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    Toile géomatique francophone

     
    • sur Contractions hiérarchiques pour le routing

      Publié: 31 January 2024, 7:00am CET par Raphaël Delhome

      Avec le temps, Oslandia a pu appliquer son expertise SIG de nombreuses fois dans le domaine des transports, et plus particulièrement, celui des calculs d’itinéraires. Si le développement logiciel et les bases de données sont nos portes d’entrée naturelles dans la thématique, nous ne perdons pas de vue les questions algorithmiques !

      Ainsi, nous nous intéressons depuis peu à l’algorithme-roi dans la discipline, permettant d’atteindre des performances en temps de calcul parmi les plus intéressantes : les Contractions Hiérarchiques.

      Les Contractions Hiérarchiques, qu’est-ce que c’est ?

      L’algorithme des Contractions Hiérarchiques repose sur une phase de pré-traitement permettant d’accélérer drastiquement les requêtes de plus court chemin.

      Les caractéristiques principales de cet algorithme sont les suivantes :

      • Des arcs virtuels, dits « raccourcis », sont définis pour compacter l’information contenue dans le graphe. Les noeuds court-circuités par ces raccourcis sont dits « contractés ».
      • Les noeuds sont classés par ordre d’importance pendant le pré-traitement, de telle façon que les noeuds les plus hauts dans la hiérarchie seront les plus susceptibles d’être empruntés par les meilleurs chemins (typiquement, des grands carrefours urbains ou des sections autoroutières fréquentées), et les moins susceptibles d’être contractés.
      Séquences de noeuds et besoin de raccourcis

      Mécanisme de création de raccourcis : on contracte un noeud intermédiaire « u » uniquement s’il est plus bas que la source « s » et la destination « d » dans la hiérarchie « l », et s’il n’existe pas de meilleur chemin alternatif « P » (cas (c) et (g)).

      • La recherche de plus court chemin exploite la hiérarchie des noeuds et les raccourcis définis pendant le pré-traitement, et se découpe en deux composantes : une recherche en avant à partir de la source, et une recherche à rebours à partir de la destination. Ces deux composantes convergent au plus haut niveau dans la hiérarchie des noeuds.
      Chemins et hiérarchie

      Type de chemin mis en valeur par la procédure des contractions hiérarchiques, entre une source « s » et une destination « d »

      Est-ce utilisable dans une base de données PostgreSQL ?

      Il existe des implémentations des Contractions Hiérarchiques dans plusieurs projets Open Source. Citons par exemple RoutingKit, un projet initié par l’équipe de recherche à l’origine des Contractions Hiérarchiques, ou encore le projet OSRM.

      Côté PostgreSQL, le moyen le plus rapide pour bénéficier des algorithmes de routing est l’extension pgRouting. Malheureusement, cette extension n’inclut aujourd’hui pas les Contractions Hiérarchiques.

      PgRouting propose toutefois des algorithmes de contraction plus légers, qui permettent de gérer les impasses ainsi que les corridors (enchaînement de tronçons consécutifs sans carrefour).

      Graphe exemple pour les contractions dans PGRouting

      Dans cet exemple tiré de la documentation de pgRouting, le noeud 1 sera par exemple contracté en temps qu’impasse, et le noeud 8 en temps que corridor.

      Pour l’illustration, un test grandeur nature sur les données de la BDCarto pour la France métropolitaine peut être effectué. Le graphe de départ contient environ 1.12M noeuds et 1.65M arcs. Après application de ces deux types de contraction, le graphe résultat comporte environ 0.86M noeuds et 1.48M arcs, soit des réductions de respectivement 22.9 % et 10.2 %.

      Exemples de contraction sur la BDTopo

      Exemples de résultat des contractions sur la BD Carto, en rouge le réseau avant traitement et en noir après

      Les gains de temps de calcul à attendre sont donc limités avec un algorithme de type Dijkstra, au maximum de l’ordre de 30 %. Les contractions hiérarchiques, elles, permettent des améliorations bien plus importantes, et constituent donc une contribution de choix dans pgRouting.

      Oslandia, Open source et Contractions Hiérarchiques

      Comme évoqué dans un précédent article, Oslandia consacre des jours de développement aux projets Open Source de l’écosystème SIG. pgRouting entre pleinement dans ce cadre, et l’intégration des Contractions Hiérarchiques dans cette extension PostgreSQL nous apparaît comme un challenge particulièrement attrayant !

      Si vous êtes intéressés par le sujet, et que vous souhaitez nous accompagner dans cette aventure, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse [info@oslandia.com] !

    • sur Atlas du nucléaire et cartographie engagée. L'exemple de l'Atlas populaire du Colorado nucléaire

      Publié: 30 January 2024, 8:01am CET

      A People's Atlas of Nuclear Colorado invite les utilisateurs à explorer les géographies du nucléaire, les questions politiques, les réponses artistiques et les réflexions personnelles et universitaires sur le complexe nucléaire américain. Le Colorado constitue un microcosme pour étudier l’appareil nucléaire des États-Unis. A partir des années 1940 et pendant la guerre froide, cet État a connu l’exploitation minière de l’uranium, le traitement du plutonium, l'implantation de postes et laboratoires de défense souterrains, de bases aériennes, de bases d'essais et d'entraînements nucléaires, ainsi que le déversement puis l'oubli des déchets. L'Atlas utilise le cycle du combustible nucléaire comme cadre conceptuel et principe organisateur. Il documente les sites et développe les problèmes soulevés par l'extraction et le traitement du minerai, le raffinage et la fabrication de composants nucléaires, l'assemblage et le déploiement d'armes, ainsi que le stockage, la dépollution et la surveillance des déchets. 

      Cet Atlas engagé se propose d’explorer le côté obscur de ces activités : les travailleurs malades, les rivières polluées, les économies en expansion et en récession et le problème insoluble des déchets nucléaires. Les radiations demeurent un risque omniprésent et le danger intrinsèque du cycle nucléaire jette une ombre sur les promesses optimistes d’une énergie illimitée. Là où il y a de l'exploitation minière et du broyage, il y a des morts-terrains et des expositions au risque ; là où il y a production, il y a friction ; là où il y a la glorification de grands projets, il y a des déchets avec de nombreux impacts sur la santé environnementale. 

      Un Atlas de réflexion critique sur le nucléaire à explorer à partir du cycle du combustible(source : A People's Atlas of Nuclear Colorado)


      Édité par Sarah Kanouse et Shiloh Krupar et comptant plus de quarante contributeurs à ce jour, cet Atlas en ligne cherche à rassembler diverses manières de percevoir, de comprendre et de réagir à l’héritage nucléaire. Il restitue le contexte géographique des sites nucléaires avec des images d'archives, des illustrations, assorties de nombreuses références et études scientifiques. Les dossiers thématiques abordent l’histoire, la politique, la gouvernance et les facteurs géologiques et environnementaux liés au nucléaire. Il offre un aperçu scientifique de ces héritages, faisant ressortir la complexité et éclairant les controverses qui persistent encore aujourd'hui. S'opposant à la tendance des politiques et de la recherche universitaire à l'abstraction, l'Atlas comprend des récits personnels et des réponses artistiques qui situent le nucléaire dans l'expérience vécue, matérielle et sensorielle. Presque chaque élément de contenu réapparaît au cours du chemin proposé, offrant à l’utilisateur de multiples points d’entrée dans le réseau de complexité, de controverse et de connexion qui est une caractéristique déterminante de la condition nucléaire. 

      Accès direct à la carte interactive de l'Atlas documentant chaque site nucléaire
      (source : A People's Atlas of Nuclear Colorado)


      L'Atlas populaire du Colorado nucléaire se veut être une ressource numérique vivante. Il souhaite s'associer à des éducateurs, des musées et des organisations locales pour compléter le nombre de sites et élargir les perspectives qu'il contient. En tant que document évolutif, il peut insuffler au débat souvent abstrait sur la politique nucléaire et son héritage environnemental des formes humanistes d’enquête et d’engagement du public. En fin de compte, l'Atlas entend être une plate-forme engageante et inclusive permettant aux membres de la communauté, aux universitaires, aux anciens combattants, aux travailleurs, aux artistes et aux activistes de façonner l'héritage des armes nucléaires au Colorado grâce à une interprétation continue et active.

      Pour compléter 

      « Three Nuclear Atlases and their Worlds : A Response to A People’s Atlas of Nuclear Colorado » (Society and Space). "Les atlas populaires peuvent être déroutants ou illisibles si vous commencez par chercher la carte du monde". L'article replace l'Atlas populaire du Colorado nucléaire dans le double héritage de la cartographie populaire comme par exemple l'Atlas de stratégie mondiale. Guerre et paix à l'ère du nucléaire de Lawrence Freedman paru en 1985 et dans celui de la cartographie radicale telle que représentée par l'Atlas de la guerre nucléaire de William Bunge publié en 1988.
      « The Nuclear War Atlas » de William Bunge (American Geographical Society Library Digital Map). La carte a été publiée pour la première fois sous forme d'affiche recto-verso en 1982 par la Society for Human Exploration et a été réédité sous forme de livre en 1988. L' Atlas de la guerre nucléaire reste « l'un des exemples les plus célèbres de lutte sociale radicale et de cartographie engagée de l’après-guerre » (Barnes, 2021).
      « The Cold War. Defence and Deterrence » (OTAN). Sur les représentations de la course aux armes nucléaires et "l'équilibre de la terreur", voir les documents déclassifiés sur le site de l'OTAN.
      « Bending Lines : Maps and Data from Distortion to Deception » (Leventhal Map & Education Center at the Boston Public Library, 2020).
      « Cartographier la guerre nucléaire avec William Bunge » par Alexandre Chollier (Visionscarto, 2017).
      « Atlas mondial de l’uranium. Faits et données relatifs à la matière première de l'ère atomique » publié en 2022 par la fondation Rosa-Luxemburg, la fondation Nuclear-Free-Future et le Réseau "Sortir du nucléaire" (à télécharger en pdf).


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    • sur La France, l’Allemagne et l’Europe : le regard d’un ambassadeur

      Publié: 29 January 2024, 10:48pm CET par r.a.

      Les relations internationales sont l’objet de nombreuses études de journalistes, de politologues et d’historiens. Mais le témoignage des diplomates, participants discrets aux négociations entre les Grands, est précieux. Claude Martin, notre intervenant, a œuvré à la tête de deux ambassades prestigieuses à Pékin et à Berlin.

      Claude Martin et Henry Jacolin au Flore (photo de Micheline Huvet Martinet)

      Mardi 19 décembre Claude Martin (C.M) qui fut ambassadeur de France en Chine (1990-93) puis ambassadeur de France en Allemagne (1999 – 2008) est venu au Flore faire part de sa vision personnelle du rapport entre la France, l’Allemagne et l’Europe.

      Passionné très jeune par l’Allemagne et sa culture au point de parcourir à vélo l’été de ses 14 ans la distance entre Chambon sur Lignon et Francfort afin de de visiter la maison natale de Goethe, il découvre alors la langue, la culture et les qualités de ce pays encore maudit à l’époque.

      Après lEP, l’ENA et l’INALCO (où il étudie le chinois et le russe) il gravit les échelons diplomatiques jusqu’à devenir ambassadeur de France en Chine, expérience racontée dans son livre La diplomatie n’est pas un dîner de gala. Au retour de Chine il constate les désaccords entre la France et l’Allemagne, situation qu’il regrette.  Il est devenu ambassadeur de France à Berlin à la demande de J.Chirac. C’est ce qu’il raconte dans son dernier livre intitulé Quand je pense à l’Allemagne la nuit (titre tiré des premiers vers des Poésies nocturnes de Heine en exil à l’époque à Paris), ouvrage dont il va tirer les éléments pour traiter le thème du jour.

      D’emblée Claude Martin tient à dire que les deux livres se tiennent. Il les a écrits comme un récit, un témoignage de ce qu’il a vu personnellement même si avec le recul certains peuvent considérer qu’il a fait preuve d’un excès de candeur. Il dresse également le portrait des personnages qu’il a connus.

      Il montre dans son premier livre comment la Chine était devenue puissante et comment l’Europe n’avait pas su répondre à ce défi. Il explique ensuite que dans son 2e livre il a voulu se concentrer sur l’Europe car après avoir consacré 25 ans de sa vie à la Chine, il a passé 25 ans à participer à la construction européenne à partir de l’Allemagne autour de ce qu’on appelle le couple franco-allemand en se demandant pourquoi l’Europe n’a pas été au RDV face au défi chinois qui nous pressait d’organiser la construction européenne.

      Dans cet avant-propos, il dit à deux reprises que le but de la construction européenne était le rapprochement des peuples et que la réconciliation franco-allemande à laquelle il a cru et participé dans le cadre de négociations très difficiles l’a déçu. Ce sont les difficiles relations franco-allemandes qui sont à l’origine de bien des dysfonctionnements car la France et l’Allemagne auraient dû être davantage un moteur pour exercer une dynamique positive dans la construction européenne surtout au moment des élargissements. C.M a suivi dès le début toutes les étapes de la réconciliation franco-allemande contemporaine de la construction de l’Europe. Il dit que le défi chinois aurait dû inciter l’Europe à mieux s’organiser dans sa construction. C.M considère que de ce point de vue, il s’agit d’un échec et s’interroge sur ses raisons. Préalablement il précise deux points. Le récit qui s’arrête à son départ de Berlin est un témoignage personnel dont le but est de susciter l’opinion du lecteur. Le terme « couple franco-allemand » n’est pas approprié : il vaut mieux parler de « moteur ». Il n’y a pas eu de couple mais des couples selon les époques en fonction des réactions personnelles entre les dirigeants des deux Etats.

      Les rapports France-Allemagne et la construction de l’Europe au fil de la succession des couples.

      Le premier couple De Gaulle-Adenauer est celui de la réconciliation. C.M a vécu avec beaucoup de passion les épisodes qui ont mené au traité de 1963. Avec K.G. Kiesinger en 1966, De Gaulle n’a plus vraiment de partenaire. Un peu plus tard le couple Pompidou-Willy Brandt a vu l’émergence du rôle de la Grande Bretagne. Pompidou était plus méfiant vis-à-vis de W. Brandt dont on connaissait mal le passé. Il a commencé à mener son Ostpolitik, ce qui amène Pompidou à regarder vers un contrepoids en ouvrant les négociations avec la Grande-Bretagne que De Gaulle avait refusées par deux fois car il considérait qu’elle n’était pas prête. C.M a été chargé du dossier. Après 3 ans, les pourparlers aboutissent. C.M avait pu constater la bonne foi de la G.B qui était décidée à participer à la construction européenne ce qui, pour lui, était un bon point car la G.B pouvait être un complément de l’Allemagne et non un contre-feu. C.M considère qu’au fur et à mesure des élargissements qui se concrétisaient il fallait plus qu’un duo. Un trio avec la G.B serait un moteur positif.

