes et données sur la disparition des oiseaux en Europe
Traces GPS et suivi des déplacements d'animaux
CLIWOC. Une base de données climatologiques des océans à partir des journaux de bord des navires (1750-1850)
La carte de protection des océans proposée par Greenpeace pour 2030 : utopie ou réalisme ?
-
11:19
Territoires virtuels. Carte interactive des 400 000 projets déposés sur GitHub
sur Cartographies numériques
Andrei Kashcha (@anvaka) propose une cartographe interactive assez impressionnante à partir de l'ensemble des projets déposés sur la célèbre plateforme d'hébergement de code GitHub (400 000 projets en 2023). Chaque projet apparaît sous la forme d'un point. Les points sont reliés entre eux pour former des réseaux regroupés par clusters thématiques. Quand on zoome sur la carte, on voit apparaître les points correspondant à chaque projet répertorié.Cartographie de l'ensemble des projets de la plateforme Github (source : Map of GitHub)
Le tout forme 1100 "pays" imaginaires. Les noms de ces territoires virtuels ont été choisis à l'aide de l'application ChatGPT. La plupart des noms dérivent du monde de l'informatique et d'Internet (Cloudderra, Pythonia, Androidia, PHPKingdom...). D'autres noms évoquent le monde plus récent de l'intelligence artificielle (AILandia, Visionaria, DeepLearnia...) ou de l'open data (OpendataLand).
Pour fabriquer cette carte, l'auteur a d'abord cherché à déterminer des proximités entre les projets. Au sein d'un même cluster, deux projets peuvent être considérés comme proches si un même utilisateur a attribué des étoiles aux deux. La taille du point indique le nombre d'étoiles que le projet a reçu. Le projet repose sur une base de données de 350 millions d'étoiles attribuées aux référentiels entre 2020 et fin mars 2023 en utilisant un algorithme de similarité Jaccard, un algorithme de clustering qui a permis à l'auteur de répartir les projets en fonction de thématiques. Il a ensuite produit une carte au format geojson qu'il a mis en ligne sur... GitHub naturellement !
Le code source est accessible sur la plateforme GitHub, où sont décrites toutes les étapes d'élaboration de la carte.Map of @github have arrived. Hope you enjoy it: [https:]] pic.twitter.com/nrywLr2lUf
— Andrei Kashcha ?? (@anvaka) May 13, 2023
Si vous avez apprécié la carte de GitHub, vous aimerez sûrement la carte des messages de débordement de pile. Cette carte organise les questions postées sur lStack Overflow par des programmeurs à la recherche de solutions à leurs problèmes techniques. La carte visualise les relations entre différents sujets sur Stack Overflow. La carte a été créée à l'aide de Vertex AI pour générer des incorporations de messages à partir de Stack Overflow. Les imbrications sont un type de représentation qui capture le sens d'un texte. La carte est ensuite créée en utilisant les incorporations pour calculer la similarité entre les différentes publications Stack Overflow. Étant donné que la carte visualise les relations entre différents sujets, elle peut donc être utilisée pour identifier des sujets connexes, pour trouver de nouveaux sujets à découvrir et pour découvrir des questions et réponses spécifiques publiées sur Stack Overflow. La carte a été réalisée avec Nomic Atlas, un outil en ligne permettant de visualiser et d'explorer de grands ensembles de données. Il permet aux utilisateurs de stocker, mettre à jour et organiser des ensembles de données de plusieurs millions de points de texte, d'images et d'incorporations non structurés.
Cartographie des postes de débordement de pile par incorporations dans Vertex AI (source : atlas.nomic.ai)Articles connexes
Quand Facebook révèle nos liens de proximité
Guerre de pixels sur Reddit. La lutte des places concerne aussi les territoires virtuels
Qu'est-ce que le Listenbourg, ce nouveau pays fictif qui enflamme les réseaux sociaux ? (fake map)
La carte mondiale de l'Internet selon Telegeography
L'essor parallèle de la Silicon Valley et d'Internet : du territoire au réseau et inversement
-
15:47
Cartes et données sur la disparition des oiseaux en Europe
sur Cartographies numériques
Source : « L’intensification de l’agriculture est à l'origine de la disparition des oiseaux en Europe » (CNRS, communiqué de presse, 16 mai 2023)Une large collaboration scientifique européenne a quantifié pour la première fois l’impact direct de différentes activités humaines sur les oiseaux à l’échelle du continent : les données recueillies pendant près de 40 ans montrent une perte de près d’un quart du nombre d’oiseaux sur cette période. Plus précisément, l’étude démontre l’effet négatif et prépondérant de l’intensification des pratiques agricoles. Ces travaux, dirigés par deux scientifiques du CNRS et un doctorant de l’Université de Montpellier ont impliqué des chercheurs et chercheuses du Museum national d’histoire naturelle et de nombreux pays d’Europe. Ils sont publiés dans PNAS la semaine du 15 mai 2023.
Environ 20 millions. C’est le nombre moyen d’oiseaux disparaissant en Europe d’une année sur l’autre, depuis près de 40 ans. Soit 800 millions d’oiseaux en moins depuis 1980. Ces chiffres viennent d’être établis grâce à une équipe européenne qui a démontré, dans une même étude, la responsabilité dominante de l’évolution des pratiques agricoles.
Les scientifiques ont comparé pour cela plusieurs pressions liées à l’activité humaine : l’évolution des températures, de l’urbanisation, des surfaces forestières et des pratiques agricoles. Ils ont ainsi pu quantifier et hiérarchiser pour la première fois leurs impacts sur les populations d’oiseaux, en rassemblant le jeu de données le plus complet jamais réuni : 37 ans de données de 20 000 sites de suivi écologique dans 28 pays européens, pour 170 espèces d’oiseaux différentes. Celles-ci permettent même d’observer finement l’effet des pressions cumulées à l’échelle de chaque pays, d’une année sur l’autre.
Si les populations d’oiseaux souffrent de ce « cocktail » de pressions, les recherches montrent que l’effet néfaste dominant est celui de l'intensification de l'agriculture, c’est-à-dire de l’augmentation de la quantité d’engrais et de pesticides utilisée par hectares. Elle a entraîné le déclin de nombreuses populations d’oiseaux, et plus encore celle des oiseaux insectivores. En effet, engrais et pesticides peuvent perturber l’équilibre de toute la chaîne alimentaire d’un écosystème.
Source de l'étude : Rigal, S et al. (2023). « Farmland practices are driving bird populations decline across Europe ». PNAS, [https:]]
Toutes les analyses ont été réalisées à l'aide du logiciel R (version 3.4.4). Les données proviennent principalement de la FAO, d'Eurostat et du Programme paneuropéen commun de surveillance des oiseaux (PECBMS). Les données ainsi que le script R sont disponibles sur Github.Pour compléter
« L'intensification de l'agriculture est à l'origine de la disparition des oiseaux en Europe » (France Culture).
« Un quart des oiseaux disparus en Europe en près de quarante ans ». Interview de Vincent Devictor, coauteur de l'étude, agrémentée de cartes et graphiques (Libération).
« Infographie. La disparition des oiseaux en Europe » (Visactu).
Natura 2000 est un réseau écologique composé de sites désignés au titre de la Directive Oiseaux (Zones de Protection Spéciale ou ZPS) et de la Directive Habitats (Sites d'Importance Communautaire ou SIC, et Zones Spéciales de Conservation ou ZSC). La base de données européenne des sites Natura 2000 consiste en une compilation des données soumises par les États membres de l'Union européenne. Les données SIG sont en téléchargement sur le site ou visibles à travers un visualisateur en ligne. [https:]]
Lien ajouté le 19 mai 2023Les jachères peuvent rendre de précieux services pour lutter contre le déclin des #oiseaux ! Encore faut-il correctement les intégrer dans le paysage agricole. Pour cela, une étude ?? propose une méthode alliant statistiques spatiales et données #ornitho. [https:]]
— Guillaume | Louernos Nature (@CaluGuillaume) May 18, 2023
Une carte animée des biomes anthropogéniques ou anthromes à l'échelle mondiale (Anthroecological Lab)
Articles connexes
Atlas de l'Anthropocène : un ensemble de données sur la crise écologique de notre temps
Feral Atlas, une exploration de l’Anthropocène perçu à travers la féralisation
Paul Crutzen et la cartographie de l'Anthropocène
Traces GPS et suivi des déplacements d'animaux
Recensement des éléphants en Afrique : une population en baisse inquiétante
Éduquer à la biodiversité. Quelles sont les cartes, les données et les représentations ?Données SIG sur les écorégions terrestres
Une carte mondiale des types d'habitats terrestres
-
10:59
Quels pays appliquent encore la peine de mort ?
sur Cartographies numériquesSource : « Exécutions et recours à la peine de mort en 2022 » (Rapport d'Amnesty International, 16 mai 2023)
Selon le rapport d'Amnesty International, les exécutions officielles enregistrées ont augmenté de 53% en 2022 par rapport à l'année précédente. Cette?augmentation des exécutions est essentiellement due à des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord qui représentent, en dehors de la Chine, 93% des exécutions mondiales. C’est en Iran, deuxième pays où l’on pratique le plus la peine de mort après la Chine,?que les exécutions ont connu la hausse la plus importante : 576 personnes exécutées contre 314 en 2021.?Il est suivi de l'Arabie saoudite, qui est passé de 65 à 196 personnes exécutées en une année. Aux?États-Unis, le seul pays des Amériques à continuer à procéder à des exécutions depuis 14 ans, le nombre d’exécutions a également augmenté (de 11 à 18), mais ce chiffre reste l’un des moins élevés jamais enregistrés. Quant à l’Europe, la Biélorussie demeure le seul pays de la région à recourir encore à la peine capitale.?Enfin, on observe la reprise d’exécutions dans cinq pays qui n'avaient connu aucune exécution en 2021 : l’Afghanistan, le Koweït, le Myanmar,?l’État de Palestine et Singapour.
Exécutions et condamnations à mort enregistrées sur la période 2015-2022
(source : Rapport d'Amnesty International, 16 mai 2023)Les méthodes d’exécution encore utilisées en 2022 sont la décapitation, la pendaison, l'injection létale et l'exécution par balle.
À ce jour, près des trois quarts des pays du monde sont abolitionnistes en droit ou en pratique. Au 31 décembre 2022, on comptait :
- Pays abolitionnistes pour tous les crimes : 112
- Pays abolitionnistes pour les crimes de droit commun seulement : 9
- Pays abolitionnistes en pratique : 23
- Total des pays abolitionnistes en droit ou en pratique : 144
- Pays non abolitionnistes : 55
Quels pays appliquent encore la peine de mort en 2022 ? (source : Amnesty International)
Quand Amnesty International a entrepris son combat en 1977 pour l'abolition de la peine de mort, seuls 16 pays l'avaient totalement abolie. Aujourd’hui, ce nombre a atteint 112, ce qui représente plus de la moitié des pays du monde. Plus des deux tiers des pays sont abolitionnistes en droit ou dans la pratique.
Les statistiques des trois dernières décennies mettent en évidence deux courbes qui se croisent : le nombre de pays abolitionnistes pour tous les crimes ne cesse d’augmenter, tandis que le nombre de pays qui continuent de procéder à des exécutions diminue chaque année.
Vers l'abolition ? (source : Amnesty International)Pour compléter
Peine de mort : quels pays l'appliquent encore ? (Statista)
La peine de mort dans le monde suite au moratoire de l'ONU de 2020 (France Diplomatie)
La peine de mort dans le monde avec les dates des dernières exécution et d'abolition par pays (Wikipedia)
La liberté de la presse dans le monde selon Reporters sans frontières
Articles connexes
Cartographie des journalistes tués ou emprisonnés dans le mondeCarte de l'indice de perception de la corruption (Transparency International)
L'indice de perception de la démocratie selon Dalia Research -
18:41
Cartes et données sur les élections présidentielles en Turquie (mai 2023)
sur Cartographies numériques
Les élections présidentielles qui ont eu lieu en mai 2023 présentaient un enjeu politique important pour le pays. Il s’agissait de savoir « si la Turquie poursuit la tendance autoritaire dont nous avons été témoins ces dernières années ou si la Turquie revient à l’État de droit » (Diploweb). Le président Erdo?an, qui se présentait pour un troisième mandat, faisait face à une contestation de plus en plus vive, sur fond de difficultés économiques et de remise en cause des libertés démocratiques. Kemal Kiliçdaroglu, principal candidat de l'opposition, a beaucoup misé sur les réseaux sociaux pour se faire connaître et, surtout, montrer la rupture avec le président sortant.Le 1er tour des élections présidentielles, qui a eu lieu le 14 mai 2023, a enregistré un taux de participation de plus de 88%. Le président sortant Recep Tayyip Erdo?an est arrivé sous la barre des 50% avec un score de 49,5%, suivi par Kemal Kiliçdaroglu avec 44,9% et Sinan Ogan avec 5,2%. La Turquie se dirige pour la première fois de son histoire vers un second tour de la présidentielle.
Les cartes et données sur les élections présidentielles et législatives de 2023 sont disponibles sur le site de l’agence Anadolu, qui est l'agence de presse officielle du gouvernement turc.
Candidat arrivé en tête par province au 1er tour des élections présidentielles du 14 mai 2023
(source : Wikipedia, version interactive consultable sur Anadolu)
Dans les régions touchées par le séisme de février 2023, on observe un affaiblissement du vote AKP. La base électorale du pouvoir s'effrite, mais dans une moindre mesure que prévue. Erdo?an reste solidement implanté dans une grande partie de l'Anatolie. Comme l'explique Clément Plaisant (@C_Plaisant), « c'est l'une des forces d'Erdo?an, de disposer d'un parti qui demeure une organisation efficace, et qui dispose de puissants médias. L'AKP qui, de par son fonctionnement clientéliste, dispose de réseaux qui facilitent son ancrage social... Les électeurs d'Erdo?an, confortés par des discours polarisants mais aussi par le récit des médias d’État, sont convaincus de leur affiliation partisane et idéologique. Une affiliation qui est d'ailleurs souvent centrée sur des préférences identitaires ».
S'il n'y a pas eu de bouleversement électoral à l'échelle du pays, presque toutes les régions ont moins voté pour Erdo?an que lors de la dernière élection présidentielle de 2018 (pour une analyse détaillée, voir ce thread de Clément Plaisant).
Candidat arrivé en tête par province à l'élection présidentielle de 2018 (source : Wikipedia)
Carte interactive consultable sur Daily SabahLa montée des forces d'opposition et le morcellement politique du pays étaient déjà perceptibles lors des élections municipales turques de 2019, lors desquelles l'AKP avait déjà perdu Ankara et Istanbul :
Candidat arrivé en tête par province aux élections municipales turques de 2019 (source : Wikipedia)
La géographie du vote continue à montrer un pays divisé en deux entre :
- la Turquie anatolienne rurale (sauf Ankara)
- la Turquie du littoral touristique et des villes à l'ouest et au sud ainsi que la minorité kurde à l'est
Le président Erdo?an a reculé dans presque toutes les régions du pays par rapport à la dernière élection présidentielle de 2018. A l'aide d'une cartographie originale par flèches proportionnelles, le New York Times montre les régions où Erdo?an a perdu le plus de voix :
« Pourquoi Erdo?an se dirige vers un second tour » (New York Times)
Même si comparaison ne vaut pas raison, la géographie du vote reproduit en partie les inégalités économiques au sein de la Turquie. Les principaux pôles urbains (Ankara, Istanbul, Izmir) gagnés au CHP kémaliste s'opposent à la Turquie rurale, le « pays réel » qui fournit la base électorale indéfectible d'Erdo?an.
Revenu moyen des ménages par province en 2021 (source : Turkstat)
Le vote des Turcs de l'étranger (3,2 millions d'inscrits) témoigne d'un net clivage. On observe un vote majoritaire pour Erdo?an au Maghreb et au Moyen-Orient ainsi que dans une grande partie de l'Europe de l'ouest, alors que partout ailleurs c'est le candidat de l'opposition qui arrive en tête. Environ 64 % de la diaspora turque en Allemagne mais aussi en France a voté pour le président sortant conservateur Erdo?an. La diaspora turque continue en majorité à soutenir le président sortant.
Candidat arrivé en tête par pays au 1er tour des élections présidentielles de mai 2023
(source : agence Anadolu, version interactive en ligne)
Les 64 millions d'électeurs turcs étaient également appelés à choisir les 600 députés qui vont siéger au Parlement à Ankara. Le parti de l'AKP, qui remporte 267 sièges au Parlement sur 600, conserve la majorité avec son allié d’extrême-droite le MHP (les deux partis formant l'Alliance du peuple), tandis que l'Aliance de la Nation (CHP) qui forme la principale force d'opposition sera, elle, représentée par 169 députés. Quelle que soit l'issue du 2e tour, l'AKP bénéficie déjà avec le MHP d'une majorité au Parlement.
Composition en sièges du nouveau Parlement en mai 2023 (source : © Agence France Presse)
Lors du second tour des présidentielles le 28 mai 2023, le président sortant a été réélu avec 52,16 % des voix contre 47,84 % pour son opposant Kiliçdaroglu. Erdo?an est à nouveau maître de la Turquie pour cinq ans. Il a gagné contre le candidat unique des partis d’opposition, avec en prime la majorité absolue au parlement. Et cela malgré 20 ans de pouvoir, une forte inflation et les défaillances des secours lors du tremblement de terre. Le président sortant a été au pouvoir pendant 20 ans, dont 9 en tant que président et 11 en tant que Premier ministre, de 2003 à 2014. Il a été maire d'Istanbul de 1994 à 1998. Il s'agit de son troisième mandat présidentiel consécutif. La répartition des résultats par provinces est quasiment la même si l'on compare entre le 1er et le 2e tour :
Candidat arrivé en tête par province au 2e tour des élections présidentielles du 28 mai 2023 (source : Anadolu)
Comme lors du premier tour, les électeurs turcs à l'étranger ont voté en majorité Erdogan, notamment en France et surtout en Allemagne où ils constituent la plus importante diaspora (voir les commentaires de la carte sur MapPorn).
Pour qui ont voté les électeurs turcs à l'étranger au 2e tour des présidentielles ? (source : MapPorn)
« Turquie : ceux qui votent Erdo?an » (Le dessous des cartes - L'essentiel | ARTE).
« Victoire d’Erdogan en Turquie : quelles conséquences sur la scène internationale ? » (IRIS)
La victoire d'Erdo?an est un coup dur pour les partisans de l'opposition qui s'étaient ralliés aux promesses de campagne de Kiliçdaroglu, qui reposaient sur la restauration de la démocratie du pays, la protection des libertés civiles et la libération de certains prisonniers politiques les plus en vus du pays, parmi lesquels Selahattin Demirtas, le leader kurde emprisonné. En rivalité directe avec Erdo?an au premier tour des élections, Kiliçdaroglu a été conduit à adopter des thèmes nationalistes plus agressifs, notamment une rhétorique anti-immigrés ciblant des millions de réfugiés de Syrie et d'ailleurs qui se sont installés en Turquie. Bien que l'alliance d'Erdo?an ait remporté la majorité des sièges au parlement, son propre parti dépend de partenaires de coalition plus extrêmes qui s'opposent aux droits des femmes ou à une plus grande reconnaissance de la minorité kurde de Turquie et pourraient exiger des politiques qui reflètent leurs préoccupations. Erdo?an pourait ainsi être amené à durcir encore sa rhétorique.
Pour compléter« Les quatre premières leçons des élections en Turquie » (L'Orient-LeJour)
« Turquie. Pourquoi les élections du 14 mai 2023 sont-elles cruciales ? » (Diploweb)
« Erdo?an, la tentation de l'empire » (Radio France)
« Élections en Turquie : "Erdogan est parti pour être réélu", analyse un spécialiste » (France-Info)
« Turquie : les cartes d'Erdo?an » (Le dessous des cartes, Arte)
« Géopolitique schématique de la Turquie » (Le Monde diplomatique)
Articles connexes
Cartes et données sur les séismes en Turquie et en Syrie (février 2023)
La carte, objet éminemment politique : la "bataille des cartes" entre la Turquie et la Grèce
Analyser les cartes et les données des élections présidentielles d'avril 2022 en France
Cartes et données sur les élections de 2022 au Brésil
Résultats des élections au Bundestag en Allemagne (26 septembre 2021)
S'initier à la cartographie électorale à travers l'exemple des élections présidentielles de novembre 2020 aux Etats-Unis
La carte des résultats aux élections au Royaume-Uni (décembre 2019)
Elections fédérales au Canada : l'intérêt de représenter les résultats électoraux sous forme de cartogrammes
Les résultats des élections européennes du 26 mai 2019 en cartes et en graphiques -
12:55
Cartographier pour un monde durable (ONU)
sur Cartographies numériques
Source : Menno-Jan Kraak, Robert E. Roth, Britta Ricker, Ayako Kagawa et Guillaume Le Sourd (2020). Cartographier pour un monde durable. Nations Unies, New York (traduit en français en 2023).Ce guide pratique de cartographie, téléchargeable sous licence CC-BY-NC sur le site de l'ONU, a initialement été publié en anglais en 2020. Il vient de faire l'objet d'une traduction en français en 2023. L'ouvrage comprend quatre sections :
- La section 1 présente les Objectifs de développement durable (ODD) en lien avec les données géospatiales. Cette section montre les transformations qu'implique la mise à disposition des indicateurs et des données ODD pour la cartographie ;
- La section 2 décrit les choix cartographiques fondamentaux, qu'il s'agisse du choix de la projection, de l'échelle, de la généralisation, de la symbolisation, de la typographie, des variables visuelles ;
- La section 3 présente les types de cartes les plus courants (les cartes choroplèthes, les cartes par symboles proportionnels, les cartes dasymétriques, les cartes bivariées, les cartogrammes) ainsi que les diagrammes (les graphiques à barres, les diagrammes de dispersion, les chronologies) pour représenter les indicateurs des ODD.
- Enfin, la section 4 aborde la question des environnements d'utilisation, qu'il s'agisse des types de publics, des interfaces utilisateurs et des moyens d'interaction, des outils mobiles et web, de la narration par rapport à l'exploration de données, du libre accès.
Les auteurs proposent de décomposer le processus de conception cartographique en 6 étapes (voir le détail des opérations à l'intérieur de chaque étape page 26 de l'ouvrage) :
- Définir les objectifs du projet
- Examiner les ensembles de données disponibles
- Nettoyer et formater les ensembles de données
- Transformer et analyser les données
- Exécuter la conception de la carte
- Évaluer et modifier la conception de la carte
Styles visuels (minimaliste versus sensationnaliste) et émotion (neutre versus vive)
Source : Cartographier pour un monde durable, licence CC-BY-NC
Le cadre du Cube cartographique, dérivé du célèbre cube de géovisualisation de MacEachren et Kraak (l'un des auteurs de l'ouvrage), organise l’ensemble des cas d’utilisation des cartes selon trois axes : l’utilisateur de la carte, les tâches d’utilisation de la carte et l’interactivité de la carte. Comme il est souligné, "les publics spécialisés sont restreints et formés pour explorer ou confirmer les modèles qui apparaissent dans les ensembles de données cartographiées". D'où l'importance de soigner la synthèse et la présentation des données en vue de pouvoir les communiquer à un large public.
Le Cube cartographique (source : Cartographier pour un monde durable, licence CC-BY-NC)On peut s'interroger malgré tout si ce paradigme communicationnel dans lequel évolue la cartographie numérique aujourd'hui n'est pas de nature à nuire en partie à l'analyse et à l'exploration qui doivent continuer à jouer un rôle fondamental si l'on tient à conserver une distance critique par rapport aux données et à leur interprétation.
L'ouvrage a été écrit par une équipe de spécialistes de l'Association cartographique internationale (ICA) et de la Section de l'information géospatiale des Nations Unies (ONU). Un glossaire donne la définition des termes importants.
Au total, cet ouvrage permet une bonne initiation à la cartographie et à ses enjeux en termes de traitement de données, notamment en ce qui concerne le développement durable.
En complément
- Site Web des objectifs de développement durable : [https:]]
- Base de données mondiale relative aux indicateurs de suivi des objectifs de développement durable
(en anglais) :
[https:]] - Groupements régionaux en matière d’objectifs de développement durable (utilisés dans cet ouvrage)
(en anglais) :
[https:]] - Classement des catégories d’objectifs de développement durable (en anglais) : [https:]]
- Liste des indicateurs de suivi des objectifs de développement durable (en anglais) : [https:]]
- Groupe d’experts des Nations Unies et de l’extérieur chargé des indicateurs relatifs aux objectifs
de développement durable (en anglais) :
[https:]] - Groupe de travail sur l’information géospatiale (en anglais) :
[ggim.un.org]
Articles connexes
Atlas 2020 des Objectifs de développement durable (Banque mondiale)
Utiliser les données de l'UN Biodiversity Lab sur la biodiversité et le développement durable
Resource Watch,un portail intégré pour visualiser des jeux de données en vue d’assurer un avenir durable à la planète
Eduquer à la biodiversité. Quelles sont les cartes, les données... et les représentations ?
Une carte mondiale des types d'habitats terrestres
Cartographier l'empreinte humaine à la surface du globe
- La section 1 présente les Objectifs de développement durable (ODD) en lien avec les données géospatiales. Cette section montre les transformations qu'implique la mise à disposition des indicateurs et des données ODD pour la cartographie ;
-
20:07
Pour aider à géolocaliser des photographies, Bellingcat propose un outil de recherche simplifié à partir d'OpenStreetMap
sur Cartographies numériques
Lorsqu'on souhaite géolocaliser une photographie diffusée sur Internet ou sur des réseaux sociaux, le plus difficile est souvent de savoir par où commencer. Le site de journalisme d'investigation Bellingcat a créé un nouvel outil de recherche de données à partir d'OpenStreetMap pour aider à géolocaliser les images et identifier les points de départ des enquêtes de géolocalisation, en fonction des objets et des structures identifiées sur l'image.
Source : Finding Geolocation Leads with Bellingcat's OpenStreetMap Search Tool (Bellingcat, 8 mai 2023)
L'outil de recherche de Bellingcat repose sur une version simplifiée de l'outil de langage de requête Overpass que certains chercheurs de données open source connaissent peut-être déjà via Overpass-Turbo. Il s'agit tout d'abord de sélectionner la proximité d'une route, d'un bâtiment, d'un magasin, d'un équipement, etc... en ayant la possibilité de croiser entre plusieurs types d'objets et en fixant une distance entre eux.Aperçu de l'outil OSM Search Bellingcat
Après avoir choisi une zone géographique (si possible pas trop vaste), l'outil extrait ensuite automatiquement une liste de lieux géolocalisés que l'on peut télécherger en csv ou en kml pour traitement ou affichage dans une autre application :
Vous pouvez accéder à l'outil de recherche OpenStreetMap de Bellingcat à l'adresse suivante :
[https:]]Il est nécessaire d'avoir un compte Google pour pouvoir effectuer la recherche. L'utilisateur peut choisir entre les images OpenStreetMap, Google Maps, Google Terrain ou satellite à l'aide des différents boutons proposés au-dessus des vignettes. L'outil peut être utilisé à d'autres fins que la géolocalisation d'images, par exemple pour sélectionner des lieux géographiques selon différents critères (exemples : quels sont les immeubles de 10 étages qui se situent à moins de 100 mètres d'un parc ? quelle plage est située à moins de 500 mètres d'une voie d'accès routière ?).
Articles connexes
Cartographier les dommages subis par les populations civiles en Ukraine (Bellingcat)
Osint, enquêtes et terrains numériques (revue Hérodote, 2022/3)
Ukraine-Russie. Retour sur un an de guerre en cartes et en analyses (février 2022 - février 2023)
Comment cartographier la guerre à distance ?
Géolocaliser les documents numérisés avec Gallicarte (BNF)
-
9:06
Derrière chaque carte, une histoire : découvrir les récits de la bibliothèque Bodleian d'Oxford
sur Cartographies numériques
Source : Bodleian Map Room Blog (Items of interest from the wonderful world of maps)La bibliothèque Bodleian de l'Université d'Oxford propose sur son blog des articles (en anglais) sur l'histoire des cartes avec des détails étonnants. A la manière d'un salon de cartes virtuel, le Bodleian Map Room Blog se propose de montrer des éléments qui échappent souvent au regard des profanes et qui font l'objet de discussion entre spécialistes. Le tout de manière très accessible pour le grand public.
Qu'il s'agisse d'archives conservées par la Bodleian ou de documents provenant d'autres blibliothèques, ces récits prennent appui sur des cartes historiques souvent méconnues et qui peuvent faire écho à l'actualité. Nous en donnons ci-dessous une petite recension pour vous permettre de découvrir la richesse et la diversité des thèmes abordés. Le blog publie des articles depuis 2012 (utiliser le moteur de recherche interne au site pour sélectionner des thèmes qui vous intéressent).
- Copy, reconstruction or fake ? Il n'est pas toujours facile de reconnaître un fac-similé de carte historique d'une simple contrefaçon. Exemple à partir de la carte "Lutetia vulgo Paris Anno 1575" de Daniel Derveaux, 1958.
- Hurrah! Hurrah! for Japan. En 1877, le satiriste politique Frederick Rose a sorti sa « carte de guerre sério-comique pour l'année 1877 ». Rose y comparait la Russie à une pieuvre.
- My dearest friend… La correspondance étonnante, au milieu du XVIIIe siècle, entre un antiquaire William Stukeley et un habitant de Copenhague d'origine anglaise Charles Bertram, permet de découvrir des cartes manuscrites.
- Advertisements: looking around the map. Les publicités sur les cartes sont souvent une source intéressante d'histoire sociale.
- The Free State of Ikaria. Chart?s t?s n?soy Ikarias est une carte de l'île d'Ikaria, dans le nord de la mer Égée. Selon la légende, l'île tire son nom d'Icare, qui est tombé dans la mer près de l'île.
- Winter short, but very cold. En préparation de l'invasion de la Russie en juin 1941, l'armée allemande a produit une grande quantité de cartes que l'on peut comparer aux cartes exaltant la "Grande guerre patriotique de l'Union soviétique".
- Brrr. Au cours du petit âge glaciaire du XVIe au XIXe siècle, la Tamise a parfois gelé d'une rive à l'autre.
- Sleigh miles. Une sélection de cartes pour célébrer un Noël cartographique.
- Chalk. Cartographie de la géologie crayeuse de la Manche en préparation d'un éventuel tunnel.
- Wonderful things. La rive ouest du Nil cartographiée par l'un des premiers égyptologues John Gardner Wilkinson.
- An idealised landscape and a common mistake. Un diagramme montrant différents types de relief dans un paysage imaginaire, représenté à la fois sous forme de dessin en perspective et de carte conventionnelle.
- Maps to justify your existence. Des cartes pour justifier l'existence de la Pologne dont le territoire a longtemps été pris dans les rivalités entre l'Allemagne et la Russie.
- A lease for life. Arpentage et propriété privée au XVIIIe à partir d'une carte du domaine de Gagingwell dans le comté d'Oxon en 1713.
- Do [not] touch. Les cartes tactiles thermoformées s'adressent principalement aux utilisateurs malvoyants, mais elles peuvent également servir à comprendre le relief et l'environnement.
- On the last day of September. Carte panoramique du Manchester Ship Canal conçue, lithographiée et publiée par J. Galloway and Son (1894) et vue à vol d'oiseau du Manchester Ship Canal (1883).
- Maps for the Aironauts…engravings by the best masters. Les premières cartes à inclure des nuages ????au-dessus de la Terre.
- …and in less than a quarter of an hour went all to pieces. Une carte de la côte sud de l'Afrique, du cap de Bonne-Espérance à la baie de Dalagoa (1794).
- Road maps, but not as you’d imagine. Comment on représentait les cartes routières au XVIIIe au Royaume-Uni.
- Same but different. Les compétences des arpenteurs qui ont mesuré, effectué des sondages, tenu des registres ainsi que vécu à bord des navires dans un environnement hostile.
- Woodcuts. Des blocs de bois utilisés comme des cartes par les peuples Inuits.
- Te pito o te henua. Le voyage du capitaine Don Felipe Gonzalez à l'île de Pâques en 1770, précédé d'un extrait du journal officiel de Jacob Roggeveen en 1772 (1903).
- A very dark Dark Ages. La bibliothèque Bodleian a acquis du matériel de prépublication de l'Ordnance Survey grâce à un récent don de cartes.
- Cartographic detection. Carte de domaine manuscrite à grande échelle intitulée Hen's Farm in Bordesley in the Paris of Aston in the County of Warwick appartenant à Brazen:nose College Oxford, the Free School of Birmingham and Haverford West (J. Tomlinson, 1761).
- Dedicated with great disrespect and contempt. Il arrive que la dédicace d'une carte puisse être très irrespectueuse. A new & exact map of Toryland, with the dangerous rocks & shoals of all the Jacobite Islands lying in the same parralell with the Red Sea, whose lattitude is 1588 & longitude 1714. Dedicated with great disrespect & contempt to the Knight of ye Warming Pan & King of No-Land ye Pretender & all his Brainless adherents.
- The voyage of the Hero. Une traversée de l'Atlantique par le prince de Galles. Journal of the progress of H.R.H. the Prince of Wales through British North America and his visit to the United States (1860).
- A volume of London. Une véritable somme de connaissances cartographiques sur Londres à partir de l'oeuvre de John Rocque. An exact survey of the citys of London, Westminster, ye Borough of Southwark and the country near ten miles round (John Rocque, 1746).
- Cycling Then and Now. Des cartes d'itinéraires cyclistes d'autrefois.
- Dryness pleaseth. Carte de l'utilisation des terres des Great Fens, un important site marécageux qui avait été drainé au XVIIe siècle. To the most noble the Governor, the Bailiffs, and Conservators of the Great Level of the Fens, called Bedford Level, this map of the said Great Level and parts adjacent is most gratefully dedicated (Samuel Wells. 1829).
- Teberda. Carte soviétique de la réserve naturelle de Teberda, l'une des plus visitées de toute la Russie.
- Casablanca. Comparaison de plans de Casablanca (carte française de 1935 et carte allemande de 1941).
- The roads of England and Wales. Carte routière de l'Angleterre et du Pays de Galles au XVIIe. A new map of England and Wales with the direct and cros roads : also the number of miles between the townes on the roads by inspection in figures. [London] : Sold by Philip Lea Globemaker, [1689?].
Pour compléter
La Bibliothèque Bodleian de l'Université d'Oxford détient près de deux millions de cartes et environ 20 000 atlas, des documents datant du XIVe au XXIe siècle. La collection comprend des cartes du monde entier, bien qu'elle soit plus riche en cartes d'origine britannique et de pays ayant un lien historique avec le Royaume-Uni. Cela concerne des cartes imprimées anciennes, des plans de ville, des cartes manuscrites de domaines fonciers, des séries topographiques, des cartes scientifiques et géologiques, des cartes marines, des cartes aériennes, des cartes du ciel et des étoiles. Près de 2500 cartes sont disponibles directement en ligne :
[https:]]Cartes, manuscrits et livres imprimés chinois
[https:]]Cartes et manuscrits arabes
[https:]]
La Bodleian produit également des story maps à partir de ses collections. Il s'agit, grâce à l'utilisation de textes et d'illustrations interactives, de révéler les histoires derrière ces cartes :- Une série de cartes de l'Oxfordshire d'avant 1800
- Cartes de la tapisserie de Sheldon
- La Tamise
- Des cartes de la ville d'Oxford
- Boissons et consommation d'alcool dans l'Oxford victorien
- Cartes islamiques conservées à la Bodleian
- Terres imaginaires (des cartes de Tolkien, Holbein et d'autres artistes contemporains)
- Laxton, un village et son système agricole d'après une carte de 1635
- Cartes des tranchées de la Première Guerre mondiale
- La première carte d'une seule feuille de la Grande-Bretagne
Articles connexes
Derrière chaque carte, une histoire. La carte de Gough et les îles perdues de la baie de Cardigan
Derrière chaque carte, une histoire : la carte des chemins royaux dans les Cévennes (1703)
Derrière chaque carte, une histoire. La cartographie du détroit de Magellan entre science et imaginaire
L'histoire par les cartes : la Géographie, une muse qui apparaît dans les cartes à partir de la Renaissance
Venise à vol d'oiseau au début du XVIe siècle (Gallica - BnF)
Parcours dans le plan routier de la ville et des faubourgs de Paris en 1789 (Gallica - BnF)
Les story maps : un outil de narration cartographique innovant ?