      Ensuite le couple V. Giscard d’Estaing-H. Schmidt fonctionne bien. Ils sont tous les deux d’anciens ministres des finances et ont une vision de l’Europe. Il y a une complémentarité de caractères des deux hommes, entre la superbe de VGE et la simplicité de H. Schmidt qui est un homme solide, ni keynésien, ni libéral qui pense qu’il faut faire des investissements et faire du déficit (il passe alors pour un hérétique) et sait tenir tête à Nixon au moment où celui-ci abandonne l’étalon-or (1991). Ce fut le meilleur couple de tous car il avait le souci commun de la solidarité, du soutien aux faibles et non pas celui de la rigueur. Les années VGE- H.M sont les « années d’or » des relations franco-allemandes et de la construction européenne grâce à un vrai souci de solidarité de l’Allemagne vis-à-vis de ses partenaires.

       La relation F. Mitterrand-H. Kohl, qui laisse un souvenir positif est en fait beaucoup plus compliquée mais les deux dirigeants en tirent avantage ce qui facilite le tournant de la rigueur et leur accord sur le choix de J.Delors à la tête de la Commission européenne. J.D sera la « cheville ouvrière » des relations entre les deux hommes. Mitterrand détestait Schmidt, ce socialiste qui lui donnait des leçons de rigueur budgétaire et l’arrivée de Kohl a été une « bénédiction » pour lui. En effet Kohl qui n’est pas un intellectuel, admire Mitterrand et a besoin d’une entente avec la France pour poursuivre sur la lancée de VGE/ H.S. Les deux hommes se comprennent et savent faire les compromis nécessaires face à M. Thatcher. En 1989, après la chute du mur, les choses changent. La réunification inquiète le président français qui redoute que l’Allemagne ne soit tentée par le retour à l’idée d’un espace vital. Mitterrand veut arrimer l’unification allemande à la construction de l’Europe et pratiquer une ouverture commune vers l’Est. D’où Maastricht dont le contenu est beaucoup plus favorable à l’Allemagne qu’à tous les autres pays car les négociations ont été menées à un moment où ce pays avait pris du poids.

      Selon C.Martin la politique extérieure de l’époque aurait dû être prioritaire. Mais la France se focalise sur la création de la monnaie européenne alors qu’en réalité le vrai problème était la mise en place d’une politique extérieure commune de l’Union. Les Allemands pensent que dans ce domaine il faut pratiquer la recherche du consensus, et « l’abstention positive » en cas de désaccord, alors que la France qui possède l’arme nucléaire et un siège au conseil de sécurité de l’ONU n’accepte pas de s’aligner sur cette position. Finalement toutes les négociations vont se concentrer sur la monnaie. Au même moment, dans l’éclatement de la Yougoslavie, l’Allemagne va jouer le premier rôle en reconnaissant l’indépendance de la Croatie pour plaire aux électeurs bavarois. Après, l’Europe a essayé d’apporter la paix mais n’y est pas parvenue. Elle n’a pas empêché la guerre et l’éclatement de la Yougoslavie.

      Le processus européen se poursuit en élargissant considérablement le champ de coopération entre les Etats, notamment sur les plans diplomatique et judiciaire. C.M considère que l’élargissement a été trop important en intégrant des pays microscopiques dont certains, issus de l’ex bloc soviétique, sont dirigés par d’anciens dirigeants communistes devenus ultra- libéraux et entourés de conseillers américains. En entrant dans l’Europe, ils veulent surtout entrer dans l’OTAN pour assurer leur sécurité militaire. C.M qui a mené les négociations a pu constater que ce qui motivait ces nouveaux entrants n’était pas d’appliquer les règles communes et d’affirmer la puissance européenne dans le monde.  En réalité, ils veulent intégrer plus entrer le camp occidental pour mettre un mur entre eux et la Russie. Dans ces négociations qu’il a menées, C.M reconnait que la coopération franco-allemande a bien fonctionné dans le cas de la Pologne. Les négociations ont duré cinq ans dans le cadre du « triangle de Weimar ». Tout a été accéléré en 2004 pour l’entrée dans l’U.E. des dix nouveaux venus de l’Est et du Sud.

       G.Schröder, le successeur de H. Kohl, est hostile à la PAC qu’il trouve trop favorable aux agriculteurs français et s’appuie sur Tony Blair pour réduire la place de la France, ce qui met J.Chirac mal à l’aise car il avait bien conscience de la popularité de H.Kohl. Les relations Schröder-Chirac sont d’abord conflictuelles et même deviennent violentes lors d’un conseil européen à Nice où les deux protagonistes se quittent sans se serrer la main. C’est George W. Bush qui permettra de nouveau la reprise de relations plus cordiales entre J.Chirac et G.Schröder qui s’opposent à la guerre en Irak.  A partir de là C.M en poste à Berlin voit se développer une relation de confiance et d’affection entre J.Chirac et G.Schröder qui prennent l’habitude de se téléphoner souvent. C.M voit deux limites à cette relation : G. Schröder fait des réformes courageuses qui font souffrir ses électeurs en misant sur des résultats positifs à terme dans l’espoir d’être réélu (ce qui ne sera pas le cas en 2005) alors qu’en France, J. Chirac, au pouvoir jusqu’en 2007, ne fait pas les réformes nécessaires ce qui a créé un déséquilibre surtout économique entre les deux pays.

      Angela Merkel que C.M connait bien pour avoir négocié avec elle le protocole de Kyoto, poursuit la politique de G.Schröder et progressivement noue une bonne relation avec Jacques Chirac qu’elle admire pour son expérience et son audience internationale,  lequel le lui rend bien en ayant de l’admiration pour une femme capable de s’imposer à la CDU et à la chancellerie.

      Avec N. Sarkozy, ce sera « effroyable » et comme le dit N.Sarkozy dans ses mémoires la relation avec Angela Merkel a été « un long chemin de croix ». Dès le départ, elle ne pouvait pas le supporte car C.M pense qu’elle avait espéré l’arrivée de Villepin pour qui elle avait une grande estime. De plus, Obama sème la division dans le couple franco-allemand en rendant de fréquentes visites à Angela Merkel qu’il considère comme le pilier de l’Europe. Le problème des relations avec la Russie et l’Ukraine s’est très vite posé. Alors que Jacques Chirac et Gerhard Schröder pensaient qu’il fallait négocier à deux avec Poutine pour encourager une politique de « bon voisinage », à partir de 2006-2007, les pays de l’ex bloc soviétique récemment entrés dans l’UE, préfèrent privilégier les relations avec l’Ukraine. Dans le même temps, N.Sarkozy  décidait la ré-intégration de la France dans le commandement militaire de l’OTAN dans laquelle G.W Bush voulait faire entrer l’Ukraine. N.Sarkozy était pour mais Merkel contre. Il est finalement décidé en 2008 que « l’Ukraine sera un jour membre de l’OTAN ». Pour C.M, c’est le début de l’engrenage infernal du problème ukrainien. Les mauvaises relations N.S/A.M ne le sont pas seulement sur le plan personnel mais elles le sont aussi sur le fond car les positions ne sont plus les mêmes : en effet Angela Merkel veut poursuivre sa politique allemande active vers l’est.

      A partir de 2012, les relations personnelles de François Hollande et Angela Merkel sont aussi très mauvaises alors que les économies allemande et française continuent de diverger davantage.

      E. Macron intéresse A. Merkel un temps, mais ses deux discours de la Sorbonne et de la Pnyx brisent son image. Les Allemands, plus préoccupés par le déficit français, comprennent mal les ambitions européennes d’E. Macron qu’ils prennent pour un intellectuel. La compétition Macron-Merkel est avivée par l’arrivée de Donald Trump, anti-allemand que Macron « cajole » dans un premier temps.

      Conclusion : le point de vue de C.M sur les leçons à tirer :

      • L’Europe depuis l’après-guerre, c’est, dans la continuité de la déclaration Schumann de 1950, celle de la réconciliation France-Allemagne
      • Peu de politiques communes ont été menées en dehors de la PAC. Ce sont les Allemands qui ont poussé aux convergences budgétaires et monétaires.
      • Il n’y a pas eu de solidarité franco-allemande forte car ces deux pays ont été progressivement « noyés » dans un cercle de plus en plus large et hétérogène avec des pays de plus en plus prêts à contester le couple franco-allemand à l’image de ce que pensent souvent les Polonais.
      • Le Brexit a été très dommageable
      • L’Europe actuelle est très éloignée du rêve originel. Elle peut être un facteur de divisions entre ses membres comme on l’a vu au moment de la guerre de Yougoslavie ou au moment du Brexit avec les positions de l’Ecosse et de Irlande.
      • L’entreprise initiale de rassembler les peuples a vu les liens entre ceux-ci se distendre par l’exaspération entre ses membres. Il aurait fallu imposer des règles plus strictes de solidarité et notamment l’interdiction de sortir de l’Union après y être entré.
      • L’UE n’a pas de politique étrangère. A 27 membres, l’Europe est impotente et la conduite d’une politique extérieure commune est impossible car il faut de la souplesse. Il n’y a pas de politique commune ni vis-à-vis de l’Ukraine, ni dans le conflit israélo-Hamas.
      • L’Allemagne est très frustrée, voire irritée de ne pas siéger au Conseil de sécurité de l’ONU alors que c’est le cas de la France

      Questions de l’auditoire

      Elles ont permis à C M d’apporter les précisions, les explications et les compléments suivants :

      • Le Brexit est catastrophique car le trio France-Allemagne-G.B. était très opérationnel dans certains dossiers. Les Anglais étaient franchement pro-européens au moment de leur entrée. C.M. pense qu’on a commis des erreurs à leur égard en se faisant parfois entrainer par l’Allemagne. On a sans doute imposé des règles trop communautaires. L’Europe est devenue progressivement « à la carte » pour les Anglais.
      • La coopération diplomatique n’a rien à voir avec la coopération économique et commerciale. La politique étrangère demande de la discrétion et du poids. La diplomatie c’est l’art du sur-mesure, donc c’est la spécialisation. Il faut connaitre les interlocuteurs, parler leur langue. La diplomatie c’est la continuité. Il ne faut pas briser du jour au lendemain des grandes alliances.
      • Toute la construction européenne est fondée sur le respect des intérêts nationaux. Le problème en ce moment, c’est l’exacerbation des nationalismes.
      • Les Italiens sont les plus européens de tous les Européens, mais de façon passionnée et presque doctrinale. Il faut aussi compter avec la fierté et l’instabilité italiennes car les Italiens se comparent toujours aux Allemands. L’échec du traité d’Amsterdam en 1997 pour former une espèce de conseil de sécurité à quatre (Allemagne, France, Italie, Grande Bretagne) plus l’Espagne et la Pologne est lié en partie à l’attitude nationaliste de l’Italie qui s’est emportée contre l’Espagne.
      • L’Allemagne doit être connue. Il faut parler l’allemand. L’Allemagne a toujours des gouvernements de coalition et donc il faut en tenir compte quand on négocie. Il faut toujours avoir en tête que l’industrie est capitale pour elle et que cela interfère dans sa diplomatie.

      C’est là que Claude Martin termine sur une pirouette : « Il faut faire des Airbus dans tous les domaines car là on a un intérêt commun ».

          Marie-Thérèse Le Corre           janvier 2024

    • sur Iota2 can also do regression

      Publié: 29 January 2024, 5:09pm CET par fauvelm

      Iota2 is constantly evolving, as you can check at the gitlab repository. Bugs fix, documentation updates and dependency version upgrade are done regularly. Also, new features are introduced such as the support of Landsat 8 & 9 images, including thermal images, or for what concerns us in this post, the support of regression models.

      In machine learning, regression algorithms are supervised methods1 used to estimate a continuous variable from some observations (see more here: [https:]] ). In remote sensing, regression is used to recover biophysical or agronomic variables from satellite images. For instance, it is used in SNAP ( [https:]] ) to estimate LAI from Sentinel-2 surface reflectance.

      At the beginning, iota2 was designed to perform classification (estimation of categorical values) whose framework shares a lot with regression but has also some significant differences. To cite the main ones: the loss function as well as how the data are split differ between classification and regression. Some other differences may exist depending on the algorithm. Fortunately, since the end of 2023, iota2 is also able to perform regression with satellite image time series.

      In this post, we are going to illustrate the workflow of the regression builder on a simple case: estimate the red band value of one Sentinel-2 date having observed other Sentinel-2 dates. Full information can be found in the online documentation: [https:]] .

      1. Iota2 configuration 1.1. Data set

      To illustrate iota2 capability, we set-up the following data set: One year of Sentinel2 data over the tile T31TCJ, starting on the 2018-02-10 until the 2018-12-10, from which we try to infer the red band of 2018-12-17. Yes, it is not a real problem but since Sentinel2 data are free and open-source, we can put online this toy data to let you reproduce the simulation: [https:]] .

      The area in pixel size is 909*807, see figure below. We have randomly extracted pixel values from the red band for training and validation and put everything in a shapefile.

      emprise.png

      Figure 1: Area of interest (background image © OpenStreetMap contributors)

      1.2. Configuration file

      As usual with iota2, the configuration file contains all the necessary information and it is very similar to what is required for classification (see [https:]] for a more detailed discussion on the configuration file). We use the following one

      chain:
      {
          s2_path: "<<path_dir>>/src/sensor_data"
          output_path: "<<path_dir>>/Iota2Outputs/"
          remove_output_path: True
          list_tile: "T31TCJ"
          ground_truth: "<<path_dir>>/src/vector_data/ref_small.shp"
          data_field: "code"
          spatial_resolution: 10
          proj: "EPSG:2154"
          first_step: "init"
          last_step: "validation"
      }
      
      arg_train:
      {
          runs: 1
          ratio : 0.75
          sample_selection:
          {
              "sampler": "periodic",
              "strategy": "all",
          }
      }
      scikit_models_parameters:
      {
          model_type:"RandomForestRegressor"
          keyword_arguments:
          {
              n_estimators : 200
              n_jobs : -1
          }
      }
      python_data_managing:
      {
          number_of_chunks: 10
      }
      builders:
      {
          builders_class_name: ["i2_regression"]
      }
      sentinel_2:
      {
          temporal_resolution:10
      }
      
      1.3. Results

      146,579 pixels were used to train the random forest with 200 trees, and 48,860 pixels were used as test samples to compute the prediction accuracy. Iota2 returns the following accuracy results for the test set (we normalize the data to have reflectance and not digital number):

      max error mean absolute error mean squared error median absolute error r2 score
      0.200 0.005 6.383e-5 0.003 0.894

      Well, the results are good ? Given one year of data, it is possible to infer most of the pixel values 7 days later. Congrats iota2 !