L'histoire par les cartes
Cartes et atlas historiques
- Copy, reconstruction or fake ? Il n'est pas toujours facile de reconnaître un fac-similé de carte historique d'une simple contrefaçon. Exemple à partir de la carte "Lutetia vulgo Paris Anno 1575" de Daniel Derveaux, 1958.
-
14:18
Carte interactive pour naviguer dans les articles du site Géoconfluences
sur Cartographies numériques
Carte interactive pour naviguer dans les articles du site Géoconfluences
Avez-vous testé la nouvelle carte interactive des articles du site Géoconfluences ? Elle est désormais accessible depuis la page d'accueil du site. Cette page donne accès à plus de 600 articles scientifiques pour enseigner la géographie. En cliquant sur un point sur la carte, un panneau d'information s'affiche et permet d'accéder directement à l'article. Le pavé de gauche permet un accès aux articles correspondant à la zone affichée sur la carte.Au total, cette carte interactive permet un accès plus direct et intuitif aux articles que l'on cherche. L'accès via cette interface cartographique peut être complété utilement par le moteur de recherche qui permet une recherche par mots-clés.
La carte donne à voir une très large couverture à l'échelle mondiale, avec cependant des zones géographiques plus étudiées que d'autres (la France et l'Europe sont notamment davantage représentées que le reste du monde). Cette inégale répartition est intéressante à étudier : est-elle le reflet des "pleins" et des "vides" de la géographie scolaire ? Correspond-t-elle plutôt aux centres d'intérêts spécifiques de la géographie scientifique ? Ou simplement est-elle le fruit de logiques éditoriales, en fonction des auteurs qui ont été sollicités et ont accepté de produire pour le site Géoconfluences ? La facilité à trouver des terrains et des documents peut jouer un rôle (d'où la surreprésentation française voire lyonnaise). Inversement, certains terrains sont très difficiles à couvrir, par difficulté des chercheurs à s'y rendre pour des questions de coût, par empêchement voire interdiction pour des raisons de sécurité. Du territoire hexagonal à l'Europe et au vaste monde, il y a également une logique de distance-proximité qui dit quelque chose de notre rapport (subjectif) au monde en fonction du pays où l'on vit et où on enseigne la géographie.
Géoconfluences est une publication en ligne à caractère scientifique pour le partage du savoir et pour la formation en géographie. Elle est proposée depuis 2003 par la Direction générale de l'enseignement scolaire (DGESCO) et par l'École Normale Supérieure de Lyon (ENS de Lyon) au nom du Ministère de l'Éducation nationale. Le site est intégré à un dispositif national de formation appelé "Sites experts des Écoles normales supérieures". Une lettre d'information, publiée selon un rythme mensuel, permet d'être informé des nouveautés du site.
En complément, pour des images satellites utiles à l'enseignement de la géographie, on peut se référer à Geoimage, le site Education Jeunesse du CNES, construit en partenariat avec le Ministère de l’Education nationale et avec la collaboration du groupe Histoire et Géographie de l'Inspection Générale. Le site s'adresse aux enseignants et aux candidats aux concours de l’enseignement. Il a pour but de fournir des ressources réalisées à partir d'images acquises par les satellites Pléiades, SPOT, Sentinel et Venus. Chacune de ces images est commentée et disponible librement en téléchargement. Quatre entrées sont disponibles : dossiers thématiques, concours, territoires en résonance, images à la Une. Une lettre d'information permet de se tenir au courant des nouveautés et d'accéder à des dossiers thématiques.Articles connexes
Comment enseigner la géographie : en prenant en compte ou en dépassant le pays où l'on vit ?
Carte à la Une sur le site Géoconfluences : une carte mosaïque très originale de « selfoods »
Utiliser le moteur Mapmania pour chercher des cartes sur Internet
La plateforme Navigae et ses possibilités de recherche de documents géographiques
Geonames, une base mondiale pour chercher des noms de lieux géographiques
Utiliser Wikidata pour chercher des informations géographiques
Map Porn, un réseau social pour partager et commenter des cartes sur Internet
Faire de la veille cartographique sur Internet et sur les réseaux sociaux
-
9:43
Cartographie et contre-cartographie du couronnement royal de Charles III (6 mai 2023)
sur Cartographies numériques
Qu'il s'agisse de promouvoir les festivités de la Couronne britannique ou au contraire d'en dénoncer le coût financier et le caractère désuet, la cérémonie du couronnement officiel du roi Charles III et de la reine Camilla a donné lieu à une importante production cartographique. Cet événement officiel, relayé par les médias du monde entier, permet d'aborder la cartographie et la contre-cartographie à l'ère d'Internet et des réseaux sociaux. Voici un fil Twitter où nous avons recensé quelques-unes de ces productions.
La carte officielle de l'itinéraire du couronnement dans Londres, de Buckingham Palace à WestMinster Abbey. Un itinéraire symbolique qui passe par les hauts-lieux de la capitale [https:]]
— Sylvain Genevois (@mirbole01) May 6, 2023
2/ pic.twitter.com/5fXrlsghkM
3 858 événements publics et 640 fêtes de rue (street parties) avec une concentration sur Londres. Un bel artefact dans OSM : si on zoome sur la capitale, on voit apparaître cette carte-image [https:]]
— Sylvain Genevois (@mirbole01) May 6, 2023
4/ pic.twitter.com/OVIzqojZSA
... si les pluies ne gâchent pas la fête. Les anti-monarchistes, qui trouvent que les festivités du couronnement coûtent cher aux contribuables, comptent un peu sur la météo [https:]] pic.twitter.com/jSCHPKadqB
— Sylvain Genevois (@mirbole01) May 6, 2023
Carte numérique officielle recensant toutes les festivités organisées lors du couronnement du roi Charles en mai 2023 à l'échelle du RU et du monde [https:]]
— Sylvain Genevois (@mirbole01) May 6, 2023
5/ pic.twitter.com/KIXEF5p6YR
Les manifestations «Not My King» sont désormais la norme lors des événements du roi Charles III. 29 000 policiers sont déployés pour "traiter avec fermeté toute personne ayant l'intention de saper cette célébration" [https:]]
— Sylvain Genevois (@mirbole01) May 6, 2023
Une procession en calèche royale de 2,1 km qui se veut plus courte que l'itinéraire de la reine Elisabeth en 1953 qui faisait 8 km (pas de personnel des pays du Commonwealth et de dirigeants étrangers non plus) [https:]] pic.twitter.com/XzgwpTfnrj
— Sylvain Genevois (@mirbole01) May 6, 2023
Un phénomène qui n'est pas nouveau, même si à l'époque il n'y avait pas encore la 3D . Carte publicitaire du couronnement royal d'Elisabeth en 1953 [https:]] pic.twitter.com/QxzVm0uIgy
— Sylvain Genevois (@mirbole01) May 6, 2023
La monarchie est de + en + remise en cause. Au Royaume-Uni, les soutiens de la royauté restent rares chez les jeunes. La vaste réflexion en cours sur le passé impérialiste, esclavagiste et colonialiste de la famille royale, nourrit aussi les oppositions [https:]]
— Sylvain Genevois (@mirbole01) May 7, 2023
« Après la mort d’Elizabeth II, le Commonwealth peut-il survivre ? » (Huffpost) [https:]] pic.twitter.com/McQvxoOcyx
— Sylvain Genevois (@mirbole01) May 7, 2023Articles connexes
La carte, objet éminemment politique : les cartes de manifestations à l'heure d'Internet et des réseaux sociaux
Quand la lutte contre les émissions de CO2 passe par la dénonciation des entreprises les plus concernées : une carte militante élaborée par le site Decolonial Atlas
La carte des ZAD en France : entre cartographie militante et recensement des projets contestés
La carte, objet éminemment politique. Vous avez dit « géoactivisme » ?
Comment interpréter la carte des Gilets jaunes ?
-
18:36
Progression de la cartographie des fonds marins (programme Seabed 2030 - GEBCO)
sur Cartographies numériques
Un quart des fonds océaniques a déjà été cartographié en haute résolution selon le site Seabed 2030 C'est ce qu'a annoncé le prince Albert II de Monaco lors de l'Assemblée de l'Organisation hydrographique internationale (OHI) à Monaco en mai 2023. Il reste tout de même encore les 3/4 de la surface des océans à cartographier pour atteindre l'objectif de 100% en 2030.État d'avancement de la cartographie des océans en 2023 (source : Seabed 2030)
L'image montre la couverture dans la grille GEBCO 2023, avec un accent mis sur les océans Atlantique et Indien. Les zones noires de l'océan correspondent aux zones non cartographiées ; celles en bleu-violet indiquent la profondeur de l'eau en fonction des données bathymétriques. Crédit : Vicki Ferrini et Hayley Drennon
Un effort mondial pour cartographier l'ensemble des fonds océaniques avant la fin de la décennie est conduit dans le cadre du programme Seabed 2030 - un projet collaboratif entre la Nippon Foundation et la General Bathymetric Chart of the Oceans (GEBCO), qui fait partie lui-même d'un programme conjoint de l'OHI et de la Commission océanographique intergouvernementale (COI) de l'UNESCO.
La cartographie en haute résolution du fond de l'océan est une étape indispensable pour l'aide à la décision dans des domaines tels que la gestion des ressources, les changements environnementaux et la protection des océans. Elle s'inscrit directement dans l'ODD 14 des Nations Unies qui vise à conserver et exploiter les océans de manière durable. Seabed 2030 est une action officiellement approuvée dans le cadre de la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable 2021-2030.
Lorsque Seabed 2030 a été lancé en 2017 pour développer la cartographie ddes fonds marins, seuls 6% de leur surface avaient été cartographiés en haute résolution. En six ans, ce sont plus de 90 millions de kilomètres carrés de données bathymétriques qui ont été acquises grâce à des partenariats mondiaux, à la mobilisation des données et aux progrès de l'innovation technologique. Le projet a conduit à des développements conséquents dans le domaine de la recherche scientifique. En mars 2023, un nouveau catalogue des monts sous-marins a été publié : celui-ci comprend plus de 19 000 volcans sous-marins nouvellement découverts. De telles découvertes contribuent à faire avancer la sciences dans le domaine des océans, de l'écologie, de la tectonique des plaques, et améliorent notre capacité à protéger etgérer durablement l'océan.
Le site GEBCO (General Bathymetric Chart of the Oceans) fournit un ensemble de données bathymétriques à l'échelle de la Terre selon une grille de 15 secondes d'arc ainsi que diverses données sur les océans. La grille GEBCO_2023 et la grille TID peuvent être téléchargées sous forme de fichiers globaux au format netCDF ou d'un ensemble de 8 tuiles (chacune avec une surface de 90° x 90°), offrant une couverture mondiale, en raster Esri ASCII et aux formats de données GeoTiff. Les fichiers de données sont inclus dans un fichier zip avec la documentation de l'ensemble de données.
Une application en ligne (GEBCO Gridded Bathymetry Data Download) permet de sélectionner et télécharger les données aux formats netCDF, raster Esri ASCII et GeoTiff. Les grilles de GEBCO sont disponibles également sosu forme de webservices en WMS.
Il est possible de télécharger le dossier d'images mis à dispostion sur le site Seabed 2030. Il comprend une carte détaillée de l'état d'avancement de la cartographie des fonds océaniques ainsi qu'une très belle carte des océans en projection Spilhaus.
A découvrir également : la carte topographique du monde incluant le relief sous-marin par Visual Geomatics.
Liens ajoutés le 9 mai 2023
Le travail de Tharp et Heezen était révolutionnaire pour l'époque. Avant eux, le fond de l'océan était sans relief. Tharp a identifié les chaînes de montagnes et un immense rift médio-océanique dans l'Atlantique (confirmant la théorie de Wegener sur la dérive des continents)
— Sylvain Genevois (@mirbole01) May 9, 2023
3/ pic.twitter.com/Ukmf56gcA4
Une story map produite pour les 100 ans de la naissance de Marie Tharp en 2020 explique la méthode qu'elle a utilisée pour représenter les profondeurs à partir de sondages bathymétriques (à l'époque les femmes n'étaient pas admises à bord des navires)
— Sylvain Genevois (@mirbole01) May 9, 2023
5/ [https:]]
La carte du plancher océanique de Marie Tharp et Bruce Heezen (1976) est à découvrir et manipuler en globe 3D sur le site David Rumsey
— Sylvain Genevois (@mirbole01) May 9, 2023
7/ [https:]] pic.twitter.com/WAxB1k9MwV
La carte du plancher océanique réalisée en 1985 par Earl C. Bateman est assez saisissante dans une vision inversée des continents et des océans. A découvrir sur le site David Rumsey [https:]]
— Sylvain Genevois (@mirbole01) May 9, 2023
Voir la genèse de cette carte originale [https:]]
9/ pic.twitter.com/voup3XYRQTArticles connexes
La carte de protection des océans proposée par Greenpeace pour 2030 : utopie ou réalisme ?
Des usages de la projection Spilhaus et de notre vision du monde
Les frontières maritimes des pays : vers un pavage politique des océans ?
MPAtlas, un atlas de la protection marine pour évaluer les aires marines réellement protégées
Une carte réactive de toutes les ZEE et des zones maritimes disputées dans le monde
Données cartographiques sur les énergies marines renouvelables consultables sur le Géoportail
La cartographie des déchets plastiques dans les fleuves et les océans
40 ans de piraterie maritime dans le monde (1978-2018) à travers une carte interactive
CLIWOC. Une base de données climatologique des océans à partir des journaux de bord des navires (1750-1850)
-
8:04
Cartographier les flux de mobilité étudiante en Europe et dans le monde
sur Cartographies numériques
Source : Where Students Travel to Study Abroad (Maps Mania, 1er mai 2023)Ce billet présente deux applications et deux sources de données utiles pour cartographier les flux de mobilité étudiante à l'échelle de l'Europe et du monde. La première concerne les flux d'étudiants Erasmus à partir des données de l'UE à travers l'application FlowmapBlue. La seconde porte sur la cartographie des flux mondiaux d'étudiants à partir des données de l'UNESCO.
1) Cartographier les flux de mobilité Erasmus à l'échelle européenne
Le programme Erasmus de la Commission européenne permet aux étudiants de toute l'Europe d'étudier à l'étranger dans le cadre d'un programme d'échange à l'échelle du continent. Les étudiants peuvent choisir d'aller étudier dans une université de l'UE pendant une période d'un an au cours de leur premier cycle d'études dans le supérieur. Plus de 9 millions d'étudiants européens ont bénéficié du programme Erasmus depuis sa création. Entre 2008 et 2020, ce sont 3,3 millions d'étudiants qui ont utilisé ce dispositif pour voyager et étudier à l'étranger.
Cartographie interactive des flux d'étudiants Erasmus entre 2008 et 2020 (source : zarasophos.net)
L'application est proposée sur le site Zarasophos.net par Maximilian Henning, journaliste indépendant qui travaille entre autres pour Netzpolitik.org et EUobserver. L'auteur a utilisé l'outil FlowmapBlue. FlowmapBlue est une application open source qui permet de créer des cartes de flux interactives (#flowmap). Une documentation détaillée est donnée sur Github. Pour créer une carte de flux avec FlowmapBlue, il suffit d'enregistrer ses données dans une feuille de calcul en ligne. FlowmapBlue crée alors automatiquement une carte de flux à partir des données de la feuille de calcul.
FlowmapBlue, une application open source permettant de créer des cartes de flux interactives
Si on saisit une ville en haut à droite de l'écran, on peut filtrer les données Erasmus. Par exemple, si on saisit Paris, on voit s'afficher une carte des flux indiquant dans quelles villes européennes les étudiants parisiens vont étudier et de quelles villes proviennent inversement les étudiants venus étudier à Paris. La barre chronologique en bas de la carte permet également de saisir une date de référence entre 2008 et 2020. La largeur des flèches est proportionnelle à l'importance des flux. Bien qu'ils ne soient pas toujours faciles à hiérarchiser, on voit ressortir à l'oeil nu l'importance de certains flux entre grandes villes d'importance. Les flux ne sont d'ailleurs pas toujours symétriques (plus d'étudiants parisiens à Berlin que d'étudiants berlinois à Paris ou moins à Rome par exemple). La carte reflète l'attractivité des grandes villes universitaires et leur rayonnement accru par rapport aux centres de moindre importance.Exemple de filtrage des données de mobilités étudiantes Erasmus à partir de et/ou à destination de Paris
En raison de la manière dont les données ont été agrégées par Erasmus, la carte ne montre que les déplacements entre villes et non entre universités. Il convient également de noter que cette cartographie ne concerne que les mobilités effectuées dans le cadre du programme Erasmus. Aussi intéressante soit-elle, cette cartographie ne prend pas en compte les flux de mobilité des étudiants en provenance ou à destination de pays extra-européens. Ces données restent malgré tout significatives vu l'importance des flux Erasmus à l'échelle européenne. L'ensemble des données est à télécharger sur le site de la Commission européenne.2) Cartographier les flux de mobilité étudiante à l'échelle mondiale
Le site de l'UNESCO permet de représenter les flux mondiaux d'étudiants de l'enseignement supérieur. La carte permet de voir quels sont les pays d'origine des étudiants et quelles sont leurs destinations. Cliquez sur la carte pour changer de pays et cochez la case selon que vous souhaitez voir apparaître les pays d'origine ou de destination. Le survol des flèches avec la souris permet également d'afficher les valeurs. Les données détaillées s'affichent dans un tableau en dessous de la carte que vous pouvez copier-coller dans un tableur si vous souhaitez les utiliser dans une autre application cartographique.
Principaux pays d'origine des étudiants venant étudier en France (source : UNESCO)
Principaux pays de destination des étudiants français à l'étranger (source : UNESCO)
La Chine est le pays qui fournit de loin le plus d'étudiants à l'échelle mondiale. Les États-Unis sont la destination la plus prisée pour les étudiants chinois qui étudient à l'étranger (309 837 étudiants). L'Australie (128 498), le Royaume-Uni (89 318) et le Japon (76 537) arrivent respectivement au 2e, 3e et 4e rang. Près de 73 000 Américains choisissent d'étudier à l'étranger. La destination la plus prisée pour les Américains est le Royaume-Uni (15 654), suivi du Mexique (11 109) et du Canada (8 355). Les Etats-Unis restent également assez attractifs. On voit ainsi apparaître des logiques de proximité géographique à l'échelle continentale ainsi que des liens historiques ou culturels entre certains pays. Il conviendrait cependant de rapporter l'importance de ces flux au nombre total d'étudiants qui varie considérablement d'un pays à l'autre.
Articles connexes
Cartes et données sur l'enseignement et la formation en Europe (source Eurostat)
Géographie de la formation et de la mobilité étudiante
Atlas régional des effectifs d'étudiants dans l’enseignement supérieur
Le monde vu par les étudiants de Sfax
Quelle démocratisation des grandes écoles depuis le milieu des années 2000 ?
Publication des données Parcoursup en open data sur le site Data.gouv.fr
Que vaut la data map qui géolocalise les voeux des candidats sur Parcoursup ?
Un atlas des fractures scolaires par Patrice Caro et Rémi Rouault : comment lire et analyser les inégalités socio-spatiales en éducation ?
Étudier les mobilités scolaires à partir des données de déplacements domicile-études de l'InseeÉtudier les mobilités résidentielles des élèves à partir des statistiques de la DEPP
-
21:00
Les cartes de Joseph Forest. Quand l'édition scolaire était une affaire (inter)nationale
sur Cartographies numériques
Voici une carte politique de l'Amérique du Sud par le géographe, cartographe et éditeur scolaire Joseph Forest. Il peut paraître étonnant de voir figurer autant de productions économiques et d'exportations commerciales sur une carte dite « politique ». Cette carte est l'occasion de s'intéresser à l'importante production de cartes scolaires de la maison d'édition Joseph Forest dans un contexte d'affirmation du sentiment national dans la première moitié du XXe siècle.Extrait de la « Carte politique de l'Amérique du Sud » par Joseph Forest - 1947 (source : BNF-Gallica)
Joseph Forest est surtout connu pour sa carte du « Domaine colonial de la France et de ses productions » (1930). Les colonies doivent rapporter sur le plan économique. Bien qu'elle soit pourvue d'un vaste empire, la France n'a pas vraiment de colonies en Amérique du sud (mis à part la Guyane représentée conjointement avec la Guadeloupe et la Martinique sur cette carte).« Domaine colonial de la France et de ses productions. Tableau dressé par J. Forest - 1930 » (source : BNF-Gallica)
Sur le même modèle de carte scolaire exhibant les richesses des pays et autres colonies, on trouve une carte politique de l'Afrique (édition de 1905, mise à jour en 1922 avec une édition en espagnol), une carte politique de l'Asie (édition de 1929), une carte politique de l'Océanie (édition de 1932), une carte politique de l'Amérique du Nord (édition de 1947). On peut y ajouter la « Carte de la France. Agriculture, industrie et commerce » (édition de 1932), véritable inventaire des richesses que l'on peut trouver à l'époque sur le territoire hexagonal.
« Carte politique de l'Afrique » - édition 1905 mise à jour en 1922 (source : BNF-Gallica)
Membre de la Société française de géographie et conseiller du commerce extérieur de la France à partir de 1912, Joseph Forest a fondé sa propre maison d'édition de cartes, plans, mappemondes, globes, sphères (terrestres et célestes), tableaux et cartes murales pour l'enseignement. Il est fournisseur des écoles depuis 1889 et agréé par le ministère de l'Instruction publique (voir sa biographie sur Wikipedia). Sa production cartographique s'étale sur plus d'un demi siècle. On trouve ainsi plus de 125 cartes et globes terrestres de J. Forest sur le site BNF-Gallica, dont une partie non négligeable en espagnol. Ses ouvrages sont traduits, adoptés par les gouvernements sud-américains au Pérou, au Chili, en Colombie, en Argentine et en Uruguay.
« Mappa-mundi em dois hemispherios » J. Forest (source : BNF-Gallica)
J. Forest a exporté pour une somme très importante son matériel de globes, sphères, cartes scolaires et cartes économiques dans les pays de langue espagnole, portugaise et anglaise. La production de cartes scolaires constituait donc une affaire assez lucrative à l'époque.
Extrait de l'un des nombreux globes terrestres produits par J. Forest (source : BNF-Gallica)
Au début XXe siècle, les pays latino-américains sont en pleine affirmation nationale. Chaque pays a droit à sa carte en espagnol avec son drapeau et, bien sûr, ses richesses économiques (indiquées en rouge de manière à bien les mettre en évidence) :
La « nouvelle carte administrative et économique » de la République du Pérou (1916), élaborée à partir des « derniers documents officiels », se veut particulièrement édifiante. Elle magnifie un grand Pérou qui est parvenu à s'étendre au détriment de ses voisins (voir les contestations de frontières au nord et à l'ouest avec la Colombie et l'Equateur indiquées sur la carte). Ces conflits frontaliers, nés après la dissolution de la grande Colombie et l'indépendance du Pérou et de l'Equateur dans les années 1830, ne seront vraiment résolus qu'à la fin du XXe siècle. Sur la carte de 1916, la mise en valeur économique du pays apparaît nettement à travers la mention de ses ressources agricoles (café, cacao, tabac, coca, vanille, thé, caoutchouc, laines...), minières (or, sel) et énergétiques (pétrole). Elle est assortie d'une carte physique plus petite donnant l'hypsométrie générale du pays.
« Nuevo mapa administrativo y económico de la república del Perú » J. Forest - 1916 (source : BNF-Gallica)On peut la rapprocher de la « Carte populaire du Pérou » (1913) produite par la Société géographique de Lima à l'occasion de son 25e anniversaire et distribuée gratuitement dans tout le pays. Celle-ci indique l'organisation administrative et le relief sur une même carte. Le relief y apparaît sous la forme d'un subtil ombrage plus ou moins marqué selon l'altitude, tandis que les différentes régions du Pérou y sont délimitées de traits épais réhaussés de couleur verte. Le détail du réseau hydrographique en bleu finit de donner à la carte toute sa splendeur.
« Mapa Popular El Perú en 1913 » (source : BNE)
Dans la même veine, la carte suivante glorifie le Pérou comme héritier de l'empire inca « d'après les récits des chroniques, les affirmations des archéologues et les écrits des historiens et géographes » (sic). Elaborée en 1926 par le cartographe Camilo Vallejos membre de la Société géographique de Lima, la « Carte du Tahuantinsuyo » est éditée en l'honneur et avec le soutien de l'homme politique, homme d'affaires et philanthrope Rafael Larco Herrera. Ce qui valut à cette carte d'être diffusée gratuitement dans les écoles péruviennes de l'époque comme il en est fait mention explicite dans le titre.
Les Incas appelaient leur empire Tahuantinsuyu, ce qui signifie les « Quatre Régions ensemble », soit le "Chinchasuyu" au nord (correspondant à une partie de la Colombie actuelle), le Curtisuyu et l'Antisuyu au centre et le Collasuyu au sud (correspondant à une partie de la Bolivie actuelle). Ce qui vaut à l'empire inca d'être souvent présenté, de manière à la fois réelle et mythique, comme l'empire des quatre parties du monde. Chacun des quatre suyus (régions) avait des populations, des environnements et des ressources différentes. Les quatre régions apparaissent ainsi sur la carte avec des couleurs contrastées.
« Mapa del Tahuantinsuyo » (empire des incas) - 1926 (source : BNF-Gallica)
De l'édition scolaire française à l'édition internationale dans un contexte d'affirmation du sentiment national, on voit que les liens sont importants et multiples. Les cartes de la maison d'édition scolaire Joseph Forest en fournissent un bon exemple. Le contexte d'affirmation des États nationaux n'est pas étranger à cette success-story. Au début du XXe siècle, les cartes de Vidal la Blache, éditées chez Armand Colin, s'exportaient déjà en langue espagnole.
La maison d’édition cartographique qui a pris la suite de Joseph Forest est la maison d'édition Girard, Barrère et Thomas, qui s'est installée dans le même immeuble au 17 rue de Buci dans le quartier de Saint-Germain-des Prés à Paris. On trouve plus d'une 100e de cartes éditées par Girard et Barrère sur Gallica. Cette maison d'édition continua à se spécialiser dans les documents scolaires, notamment dans les cartes murales. Elle fut reprise en 1974 par les éditions Taride, une maison d'édition fondée en 1852 par Alphonse Taride et spécialisée dans les cartes scolaires, les globes et les cartes routières (avant qu'elle ne disparaisse à son tour). On peut recenser plus de 270 cartes des éditions Taride accessibles sur Gallica.
Ancien atlas scolaire et vision nationale. L'exemple de l'Atlas de la République mexicaine (1899)
Articles connexes
L'histoire par les cartes : la première carte murale de la Catalogne (1906) par le pédagogue Francesc Flos i Calçat
Exposition virtuelle. Figures d’un géographe, Paul Vidal de la Blache (1845-1918)
Quand l'armée dressait des cartes pour l'école : la carte murale de l'AOF par Édouard de Martonne (1922)
Lorsque la carte crée le territoire : l’invention de l’Alsace-Lorraine
Il y a toujours eu des cartes de géographie aux murs de la classe
Recension de ressources sur le thème "Cartes des empires coloniaux et usages scolaires"
« Mapping the classroom » ou comment on apprenait l'histoire et la géographie au XIXe siècle en Nouvelle-Angleterre
L'histoire par les cartes : James Monteith, cartographe et éducateur (1831-1890)
Comment enseigner la géographie : en prenant en compte ou en dépassant le pays où l'on vit ?
Cartes et atlas à usage scolaire
-
10:39
CLIWOC. Une base de données climatologique des océans à partir des journaux de bord des navires (1750-1850)
sur Cartographies numériques
Source : Tim St. Onge, New Interactive Map Visualizes Ship Logbooks from the 18th and 19th Centuries, 20 avril 2023 (Library of Congress Blog).Le Département de géographie et cartographie de la Bibliothèque du Congrès met à disposition une nouvelle version de la base de données CLIWOC accessible à travers une carte interactive. La base de données numériques, acquise par la Bibliothèque du Congrès et disponible en téléchargement, fournit une vue globale de l'expansion maritime coloniale et des enregistrements climatologiques détaillés pour la période 1750-1850.
Nouvelle cartographie de la base de données CLIWOC (source : Library of Congress)Historique du projet CLIWOC
CLIWOC (Climatological database for the world's oceans) a d'abord été un projet de recherche financé par l'Union européenne de 2001 à 2003. Le projet a impliqué toute une équipe de chercheurs à l'échelle internationale qui ont rassemblé et numérisé les données à partir de plus de 280 000 journaux tenus à bord de voiliers européens entre 1750 et 1850. La base de données CLIWOC a été initialement publiée au format Microsoft Access. En 2018, le programmeur Steven Ottens a travaillé pour reformater la base de données en format ouvert (feuille de calcul OpenOffice, fichier texte délimité par des tabulations et format SIG Geopackage). La base de données dans ces formats a ensuite été hébergée sur le site web HistoricalClimatology.com. La Bibliothèque du Congrès a acquis fin 2018 une copie numérique de la base de données dans le but de préserver et de fournir un accès durable à des ensembles de données importants dans un large éventail de domaines.
Précaution d'usage des données
A l'époque, les marins enregistraient systématiquement les observations météorologiques quotidiennes pour connaître notamment les vents, mais également pour calculer leur position géographique en haute mer. Les journaux de bord étaient cependant plus ou moins complets selon les navires et les expéditions maritimes. Les informations comprennent la date d'observation, le nom du navire, sa nationalité, son origine et sa destination ainsi que les conditions météorologiques. On note que les données disponibles sont beaucoup plus nombreuses dans l'océan Atlantique que dans l'océan Pacifique. La base CLIWOC ne correspond qu'à une partie des voiliers européens de l'époque (ceux de nationalité espagnole, hollandaise, britannique et française). Elle n'inclut pas non plus les navigations conduites par les populations indigènes du Pacifique, qui maîtrisaient la navigation maritime depuis des milliers d'années. Malgré ces précautions d'usage, il s'agit d'une ressource précieuse et irremplaçable non seulement pour les spécialistes de l'histoire maritime, mais aussi pour les climatologues. Comme décrit dans le rapport CLIWOC sur la base de données d'origine, à partir des observations contenues dans des milliers de journaux de bord, « une image peut être recréée du climat de l'époque, avant que toute influence anthropique significative puisse être exercée sur le climat, offrant une occasion unique d'explorer à quoi ressemblait le climat des océans en conditions dites "naturelles" ».
Pistes d'utilisation
Par défaut, la carte affiche des milliers de points colorés rendant la lecture de cette géovisualisation assez difficile. L'interface cartographique proposée par la Librairie du Congrès permet heureusement de filtrer les données par nationalité (britannique, néerlandaise, française et espagnole), mais pas sur les autres données. Pour cela, il faut télécharger les données et utiliser un SIG. La légende de la carte en ligne s'affiche de manière interactive en fonction des nationalités sélectionnées. On voit ainsi apparaître des logiques spatiales dans l'expansion impériale et le commerce mondial. Les goulots d'étranglement géographiques auxquels sont confrontés tous les marins de l'époque sont également perceptibles, du cap Horn à la pointe sud des Amériques en passant par le détroit de Malacca entre l'actuelle Malaisie et l'Indonésie. Les navires spécialisés dans la traite atlantique des esclaves, notamment le "Passage du Milieu" au cours duquel des millions d'Africains réduits en esclavage ont été transportés à travers l'Atlantique vers les possessions coloniales des Amériques, sont assez visibles parmi l'ensemble des données.
Jeux de données à télécharger
- Lien pour télécharger la base de données sur le site de la Library of Congress (fichier tableur au format ods + données SIG au format geopackage + dictionnaire des termes maritimes au format pdf).
- Accès aux données initialement hébergées sur le site HistoricalClimatology.com
- Rapport de recherche final CLIWOC publié en 2006 sur le site de l'UE.
Lien ajouté le 28 mai 2023
Cartographie des flux maritimes à l'époque de l'expansion coloniale (1700?1850) par @PythonMaps à partir de la base de données CLIWOC
— Sylvain Genevois (@mirbole01) May 28, 2023
En rouge : Royaume-Uni
En jaune : Espagne
En blanc : France
En orange : Pays Bas [https:]] pic.twitter.com/JJLpGBz5MIArticles connexes
L'histoire par les cartes : les routes commerciales au Moyen Age (déjà une route de la soie ?)
L'histoire par les cartes : comparer les cartes des empires coloniaux et des routes commerciales du XIVe au XVIIIe siècle
Le site Marine Traffic permet désormais de visualiser la densité des routes maritimes
Shipmap, une visualisation dynamique du trafic maritime à l'échelle mondiale
Entre maritimisation des échanges et mondialisation de l'information : de quoi l’incident de l'Ever-Given est-il le nom ?
Bilan du transport maritime (UNCTAD) : une baisse du commerce mondial conteneurisé en 2020 Les câbles sous-marins, enjeu majeur de la mondialisation de l'information
Progression de la cartographie haute résolution des fonds marins (programme Seabed 2030 et GEBCO)
Cartes et données pour alimenter le débat sur les attaques de requins dans le monde
- Lien pour télécharger la base de données sur le site de la Library of Congress (fichier tableur au format ods + données SIG au format geopackage + dictionnaire des termes maritimes au format pdf).
-
19:32
Mettre en récit des images et des cartes numériques en haute résolution en utilisant des outils IIIF
sur Cartographies numériques
L'IIIF (International Image Interoperability Framework) est un ensemble de normes ouvertes permettant de manipuler en ligne des objets numériques en haute résolution. C'est aussi une communauté qui développe et met en œuvre des services web (API) dans le cadre d'un consortium international. Au delà de l'objectif d'assurer l'interopérabilité entre les bibliothèques numériques, l'enjeu est de pouvoir permettre aux chercheurs, aux enseignants ou même aux simples utilisateurs de partager des ressources dans le cadre des humanités numériques.
Comment annoter, animer et partager des images et des cartes numériques en haute résolution en laissant à l'utilisateur la possibilité de les explorer par lui-même ? C'est possible en utilisant les outils de visualisation et de traitement d'images IIIF.
La liste des musées, archives et autres organismes culturels qui utilisent le format IIIF est de plus en plus longue. On y trouve aussi bien des grandes bibliothèques comme la Bibliothèque nationale de France ou la Bibliothèque du Congrès que des musées ou encore des universités.Gallica propose plusieurs exemples d'animation à partir d'images numériques en IIIF, notamment le plan routier de la ville et des faubourgs de Paris en 1789 et une vue de Venise à vol d'oiseau.