      If we look at the map, we can see that most of the errors are made over areas with light clouds. It would have been the case also for areas with rapid changes since we have done nothing particular to deal with changes in the regression set-up. Figures below show the true red band, the estimated one and the prediction error, computed as the normalized absolute error.

      true.png

      Figure 2: True Sentinel-2 red band.

      pred.png

      Figure 3: Predicted Sentinel-2 red band.

      error.png

      Figure 4: Prediction error in percentage; \(\frac{|true-pred|}{true}\).

      2. Discussion

      Iota2 offers many more possibilties, as for the classification framework: multi-run, data augmentation or spatial stratification for instance. The online documentation ( [https:]] ) provides all the relevant information: please check it if needed.

      In this short post, we have used random forest, but other methods are available, in particular deep learning based methods. For now, it is possible to regress only one parameter at time. A possible extension would be to regress several variables simultaneously.

      This new feature has been used to map moving date of permanent grasslands at the national scale for year 2022. This work is in progress, but you can see current results on zenodo (draft map: [https:]] ). Iota2 has simplified greatly the production of such large scale map.

      3. Acknowledgement

      Iota2 development team is composed of Arthur Vincent and Benjamin Tardy, from CS Group. Hugo Trentesaux spent 10 months (October 2021 – July 2022) in the team and started the development of the regression. Then, Hélène Touchais continued the IT developments since November 2022 and has concluded this work at the end of 2023.

      Developments are coordinated by Jordi Inglada, CNES & CESBIO-lab. Promotion and training are ensured by Mathieu Fauvel, INRAe & CESBIO-lab and Vincent Thierion, INRAe & CESBIO-lab.

      The development was funded by several projects: CNES-PARCELLE, CNES-SWOT Aval, ANR-MAESTRIA and ANR-3IA-ANITI with the support of CESBIO-lab and Theia Data Center. Iota2 has a steering committee which is described here.

      We thank the Theia Data Center for making the Sentinel-2 time series available and ready to use.

      Footnotes:

      1

      Need some ground truth.

       

    • sur BIM World les 3 et 4 avril 2024

      Publié: 29 January 2024, 12:00pm CET par Caroline Chanlon

      Oslandia vous donne RDV au BIM World les 3 et 4 avril 2024 à Paris Expo, Porte de Versailles sur le Hub open source Systematic.

      Ce salon, dédié à la construction numérique et digital building, est l’occasion pour Oslandia de présenter des projets et des compétences des équipes dans ce domaine.

      A noter qu’en 2023, Oslandia avait remporté les Trophées des Jumeaux Numériques pour le projet Giros360 réalisé avec EGIS pour le Grand Port Maritime de Bordeaux.

      Ces Trophées, décernés par un jury d’experts, valorisent les développements remarquables dans les secteurs de la construction, de l’immobilier et de l’aménagement urbain.

    • sur La projection Peters, toujours aussi mal aimée ?

      Publié: 26 January 2024, 12:50pm CET

      Sur son blog Mapping as Process, Matthew Edney consacre un long billet à Arno Peters et son travail cartographique. Pour rappel, le cartographe Arno Peters (1916-2002) a cherché à créer une nouvelle projection cartographique du monde afin de donner un poids égal aux surfaces des continents et favoriser l'image d'un monde équitable. C'est la publication de sa carte dans le rapport de Willy Brandt paru en 1980 qui a contribué à faire connaître la projection Peters dans la perspective d'une nouvelle vision des rapports Nord-Sud.
      Page de couverture du rapport « Nord-Sud : un programme de survie, par la
      Commission indépendante sur le développement international » (1980)

      Bien que la projection Peters, très populaire dans les années 1980, soit « largement tombée en désuétude et que ses arguments spécifiques se soient révélés pour le moins tendancieux », il s'agit pour Matthew Edney de replacer le cartographe et son oeuvre dans son contexte. Son article se présente comme « une tentative d'organiser les informations sur Peters d'une manière qui a du sens, c'est-à-dire de manière historique ». Pour rappel, Matthew Edney est un historien très connu de la cartographie. Il est l'auteur de nombreuses publications dans ce domaine et a notamment dirigé le volume 4 de la monumentale History of Cartography publiée aux presses de l'Université de Chicago.
      L'article s'organise autour de 7 points destinés à présenter la vision du cartographe et à discuter les arguments qu'il a mis en avant pour défendre l'idée d'une projection plus équitable du monde. La perspective de l'article est assez critique et cherche à déconstruire ces arguments (un point de vue à discuter).
      1. Arno Peters (1916-2002)

      Il s'agit d'abord de rappeler brièvement la biographie de l'auteur qui est né et a grandi à Berlin au sein d’une famille de communistes alignés sur le groupe Spartacus de Rosa Luxemburg et qui est resté socialiste toute sa vie. 
      2. La quête de l’équité historique et géographique
      Pour Peters, les atlas existants sont généralement euro-centrés et tendent à perpétuer l’estime de soi de l’homme blanc, en particulier de l’Européen, et à maintenir les gens de couleur dans la conscience de leur impuissance. Il s'en prend aux projections « Mercator » ou « pseudo-Mercator », sans toujours bien les définir. Pour rappel, contrairement à la projection Mercator qui conserve les contours mais pas les surfaces (projection conforme), la projection Peters est une projection équivalente, où les continents et les pays sont représentés à part égale. 
      3. Une carte du monde équitable
      Si elle accède à la notoriété dans les années 1980, la projection Peters à zone égale a en réalité été décrite dès 1967 devant l'Académie hongroise des sciences et a fait l'objet d'une première publication cinq ans plus tard en 1972. Des conférences de presse pour le grand public ont suivi, ainsi que des publications, un livre Die Neue Kartographie/The New Cartography (Peters 1983), enfin la publication d'atlas utilisant uniquement sa projection (Peters, 1985 ; Peters, 1990). L'ensemble des références figure en bibliographie à la fin de l'article.
      4. Les trois stratégèmes rhétoriques de Peters
      Selon Matthew Edney, Peters a utilisé trois stratagèmes sur le plan rhétorique pour persuader un public non spécialisé que sa projection cartographique du monde était non seulement la meilleure, mais qu'elle était la seule à générer une image appropriée et correcte du monde. Le premier stratagème consistait à associer des cartes du monde sur la projection de Mercator qui mettaient en évidence deux régions avec quelques chiffres de superficie afin de démontrer sans équivoque que la projection de Mercator déformait intrinsèquement le monde en le centrant sur l'Europe. Le deuxième stratagème rhétorique était d'inventer plusieurs propriétés permettant d'évaluer la pertinence des projections, sachant que seule sa projection répondait à tous ces critères. Enfin, le troisième stratagème rhétorique de Peters consistait à fournir un récit partiel et déformé de l'histoire de la cartographie visant à expliquer pourquoi les Européens ont adopté la projection de Mercator de 1569 (en raison de sa tendance à surreprésenter le Nord) et à positionner la propre projection de Peters comme le point culminant de l’histoire de la cartographie. 
      5. Réponses essentielles au travail cartographique de Peters
      Les scientifiques ont la plupart du temps ignoré les démonstrations de Peters concernant les distorsions spatiales de la projection de Mercator, du fait simplement que de telles déformations sont inhérentes à toute projection. Des cartographes universitaires ont dénoncé à plusieurs reprises la manière méprisante et frauduleuse avec laquelle Peters avait écarté un siècle d'analyse technique des projections cartographiques « uniquement pour produire des cartes assez laides » (sic). Enfin, les critiques ont rejeté l'historiographie de Peters comme étant « remplie de généralisations et d'affirmations douteuses » s'écartant de la théorie des projections cartographiques. Ce que Peters présentait comme sa propre invention avait déjà été décrit en 1855 par le géographe écossais James Gall. L’ensemble de ces critiques a abouti à appeler cette projection la « projection de Gall-Peters ». Plus récemment, un certain nombre de politologues ont examiné le rôle de Peters dans la politique contemporaine, considérant son travail comme un produit de la Guerre Froide.
      Peter Vujakovi? a analysé la nature des discours concurrents que le phénomène Peters a engendrés au sein des cercles cartographiques et au-delà. « Les motivations de Peters ont été considérées soit comme une promotion égoïste de son propre matériel à des fins personnelles, soit comme une véritable tentative de renverser une cartographie traditionaliste qui perpétuait une vision du monde eurocentrique, tandis que les motivations de l'establishment cartographique ont été considérées comme étant une tentative égoïste de protéger leur statut de "guilde" et de maintenir une illusion de la cartographie en tant que science objective, ou bien, comme un effort sincère pour démasquer Peters comme un charlatan qui trompait le public et était déterminé à discréditer leur profession à des fins égoïstes » (Vujakovi?, 2003).
      6. Quatre réponses à l’idée selon laquelle les cartes peuvent être politiques
      Finalement Matthew Edney en arrive à la question centrale qui est d'interroger le rôle politique des cartes. Il distingue quatre grands types de réponses :
      1. les réponses de géographes centrés sur la cartographie analytique et les technologies émergentes des SIG qui considèrent les cartes comme des agrégations uniquement et strictement normatives de données métriques et les projections cartographiques comme des transformations géométriques : ces chercheurs ne peuvent concevoir que les cartes puissent être politiques ; 
      2. les réponses qui reconnaissent le caractère normatif des cartes et rejettent en même temps leurs dimensions proprement politiques ;
      3. les réponses qui considèrent que les cartes sont politiquement subjectives (point de vue « individualiste » pouvant aller jusqu'à des approches « marxistes », « postmodernistes » ou « déconstructionnistes ») ; 
      4. enfin les réponses qui reconnaissent la nature profondément politique des cartes qui véhiculent souvent des discours (approche discursive de la cartographie montrant que l'objectivité n'existe pas). Ces catégories établies par l'auteur peuvent éventuellement se recouper, elles méritent en tous les cas d'être interrogées et discutées.

      7. Réflexions
      Pour l'auteur, les écrits d'Arno Peters sur l'histoire, la géographie et la persuasion sont tout à fait conformes à la conception « individualiste » de l'idéal de la cartographie. Dans le chapitre 6 remanié de son ouvrage The Map : Concepts and Histories, il prend le "phénomène Peters" comme un exemple de la manière dont les cartes de propagande ont été comprises et étudiées dans l'après-guerre. Bien qu'argumenté, le jugement de Matthew Edney sur la projection Peters est assez sévère. Cela rappelle l'article d'Arthur Robinson (1985) « Tous les cartographes devraient baisser la tête et avoir honte si l’on en croit Peters. Cet historien allemand a décidé de sauver l’humanité de ce que nous avons fait ». Pour Robinson, la carte de Peters ressemble à « des sous-vêtements d'hiver longs, mouillés et en lambeaux suspendus pour sécher » en référence aux continents qui paraissent terriblement allongés comme si on les avait étirés (voir la représentation humoristique qu'en donne Kenneth Field).
      Même si cette projection a pu souvent rebuter du fait qu'elle déforme beaucoup les contours des continents, d'autres auteurs ont pu en apprécier l'ambition et la portée politique. La carte publiée pour la première fois par le magazine New Internationalist (1983) a rencontré un énorme succès. La palette de couleurs harmonieuse a été choisie pour mettre en valeur les liens entre les pays d’une même région plutôt que les divisions politiques. La carte de Peters a été reprise par l'ONU, les agences humanitaires, les écoles (plus de 80 millions d'exemplaires publiés dans le monde jusqu'à aujourd'hui).  En cela, Arno Peters peut être comparé à un autre cartographe assez original qui entendait complètement révolutionner notre vision du monde par sa projection, Richard Buckminster Fuller (Kuchenbuch, 2021). 
      Références 
      Matthew Edney, « Arno Peters and his Map Work » (Mapping as Process, 2024). 
      David Kuchenbuch, « Welt-Bildner. Arno Peters, Richard Buckminster Fuller und die Medien des Globalismus, 1940-2000 » (Böhlau Verlag Köln, 2021).
      Peter Vujakovic, « Damn or Be Damned: Arno Peters and the Struggle for the New Cartography. » Cartographic Journal 40, no. 1: 61–67  (Cartographic Journal, 2003)
      Arthur Robinson, « Arno Peters and His New Cartography », American Cartographer 12, no. 2: 103–11 (American Cartographer, 1985)
      La carte de Peters publiée pour la première fois en 1983 par le magazine New Internationalist (New Internationnalit, 1983). 
      La carte de Peters questionne nos représentations du monde, a fortiori lorsqu'elle est renversée (la carte Peters du CCFD-Terre Solidaire).
      La Vraie Carte du monde de Chéri Samba (2011) reprend la projection Peters inversée (Exposition du Mucem, « Mondialités, d'autres possibles ? »)
      Vincent Capdepuy, « La ligne Nord-Sud, permanence d’un clivage ancien et durable » (Géoconfluences, janvier 2024).
      Lapon, L., Kristien O., De Maeyer, Ph (2020). The Influence of Map Projections on People’s Global-Scale Cognitive Map : A Worldwide Study, ISPRS International Journal of Geo-Information 9, no. 4: 196.

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      Une carte topologique pour voir le monde autrement

      Compare Map Projections. Un site pour comparer des projections cartographiques entre elles

      World Map Creator, une application très pédagogique pour travailler sur les projections
      The Impossible Map (1947), un court métrage d'animation d'Evelyn Lambart pour montrer pourquoi les projections cartographiques sont trompeuses
      Page de ressources sur les projections cartographiques


    • sur Géopolitique du rail

      Publié: 25 January 2024, 3:13pm CET par r.a.

      Antoine Pecqueur et Henry Jacolin au Café de la Mairie (cliché de Denis Wolff)

      Antoine Pecqueur qui nous présente son ouvrage, Géopolitique du rail (1), ce lundi 15 février au Café de la Mairie fait partie de ces amoureux des trains dont la passion remonte à l’enfance.  Aujourd’hui journaliste, spécialiste des questions culturelles et économiques, il a écrit ce livre pendant la crise sanitaire alors qu’on ressentait la nécessité de repenser les mobilités. Les « beaux livres » sur les chemins de fer ne manquent pas, mais peu en ont étudié la géographie et la géopolitique. A. Pecqueur a donc voulu faire un travail documenté analysant les enjeux du ferroviaire à plusieurs échelles, tout en faisant part de son expérience personnelle, celle d’un homme pour qui le train est non seulement un moyen de déplacement mais aussi un moyen de rencontre. Nous allons donc faire avec lui un tour du monde de deux heures en chemin de fer, nous posant à chaque étape une question récurrente : y a-t-il actuellement une renaissance du train ?

      Le voyage commence en Ukraine où le chemin de fer joue un rôle majeur dans le conflit. La compagnie ferroviaire ukrainienne, minée par la corruption avant l’invasion russe, doit répondre aujourd’hui à trois défis : assurer l’acheminement des réfugiés vers l’ouest du pays et les frontières polonaise, slovaque et roumaine, transporter le fret, notamment les céréales, qui ne peuvent plus utiliser les ports de la mer Noire (la différence d’écartement des rails complexifie la circulation chez les voisins européens), et assurer le transport militaire (troupes et matériel).

       Le rail est aussi le lieu d’une bataille symbolique avec la Russie qui a cherché à « annexer la Crimée par le rail ». Le franchissement du détroit de Kertch (2) par un pont routier (mai 2018) puis ferroviaire (décembre2019) est un événement majeur pour les Russes car il permet une liaison directe entre la Crimée et le territoire russe. En octobre 2022 et juillet 2023 le pont est affecté par des explosions qui interrompent la circulation, sans doute dues à la marine ukrainienne.

      Avant la guerre russo-ukrainienne, les Chinois avaient choisi la traversée de l’Ukraine comme un des axes de leurs Nouvelles routes de la soie reliant la Chine à l’Europe occidentale dans lesquelles le train joue un rôle crucial.

      La Chine est la première puissance ferroviaire au monde. Le chemin de fer a servi à la mainmise idéologique du pouvoir central sur les cultures minoritaires, tibétaine et ouïghoure, grâce à la construction des lignes Pékin-Lhassa et Pékin-Ürümqi. Mais le système ferroviaire a connu récemment un essor stupéfiant de la grande vitesse. Premier fabricant mondial de TGV, le pays peut ainsi répondre aux besoins de déplacement d’une classe moyenne en expansion. Cette compétence lui ouvre le marché de nombreux pays asiatiques et, au-delà de l’Asie, de l’Amérique latine.

      L’Amérique latine est le théâtre d’un grand projet, la réalisation d’un corridor ferroviaire bi-océanique reliant la côte Pacifique du Pérou à la côte Atlantique du Brésil en traversant la Bolivie. Ce « nouveau canal de Panama » est d’un coût économique et écologique très élevé. C’est Pékin qui doit financer ce projet – inabordable pour les pays sud-américains – qui servira ses intérêts commerciaux, particulièrement ses importations de soja et de minerais comme le cuivre. Cet ambitieux projet n’est pas sans susciter quelques inquiétudes sur les ambitions chinoises.

      Antoine Pecqueur attire notre attention sur une utilisation tragique des chemins de fer en Amérique centrale. Les migrants cherchant à atteindre la frontière des Etats-Unis se hissent sur les conteneurs des trains de fret au péril de leur vie. On les appelle les « trains de mort ».

      Les Etats-Unis sont par excellence le pays pionnier de la conquête territoriale par le chemin de fer. Le pays s’est unifié par le rail. Mais au XXe siècle, le train a connu une décadence continue au profit de la voiture pour le transport des passagers. C’est le fret qui fait la prospérité des compagnies ferroviaires. Pourtant dans ces premières décennies du XXIe siècle, un homme cherche à redonner au ferroviaire toute sa place ; c’est Joë Biden, un « amoureux du rail » qui utilise le train pour ses déplacements. Vice-président puis président, il cherche à assurer le renouveau du train, ce qui n’a pas forcément bonne presse dans un pays où ce mode de transport est considéré comme « communiste ». Il a voulu réaliser des « corridors ferroviaires » sur les côtes Est et Ouest. Ces travaux nécessitent de gros investissements publics. Malgré l’effort fourni, ceux-ci sont insuffisants. Le projet de la côte Est peut néanmoins être considéré comme une réussite, mais J. Biden n’en a tiré aucun bénéfice politique.

      Autre espace où les capitaux chinois trouvent à s’investir dans le ferroviaire, l’Afrique subsaharienne. Dès les années 70, un chemin de fer Tanzanie-Zambie, le TAZARA, est construit pour désenclaver la Zambie avec, en partie, des capitaux chinois. 50 000 ouvriers chinois participent aussi aux travaux dans des conditions pénibles et dangereuses. Actuellement Pékin a surtout le souci de permettre un accès direct des matières premières de l’intérieur du continent aux grands ports. De nouvelles lignes sont construites et des lignes coloniales reprises, mais les Chinois ont beaucoup de difficultés à faire fonctionner les lignes de train.

      Les équipements ferroviaires ont aussi attiré les intérêts privés. On peut citer le projet de V. Bolloré de construire une boucle ferroviaire Côte d’Ivoire- Bénin. Ce fut un échec car le groupe a préféré investir dans les médias plutôt que dans les infrastructures.  Aujourd’hui celles-ci sont à l’abandon et les rails perdus, ce qui contribue à alimenter un sentiment anti-français.

      Certains pays gèrent eux-mêmes leurs lignes de chemin de fer, comme la Mauritanie dont le train minéralier, longeant le Sahara occidental, est considéré comme le plus long du monde (2,5 km).

      Nous terminons notre voyage en Europe dont les différents Etats présentent des situations très différentes, notamment en matière de tarification. Les CFF suisses sont un modèle en matière de ponctualité et d’accessibilité, même dans les zones les plus isolées. Grand avantage pour l’environnement, tout le fret est obligé de circuler par train. La situation est plus complexe en France, comme en témoigne la question des trains de nuit. Alors qu’en 2019 un rapport sénatorial hostile avait accéléré leur disparition, on annonce actuellement le grand retour des trains de nuit. Il est dommage qu’entre temps les voitures aient été vendues et que les nouvelles commandes prennent des années. Cette décision a profité à l’Autriche qui a racheté le matériel SNCF à bas prix.

      A l’échelle de l’U.E. on envisage de relier les grandes villes européennes par des trains de nuit. Un grand projet ferroviaire européen, le rail Baltica, prioritaire dans le cadre du réseau transeuropéen de transport, reliera en 2030 la Finlande, les pays baltes et la Pologne, en évitant la Russie (Kaliningrad) et la Biélorussie. La liaison ferrée Varsovie-Talinn sera prolongée par une portion empruntant un tunnel sous-marin entre Talinn et Helsinki. Dans cette réalisation, d’un coût colossal, l’OTAN est partie prenante car la ligne, essentiellement réservée au transport des passagers et du fret, doit aussi servir au passage du fret militaire. Intérêt de l’OTAN, participation chinoise au financement du tunnel, vives critiques russes qui en exagèrent la portée militaire…Ce projet résume bien le rôle crucial du train dans la géopolitique.

      A Pecqueur répond à plusieurs questions de l’auditoire très intéressé par son exposé.

      • Les différences d’écartement des voies ralentissent le passage des frontières. C’est le cas notamment entre la France et l’Espagne. Les trains Talgo ont bénéficié d’un système de changement d’écartement automatique dans les principales gares sur la frontière franco-espagnole. Aujourd’hui l’Espagne préfère les LGV pour contourner le problème.
      • Les gros écarts de tarification entre pays voisins s’expliquent par le coût des péages que les compagnies ferroviaires doivent payer aux gestionnaires des réseaux. Très chers en France, ils sont bien meilleur marché en Italie.
      • Les trains à sustentation électromagnétique sont-ils l’avenir ? on peut citer le train aéroport-ville à Shangaï et surtout le train polonais, le Maglev, récemment testé, « en lévitation » au-dessus d’une voie classique. Mais A. Pecqueur pense qu’il faut renoncer à la course à la vitesse.
      • L’ancien Premier ministre (2020-2022) Jean Castex a fait acte de militantisme auprès d’E. Macron pour relancer le train (3).
      • Quel problème environnemental pose le train ? De la fabrication à l’exploitation, a-t-il moins d’impact environnemental que les autres modes de transport ? on ne peut faire de réponse générale. Les situations varient selon les cas. Le prolongement d’une ligne à grande vitesse a plus d’impact que celui d’une ligne classique. Quant à l’artificialisation des sols provoquée par les chemins de fer, elle est difficile à mesurer. Certes l’emprise des rails est très faible, mais il faut tenir compte de toutes les infrastructures adjacentes.
      • La ligne POLT (Paris, Orléans, Limoges, Toulouse), un moment célèbre à l’époque du Capitole, est un exemple de ces lignes vétustes délaissées par la SNCF au profit du TGV. Elle devrait être rénovée.
      • En France la séparation de l’ancien système ferroviaire intégré en deux entités, infrastructures et exploitation, pose problème. Le TGV n’aurait pas pu être construit après cette séparation.

       

      1) Antoine PECQUEUR, Géopolitique du rail, Autrement, 2021 2) Le détroit de Kertch relie la mer Noire à la mer d’Azov. Il est bordé à l’ouest par la Crimée et à l’est par la Russie 3) J. Castex a montré son intérêt pour l’histoire des chemins de fer en publiant en 2017 La ligne de chemin de fer de Perpignan à Villefranche. Prélude de la ligne de Cerdagne

       

      Michèle Vignaux ,  Janvier 2024
    • sur Corpo Oslandia – 24 & 25 janvier 2024

      Publié: 25 January 2024, 12:08pm CET par Caroline Chanlon

      Oslandia se veut une structure atypique, avec des valeurs affirmées basées sur l’autonomie, la confiance et l’ouverture. Des valeurs que nous retrouvons dans notre organisation : nous avons depuis la création de l’entreprise, misé sur un fonctionnement en télétravail avec des collaborateurs répartis dans la France entière.

      Un fonctionnement qui permet à toutes et tous une organisation libre des missions et de la journée de travail ! Mais nous avons aussi grand plaisir à nous retrouver, c’est le cas pendant 2 jours à Lyon pour notre Corpo d’hiver les 24 et 25 janvier 2024.

      Ces journées sont l’occasion de partager des moments privilégiés et d’échanger sur des sujets de fonds. Pendant ces deux jours à Lyon, on a plus spécialement abordé la mise en place de Superset chez Oslandia et la définition d’indicateurs.

    • sur La carte, objet éminemment politique. Quels niveaux de soutien ou de critique vis à vis de la Chine ?

      Publié: 25 January 2024, 9:20am CET


      La situation des droits de l'homme en Chine a été examinée pour la quatrième fois par le groupe de travail sur « l'Examen périodique universel » (EPU) du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies, lors d'une réunion à Genève le 23 janvier 2024. L'ambassadeur de Chine à Genève, Chen Xu, a dirigé une délégation d'une vingtaine de ministères chinois lors de cet examen. Il a souligné les progrès de la Chine dans l'éradication de la pauvreté, a déclaré que les citoyens participaient à des « élections démocratiques » et a assuré que la liberté de croyance religieuse était préservée en Chine. Les pays occidentaux ont profité de cet examen du bilan de la Chine en matière de droits de l'homme pour faire pression afin qu'elle respecte la liberté d'expression, les droits des minorités ethniques et qu'elle abroge une loi sur la sécurité nationale à Hong Kong. La Chine est accusée par Amnesty International de vouloir en retour faire pression sur les pays pour qu'ils vantent son bilan en matière de droits humains avant l'examen du Conseil des droits de l'homme (CDH) de l'ONU.
      A partir de ces données, Nathan Ruser (@Nrg8000) a codé les déclarations des pays qui mentionnaient de manière positive ou négative la Chine à propos de diverses questions touchant aux droits humains, aux minorités ethniques au Tibet ou au Xinjiang, à la peine de mort, au travail forcé, à la liberté d'expression, à la liberté religieuse, etc. La carte donne une image du soutien ou au contraire de la défiance à l'égard de la Chine au niveau international. Au total, d'après les déclarations lors cet examen EPU 2024, 6 pays se sont montrés favorables à la Chine, 77 assez favorables, 32 neutres et 42 critiques. 

      Niveaux de soutien ou de critique à l’égard de la Chine lors de l’EPU 2024 (source : Datawrapper)


      La carte réalisée avec l'outil de cartographie en ligne Datawrapper repose sur un dégradé de couleurs du rouge au bleu, censé refléter le degré de critique ou de soutien vis à vis de la Chine. On peut noter que le dégradé pourrait être inverse (du bleu au rouge), sachant que la Chine comme la Russie ont longtemps été classées parmi les pays communistes. La carte aurait dans ce cas davantage ressemblé à celle de l'opposition Est-Ouest de la Guerre Froide. Mais en même temps le clivage Nord-Sud n'est pas absent comme grille de lecture de la carte, sachant qu'une bonne part des pays du Sud ont aujourd'hui une attitude de soutien sinon de neutralité par rapport à la Chine. 

      Bien qu'il s'agisse d'une carte statistique, son objectif est de mesurer un sentiment global reposant sur plusieurs variables avec une dimension qualitative liée à l'appréciation des points attribués à chaque critère. On peut se référer au tableau de codage qui donne les indicateurs et les points attribués de manière positive ou négative. Ce tableau permet de comprendre la méthodologie utilisée par Nathan Ruser et de refaire la carte en distinguant chacun des indicateurs (éventuellement en les pondérant entre eux). On peut s'apercevoir que 51 pays ont salué les efforts positifs de la Chine en matière de réduction de la pauvreté et qu'aucun pays n'a critiqué la Chine sur ce plan. En revanche, 28 pays ont critiqué les droits de l'homme de la Chine au Xinjiang, contre 6 qui l'ont mentionné positivement. 32 pays ont exhorté la Chine à ratifier les traités relatifs aux droits de l’homme qu’elle ne respecte toujours pas. 19 pays ont critiqué le bilan de la Chine en matière de droits de l'homme à l'égard de Hong Kong (contre 4 qui l'ont salué). 28 pays ont critiqué le traitement réservé aux défenseurs des droits humains, aux journalistes et aux avocats – ou au système judiciaire en général (contre 8 qui en ont fait l'éloge). 12 pays ont évoqué les disparitions forcées par Pékin. 19 pays ont spécifiquement critiqué sa politique au Tibet, contre 1 (le Pakistan) qui l'a salué. 18 pays ont également critiqué son recours à la peine de mort.