Nous proposons un petit tutoriel en 4 étapes pour apprendre à utiliser ces images au format IIIF :
ÉTAPE 1 : trouver le code manifeste IIIF de l'image source que l'on souhaite utiliser
Il faut d'abord récupérer le code manifeste (au format json), soit directement sur certains sites qui le fournissent, soit à travers une extension du navigateur en installant le plugin Open in IIIF Viewer.
ÉTAPE 2 : annoter et animer la carte que l'on a choisie
On peut ensuite annoter et animer la carte directement sur un site sans rien avoir à installer. On peut utiliser l'application en ligne ADNO et coller l'URL contenant le code manifeste de l'image source.
ADNO est une application web de visualisation, d’édition et de partage de récits et de parcours sur des images statiques et des images IIIF. Elle s'adresse principalement aux médiateurs culturels et scientifiques ainsi qu'aux enseignants. Elle concerne notamment les fonds patrimoniaux, les archives, les bibliothèques, la recherche scientifique, les humanités numériques, et plus généralement la valorisation de données culturelles et scientifiques.
Exemple d'utilisation d'ADNO à partir d'une carte des Cévennes de 1703 :
- Source BNF-Gallica : [https:]]
- Code manifeste: [https:]]
- Intégration dans l'application ADNO : [https:]]
- Pour en savoir plus sur cette carte : Derrière chaque carte, une histoire : la carte des chemins royaux dans les Cévennes (1703)
ÉTAPE 3 : ajouter en mode édition des zones sensibles, un titre, des commentaires, des liens vers Internet
Les annotations nécessitent en mode édition de définir préalablement des zones sensibles (à délimiter par des polygones) ou d'insérer des balises cliquables directement sur la carte. Une fois ces zones définies, on peut leur affecter du texte, des images, des vidéos, des liens sur Internet, etc. Il convient de définir un pas de temps pour régler la vitesse de défilement des images. L'utilisateur pourra ensuite reprendre le contrôle pour naviguer lui-même avec les flèches et prendre le temps d'observer les détails de la carte.
Exemples d'annotations avec l'application ADNO (voir le mode d'emploi rapide)Autres éditeurs d'images IIIF utilisables en ligne :
ÉTAPE 4 : diffuser et partager sur Internet via une URL
Une fois l'animation construite, on peut la diffuser avec son adresse URL. De quoi commenter et partager beaucoup de cartes anciennes sans aucune installation en local.
Pour certains documents sources, il n'est pas obligatoire d'utiliser le plugin Open in IIIF Viewer. De même, il existe d'autres outils d'édition en IIIF (voir la sélection donnée plus bas).
Pour aller plus loinLa collection de cartes historiques David Rumsey permet, par exemple, d'enregistrer directement le code manifeste. Il suffit de cliquer sur le menu SHARE --> IIIF Manifests pour enregistrer l'URL.
Exemple ici pour utiliser la projection de Buckminster Fuller :
En copiant le code manifeste dans un éditeur open source comme Leaflet-IIIF-Geojson, on va pouvoir produire une surcouche graphique avec différents figurés (points, lignes, polygones). Une fois les zones sensibles tracées, on sauvegarde la couche d'interprétation en geojson. On peut produire autant de calques d'interprétation que l'on veut en enregistrant plusieurs fichiers geojson.
Pour accéder à la liste des organismes qui adhèrent au consortium international IIIF, c'est par là :
Il en existe beaucoup d'autres à l'échelle nationale, notamment à travers France Archives : [https:]]
[https:]]
Le principe de la carte cliquable et annotable est utilisé depuis longtemps par les sites officiels dans le domaine de l'histoire et de la culture (c'est le principe du rich media). Avec un peu d'entraînement, les utilisateurs eux-mêmes doivent pouvoir s'en emparer. Exemple ici pour s'inspirer : la carte annotée de l'Angleterre (1250).
Ces pistes sont à explorer notamment pour l'interprétation et l'enrichissement de plans anciens. Elles sont aussi certainement adaptables à des cartes ou des plans urbains plus récents. Exemple du plan de Versailles annoté.
On peut tester aussi à partir des plans urbains de Paris de la BNF. L'application JADIS permet d'aller directement récupérer les sources sur Gallica.
Liste de viewers / éditeurs d'images IIIF en ligne- Allmaps : un ensemble d'outils qui permettent de conserver, explorer, annoter ou même géoréférencer des cartes IIIF.
- Adno : une application web de visualisation, d’édition et de partage de récits et de parcours à partir d'images statiques et des images IIIF.
- Leaflet-IIIF-Geojson : une application qui, combinée avec le plugin Leaflet-IIIF et Leaflet-Draw, permet d'annoter une image IIIF.
- IIIF Manifest Editor : une application pour importer, afficher, mettre à jour et exporter des manifestes proposé par la Bibliothèque Bodleian.
- Mirador : permet de rassembler des images issues de différents sites fournissant des manifestes IIIF.
- Open in IIIF Viewer : un plugin à installer dans le navigateur pour récupérer le code manifeste et enregistrer des images IIIF sur son disque dur.
- Movie Maps : utilise les annotations IIIF pour fournir une narration vidéo avec une visualisation guidée.
- Plateformes IIIF : liste très complète d'ouils et plateformes IIIF à consulter sur le site du consortium international iiif.io.
- Introduction à IIIF sur le site de documentation de Biblissima.
- Vidéo de la session régionale IIIF France de la Conférence IIIF 2021 (24 juin 2021).
- Vidéos et supports de présentations du séminaire IIIF360 (24 mars 2021).
- Visualisation et fouille des données : IIIF (Régis Robineau). Cours de Master 2 « Mediation Numérique de la Culture et des Patrimoines » (École Supérieure en Intelligence des Patrimoines, CESR, Université de Tours, 26 novembre et 7 décembre 2020)
- Adopter et utiliser les standards IIIF pour vos corpus d'images numériques (Régis Robineau). Atelier en ligne organisé dans le cadre du colloque « #dhnord2020 - La mesure des images : approches computationnelles en histoire et théorie des arts » (MESHS, 18 novembre 2020)
- Introduction aux protocoles IIIF (Régis Robineau). Présentation faite dans le cadre de la formation au Diplôme de conservateur de bibliothèque de l'Enssib (Villeurbanne, 23 janvier 2019).
- Supports de présentations de la journée « Innover pour redécouvrir le patrimoine écrit », premier événement francophone autour de IIIF (15 mars 2018).
- IIIF en 5 minutes : comprendre les avantages et apports de IIIF du point de vue des institutions et des utilisateurs finaux (Régis Robineau).
Articles connexes
Derrière chaque carte, une histoire : la carte des chemins royaux dans les Cévennes (1703)
Derrière chaque carte, une histoire. La carte de Gough et les îles perdues de la baie de Cardigan
Venise à vol d'oiseau au début du XVIe siècle (Gallica - BnF)
Parcours dans le plan routier de la ville et des faubourgs de Paris en 1789 (Gallica - BnF)
Comment géoréférencer une carte disponible dans Gallica ?Utiliser des graphiques animés pour donner à voir des évolutions et des ruptures
Une animation cartographique pour reconstituer les dynamiques de peuplement aux Etats-Unis sur la période 1790-2010
Les story maps : un outil de narration cartographique innovant ?
-
7:59
Des cartes du monde dans le style d'artistes célèbres créées par intelligence artificielle
sur Cartographies numériques
Le site Brilliant Maps, qui met en avant des cartes pour leur esthétique, leur originalité ou simplement leur popularité, propose 19 cartes inspirées d'artistes célèbres. Ces cartes décoratives ont toutes été créées à partir de l'outil d'intelligence artificielle Midjourney. Le résultat est plutôt réussi sur le plan esthétique. Qu'il s'agisse de cartes ou d'images numériques, cela pose la question de la création artistique à l'ère de l'Intelligence artificielle (IA).Midjourney est un générateur d’images qui permet de créer des illustrations à partir d’un texte descriptif, en se basant sur l’intelligence artificielle et le machine learning. Le logiciel est édité par un laboratoire de recherche et est disponible en version bêta depuis juillet 2022 (accessible via Discord).
World map in the style of Claude Monet. See more: [https:]] pic.twitter.com/IwZvGmH7qe — Brilliant Maps (@BrilliantMaps) April 17, 2023
Saurez-vous choisir celle(s) que vous préférez parmi la liste ?- Gustave Klimt
- Banksy
- Jackson Pollock
- Hokusaï
- Amedeo Modigliani
- Keith Haring
- Willem de Kooning
- Roy Lichtenstein
- Léonard de Vinci
- Jean Michel Basquiat
- Claude Monnet
- Andy Warhol
- François Bacon
- Jasper Johns
- Marc Rothko
- Paul Cézanne
- Pierre Auguste Renoir
- Paul Gauguin
- Vincent van Gogh
Map Channels s'est inspiré des cartes proposées par Roger Dean sur Brilliant Maps pour en proposer d'autres plus surréalistes :
[https:]]
[https:]]
[https:]]
[https:]]A world map inspired by Roger Dean @BrilliantMaps pic.twitter.com/Xpn7pELSd9
— Map Channels (@mapchannels) April 18, 2023
L'intelligence artificielle a parcouru un long chemin depuis sa création. Son succès récent est lié en grande partie à ChatGPT et à son ascension fulgurante sur Internet. Cependant, l'IA ne se limite pas seulement au texte. L'application Midjourney permet notamment de créer des images IA à grande échelle à partir de textes descriptifs.Pour compléter
« Mapmaking in the Age of Artificial Intelligence ». Comment fait-on des cartes à l'âge de l'Intelligence Artificielle ? Avec des algorithmes bien sûr... mais encore avec l'oeil et l'expertise humaine ! (Medium)
« Midjourney : trois conseils pour créer des images impressionnnantes en quelques secondes » (BFM-TV).« Le saviez-vous ? Midjourney peut décrire une image et créer des variantes » (Numerama)
« Une œuvre créée par une IA remporte un concours d'art aux États-Unis » (Les Numériques).
« Les images conçues par intelligence artificielle, nouvel outil de désinformation » (Le Monde).
« Explorer les archives de Notre-Dame de Paris grâce à l’intelligence artificielle » (The Conversation).Du virtuel au réel, l'intelligence artificielle s'empare de l'art (INA)
Penser l'intelligence artificielle, avec Asma Mhalla (Brut Philo)
« Quand les humanités font face à l’Intelligence Artificielle » (Café Pédagogique).
Margarida Romero, Laurent Heiser, Alexandre Lepage (dir.). Enseigner et apprendre à l’ère de l’intelligence artificielle. Livre blanc, 2023 (Canopé).
Lien ajouté le 15 mai 2023
Articles connexesQuand l'intelligence artificielle et l'apprentissage automatique permettent de repérer des bidonvilles à partir d’images satellitaires et aériennesJ'adore l'idée d'un de mes collègues de demander aux élèves de créer des cartes postales. Ils écrivent non seulement le texte de la carte mais aussi celle permettant de décrire l'image à générer avec @midjourney . On voit là que les élèves écrivent deux fois plus. Littéralement. pic.twitter.com/8fCrlR1k9N
— Yann (@yannhoury) May 5, 2023
Les investissements de la Chine dans les secteurs de l'Intelligence artificielle et de la surveillance
Utiliser des générateurs automatiques de territoires imaginaires
Cartes et atlas imaginaires
Cartes et atlas artistiques
-
19:22
Cartes et données sur l'impact de la pêche sur les écosystèmes marins (Sea Around Us)
sur Cartographies numériques
Sea Around Us est un groupe de recherche international basé à l'Université de Colombie Britannique, dont la vocation est l'étude de l'impact de la pêche sur les écosystèmes marins de la planète. Les chercheurs impliqués dans ce groupe unissent depuis plusieurs années leurs efforts pour collecter et combiner des ensembles de données uniques, notamment sur la pêche au chalut qui réduit considérablement les stocks de poissons et nuit à l'environnement marin.
Répartition de la pêche mondiale en 2019 selon les données cartographiées (source : Sea Around Us)Les données proposées sur le site Sea Around Us sont très diverses : elles vont des zones de pêche par ZEE jusqu'au détail des espèces marines menacées. Il s'agit de données reconstruites qui combinent les données de capture issues des déclarations officielles et les estimations reconstruites des captures non déclarées (y compris les principaux rejets), au niveau de chaque ZEE. Les données de capture déclarées officiellement sont principalement extraites de la base de données FishStat de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et de SeaLifBase. Les distributions des taxons représentent les informations les plus récentes sur leur distribution biologique, telles qu'assemblées par FishBase et SeaLifeBase.
Le site informe les utilisateurs que la précision spatiale d'un 1/2 degré de latitude et longitude par cellule, qui est appropriée pour les zones côtières, peut être problématique pour les cellules en haute mer. Cela est dû au fait que les données de capture proviennent de données déclarées fournies par les organisations régionales de gestion des pêches dans des cellules spatiales beaucoup plus grandes (1, 5, 10 voire même 20 degrés de latitude et longitude). L'affectation ultérieure de ces données à des cellules d'un 1/2 degré est basée sur une approche d'affectation standard. The Sea Around Us, en collaboration avec Global Fishing Watch, s'emploie à améliorer ces allocations spatiales de données de capture et à résoudre les problèmes connexes.
Les graphiques permettent de suivre l'évolution du prélèvement de ressources halieutiques par pays, par espèces, par types de pêche. Le site est très utile pour conduire des comparaisons dans le temps.
Évolution de la pêche industrielle sur la période 1950-2020 (source : Sea Around Us)
Évolution de la pêche industrielle par rapport aux autres types de pêche (artisanale, récréative...)
Des chercheurs de Sea Around Us - Indian Ocean, basés à l'Université d'Australie occidentale, ont par ailleurs exhorté l'Union européenne en février 2023 à soutenir pleinement l'interdiction des dispositifs de concentration de poissons (DCP) dans les pêches de thon de l'océan Indien.
Répartition de la pêche mondiale de thons et marlins en 2019 (source : Sea Around Us)
Les DCP sont critiqués pour leur hyper-efficacité et leur nature non sélective, ayant des impacts négatifs sur la vie marine. Ces dispositifs attirent un large éventail d'espèces souvent vulnérables, y compris les thons juvéniles qui n'ont pas eu l'opportunité de se reproduire et les requins pélagiques qui sont connus pour être une espèce menacés. Cela exacerbe le risque de surexploitation de nombreuses espèces pélagiques de l'océan Indien. Les chercheurs notent que la flotte de pêche thonière européenne est, avec Taïwan, le principal responsable du déclin des thons dans l'océan Indien, l'UE étant responsable d'environ 87 % des captures dérivées de thons dans la région.
Différents types de DCP déployés dans les mers tropicales (source : Lettre d'information sur les pêches - IFREMER)
Les cartes et les données fournies par le site Sea Around As peuvent être utilisées en lien avec les ressources proposées par le site Global Fishing Watch que nous présentons dans cet article.Articles connexes
Global Fishing Watch, un site pour visualiser l'activité des navires de pêche à l'échelle mondiale
La pêche, enjeu majeur des négociations autour du Brexit
Vers de possibles variations dans la répartition des stocks de poissons (dans et hors ZEE) en raison du changement climatique
Une carte réactive de toutes les ZEE et des zones maritimes disputées dans le monde
MPAtlas, un atlas de la protection marine pour évaluer les aires marines réellement protégées
Cartes et données pour alimenter le débat sur les attaques de requins dans le monde
Le site Marine Traffic permet de visualiser la densité des routes maritimes
Shipmap, une visualisation dynamique du trafic maritime à l'échelle mondiale
Les câbles sous-marins, enjeu majeur de la mondialisation de l'information
Resource Watch, un portail intégré pour visualiser des jeux de données en vue d'assurer "un avenir durable" à la planète -
20:33
Surmortalité attribuée à la chaleur et au froid : étude d'impact sur la santé dans 854 villes européennes
sur Cartographies numériques
Source : Pierre Masselot, Malcolm Mistry, Jacopo Vanoli, Rochelle Schneider, Tamara Iungman, David Garcia-Leon, et al. (2023). Excess mortality attributed to heat and cold : a health impact assessment study in 854 cities in Europe. Planetary Health, The Lancet, March 16, 2023. URL : [https:]]Cette étude, publiée en mars 2023 dans la revue scientifique The Lancet, identifie Paris comme l'une des villes européennes où les risques de mourir de la chaleur estivale sont les plus élevés pour les personnes âgées.
La chaleur et le froid sont des facteurs de risque environnementaux reconnus pour la santé humaine. Cependant, la cartographie de ces données est une tâche difficile en raison de la complexité des associations et des différences de vulnérabilité et de répartition démographique. Dans cette étude, les auteurs ont réalisé une évaluation complète de l'impact de la mortalité due à la chaleur et au froid dans les zones urbaines européennes, en tenant compte des différences géographiques et des risques spécifiques liés à l'âge.
Les cartes des risques de mortalité et de surmortalité indiquent des différences géographiques, telles qu'un gradient nord-sud et une vulnérabilité accrue en Europe de l'Est, ainsi que des variations locales dues aux caractéristiques urbaines. Le cadre de modélisation et les résultats sont cruciaux pour la conception des politiques sanitaires et climatiques nationales et locales et pour la projection des effets du froid et de la chaleur dans le cadre de futurs scénarios climatiques et socio-économiques.
Cartes des impacts annuels du froid et de la chaleur sur la mortalité dans les villes européennes
(source : Masselot et al. 2023 - Creative Commons Attribution CC BY 4.0)
On peut observer que la surmortalité est généralement plus faible en Europe occidentale que dans les autres régions, y compris l'Europe du Nord et du Sud, à l'exception de quelques très grandes villes comme Londres et Paris. Les estimations de cette étude tiennent compte d'une longue liste de caractéristiques socioéconomiques, climatiques et environnementales pour représenter les différences de vulnérabilité entre pays et régions.
Les données sont issues de différentes jeux de données dont l'Audit urbain d'Eurostat disponible pour 870 villes européennes. Elles sont téléchargeables en open data sur le site Zenodo.
Pour compléter
Dans le cadre de l'Audit urbain, Eurostat fournit une base statistique commune pour l'ensemble des aires urbaines à l'échelle européenne. Ces données statistiques sont produites sur deux niveaux géographiques : les Cities (densité supérieure à 1 500 habitants par km2) et les aires urbaines fonctionnelles ou FUA (zone de navettage fixée à au moins 15 % des actifs). L'INSEE met à disposition ces fichiers à l'échelle de la France métropolitaine et des départements d'outre-mer. Ces aires urbaines sont désormais intégrées à la nomenclature des NUTS (au niveau NUTS 3).Articles connexes
Les villes face au changement climatique et à la croissance démographique
Le rôle des arbres urbains dans la réduction de la température de surface des villes européennes
La santé des Franciliens. Diagnostic pour le projet régional de santé 2023-2027 (ORS)
Géodes, la plateforme cartographique pour accéder aux données de santé
Géographie du moustique Aedes (aegypti et albopictus) en France et dans le monde
Consommation d’alcool en France : des variations en fonction des régions, de l'âge ou du sexe
Comment expliquer les disparités de vaccination Covid-19 en France ?
Des sécheresses répétées en France depuis 2018 : analyse en cartes et en images satellitaires
Cartes et données sur la canicule et les incendies de forêt en France et en Europe
-
11:55
La santé des Franciliens. Diagnostic pour le projet régional de santé 2023-2027 (ORS)
sur Cartographies numériques
L'Observatoire régional de la Santé (ORS) Île-de-France a publié en février 2023 un rapport très intéressant sur La santé des Franciliens. Cette publication permet d'étudier les inégalités sociales et territoriales de santé à l'échelle de toute une région. On y trouve beaucoup de données, de cartes et de graphiques sur différents indicateurs sanitaires croisés avec des données sociales, démographiques ou environnementales.La géographie territoriale et socio-démographique introduit le contexte régional. Une vue d’ensemble de la santé des Franciliens est présentée à partir des données d’espérance de vie. Mode de vie, déterminants de la santé et prévention sont ensuite abordés. Dans une approche populationnelle, la description et la mise en exergue des principaux enjeux de la santé périnatale, de la santé des enfants et des adolescents ainsi que de la santé des personnes âgées font l’objet d’éclairages spécifiques. Sont ensuite explorés les impacts sanitaires des nuisances et pollutions environnementales, des conditions de logements et de travail des Franciliens. Les principales causes de morbidité et de mortalité (pathologies, accidents, santé mentale), avec un focus spécifique sur la pandémie de Covid-19 sont détaillées. Enfin, le dernier chapitre explore l’offre et l’accessibilité aux soins.
Après une hausse continue depuis les années 1990, l'espérance de vie des Franciliens a connu une baisse en 2020-21 liée à l'épidémie de Covid-19. On observe une réduction de l'écart hommes-femmes, avec des inégalités selon les territoires franciliens :
Évolution et répartition de l'espérance de vie à la naissance (source : La santé des Franciliens, ORS Île-de-France)
Des cartes maillées montrent les inégalités d’expositions environnementales, c'est-à-dire les zones de surexposition à la pollution ou de cumul de nuisances :
Cartes montrant les inégalités d’expositions environnementales (source : La santé des Franciliens, ORS Île-de-France)
Les enjeux sanitaires en Ile-de-France sont susceptibles d'évoluer d'ici 2030, en particulier en ce qui concerne les ilots de chaleur :
Population communale sensible en ilots très vulnérables à la chaleur (source : La santé des Franciliens, ORS Île-de-France)
Les flux hospitaliers en médecine, chirurgie et obstétrique témoignent des formes de polarisation et de distance-proximité en fonction du type de services :
Flux hospitaliers en médecine, chirurgie et obstétrique en 2021 (source : La santé des Franciliens, ORS Île-de-France)
L'accessibilité potentielle aux médecins généralistes en Île-de-France diminue globalement du centre vers la périphérie et ces disparités ont tendance à augmenter enter 2015 et 2021 (à pondérer cependant en fonction de l'âge et du niveau de vie) :
Niveaux d'accessibilité potentielle aux médecins généralistes en 2015 et en 2021 (source : La santé des Franciliens, ORS Île-de-France)
Une grande partie de ces cartes peut être consultée sur le serveur cartographique Cartoviz de l'Institut Paris Région. Des cartes numériques ainsi que des données distribuées sous licence CC-BY-NC sont également téléchargeables dans la cartothèque.
Articles connexes
Surmortalité attribuée à la chaleur et au froid : étude d'impact sur la santé dans 854 villes européennes
Géodes, la plateforme cartographique pour accéder aux données de santé
Une cartographie du niveau de pollution de l'air à Paris
Gentrification et paupérisation au coeur de l'Île-de-France (évolutions 2001-2015)
Comparer l'image aérienne de l'Île-de-France en 1949 avec celle d'aujourd'hui (Institut Paris Région)
Atlas collaboratif de la mégarégion parisienne
Tableau de bord de la mobilité en Île-de-France
Portail des mobilités dans le Grand Paris (APUR)
-
13:02
Festival Printemps des cartes (4e édition, 11-14 mai 2023) sur le thème « Dépassons les frontières »
sur Cartographies numériques
Le Festival Printemps des cartes se tiendra du 11 au 14 mai 2023 à Montmorillon. Le programme de cette 4e édition est en ligne :DÉPASSONS LES FRONTIÈRES
Les cartes se rencontrent en 2023
« Cette édition 2023 installe durablement le Printemps des Cartes dans le paysage ! Ce festival, c’est une invitation à la rencontre d’ailleurs et parfois d’ici, avec un regard neuf, celui que peut porter la carte sur notre situation, les phénomènes qui nous entourent et les espaces dans lesquels nous vivons. Il s’agit de sortir, rencontrer, voir et refaire le monde autour d’une carte. La frontière dans tous ses états est à l’honneur. Bien malgré nous, le thème a surgi à l’improviste, sans même vouloir évoquer la guerre aux confins de l’Europe. Il n’y a pas qu’une frontière. Les frontières de tous bords, qu’elles soient naturelles, culturelles, mesurées ou sans commune mesure se dessinent sur les cartes. La question demeure : où placer la limite, que définit la limite ? Une topologie de l’espace qui nous correspond (peut-être), et qui entoure ce « nous » qui reste parfois à définir. Mythes devenus réalités, s’incarnant parfois en murs, clôtures, fossés infranchissables, cette nouvelle édition 2023 nous invite à s’en affranchir, prendre la liberté, le temps d’une pause autour d’une carte. L’art s’empare des cartes, il fait spectacle, les cartes s’habillent de son et lumière pour notre plus grand plaisir. De conférences en ateliers d’expérimentations cartographiques, nous en apprendrons long sur la lecture ou la fabrique des cartes ; comment cet objet de science peut nous aider à nous prémunir des risques naturels, à mieux aménager l’espace ? Comment cet objet d’art peut s’associer à d’autres médias pour stimuler nos sens, et inspirer notre imaginaire, voire parler d’amour ? De tables rondes en journée scientifique (participons à la science en action), nous partagerons notre avis, nous écouterons et seront entendus. Voilà l’ambition du programme du Printemps des Cartes 2023 au cœur de Montmorillon : s’ouvrir au monde pour dépasser nos frontières ».
Lien ajouté le 21 avril 2023
Penser un monde sans frontières depuis l'Afrique
— Françoise Bahoken (@fbahoken) April 21, 2023
Un chapitre cosigné avec Achille Mbembé pour l'Atlas des migrations (2022) dans #Neocarto #Afrique #reseaux #transports #circulation #mobilites #migrations Atlas @Migreurop
?Néocarto [https:]]
Lien ajouté le 22 mai 2023
Bon, allez, encore un petit coup de #Montmorillon. A partir d'où les panneaux routiers indiquent-ils cette ville ? Sacrée question, et voici la réponse en carte, réalisée pour le @Printemps_carte ! Avec quelques reproductions de panneaux (réalisation maison). pic.twitter.com/Ysru70cGPM
— Lucas Destrem ??? (@LucasDestrem) May 22, 2023Articles connexes
Le Printemps des cartes (19-22 mai 2022) : CR de sa 3e édition
Frontières et conflits en Afrique du Nord et de l’Ouest
Frontières et groupes ethniques à travers le monde
Les frontières maritimes des pays : vers un pavage politique des océans ?
Un jeu de données SIG sur les fleuves qui servent de frontières dans le monde
Comment les frontières politiques façonnent les paysages. Une série d’images satellites Planet en haute résolution
-
13:56
Le bonheur des familles rurales en Inde serait-il dans le drone ? Svamitva, un vaste programme d'arpentage par images aériennes
sur Cartographies numériquesLe programme Svamitva a pris du retard avec la crise sanitaire de Covid-19, mais il bat à nouveau son plein. Il devrait couvrir tous les états de l'Union indienne d'ici 2025.
Environ 1,5 million d'images de drones sont traitées chaque jour en Inde pour créer des cartes 3D de toute l'Inde rurale à une échelle inédite (résolution inférieure à 1 mètre). La collecte, le traitement et la numérisation sont effectués dans le pays, car les nouvelles directives en matière de géospatial interdisent le traitement ou le stockage d'images ayant une résolution inférieure à 1 m sur des serveurs en dehors de l'Inde. Ce sont des 10e de milliers de villages que le département officiel de cartographie, le Survey of India doit numériser avec des opérations de mesures au sol. Cette cartographie a déjà donné lieu à la création de plus d'un million de cartes de propriétés pour 65000 villages, mais il reste beaucoup à faire. Seulement 60 % des villages indiens ont été cartographiés numériquement depuis 2020.
Le gouvernement indien a lancé de grandes campagnes d'information pour célébrer les bienfaits de ce projet destiné à faciliter les démarches des habitants des campagnes, notamment pour assurer leurs biens ou contracter des prêts.
A l’époque coloniale, seules les terres agricoles étaient inscrites aux registres pour les impôts fonciers en fonction des revenus qu'elles étaient censées procurer. Les zones d’habitations n’étaient pas concernées par ces registres. Le projet Svamitva vise désormais à étendre le régime foncier dans la zone abadi (habitée). La zone abadi fait référence aux terres villageoises qui étaient exemptées de revenus fonciers. Ces terres n'étaient d'ailleurs pas arpentées dans la plupart des États. La terre abadi est connue sous différentes terminologies telles que Lal Dora dans certaines parties du nord de l'Inde ou Gaothan dans le Maharashtra. Les terres de Lal Dora ont été initialement délimitées à Delhi par le règlement foncier de 1908-09 pour attribuer aux villages cette zone abadi et ont ensuite été étendues aux États de l'Haryana et du Pendjab et à certaines parties du nord de l'Inde.
Pour le président Modi, le projet devrait permettre de "résoudre les conflits fonciers" qui sont nombreux en Inde du fait des forts enjeux autour du foncier agricole. En formalisant le régime foncier et en délivrant des titres de propriété, le programme SVAMITVA vise à monétiser les terres qui permettront selon le gouvernement d'obtenir plus facilement des crédits auprès des banques et d'autres services financiers. Cependant, la terre continue d'être perçue comme un bien social. L'importance accordée à la terre ne peut être jugée uniquement en termes de valeur économique ou comme moyen de générer des revenus et de la croissance. Les communautés partagent une relation profonde avec la terre et y restent attachées moralement et émotionnellement.
L'enjeu pour les autorités est de pouvoir établir une taxe foncière qui reviendra directement aux gouvernement locaux et qui permettra aussi de faire entrer des recettes fiscales dans les caisses du Trésor public. A terme, il s'agit aussi de créer une infrastructure de cartographie SIG pouvant être exploitée par n'importe quel service de l'Etat indien.
Le bonheur des familles rurales en Inde passerait-il par les drones qui permettent d'arpenter les parcelles et d'acquérir des titres de propriété ? Au delà du discours promotionnel, il semble qu'une partie des conflits fonciers viennent de la difficulté à attribuer les terres selon qu'elles relèvent de propriétés individuelles, de terres gouvernementales ou appartenant aux communautés rurales. Des réalités sociales gommées par le discours des autorités officielles...
Campagne publicitaire conduite au niveau des panchayats ou gouvernements locaux en Inde
Quand on voit les milliers de drones nécessaires pour réaliser une entreprise d'arpentage et de numérisation de cette envergure à l'échelle de l'Union indienne, c'est assez impressionnant. Pour autant, seule une partie des Etats ont été pour l'instant cartographiés (voir la base de données à télécharger).
Le programme Svamitva s'inscrit dans le cadre d'une nouvelle politique géospatiale du gouvernement qui souhaite moderniser l'économie indienne. L'objectif derrière les nouvelles directives politiques de l'Inde pour le secteur géospatial, publiées en 2021 par le ministère de la Science et de la Technologie de l'Union, est de « remplacer les lois archaïques dans un monde technologiquement avancé » et de « libéraliser les données et les services géospatiaux en se débarrassant des politiques archaïques qui ont leurs racines dans le passé colonial ». La politique géospatiale de l'époque coloniale exigeait qu'une personne ou une entité obtienne une autorisation préalable pour mener des enquêtes, ainsi que pour collecter, stocker, utiliser, vendre et diffuser des données géospatiales.
Si les nouvelles directives suppriment la nécessité d'une autorisation préalable et donnent plus de droits aux entreprises indiennes vis-à-vis des entreprises étrangères, elles réservent la cartographie et l'arpentage terrestres aux seules entités indiennes, qu'elles soient publiques ou privées. Les données générées doivent être détenues et stockées en Inde. Les cartes et données géospatiales d'une précision/valeur spatiale plus fine que la valeur seuil ne peuvent être créées et/ou détenues que par des entités indiennes et doivent être stockées et traitées en Inde. Les levés cartographiques mobiles terrestres, les levés de type Street View et les levés dans les eaux territoriales de l'Union indienne ne sont eux autorisés que pour les entités indiennes, quelle que soit leur échelle de précision. En ce qui concerne les cartes politiques, les directives stipulent la nécessité d'adhérer aux cartes fournies par le Survey of India (SOI) et aux données numériques des limites SOI en tant que normes à utiliser et à consulter. Parallèlement à cette affirmation de l'Inde en matière de souveraineté numérique, le gouvernement incite les acteurs privés à entrer dans le domaine du géospatial, vu comme une source d'opportunités.
RéférencesLe site du programme officiel SVAMITVA (Survey of Villages Abadi and Mapping with Improvised Technology in Village Areas) :
[https:]]Voir notamment le SVAMITVA Scheme qui permet de suivre l'avancée des opérations de collecte, de numérisation et d'attribution des parcelles :
[https:]]La cartographie des zones agricoles en Inde (VeilleCarto2-0)
[https:]]Drone mapping of one lakh villages to solve land disputes : PM Modi
[https:]]SVAMITVA Scheme : Only 60% Of Villages In India Digitally Mapped Since 2020
[https:]]Addressing gaps and challenges in SVAMITVA
[https:]]This scheme mapping ‘abadi’ village areas is a win-win situation for Gram Panchayats
[https:]]Guidelines for acquiring and producing Geospatial Data and Geospatial Data Services including Maps. Department Of Science & Technology, 15th February, 2021
Pour compléter
[https:]]
Survey of India. L'histoire du Survey of India (SOI) remonte au 18e siècle, au moment où les arpenteurs de la Compagnie des Indes orientales puis de l'armée britannique effectuaient les premiers levés cartographiques. Modernisée dans les années 1950 après l'indépendance de l'Inde, elle est devenue l'agence nationale chargée d'établir la cartographie officielle de l'Union indienne et de fournir des ressources cartographiques pour assurer « le progrès, la prospérité et la sécurité du pays ». On y trouve des cartes de base en téléchargement, mais la plupart des données SIG y sont payantes. Certaines cartes reflètent la vision de l'Inde à l'instar de cette carte du monde qui comporte en filigrane le profil de l'Inde. Un tampon de certificat conforme que l'on retrouve sur la carte politique de l'Inde avec le Cachemire complètement intégré au territoire indien alors qu'il fait l'objet de contestations internationales (une forme de nationalisme cartographique ?).
Census de l'Union indienne. A l'image du Census.gov aux Etats-Unis, le Census indien constitue le grand service de recensement à l'échelle nationale et fournit beaucoup de statistiques sur la population de l'Union indienne. L'Inde, qui est devenue en 2023 le pays le plus peuplé du monde, n'a pas compté sa population depuis 2011. Un recensement devait avoir lieu en 2021, mais il a été repoussé en raison de la pandémie de Covid-19.
Bhuvan, portail d'information géographique. Bhuvan constitue un portail statistique et cartographique de première importance pour étudier l'Union indienne. Ce portail d'information géographique a été lancé en août 2009 par l'agence spatiale indienne ISRO (Indian Space Research Organisation). À l'instar de Google Earth, de NASA World Wind ou du Géoportail de l'IGN, Bhuvan est un service qui propose un globe virtuel en 2D/3D du monde indien et tout un éventail d'information géographique. Il est disponible en anglais, hindi, tamoul et telugu.
Datameet (Github)
Des jeux de données SIG sur l'Inde : des données issues du Survey of India, mais aussi des données sur les limites de villages et municipes, sur les élections, sur le Covid, etc.
Articles connexes
Souveraineté territoriale ou nationalisme cartographique ? A propos de l'Inde et de l'Etat de Jammu-et-Cachemire
Cartographie des bassins urbains et ruraux à l'échelle mondiale (URCA - FAO)
« Cherche appartement pour habiter à Mumbai » ou comment s'initier à l'analyse spatiale avec un logiciel SIG
-
18:39
Quand l'armée dressait des cartes pour l'école : la carte murale de l'AOF par Édouard-Guillaume de Martonne (1922)
sur Cartographies numériquesLa carte murale de l'Afrique occidentale française a été dressée en 1922 par le Service géographique de l'Afrique occidentale française à Dakar, sous la direction du commandant Édouard Guillaume de Martonne (le frère du célèbre géographe Emmanuel de Martonne, lui-même gendre de Paul Vidal de la Blache). Elle était destinée aux écoles dans le but de faire connaître et apprendre les colonies françaises aux élèves.
« Carte murale de l'Afrique occidentale française à l'usage des écoles - 1922 » (source : Gallica)
Si l'armée ne produit plus aujourd'hui de cartes à destination des établissements scolaires, la chose était assez courante au début du XXe siècle. On peut se référer par exemple à l'Atlas colonial français. Colonies, Protectorats et pays sous-mandat publié par le Commandant P. Pollacchi en 1929. Edité par le journal L'Illustration, cet atlas visait un triple but : « faire mieux connaître nos colonies, les faire aimer, contribuer à leur essor économique, auquel est si intimement lié la prospérité de la France elle-même » (préface du maréchal Lyautey). Ces atlas coloniaux étaient le plus souvent destinés à un large public. Il est plus rare de voir la production d'une carte murale produite spécifiquement « à l'usage des écoles ».
De Martonne a largement contribué aux levés cartographiques en AOF. Officier cartographe, Édouard Guillaume de Martonne (1879-1952) fut chef de bataillon d'Infanterie Coloniale. Il exerça comme chef du Service Géographique de l'Afrique Occidentale Française de 1923 à 1928, puis membre correspondant du Comité d’études historiques et scientifiques de l’Afrique occidentale française de 1930 à 1938. Il fut aussi membre de la Société française de géographie où il fut secrétaire général de 1939 à 1946. Il est l'auteur de nombreux articles et ouvrages sur la cartographie, notamment sur l'AOF.
Cette carte murale à destination du public scolaire est directement dérivée de la carte scientifique que de Martonne a fait dresser par le Service géographique de l'AOF pour l'administration coloniale. La carte est à la même échelle (1: 500 000) et on y retrouve les mêmes limites politiques, réhaussées de couleurs vives dans les tons de rose-jaune-orangé (des tâches roses que l'on retrouve souvent dans les cartes représentant l'empire colonial français de l'époque).
« Carte d'ensemble, politique et administrative dressée par le Service géographique de l'Afrique occidentale française à Dakar sous la direction du commandant Ed. de Martonne, 2e édition, 1928 » (Source : Gallica)
La carte se veut relativement exhaustive. Elle dresse un « Tableau des colonies de l'Afrique Occidentale Française » avec la liste détaillée des pays et régions, accompagnée des chiffres de superficie et de population. La carte se veut aussi accessible pour un large public. Elle donne en haut à gauche une petite carte de comparaison au 1 : 20 000 000 qui permet de rapporter la surface de l'AOF par rapport à la France.
En haut à droite de la carte figure également un série de graphiques circulaires permettant de comparer 8 colonies entre elles du point de vue de la population, de la superficie et du budget (le Gouvernement général absorbant la majorité du budget en 1927).
« Dresser la carte d'un pays grand à peu près comme neuf fois la France est une oeuvre de longue haleine qui ne se fait pas en un jour ». Dans un ouvrage publié à l'occasion de l'Exposition coloniale de 1931 (La carte de l'Empire colonial français, source : Gallica) destiné à montrer le rôle des « Armes et les services dans la conquête, la pacification et la mise en valeur des colonies », de Martonne raconte l'armée d'officiers topographes qu'il a fallu pour effectuer les levers topographiques et effectuer le canevas géodésique sur un territoire de 4,6 millions de km².
Lors de la grande Exposition coloniale de 1931, il se plaint que « les investigations scientifiques et la cartographie tiennent fort exactement la place qui leur est attribuée dans les préoccupations gouvernementales, c'est-à-dire une place tout à fait infime » (La cartographie à l'exposition coloniale de Vincennes, 1931, Gallica). La création d'un Service géographique de l'AOF en 1904 a permis d'avancer sur les opérations. Mais en 1931 seule « l'AOF utile » est cartographiée avec un peu de précision (36 feuilles au 1 : 500 000). Les trois colonies les plus peuplées et les plus riches (Sénégal, Guinée, Dahomey) font l'objet de cartes plus précises au 1 : 200 000.
Sur les cartes qui reflètent les « pleins" et les « vides" cartographiques de la colonisation, de Martonne utilise la même méthode pour chaque colonie : qu'il s'agisse de l'AOF, de l'AEF, de Madagascar ou de l'Indochine, le degré de précision de la couverture cartographique dépend du niveau d'exploration, avec un intérêt particulier pour les colonies les plus peuplées ou jugées les plus utiles. Il distingue ainsi, de la carte la moins à la plus précise, la « carte d'exploration », la « carte de reconnaissance » (1: 500 000), la « carte semi-régulière » (1: 200 000) et la carte « régulière » (1: 100 000), cette dernière pouvant aller jusqu'à la carte topographique au 1: 25 000.
Comme l'explique Marie-Albane de Suremain, « repérer et fixer les frontières entre colonies sur le papier permettait aux gouvernements généraux français d'affirmer les règles territoriales de la présence coloniale vis-à-vis des puissances colonisatrices concurrentes. A l'intérieur de chaque territoire, la délimitation des circonscriptions permettait aux agents de l'administration de connaître le cadre géographique dans lequel ils pouvaient déployer leurs considérables pouvoirs d'"empereurs sans sceptre". Les cartographes coloniaux furent des auxiliaires d'une appropriation intellectuelle des espaces coloniaux à travers un prisme nettement politique » (De Suremain, 1999).
Si Édouard de Martonne, de son point de vue de spécialiste de la cartographie scientifique, attribuait une faible valeur aux cartes murales représentant l'AEF et l'AOF à l'Exposition coloniale de 1931, il cite néanmoins la carte de Vidal-Lablache sur l'AOF affichée lors de l'exposition. Toutes ces cartes constituaient bel et bien un « outil de pédagogie coloniale jouant sur la dimension spectaculaire et sensationnelle de la représentation graphique d'immenses espaces, et censé rehausser le sentiment de fierté nationale des visiteurs métropolitains ou d'édifier les autres » (De Suremain, 1999). Par rapport à la carte murale d'Édouard de Martonne, la carte murale de Vidal-Lablache met davantage l'accent sur l'exploitation et l'exportation des produits agricoles (en caractères rouge italique pour les distinguer du reste de la nomenclature indiquée en noir).
Carte murale de l'AOF par Vidal-Lablache (© Armand Colin)
Pour Édouard de Martonne, « la science, interposée dans notre conquête coloniale, contrebalancera - jusqu’à un certain point - le mercantilisme qui surgit de toute part » (Le Savant colonial, 1930, p. 21). Il semble dans son esprit que l'oeuvre civilisatrise de la France doive l'emporter sur les préoccupations de mise en valeur économique, bien que l'une ne soit pas vraiment dissociée de l'autre à l'époque. Pour l'auteur, « les savants coloniaux sont les agents de propagation de la culture française » aux colonies où, « à la routine, au temps perdu, à l’insouciance (...) il faut opposer la méthode rigoureuse, la minute gagnée, toute la conscience et la pratique qui régissent le monde civilisé ». (Le Savant colonial, 1930, p. 32, cité par Bonneuil, 1997). « À l’heure où, dans presque toutes les colonies, s’éveillent les revendications des élites indigènes grisées de leur jeune savoir comme d’un vin nouveau, il est sage de tempérer cette présomption trop hâtive par la démonstration de notre supériorité scientifique, seule susceptible d’enchaîner les esprits sans les comprimer » (id. ibid. p 164).
Comme le montre Christophe Bonneuil (Des savants pour l'empire. La structuration des recherches scientifiques coloniales au temps de la mise en valeur des colonies françaises, 1997), le projet de mise en valeur rationnelle des colonies qui se met en place après la Première guerre mondiale est indissociable de « l’idéologie de l’élite scientifique qui œuvra pour le développement et l’organisation de la science française : le progrès social basé sur le pouvoir (libérateur...) de maîtrise technique procuré par la science ». Ces dimensions politiques et culturelles de l'oeuvre civilisatrice de la France apparaissent nettement dans la Carte murale à usage des écoles que de Martonne publia en 1922. « Enchaîner les esprits sans les comprimer » par la démonstration de la « supériorité scientifique » de la France : telle est la vision du projet d'éducation coloniale selon Édouard de Martonne développée dans son ouvrage Le Savant colonial publié en 1930.
SourcesCarte murale à l'usage des écoles dressée et publiée par le Service géographique de l'A.O.F. sous la direction du commandant E. de Martonne Martonne. Éditeur scientifique (1922).https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53209844b
Carte d'ensemble du gouvernement général de l'Afrique occidentale française et carte des étapes, dressée au Service géographique de l'A.O.F. sous la direction du commandant de Marlonne, d'après les renseignements fournis par l'Etat-major (1923). [https:]]
Plan de la ville de Dakar au 5. 000e d'après photo-aérienne dressé et publié par le Service géographique de l'A. O. F. sous la direction du Commandant Ed. de Martonne (1925).
[https:]] Afrique occidentale française. Carte d'ensemble, politique et administrative dressée par le Service géographique de l'Afrique occidentale française à Dakar sous la direction du commandant Ed. de Martonne (1928, 2e édition). [https:]] Carte d'ensemble du gouvernement général de l'Afrique occidentale française, communications postales, lignes télégraphiques, dressée au Service géographique de l'A. O. F., sous la direction du commandant de Martonne, d'après les renseignements fournis par l'inspection des postes de l'A.O.F. [https:]]Petit atlas administratif, ethnographique et économique de l'Afrique occidentale française par Édouard de Martonne, 1928.
[https:]]Édouard de Martonne, Le Savant colonial, Paris, Larose, 1930.
Édouard de Martonne, Jean Martin, La carte de l'Empire colonial français. Les Armes et les services dans la conquête, la pacification et la mise en valeur des colonies, 1931.
Gérard Brasseur, Un regard géographique sur l'AOF de 1895, In : AOF: réalités et héritages des Sociétés ouest-africaines et ordre colonial, 1895-1960, 1997. [https:]]
[https:]]
Édouard de Martonne, La cartographie à l'exposition coloniale de Vincennes, Annales de géographie pp. 449-478, 1931.
[https:]]
Marie-Albane de Suremain. Cartographie coloniale et encadrement des populations en Afrique coloniale française, dans la première moitié du XXe siècle. In: Revue française d'histoire d'outre-mer, tome 86, n°324-325, 2e semestre 1999. [https:]]
Christophe Bonneuil. Des savants pour l'empire. La structuration des recherches scientifiques coloniales au temps de la mise en valeur des colonies françaises (1917-1945). Orstom éditions, 1997.
[https:]]
Exposition virtuelle. Figures d’un géographe, Paul Vidal de la Blache (1845-1918)
Articles connexes
Ancien atlas scolaire et vision nationale. L'exemple de l'Atlas de la République mexicaine (1899)
Lorsque la carte crée le territoire : l’invention de l’Alsace-LorraineLes cartes de Joseph Forest. Une success-story de l'édition scolaire à l'ère des récits nationaux
« Mapping the classroom » ou comment on apprenait l'histoire et la géographie au XIXe siècle en Nouvelle-Angleterre
L'histoire par les cartes : la première carte murale de la Catalogne (1906) par le pédagogue Francesc Flos i Calçat
L'histoire par les cartes : James Monteith, cartographe et éducateur (1831-1890)
Il y a toujours eu des cartes de géographie aux murs de la classe !
Forme du savoir, forme du pouvoir. Les atlas géographiques à l'époque moderne et contemporaine (Jean-Marc Besse)
Cartes et atlas à usage scolaire
Cartes et atlas historiques -
16:36
Une carte de l'INPN pour analyser et discuter la répartition de la biodiversité en France
sur Cartographies numériques
Ce billet vient documenter une carte de la biodiversité en France proposée par l'Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN). Il s'agit de « communiquer sur la politique Trame verte et bleue aux niveaux national et international » (sic). Postée sur le compte Twitter de Damien Deville, la carte a suscité des réactions quant aux différentes significations que l'on peut lui attribuer, soit pour mettre en avant les efforts de la France pour préserver la biodiversité, soit au contraire pour en souligner les limites.
Comme le mentionnent les posts envoyés à la suite de ce tweet, on peut s'étonner que le territoire de la France soit si vert, que la forêt monospécifique des Landes par exemple apparaisse comme un réservoir de biodiversité. Il convient de souligner que les Schémas régionaux de cohérence écologique (SRCE), comme les SRADDET ou les SCOT, représentent généralement les réservoirs en se basant sur les zones faisant l'objet d'une protection (réserves naturelles, arrêtés de biotope, zone Natura 2000, Znieff, etc...), sans tenir compte du degré réel de biodiversité.Une carte de la continuité écologique en France hexagonale ! En vert foncé, les réservoirs de biodiversité, en vert clair, les corridors biologiques.
— Damien Deville ?? (@DamDeville) April 8, 2023
C'est beau mais insuffisant ! Nous avons besoin de strier davantage le pays en corridors et chemins verts pour soigner le vivant. pic.twitter.com/sJWqiZTRxS
Il peut être intéressant de remonter à la source de la carte et aux informations données sur le site de l'INPN pour mieux comprendre comment elle a été élaborée. Sous le titre « Synthèse nationale des enjeux de continuités écologiques régionales », la carte regroupe en fait deux types de données différentes : les réservoirs de biodiversité qui recouvrent des espaces naturels à plus ou moins forte biodiversité sans préjuger de leur degré de protection et les corridors écologiques, censés assurer des connexions entre les réservoirs de biodiversité et offrir aux espèces des conditions favorables à leur déplacement et à l’accomplissement de leur cycle de vie. La Trame verte et bleue est une politique publique initiée en 2007 afin de réduire la fragmentation des habitats naturels et semi-naturels et de mieux prendre en compte la biodiversité dans l’aménagement du territoire. Son but est de préserver et restaurer un réseau écologique en France, constitué de réservoirs de biodiversité et corridors. Les réservoirs de biodiversité constituent les espaces où la biodiversité est la plus riche ; ils jouent essentiellement un rôle d’habitat pour le développement et la reproduction des espèces. Les corridors servent prioritairement à assurer les déplacements des espèces entre les réservoirs de biodiversité, qu’il s’agisse de déplacements routiniers, de dispersion ou de migration.
La méthodologie repose sur une grille dont la taille des mailles est de 2 km x 2 km. Pour chaque maille, la surface de réservoir, la surface de corridor et la surface de "vide" sont calculées ainsi que leur pourcentage respectif de couverture de la maille. Les réservoirs de biodiversité ont été fusionnés les uns avec les autres pour éviter les superpositions. Ce qui correspond à un processus initial d'agrégation des données puis de généralisation en fonction du pourcentage représenté dans chaque maille.
Agrégation des données sur les réservoirs de biodiversité et généralisation à partir d'une grille de 2x2 km
Rapport méthodologique (extrait de Billon et al. 2017)
Concernant les corridors écologiques, seuls les corridors surfaciques diffus ont été conservés dans un premier temps. Il a d'ailleurs fallu définir des seuils différents par régions pour s’adapter à leurs spécificités. En ce qui concerne les corridors linéaires, ils ont dus être retravaillés indépendamment de l'étape initiale. Etant donné que les régions ont des largeurs de corridors linéaires différentes, ceux-ci ont été standardisés à 1500 mètres. Ce qui correspond à un processus de sélection puis de standardisation. Il peut paraître étonnant de voir si peu de couloirs écologiques dans certaines régions comme le Sud-Est, la Normandie ou le Sud-Ouest.
Sélection des corridors écologiques linéaires et standardisation à 1500 mètres
Rapport méthodologique (extrait de Billon et al. 2017)
Les cours d’eau de la Trame bleue n’ont pas été cartographiés afin de "ne pas rendre la carte illisible car la densité d’éléments est très importante dans certains cas". Ce qui exclut de fait une part des informations. Au sein de la Trame verte et bleue (TVB), les cours d’eau ont pourtant une place particulière car ils sont à la fois des réservoirs et des corridors.
Représentation des cours d''eau de la Trame beue non retenus dans la carte de synthèseRapport méthodologique (extrait de Billon et al. 2017)
Comme il est bien spécifié sur le site de l'INPN, cette carte de synthèse à l'échelle nationale obéit donc à des opérations de sélection, généralisation et simplification. Elle n'est pas pertinente à l'échelle régionale. Elle ne se substitue pas aux atlas cartographiques des Schémas régionaux de cohérence écologique (SRCE). Le schéma ci-dessous montre bien les processus aboutissant à la création de ce type de carte, de son commanditaire (Ministère de l'Environnement, de l'Energie et de la Mer) à son producteur (Muséum national d'Histoire Natuelle - SPN et CEREMA) jusqu'à sa diffusion-valorisation après différentes étapes de traitement-validation.
Schéma montrant les étapes d'élaboration de la carte de son commanditaire à sa diffusionLa carte nationale des réservoirs et des corridors fournit un bon exemple pour aborder les logiques de généralisation-simplification de l'information géographique à des fins de communication. Elle est téléchargeable en version pdf sur le site de l'INPN.
Les données SIG sur les réservoirs de biodiversité (INPN) montrent que beaucoup de données différentes ont été agrégées pour réaliser cette carte de synthèse (réserves naturelles, arrêtés de biotope, zone Natura 2000, Znieff de type 1, forêt domaniale et communale...). Cette agrégation de données disparates laisse penser à une logique d'inventaire plus que de catégorisation.
Pour télécharger les données SIG sur le site de l'INPN (avec un dictionnaire des données) :- corridors surfaciques
- corridors linéaires
- cours d’eau surfaciques
- cours d’eau linéaires
Trame verte et bleue (TVB) par région en France métropolitaine et ultramarine avec accès aux données détaillées sur les sites des DREAL :
Lien ajouté le 11 avril 2023
Les ceintures vertes : une autre manière de prendre en compte les préoccupations environnementales en y intégrant la question des territoires agricoles en périphérie des grandes villes ? Exemple de la ceinture verte d'Ile-de-France.
? Morgane Flégeau (du @LOTERR2) éclaire la notion de ceinture verte et sa traduction en Ile-de-France dans deux Fenêtres sur cours :
— APHG (@APHG_National) April 10, 2023
?? [https:]]
?? [https:]] pic.twitter.com/9hlnhgu0qT
Articles connexes
Eduquer à la biodiversité. Quelles sont les données... et les représentations ?
Utiliser les données de l'UN Biodiversity Lab sur la biodiversité et le développement durable
Une carte mondiale des types d'habitats terrestres
Cartographier l'empreinte humaine à la surface du globe
Un visualiseur de scénarios pour intégrer les contributions de la nature aux besoins de l'humanité (IPBES)
Comment la cartographie animée et l'infographie donnent à voir le changement climatique
Resource Watch, un portail intégré pour visualiser des jeux de données en vue d'assurer "un avenir durable" à la planète
Cartes et données sur les forêts en France et dans le monde -
16:37
La carte, objet éminemment politique : l'adhésion de la Finlande à l'OTAN
sur Cartographies numériques
La Finlande, qui partage une frontière de 1 340 km avec la Russie, est devenue le 31e membre de l'OTAN le 4 avril 2023, le jour anniversaire de la création de l'Alliance atlantique le 4 avril 1949. Après trois décennies de non-alignement, la Finlande a décidé de rejoindre l'OTAN. Elle devrait être suivie par la Suède.Ce tournant stratégique est lié directement à l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Le statut de neutralité de la Finlande a volé en éclat avec l’invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février 2022. Cette présence militaire de l'OTAN directement sur le flanc occidental de la Russie n'est pas sans susciter des débats sur le plan politique et géopolitique.
Carte des pays membres de l'OTAN et des pays qui ont soumis leurs demandes d'adhésion en mai 2022
(source : © AFP Graphics)
Depuis 1949, le nombre de pays membres de l’Alliance est passé de 12 à 31, en neuf vagues d’élargissement. La Finlande est le dernier pays à avoir rejoint l’Alliance, le 4 avril 2023. Actuellement, quatre pays partenaires souhaitent adhérer à l’OTAN : la Bosnie-Herzégovine, la Géorgie, la Suède et l’Ukraine. En juillet 2022, les pourparlers d’adhésion de la Finlande et de la Suède ont été clôturés, et les Alliés ont signé les protocoles d’accession des deux pays. La Finlande fait maintenant partie de l’OTAN, tandis que la Suède a le statut officiel de pays invité et participe en cette qualité aux réunions de l’Organisation.- Elargissement de l'OTAN et article 10 (site officiel de l'OTAN)
- Cartes des étapes successives d'élargissement de l'OTAN depuis 1949 (à voir sur Diploweb, Challenges, Visactu, Statista).
L’élargissement de l’OTAN à la Finlande et à la Suède n’a été rendu possible que récemment. La Turquie, membre de l’Alliance depuis sa création, mettait jusque-là son droit de veto à leur adhésion. Elle accusait les deux pays d’abriter des militants du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), un mouvement classé terroriste par Ankara :
- En quoi les adhésions à l'OTAN de la Suède et de la Finlande constituent un bouleversement géopolitique ? (TV5 Monde)
- L’OTAN aux portes de la Russie. La nouvelle Guerre Froide (Le Monde diplomatique).
- A l’origine des tensions entre la Russie et l’Otan. Cartes sur table (Courrier International).
Les rapports de la Finlande avec la Russie ont toujours été complexes. Pendant la Guerre froide, on parlait de finlandisation pour évoquer l'influence que peut avoir un pays puissant (ici la Russie) sur la politique extérieure d'un plus petit pays voisin. Ce principe est révolu dans la mesure où la Finlande a choisi désormais de résister à l’impérialisme de son grand voisin :
- « En Finlande, une longue histoire traumatique avec la Russie » (Le Monde).
- « Intégration de la Finlande à l'Otan : la zone d'influence russe se réduit très fortement, selon un chercheur spécialiste des pays nordiques » (France TV Info).
- La Finlande et la Suède veulent rejoindre l'OTAN "Un volontaire pour aller dire à Poutine qu'il a perdu le Nord" (dessin humoristique de Chappatte pour le journal Le Temps)
Coincée entre la Suède à l’ouest et la Russie à l’est, la Finlande a connu une histoire tourmentée – d’abord suédoise, puis russe sous le tsar Alexandre 1er, enfin indépendante en 1917 mais attaquée en novembre 1939 par Staline. La Finlande fait alors le choix de l’Allemagne nazie jusqu’à sa défaite en 1944. Au début de la guerre froide, Helsinki ménage Moscou pour ne pas être absorbée dans le bloc de l’Est. Cette neutralité active donne lieu au concept de "finlandisation", avec un savant double jeu Est-Ouest : d'un côté, la Finlande commerce avec le voisin russe ; de l’autre, elle multiplie les échanges avec l’Europe occidentale, rejoignant l’Union européenne en 1995. Mais le pays met progressivement fin à sa neutralité traditionnelle, le réveil de l’impérialisme russe sous Vladimir Poutine poussant toujours plus les Finlandais vers l’Occident, jusqu'à ce qu'ils demandent leur adhésion à l'Otan en 2022, par peur de l'extension du conflit ukrainien :
- « Le dessous des cartes. Finlande-Russie : la fin de la neutralité » (Arte-TV).
- « L'Europe entre associations, alliances et partenariats. L'état de l'Union européenne, de la zone euro, de l'espace Schengen et de l'Otan au 1er janvier 2023 » (Géoconfluences).
- « La Finlande va lancer la construction d'une barrière le long de sa frontière avec la Russie » (BFM-TV)
- « Frontière. Sanna Marin confirme la construction d’une clôture entre la Russie et la Finlande » (Courrier international). Le projet vise surtout à protéger le pays d’une éventuelle immigration de masse orchestrée par Moscou.
La péninsule de Kola, qui n'est pas très loin de cette frontière, constitue une région stratégique pour la Russie. La flotte arctique russe y a ses bases sous-marines avec plusieurs installations dans la région de Mourmansk. C'est de là que la marine russe mène des exercices militaires d’envergure dans l’Arctique. On y trouve aussi divers intérêts économiques allant des mines de nickel à la pêche, en passant par les centrales hydroélectriques, qui sont vitaux pour la Russie :- Comment la Finlande pourrait modifier la carte stratégique de l’OTAN (News 24)
- Four maps explain how Finland could alter NATO’s security (Washington Post)
- « L’OTAN a tout à gagner avec nous : la Finlande, un nouveau champion cyber dans l’Alliance » (Numerama)
Inversion de la Finlande et de la Suède sur une carte diffusée par la chaîne France24
La Finlande peut être vue comme un état pivot entre l'Europe et la Russie. C'est ce que fait très bien apparaître cette projection originale orientée sud-nord proposée par Topi Tjukanov (@tjkukanov).
La Finlande peut être vue comme un état pivot entre l'Europe et la Russie (source : Topi Tjukanov)
Liens ajouté le 24 avril 2023
Lien ajouté le 11 mai 2023"Le nouveau mur de l'Europe. La Finlande construit une barrière frontalière longue de 200 km pour se protéger de la Russie" (El Pais international) [https:]] [https:]] pic.twitter.com/jwl6vZnap2
— Sylvain Genevois (@mirbole01) April 24, 2023
Articles connexesUn journal finlandais utilise le jeu vidéo Counter Strike - non censuré en Russie - pour informer les joueurs russes sur le conflit en Ukraine. Pour cela, ils ont créé une "carte de jeu" spéciale avec salle secrète contenant les infos sur la guerre [https:]] pic.twitter.com/omv70aJNsY
— Sylvain Genevois (@mirbole01) May 11, 2023
La carte, objet éminemment politique : la guerre en Ukraine
La carte, objet éminemment politique. L'annexion de quatre territoires de l'Ukraine par la Russie
La carte, objet éminemment politique. La vision réciproque de la Russie et de l'Europe à travers la guerre en Ukraine
Les Européens se sentent-ils plus attachés à l'Union européenne, à leur pays ou à leur région ?
-
18:30
Données de population par mailles de recensement d'1 km² (Eurostat)
sur Cartographies numériques
Eurostat, le site de statistiques officielles de l'Union européenne, a mis en ligne en mars 2023 une application cartographique qui permet de représententer les données de population par mailles de recensement d'1 km². Il s'agit des données harmonisées 2021, disponibles pour l'Union européenne et pour trois pays de l'AELE.1) Découverte de l'application cartographique permettant de visualiser la grille de données
L'utilisation d'une grille commune au niveau européen permet de conduire des analyses dans des zones situées de part et d'autre de frontières nationales. Un tel mode de recensement par cellules régulières permet de s'affranchir des unités administratives traditionnelles, notamment de la Nomenclature des unités territoriales statistiques (NUTS) qui présente de forts écarts entre les mailles administratives, même à échelon égal. Ces grilles de données s'intègrent facilement à d'autres données scientifiques ; elles peuvent être aussi construites de manière hiérarchique afin de pouvoir correspondre à la zone d'étude choisie.
Représentation des données de population 2021 par cellule d'1 km² (source : Eurostat)
Le principal intérêt de cette application en ligne est de permettre de varier les modes de réprésentation. On peut par exemple choisir de lisser les données en regroupant les zones de plus ou moins fortes densités de population (à noter que les aplats résultent de la fusion des points sur la grille) :
La taille des cercles de la grille est recalculée en fonction du niveau de zoom au sein de l'application :
On peut choisir aussi un mode de visualisation en 3D (au choix barres 3D ou joyplot) :
Il est possible également, en reprenant chacun de ces modes de représentation, de visualiser des évolutions entre 2011 et 2021 :
La réprésentation des données par cercles entre 2011 et 2021 permet de faire ressortir les régions qui ont augmenté (en rouge) et celles qui ont dimuné (en bleu) en population :
Le mode de représentation en segments est assez intéressant pour visualiser les évolutions, comme si on avait des graphiques courbes directement affichés sur la carte (cf traits donnant le trend). La carte de synthèse n'est cependant pas évidente à lire et à interpréter en tenant compte à la fois de la couleur, de la pente et de l'épaisseur du trait :
2) Méthodologie et téléchargement des données
Pour créer les grilles de population pour le cycle de recensement de la population et des logements de 2021, les États membres de l'UE ont appliqué principalement la méthode d'agrégation. Comme décrit dans cet article concernant les méthodes statistiques utilisées pour les grilles de population, trois types de méthodologie sont généralement utilisés pour attribuer un nombre d'habitants à chaque cellule d'un kilomètre carré :- Méthode d'agrégation : les grilles sont produites en agrégeant des microdonnées géoréférencées. Aussi appelée approche ascendante, cette méthode nécessite la disponibilité de données qui ont été géocodées à un emplacement géographique, suivies de l'agrégation au kilomètre carré. C'est la méthode utilisée par 25 États membres et trois pays de l'AELE (Belgique, Bulgarie, Tchéquie, Allemagne, Danemark, Estonie, Irlande, Espagne, Italie, Croatie, Hongrie, Chypre, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Pays-Bas, Autriche , Pologne, Portugal, Roumanie, Slovénie, Slovaquie, Finlande, Suède, Liechtenstein, Norvège et Suisse).
- Méthode de désagrégation : en l'absence de micro-données géocodées, cette méthode (également appelée approche descendante) produit des grilles en utilisant des données statistiques pour les unités administratives/territoriales disponibles les plus basses en combinaison avec des données spatiales annexes. Les données sur l'utilisation des terres et la couverture terrestre sont utilisées pour estimer la population d'une région administrative particulière dans les cellules de kilométriques carrées de la région. Aucun État membre n'a utilisé cette méthode pour le recensement de la population et des logements de 2021.
- Méthode hybride : la méthode hybride combine des techniques d'agrégation et de désagrégation et représente un compromis entre précision et disponibilité des données. L'objectif est de maximiser la qualité des données par rapport à la désagrégation seule, par exemple pour différentes parties d'un pays. Le terme hybride peutt également désigner les données sources, c'est-à-dire une combinaison de différentes sources de données dans le but d'établir un cadre géocodé. La méthode hybride a été utilisée pour deux États membres (Grèce et France).
Les premières données de la grille de population du recensement de la population et de l'habitat de 2021 contiennent la population totale au lieu de résidence habituelle. Bien que ce sujet soit considéré comme non sensible, la plupart des pays ont fixé des seuils de confidentialité définissant le nombre minimum de personnes dans chaque cellule qui peuvent être publiées sans avoir à supprimer les données. Les pays qui n'ont pas fixé un tel seuil sont : la Bulgarie, la Tchéquie, le Danemark, la France, la Hongrie, l'Italie et le Luxembourg. La Finlande a appliqué une méthode différente pour protéger les informations, aboutissant à des valeurs qui ne sont plus confidentielles.
Le site GISCO de l'Union européenne permet de télécharger les données à différents niveaux de résolution (1 km, 2 km, 5 km, 10 km, 20 km, 50 km, 100 km). On y trouve également un autre type de représentation en mode légo. Les données disponibles correspondent aux années 2006, 2011, 2018 et 2021.Articles connexes
Image, le générateur de cartes statistiques d'Eurostat
Regioviz, un outil de géovisualisation pour situer les régions françaises en Europe
Les cartes par densité de points deviennent de plus courantes et accessibles
S'initier à la cartographie par densité de points sur le site Néocarto
Des différentes manières de cartographier la pauvreté dans le monde
Une carte animée des densités en France (1876-2018)
Les cartes de pics de densité de population d'Alasdair Rae
Etudier les densités en Chine en variant les modes de représentation cartographique
Une cartographie très précise des densités à l'échelle mondiale pour améliorer l'aide humanitaire
Baisse de la part des jeunes dans la population de l’Union européenne d’ici 2050
Le vieillissement de la population européenne et ses conséquences
- Méthode d'agrégation : les grilles sont produites en agrégeant des microdonnées géoréférencées. Aussi appelée approche ascendante, cette méthode nécessite la disponibilité de données qui ont été géocodées à un emplacement géographique, suivies de l'agrégation au kilomètre carré. C'est la méthode utilisée par 25 États membres et trois pays de l'AELE (Belgique, Bulgarie, Tchéquie, Allemagne, Danemark, Estonie, Irlande, Espagne, Italie, Croatie, Hongrie, Chypre, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Pays-Bas, Autriche , Pologne, Portugal, Roumanie, Slovénie, Slovaquie, Finlande, Suède, Liechtenstein, Norvège et Suisse).
-
22:12
Tempêtes et submersions historiques : l'IRSN dévoile sa nouvelle base de données
sur Cartographies numériques
L’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) ouvre au grand public sa base de données, riche de plus de 800 événements sur 5 siècles, recensant les tempêtes et les submersions historiques sur le littoral Manche et Atlantique.Interface cartographique de la base de données tempêtes et submersions historiques (IRSN)
Dans le cadre des évaluations de sûreté des sites nucléaires localisés en bord de mer et de leur protection contre le risque de submersion, l’IRSN réalise des estimations statistiques des niveaux marins extrêmes. La prise en compte des niveaux d’eau historiques et notamment exceptionnels par leur intensité, observés localement ou régionalement, permet d’améliorer la fiabilité des modèles statistiques afin de réduire les incertitudes associées aux estimations (Comment réduire le risque de submersion marine des centrales nucléaires??).
L’IRSN a ainsi développé la base de données BDD TSH (Base De Données Tempêtes et Submersions Historiques) qui recense tout type de documents relatifs à des tempêtes ou des submersions historiques sur le littoral de la France métropolitaine (hors Méditerranée) et de pays voisins. La base de données recense plus de 800 événements dont les plus anciens datent du début du XVIe siècle. Grâce à des requêtes, il est possible d’extraire rapidement les informations relatives aux niveaux d’eau ou impacts mentionnés dans les sources. Les données disponibles dans la base sont entièrement publiques, la BDD TSH est soumise à la licence open source.
La base de données a pour vocation de compiler les informations liées à des évènements anciens non mesurés par les marégraphes (évènements dits historiques). Les évènements plus récents étant présents dans les séries de mesure, ils sont moins représentés dans la base de données.
En parallèle à l'élaboration de cette base de données, un groupe de travail pluridisciplinaire s'est constitué en 2016 avec des ingénieurs, chercheurs, statisticiens et historiens appartenant à différents organismes (Artelia, BRGM, Cerema, CUFR Mayotte, EDF, IRSN, Météo-France, Shom, Sonel, Université de Poitiers...). Un axe majeur de travail est l'analyse et la quantification des niveaux marins atteints lors d'événements de tempêtes et de submersions marines, reposant notamment sur les données disponibles dans la BDD TSH.
La base de données est accessible via une interface graphique et les données sont disponibles en format brut sur la page data.gouv.fr de l’IRSN.
Découvrir la base de données Tempêtes et Submersions Historiques
En savoir plus sur le GT « Tempêtes et Submersions historiques »
En savoir plus sur le BehrigArticles connexes
Rapport du Forum économique mondial sur la perception des risques globaux
Analyser et discuter les cartes de risques : exemple à partir de l'Indice mondial des risques climatiques
Comment le changement climatique a déjà commencé à affecter certaines régions du monde
La France est-elle préparée aux dérèglements climatiques à l'horizon 2050 ?