      Certains analystes estiment que le contexte mondial a évolué. La Chine apparaît en position de force lors de ce quatrième cycle d’EPU. Cela lui permet de faire taire les critiques, notamment de la part des pays du Sud, qui entretiennent des liens économiques étroits avec elle – notamment dans le cadre de l’initiative des « Nouvelles routes de la soie » – et qui craignent donc qu’une confrontation à l’ONU ne nuise à leurs relations bilatérales. En d'autres termes, il s'agirait plus d'une attitude de suivisme du Sud global qu'un véritable soutien à la politique conduite par la Chine en matière de droits de l'homme. Mais l'analyse mérite d'être conduite aussi à l'échelle nationale tant les positionnements politiques et idéologiques, les intérêts économiques ou les liens culturels avec la Chine peuvent varier d'un pays à l'autre.

      Pour compléter

      « À l’ONU, l’examen périodique de la Chine met sous pression les pays du Sud » (Swiss Info).
      « La Chine tente de mettre le feu à la communauté internationale lors de l'examen des droits de l'homme par l'ONU » (Amnesty International).
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    • sur [Equipe Oslandia] Vincent, développeur Full-Stack SIG

      Publié: 23 January 2024, 7:30am CET par Caroline Chanlon

      Chaque mois, nous avons le plaisir de vous présenter un membre de l’équipe, aujourd’hui c’est Vincent qui a répondu à nos questions ?

      Etudiant en licence Géographie et Aménagement, Vincent découvre les SIG et décide que la tech fera partie de sa vie professionnelle ? Avec un master pro Système d’Information Géographique et Analyse des Territoires en poche, il enchaîne les expériences avec une préférence pour les missions orientées écologie et développement durable.

      Depuis mai 2022, Vincent est développeur SIG back-end et front-end chez Oslandia. Formateur QGIS, conseil et support, il contribue également à la communauté open source, comme tout récemment avec la traduction française de la documentation PostGIS ?

      [Chez Oslandia, 10% du temps de travail est consacré à la contribution open source]

       

      Ses projets emblématiques

      Giros 360, un projet développé en partenariat avec Egis et récompensé au BIM World. Le projet : produire des jumeaux numériques pour le développement durable de l’estuaire de la Gironde. Un projet très technique qui a été étendu au Canada sur le fleuve Saint Laurent.

      Transitec, un observatoire de la mobilité sur 3 villes indiennes (Kochi, Ahmedabad, Nagpur). Le projet : développer une plateforme WebSIG alliant cartographie et data visualisation (base de données spatiales, une API REST Python, un front-end avec React, OpenLayers, Chart.JS). Un projet versé en open source qui devrait très prochainement équiper la ville de Rabat au Maroc.

      Ses technologies de prédilection

      « Aucune et toutes ! j’aime toucher à tout ! bases de données, API et frontend ? »

      Sa philosophie

      « Apprendre en permanence, faire de la veille pour pouvoir maitriser toute la chaîne des SIG, un domaine en perpétuel mouvement ! »

      Oslandia en 1 mot

      Confiance !

    • sur L’Iran, une puissance en mouvement

      Publié: 22 January 2024, 11:43am CET par r.a.

      Thierry COVILLE (1), L’Iran, une puissance en mouvement, Editions Eyrolles, 2022

      Ecrit un an avant que le Hamas ne déclenche un conflit majeur en Israël, dans lequel de nombreux politologues mettent en cause le rôle de l’Iran, l’ouvrage de T. Coville analyse les aspirations de l’Etat chiite à être « la » grande puissance régionale du Moyen-Orient. Destiné à un lectorat de non-spécialistes ayant une image souvent manichéenne et simpliste de l’Iran actuel, il a deux mérites principaux : replacer les décisions des dirigeants politiques dans une histoire de long terme – l’influence culturelle de la Perse sur le Moyen-Orient et l’Asie centrale se compte en millénaires – et montrer la complexité et les paradoxes de la société iranienne contemporaine.

      L’auteur pose une question qui pourrait sembler superflue à beaucoup d’Occidentaux, tant la réponse leur semble évidente : la République islamiste (instaurée en 1979) est-elle une théocratie ? Pourtant sa réponse n’est pas catégorique ; c’est un « oui, mais ».

      Certes le système politique est contrôlé par le « Guide » (docteur en jurisprudence islamique) qui décide de la politique générale de l’Etat, arbitre les conflits entre les pouvoirs, est le chef du pouvoir judiciaire et le directeur de l’audiovisuel. Et le Conseil des Gardiens de la Constitution veille à la compatibilité entre les lois de l’Islam et la Constitution. Mais il a fallu concilier des institutions de nature autoritaire et des institutions de nature démocratique (élection d’un Président de la République et de parlementaires). Et Khomeiny lui-même a déclaré en 1988 qu’on devait faire prévaloir la raison d’Etat sur la loi religieuse si cela était nécessaire. Dans plusieurs domaines le pragmatisme l’emporte, comme dans la Justice où certaines dispositions du Code pénal islamique sont considérées comme inapplicables. On peut donc parler d’un projet hybride politico-religieux.

      Les islamistes au pouvoir depuis 1979 ne forment pas un bloc compact. Ils sont divisés en plusieurs courants qui débattent de la place de l’Etat de droit, des relations avec le reste du monde, de l’identité islamique. On peut distinguer une extrême-droite qui ne reconnait que la charia, une droite voulant allier la prééminence de l’ordre moral islamique avec l’ouverture économique au monde extérieur, une droite pragmatique favorable à un ordre moral moins sévère et à une libéralisation de l’économie, et des « réformateurs » privilégiant l’exportation de la révolution et la réduction des inégalités.

      Les élections parlementaires de 2020 ont ramené les radicaux au pouvoir et le Président élu en 2021 est un ultraconservateur, Ebrahim Raïssi. Pourquoi cet échec des réformateurs ? Il ne traduit pas un enthousiasme populaire pour l’extrémisme religieux car le pourcentage d’abstentions a été très élevé, mais une déception des classes moyennes à l’égard du gouvernement précédent qui n’a pas su redresser une situation économique désastreuse (l’inflation a été de 36,4% en 2020).

      Principaux responsables de cette paupérisation de la population qui est un frein à la démocratisation du régime, les choix politiques américains. Alors que sous la présidence de Rafsandjani, en 1989, l’Iran renouait des contacts avec les républiques d’Asie centrale et l’Arabie saoudite mais aussi normalisait ses relations avec les Européens, les tensions avec les Etats-Unis restaient fortes. Dans les années 2000 (présidence d’Ahmadinejad), le programme militaire iranien faisant une large place à l’enrichissement de l’uranium amène les E.U. et l’U.E. à prendre des sanctions économiques : réduction des exportations pétrolières et gel des avoirs iraniens à l’étranger, ce qui entraine une forte récession économique en 2012. Les négociations reprennent sous la présidence du modéré Rohani. Un Accord international (2) est signé en juillet 2015 à Vienne, qui prévoit la levée des sanctions contre l’Iran en échange de son engagement à réduire le taux d’enrichissement de l’uranium. Mais la décision de D. Trump de sortir de cet accord nucléaire en mai 2018 engendre un traumatisme sur la scène politique iranienne. Elle affaiblit les modérés. Face aux représailles américaines à l’égard de toute entreprise commerçant avec l’Iran, les Européens sont incapables de défendre leur « souveraineté économique ». Les exportations pétrolières s’effondrent. Cette nouvelle crise favorise la mouvance proche du « Guide » et l’élection du radical Ebrahim Raïssi.

      Le fossé est croissant entre les dirigeants et la société, mais ce qui soude les Iraniens, c’est leur « nationalisme de résistance », appuyé sur une identité originale nourrie par une langue et une culture très anciennes (3). Au XIXe siècle il s’est manifesté contre les Russes et les Anglais qui imposaient leur domination économique.  Aujourd’hui, il est facile de désigner les Etats-Unis et Israël comme les ennemis majeurs de l’Iran. Même si une grande part de la société est opposée au Velayat-e-faqih (primauté du religieux sur le politique), elle ne souhaite pas un affrontement avec le pouvoir qui mènerait au chaos que connaissent les voisins irakien et syrien. Le nationalisme assure la cohésion.

      Dans un contexte régional instable, l’Iran cherche à appuyer sa politique de « profondeur stratégique » sur les chiites. La république islamique a favorisé et subventionné la création de milices chiites en Irak (al-Hashd al Shaabi) et au Liban (Hezbollah), soutient les alaouites en Syrie et les Houthis zaïdites au Yémen. Mais le gouvernement des mollahs fait aussi preuve de pragmatisme en entretenant de bonnes relations avec des Etats voisins non chiites, comme l’Arménie chrétienne, le Tadjikistan et a un accord de partenariat avec la Russie contre l’Azerbaïdjan, pays pourtant à majorité chiite. Quant aux relations avec l’Afghanistan, elles sont complexes : faut-il célébrer la victoire des talibans contre les Etats-Unis ou combattre des sunnites radicaux ? Dans son soutien à l’« axe de résistance » contre Israël, l’Iran défend les Palestiniens, ce qui explique le rôle central du Hezbollah dans sa politique régionale. Mais peut-il assumer le rôle de grande puissance régionale alors que son poids économique est bien inférieur à celui des deux poids lourds du Moyen-Orient, l’Arabie saoudite et la Turquie ?

      Le pays dispose pourtant d’atouts économiques notables : des réserves pétrolières et gazières considérables, des infrastructures de qualité dans lesquelles l’Etat a beaucoup investi, un positionnement géographique central entre Europe et Asie, une société moderne urbanisée (75% de la population en 2019) et éduquée (4). La situation économique désastreuse a donc des raisons politiques, externes et internes. L’effet des sanctions internationales (5) est primordial, mais aussi le choix d’une économie rentière basée sur le clientélisme dans les années 1990 puis exacerbée sous la présidence d’Ahmadinejad. Peu d’emplois sont créés, ce qui crée la colère des jeunes diplômés et la « fuite des cerveaux ». La crise économique se double d’une crise environnementale profonde (pollution atmosphérique et pénurie d’eau).

      Les aspirations de l’Iran à être la grande puissance régionale du Moyen-Orient dépendent donc de facteurs internes (succès des modérés ou des radicaux) et de facteurs externes (l’Iran pourrait remplacer la Russie sanctionnée dans l’approvisionnement de l’Europe en gaz, mais son implication dans le nouveau conflit israélien risque de renforcer son isolement).

       

      Notes :

      (1) Thierry Coville est chercheur à l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques). Docteur en sciences économiques, il effectue depuis près de 20 ans des recherches sur l’Iran contemporain et a publié de nombreux articles et plusieurs ouvrages sur ce sujet.

      (2) Le Plan d’action global commun est signé par l’Iran, le P5+1 (les cinq membres du Conseil de Sécurité et l’Allemagne) et l’Union européenne.

      3) Les lecteurs les plus âgés se souviennent sans doute du fastueux Festival des arts de Shiraz-Persépolis organisé par le chah Mohammad Reza Pahlavi en 1971/1972 pour célébrer le 2500e anniversaire de la fondation de l’Empire perse. Les dirigeants du monde entier y furent invités.

      4) Paradoxalement le régime islamique a favorisé la scolarisation des filles des milieux traditionnalistes en rassurant les parents.

      5) Aux sanctions américaines s’ajoute le placement de l’Iran sur la liste noire du GAFI, organisation mondiale de surveillance du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme. Le refus de transparence financière des Iraniens s’explique par leur souci de ne pas dévoiler leur soutien au Hezbollah et aux groupes palestiniens.

       

      Michèle Vignaux, janvier 2024

    • sur End-to-end learning for land cover classification using irregular and unaligned satellite image time series

      Publié: 19 January 2024, 10:08am CET par Valentine Bellet

      The results presented here are based on published work : V. Bellet, M. Fauvel, J. Inglada and J. Michel, « End-to-end Learning For Land Cover Classification Using Irregular And Unaligned SITS By Combining Attention-Based Interpolation With Sparse Variational Gaussian Processes, » in IEEE Journal of Selected Topics in Applied Earth Observations and Remote Sensing, doi: 10.1109/JSTARS.2023.3343921.

      This work is part of the PhD of Valentine Bellet supervised by Mathieu Fauvel and Jordi Inglada. Since 2016, the CESBIO team works on the improvement of the algorithms and the tools (the iota2 processing chain) for the CES OSO land cover map. If you want to learn more about this land cover map, you can refer to the different articles on this blog: validation, contextual classification.  Also, a very good article explained how iota2 is now able to perform classification with deep neural networks.

      Context and introduction

      Satellite image time-series (SITS) covering large continental surfaces with a short revisit cycle, such as those provided by Sentinel-2, bring the opportunity of large scale mapping. For example, land use or land cover (LULC) maps provide information about the physical and functional characteristics of the Earth’s surface for a particular period of time. To produce these LULC maps from massive SITS, automatic methods are mandatory. In the last years, Machine Learning (ML) and then Deep Learning (DL) methods have shown outstanding results in terms of performance accuracy.

      Currently, most conventional ML and DL classifiers work with a representation of the data as a vector of fixed length. Each pixel is described by a vector of constant size where components represent the same type of information, i.e. the value of a given band on a given date and in the same order. However, in general, SITS are not acquired as regular time series of fixed size. Firstly, not all pixels are acquired on the same dates. In large areas, there are different revisit cycles because of satellite orbits (2 or 3 days difference between 2 adjacent swaths). For example, in our case in the South of France using Sentinel-2 data, five orbits cover the study area, as illustrated in Figure 1.

      Figure 1: The study area is located in the south of metropolitan France and is composed of 27 Sentinel-2 tiles (each blue square corresponds to one tile). Five different orbits cover the study area.

      Secondly, not all the acquisitions in a swath contain the same dates. As such, the time series are irregularly sampled in the temporal domain: observations are not equally spaced in time due to the presence of clouds or cloud shadows. Indeed, if clouds are present in an image, the reflectance corresponds to the one of the clouds and not to the one of the land cover. Therefore, dates for which the image consists essentially of clouds (i.e. images containing more than 90% of clouds are not processed to the level 2A at THEIA) are removed. Figure 2 represents the temporal grids for three tiles (T30TXQ, T31TCH, T31TFL) and shows the misalingment phenomenon.

      Figure 2: Temporal grids for three different tiles: T31TFL, T31TCH, T30TXQ.