Tempête Alex et inondations dans les Alpes maritimes : accès aux cartes et aux images satellitaires -
19:57
La carte, objet éminemment politique : quand la Chine se lance dans la "bataille des cartes"
sur Cartographies numériques
Nommer et délimiter son territoire constitue un acte fondamental pour exercer sa souveraineté. Ce qui explique que les pays attachent en général une grande importance à l'utilisation de cartes pour affirmer leur souveraineté territoriale. Dans le cas de la Chine, cette préoccupation semble aller très loin si l'on en juge par la véritable « guerre des cartes » qu'elle mène depuis plusieurs années, d'abord en imposant sa propre carte officielle, ensuite en s'attachant à traquer les cartes qu'elles juge dangereuses pour sa sécurité nationale. Au delà de la volonté de développer ses propres outils cartographiques, cette guerre des cartes est d'abord et avant tout pour la Chine une guerre pour la représentation de l'espace.I) Imposer sa vision du monde à travers une nouvelle carte officielle
La projection de Hao Xiaoguang (Institut de l’Académie chinoise des sciences sociales) a été adoptée en 2013 comme carte officielle de la République populaire de Chine afin de montrer ses ambitions à la fois sur terre et sur mer.
Carte officielle de la Chine avec sa nouvelle projection verticale adoptée en 2013 (source : Hao Xiaoguang)
Ce type de projection transverse cylindrique est d'habitude plutôt réservé aux cartes marines. Son originalité est d'être dans un format vertical, ce qui fait qu'on a souvent tendance à la mettre à l'horizontal pour revenir au format habituel.La première carte du monde élaborée en 2002 (source : Hao Xiaoguang)
Hao Xiaoguang estime qu'il y a une grande différence entre regarder le monde horizontalement et le regarder verticalement. Selon l'auteur, si la carte du monde a longtemps eu sa version est-ouest (en référence à la carte du monde Kunyu de 1602 du missionnaire italien Matteo Ricci), elle doit désormais avoir sa version nord-sud. Déjà sino-centrée, la carte officielle de la Chine était jusque là horizontale : Comparaison de l'ancienne et de la nouvelle "projection globale" de la Chine(source : Hao Xiaoguang & Xue Huaiping, 2001)
La projection de Hao Xiaoguang favorise la représentation des nouvelles routes de la soie centrées sur l'Asie et l'Afrique (initiative Belt and Road Initiative ou BRI). Le fait que la carte ait été publiée simultanément avec l’annonce de la BRI par Xi Jinping en 2013 n'est pas une coïncidence. La carte permet de se décentrer de l'Europe, même si déjà antérieurement la « représentation d’un monde sino-centré dans les représentations cartographiques était profondément enracinée » (Alexeeva, Lasserre, 2022). Elle permet aussi de montrer l'importance stratégique de l'Arctique. Sur la carte verticale de l'hémisphère nord, l'océan Arctique devient la voie aérienne la plus courte reliant l'Asie, l'Europe et l'Amérique du Nord. De plus, l'océan Arctique apparaît comme le centre, entouré par les continents nord-américain et eurasien, mettant plus directement en contact la Chine et les Etats-Unis.
Depuis sa création en 2013, la projection de Hao Xiaoguang avec sa représentation verticale est largement entrée à l'école. Déclinée en une série de cartes du monde (le plus souvent centrées sur la Chine), on la retrouve sous la forme de cartes murales ou dans les manuels scolaires. La projection officielle de la Chine y est présentée comme une projection plus juste pour rééquilibrer la vision imposée par l'Occident, voire comme une volonté d'assurer la paix en mettant en avant les expéditions scientifiques de la Chine en Arctique et en Antarctique.
II) Nommer et délimiter strictement son territoire en combattant les cartes jugées dangereuses pour sa sécurité nationale« La Chine défie la Russie en restaurant les noms chinois des villes à sa frontière ». Cette querelle est mise en avant par le journal ukrainien Kiyv Post pour montrer les limites dans l'entente entre les deux pays (cf entrevue Poutine - Xi Jinping en mars 2023). Elle révèle les prétentions de la Chine qui n'a jamais renoncé à siniser les noms sur les documents cartographiques officiels comme elle a pu le faire notamment au Tibet. S'agissant de la Sibérie, la tentation est d'autant plus grande qu'une partie de ce territoire lui appartenait au XIXe siècle.
La carte de 1851 de John Tallis montre une grande partie du territoire perdu par la dynastie Qing au profit de l'Empire russe
(source : © Wikipédia)
« En insistant pour donner des noms chinois aux villes de certains territoires russes, la Chine fait savoir à la Russie qu'elle n'a pas oublié les vastes territoires qu'elle considère comme historiquement chinois » (RFI international)Territoire chinois occupé par la Russie depuis 1860. La superficie fait environ trois fois la taille de la France et comprend la ville de Vladivostok (source : © Wikimédia Commons)
Le Ministère chinois des ressources naturelles a publié de nouvelles réglementations, qui exigent l'ajout d'anciens noms chinois aux noms géographiques fixés par la Russie. Cela concerne 8 villes le long de la frontière russo-chinoise (RFI en Chine).
Cette « bataille de noms » sur les cartes s'inscrit dans un contexte plus large. Depuis plusieurs années, la Chine cherche à interdire les "cartes problématiques" qu'elle estime dangereuses pour sa sécurité nationale. Cela concerne notamment les cartes ne respectant pas le principe d'une seule Chine avec Taïwan inclus (Global Times). Au delà des cartes, le différend territorial entre Moscou et Pékin à propos de la Sibérie contribuerait à expliquer pourquoi la Chine ne dit pas clairement si la Russie doit retirer ses troupes du Donbass et de la Crimée.
« La Chine présente-t-elle à la télé son projet de partage d'une Russie vaincue ? » La guerre de l'information se poursuit sur Internet avec ce type de fake news qui laisserait penser à un projet d'annexion d'une partie de la Sibérie par la Chine (LCI verif'). Cette "fake map" à usage de propagande (pour le coup plutôt dirigée contre la Chine) s'avère entièrement fausse. La carte a été détournée à partir d'une carte déposée sur Reddit, qui représente les pays voisins les plus proches en fonction de là où on habite en Russie.
C'est certainement en mer de Chine du Sud que les revendications territoriales de Pékin sont les plus perceptibles. Elles prennent la forme d’une ligne en neuf traits : une sorte de « langue de bœuf », selon l’expression consacrée, dessinée sur la quasi-intégralité de la carte de la mer de Chine du Sud. Nombre de pays se plaignent du fait que la Chine n’est jamais sortie de l’ambiguïté à ce sujet, refusant de publier les coordonnées exactes du parcours de cette ligne maritime qui, pourtant, fait fi des Zones économiques exclusives (ZEE) revendiquées par ses voisins.
Carte schématique des revendications en mer de Chine méridionale avec le tracé de la "langue de boeuf" en rouge
(source : Wikimedia communs)
La Chine considère, comme Taïwan, sur la base d’une exploration maritime particulièrement ancienne et retranscrite au fil des siècles par écrit, que ce qui est compris dans cette « langue de boeuf » lui appartient, y compris les ressources avérées ou supposées que ces eaux renferment (voir par exemple la carte éditée par le pouvoir nationaliste chinois de Nankin en 1947). On y retrouve notamment l’archipel des Paracels, revendiqué également par le Vietnam, ainsi que les îles Spratleys, revendiquées tout ou partie par le Vietnam, les Philippines, Brunei ou encore la Malaisie. Ces revendications territoriales en mer de Chine s'inscrivent dans la volonté de contrôler une sphère d'influence comme pouvait l'avoir la Chine au début du XXe siècle. Nostalgie de la Chine impériale et ambitions néo-nationalistes de Xi Jinping semblent aujourd'hui fusionner dans un même rêve, celui d'une Chine toute puissante prête à s'investir dans la « guerre des cartes ». Ce que la Chine considère elle-même comme une quête légitime pour mettre fin à un siècle d’humiliation et retrouver son "corps géographique" ou geobody (Cahan, 2009).
« Carte des territoires perdus et des eaux de la Répubique de Chine ». Cette carte "irrédentiste" est issue d'une brochure nationaliste Histoire de la perte territoriale chinoise (novembre 1925)
Références
« Quelle différence importante entre regarder le monde horizontalement et verticalement ? Entretien avec Hao Xiaoguang, l'auteur de la carte verticale du monde » (Teller Report). Télécharger sa carte en haute résolution (Hxgmap.com)
Olga V. Alexeeva et Frédéric Lasserre, « Le concept de troisième pôle : cartes et représentations polaires de la Chine », octobre 2022 (Géoconfluences).
William Cahan, The Cartography of National Humiliation and the Emergence of China's Geobody, Public Culture, 21/1, 2009 (Academia).
« La Chine, les cartes anciennes, et la langue de bœuf » (France Culture).« La Chine se cartographie au centre du monde ». Révolutionnaire, cette vision de la planète, qui brise la représentation occidentale, a été adoptée par la défense nationale chinoise (Le Monde).
La projection de Hao Xiaoguang destinée à célébrer la puissance de la Chine présente simultanément les deux hémisphères Nord et Sud. Cette projection très géopolitique a connu différentes versions (SIPRI).
« Le monde vu de Chine : que nous disent les cartes ? » (France Culture).
On retrouve cette projection dans les manuels de géographie. Par exemple, dans un manuel français de géographie de 2020 qui cite l'Atlas des nouvelles routes du Courrier International qui a servi d'inspiration, sans mentionner la projection elle-même qui est celle de Hao Xiaoguang. Un bon exemple de naturalisation de cette projection dans la géographie scolaire (fil Twitter).
Articles connexes
La carte, objet éminemment politique. Les tensions géopolitiques entre Taïwan et la Chine
La carte, objet éminemment politique. L'Argentine et sa carte officielle bi-continentale
La carte, objet éminemment politique : les manifestations à Hong Kong
La carte, objet éminemment politique : les camps de rééducation des Ouïghours au Xinjiang
Comment la Chine finance des méga-projets dans le monde
Etudier les conflits maritimes en Asie en utilisant le site AMTI
Tentative de "caviardage cartographique" à l'avantage de la Chine dans OpenStreetMap
Etudier les densités en Chine en variant les modes de représentation cartographique
Les investissements de la Chine dans les secteurs de l'Intelligence artificielle et de la surveillance
L'histoire par les cartes : la carte retraçant les voyages du navigateur chinois Zheng He au XVe siècle en version interactive
Trois anciennes cartes de la Chine au XVIIIe siècle numérisées par l'Université de Leiden -
16:14
L'histoire par les cartes : une carte exceptionnelle d'Amsterdam en 1625 acquise par le musée Allard Pierson
sur Cartographies numériques
Source : Allard Pierson acquires unique 17th century wall map of Amsterdam (Allardpierson.nl)Le musée Allard Pierson, qui met à disposition les collections de l'Université d'Amsterdam auprès du grand public, a acquis un exemplaire unique de la première édition de la grande carte murale d'Amsterdam, réalisée en 1625 par Balthasar Florisz van Berkenrode, gravée et imprimée par Philips Molenvliet. Cette carte mondialement connue et au dessin remarquable a pu, grâce à cette acquisition, revenir dans sa ville d'origine. La carte monumentale mesure plus de deux mètres carrés. Il s'agit de la représentation la plus détaillée et la plus fiable d'Amsterdam au XVIIe siècle. La carte de van Berkenrode témoigne de la croissance spectaculaire de la ville commerciale par rapport à la carte de Cornelis Anthonisz de 1544. Les bâtiments, les canaux, les jardins, les ponts, les quais, les navires, les moulins à vent et les murs défensifs sont reproduits avec beaucoup de soin. La ville est présentée de manière nouvelle : c'est la première fois qu'Amsterdam est représentée avec un plan orthogonal aussi détaillé "vu du dessus", offrant en même temps une vue en perspective qui permet une véritable plongée dans la ville. Les bâtiments sont dessinés en trois dimensions, ce qui donne une image vivante et réaliste de la ville commerçante en pleine croissance au XVIIe siècle.
Carte d'Amsterdam réalisée en 1625 par Balthasar Florisz. van Berkenrode (source : © Allardpierson.nl)
La carte est disponible en version couleurs en haute résolution. Elle peut être téléchargée également en version noir & blanc.
Pour accéder aux cartes de Balthasar Florisz van Berkenrode, voir les archives en ligne de la Bibliothèque municipale d'Amsterdam.
Cette copie de la carte d'Amsterdam de Van Berckenrode a été colorée à la main au moment de sa création. La carte murale est complète, elle se compose de neuf feuilles imprimées et comprend une gravure sur bois avec un titre en bandeau, dont le texte est le suivant : "Amstelredamum Emporium Hollandiæ Primarium Totiusque Europæ Celeberrimum" [traduction : Amsterdam, la place commerciale la plus importante de Hollande et la plus célèbre de toute l'Europe].
La carte existe en trois versions : la première date de 1625 ; la deuxième de 1648 a été complétée et mise à jour ; la troisième version de 1657 correspond à une nouvelle mise à jour. Il n'y a que cinq autres institutions dans le monde qui possèdent des copies de la première version. La carte achetée par le musée Allard Pierson est la seule copie connue qui a été colorée et qui porte le bandeau de titre mentionne.
Balthasar Florensz van Berckenrode (1591-1644) est issu d'une famille d'arpenteurs-géomètres. Il exerça lui-même comme cartographe et graveur à Amsterdam entre 1619 et 1634. Dès le début des années 1620, il attire l'attention des bourgeois d'Amsterdam avec la publication de sa carte murale de la province de Hollande, qui deviendra mondialement connue par son inclusion dans trois tableaux de Vermeer. Il collabore à l'élaboration de l'atlas d'Hondius en 1629 dans lequel il produit quelques planches. Afin de payer sa carte murale de la Hollande de 1621, il cartographia divers fiefs des Pays-Bas. Sa carte d'Amsterdam publiée en 1625 figure parmi ses plus grandes réalisations. La carte est exceptionnellement détaillée, elle témoigne du savoir-faire de la famille de cartographes-géomètres à laquelle appartient van Berckenrode. La date de 1625 est symbolique car c'est également la date de fondation de la Nouvelle-Amsterdam (New York) par les Hollandais.
Un détail intrigue encore aujourd'hui les spécialistes : des cercles en pointillés sur la place du Dam (source : © Allardpierson.nl)
Un détail a particulièrement intrigué et continue d'interroger les spécialistes. Il s'agit de cercles dessinés sur la place du Dam. La question est de savoir à quoi pouvaient bien servir ces cercles : s'agit-il de traces d'opérations d'arpentage, de symboles évoquant un centre du monde ou une forme de rayonnement ou encore de limites internes à la ville-elle même ? En l'absence de preuves tangibles, plusieurs explications ont été avancées (Hamelers, 2013). D'Ailly (1932) rapporte qu'Oldewelt a suggéré qu'il s'agissait d'une allusion à la procession annuelle des miracles, au cours de laquelle les fidèles devaient déambuler autour d'un autel sur la place. Une théorie dont D'Ailly lui-même n'était pas vraiment sûr. Une autre explication serait la suivante. Le cercle intérieur pourrait symboliser la ville elle-même. Le deuxième cercle représenterait une ligne de cent mètres et le troisième cercle une limite d'interdiction en cas d'expulsion de certains habitants (un élément historique qui entre en résonance avec un événement bien postérieur qui est la déportation des Juifs d'Amsterdam en 1941). On voit apparaître sur le dessin des postes frontières disposés en cercles tout autour de la ville pour en assurer la surveillance. Selon Jacqueline Abrahamse, toutes ces explications sont peut-être tirées par les cheveux et les cercles qui n'apparaissent que sur la première édition de la carte ont pu simplement être ajoutés au moment de la gravure et de l'impression (Abrahamse, 2021).
Cette nouvelle acquisition constitue le clou de la grande exposition cartographique Open map – from atlas to street map, qui se déroule au musée Allard Pierson à l'occasion de l'anniversaire des 150 ans de la Société royale de géographie des Pays-Bas. L'exposition commence avec cette grande carte d'Amsterdam de 1625 pleine de détails, et s'étend à l'ensemble du monde. Une attention particulière est accordée aux cartes des anciennes Indes néerlandaises, du Surinam et des Antilles. La collection de cartes et d'atlas du musée Allard Pierson est l'une des plus importantes des Pays-Bas et du monde. Ce qui n'est guère étonnant si l'on considère qu'Amsterdam était l'un des plus importants centres de production cartographique en Europe et dans le monde au XVIIe siècle. Le dépôt contient environ 135 000 cartes individuelles, 4 500 atlas et un certain nombre de globes. Une partie importante de la collection est issue de la bibliothèque et de la collection de cartes de la Royal Dutch Geographical Society (KNAG) fondée en 1873. La collection reflète largement l'histoire de la cartographie occidentale, en particulier néerlandaise. Plusieurs centaines de cartes sont décrites comme uniques ou très rares. Les deux groupes principaux, les collections de la KNAG et les collections acquises plus tard par la bibliothèque universitaire, témoignent d'une grande interdépendance matérielle et physique ; elles ont grandi ensemble pendant 125 ans.
Références
Abrahamse, Jacqueline (2021). Twee kaarten van Amsterdam. Een analyse door middel van Digitale Thematische Deconstructie. Dans cette étude disponible en téléchargement, l'auteure conduit une analyse très détaillée de la carte d'Amsterdam par Balthasar Florisz van Berkenrode (1625) en la comparant à la carte de Cornelis Anthonisz (1544). L'étude procède à une déconstruction thématique numérique à l'aide du logiciel QGIS, qui permet de décomposer les différents types d'objets (bâtiments d'habitation, monuments publics, arbres...) en fonction de leurs caractéristiques. Elle aborde la question des cercles énigmatiques de la place de Dam. L'étude s'inscrit dans une réflexion plus large sur le contexte et les significations multiples que l'on peut accorder à ces deux cartes.
Ailly, A.E. d' (1932), Balthasar Florisz.' plattegrond van Amsterdam. In: Jaarboek Amstehdamum 29, 1932, p. 103-130.
Hameleers, Marc (1993). Vier eeuwen Amsterdamse buurten in kaart Grootschalige kartografie bewaard in het Gemeentearchief Amsterdam, CAERT-THRESOOR n°1 [Cartographier quatre siècles de l'histoire d'Amsterdam]. A télécharger
Hameleers, Marc (2013). Kaarten van Amsterdam 1538-1865,Uitgeverij Thoth.
Articles connexes
L'histoire par les cartes : le plan et les bâtiments d'Amsterdam par dates de construction
L'histoire par les cartes : l'Atlas des villes des Pays-Bas (1550-1565) de Jacques de Deventer
L'histoire par les cartes : plus de 2000 cartes numérisées sur les Pays-Bas (partie centrale)
L'histoire par les cartes : le Rijksmuseum met à disposition plus de 700 000 œuvres sur le web, notamment des cartes
L'histoire par les cartes : une exposition virtuelle sur les cartes missionnaires (vers 1850 - 1950) par l'Université d'Utrecht
Le peintre hollandais Vermeer et les cartes
-
11:24
Derrière chaque carte, une histoire : la carte des chemins royaux dans les Cévennes (1703)
sur Cartographies numériques
A la fin du XVIIe siècle, De Basville, intendant de Louis XIV pour l'État du Languedoc, fait réaliser en Cévennes 22 chemins royaux « assez larges pour qu'on puisse mener du canon partout ». Cette carte des Cévennes « où se retirent les Fanatiques du Languedoc » (1703) constitue un symbole politique et religieux. Dans le contexte de la guerre des Camisards, ces chemins royaux étaient d'abord destinés à traquer les protestants comme le montre le médaillon de la carte.
« Les montagnes des Sevennes ou se retirent les fanatiques de Languedoc et les plaines des environs ou ils font leurs courses, avec les Grands chemins royaux faicts par lordre du Roy pour rendre des Montagnes praticables » - carte éditée par Nolin en 1703 (source : © Gallica-BNF)
Assez vite, la carte des chemins royaux est déclinée en plusieurs versions et va devenir un document médiatique pour l'époque. Une première carte, dont la réalisation semble remonter à fin 1697, distingue les grands chemins royaux de 20 pas (en jaune), des chemins de traverse de 10 pas (en rose). Élaborée « sous les soins de M. de Basville » et imprimée à Paris par l'éditeur Nolin en 1703, la carte a été « dessiné sur les lieux » comme il est indiqué. Il est vraisemblable qu'elle ait été en fait réalisée par Henri Gautier, ingénieur du Roi et inspecteur des travaux, par ailleurs auteur d'un Traité de la construction des chemins (1693).
« Les montagnes des Sevennes où se retirent les Fanatiques de Languedoc... sous les soins de M. de Basville » - carte éditée par Nolin en 1703 (source : © Gallica-BNF)
Selon Philippe Joutard, deux versions de la carte ont vraisemblablement circulé de manière contemporaine. Celle évoquant "les Fanatiques" était destinée au camp des catholiques, celle parlant de "Malcontents" s'adressait davantage aux protestants d'Europe. Cette dernière a d'ailleurs fait l'objet d'une double version français et néerlandais de manière à pouvoir être diffusée aux Pays-Bas.
« Les Montagnes des Sevennes ou se retirent les Malcontents de Languedoc et les Plaines d'Environ ou ils font leurs Courses avec les Grands Chemins royaux » (source : © Det Kgl. Bibliotek)
Au delà des différences entre ces deux cartes, il est intéressant de voir comment la question du désenclavement par la route était, déjà au XVIIe siècle, intimement liée à des considérations politiques : il s'agit de « rendre ces montagnes praticables » mais aussi de pouvoir pourchasser « les fanatiques ».
Il convient de ne pas (toujours) se fier à la date d'édition des cartes. L'éditeur Jean-Baptiste Nolin a publié différentes versions datées de 1703. Certaines semblent antérieures comme par exemple la carte ci-dessous . La mention "Suivant le copye" renvoie à une carte originelle (peut-être celle élaborée par Henri Gautier ?).
« Les montagnes des Sevenes dans le Languedoc et les plaines de Environs d'où les Mécontents font leurs courses - Levée par ordre du Roi de France » (source : © Gallica-BNF)
Jean-Baptiste Nolin (1657-1708), fils d’un graveur de la rue Saint-Jacques, devint géographe du duc d’Orléans puis géographe du roi. Les quatre collections de cartes de Nolin sont assez exceptionnelles (à découvrir sur Gallica). Trois d’entre elles se rapportent aux événements militaires des Pays Bas, d’Italie et d’Allemagne. La quatrième est une collection sur le monde, baptisée le Théâtre du monde dont fait partie le "Théâtre de la guerre dans les Sevennes avec les Montagnes et les Plaines des environs". Il est l'éditeur également d'une très belle carte du Canal royal de Languedoc. Jean-Baptiste Nolin s'était spécialisé comme éditeur de cartes à large diffusion. Ses cartes rapportant les événements militaires et autres faits de guerre lui apportèrent fortune et notoriété. Ce qui le conduisit, semble-t-il, à reproduire certaines cartes dont il n'était pas l'auteur comme en témoigne le procès pour plagiat qui l'opposa à Delisle.
En 1703, la même année où paraît la carte de Nolin, est éditée à Londres, puis à Berlin une « Description et état des Sevennes par rapport à ce qui s'y passe ajourd'hui » qui décrit bien les montagnes cévenoles comme lieux de refuge et de résistance pour les protestants :
« Les Sevennes sont un pays de montagne qui a environ 13 lieues de longueur et autant de largeur. Il y en a trois fort hautes du côté du septentrion, savoir Esperou, Lauzere et les Guals, d’où sortent quantité de petites rivières [...]. On n’y saurait y ranger une armée de mille hommes, n’étant pas possible d’y observer de la distance pour les bataillons si on y rangeait les bataillons à la queue l’un de l’autre [...]. Si ceux qui commandent dans les Sevennes entendent le métier de la guerre, ils attireront les troupes que le Roi y envoiera dans les lieux étroits où cent en pourront battre mille et mille dix mille, et bien qu’on y ait fait accommoder les chemins, tant ceux qui sont le long des rivières, que ceux par lesquels on monte jusqu’au sommet des montagnes, ou qu’un carrosse ou un chariot y puisse monter en tournoyant, les chemins sont pourtant si étroits qu’on n’y saurait mettre un bataillon en ordre de bataille. La cavalerie est absolument inutile en ces pays-là et ils y feraient plus de mal que de bien ».
Références
« La carte des chemins royaux des Cévennes » par Florence Arnaud (Découverte des Cévennes).
« Description et état des Sevennes par rapport à ce qui s'y passe ajourd'hui ». Ce texte anonyme de 1703 est reproduit in extenso dans la revue Le lien des chercheurs cévenols, n°160, janvier-mars 2010, p.14-16.
Numa Broc, Les montagnes au siècle des Lumières : perception et représentation, Paris, Edition du CTHS, 1991.
François de Dainville, Cartes anciennes du Languedoc, XVIe-XVIIIe siècles, Société languedocienne de Géographie à Montpellier, 1961. Les Chemins des Cévennes sont abordés dans le chapitre III : Cartes de Gouvernement, p. 77 à 81, avec la reproduction de la carte des "montagnes des Sevennes où se retirent les Fanatiques".
Localisation de la carte des chemins royaux sur une carte actuelle (Université d'Utrecht). L'occasion de découvrir que la carte est orientée vers l'ouest, ce qui pourrait correspondre à la vision des régiments de dragons venant de la vallée du Rhône.
Différentes versions de la carte des chemins royaux éditée par Jean-Baptiste Nolin (à consulter sur le site Gallica-BNF) : [https:]] [https:]] [https:]] [https:]]
La carte par Charles Allard en version bilingue (en français et en néerlandais) destinée aux protestants d'Europe :
[www5.kb.dk]
« Le Théâtre de la Guerre dans les Sevennes le Languedoc et le Pays aux Environs » par Pierre Mortier. Cette carte, imprimée à Amsterdam en 1704, donne une vision encore plus large du théâtre de la guerre contre les protestants :
[www5.kb.dk]
Le gouvernement général de Languedoc divisé en trois lieutenances générales par Jean-Baptiste Nolin (1697) : [https:]]
Numa Broc, Une affaire de plagiat cartographique sous Louis XIV : le procès Delisle-Nolin, Revue d'histoire des sciences, 1970, n°23-2, p. 141-153.
Articles connexes
Derrière chaque carte, une histoire. La cartographie du détroit de Magellan entre science et imaginaire
Derrière chaque carte, une histoire. La carte de Gough et les îles perdues de la baie de Cardigan
La guerre à l’époque moderne par les cartes
Comment cartographier la guerre à distance ?
La rhétorique derrière les cartes de propagande sur le coronavirus
L'histoire par les cartes
Cartes et atlas historiques
-
15:39
L'histoire par les cartes : l'Atlas des villes des Pays-Bas (1550-1565) de Jacques de Deventer
sur Cartographies numériquesLa série Cartes et Plans de la Bibliothèque royale de Belgique (KBR) comporte plus de 100 000 cartes et plans sous forme de feuilles, généralement de grand format, ainsi que 600 atlas et une 30e de globes anciens. L'Atlas des villes des Pays-Bas (1550-1565) de Jacques de Deventer fait partie de ses collections et peut être visualisé sous forme de cartes en haute résolution. La KBR contient aussi les archives numérisées de la Royal Geographical Society et de l'Institute of British Geographers.
L'Atlas des villes des Pays-Bas contient 73 planches levées entre 1550 et 1565 sous le règne de Charles Quint et de Philippe II d'Espagne. Il s'agit d'une oeuvre cartographique assez unique. L'Atlas représente les villes des Pays-Bas espagnols avec une très grande précision, ce qui en fait une source précieuse pour étudier le réseau urbain au XVIe siècle.
L’historiographie estime que Jacques de Deventer dressa les plans d’environ 260 villes. 316 plans sont encore conservés : 136 minutes et 180 dans l’atlas (Colin, 2022). Au total, ils représentent encore 225 localités. Il s’agit de documents manuscrits réalisés à partir d’arpentages du terrain, ce qui les rend très précis. En outre, l’ensemble présente une belle homogénéité dans l’utilisation des couleurs, l’orientation vers le nord magnétique ou l’échelle utilisée (entre 1/7 400 et 1/8 400 ou plus rarement, 1/10 000).
Bois-le-Duc. Extrait des plans de villes des Pays-Bas par Jacques de Deventer (source : © KBR)
Les plans de villes de Jacques de Deventer ont fait l’objet d’une série d’études spécialisées. « Depuis la seconde moitié du XXe siècle, plusieurs historiens et géographes se sont penchés sur le contenu cartographique des plans, sur la genèse et l’usage de la collection ou sur les rapports entre les deux séries des plans. Il faut cependant remarquer que la plupart de ces études ont été publiées par des chercheurs néerlandais. L’historiographie des plans de Jacques de Deventer est donc avant tout néerlandophone » (Vannieuwenhuyze, 2012).
Pour la plupart des localités, il s’agit de la plus ancienne représentation cartographique conservée. Ces plans de « villes » figurent également une partie des terres alentour. Depuis leur redécouverte au XIXe siècle, la plupart des recherches considéraient ces documents comme des instruments militaires ou comme le pur produit d’une cartographie scientifique. Colin Dupont en propose une interprétation novatrice en en explorant d'autres dimensions. « Vision de la ville, perception de l’espace, rôle de l’hinterland, procédés de représentation ou profil du cartographe sont autant d’aspects analysés. Ils permettent de comprendre que, malgré un résultat troublant de modernité, cette collection est largement tributaire des codes de son époque et relève plus du document politique que militaire. Plus largement, il s’agit de voir ce que cette réévaluation apporte à l’histoire du développement de la cartographie au XVIe siècle » (Colin, 2019).
Colin Dupont est responsable du département des Cartes et Plans la Bibliothèque royale de Belgique (KBR) et docteur en histoire de la Katholieke Universiteit Leuven. Ses recherches portent sur l'histoire de la cartographie ainsi que sur les questions de conservation des collections cartographiques. Il est membre du comité éditorial de la revue Imago Mundi (en charge de la bibliographie en collaboration avec Charlotta Forss).
Références
Vannieuwenhuyze, Bram (2012). Les plans de villes de Jacques de Deventer (XVIe siècle). État de la question et pistes de recherche. Revue du Nord, 2012/3, n° 396, p. 613-633? Consultable sur Cairn.
Dupont, Colin (2019). Cartographie et pouvoir au XVIe siècle. L'atlas de Jacques de Deventer. Brepols
Dupont, Colin (2022). Le Brabant en perspective royale : le duché dans l’atlas de Jacques de Deventer (XVIe siècle). In Actes du XIXe colloque La ville brabaçonne. « Ville et territoire. La perception et la représentation de la ville et du duché de Brabant », Bruxelles 15-16 octobre 2021. A télécharger
Articles connexes
L'histoire par les cartes : plus de 2000 cartes numérisées sur les Pays-Bas (partie centrale)
L'histoire par les cartes : le Rijksmuseum met à disposition plus de 700 000 œuvres sur le web, notamment des cartes
L'histoire par les cartes : une exposition virtuelle sur les cartes missionnaires (vers 1850 - 1950) par l'Université d'Utrecht
L'histoire par les cartes : une carte exceptionnelle d'Amsterdam en 1625 acquise par le musée Allard Pierson
L'histoire par les cartes : le plan et les bâtiments d'Amsterdam par dates de construction
Le peintre hollandais Vermeer et les cartes
Cartes et atlas historiques
L'histoire par les cartes
-
15:20
Quand les couleurs révèlent le contenu et la matérialité des cartes. L'exemple de l’Asie orientale du milieu du XVIIe au début du XXe siècle
sur Cartographies numériques
Source : Lange, D., Hahn, O. (2023). Colors on East Asian Maps. Their Use and Materiality in China, Japan and Korea between the Mid-17th and Early 20th Century. Brill Research Perspectives in Map History, p.1-87. Disponible en accès libre.
« Les couleurs sur les cartes de l’Asie de l'Est. Leur utilisation et leur matérialité en Chine, au Japon et en Corée entre le milieu du XVIIe et le début du XXe siècle ».Réumé
Pendant trois ans, des chercheurs ont étudié les couleurs sur les cartes d'Asie de l'Est, avec un accent mis sur les cartes réalisées entre le XVIIe et le XXe siècle. Le but était de saisir ces cartes dans leur matérialité (1) en explorant la signification et l'utilisation des couleurs et (2) en conduisant une analyse scientifique des couleurs utilisées dans le cadre d'une approche interdisciplinaire et d'une collaboration étroite entre sciences humaines et sciences naturelles. Le premier objectif a été atteint grâce à l'examen systématique et comparatif de la coloration de diverses cartes de la Chine, du Japon et de la Corée. A partir d'exemples limités mais représentatifs, l'étude donne un aperçu global des pratiques de coloration et de la signification de couleurs sur les cartes d'Asie de l'Est. Pour atteindre le deuxième objectif, les chercheurs ont entrepris des études scientifiques matérielles sur des cartes coloriées à la main de deux collections situées à Hambourg et à Berlin, qu'ils ont comparées avec les résultats scientifiques similaires de recherches sur les colorants ainsi que diverses sources textuelles tels que des manuels décrivant la production de pigments pour la peinture. Bien que le nombre de cartes soit limité, cette approche assez large a permis d'aboutir à un premier état des lieux concernant les colorants utilisés pour colorer les cartes en Asie de l'Est.
Ce que l'on peut retenir en résumé, c'est que les cartes imprimées n'étaient pas souvent coloriées à la main en Asie de l'Est. Des cartes manuscrites ont été produites pour un large gamme d'usages et sur une longue période, parallèlement aux cartes imprimées. C'est probablement une des causes qui expliquent qu'il n'existait pas de coloristes professionnels de cartes en Asie de l'Est. La coloration des cartes manuscrites était réalisée, selon toute vraisemblance, par ceux qui les dessinaient. Une forte baisse de l'activité de coloration à la main s'observe dès le XVIIIe siècle au Japon, du fait de l'essor du marché des estampes imprimées. Des pratiques typiques de coloration ont pu être identifiées pour les cartes d'Asie de l'Est en ce qui concerne leurs styles et leurs palettes de couleurs. Dans les trois régions, les couleurs en combinaison avec des signes ont été utilisées pour coder les informations sur les cartes. Les légendes permettant d'expliquer le code couleurs sont rares. Du fait qu'il était d'usage depuis des siècles de colorier les cartes manuscrites à la main, la coloration et le codage par couleurs étaient probablement stabilisés et tenus pour acquis.
Les investigations scientifiques matérielles ont montré que les couleurs utilisées dans les cartes étaient pour la plupart les mêmes que celles utilisées pour la peinture dans ces régions. L'analyse scientifique matérielle des colorants a été effectuée en utilisant exclusivement des méthodes non destructives, qui ont permis de préserver les matériaux en cours d'examen, mais ont limité aussi les conclusions. Il a été possible de distinguer les couleurs minérales et végétales et d'affiner leurs identifications, mais pas de tirer des conclusions quant aux régions d'origine des colorants. Il est probable que les couleurs minérales et végétales aient été obtenues principalement localement en Asie de l'Est, avec l'utilisation supplémentaire de colorants issu du commerce intercontinental. À partir de l'analyse des matériaux effectuée dans le cadre de ce projet, il a été constaté que de nouveaux colorants synthétiques venant d'Europe avaient été assez vite intégrés en Asie de l'Est dès le XIXe siècle. En ce qui concerne les systèmes de coloration des cartes, les chercheurs ont relevé des influences européennes, à travers principalement l'augmentation de la coloration fonctionnelle des masses terrestres à partir du XIXe siècle.