      Finally, locally, different meteorological conditions, such as clouds, haze, mist or cloud shadow can cause technical artifacts for one pixel at a given date. This information is considered as corrupted and the pixel is declared as invalid. Therefore, the information at this date can be removed for this pixel leading to irregular temporal sampling. Therefore, the sampling of very close pixels may also be different. Figure 3 represents the NDVI profile for three pixels from these same tiles (T30TXQ, T31TCH, T31TFL). Both valid dates and cloudy / shadow dates are represented in this figure. A valid date corresponds to an acquired observation where no cloud or cloud shadow is detected by the level 2A processor. The pixel from the tile T31TFL has long periods without valid dates. The pixel from the tile T31TCH is the least impacted by the cloudy / shadow dates.

      Figure 3: NDVI time series for three pixels from different tiles: T30TXQ, T31TCH, T31TFL. Filled dots correspond to valid observations, transparent dots correspond to observations flagged as clouds or cloud shadows in level 2A masks. Pixels were selected randomly, and the NDVI has been renormalised between -1 and 1, as it is a common practice in machine learning methods. The last example corresponds to a water pixel.

      To cope with the clouds, cloud shadows and different temporal sampling betweem the tiles, the data can be linearly resampled onto a common set of virtual dates with an interval of ten days, for a total of 37 dates, as it is currently done in iota2. The first date corresponds to the day 1 of the year and the last day corresponds to the day 361 of the year. Figure 4 represents the linear interpolation for the three pixels described previously.

      Figure 4: The black circled markers correspond to the linear interpolation of the valid dates with an interval of 10 days for a total of 37 dates.

      However, linear interpolation is performed independently of the classification task, i.e., the final task.  Li et al. [Li and Marlin, 2016] showed that an independent interpolation method directly followed by a classification method performed worse in terms of classification accuracy than methods trained end-to-end. Therefore, in the following, we propose to learn a representation optimized for the classification task.

      Data set and experimental set up

      The study area covers approximately 200 000 km2 in the south of metropolitan France and it is composed of 27 Sentinel-2 tiles, as displayed in Figure 1. All available acquisitions of level 2A between January and December 2018 were used (the preprocessing of the data is described more in detail in the paper) . Combining the five orbits, 303 unique acquisition dates are available.

      Pixels were randomly sampled from polygons over the full study area to create three spatially disjoint data subsets: training, validation and test, as illustrated in Figure 5. The polygons are disjoint between the three data sets. The three data sets are class-balanced: 4 000 pixels per class in the training data set, 1 000 pixels per class in the validation data set and 10 000 pixels per class in the test data set. Therefore, we have 92 000 pixels for the training data set, 23 000 pixels for the validation data test and 230 000 pixels for the test data set.

      Figure 5: Example of polygon selection. Red, green and blue polygons correspond to training, validation and testing polygons, respectively.

      The reference data used in this work is composed of the 23 land cover classes from the OSO land cover map. The nomenclature and the color-code of the classes is given in Figure 6.

      Figure 6: OSO nomenclature. Method

      We propose to use end-to-end learning by combining a spatially informed interpolator called Extended multi Time Attention Networks (EmTAN) (first block) with a Stochastic Variational Gaussian Processes (SVGP) classifier, (second block), as illustrated in Figure 7. The model made of the EmTAN combined with the SVGP classifier is called EmTAN-SVGP.

      Figure 7 represents the workflow for the classification of one irregular and unaligned pixel time series X* of size D × T through its learned latent representation Z of size D’ × R, with D the number of spectral features, T the total number of observations (in our case 303 unique acquisition dates), D’ the number of latent spectral (we take the liberty of using the term « spectral » as a misnomer, as it does not concern the temporal dimension) features and R the number of latent dates.

      The EmTAN is a spatially informed interpolator as the spatial coordinates are integrated in the processing by means of spatial positional encoding. Besides, a spectro-temporal feature reduction is performed. Indeed, by taking R < T , the EmTAN allows to perform feature reduction in the temporal domain. Moreover, with D’ < D, a spectral reduction is performed. The spectro-temporal reduction allows to reduce the complexity of the SVGP classifier. The EmTAN is optimized by maximizing the classification accuracy, not the reconstruction error as it is conventionally done with standard interpolation methods. A more detailed description of the EmTAN and of the SVGP classifiers are provided in our articles: 10.1109/JSTARS.2023.3343921 and 10.1109/TGRS.2023.3234527.

      Figure 7: EmTAN-SVGP, end-to-end learning for the classification of one irregular and unaligned pixel time series X* and its associated representation Z. The parameters, ?1 and ?2, of the EmTAN and the SVGP, respectively, are optimized using the loss L. Competitive methods

      Four different classification methods are defined as competitive methods:

      1. Gapfilled-SVGP: A SVGP classifier feeds with time series linearly interpolated every 10 days, as illustrated in Figure 8.

      Figure 8: Gapfilled-SVGP, classification of one pixel series X produced by linear interpolation. The parameters ?1 of the SVGP are optimized using the loss L.

      2. EmTAN-MLP: A Multi-layer Perceptron (MLP) classifier combined with the EmTAN, as illustrated in Figure 9.

      Figure 9: EmTAN-MLP, end-to-end learning for the classification of one irregular and unaligned pixel time series X* and its associated representation Z. The parameters, ?1 and ?2, of the EmTAN and the MLP, respectively, are optimized using the loss L.

      3. EmTAN-LTAE: A Light Temporal Attention Encoder (LTAE) classifier combined with EmTAN, as illustrated in Figure 10.

      Figure 10: EmTAN-LTAE, end-to-end learning for the classification of one irregular and unaligned pixel time series X* and its associated representation Z. The parameters, ?1 and ?2, of the EmTAN and the LTAE, respectively, are optimized using the loss L.

      4. raw-LTAE: A LTAE classifier without EmTAN. Unlike SVGP or MLP classifiers, the LTAE classifier uses attention mechanisms. It may be redundant to use attention mechanisms both in the EmTAN and in the LTAE classifier. However, the LTAE classifier was not defined to deal with the irregular and unaligned time series pixels. Thus, we provide the mask m as an additional feature, as illustrated in Figure 11.

      Figure 11: raw-LTAE, classification of one pixel series X* with the LTAE classifier. The parameters ?1 of the LTAE are optimized using the loss L. The mask m is provided as an additional feature.

      A more detailed description of these methods are provided in our article (10.1109/JSTARS.2023.3343921).

      Results Quantitative results

      Figure 12 represents the overall accuracy (OA) for the five methods (Gapfilled-SVGP, EmTAN-SVGP, EmTAN-MLP, EmTAN-LTAE, raw-LTAE). For information, from previous works, we found that Gapfilled-SVGP is above the baseline, the Gapfilled-RF (Random Forest with linearly interpolated data every 10 days) from CES OSO [https:] Therefore, these results are not represented in Figure 12.

      The learned latent representation Z obtained by the EmTAN contains more meaningful information for the classification task for the SVGP classifier compared to the linearly interpolated data. Besides, the SVGP model took greater advantage of the interpolator than the MLP or the LTAE models. Indeed, the OA of the EmTAN-SVGP model is seven points above the EmTAN-MLP model and around four points above the EmTAN-LTAE model. Besides, the EmTAN-SVGP model is the model with the smallest dispersion. On the other hand, the EmTAN-SVGP model is in average two points below the raw-LTAE model. However, to compute the inference on a specific area (e.g. on a specific Sentinel-2 tile), the raw-LTAE requires the whole set of observed dates used during the training step (e.g. observed dates from all tiles) . This is not the case for our proposed model which is able to process pixels with a set of observed dates (e.g. the corresponding dates for one Sentinel-2 tile).  See our article (10.1109/JSTARS.2023.3343921) for more details.

      Figure 12: Boxplots of the OA for each studied model (computed over 9 runs). Qualitative results

      Figure 13 represents the land cover maps obtained for four methods (EmTAN-SVGP, EmTAN-MLP, EmTAN-LTAE, raw-LTAE) on a agricultural area around Toulouse. In the forest areas, it appears that the raw-LTAE model does not correctly predict the BLF class. In contrast, the predictions are homogeneous for the models using the EmTAN : EmTAN-SVGP, EmTAN-MLP and EmTAN-LTAE. For the mTANe-MLP and mTANe-LTAE models, the majority of the crops are surrounded by the class VIN whereas it would appear to be hedges instead. Finally, the results obtained for the EmTAN-SVGP, EmTAN-MLP and EmTAN-LTAE models showed that the main structures of the map are clearly represented (i.e. crop field borders). Therefore, these models provide the spatial information in the EmTAN without spatial over-smoothing.

      Figure 13: Comparison of land cover maps obtained with each model on an agricultural area around Toulouse (tile T31TCJ). Topography information (30-meter STRM, contours are in meters) and Sentinel-2 image (RGB) (acquisition date: 5/05/18) of the specific zone are provided. Some clouds are visible in the Sentinel-2 image. The studied area is relatively flat (min: 180m, max:260m). There are different types of landscape: towns, crop fields, a lake, forests, etc. The OSO nomenclature is represented in Figure 6. Reconstruction

      Figure 14 represents the comparison of three NDVI time series profiles from one pixel labeled as corn: the raw data, the linearly interpolated data and the learned latent representation obtained by the EmTAN. The latent representation Z clearly does not minimize the reconstruction error of the original time series. For instance, the second minimum of the NDVI observed around the day of the year 280 is not reconstructed. Yet, this is the representation that conducts to minimize the classification loss function of the SVGP. Besides, latent dates do not necessarily correspond to real dates, so time distortion can occur. The aim is to align the data in order to maximize classification performance.

      Figure 14: NDVI time series profiles for a pixel labeled as corn. The blue points correspond to the raw data X* (before the EmTAN) (observations flagged as clouds or cloud shadows have been removed). The red points correspond to the values obtained with a linear interpolation (10 days interval). The green points correspond to the latent representation Z obtained with the EmTAN. Conclusion and perspectives

      In this work, we have developed an end-to-end model that combines a time and space informed kernel interpolator (EmTAN) with the SVGP classifier. We were able to process irregular and unaligned SITS without any temporal re-sampling preprocessing. This method outperformed the simple SVGP classifier with linearly preprocessed interpolated data. Therefore, from previous works, it also outperformed the CES OSO based approach (RF classifier with linearly preprocessed interpolated data and spatial stratification) in our study area. A perspective could be to apply the model over all metropolitan France, as it is done for OSO and to compare with the CES OSO based approach.

      Another perspective could be to use pluriannual time series instead of a one-year time series (i.e. multitemporal data fusion). The EmTAN could learn periodic patterns over the years. Besides, another perspective could be to combine multi-modal time series. Adding a radar sensor (i.e. Sentinel-1) or other type of optical sensors (i.e. Landsat 8 with its thermal bands) could improve the representation for the classification task. The ability of the EmTAN to process unaligned time series would make the fusion of multi-sensor data straightforward.

      Acknowledgements

      Our warmest thanks go to Benjamin Tardy, from CS Group – France, for his support and help during the generation of the different data sets and the production of land cover classification maps with the iota2 software. We would also like to thank CNES for the provision of its high performance computing (HPC) infrastructure to run the experiments presented in this paper and the associated help.

      This work was supported by the Natural Intelligence Toulouse Institute (ANITI) from Université Fédérale Toulouse Midi-Pyrénées under grant agreement ANITI ANR-19-PI3A-0004 (this PhD is co-founded by CS-Group and by Centre National d’Études Spatiales (CNES)).

    • sur [En image] Giros 360 : un jumeau numérique pour la Garonne

      Publié: 18 January 2024, 7:30am CET par Caroline Chanlon

      Oslandia a collaboré avec EGIS dans le cadre du développement de l’application GIROS 360 pour le Grand Port Maritime de Bordeaux : un outil cartographique d’aide à la décision pour la préservation et l’exploitation de l’estuaire de la Garonne.

      Les équipes d’Oslandia sont fières d’avoir participé à ce projet collaboratif, open source, permettant d’accélérer la résilience des acteurs du territoire face aux défis climatiques.

      Un exemple de notre capacité à intégrer des problématique scientifiques complexes au sein de projets IT ?

      Plus d’informations Le projet Giros360 en 1 image :

    • sur Dev Full Stack

      Publié: 17 January 2024, 4:32pm CET par Isabelle Pelissier
      Développeur(se) Full Stack

      17/01/2024  Isabelle Pelissier

      Venez nous rejoindre..?

      Société en pointe sur le développement de solutions logicielles dans les domaines du Spatial, du Maritime et de la Défense, nous recherchons un(e) développeur(euse) Full Stack (Bac+5 ou Ecole d’ingénieur.) capable d’évoluer sur plusieurs langages, principalement Java et python ou C++, , et maîtrisant au moins un framework front-end ou mobile tel qu’Angular ou Flutter.

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      • Autonomie et pragmatisme dans vos prises de décisions.

      Si vous avez de l’expérience ou une appétence pour les systèmes d’information géographiques, leur application au monde du Spatial et de la Geointelligence, envoyez-nous votre CV (recrutement@geomatys.com).

      Poste à pourvoir sur Montpellier

      Salaire selon expérience

      Qui sommes-nous ?

      GEOMATYS est une société qui développe depuis 15 ans des Systèmes d’information Géographiques et élabore des solutions métiers pour des acteurs dans les secteurs du Spatial, de la Défense et de l’Environnement. Notre activité d’édition logicielle nous conduit à développer des bibliothèques dédiées au traitement de gros volume d’information géographique, des Geo-Webservices et des frameworks cartographiques, que nous intégrons ensuite pour les besoins de nos clients.

      Nous sommes une société influencée par la forte culture technique de ses dirigeants, développant des projets innovants au service d’industriels et de scientifiques dans des domaines aussi variés que l’Environnement, le Spatial ou la Défense.

      Grâce à un travail reconnu en recherche et développement, notre société, GEOMATYS, a gagné une expertise lui permettant de travailler désormais auprès de grands comptes (Naval Group, Airbus, Thalès, CNES, ESA …).

      Vous intégrerez une équipe dédiée au développement d’applications à fortes dominante géospatiale, constituée de développeurs fullstack évoluant sur des problématiques diverses tel que l’élaboration de solution cloud-natives pour du traitement massif de données, la réalisation de traitements de données satellitaires et l’élaboration de solution de GeoIntelligence, mais aussi l’intégration de solutions d’Intelligence Artificielle pour l’identification, et le traitement en flux de sources d’information géospatiales (Images satellitaires, données de capteurs et objets connectés) .