Les couleurs ont contribué à la fabrique des cartes, elles en ont affecté la matérialité, le contenu et l'utilisation. Comprendre le processus de coloration des cartes est essentiel pour l'étude de leur nature matérielle et de leur production ainsi que du contexte social, géographique et politique dans lequel elles ont été réalisées. La carte donne un aperçu des sociétés, des paysages et des territoires. De plus amples recherches seraient nécessaires, en particulier des études comparatives sur des cartes d'autres régions de l'Asie (Asie du Sud, du Sud-Est et Asie centrale). Il conviendrait également de conduire des analyses des matériaux pour les couleurs imprimées afin de pouvoir faire des comparaisons entre les couleurs utilisées pour l'impression et celles utilisées pour des cartes dessinées à la main. Il n'est pas toujours facile d'acquérir une compréhension complète des relations entre cartes et couleurs, entre coloration d'impression et coloration à la main avec leurs techniques de coloration respectives.
Les auteurs
Diana Lange est professeure invitée d'études sur l'Asie centrale à l'Université Humboldt de Berlin. Spécialiste de l'Asie centrale et orientale, elle s'intéresse à l'histoire et à l'exploration des savoirs, aux cultures matérielles et visuelles, à la cartographie et aux interactions culturelles.
Oliver Hahn est professeur d'archéométrie à Hambourg. Ses domaines de recherche comprennent l'analyse de manuscrits, de dessins, de peintures, de colorants et d'encres ainsi que la préservation du patrimoine culturel.
Articles connexes
Quand la couleur rencontre la carte (catalogue d'exposition à télécharger)
Cartographie des noms qui servent à désigner les couleurs en Europe (Mapologies)
Donnez-moi la couleur de votre passeport, je vous dirai où vous avez le droit d'aller (Neocarto)
Trois anciennes cartes de la Chine au XVIIIe siècle numérisées par l'Université de Leiden
L'histoire par les cartes : une carte japonaise de l'Afrique du début de l'ère Meiji (1876)
L'histoire par les cartes : la carte retraçant les voyages du navigateur chinois Zheng He au XVe siècle en version interactive
L'histoire par les cartes : Le Monde vu d’Asie, une histoire cartographique
L'histoire par les cartes : les représentations cartographiques de Kyoto pendant la période Tokugawa (1603–1868)
-
10:11
Evolution de l'implantation humaine en Espagne à partir de données multi-temporelles (1900-2020)
sur Cartographies numériquesSource : Uhl, J. H., Royé, D., Burghardt, K., Aldrey Vázquez, J. A., Borobio Sanchiz, M., and Leyk, S.: HISDAC-ES : Historical Settlement Data Compilation for Spain (1900–2020), Earth System Science Data, 2 Mar 2023, [https:]]
Résumé
Les mesures multi-temporelles permettant de quantifier les changements à la surface de la Terre sont essentielles pour comprendre de nombreux processus naturels, anthropiques et sociaux. Les chercheurs utilisent généralement des données de télédétection pour quantifier et caractériser ces changements dans l'utilisation des terres et la couverture terrestre (LULC). Cependant, ces sources de données sont limitées dans leur disponibilité avant les années 1980. Alors qu'une fenêtre d'observation de 40 à 50 ans est suffisante pour étudier les changements LULC les plus récents, des processus tels que l'urbanisation, l'aménagement du territoire et l'évolution des systèmes urbains opèrent souvent sur des périodes plus longues couvrant plusieurs décennies, voire des siècles. Ainsi, pour quantifier et mieux comprendre ces processus, des sources de données historiques et géospatiales alternatives sont nécessaires pour remonter plus loin dans le temps. Cependant, de telles données sont rares et le traitement est à forte intensité de main-d'œuvre, impliquant souvent un travail manuel.
Pour surmonter le manque de connaissances quantitatives sur les systèmes urbains et l'environnement bâti qui en résulte avant les années 1980, nous exploitons les données cadastrales qui comprennent l'utilisation du bâtiment et l'année de construction. Nous avons scrappé, harmonisé et traité plus de 12 000 000 d'empreintes de bâtiments, y compris les années de construction, pour créer une série de surfaces quadrillées à multiples dimension, décrivant l'évolution des établissements humains en Espagne de 1900 à 2020, avec une résolution spatiale de 100 m et une résolution temporelle de 5 ans. Ces surfaces comprennent des mesures de la densité de construction, de l'intensité bâtie et de l'utilisation des terres bâties. Nous avons évalué nos données par rapport à une variété de sources de données, y compris des données de télédétection sur les établissements humains et des données sur la couverture terrestre, des représentations historiques de l'utilisation des terres basées sur des modèles, ainsi que des cartes historiques et des images aériennes historiques, et trouver des niveaux élevés de correspondance. :
Les données concernant les établissements humains pour l'Espagne (HISDAC-ES) sont disponibles en téléchargement sous forme de fichiers raster :
[https:]]Settlement development in Spain from 1900 to 2020. Impressive change in the last 120 years. This animation is based on our new high-resolution dataset, already available as a preprint ? [https:]] #rstats #opendata #dataviz pic.twitter.com/jsiNH1uk9C
— Dr. Dominic Royé (@dr_xeo) March 10, 2023
Articles connexes[?ESTUDIO] ¿Os acordáis del mapa viral de la ciudad de Valencia? En colaboración con un equipo internacional hemos construido la primera superficie de 100x100m del desarrollo urbano en España basado en datos del Catastro 1900-2020 con una resolución temporal de 5 años. #ciudad? pic.twitter.com/xPoCc77PlW
— Dr. Dominic Royé (@dr_xeo) March 2, 2023
Cartographier l'empreinte humaine à la surface du globe
Les cartes par densité de points deviennent de plus courantes et accessibles
S'initier à la cartographie par densité de points sur le site Néocarto
Combien de châteaux en Espagne, 10 000 voire plus ? Une story map proposée par le journal El-Confidencial
Une cartographie détaillée des biens appartenant à l'Église en Espagne
L'histoire par les cartes : la recension des symboles franquistes en Espagne
La carte des résultats aux élections législatives en Espagne (scrutin du 28 avril 2019)
-
18:30
Un modèle géologique retraçant la surface de la Terre au cours des 100 derniers millions d'années
sur Cartographies numériques
Source : Hundred million years of landscape dynamics from catchment to global scale (Science, 2023, vol. 379, Issue 6635, p. 918-923)Le projet a débuté il y a environ trois ans lorsque les auteurs ont commencé à développer un nouveau modèle d'évolution du paysage à l'échelle mondiale, capable de simuler des millions d'années de changement. Ils ont également pu y ajouter d'autres informations de paléogéographie retraçant l'histoire des paysages de la Terre. Pour cette nouvelle étude, ils ont utilisé des reconstructions tectoniques de pointe et des simulations des climats passés à l'échelle mondiale.
Les simulations informatiques ont mobilisé l'infrastructure informatique nationale de l'Australie qui repose sur des centaines de processeurs informatiques. Chaque simulation a pris plusieurs jours, construisant une image complète pour reconstruire les 100 derniers millions d'années de l'évolution de la surface de la Terre. Cette puissance de calcul a permis d'aboutir à des cartes mondiales en haute résolution qui montrent les paysages terrestres en élévation, ainsi que les flux d'eau et de sédiments.
L'étude a révélé des détails sur le rôle que la surface de la Terre a pu jouer dans le mouvement des sédiments du sommet des montagnes aux bassins océaniques, régulant le cycle du carbone et les fluctuations climatiques de la Terre dans le temps.
L'évolution du paysage de la Terre au cours des 100 derniers millions d'années (licence Creative Commons)
Le logiciel scientifique goSPL utilisé pour cette étude est disponible sur [https:]] et la documentation du logiciel se trouve sur https://gospl.readthedocs.io.
Les auteurs fournissent également une série de blocs-notes Jupyter utilisés pour le pré- et le post-traitement des ensembles de données et des sorties de modèles qui peuvent être suivis pour reproduire certaines des simulations et des sorties présentées dans l'article et sont accessibles sur :
https://github.com /Geodels/gospl-global-workflows
La reconstruction de la paléoélévation PALEOMAP et les fichiers de rotation et de géométrie GPlates associés peuvent être téléchargés à partir de :
[https:]]
Les cartes de paléo-précipitations du modèle HadCM3BL-M2.1aD sont disponibles auprès de la Bristol Research Initiative for the Dynamic Global Environment (BRIDGE) :
https://www.paleo.bristol.ac.uk
Les résultats des simulations fournis sous forme de fichiers netcdf contiennent quatre paramètres : élévation, accumulation de débit rempli (rivières avec lacs), accumulation de débit (rivières uniquement) et bassin versant (bassins de drainage). Ils sont disponibles à un intervalle de 5 Myr à partir de ce référentiel.
Articles connexes
Un nouveau modèle de plaques tectoniques pour actualiser notre compréhension de l'architecture de la Terre
Cartes et données sur les séismes en Turquie et en Syrie (février 2023)
Cartes-posters sur les tsunamis, tremblements de terre et éruptions volcaniques dans le monde (NOOA, 2022)
Carte-poster des tremblements de terre dans le monde de 1900 à 2018 (USGS)
Analyser et discuter les cartes de risques : exemple à partir de l'Indice mondial des risques climatiques
Une anamorphose originale montrant l'exposition accrue des populations au risque volcanique
Les éruptions volcaniques et les tremblements de terre dans le monde depuis 1960
Carte lithologique de la France au 1/50 000e sur InfoTerre (BRGM)
Asteroid Launcher, un outil pour simuler l'impact d'un astéroïde sur la Terre
-
15:41
La moitié des zones humides d'Europe, des États-Unis et de la Chine ont disparu en trois siècles
sur Cartographies numériques
Source : Fluet-Chouinard, E., Stocker, B.D., Zhang, Z. et al., Extensive global wetland loss over the past three centuries (Nature, 2023, vol. 614, p 281–286).L'étude scientifique, parue dans la revue Nature en février 2023, montre une perte mondiale de 20 % depuis 1700 - ce qui est moins que prévu. En Europe, aux États-Unis et en Chine c'est toutefois plus de la moitié des zones humides qui ont disparu depuis 1700. Ce qui équivaut à la disparition d'un territoire de la superficie de l'Inde.
Jusqu'à présent, on ne savait pas combien il restait de zones humides. Les estimations depuis 1700 variaient entre 28% et 87%, soit une fourchette énorme. Les chercheurs ont combiné des archives historiques à l'échelle mondiale avec des cartes de zones humides actuelles afin de pouvoir se forger une idée plus précise. Ils estiment qu'environ 20% des zones humides à la surface de la Terre ont été détruites. L'Europe est la zone la plus touchée, l'Irlande ayant perdu plus de 90 % de ses zones humides, l'Allemagne, la Lituanie et la Hongrie plus de 80 %, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et l'Italie plus de 75 %.
Reconstruction des superficies de zones humides drainées, perdues ou converties entre 1700 et 2020
(source : Fluet-Chouinard, E., Stocker, B.D., Zhang, Z. et al., Nature, 2023)
Bien que certaines régions soient très durement touchées, l'analyse d'ensemble montre qu'il reste encore des espaces à sauvegarder. « C'est une bonne nouvelle, il n'est pas trop tard pour protéger la majorité des zones humides dans le monde », a déclaré l'auteur principal de l'étude Etienne Fluet-Chouinard (Université de Stanford). Pendant des milliers d'années, les zones humides ont été considérées par les agriculteurs comme des terres improductives. Au cours du siècle dernier, le taux de destruction a rapidement augmenté. Combiné à l'impact de la crise climatique, le prélèvement en eaux souterraines, les incendies et l'élévation du niveau de la mer ont contribué, selon les chercheurs, à faire des zones humides l'un des écosystèmes les plus menacés au monde.
Les estimations précédentes étaient probablement erronées car les scientifiques avaient tendance à se concentrer sur les régions où la perte était la plus importante (celles où vit la majorité de la population), puis à extrapoler ces chiffres. Mais de vastes quantités de tourbières et de plaines inondables existent encore dans des régions peu peuplées telles que le nord du Canada, la Sibérie, le Congo et l'Amazonie. Il y a aussi beaucoup de zones humides en Alaska, ce qui ramène la perte moyenne aux États-Unis à environ 40 %.
À l'échelle mondiale, plus de 60 % des pertes ont été causées par le drainage des terres destinées à la culture, suivi par la conversion pour faire des rizières (18 %) et la création de zones urbaines (8 %). Moins de 1 % a été perdu pour l'extraction de la tourbe. À l'échelle mondiale, les tourbières stockent deux fois plus de carbone que les forêts du monde , ce sont donc des écosystèmes cruciaux à préserver si l'on veut atteindre les objectifs climatiques.
Les zones humides sont importantes pour la biodiversité : jusqu'à 40 % des espèces de la planète y vivent et s'y reproduisent. Ils purifient également l'eau, protègent contre les inondations et améliorent le bien-être physique des habitants des zones urbaines.
« Maintenant que nous connaissons l'ampleur de la perte - et les avantages perdus avec les zones humides - nous pouvons prendre des décisions plus éclairées sur la façon dont nous voulons gérer nos paysages.
Les scripts utilisés pour traiter les données d'entrée, modéliser et calibrer la reconstruction de la perte des zones humides et produire les chiffres sont disponibles sur Github.
Articles connexes
L'évaporation des lacs dans le monde : une tendance à la hausse
Un jeu de données SIG sur les fleuves qui servent de frontières dans le monde
La cartographie des déchets plastiques dans les fleuves et les océans
Données de réanalyse hydrologique concernent les débits fluviaux et les inondations (GloFAS v4.0)
-
17:14
Ancien atlas scolaire et vision nationale. L'exemple de l'Atlas de la République mexicaine (1899)
sur Cartographies numériques
Cet "Atlas méthodique de l'enseignement de la géographie de la République mexicaine" par Antonio Garcia Cubas est consultable sur le site de cartes historiques de David Rumsey. Edité d'abord en noir et blanc lors de la première édition (1874), puis en couleur lors de l'édition de 1899, il constitue un ouvrage de référence pour enseigner la géographie du Mexique à la fin du XIXe siècle. On peut le voir comme un véritable programme politique pour célébrer la jeune nation mexicaine.« Atlas metodico para la ensenanza de la geografia de la Republica Mexicana » (source : David Rumsey)
L'atlas vise à donner une vision nationale unifiée de la jeune République fédérale avec ses "Estados Unidos" (à l'image des États-Unis d'Amérique) qui apparaissent en couleurs vives sur la carte générale du Mexique qui ouvre l'atlas.Cette unité nationale est cependant relative. A l'époque, la frontière sud-est du Mexique n'est pas encore bien stabilisée. La frontière a été établie par un traité en 1882 par lequel le Guatemala renonce définitivement au Chiapas. Mais le Mexique contrôle encore assez peu ce territoire à la fin du XIXe siècle.
La péninsule du Yucatan et la région du Chiapas restent encore aujourd'hui une zone de contentieux (cf zone de confins à la fois pour le Mexique). Jan de Vos, qui a participé aux pourparlers entre le gouvernement mexicain et l'Armée zapatiste de libération nationale dans les années 1990, aborde cette dimension dans son ouvrage Les frontières de la frontière sud :
Vos, Jan de, Las fronteras de la frontera sur : Resena de los proyectos de expansion que figuraron la frontera entre Mexico y Centroamérica, Universidad Juarez Autonoma de Tabasco-Centro de Investigaciones y Estudios Superiores en Antropologia Social, 1993.
Voir également cet ouvrage collectif qui contient de nombreuses contributions sur le sujet : Philippe Bovin (dir.), Las Fronteras del Istmo. Fronteras y sociedades entre el sur de Mexico y America Central, Geografía, Sociología y Ciencias Políticas, Centro de estudios mexicanos y centroamericanos, 2005.
L'atlas d'Antonio Garcia Cubas est entièrement en espagnol, qui est la langue nationale du Mexique. Il mentionne toutefois la présence de "certaines langues et dialectes anciens des nations qui habitaient autrefois cette partie riche et étendue des Amériques" (otomite, tarasque, mazahua, popoloco et maya).
Malgré l'emploi de l'espagnol, les cartes reprennent des toponymes indigènes. C'est le cas de la carte du Yucatan, où on observe par exemple la présence de la lettre ? sur plusieurs noms de lieux. Cette lettre était utilisée pour transcrire le son "ts" en maya.L'atlas reflète donc largement son époque et montre les différentes perspectives de l'enseignement de la géographie, entre finalités civiques et culturelles. Cette exaltation du sentiment national se retrouve dans beaucoup d'autres altas scolaires du XIXe et du début du XXe siècle.
L'auteur de cet atlas, Antonio Garcia Cubas (1832-1912) était à la fois historien, géographe et cartographe. Il est l'auteur de nombreuses cartes et de différents manuels à l'usage des écoles publiques. Il a produit en 1863 une grande carte du Mexique. Il est l'auteur d'une carte générale des Etats Unis mexicains en 1889 (visible sur la Bibliothèque du Congrès). Il a écrit également une Étude géographique, statistique, descriptive et historique des États-Unis mexicains, traduite en français et destinée à l'Exposition de Paris de 1889 (à découvrir sur Gallica).
Pour compléter
Il peut être intéressant de comparer avec la carte française du Mexique établie quelques décennies plus tôt par A. H. Brue :
Nouvelle Carte du Mexique et d'une partie des Provinces Unies de l'Amérique Centrale (1839). Dédiée à l'Académie Royale des Sciences de l'Institut de France. Par A.H. Brue, Géographe du Roi, Membre de la Société de Géographie de Paris, membre-honoraire de celle de Londres. Revue et augmentée par Ch. Picquet (à découvrir sur David Rumsey).
Deux encarts y montrent les environs de Mexico et de Vera Cruz, ainsi que la péninsule du Yucatan. Le Texas faisait à l'époque encore partie du Mexique. Le Bolsón de Mapimí, assez désertique et servant de refuge pour des rebelles indiens, y est représenté comme un État spécifique par rapport à l'Etat de Durango dont il fait normalement partie. C'est une erreur cartographique répétée sur de nombreuses cartes qui remonte aux problèmes rencontrés par Humboldt pour cartographier la région. Le géographe explorateur considérait sans doute que ce territoire insoumis ne faisait pas partie de la Nouvelle-Espagne. A moins qu'il ait simplement manqué des moyens techniques pour dresser une cartographie plus précise de la région :
Chantal Cramaussel (2001). Humboldt et la cartographie du nord de la Nouvelle-Espagne. Cahiers de l'Amérique latine, 36 | 2001, p. 163-181. [https:]]
Dans son ouvrage Mexique cartographique, Raymond B. Craib analyse le rôle puissant que l'exploration, l'arpentage et la cartographie ont joué dans la création de l'État mexicain moderne au XIXe et au début du XXe siècle :
Raymond B. Craib (2004). Cartographic Mexico. A History of State Fixations and Fugitive Landscapes. Latin America Otherwise [https:]]
La Carta Geografica General de la Republica Mexicana établie par le ministre de la guerre Pedro Garcia Conde (1845) constitue la première carte imprimée grand format produite à partir de sources mexicaines indigènes :
[https:]]
Comme le montre Raymond B. Craig, après la guerre américano-mexicaine, la nouvelle Carta General proposée par Garcia Cubas offrira "une image iconographique du nouvel État mexicain et remplira ce territoire des fantômes du passé, créant ainsi l'image d'un esprit national unifié" (pour plus de détails, voir le commentaire de la carte sur le site Rare Maps).Articles connexes
Cartographie de la mémoire : espace et histoire au Mexique au XVIe siècle
L'histoire par les cartes : la première carte murale de la Catalogne (1906) par le pédagogue Francesc Flos i Calçat
Exposition virtuelle. Figures d’un géographe, Paul Vidal de la Blache (1845-1918)
Quand l'armée dressait des cartes pour l'école : la carte murale de l'AOF par Édouard de Martonne (1922)
Lorsque la carte crée le territoire : l’invention de l’Alsace-Lorraine
Les cartes de Joseph Forest. Une success story de l'édition scolaire à l'époque des récits nationaux
« Mapping the classroom » ou comment on apprenait l'histoire et la géographie au XIXe siècle en Nouvelle-Angleterre
Un Atlas de géographie historique des États-Unis (1932) entièrement numérisé
Francisco Coello (1822-1898), pionnier de la cartographie moderne
L'histoire par les cartes : James Monteith, cartographe et éducateur (1831-1890)
Comment enseigner la géographie : en prenant en compte ou en dépassant le pays où l'on vit ?
Cartes et atlas à usage scolaire -
14:34
MetroDreamin, une application en ligne pour imaginer le système de transports que vous aimeriez pour votre ville
sur Cartographies numériquesL'application en ligne MetroDreamin' permet de concevoir et de visualiser le système de transports que vous aimeriez pour votre ville. L'utilisateur a le choix entre deux possibilités :
- en partant de réseaux de métro existants
Choisissez une ville parmi les nombreux plans de métro proposés. Cliquez sur le plan pour ajouter une nouvelle station de métro à l'endroit de votre choix. MetroDreamin' nomme automatiquement votre nouvelle station en utilisant le nom de la rue la plus proche (vous pouvez lui attribuer aussi un nom de votre choix). Une fois que vous avez ajouté une station, il vous suffit de sélectionner la ou les lignes de métro que vous souhaitez qu'elle desserve et elle sera automatiquement connectée au reste de votre réseau. Il est possible inversement d'enlever des stations à partir du plan existant.
- en créant ex nihilo un réseau de transports fictif
Ajoutez des points sur la carte. L'application les relie automatiquement et simule des mouvements de rames de métro sur le réseau que vous avez créé. La carte est ensuite partageable sur Internet. Il faut cependant ouvrir un compte sur le site pour pouvoir l'enregistrer.
On dit qu'un qu'un système de métro commence à être rentable lorsqu'une ville dépasse le million d'habitants. Mais avec MetroDreamin', on peut implanter un métro où l'on veut et selon la configuration que l'on souhaite, sans se préoccuper du coût financier. Avis aux spécialistes des transports et de l'aménagement mais aussi aux imaginatifs. De quoi faire de l'aménagement urbain et également de la géographie prospective...
Pour compléter
"Les grandes villes où l'on circule le mieux sans voiture" (source : Statista, licence Creative Commons)
Le transport public est le moyen le plus efficace et le plus durable de véhiculer de grands groupes de personnes en milieu urbain, comme le rapporte l'étude "Urban Mobility Readiness Index 2022" du cabinet de conseil Oliver Wyman. Comme les prévisions indiquent que près de 70 % de la population mondiale vivra dans des villes en 2050, il est d'autant plus important que les métropoles conçoivent leurs systèmes de transport public en conséquence.
??? Quelle est la station de métro la plus proche de vous à Paris ?
— Jules Grandin (@JulesGrandin) February 2, 2023
Sur cette carte, chaque bâtiment est relié à la station de métro la plus proche, plus le lien est foncé plus la distance à la station la plus proche est élevée pic.twitter.com/qX2mN8J6hmArticles connexes
Les plans de métro : retour sur une représentation simplifiée, souvent détournée
Carto quiz : savez-vous situer les stations du métro parisien ?
Renommer les stations de métro avec des noms de femmes célèbres
Le Mobiliscope, un outil de géovisualisation pour explorer les mobilités urbaines heure par heure
Explorer la cartographie des réseaux de transports publics avec des données GTFS
Cartographie en temps réel des transports publics
-
12:46
La guerre à l’époque moderne par les cartes
sur Cartographies numériques
Source : « La guerre à l’époque moderne par les cartes ». Par Anthony Guyon (Nonfiction).L’époque moderne s’est construite par la guerre, comme en témoignent la guerre de Trente Ans (1618-1648) et la guerre de Sept Ans (1756-1763). L’ensemble des continents ont porté des innovations et repensé la place de la conflictualité dans le système politique par le recrutement, puis le financement. La guerre reste l'un des thèmes les plus abordés pour l'époque moderne mais son approche par la cartographie demeure limitée. Un Atlas remédie à cette lacune. Les éditions Autrement consacrent un tome à cette thématique et l’historienne Caroline Le Mao, qui a co-dirigé l’ouvrage, revient sur quelques spécificités de la guerre entre les XVIe et XVIIIe siècles (interview à lire sur Nonfiction).
ATLAS DES GUERRES A L'ÉPOQUE MODERNE (XVI? - XVII? - XVIII? siècles)
Par Olivier Aranda, Julien Guinand, Caroline Le Mao. Cartographe : Mélanie Marie
Atlas - Atlas Mémoires. Paru le 01/02/2023
A découvrir sur le site des éditions Autrement.
Pour feuilleter un extrait de l'Atlas.
Marignan, Lépante, Vauban, Pierre le Grand, Bonaparte… Ces noms résonnent dans l’histoire de la guerre moderne et ont traversé les époques : les XVI?, XVII?, XVIII? siècles restent les grands siècles de l’innovation dans le domaine de la guerre. La guerre moderne déferle sur terre et sur mer. Aucun lieu du globe n’est épargné. Les Européens, dans leur expansionnisme colonial, se confrontent d’abord aux populations locales. Puis ces champs de bataille deviennent des lieux de conflits entre les nations occidentales elles-mêmes, donnant à la guerre une dimension mondiale. Les révolutions scientifiques et techniques, les réformes tactiques et stratégiques vont servir empires et royaumes et favorisent le développement de nouvelles façons de combattre : poudre noire et canon, artillerie de campagne, guerre de course, création d’une administration étatique structurée…
Toutes ces transformations, représentées par plus de 230 cartes et documents, s’inscrivent dans un contexte de mutations politiques, financières, sociales et culturelles fondamentales qui feront basculer l’Europe et le monde dans la modernité.
Articles connexes
Forme du savoir, forme du pouvoir. Les atlas géographiques à l'époque moderne et contemporaine (Jean-Marc Besse)
La géographie et les cartes : des outils pour faire la guerre ? (France Culture)
Ukraine-Russie. Retour sur un an de guerre en cartes et en analyses (février 2022 - février 2023)
La carte, objet éminemment politique : la guerre en Ukraine
Comment cartographier la guerre à distance ? -
6:35
La carte des accidents de la route en France (ONISR) : un bel exemple d'artefact lié à l'outil de géovisualisation en ligne
sur Cartographies numériquesL'outil cartographique de l'Observatoire national interministériel de la Sécurité routière (ONISR) permet de visualiser les accidents corporels de la circulation enregistrés par les forces de l'ordre, ainsi que les victimes de ces accidents, en France métropolitaine sur les dix dernières années. Il est aussi possible de superposer les emplacements des radars automatiques fixes. Par défaut, la carte affiche les accidents mortels en 2020.
La carte par interpolation (heatmap) proposée sur le site fait ressortir les lieux les plus accidentogènes qui correspondent aux grandes agglomérations. En réalité, cette carte thématique ne fait que refléter les densités de population, avec très logiquement une concentration des accidents en ville là où la population est la plus nombreuse.
Outil cartographique du site de l'ONISR montrant la distribution des accidents de la route mortels en 2020
Lorsqu'on zoome sur la carte, celle-ci fait apparaître plus précisément deux types de lieux d'accidents, dans les villes-centres et dans les périphéries.
A un niveau de zoom plus important, les données sont désagrégées et on accède à chaque lieu d'accident individuellement. Ce qui change complètement la vision du phénomène qu'on pouvait avoir initialement. En passant d'une carte par zones continues à une carte par points, la distribution des accidents semble beaucoup plus éparse et liée à des emplacements bien spécifiques (carrefours urbains, grands boulevards ou voies rapides...). De quoi mettre en évidence un bel artefact numérique créé par l'outil de géovisualisation en ligne qui change le mode de réprésentation en fonction du degré de zoom !Parallèlement, le Cerema a développé un outil de datavisualisation en ligne qui permet de visualiser l'évolution des données de mortalité routière sur un temps long (depuis 1968) et selon plusieurs types de variables. Il permet de proposer des graphiques simples d'utilisation qui mettent en avant des enjeux forts de sécurité routière. Le graphique sur la période 1968-2019 témoigne d'une baisse globale du nombre d'accidents mortels, même si le chiffre a tendance à stagner ces dernières années.
Évolution de la mortalité selon l'âge et le mode de transport sur la période 1968-2019 (source : Cerema)
La mortalité diffère très nettement en fonction des tranches d'âge, avec une surmortalité dans la tranche 18-25 ans :
De fait, contrairement à ce que semblait montrer la heatmap par interpolation (voir carte générale plus haut), ce sont plutôt les espaces hors agglomération qui s'avèrent les plus mortels, sans doute en raison des vitesses supérieures à celles enregistrées dans les agglomérations qui dénombrent néanmoins un plus grand nombre d'accidents. Les autoroutes restent en comparaison relativement plus sûres, bien que les accidents, moins nombreux, puissent s'y avérer très graves.
Comparaison de l'accidentologie selon le lieu, en nombre d'accidents et en nombre de tués 2015-2020
(source : datavisualisations du Cerema)
L'effet du couvre-feu lors de la crise Covid de 2020-21 est assez visible dans les statistiques du fait du recul général des mobilités. On observe une baisse passagère du nombre d'accidents et de tués sur la route, avant toutefois une nouvelle hausse en 2021-22 avec la reprise des mobilités en période post-Covid.L’ONISR met en ligne chaque année une base détaillée extraite du fichier national des accidents corporels de la circulation, éliminant tout risque d’identification des personnes. Les indicateurs élaborés à partir de ces données sont labellisés par l'Autorité de la statistique publique.
Les bases de données annuelles (depuis 2010) sont à télécharger sur le site de l'ONISR, avec le nombre de tués et de blessés, le type d'usagers, le milieu, la catégorie de route, la lumière et le sexe. Les données montrent que les accidents les plus mortels ont en fait souvent lieu hors agglomération et sont beaucoup plus le fait d'hommes que de femmes.
On trouve également des bases de données annuelles des accidents corporels de la circulation routière pour la période 2005-2021 sur le site Data.gouv.fr au format csv avec le fichier des métadonnées en pdf.
Articles connexes
Tableau de bord de la mobilité en Île-de-France
Des « œufs au plat » aux « œufs brouillés » : comment la crise Covid a remodelé nos villesLe Mobiliscope, un outil de géovisualisation pour explorer les mobilités urbaines heure par heure
Itinéraires piétons et aménités urbaines à Boston. Le projet Desirable Streets du MIT
Vers une loi universelle des mobilités urbaines ? (Senseable City Lab - MIT)2La ville du quart d'heure en cartes et en schémas
Big data et choix d'aménagement urbain pour les piétons et les cyclistes
Le rythme cardiaque de la ville : Manhattan heure par heure
Les types de voies dans les grandes villes du monde -
5:49
Monroe Work et la visualisation des inégalités scolaires dans l'entre-deux-guerres aux Etats-Unis
sur Cartographies numériques
Source : Pioneer in Black Data : Monroe N. Work and the Negro Year Book (Jason Forrest, Nightingale, 27 février 2023).Jason Forrest, concepteur de visualisation de données et rédacteur en chef au sein de la revue Nightingale, continue à explorer l'histoire des datavisualisations. Dans cet article, il s'intéresse aux travaux de Monroe Nathan Work afin de comprendre son impact sur l'histoire des données. Monroe N. Work était sociologue, érudit et chercheur afro-américain. Il a passé sa vie à collecter des données et à aider les autres à les comprendre. Le point culminant de son oeuvre est le Negro Year Book, une encyclopédie annuelle sur les Noirs publiée par l'Université Tuskegee de 1912 à 1952.
Le Negro Year Book constitue une source essentielle de données sur l'histoire des Noirs aux États-Unis pendant l'entre-deux-guerres. Moins connu que que ses contemporains WEB Du Bois et Booker T. Washington avec qui il a pourtant collaboré, Monroe Work s'est fixé pour tâche de sensibiliser le public aux données. Afin de porter à connaissance ces ensembles de données, il a dessiné à la main des graphiques sur l'éducation, les soins de santé ou encore la mortalité.
Jours de scolarisation par an si chaque enfant noir d'âge scolaire avait sa part - Negro Year Book, édition 1914-15
(source : © Jason Forrrest, Nightingale)Work s'est attaché tout particulièrement à rendre visible les inégalités scolaires. Il parvient à calculer le nombre de « jours de scolarité par an si chaque enfant noir d'âge scolaire avait sa part », ce qui lui permet de faire des moyennes et des comparaisons entre états des États-Unis. D'abord réalisés à la main, ces tableaux deviennent imprimés dans les éditions suivantes. Ses graphiques comparent les investissements dans les écoles blanches et dans les écoles noires. Ses travaux lui permettent aussi de dresser des cartes de l'analphabétisme afro-américain et de montrer que celui-ci différait selon l'âge et les régions. La profondeur de l'analphabétisme dans les États du Sud permet de comprendre la Grande migration qui se déroulera dans les années suivantes et poussera de nombreux Noirs à chercher de meilleures conditions de vie dans le nord des Etats-Unis.
Pourcentage d'analphabètes dans la population de 10 ans et plus en 1910 - Negro Year Book, édition 1916-17
(source : © Jason Forrrest, Nightingale)Jason Forrest s'interroge pour savoir si Monroe Work avait vu les cartes de l'Exposition de Paris de Du Bois ou s'il s'est inspiré d'autres cartes utilisées en sociologie. Des recherches supplémentaires seraient nécessaires. Il y a des références à des cartes de Work et à son institution, le Georgia State Industrial College à l'occasion de la Georgia State Fair de 1908 et dans certaines de ses brochures antérieures. Monroe Work et Richard Wright ont utilisé les données démographiques générées par la foire annuelle des Noirs en Géorgie pour produire et publier une étude sur les citoyens noirs de cet Etat. Ces données étaient importantes car elles étaient parmi les premières statistiques publiées par des Afro-Américains sur les Afro-Américains. Elles montraient les « progrès de la race noire dans cet état depuis l'émancipation ». Les statistiques compilées par le professeur Monroe Work, issues de la foire noire, montraient que l'analphabétisme avait diminué depuis l'émancipation de 96% à 12% pour la population en âge scolaire. Pour Richard Wright Jr. : « C'est extraordinaire compte tenu du fait que moins de la moitié des enfants en âge scolaire sont inscrits à l'école et, selon le recensement des États-Unis, moins de 8% des enfants fréquentent l'école plus de six mois en Géorgie ».
Comme le montre Kate E. Nowicki dans sa thèse (Race, Recreation and the American South : Georgia‘s Black State Fair 1906-1930), « ces statistiques sont difficiles à évaluer car nous ne savons pas quel âge peut être considéré comme « âge scolaire » et quel âge a été choisi pour mesurer le niveau d'alphabétisation, même s'il ne demeure pas moins qu'une partie des Noirs était plus alphabétisée que leurs ancêtres esclaves. Ces chiffres témoignent du désir des dirigeants noirs de prouver statistiquement les progrès des Afro-Américains depuis leur émancipation. L'apparition de nombreux établissements d'enseignement, d'enseignants et d'étudiants noirs fournissait un affichage important pour les autres Afro-Américains ; cela démontrait les progrès et invitait les autres à imiter l'exemple de l'élite ».
Les travaux de Monroe Work s'inscrivent dans une perspective "accommodationniste". Prôné par T. Washington, l'accommodement permettait aux Noirs et aux Blancs modérés d'interagir d'une manière jugée socialement acceptable par la communauté blanche. Une position modérée que ne partageait pas Web Du Bois qui exhortait les Afro-Américains à faire campagne publiquement pour que les Noirs puissent être représentés politiquement. Monroe Work était aussi en contact avec Web Du Bois et il se peut qu'il ait lui-même évolué dans ses positions. Son travail méthodique pour soutenir la cause des droits civils et sa manière d'utiliser des données pour soutenir une position critique serviront à la génération suivante qui s'engagera activement dans les années 1950-60 pour la reconnaissance des droits civiques des Noirs.