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    • sur Cartographier le parcellaire des campagnes européennes d’Ancien Régime

      Publié: 17 January 2024, 8:55am CET

       

      Antoine Annie, Landais Benjamin (dir), Cartographier le parcellaire des campagnes européennes d’Ancien Régime, Presses universitaires de Rennes, 2023. Avec le soutien du centre Norbert Elias (UMR 8562) et du laboratoire CReAAH (UMR 6566). Voir le site de l'éditeur.

      Résumé

      Comment cartographiait-on les parcellaires ruraux avant la généralisation des cadastres géométriques d’État ? Si certaines représentations datant du XVe au XVIIIe siècle relèvent indéniablement d’une approche scientifique, la plus grande part se rattache à une époque où les cartes n’ont pas le degré d’abstraction qui triomphera ensuite. Utilisant le langage des artistes peintres, elles servent à montrer et à expliquer. Et elles n’en sont que plus significatives. Trois questions sous-tendent l’analyse de nombreux corpus spécifiques au sein de l’Europe moderne : celle de la genèse de ces cartes (contexte de leur création, commanditaires, réalisateurs, utilisateurs) ; celle de leur transmission et de leur classement par les archivistes ; celle enfin de leurs exploitations par les chercheurs, avec ce que permettent aujourd’hui les méthodes des disciplines historiques, géographiques et archéologiques. Plus d’une centaine de cartes en couleur ont été reproduites à l’appui de cette étude.

      Introduction (disponible en ligne)

      « Rares au Moyen Âge, fréquents aux XVIe et XVIIe siècles, produits en quantité au XVIIIe siècle, les plans du parcellaire rural n’ont pas attendu les cadastres géométriques d’État du XIXe siècle pour s’imposer comme un genre cartographique majeur en Europe. Fierté des archives locales, ces documents sont depuis longtemps le clou d’expositions retraçant le passé d’un village ou d’un terroir. Grâce à leur numérisation et leur mise en ligne massive, ils ornent désormais les sites internet des collectivités et deviennent accessibles à tous, satisfaisant tout autant la curiosité des habitants que les besoins des chercheurs. La place d’honneur réservée à ces plans tient principalement à leurs qualités esthétiques et à leur capacité à évoquer un lieu, à la manière d’un tableau ou d’une estampe.

      Malgré leur visibilité institutionnelle, ces cartes restent le plus souvent considérées comme des sources de second rang, subordonnées à un corpus écrit qui fournirait, seul, la matière légitime d’une étude historique. Les ruralistes ont pourtant très tôt compris le profit que l’on pouvait tirer de ces témoignages sur l’organisation spatiale, économique et sociale des campagnes d’Ancien Régime. L’article que leur consacra Marc Bloch il y a presque 100 ans, dans le tout premier numéro des Annales, l’atteste (Bloch, 1929). Le recensement systématique de ces documents, dispersés à travers les archives européennes, ainsi que la mise en commun des travaux produits par des traditions historiographiques locales et nationales semblaient alors à portée de main. Un siècle plus tard et ce, en dépit des indéniables progrès de la recherche sur le sujet, du développement des outils informatiques et de la multiplication des projets internationaux, nous restons encore loin du compte (Benedetti, 2016)... »

      Table des matières 

      Annie Antoine et Benjamin Landais, Introduction. Cartographier le parcellaire des campagnes européennes  d’Ancien Régime : de la production aux usages.

      Première partie : LE POINT DE VUE DE L’ARCHIVISTE 

      Introduction.
      Thomas Horst, Cartographier le parcellaire en Bavière : de la Renaissance au siècle des Lumières
      Nadine Gastaldi, L’un et le multiple. Les plans parcellaires aux Archives nationales (France), le cas des registres de la série N, XVIe-XVIIIe siècles.
      Cyril Daydé et Christine Mary, L’Atlas du marquisat de Château-Gontier : analyse archivistique  d’un parcellaire en Haut-Anjou à la veille de la Révolution.
      Grégoire Binois, Les militaires et la cartographie parcellaire au XVIIIe siècle.

      Deuxième partie : L’EUROPE  DES MUTATIONS PRÉCOCES

      Introduction.
      William D . Shannon, La cartographie contentieuse dans l’Angleterre des Tudor.
      Pieter De Reu, Les pratiques cadastrales dans les Pays-Bas méridionaux et en Belgique, XVIIe-XIXe siècle.
      Tim Soens, Maïka de Keyzer et Iason Jongepier, La cartographie et les droits de propriété privée  dans la Flandre rurale, du XVIe au XVIIIIe siècle.
      Camillo Berti, Massimiliano Grava et Anna Guarducci, La cartographie parcellaire à l’époque moderne en Toscane et sa valorisation digitale.
      Chiara Devoti, Les plans terriers (cabrés) de l’ordre mauricien :  l’arpentage du territoire et la construction d’images d’un statut social.

      Troisième partie : L’EUROPE DES SEIGNEURIES RURALES

      Introduction.
      Juliette Dumasy-Rabineau, Cartes et plans parcellaires en France avant 1550.
      Florent Hautefeuille, Plans parcellaires pré-révolutionnaires et analyse  des paysages ruraux dans le sud-ouest de la France.
      Alexandre Verdier, Xavier Rochel et Jean-Pierre Husson, La place du saltus en Lorraine  d’après le plan terrier de l’abbaye de Gorze (1746-1751).
      Clément Venco, Les cartes des possessions du duc d’Antin en Comminges  par l’arpenteur Hippolyte Matis (1716-1717). Une source pour l’histoire des terroirs pyrénéens sur la longue durée.
      François Chancerel, Le plan au service de la réorganisation des forêts poitevines  à la fin de l’Ancien Régime : « Juger en jetant un coup d’œil par ce plan ».

      Quatrième partie : L’EUROPE DES ESPACES À CONQUÉRIR OU À RÉORGANISER

      Introduction.
      Olof Karsvall, La cartographie à grande échelle des terres agricoles dans la Suède du XVIIe siècle.
      Tomas ?elkis, Les cartes parcellaires, de « nouveaux documents »  dans le grand-duché de Lituanie du XVIe au XVIIIe siècle.
      Enik? Török, Le relevé urbarial du domaine royal d’Óbuda.
      Benjamin Landais, Des plans pour fixer le parcellaire : cartographie seigneuriale  et planification agraire dans le Banat du XVIIIe siècle.
      Michal Vokurka, De la cartographie des forêts à la cartographie de la société dans la Bohême du XVIIIe siècle.
      Boris Deschanel, Plans parcellaires de Saint-Domingue au XVIIIe siècle :  quelques pistes pour une analyse des inégalités foncières.
      Gérard Chouquer, Conclusion. La difficile genèse de la carte parcellaire dans la longue durée
      Bibliographie générale.
      Les auteurs.

      Articles connexes
      Parcellaires agraires et dynamiques d'exploitation du sol dans la longue durée (projet Parcedes)
      La parcelle dans tous ses états (ouvrage en open access)

      Atlas archéologique de la France

      L'histoire par les cartes : la carte archéologique de Paris

      L'histoire par les cartes : le mouvement des enclosures en Grande Bretagne aux XVIIIe et XIXe siècles
      La grille de Jefferson ou comment arpenter le territoire américain

      Des images Lidar pour rendre visible l'invisible. L'exemple de l'archéologie

      Humanités numériques spatialisées (revue Humanités numériques, n°3, 2021)



    • sur Le dessin du géographe n°96. Croquer le terrain au tournant du siècle : un carnet de Vidal de la Blache

      Publié: 15 January 2024, 6:59pm CET par r.a.

      Le terrain… un mot mythique pour des générations de géographes qui, ne se contentant pas d’une recherche livresque, sortent de leur bureau, munis d’un appareil photos et d’un carnet de notes. Mais ces carnets ont le plus souvent disparu. On en retrouve parfois, tels ceux d’Albert Demangeon en Limousin au début du XXe siècle, que nous avons dénichés dans les archives de la Bibliothèque Mazarine.
      Auparavant, à la fin des années 1970, on découvre par hasard les 33 carnets de terrain de Vidal de la Blache dans un tiroir de l’Institut de géographie de Paris. Un travail de transcription et d’étude commence alors. Symboliquement, les Cafés géographiques inaugurent en 2010 la série des Dessins du géographe par un dessin de Vidal de la Blache !
      En 2019, on publie le carnet n°9 qui rapporte les notes prises par Vidal [1] lors d’un voyage en Allemagne en 1885. Pour notre part, nous nous sommes intéressé au carnet 22 [2] qui correspond à des déplacements postérieurs, effectués en 1899 et 1900 : deux brèves escapades à Saint-Gobain (Aisne) et à Lille (mai-juin 1899), puis des voyages dans le Jura (août 1899), en Corse (avril 1900) pour terminer par un périple dans les Vosges, le Jura et en Suisse romande (juillet 1900).
      Au cours de ces voyages, Vidal écrit sur ses carnets, mais il dessine également. Nous voudrions ici évoquer les croquis qu’il a esquissés. Ce sont, le plus souvent, de petits dessins, dans les limites de la taille du carnet (en l’occurrence, 95 x 142 mm). Avec seulement une brève indication sur la localisation, certains feraient plutôt penser à une photographie, telle cette représentation du Monte d’Oro. Il en est de même pour un second sur une vue de l’ouest de ladite montagne corse.

      Dessin n° 1 [3] Vue de face Monte d’Oro . Vidal de la Blache

       

      Mais, le plus souvent, texte et dessins sont intimement liés : c’est particulièrement frappant sur cette double page qui en comporte en fait trois : lac des Rousses, Dent de Vaulion et la Dôle (deux sommets du Jura suisse).

      Dessin n°2. Trois croquis. Vidal de la Blache

       

      Les indications sont parfois purement factuelles, comme sur cet autre dessin de la Dôle.

      Dessin 3. La Dôle [Route de la vallée des Dappes. Dôle – Arête de roches séparant 2 croupes de pâturages à gentianes (gentianes centaurées) ; ciel couvert sur le Jura (cirro-cumuli) – Gde échancrure de ciel bleu sur le lac – Barre de cumuli sur les Alpes]. Vidal de la Blache

      Cela dit, le plus souvent, Vidal ne se limite pas aux informations factuelles, : il donne des explications et pose des problèmes. Ainsi, en face du croquis de la Dent de Vaulion (Dessin n°2), : « Forme des roches, polies (…) produites probablement par le passage des glaciers venant de la désaltération de la Dent de Vaulion, donc en sens inverse du drainage actuel. » Il esquisse même des coupes géologiques : on distingue ici aisément un superbe anticlinal. Au-dessous, Vidal donne l’altitude de quelques lieux (Morez, Morbier, St-Laurent…) ; ces indications sont-elles en rapport avec la coupe ?

      Dessin n°4. Coupe géologique. [Décomposition de la roche – roches calcaires jaunes, bleuâtres aux cassures – tranchée haute (gare de Morez). Sol végétal très mince, cailloux et blocs – Strates légèrement émincées]. Vidal de la Blache

      Vidal travaille aussi à grande échelle et s’intéresse à l’habitat rural. Il livre ici le croquis d’une maison en précisant où se trouve la grange, les écuries, le jardin… Et, à Saint-Cergue (station suisse), il dessine une maison, mais aussi la place du village avec prés et forêt en arrière-plan.

      Dessin n°5. Une maison rurale. Vidal de la Blache

      Dessin n°6. Saint-Cergue (Suisse). [Pignon – Revêtement en bois par devant la façade. Sur le côté, large porte cintrée en pierre]. Vidal de la Blache

      Quoiqu’extraits d’un seul carnet (sur une trentaine), ces dessins sont révélateurs de la manière de faire de Vidal : croquer sur le vif, apposer les indications nécessaires, qu’il s’agisse de localisation, de végétation, de relief, de nature de roche, de maison… et éventuellement donner une explication. Dans d’autres cas non représentés ici, il fait des comparaisons avec d’autres lieux parcourus auparavant : les réminiscences sont fréquentes. Vidal a un goût et une maîtrise du dessin qui en dit souvent plus qu’un long discours. N’est-ce pas non plus ce que les Cafés géo cherchent à démontrer au fil de la série des Dessins du géographe ?

       

      Denis Wolff, janvier 2024

       

      P.S. Si l’on s’intéresse aux carnets de Vidal de la Blache, commencer par « visiter » trois expositions en ligne : la première sur le site de l’ ENS (Ecole normale supérieure, rue d’Ulm), la seconde sur le portail du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et la dernière, spécifiquement dédiée à ses carnets sur celui de la BIS (Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne).

      [1] Les crochets au-dessous des dessins encadrent la transcription du texte ; celle-ci n’est pas systématique. Les abréviations de Vidal de la Blache ont été conservées.

      [2] Paul VIDAL DE LA BLACHE, Carnet 9, Allemagne et Varia, Présentation par Marie-Claire ROBIC et Jean-Louis TISSIER, Paris, Macula, 2019, 200 p.

      [3] Vidal n’a pas numéroté ses carnets. Leur numérotation a quelque peu fluctué au fil de leur découverte.

    • sur Meilleurs vœux 2024 !

      Publié: 15 January 2024, 10:35am CET par Caroline Chanlon

      ? Oslandia vous présente ses vœux pour 2024, une année qui verra le 15ème anniversaire de l’entreprise. Nous prévoyons un évènement dédié en fin d’année et espérons que vous serez nombreux à nous y rejoindre.

      ? Stay tuned !

      ? Au moment de passer ce cap, nous sommes plus que jamais impliqués et moteurs dans la production de code géomatique open source de qualité industrielle. Notre objectif principal reste de fournir aux utilisateurs les meilleures solutions à leurs besoins tout en garantissant leur souveraineté numérique.

      Parmi d’autres réalisations et évènements marquants, cette volonté s’est traduite en 2023 par :

      Ces actions menées au sein des communautés open source sont rendues possibles grâce à nos clients qui les financent directement et indirectement, ainsi que par notre programme volontariste d’investissement. Nous sommes fiers d’apporter ces contributions significatives au bien commun !

      Nous espérons que nous aurons l’opportunité de travailler ensemble durant cette année qui s’amorce, et vous souhaitons de nouveau au nom de toute l’équipe, une bonne année 2024 !

      Vincent Picavet et l’équipe Oslandia

    • sur [1’Tech by Oslandia] open source

      Publié: 15 January 2024, 7:30am CET par Caroline Chanlon

      Dans cette minute Tech, nos collaborateurs vous proposent d’expliquer une technologie, une méthodologie, un concept. Pour commencer cette série et car il pouvait difficilement en être autrement, on a brainstormé sur GitLab pour donner notre meilleure définition de l’open source.