Pour en savoir plus, lire l'article très intéressant de Jason Forrest dans la revue de data visualisation Nightingale.
Pour accéder à tous ses documents de travail, voir le dossier Google Doc qu'il a mis à disposition en public.
Portrait de Monroe Work dans la National Portrait Gallery.
Site mettant en évidence la documentation de Work sur le lynchage.
Archives Tuskegee concernant le Negro Year Book.Articles connexes
La Grande Migration des Noirs aux Etats-Unis à travers les romans de Toni Morrison
Étudier les inégalités entre établissements scolaires à partir de l'Indice de position sociale (IPS)
-
6:06
La carte d'Ebstorf en version interactive et en téléchargement
sur Cartographies numériques
Source : Re-imagining the Ebstorf map (British Library).Créée vers 1300 par les religieuses du monastère d'Ebstorf dans le nord de l'Allemagne, la carte d'Ebstorf avec ses dimensions énormes (plus de 3m x 3m et composée de trente feuilles de parchemin) est la plus grande mappemonde connue au Moyen-Age. Elle a été détruite par les bombardements alliés à Hanovre pendant la Seconde Guerre mondiale. L'image présentée ici est un fac-similé numérique créé en 2008 à partir d'images de l'original conservé à la Leuphana Universität de Lüneburg.
Reproduction interactive © de la carte réalisée à la Leuphana Universität de Lüneburg
Selon la conception chrétienne de l'univers, la carte d'Ebstorf représente le monde comme le corps du Christ. Sa tête, qui représente l'Est, se trouve en haut de la carte. Ses pieds, marquant l'ouest, en bas, ses mains (pour indiquer le nord et le sud) sont à gauche et à droite de la carte. Jérusalem est au centre de cette carte médiévale, dite "T en O". Combinant des lieux réels, des lieux bibliques et des événements mythiques, la carte d'Ebstorf constituait en quelque sorte à l'époque une encyclopédie de l'histoire du monde.
La British Library a collaboré avec la School of Interactive and Real Time d'Escape Studios pour créer une version interactive de la carte d'Ebstorf. Une équipe d'étudiants et de chercheurs a participé à l'incubateur « Escape Pod » pour créer une version 3D de la carte à l'aide du fac-similé numérique de la Leuphana Universität à Lüneburg. La carte interactive, créée dans Unreal Engine, a été placée dans un scriptorium médiéval fictif pour restituer l'environnement dans lequel la carte a été fabriquée.
La carte est téléchargeable à partir de ce lien (attention le fichier zip fait 1,1 Go et il convient de disposer d'une bonne carte graphique). Une fois le dossier zip téléchargé, sélectionner l'application contenue dans le dossier intitulé «The Making of the Myth».
Articles connexes
Numérisée en haute résolution, la carte médiévale de Fra Mauro peut être explorée en détail
L'histoire par les cartes : les routes commerciales au Moyen Age (déjà une route de la soie)
L'histoire par les cartes : les collections numérisées de la Bibliothèque Vaticane
L'histoire par les cartes : une série de 14 films documentaires sur les cartes portulans (BNF)
L'histoire par les cartes : La France aux Amériques ou la naissance des mondes atlantiques (BnF)
L'histoire par les cartes : la septentrionalisation de l'Europe à l'époque de la Renaissance par Pierre-Ange Salvadori
L'histoire par les cartes : le Rijksmuseum met à disposition plus de 700 000 œuvres sur le web, notamment des cartes
Cartographie ecclésiastique et base de données sur les établissements religieux au Moyen-Age (projet Col&Mon)
Cartes et atlas historiques
-
17:51
Étude sur la diversité des ruralités (ANCT - Observatoire des territoires)
sur Cartographies numériques
Source : Étude sur la diversité des ruralités « Typologies et trajectoires des territoires » (ANCT - Observatoire des territoires)Dans le cadre de la mise en œuvre de l’Agenda rural, une nouvelle définition des zones rurales basée sur la grille de densité communale de l’INSEE a été actée par le gouvernement en novembre 2020. Ainsi défini, le rural réunit 30% de la population nationale et plus de 80% des communes françaises. Dans la suite de ce travail, l’Agence nationale de la Cohésion des Territoires (ANCT) a engagé une étude visant à rendre une image actualisée de la diversité des ruralités.
Cette étude propose une nouvelle lecture de la France rurale, dans la continuité des travaux typologiques menés par la DATAR en 2003 et 2011. Elle vise à mettre en perspective les enjeux et défis qui se posent aux territoires ruraux, dans toute leur diversité, ainsi qu’aux politiques publiques qui les accompagnent. Elle comporte des cartes très utiles sur la typologie et les trajectoires des territoires ruraux, réalisées par l’équipe Acadie et Magali Talandier.
Typologie structurelle 2022. La diversité des communes rurales
(source : Étude sur la diversité des ruralités, © équipe Acadie et Magali Talandier)L’élaboration de cette étude a été suivie par un conseil scientifique réunissant des enseignants chercheurs spécialistes du développement et des dynamiques des territoires ruraux. Il était composé de : Laurence Barthe, maître de conférences en géographie et aménagement à l’Université de Toulouse Jean Jaurès, Laurent Rieutort, professeur de géographie à l’Université de Clermont-Ferrand et directeur de l’Institut Auvergne Rhône Alpes de Développement des Territoires (IADT), Dominique Royoux, professeur de géographie à l’Université de Poitie s, codirecteur du Lab Com (ANR) DESTINS et Martin Vanier, professeur de géographie à l’Ecole d’Urbanisme de Paris. Leur contribution se trouve en postface de cette étude.
Deux approches complémentaires sont proposées pour définir les fonctions qu’occupent les espaces ruraux :
- Une lecture structurelle, qui montre la pluralité des communes rurales de la France métropolitaine.
- Une lecture systémique, qui qualifie les contributions actuelles et potentielles des espaces ruraux aux grands enjeux de transitions.
L'étude s'appuie sur la nouvelle définition du rural (2021) dont les données sont disponibles à l'échelle communale sur le site de l'INSEE. Les autres données croisent plusieurs sources concernant les équipements et l'emploi. La France d’outre-mer est exclue de l’étude. La dernière partie de l'étude aborde la contribution des espaces ruraux aux différentes dimensions de la transition
Pour trouver une typologie des territoires ruraux qui s'en approche, voir France découverte (Géoclip).Articles connexes
L'Insee propose un nouveau gradient de la ruralité (La France et ses territoires, édition 2021)
L'accès aux services publics dans les territoires ruraux : éléments de débat à partir d'un rapport de la Cour des Comptes
Cartographier les espaces ruraux en France
EuroCrops, un ensemble de données harmonisées et en open data sur les parcelles cultivées au sein de l'UE
Atlas des centres. Mesurer les dynamiques des centres-villes français (FNAU)
Atlas du monde rural de la Catalogne (mise à jour 2022)
Cartographie des bassins urbains et ruraux à l'échelle mondiale (URCA - FAO) -
7:06
EuroCrops, un ensemble de données harmonisées et en open data sur les parcelles cultivées au sein de l'UE
sur Cartographies numériques
EuroCrops regroupe l'ensemble des données de parcelles cultivées autodéclarées au sein de l'Union européenne. Le projet est financé par l'Agence spatiale allemande du DLR pour le compte du Ministère fédéral des Affaires économiques et de l'Action pour le climat (BMWK). Ces données sont dérivées d'auto-déclarations par les agriculteurs recevant des subventions dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC) de la Commission européenne.
Parcellaires agricoles dans la région frontalière Autriche-Slovaquie autour de Bratislava (source : EuroCrops )
Pendant un an et demi, les ensembles de données nationaux individuels sur les cultures ont été collectés manuellement, les classes de cultures ont été traduites en langue anglaise et transférées dans la nouvelle taxonomie hiérarchique des cultures et de l'agriculture (HCAT). EuroCrops est en amélioration continue grâce à une communauté d'utilisateurs actifs. Ce travail est sous licence Creative Commons Attribution 4.0 International.En étant capables d'analyser les données agricoles à une échelle spatiale élargie qui s'étend de la Suède au Portugal, les auteurs espèrent que les chercheurs pourront mener leurs travaux au-delà des frontières et acquérir de nouvelles connaissances. Les données sont disponibles pour l'instant pour 16 pays de l'UE (avec la possibilité de conduire des comparaisons sur la période 2105-2021 pour certains pays).
Les 16 pays de l'UE qui participent aux données collectées par EuroCrops (en vert)
Alors que la population mondiale continue de croître et que le changement climatique mondial devient de plus en plus apparent, l'amélioration de l'efficacité et de la résilience de l'agriculture au niveau local et mondial constitue un défi crucial pour l'avenir de l'humanité. Les développements récents dans le domaine de l'observation de la Terre par satellite ont permis d'observer et d'analyser quasiment en temps réel les processus qui se produisent à la surface de la Terre. En tirant parti de l'apprentissage automatique et de l'intelligence artificielle, ont peut désormais extraire des informations de ces énormes volumes de données, qui peuvent éclairer le développement de modèles pour le suivi des cultures agricoles et la conception d'applications futures. Sur la base de ces informations, les agriculteurs sont en mesure de prendre des mesures à un stade précoce. Cela constitue une contribution décisive à la sécurité alimentaire, qui représente l'un des objectifs centraux des Objectifs de développement durable (ODD) énoncés par les Nations Unies. Cependant, ces possibilités sont souvent limitées par la disponibilité insuffisante de références qualitatives nécessaires à la création de modèles de processus fonctionnels sur la base de ces données d'observation de la Terre. Le projet EuroCrops vise à montrer comment cette lacune peut être comblée en compilant des données administratives évaluées dans le cadre du contrôle des subventions.
Les données vectorielles avec la taxonomie pour chaque pays sont disponibles sur Github et Zenodo.
Pour la France, les données sont issues du Registre parcellaire graphique, disponible sur Data.gouv.fr et consultable sur le Géoportail.
Pour en savoir plus
M. Schneider, T. Schelte, F. Schmitz & M. Korner (2023). EuroCrops : All you need to know about the Largest Harmonised Open Crop Dataset Across the European Union. ArXiv:2302.10202v1 [cs.OH] 20 Feb 2023. [https:]]
A. Nicolaus Fendrich, F. Matthews, E. Van Eynde, M. Carozzi, Z. Li, R. d'Andrimont, E. Lugato, Ph. Martin, Ph. Ciais, P. Panagos (2023). From regional to parcel scale : A high-resolution map of cover crops across Europe combining satellite data with statistical surveys, Science of the Total Environment, Volume 873, 15 May2023. [https:]]
Articles connexes
Publication des résultats du recensement agricole 2020
OneSoil, la carte interactive des parcelles et des cultures en Europe et aux Etats-Unis
Mise à jour de la base de données sur la couverture du sol aux Etats-Unis (NLCD)
Copernicus : accès libre et ouvert aux cartes concernant la couverture des sols (2015-2019)
WorldCover (ESA), une couverture terrestre de l'occupation du sol à 10m de résolution
Données CORINE Land Cover 2018 sur l'Europe
Données et cartes sur l'artificialisation des sols en France
Cartes et données sur l'occupation des sols en France (à télécharger sur le site Theia)
Modéliser l'usage des terres à l'échelle mondiale en tenant compte des acteurs et de leur pouvoir réel de décision
La parcelle dans tous ses états (ouvrage en open access)
-
7:05
Atlas des centres. Mesurer les dynamiques des centres-villes français (FNAU)
sur Cartographies numériques
La Fédération nationale des Agences d'Urbanisme (FNAU) a mise en ligne en février 2023 un Atlas des centres dont l'objectif est de mesurer les dynamiques des centres-villes français.Projet d’observation des centres villes
Depuis les années 70, le centre-ville a semblé entrer dans une période de déclin. Victime de l’étalement urbain et du délitement des structures sociales traditionnelles, il s’est fragilisé. Ce phénomène inégal a plus particulièrement touché les petites centralités et les « villes moyennes ». Pourtant, depuis une dizaine d’années, de nouveaux processus sont à l’œuvre. La fin de l’ère des hydrocarbures et l’aspiration de certains groupes sociaux à un modèle de société « post industriel » centré sur des relations de proximité redonnent une pertinence toute nouvelle à cet espace.
De nombreux élus ont pris conscience de ces mutations et orientent désormais leurs choix vers la protection et la redynamisation de leur centre-ville afin d’en faire un atout pour leur commune. C’est également dans ce sens que des programmes nationaux d’aménagement du territoire ont vu le jour, à l’instar d’Action Cœur de ville ou de Petites villes de demain.
Les acteurs publics manquent cependant encore d’outils pour appréhender un espace aussi complexe que le centre-ville. Il n’existe par exemple pas de référentiel national pour servir de base de comparaison entre différentes communes. L’ambition de ce projet d’observation des centres villes est de fournir un outil de comparaison multithématique capable d’aider les acteurs des centres villes dans l’auto-diagnostic de leur centre et faciliter leurs prises de décision.
Un projet en réseau, en trois étapes
Ce projet s’inscrit plus largement dans le dispositif d’observation mutualisée des espaces urbains créé depuis 2013 par la Fnau, en partenariat avec France Urbaine et Intercommunalités de France (AdCF) qui mobilise un réseau d’experts très impliqués, issus des agences d’urbanisme et des collectivités territoriales.
Pour rappel, le projet d’observation des centres-villes s’inscrit sur un chantier de deux années autour de trois étapes.- Etape 1 : Identification des communes françaises exerçant des fonctions de centralité et réalisation d’une typologie. Cette première étape a été finalisée en mai 2021 et a donné lieu à un poster sur la typologie des centralités françaises
- Etape 2 : Délimitation des contours des centres villes des communes retenues dans l’étape 1
- Etape 3 : Production d’indicateurs statistiques pour établir un portrait de « l’état de santé » des centres-villes étudiés
L'atlas des centres de la FNAU est assorti d'un outil de cartographie interactive consultable par ici : [https:]]
La méthodologie d’identification des centres-villes (sur laquelle il n'y a pas vraiment de consensus) repose sur le choix de deux critères : 1) le rôle structurant de l'emploi et des équipements 2) la place dans le système territorial
L'étude a permis de déterminer 3 136 centralités réparties en 5 catégories :- polarité structurante (haut niveau d'emplois et d'équipements, attraction des actifs des territoires environnants)
- polarité multiconnectée (lieu d'emplois mais niveau d'équipements moins élevé, connectée à plusieurs polarités structurantes)
- centralité indépendante (bénéficie d'une certaine offre en équipements et emplois, mais pas d'aire d'influence)
- centralité relais (près de 70% des actifs se rend dans une polarité structurante pour travailler)
- centralité résidentielle (peu d'emplois, 80% des habitants travaillent ailleurs)
Les données détaillées sont à télécharger au format xlsx. Outre un tableau de bord des indicateurs, un onglet permet d'accéder à la typologie par communes avec un niveau détaillé de 11 types de centralités.
Pour compléter
Nicolas Lebrun (2023). Réinterroger la centralité marchande. Pôles, territoires, discontinuités et réseaux au service de la centralité Géographie. Université Paris 8 - Vincennes-Saint-Denis, 2023. [https:]]
Résumé de son HDR : Faire centre. Appréhender la centralité. Evaluer l’urbanité d’un espace central. Voilà un débat, aussi vieux que l’analyse spatiale, au coeur des préoccupations des chercheurs de l’ensemble des sciences sociales depuis bien longtemps. C’est notamment le cas lorsqu’on étudie la fonction marchande. L’auteur constate que l’évaluation de la centralité marchande va communément de pair avec le binôme centre-polarisation et avec le binôme accessibilité-attractivité. Pourtant, à trop réduire les logiques marchandes à ces éléments, nous sommes peut-être passé à côté de quelque chose. Ainsi, nos pratiques de consommation ont évolué notamment sur les 20 dernières années : nous sommes de plus en plus motiles et mobiles, et la consommation s’insère dans des chaînages de déplacements de plus en plus complexes. Mais en parallèle, lorsque nous consommons, le recours à la proximité ou à la livraison à domicile, n’ont jamais été autant sollicités. En conséquence l’offre marchande est de plus en plus polymorphe, le lieu de vente n’étant qu’un moyen parmi d’autres d’atteindre le client potentiel. La théorie développée ici par l’auteur est que le primat de la centralité marchande de polarisation est révolu. Il existerait autant de modes de centralité qu’il existe de formes spatiales de bases : le point, la ligne, l’aire, le réseau. La première partie propose d’aborder successivement les quatre modes de centralité ainsi constitués : la centralité de polarisation, la centralité de positionnement, la centralité d’ancrage, la centralité en distanciel. Il s’agit de voir en quoi chaque mode de centralité a ses propres logiques, interagit différemment avec la fonction marchande, correspond à des comportements de consommation différents, génère des formes et paysages marchands spécifiques. Mais reste à voir, dans une seconde partie, comment ces modes de centralité s’articulent entre eux, pour constituer la coloration marchande des lieux. Alors seulement sera abordée la question de la mise en valeur par l’usage de la centralité marchande théorique du lieu. Et c’est dans l’appréhension de la distorsion entre centralité théorique et usages réels que se trouve la clé d’une utilisation optimale de la fonction marchande comme levier d’urbanité. Le commerce pourra alors être envisagé comme constitutif d’une centralité apaisée.
Pour Nicolas Lebrun, en ce qui concerne la centralité marchande, il convient de distinguer différents types de centralités (d'ancrage, de positionnement, de polarisation). En conclusion de son HDR, il attire l'attention sur les quatre points suivants :- Faire centre n’est pas une fin en soi
- L’usage de la centralité suppose un rapport sensible à l’espace
- Une centralité marchande non valorisée n’est pas toujours gaspillée
- Différents niveaux de centralité
Articles connexes
Les villes moyennes toutes en déprise : vrai ou faux ? Une analyse du CGET
Avec la crise du Covid19, les villes moyennes ont-elles bénéficié d’un regain d’attractivité ?
L'INSEE propose une nouvelle typologie des aires urbaines en fonction de leur aire d'attraction
Temps de trajets vers les grands centres urbains à l’échelle du monde
Un atlas de l'expansion urbaine à partir de 200 villes dans le monde
Construire et analyser des cartes isochrones
Explorer la cartographie des réseaux de transports publics avec des données GTFS
-
9:05
Un simulateur de ballon espion avec de vraies données atmosphériques
sur Cartographies numériquesLes trajectoires de vol sont calculées à partir des données atmosphériques ERA5 produites par le Copernicus Climate Change Service. Au bas de la carte, on peut choisir la durée de la simulation et les heures précises où l'on souhaite visualiser la trajectoire.
Comme le précise le panneau à l'accueil, ce démonstrateur est destiné seulement à "un usage récréatif, il n'est pas assez précis en tant que source crédible pour des informations militaires". Les auteurs du site souhaitent dissiper tout malentendu pour des utilisateurs qui y verraient des attaques d'OVNIS extraterrestres !
Pour compléter
Le Pentagone dit surveiller un ballon espion chinois détecté en train de survoler les États-Unis (The Guardian).
Les ballons chinois espionnent en escadrille, accuse Washington (Libération).Une start-up en IA utilise l'imagerie satellite pour tracer la trajectoire d'un ballon chinois (SpaceNews).
Le New York Times a travaillé avec la société d'intelligence artificielle Synthetaic pour détecter la trajectoire du ballon chinois à partir d’images satellites Planet Labs. La 1ère détection du ballon se situe au large de l'île chinoise de Hainan le 15 janvier 2023. L'étude est aussi en accès libre sur le site d'imagerie satellite Planet.
Après l'hystérie des ballons chinois, la carte des centres de commandement de la défense aérienne des Etats-Unis (@ThrustWR).
Souveraineté aérienne. La limite supérieure de l'espace aérien national n'est pas définie par le droit international (Wikipédia).
Ballon chinois abattu par les États-Unis : Pékin se « réserve le droit » de répliquer (Le Figaro).
Pourquoi la Chine utiliserait-elle un ballon espion alors qu'elle a des satellites ? (BBC).
Comment les États-Unis ont improvisé un plan pour faire face à un ballon chinois (The Washington Post)
Humour. En 1983 Nena avait déjà tout prévu en faisiant tirer sur des ballons pris pour des ovnis dans l'interprétation de sa chanson "99luftballons" (Youtube).
Articles connexes
Les apparitions d'OVNI : une cartographie plus intéressante qu'on pourrait croire pour chercher des (fausses) corrélations
Des images aériennes déclassifiées prises par des avions-espions U2 dans les années 1950 ouvrent une nouvelle fenêtre pour l'étude du Proche-Orient -
12:39
Ukraine-Russie. Retour sur un an de guerre en cartes et en analyses (février 2022 - février 2023)
sur Cartographies numériques
Comme le note l'IFRI, « l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022 constitue un tournant majeur des relations internationales. Les objectifs stratégiques de Vladimir Poutine n’ont pas été atteints et la suite de la guerre est incertaine. Les risques d’escalade – y compris nucléaire – sont réels et une extension régionale des hostilités ne saurait être exclue. Les conséquences de ce conflit sont d’ores et déjà mondiales : recomposition des alliances, hausse des prix de l’énergie, insécurité alimentaire grandissante ». Ce billet propose une revue cartographique en deux temps, d'abord en recensant les cartes et graphiques disponibles sur ce conflit, puis en renvoyant vers des pistes d'analyse et de débat.1) Retour en cartes et en graphiques sur un conflit géopolitique majeur
« À la Une : l’Ukraine, un an après…». Vendredi 24 février 2023, cela fait un an jour pour jour que l’invasion russe débutait en Ukraine. Bilans, rétrospectives, suppléments, éditions spéciales vont se succéder dans la presse tout au long de cette semaine (Revue de presse de RFI).
« Un an de guerre en Ukraine. Le Dessous des cartes » (Arte-TV). Les grands enjeux et les acteurs du conflit russo-ukrainien. Une analyse géopolitique et cartographique de l'émission Le Dessous des cartes pour mieux comprendre ce séisme majeur de l’histoire du XXIe siècle.
« Invasion de l'Ukraine : un monde a chaviré » (Les Échos). L'attaque de l'Ukraine par la Russie le 24 février 2022 a bouleversé la géopolitique mondiale. Pour la première fois depuis 1945, l'Europe est le théâtre d'un conflit de haute intensité.
????? La guerre en Ukraine dure depuis un an jour pour jour.
— Jules Grandin (@JulesGrandin) February 24, 2023
Pour @LesEchos, retour en cartes sur les 4 temps forts de l'invasion russe, de la guerre-éclair initiale à l'enlisement du conflit pic.twitter.com/Aqp3eoqQV8
« De l'invasion russe à la bataille de Bakhmout : un an de guerre en Ukraine raconté en cartes » (Le Figaro). Le Figaro retrace, en cartes animées et commentées, un an de batailles acharnées en Ukraine depuis les premiers jours de l'invasion russe.Si vous l'avez manqué, avec @darioingiusto, @HuguesMaillot et @amaurycoutansai nous avons retracé en cartes un an de guerre en #Ukraine [https:]]
— Stéphane Saulnier (@ssaulnier_FIG) February 23, 2023
« Les cartes de la guerre en Ukraine, depuis l’invasion russe de février 2022 » (Le Monde). Un an après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le journal Le Monde propose de visualiser l’évolution du conflit sur le terrain et ses conséquences dans le monde. Les cartes et infographies réunies dans cet article permettent de voir l’évolution des territoires contrôlés par les Russes en Ukraine depuis le 24 février, ainsi que les enjeux humanitaires, économiques et militaires du conflit. « L'espace mondial fragmenté par la guerre en Ukraine » (série de cartes).
« Résolution sur l’Ukraine à l’ONU : un indicateur du jeu des alliances planétaire » (France-Culture). À un an du déclenchement de la guerre en Ukraine, zoom sur le vote des 193 États à l’ONU concernant les résolutions sur l'Ukraine et la Russie. Voir la carte du journal Le Monde.
Comparaison des votes du 3 mars 2022 et du 23 février 2023 à l'Assemblée générale des Nations Unies vis-à-vis de la guerre en Ukraine (AB Pictoris).
« Comprendre le vote aux Nations unies du 23 février 2023 » (Le Grand Continent). On remarque relativement peu de changements entre le vote du 23 février 2023 et celui du 2 mars 2022. Il y a toutefois une majorité de la population mondiale qui vit dans un pays s’étant abstenu lors du vote (51,4%). Les gouvernements représentant 55,9 % de la population mondiale ont décidé de ne pas s’opposer frontalement à Moscou.
Après un an de guerre, la représentation cartographique la plus parlante : celle des pays ayant fourni des armes à l'#Ukraine ou pris des sanctions financières contre la #Russie. L'isolement du bloc démocratique libéral mené par les Etats-Unis est marquant. [https:]] pic.twitter.com/WmlPjcTv7I
— Corentin Sellin (@CorentinSellin) February 23, 2023
« Carte de l’Ukraine au 24 Février 2023, un an après l'invasion russe » (Edmaps).« Un an de guerre en Ukraine ». Carte évolutive co-publiée par AbPictoris et Diploweb pour identifier les ruptures (YouTube).
Carte chronologique interactive permettant de suivre les opérations jour par jour, avec les dates significatives du conflit surlignées en gris (Grid).
« Après un an de guerre en Ukraine, quelles perspectives pour la suite du conflit ? » (Géo).
« Les données des satellites révèlent l'étendue des combats en Ukraine » (The Economist). Les cicatrices de la guerre peuvent être trouvées bien au-delà des lignes de front.
« L'invasion de l'Ukraine par la Russie en cartes. Un guide visuel de la guerre » (Financial Times).
NEW Today marks one year since Putin invaded Ukraine. There were fears that Ukrainian troops could potentially be overrun in a matter of days. But that has not proved to be the case.
— Steven Bernard (@sdbernard) February 24, 2023
Keep up to date with the latest on the Ukraine invasion in maps [https:]] #dataviz pic.twitter.com/flxsOZUnHl
« 365 jours. Un an de guerre en Ukraine » (Zeit Online). Assaut, résistance, contre-offensive, guerre de tranchées : la Russie attaque l'Ukraine depuis un an. Une storymap montrant les principales phases de la guerre à partir de cartes et d'images satellites.
Le South China Morning Post revient sur un an de guerre avec des photos marquantes en N&B et une série de cartes et graphiques explicatifs.
Al Jazeera cartographie des principales batailles de la guerre en Ukraine à partir d'images aériennes ou au sol, assorties de cartes chronologiques.
« Le conflit un an plus tard, en cartes ». Une brève revue de "cartoblographie" à partir de morceaux choisis et de reportages (Kenneth Field).p
« Pendant la guerre en Ukraine, le Groupe Wagner tisse sa toile en Afrique » (France Culture). Alors que le conflit en Ukraine bat son plein, le groupe de mercenaires et outil de l’expansion russe soutient sur le continent africain des régimes autoritaires. Le tout en développant une logique de prédation visant à exploiter les ressources locales. Voir la carte du journal Le Monde.
« Guerre Ukraine-Russie - Faits et chiffres » (Statista).
« La guerre en Ukraine en données : un an de victimes, de violences et de déplacés » (Grid).
« Soldats morts par habitants dans les régions russes » (Reddit) d'après les décès identifiés par BBC-Mediazona. A partir de ces données, le journal allemand Spiegel a produit une datavisualisation impressionnante dans un article intitulé « Les morts sur lesquels Poutine cherche à garder le silence ». Avec une question récurrente concernant ces cartes et graphiques par points (dotmaps) : ces dataviz ne contribuent-elles pas paradoxalement, au lieu de mettre en visibilité, à invisibiliser de fait tous ces morts anonymes ? Une question qui se posait déjà à propos de la manière dont le data journalisme représentait les morts du Covid-19.
« De plus en plus d'Ukrainiens s'installent à l'étranger alors que la guerre se poursuit » (Bloomberg). Plus de 8 millions d'Ukrainiens, principalement des femmes et des enfants, ont fui le pays suite à l'invasion russe. Une datavisualisation montre la répartition par pays d'accueil. L'UNHCR estime que cela représente 19,5% de la population du pays, près d'un Ukrainien sur cinq a quitté son pays depuis un an.
« Un an de guerre en Ukraine : la galerie de dessins » (Chappatte).« L'invasion de l'Ukraine par la Russie : une tragédie post-soviétique. » Un dossier pédagogique de Julie Deschep pour Le Livre scolaire.
2) Pistes d'analyse et de débat
« Un an de guerre en Ukraine, l’émission spéciale de Mediapart » (Mediapart). Vladimir Poutine a, depuis l’automne, un discours non pas contre l’Ukraine mais contre l’Occident pris collectivement.
« 365 jours de guerre en Ukraine : plongée dans les sociétés russes et ukrainiennes » (France-Inter). Un an après, quel bilan les sociétés ukrainiennes et russes tirent-elles de cette guerre ?
« Le premier fil du premier jour de la guerre, il y a un an » (Anna Colin Lebedev). « Poutine est fou. Peut-être, mais peu importe, car nous avons surtout besoin de comprendre la rationalité interne de son action. Nous avons besoin de cerner l'étendue de son projet, de voir ses points saillants (l'Ukraine, et au-delà, les Etats-Unis, l'Occident) ». Pour suivre les analyses d'Anna Colin Lebedev (@colinlebedev), spécialiste de l'Ukraine et de la Russie post-soviétique.
« Ukraine-Russie, la guerre de propagande » (Arte-TV). Dans les médias et les réseaux sociaux, le conflit entre Moscou et Kiev est raconté, mis en scène. Tour d’horizon de la guerre de communication entre les deux pays.
« Ukraine-Russie, un an après..." Entretien avec Pierre Verluise directeur du site Diploweb, émission Planisphère (Radio Notre-Dame).
« L'innovation ukrainienne dans une guerre d'usure » (CSIS). La guerre en Ukraine est devenue une guerre d'usure. Aucune des deux parties n'a gagné beaucoup de territoire depuis les offensives réussies de l'Ukraine fin 2022, alors même que le nombre de victimes a augmenté.
« Guerre en Ukraine, un an après : que faire ? » (Pascal Boniface) Un an après le déclenchement de l'offensive russe sur l'Ukraine, quelles sont les perspectives du conflit ? Deux options se dessinent : l'enlisement ou l'embrasement. Il y a une sorte de prudence, d'hypocrisie. On ne dit rien sur les buts de guerre.
« La guerre en Ukraine refonde l’Europe en la soudant » (La Croix). Pour Sylvain Kahn et Jacques Lévy, auteurs du Pays des Européens (2019), il ne fait aucun doute que face à la guerre en Ukraine, l’Union européenne « agit », s’employant à « isoler l’agresseur », et devient ainsi « le catalyseur d’une alliance » des républiques démocratiques.
« Poutine veut une guerre éternelle » (Le Grand Continent). Le sociologue russe Grigori Yudin revient sur les buts poursuivis par Poutine. Il y inscrit la guerre d'Ukraine dans une perspective plus large – qui ne connaît pas de frontières.
« Ignorer la guerre : les sociétés civiles russes et l’Ukraine » (Le Grand Continent). Poutine n’a pas anéanti l’opposition — il a orchestré une apathie généralisée, une passivité mêlée à de la crainte, dans une confusion entretenue.
Déambulation historique avec Stéphane Audoin-Rouzeau, l'historien face à la guerre (France Culture).
« Armer l'hiver en Ukraine ». Un rapport de l'équipe Eyes on Russia révèle le changement délibéré des attaques de la Russie contre l'infrastructure énergétique de l'Ukraine pour militariser l'hiver (Centre for Information Resilience).
« Faut-il négocier la paix avec Poutine ? ». Décryptage dans l'édito de Patrick Cohen C à vous (France-TV).
« La Paix, c'est la guerre. Faut-il négocier maintenant avec Poutine ? ». Par Thorniké Gordadzé (Terra Nova).Articles connexes
La carte, objet éminemment politique : la guerre en Ukraine
La carte, objet éminemment politique. La vision réciproque de la Russie et de l'Europe à travers la guerre en Ukraine
La carte, objet éminemment politique. L'annexion de quatre territoires de l'Ukraine par la Russie
Comment cartographier la guerre à distance ?
Cartographier les dommages subis par les populations civiles en Ukraine (Bellingcat)
Les enjeux du projet de gazoduc Nord Stream 2 à partir de ressources disponibles sur Internet
La cartographie russe et soviétique d'hier à aujourd'hui
-
16:16
Dynmark : un outil de suivi des prix de l'immobilier à différentes échelles de territoire (Cerema)
sur Cartographies numériques
L'application Dynmark permet d'analyser le marché immobilier depuis 2010, d'explorer et de comparer des dynamique de marché par rapport à d'autres territoires. Elles contient les données de l'ensemble de la France (hors l'Alsace, la Moselle et Mayotte), pour différentes échelles géographiques (commune, EPCI, département et aire d'attraction des villes), avec une typologie de biens selon son type, sa taille et sa période de construction. L'application est en cours de lancement en version bêta.Ce travail de visualisation est basé sur une collaboration entre le Cerema et l'INRAe - unité écodéveloppement d'Avignon, dans le cadre du projet UrbanSIMUL dans sa version nationale.
Le Cerema utilise les données DV3F issues du retraitement et de l'enrichissement des données de Demandes de Valeurs Foncières de la DGFiP par les Fichiers Fonciers.
La Direction Générale des Finances Publiques (DGFiP) proposait déjà gratuitement et en open-data le fichier Demande de Valeurs Foncières (DVF) qui recense l'ensemble des mutations foncières à titre onéreux publiées dans les services de la publicité foncière. Cette donnée, riche et précise, restait néanmoins difficilement exploitable. Le Ministère du Logement a donc missionné le Cerema pour travailler à une structuration de la donnée (DVF) en y associant des données foncières complémentaires permettant des analyses plus fines.Ces travaux ont conduit à la constitution de la base de données DV3F ainsi qu'à des outils facilitant son exploitation. Pour les acteurs ne pouvant bénéficier de DV3F, les données open-data sont également disponibles librement sous un format "DVF+ - open-data" structuré et géolocalisé.
Téléchargement des données DV3F en open data : [https:]]
AppDVF, un outil libre pour l’exploitation de DV3F : [https:]] Accès aux bases de données en open data du site Datafoncier : [https:]]Articles connexes
Mise à disposition de la base Demandes de valeurs foncières (DVF) en open data
Fichiers des locaux et parcelles des personnes morales en open data (données MAJIC)
L’inégale abordabilité du logement dans les villes européennes (Cybergéo)
Data France, une plateforme de visualisation de données en open data
OpenDataSoft : une plateforme avec plus de 1800 jeux de données en accès libre
Utiliser Wikidata pour chercher des informations géographiques
Depuis le 1er janvier 2021, l'IGN rend ses données libres et gratuites
-
16:38
Géoréférencer des cartes anciennes sur le site de la Bibliothèque centrale de Zürich
sur Cartographies numériquesLa Bibliothèque centrale de Zurich, qui contient plus de 2 900 cartes numérisées issues de magnifiques atlas, propose aux personnes intéressées de géoréférencer elles-mêmes des cartes anciennes des XVe-XVIIe siècles.
La localisation géographique d'une carte avec le « Georeferencer » sur la plateforme web Old Maps Online est intuitive et ne nécessite en principe aucune connaissance préalable. La localisation se fait en quelques clics, elle peut s'avérer une tâche plus difficile dans certains cas (certaines cartes n'étant pas orientées au nord).
Au fur et à mesure des documents géoréférencés, le matériel cartographique est mis en accès libre sur la plateforme Old Maps Online.
Les copies numériques sont d'ores et déjà accessibles au public sur la plateforme e-rara dans la collection « Magnificent Atlases : From the Beginnings to the Golden Age ».
Voir par exemple les monstres et autres îles imaginaires découverts dans les cartes et atlas qui ont été numérisés.
L'initiative s'inscrit dans le cadre d'un projet de science citoyenne conduit par la Bibliothèque centrale de Zürich. Une fois numérisées, les cartes sont intégrées dans le projet Chronoscope qui intègre plus de 2000 cartes historiques consultables en open data à partir d'une seule interface cartographique.
Accès au catalogue en ligne de cartes et de vues panoramiques de la Bibliothèque centrale de Zürich.
Kartenportal.ch permet de rechercher dans les fonds de la ZB et dans les bibliothèques suisses à partir d'un moteur de recherche spatial.
Articles connexes
L'histoire par les cartes : les collections numérisées de la Bibliothèque Vaticane
Trois anciennes cartes de la Chine au XVIIIe siècle numérisées par l'Université de Leiden
L'histoire par les cartes : plus de 2000 cartes numérisées sur les Pays-Bas (partie centrale)
Un Atlas de géographie historique des États-Unis (1932) entièrement numérisé
Cartes et atlas historiques
L'histoire par les cartes
-
16:10
POPFLUX, une application pour visualiser les déménagements des Français avant et après le Covid-19
sur Cartographies numériques
L'application en ligne PopFlux permet de visualiser les déménagements qui ont eu lieu en France métropolitaine entre 2017 et 2022, à plusieurs échelles, en s'appuyant sur les données de flux migratoires issues des contrats de réexpédition de courrier souscrits auprès de La Poste. Le site permet de conduire des comparaisons sur plusieurs périodes et à partir de données postales peu utilisées jusque-là (à recouper avec d'autres critères tels que l'évolution démographique, le marché immobilier, l'emploi...).
Interface de l'application PopFlux développée par le programme POPSU Territoires
1) Une application cartographique en ligne proposée par le programme POPSU Territoires
L'application a été développée dans le cadre de l'étude « Exode urbain », pilotée par le programme POPSU Territoires grâce au financement du Réseau rural français et du Plan urbanisme construction architecture (Ministère de la transition écologique et de la Cohésion des territoires). Elle est le fruit d'une collaboration entre La Poste et une équipe de chercheurs du CESAER composée de Félix Baillet, Marie Breuillé, Camille Grivault, Julie Le Gallo et Olivier Lision.
L'application comprend deux interfaces cartographiques :- l'interface Soldes Migratoires propose des cartes interactives des soldes migratoires et de leur variation entre plusieurs périodes ;
- l'interface Flux de Déménagements permet de visualiser, sous forme de flux, les soldes migratoires entre deux territoires ainsi que leur variation. Elle fournit également pour chaque territoire le pourcentage de flux internes, de flux entrants et de flux sortants et leur variation par rapport à la période précédente.
Cet outil permet en particulier de caractériser l'évolution des flux de mobilité résidentielle depuis la crise de la Covid-19. Pour en savoir plus sur l'étude « Exode urbain : impacts de la pandémie de Covid-19 sur les mobilités résidentielles », rendez-vous sur la page dédiée.
2) L'exode urbain ? Petits flux, grands effetsExode urbain : mythe ou réalité ? Acclamée lors de la crise de la COVID-19, qu’en est-il réellement de la thèse du départ massif des urbains vers les campagnes ? Le Réseau Rural Français et le Plan Urbanisme Construction Architecture pilotent, depuis juin 2021, une étude intitulée « Exode urbain : impacts de la pandémie de COVID-19 sur les mobilités résidentielles », dont les premières conclusions (exploratoires) sont disponibles.
Les premiers travaux montrent, que la pandémie de Covid-19 n’a pas bouleversé de fond en comble les structures territoriales françaises qui restent marquées par la centralité des grands pôles urbains. Largement et bruyamment annoncé dans la presse et certains discours d’élus (pour l’espérer ou le craindre), l’exode urbain ne semble pas, pour l’instant, revêtir un caractère massif. Est-ce à dire que rien ne se passe dans les trajectoires résidentielles depuis le début de la crise sanitaire ? Les travaux menés repèrent des signaux faibles, qui viennent renforcer et accélérer des phénomènes déjà présents dans les territoires : processus de périurbanisation – qui s’étend à d’autres territoires et devient une « méga-périurbanisation » –, de « renaissance rurale », de renforcement de l’attractivité des espaces de villégiature, au coeur de circulations résidentielles entre bi-résidentialité et habiter polytopique. La sociologie des ménages engagés dans une démarche d’exode urbain est diverse et recoupe des réalités socio-économiques et spatiales variées. La pandémie fait néanmoins ressortir un nouveau modèle d’investissement immobilier, à la croisée de réflexes « collapsologiques » - soit en lien avec une anxiété croissante vis-à-vis des évolutions climatiques -, et des stratégies d’extraction de la rente foncière. En creux, dans certains territoires, le risque d’un renforcement de la précarité rurale et des difficultés d’accès au logement pour certaines catégories de la population émerge.
Derrière l’expression « exode urbain » se cacherait donc un double malentendu : d’une part il n’est pas question ici d’un déferlement massif de populations « urbaines » dans les « campagnes », sorte de retour de bâton d’un exode rural qui aurait marqué les mobilités résidentielles au XXe siècle. D’autre part, les premières analyses invitent à saisir la diversité des territoires, y compris urbains : si départs de population il y a, ils sont loin de concerner toutes les catégories de villes.
Résultats de l'étude à télécharger : "Exode urbain : mythe ou réalité ? La pandémie de Covid-19 a-t-elle déclenché le départ des habitants des grandes villes vers les communes rurales ?"
Bienvenue à la restitution de l’étude #Exodeurbain. Au programme : résultats des équipes de recherche et table-ronde acteurs-chercheurs. @FaureDominique, Ministre chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité conclura nos travaux.
— PUCA-POPSU (@popsu_puca) February 17, 2023
? [https:]]... mais aussi à l'échelle régionale et locale avec un "exode urbain" qui est en fait souvent un redéversement sur les campagnes autour des villes comme ici autour de Rennes [https:]] pic.twitter.com/sRaGsE1Tuy
— Sylvain Genevois (@mirbole01) February 20, 2023
Les citadins ont-ils fui a la campagne après le Covid ? Ces cartes ont de quoi surprendre [https:]]
— Le HuffPost (@LeHuffPost) February 19, 2023
Une étude très intéressante à partir des données d'enquête EpiCOV (Inserm-Drees) du printemps 2020. L'article montre que les mobilités résidentielles ne se sont pas limitées aux déplacements "ville-campagne en résidence secondaire" fortement médiatisées pendant le confinement [https:]]
— Sylvain Genevois (@mirbole01) March 14, 2023[#Déménagements]
— Insee (@InseeFr) March 16, 2023
Parmi les #ménages qui quittent les #métropoles, deux profils se détachent : #télétravailleurs d’une part, et #familles avec jeunes enfants d’autre part.
? [https:]] pic.twitter.com/vlYlKQYO9Z
Articles connexesGéographie du monde d'après : assiste-t-on à un "exode urbain" ?
Avec la crise du Covid19, les villes moyennes ont-elles bénéficié d’un regain d’attractivité ?
Quand la crise du Covid-19 bouleverse le marché de l'immobilier aux Etats-Unis
La cartographie des épidémies entre peur de la contagion et efforts de prévention. Exemple à travers la diffusion du coronavirus
Les inégalités sociales et géographiques face aux formes sévères de Covid-19
Comment expliquer les disparités territoriales de vaccinations Covid-19 en France ?
La rhétorique derrière les cartes de propagande sur le coronavirus
La carte, objet éminemment politique : la carte des départements "en alerte" Covid-19
La ville du quart d'heure en cartes et en schémas
- l'interface Soldes Migratoires propose des cartes interactives des soldes migratoires et de leur variation entre plusieurs périodes ;
-
9:28
Cartes et données sur les séismes en Turquie et en Syrie (février 2023)
sur Cartographies numériques
Une série de tremblements de terre de forte magnitude (supérieure à 7,5 sur l'échelle de Richter) a frappé la Turquie et la Syrie le 6 février 2023, causant des destructions massives et faisant plus de 45 000 morts (bilan au 1er mars 2023). Les secousses ont été enregistrées dans une bonne partie de l'Europe et jusqu'au Groenland, avec de nombreuses répliques dans les jours qui ont suivi. Ces séismes se sont produits dans des régions assez démunies, à l'est de la Turquie et au nord de la Syrie.
L'aide humanitaire peine à être acheminée et beaucoup de victimes n'ont pu être secourues. Des immeubles entiers ne respectant pas les normes anti-sismiques se sont effondrés. Le président Erdo?an se retrouve sous le feu des critiques pour avoir approuvé un vaste programme d'amnistie en 2018, qui a régularisé des millions de bâtiments non conformes aux normes sismiques, en dépit des précédents qu'a connus la Turquie en matière de catastrophe (le séisme d'Izmit en 1999 avait fait plus de 17 000 morts). En Syrie, la population, déjà très affectée par la guerre civile, se retrouve dans une situation de vulnérabilité accrue. Dans un contexte géopolitique très difficile à gérer, l'enjeu humanitaire se transforme en enjeu politique.
Face à une catastrophe de cette ampleur, il est important, en tant que géographes, de proposer des pistes d'analyse scientifique et des ressources didactiques qui sortent du catastrophisme ambiant. Ce billet de recension n'a pas vocation à être exhaustif, mais seulement à proposer des ressources pour enseigner. Il vise tout d'abord à distinguer les dimensions de traitement médiatique d'une catastrophe, des pistes d'analyse scientifique en termes d'aléa / risque / vulnérabilité mais aussi d'enjeux (économiques, sociaux, politiques, environnementaux...). Il propose également de montrer l'usage (et les limites) des outils de cartographie numérique pour la mise en visibilité des zones à risques, l'organisation de l'aide humanitaire mais aussi la modélisation et la simulation pour d'autres séismes (notamment à Istanbul).
Données de secousses sismiques enregistrées par l'Observatoire Kandilli et
l'Institut de recherche sur les tremblements de terre (KOERI)1) Traitement médiatique de la catastrophe
« Séismes en Turquie et en Syrie : visualisez l'épicentre et les zones touchées » (Le Monde).
« La Turquie, une longue histoire de séismes dévastateurs » (RFI). Il s'agit du cinquième séisme le plus meurtrier du XXIe siècle (Le Monde-Les Décodeurs).
« Les séismes du 6 février 2023 en Turquie et Syrie » (carte-infographie de Visactu). Voir le graphique des principaux séismes en Turquie depuis 1900.
« En Turquie et en Syrie, secousses sismiques, répliques politiques » (Le Monde). L’acheminement de l’aide à la Turquie et à la Syrie est conditionné à la fois à l’accessibilité des routes, à la météo, mais aussi au morcellement géopolitique de la région. Voir la carte du journal Le Monde et sa présentation par Delphine Papin dans le cadre de l'émission Cartes en mouvement (France Culture).
« Séismes, histoire d'un cataclysme politique » (Radio-France). De Voltaire à Aznavour jusqu’au drame humanitaire qui sévit aujourd'hui en Turquie et en Syrie, les séismes sont toujours, aussi, des cataclysmes politiques.
Les zones touchées par les séismes à l'échelle de la France (France Bleu). Si ce type de comparaison visuelle (#mapcomparison) permet de donner une idée générale de l'importance de la catastrophe, on compare ici des territoires et pas des populations dont la vulnérabilité, rappelons-le, n'est absolument pas la même.
« Comment la Turquie a été secouée par plus de 10 000 répliques depuis le tremblement de terre du 6 février » (Reuters). La datavisualisation proposée par Reuters Graphics permet de comparer quelques grands séismes avec leur nombre de répliques et de montrer que ces dernières peuvent être nombreuses, même si leur intensité décline progressivement. De grandes répliques peuvent se produire, mais elles ne sont pas la norme - et elles deviennent moins probables avec le temps.
La comparaison entre un article du New York Times et un article de la BBC permet d'observer deux types de traitement médiatique : le premier repose plutôt sur des cartes et des données satellitaires (data journalism), le deuxième est basé davantage sur des photographies au sol (visual journalism) à hauteur d'hommes. Dans les deux cas, on observe le rôle important de la géolocalisation. Au delà des images, Reuters propose un storytelling plus pédagogique avec des cartes montrant la fréquence des séismes et des schémas explicatifs concernant les types de failles (voir également cette storymap). Kenneth Field (@kennethfield) compare, à travers une revue cartographique, la manière dont les médias ont cartographié la catastrophe.
Comparateurs d'images aériennes et satellitaires avant et après la catastrophe : images Planet (voir le montage vidéo). Vue avant/après d'un impressionnant glissement de terrain dans une oliveraie près d'Hatay.
Reconstitution par le New York Times des façades de rues d'Antakya en surimpression des images de drones prises après le tremblement de terre. Cela fait penser aux images d'anastylose que l'on trouve d'habitude dans le domaine de l'archéologie (New York Times).
Densité de population et intensité des secousses (carte 3D par @Kontur Inc). Voir également la carte en relief proposée par @Riccarto pour rendre visuellement la forte intensité des séismes.
« Un village syrien d'Idlib emporté par une inondation après l'effondrement d'un barrage » (Arabnews). Voir la cartographie de la zone inondée par l'UNOSAT.
« Séisme en Turquie : un barrage fissuré fait craindre une nouvelle catastrophe » (reportage vidéo TF1-Info)
Séismes et effet de ricochet. Peu relayée pour l'instant, la question de la vulnérabilité des barrages (souvent en terre) en Turquie. Ils pourraient avoir joué eux-mêmes un rôle dans les mouvements tectoniques (Jordan News).
« La ville qui ne s'est pas effondrée : comment Erzin est devenue un refuge après le tremblement de terre en Turquie » (NBCNews). Cette ville de la province de Hatay, dans le sud de la Turquie, n'a subi aucun décès et n'a vu aucun bâtiment s'effondrer du fait de la décision de longue date de ne pas autoriser les constructions qui violent les lois du pays.
« Le président Erdo?an sous le feu des critiques pour avoir supervisé un vaste programme d'amnistie en 2018 ». Ce programme a régularisé des millions de bâtiments non conformes aux normes sismiques du pays, en dépit des précédents en matière de catastrophes (Financial Times). Les amnisties en la matière sont fréquentes en Turquie, surtout à l'approche des élections pour séduire les habitants et les promoteurs. Mais la campagne de régularisation de 2018 était sans précédent : plus de 7 millions de logements devenus "conformes" du jour au lendemain. Jusqu'à 75 000 bâtiments dans la zone du tremblement de terre ont bénéficié d'un tel sursis » (The Guardian).
« Pourquoi l’armée turque a-t-elle si peu réagi et est intervenue aussi tard après les tremblements de terre ? » (Foreign Policy).Si le terme de résilience revêt un sens fort dans le domaine de la géographie des risques, il convient de noter que le terme est récupéré politiquement par Erdogan qui a annoncé un "programme de reconstruction d’urgence et de résilience au profit des provinces sinistrées" (sic). Ce programme prévoit la fin des immeubles de grande hauteur (avec des petites unités limitées à 3 ou 4 étages maximum) ainsi que des études préalables tenant compte des conditions géologiques, géophysiques, géotechniques, hydrogéologiques, sismotectoniques et morphologiques. « Nous ne pouvons laisser nos villes se vider... Nous construirons et remplacerons chaque maison détruite par une nouvelle maison meilleure, plus belle et plus sûre », a déclaré le président de la Turquie.
2) Pistes d'analyse scientifique en termes d'aléa/risque/vulnérabilité et enjeux
« Séismes en Turquie et en Syrie : l'une des pires catastrophes naturelles depuis un siècle » (Radio-France). Avec Leïla Vignal géographe, professeure et directrice du département de géographie à l'École normale supérieure (ENS), spécialiste de la Syrie et du Moyen-Orient.
« Trois questions à Robin Lacassin sur les séismes du 6 février 2023 en Turquie ». Robin Lacassin, chercheur CNRS et géologue à l'IPGP et Université Paris Cité, revient en vidéo sur les mécanismes à l'origine de ces secousses (Chaîne IPGP).
« Séisme en Turquie et en Syrie : où sont les failles ? ». Avec Pascal Bernard, sismologue à l’Institut de physique du Globe de Paris et Michel Campillo, sismologue, professeur à l’Université Grenoble Alpes (Radio-France).
« Turquie / Syrie : les grands séismes de février 2023, entre aléa, risque vulnérabilité et résilience » (Géoimage). Un dossier proposé par Laurent Carroué et Pierre Ferrand à partir d'images satellites interprétées, qui montre que "cette catastrophe n’est en rien fatale ; elle témoigne des profondes impasses d’un modèle de croissance spéculatif, extensif et court-termiste. Elle pose surtout en termes nouveaux la question d’une véritable sortie de crise fondée sur une nouvelle résilience systémique".
« Un séisme qui intéresse autant la politique que la géologie ». Entretien vidéo avec Pierre Raffard qui analyse les conséquences immédiates et à plus long terme de cette tragédie (Société de Géographie).
« Série Turquie, Syrie : après le séisme » (France-Culture). Dans l'épisode 1 ("L’Etat turc face à ses responsabilités"), Yoann Morvan explique qu'"au-delà des bâtiments individuels et commerciaux, un certain nombre d’infrastructures publiques - l’une des fiertés du régime - ont aussi été détruites. Cela pose la responsabilité de l'État car certains bâtiments étaient censés servir de refuge aux populations comme des hôpitaux ou permettre l’arrivée des secours comme l’aéroport d’Antioche ». Pour Gülçin Erdi, « ce séisme est le miroir des dysfonctionnements du régime présidentiel et suscite de nombreuses interrogations sur les conditions de réalisation des élections [présidentielles de mai 2023] notamment dans les régions touchées par la catastrophe ». Pour Nouran Gad, "dans une société déjà en situation de crise économique avec une xénophobie antisyrienne latente, des rumeurs de pillages commises par des Syriens se sont rapidement diffusées et les cas de discriminations ont explosé". Dans l'épisode 2 ("Les sinistrés otages du régime syrien"), Ziad Majed rappelle que "les Nations unies ont souvent eu une politique attentiste vis-à-vis de la Syrie, les négociations avec son allié russe étant très lentes. Là, l’aide est urgente et elle va être nécessaire pendant longtemps sans attendre que la Syrie ou la Russie soient d'accord". Dans l'épisode 3 ("La puissance régionale turque ébranlée ?"), selon Jana Jabbour "ce séisme crée un contraste entre l’efficacité du gouvernement turc et l’apathie des gouvernements arabes en Syrie, au Liban et en Jordanie. Paradoxalement, ce séisme a relancé le débat autour du modèle turc." Pour Aurélien Denizeau, "chacun a des intérêts à envoyer ces aides humanitaires. Elles peuvent favoriser et accélérer la normalisation des relations avec certains États comme l’Egypte, Israël mais aussi l’Arménie. Elles servent aussi à des États comme la Grèce à montrer à l’opinion publique turque qu’on les aide et que les rivalités diplomatiques sont mises en scène par le président Erdogan."
« Séismes, inondations : penser le risque naturel » (France Culture, Géographie à la carte). Pour Magali Reghezza-Zitt géographe spécialiste des risques naturels, de la vulnérabilité urbaine et des stratégies de gestion, « il n'y a pas d'un côté une culture du risque et de l'autre un déni absolu du risque, ce n'est pas si simple. Ce n'est pas parce qu'on connaît le risque qu'on en a une mémoire, ce n'est pas parce que l'on sait en partie comment résoudre le problème que cela va marcher le jour J [...]. Il y a une dimension politique dans la gestion des risques et en amont dans la prévision des catastrophes. Dans certains cas, l'inaction, la non prise en compte des décisions, est un choix. Il y a, dans la catastrophe et l'après catastrophe, un récit de légitimation du pouvoir. Quels que soient les époques et les régimes, dans les Etats modernes et pré-modernes, la sécurité fait vraiment partie des prérogatives régaliennes. [...] Vous acceptez à un moment donné de vivre en société parce qu'un pouvoir vous garantit cette sécurité. Et donc la vacance du pouvoir est quelque chose de terrible qui rompt le pacte social. [...] Vous avez une mise en scène du pouvoir qui va se réaffirmer à travers la gestion de crise...».
Séisme en Turquie : « ce sont 400 kilomètres de faille qui ont été brutalement réactivées » (Futura Sciences). Mustapha Meghraoui, chercheur en paléosismologie à l’université de Strasbourg, apporte des éclaircissements sur ces terribles événements, qui étaient prévisibles en considérant les contraintes tectoniques accumulées.
Les données satellitaires montrent à quel point le séisme de 6,8 qui s'est produit en 2020 était proche géographiquement des récents séismes de 2023 (écart d'environ 55 km seulement entre les deux). Est-ce que l'on aurait pu s'y attendre ? C'est une question sur laquelle de nombreux scientifiques travailleront dans les semaines et les mois à venir (Dr Chris Milliner).
« Temporary seismic quiescence : SE Turkey » (Geophysical Journal). Même si le XXe siècle a été une période d'une relative quiétude, la mémoire du risque est à prendre en compte.
Le professeur de géophysique Diego Melgar (@geosmx) a reconstitué une modélisation 3D des tremblements de terre à partir des enregistrements.
Erdik, M., Tümsa, MBD, P?nar, A., Altunel, E. et Zülfikar, A preliminary report on the February 6, 2023 earthquakes in Türkiye (Tremblor). Le rapport commence par l'étude des mécanismes géologiques, mais aborde ensuite le problème du non respect des règles de construction (d'où des effondrements de bâtiments en crêpes particulièrement meurtriers), l'impact sur les infrastructures (routes, barrages, hôpitaux...), les questions spécifiques liées aux phénomènes de liquéfaction, l'absence de dispositif d'alerte précoce (le séisme a eu lieu de nuit) ainsi que la faible couverture du risque par les assurances (les pertes assurables sont difficiles à estimer mais pourraient dépasser les 4 milliards de dollars). Depuis 2000, l'assurance tremblement de terre est obligatoire pour les habitations privées situées en zones à risque. Elle est couverte par le pool turc d'assurance contre les catastrophes (TCIP, DASK en turc). Le système d'assurance obligatoire contre les tremblements de terre en Turquie devrait permettre de couvrir environ 55 % des bâtiments endommagés. Le pool couvre les montants jusqu'à un certain niveau, mais au-delà l'assurance est facultative et couverte par des assureurs privés.
Rashmin G, Escudero I., Anil O, Edward D-J. & al., Global Rapid Post-Disaster Damage Estimation (GRADE Report), 2023, februar 6, Kahramanmara? Earthquakes, Türkiye Report, Washington, DC (Banque mondiale). Ce rapport de la Banque mondiale estime à plus de 34 milliards de dollars les dommages causés par les séismes en Turquie, soit l'équivalent de 4 % du PIB du pays en 2021. Ce montant pourrait être deux fois supérieur du fait des coûts liés à la reconstruction. Les baisses de PIB dues aux perturbations économiques engendrées par les tremblements de terre en Turquie (plus de 10 000 répliques en un mois) viennnent s’ajouter aux dommages directs.
Taftsoglou M., Valkaniotis S., Karantanellis E., Goula E., Papathanassiou, Preliminary mapping of liquefaction phenomena triggered by the February 6 2023 M7.7 earthquake, Türkiye / Syria, based on remote sensing data (Zenodo). Ce rapport préliminaire sur la cartographie des phénomènes de liquéfaction est basé sur l'imagerie satellitaire optique (imagerie VHR Maxar, Planet, Copernicus Sentinel-2 et autres) ainsi que sur les orthophotos Copernicus Sentinel-1 SAR et UAV. Il cartographie 750 sites avec liquéfaction et étalement latéral. En raison de limitations (couverture de neige, disponibilité en images VHR), la cartographie a été limitée au tremblement de terre M7.7 le long de la zone de faille de l'Anatolie orientale et n'inclut pas la liquéfaction déclenchée par le tremblement de terre M7.6 d'Ekinözü.
Stein, R.S., Toda, S., Özbakir, A. D., Sevilgen, V., Gonzalez-Huizar, H., Lotto, G., Sevilgen, S., 2023, Interactions, stress changes, mysteries, and partial forecasts of the 2023 Kahramanmara?, Türkiye, earthquakes. Selon ce rapport, la rupture de la faille d'Anatolie orientale était prévue par deux études scientifiques depuis 20 ans. Mais aucune des deux études ne donnait de prévision au sens strict. Si les moyens techniques actuels permettent de mesurer les contraintes qui s'exercent sur les failles, il n'est pas possible de dire à quel moment il peut y avoir rupture. Ces deux études identifiaient néanmoins les lieux où un séisme était le plus susceptible de frapper le long de la faille de l'Anatolie orientale (Tremblor).
« Séismes de Turquie du 6 février 2023 : apports de la télédétection » (Planet-Terre). Caractérisation du rejet des failles par interférométrie RADAR et corrélation d’images. Contexte géodynamique de la plaque anatolienne.
3) Cartes et données SIG à visualiser en ligne ou à télécharger
Cartographie préliminaire des ruptures de faille réalisée à partir d'une analyse des données satellitaires post-séisme (USGS). Voir aussi la storymap qui donne l'essentiel des interprétations :
[https:]]Cartographie des zones impactées à partir d'images satellites en open data :
Carte des dommages élaborée par le Jet Propulsion Laboratory de la NASA et le California Institute of Technology en Californie du Sud à partir des images satellites Copernicus Sentinel-1 de l'Agence spatiale européenne (ESA) : [https:]]
[https:]]Images mises en téléchargement par l'Observatoire de la Terre (EOS-RS) et le Centre d'imagerie et d'analyse rapides avancées de Singapour (ARIA-SG) :
[https:]]Données de secousses sismiques enregistrées par l'Observatoire Kandilli et l'Institut de recherche sur les tremblements de terre (KOERI) - Université du Bosphore :
[udim.koeri.boun.edu.tr]Cartes et données SIG mises à disposition par le service de gestion des urgences de Copernicus :
[https:]]
[https:]]Cartographie polygonale des zones impactées à partir de l'analyse des images Maxar (changements entre 2019 et 2023) :
[https:]]Carte d'évaluation des dommages aux bâtiments par Gece Yazilim, Yer Cizenler et ?htiyaç Haritas? :
[https:]]
Il s'agit d'une évaluation préliminaire au 20 février 2023 en fonction du niveau d'endommagement. Il peut y avoir plus de bâtiments endommagés que ceux représentés sur la carte. Cette cartographie d'estimation ne se substitue pas aux enquêtes détaillées qui ont lieu dans un deuxième temps (voir cet article).Une autre application en ligne peut être utilisée en complément. Il s'agit du géoportail de la Turquie qui fournit les images satellites suite aux tremblements de terre :
Carte des risques sismiques en Turquie élaborée en 2018 par l'AFAD (Agence chargée de la gestion des urgences et catastrophes au sein du Ministère turc de l'Intérieur). Destinée à remplacer la carte de 1996 qui n'était plus à jour, cette carte était censée aboutir à un renforcement des règles de construction parasismiques après le terrible séisme d'Izmit en 1999 (17500 morts). Mais l'absence de contrôles en a limité l'application. [https:]]
[https:]]
« Earthquake Insurance in Turkey ». Ce rapport de la Banque mondiale, publié en 2006, cherche à évaluer les critères de prise en charge du risque sismique par les assurances. Suite au séisme de 1999, il s'agit de réévaluer la sinistrabilité à l'échelle de tout le territoire de la Turquie (la carte en 5 zones reprend le même zonage que la carte des risques ci-dessus) : [https:]]
En l'absence de cartographie exhaustive concernant l'âge et la résistance des batiments à l'échelle de la Turquie, on peut néanmoins disposer de ce type de données pour Istanbul. Un article récent, publié en 2022, donne des modèles de simulation en cas de séisme.
Carte mondiale des risques sismiques (Global Earthquake Model). Cette carte de 2018 décrit la distribution géographique de l'accélération maximale du sol (PGA) avec une probabilité de 10 % d'être dépassée dans 50 ans. La carte a été élaborée à partir de modèles probabilistes de risques sismiques développés par diverses institutions et projets à l'échelle nationale et régionale ainsi que par des scientifiques de la Fondation GEM.
La carte interactive de Seismic Explorer permet de visualiser 40 ans d'activité sismique à la surface du globe, avec des informations sur la magnitude, la profondeur et l'emplacement de chaque tremblement de terre enregistré.
La base de données Active Faults of Eurasia (AFEAD), sortie fin 2022, dispose d'une carte interactive. En cliquant sur les failles, on accède à des descriptifs avec les articles scientifiques correspondant.4) Utilisation de la cartographie pour organiser l'aide humanitaire
« La région n'était pas prête à endurer cela : après le séisme en Syrie, le défi des secouristes pour acheminer l'aide humanitaire aux victimes » (France-Info).
« Acheminer l’aide humanitaire en Syrie après le séisme : le casse-tête devenu course contre la montre ». L'article pose plusieurs questions : faut-il rouvrir tous les points de passage, suspendre les sanctions, dépolitiser l'aide ? (RTBF).
« Après la catastrophe, le difficile déploiement de l’aide humanitaire en Syrie et en Turquie » (National Geographic). Au total, la Turquie a reçu des offres d’assistance de 103 pays et a coordonné l’arrivée de 11 320 personnels de 90 pays. […] À l’inverse, en Syrie, peu d’aide gouvernementale a été envoyée dans les zones les plus sinistrées, la région étant sous contrôle rebelle. L’aide bilatérale a été réduite et l’accès des ONG strictement limité.
« Séisme en Turquie : la colère de membres d'ONG empêchés de faire leur travail » (Géo). Dès le 15 février 2023, les autorités turques appliquent brutalement la politique gouvernementale de centralisation du contrôle de l'aide. Les centre de distribution "non-officiels" sont repris en main par de nombreux militaires, forces armées et de police. Plusieurs centres de distribution, pourtant très bien gérés par les Kurdes, sont aussi été fermés par la gendarmerie.
« Craindre le politique : la réponse humanitaire aux catastrophes dites "naturelles" » (Cahiers d'Outre-Mer). "Le rapport des humanitaires au politique lors de la réponse aux catastrophes en zones de conflit : un cercle vicieux ?" Le schéma explicatif proposé dans cet article prend tout son sens si l'on se réfère aux difficultés rencontrées par l'aide humanitaire lors des séismes en Turquie et Syrie.
« Les satellites, précieux alliés dans l’organisation des secours en Turquie et en Syrie » (Le Courrier International).
Cartographie collaborative à partir des données d'OpenStreetMap (HotOsm). Données SIG à télécharger sur le site Data.humdata.org (couches bâtiments, routes, zones peuplées, établissements de santé, ports et aéroports...).
A compléter par les rapports très détaillés du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (UNOCHA) qui publie des bulletins réguliers sur l'impact des séismes en Turquie et en Syrie.
Impact Initiatives est un "think-and-do tank" basé à Genève qui vise à améliorer l'impact de l'action humanitaire. Il montre, par une série de cartes, la grande vulnérabilité et les besoins des personnes résidant dans le nord-ouest de la Syrie.
Comment le système d'information rapide sur les tremblements de terre LastQuake, conçu par des sismologues du Centre Sismologique Euro-Méditerranéen (CESM), et le système de crowdsourcing ont-ils été utilisés immédiatement après le tremblement de terre. Voir le projet « Médias sociaux, sismologie citoyenne et réduction des risques sismiques » (SCOR).
Données de population 2021 de la Turquie par sexe, par âge et par niveaux administratifs sur le site Human data (Hdx).
Articles connexes
Simuler des scénarios de tremblement de terre en utilisant des cartes
Un nouveau modèle de plaques tectoniques pour actualiser notre compréhension de l'architecture de la Terre
Carte-poster des tremblements de terre dans le monde de 1900 à 2018 (USGS)
Cartes-posters sur les tsunamis, tremblements de terre et éruptions volcaniques dans le monde (NOOA, 2022)
Analyser et discuter les cartes de risques : exemple à partir de l'Indice mondial des risques climatiques
Une anamorphose originale montrant l'exposition accrue des populations au risque volcanique
Les éruptions volcaniques et les tremblements de terre dans le monde depuis 1960
-
12:13
Une sélection d'atlas maritimes issus de la Harvard Map Collection
sur Cartographies numériquesLa bibliothèque de l'université de Harvard propose depuis 2015 une sélection d'atlas maritimes représentatifs de l'évolution des techniques de la navigation et de la cartographie entre 1590 et 1735.
Les premiers marins comptaient sur la transmission orale concernant les dangers de la navigation, les méthodes d'orientation et les mouillages le long des routes maritimes. Les Grecs et les Romains ont commencé à codifier ces informations dans des journaux manuscrits (péripli), qui énuméraient les distances entre les ports et les points de repère le long des côtes. Avec les progrès des techniques d'orientation et de navigation en Europe à la fin du Moyen Âge, ces guides textuels ont évolué en cartes portulans qui offraient des outils graphiques pour tracer un cap et suivre un itinéraire côtier. À partir de la fin du XVIe siècle, l'industrie naissante de l'édition cartographique a trouvé un marché réceptif pour les livres de pilotage et les atlas marins, qui ont fourni des collections de cartes détaillées et d'instructions nautiques pour les itinéraires les plus fréquemment empruntés.
- Du miroir de la navigation (1590) - Waghenaer, Lucas Janszoon
Une carte générale de la côte ouest de l'Europe ainsi que 47 cartes détaillées, allant de Cadix au sud à la mer Blanche au nord. Accès au visualiseur.
- Le flambeau de la navigation (1623) - Blaeu, Willem Janszoon
Instruction détaillée sur la navigation céleste; 41 cartes pour l'orientation vers les côtes des Pays-Bas, de la France, de l'Espagne, du Portugal, des îles britanniques, de la Norvège, de la mer Baltique et de la mer du Nord. Accès au visualiseur. A voir également sur Gallica.
- L'ardante ou flamboyante colonne de la mer (1633) - Colom, Jacob
42 cartes couvrant la navigation de la mer Blanche et de la Baltique au détroit de Gibraltar. Accès au visualiseur. A voir également sur Gallica.
- Dell'arcano del mare (1646) - Dudley, Robert
Premier atlas anglais imprimé de cartes marines couvrant toutes les parties du monde connu ; il a été pionnier dans l'utilisation de la projection de Mercator. Accès au visualiseur.
- Atlas marin hollandais (1654) - Wit, Frederik de
Petit atlas marin, allant du Spitzberg au nord au cap de Bonne-Espérance au sud ; il comprend les côtes de l'Europe occidentale ainsi que l'Afrique occidentale et australe, les Caraïbes et la côte est de l'Amérique du Nord, l'Asie du Sud-Est et de l'Est. Accès au visualiseur.
- Le grand & nouveau miroir ou flambeau de la mer (1662) - Pierre Goos
Reproduites ici, les deux premières parties se concentrent sur la navigation de l'ouest et du nord, y compris les îles britanniques, les Pays-Bas, la France, la péninsule ibérique et les îles Canaries. Accès au visualiseur. - De nieuwe groote lichtende zee-fakkel (1734) - Keulen, Gérard van
En son temps, le livre pilote le plus complet disponible. Les deux volumes présentés i
- Du miroir de la navigation (1590) - Waghenaer, Lucas Janszoon