      Notre définition de l’open source

      open source, dans le sens équivalent à logiciel libre, désigne un logiciel ou un composant logiciel dont le code source est mis à disposition, et peut être modifié et redistribué librement. La notion de logiciel libre inclut en supplément des éléments de gouvernance sur les projets.

      L’open source chez Oslandia

      « OS » dans « Oslandia » c’est « Open Source » ! L’open source est au cœur de la culture Oslandia, aujourd’hui éditeur du SIG open source QGIS notamment. Oslandia est un « pure player » open source qui intègre, édite, maintient et développe des composants logiciels FOSS4G (Free Software for Geomatics), en collaboration forte avec la communauté de développeurs et d’utilisateurs.

    • sur Géographie des datacenters dans le monde

      Publié: 14 January 2024, 12:57pm CET


      Le site VisualCapitalist propose une carte des 50 plus grands datacenters dans le monde d'après leur consommation énergétique. La carte met en évidence une répartition très inégale selon les continents. La concentration est forte aux Etats-Unis, en Europe et en Asie du sud et de l'est, tandis que l'Afrique et l'Amérique du Sud sont peu représentées.

      Répartition des 50 plus grands datacenters en 2023 (source : VisualCapitalist)

      Les données proviennent de la société Cushman & Wakefield qui a publié en 2023 un rapport destiné à mettre en lumière, dans un but économique et financier, les plus grands marchés des centres de données. Il s'agit de données très évolutives tant le nombre de datacenters évoluent rapidement chaque année. On estime qu’il existe plus de 8 000 datacenters dans le monde. L'équipe de Brightlio a compilé une liste complète de statistiques sur les centres de données. On peut se référer également à la DataCenter Map qui recence les centres de données depuis 2007.

      Répartition des datacenters dans le monde (source : DataCenter Map)



      A titre de comparaison, on peut comparer avec la carte des datacenters de l'Atlas Espace mondial publié par SciencesPo en 2018.  
      Pour compléter
      Qu'est-ce qu'un data center ? (Numérama)
      L’expansion des data centers dans le monde (Veille Carto 2.0)
      Data-centers : les ogres énergivores d'Internet (France Culture)

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      Les investissements de la Chine dans les secteurs de l'Intelligence artificielle et de la surveillance
      Telegeography met à jour sa carte des câbles sous-marins (version 2020 à 2023)

      Les câbles sous-marins, enjeu majeur de la mondialisation de l'information

      Le monde de l'Internet en 2021 représenté comme un planisphère par Martin Vargic

      Une vidéo sur l'évolution du réseau Internet (1997-2021) à partir des données du projet Opte

      Une cartographie mondiale des points de connexion Wi-Fi réalisée dans le cadre du projet WiGLE


    • sur Bruitparif, la plateforme cartographique du bruit en Île-de-France

      Publié: 13 January 2024, 10:54am CET


      La plateforme carto.bruitparif.fr est produite par Bruitparif, l'observatoire du bruit en Île-de-France. Bruitparif est une association à but non lucratif qui réalise différentes missions d'intérêt général :

      • Caractériser le bruit en Île-de-France par la réalisation de mesures et de modélisation du bruit sur le territoire régional, la conduite d'études et d'enquêtes ;
      • Faire progresser les connaissances relatives aux impacts sanitaires et socio-économiques du bruit ;
      • Accompagner les acteurs institutionnels dans l'élaboration et la mise en oeuvre de politiques efficaces de lutte contre le bruit, notamment pour établir des Plans de Prévention du Bruit dans l’Environnement (PPBE) ;
      • Informer et sensibiliser le grand public en ce qui concerne les problèmes de nuisances sonores de manière à les réduire.

      I) Présentation de la plateforme cartographique Bruitparif 
      Interface de la plateforme cartographique Bruitparif (source : carto.bruitparif.fr)


      Cette plateforme permet de consulter les cartes stratégiques de bruit (CSB) élaborées au sein de la région Île-de-France, dans le cadre de la mise en œuvre de la directive européenne 2002/49/CE. Il s’agit d’un outil de référence en matière d’information du public. Trois sources de bruit sont cartographiées (routes, voies ferrées, trafic aérien) avec la possibilité de les cumuler. Accès aux statistiques d'exposition des populations pour les différents échelons territoriaux, téléchargement des cartes, module de localisation par saisie d'adresse... les fonctionnalités de la plateforme sont nombreuses. Un tutoriel permet de découvrir les différentes fonctionnalités de la plateforme :
      Tutoriel de présentation de la plateforme cartographique du bruit en Île-de-France Bruitparif

      L'objectif des cartes de bruit est d'aider à la décision pour prévenir et réduire les expositions au bruit, l'objectif final étant d'améliorer le cadre de vie et la santé des riverains. Les cartes sont réalisées non par prélèvement direct du bruit, mais par modélisation informatique à partir de différentes sources (données de topographie, de trafic à différents horaires, de révêtement de chaussées ou de nature des voies ferrées, de composition du parc automobile...). Pour chaque zone, on peut obtenir des statistiques sur le niveau d'exposition de la population. Il est possible d’accéder aux données de la 4ème échéance, les plus récentes (produites en 2023), mais aussi aux données relatives à la période 2017-2022 (3ème échéance), et à la période 2007-2012 (1ère et 2ème échéances). 
      D'après les données 2023, ce sont plus de huit millions et demi de Franciliens (soit 80% des habitants de la région) qui sont exposés à des niveaux de bruit supérieurs à 53 décibels, objectif recommandé par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), en raison du trafic routier. Plus d'un million se situent au-delà de la limite réglementaire française, moins stricte. Si le nombre de personnes exposées au bruit ferroviaire a tendance à diminuer, les nuisances sonores aériennes, elles, se sont aggravées en raison de la densification de certaines communes survolées par les avions et de la hausse du trafic aérien. 
      II) Les indicateurs utilisés pour élaborer des cartes de bruit
      Le niveau sonore sur une carte de bruit est représenté à partir d'indicateurs de bruit. L’intensité sonore d’une source donnée varie au cours du temps sur une journée et la perception de l’intensité sonore par l’être humain est différente le jour, le soir et pendant la nuit. C’est la raison pour laquelle on décompose une journée de 24h en trois périodes : le jour entre 6h et 18h, le soir entre 18h et 22h et la nuit entre 22h et 6h et que l’on exprime les niveaux sonores à l’aide de moyennes énergétiques sur ces périodes de temps considérées :
      • Ld (pour Level day) correspond à la moyenne de bruit sur la période 6h-18h
      • Le (pour Level evening) correspond à la moyenne de bruit sur la période 18h-22h
      • Ln (pour Level night) correspond à la moyenne de bruit sur la période 22h-6h
      Deux indicateurs réglementaires, définis au niveau européen, doivent être utilisés a minima pour produire les cartes de bruit. Ils sont issus ou dérivés de ces indicateurs par période. Il s’agit du :
      • Lden (pour Level day evening night) qui correspond à un indicateur de bruit global perçu au cours de la journée qui tient compte de la sensibilité plus forte des individus au bruit sur les périodes de soirée et de nuit. Ainsi, l’indicateur Lden est calculé à partir des indicateurs Ld, Le et Ln en appliquant des pondérations de +5 dB(A) et de +10 dB(A) respectivement aux niveaux de bruit de soirée et de nuit.
      • Ln ou Lnight qui correspond à la moyenne énergétique de bruit sur la période 22-6h.
      Ces indicateurs sont exprimés en dB(A) – décibel pondéré A – qui est l’unité utilisée pour évaluer le niveau sonore perçu par l’oreille humaine. Il faut savoir en effet qu’un bruit émis est composé de plusieurs sons allant du grave à l'aigu (le spectre fréquentiel) et que notre oreille ne perçoit pas de la même manière ces différentes fréquences. Elle est plus sensible aux moyennes et hautes fréquences qu’aux basses fréquences. Le filtre A est utilisé pour représenter cette sensibilité de l’oreille aux différentes fréquences.
      Les cartes de bruit représentent les valeurs de ces indicateurs évalués pour une journée moyenne annuelle sous la forme d’aplats de couleur par tranche de 5 en 5 dB(A). Afin de faciliter la lecture des cartes, une échelle de couleurs est appliquée aux différents niveaux de bruit. Sur l’échelle réglementaire, établie selon la norme NF S 31 130, les zones les plus bruyantes apparaissent en violet alors que le vert fait ressortir les secteurs plus calmes.
      Des cartes de dépassement de seuil sont également produites. Elles permettent de représenter les zones susceptibles de contenir des bâtiments dont les façades sont exposées à un niveau sonore moyen qui excède les valeurs limites réglementaires définies par la France. Ces valeurs limites dépendent de la source de bruit et de l’indicateur.
      Carte des zones de dépassement de la valeur limite réglementaire de 68 dB(A) pour l’indicateur Lden.


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      Une carte du bruit à l'échelle mondiale (projet Noise Planet)

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      Signaler les enfants bruyants dans sa rue : Dorozoku, un site cartographique controversé au Japon

      Drive & Listen, un site web pour s'immerger en voiture dans les rues des grandes villes mondiales

      Radio Garden : un globe terrestre pour écouter des stations de radio du monde entier

      L'histoire par les cartes : Gens de la Seine, un parcours sonore dans le Paris du XVIIIe siècle

      The arrogance of space : un outil cartographique pour montrer la place allouée à l'automobile en milieu urbain

      Une cartographie du niveau de pollution de l'air à Paris


    • sur Des outils d'IA gratuits pour identifer un lieu à partir d'une photographie

      Publié: 11 January 2024, 11:32am CET

       

      Vous connaissez peut-être le jeu Geoguessr (65 millions de joueurs en 2023) où il s'agit, à partir d’une image Street View, d'identifier son emplacement. Il se pourrait que les nouvelles applications de géolocalisation en ligne viennent offrir une sérieuse concurrence à ce jeu. La géolocalisation d'images à l'échelle planétaire constitue un problème sérieux en raison de la diversité des images et de la difficulté à les interpréter. Même si l'on en est encore à l'aube des outils de géolocalisation par intelligence artificielle, ceux-ci progressent rapidement et donnent des résultats de plus en plus précis. Ce billet présente quelques outils en ligne gratuits permettant d'identifier un lieu à partir d'une simple photographie.

      I) GeoSpy, un outil récent mais déjà prometteur
      L'application GeoSpy est sortie fin décembre 2023 dans une version beta. La version 0.1 montre des résultats prometteurs, notamment en milieu urbain. L'utilisation est assez simple : il suffit de déposer une photographie d'un lieu et l'application en recherche les coordonnées géographiques. Les résultats ne sont pas toujours précis, mais le taux d'erreur reste acceptable. Il est conseillé d'utiliser des plans un peu larges prenant en compte plusieurs bâtiments, sinon l'application a tendance à se focaliser sur tel ou tel détail architectural. Malgré quelques imperfections, l'outil est en train de gagner en popularité auprès de la communauté du renseignement open source. Le site Bellingcat, qui s'intéresse également à la géolocalisation d'images par des chatbots, est en train de le tester pour l'intégrer à sa panoplie d'outils. L'application peut s'avérer très pratique pour lancer des défis ou accompagner des enquêtes OSINT. Cyber-Détective donne un exemple d'utilisation de GeoSpy avec Openstreetmap pour géolocaliser des panneaux routiers
      Contrairement aux méthodes traditionnelles, GeoSpy ne nécessite aucune interrogation par écrit. Son efficacité est liée à la méthode CLIP de lecture d'image par clustering d'OPenAI décrite dans cet article "PIGEON : Predicting Image Geolocations". Le système utilise une combinaison de modèles : CLIP pour comprendre les images dans le contexte du langage naturel, OCR (Optical Character Recognition) pour extraire le texte des images et LLM (Large Language Models) pour comprendre et générer du texte. Dans les prochaines versions, Geospy utilisera des graphes de connaissances, ce qui devrait constituer une avancée significative.

      Interface de l'application GeoSpy version 0.1 (source : GeoSpy)


      II) Picarta, un service de base gratuit
      Picarta, qui vend des services de géolocalisation aux entreprises, offre un service de base pour géolocaliser des images. Il faut cependant s'inscrire pour afficher les résultats sur une carte. Dans l'exemple pris ici, l'application a bien reconnu qu'il s'agissait d'une image de favela au Brésil. Elle a même réussi à indentifier la ville, Rio de Janeiro. Les coordonnées géograhiques restent toutefois un peu imprécises par rapport à la localisation exacte de la favela de Rocinha (écart d'environ 500m).

      Interface de l'application Picarta (source : Picarta)


      III) Geolocation Estimation, un outil adapté également aux paysages naturels
      Alors que la plupart des outils d'IA sont plutôt adaptés au milieu urbain où les batiments sont plus facilement reconnaissables, Geolocation Estimation procède par détection automatique de scènes selon une méthode décrite dans cet article. Ce qui permet de l'utiliser pour des paysages ruraux ou naturels peu denses. L'application propose plusieurs lieux possibles selon les degrés de probabilité indiqués sur une heatmap. Elle permet aussi de récupérer les données EXIF de l'image, si elles sont disponibles. Comme dans les cas précédents, on relève quelques approximations dans la géolocalisation même si l'île de la Réunion a bien été identifiée pour la photographie choisie.

      Interface de l'application Geolocation Estimation (source : Geolocation Estimation)



      IV) Kosmos-2, une application utile pour commenter une image
      Kosmos-2 ne permet pas de récupérer les coordonnées géographiques d'un lieu. Mais l'application peut s'avérer utile pour en obtenir une description sommaire. Une fois la photographie téléchargée et analysée, on obtient un commentaire de l'image où chaque élément du descriptif renvoie à une partie de l'image avec un code couleurs permettant d'associer les deux.
      Interface de l'application Kosmos-2 (source : Kosmos-2)

      Pour compléter 
      « A partir d'une simple photo, cette intelligence artificielle peut vous géolocaliser instantanément » (BFM-TV)
      « PIGEON : Predicting Image Geolocations » (arXiv:2307.05845)
      Férus de Géographie (@FerusdeGeo) propose de reconnaître des lieux géographiques à partir de photographies, avec le hashtag #geofinding. Il devient si facile d'utiliser des outils de géolocalisation pour résoudre les énigmes qu'il est bien préciser : "N’oubliez pas de justifier le mode opératoire qui vous a permis de trouver le lieu, c’est cela qui détermine la Victory".

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    • sur Du 19 au 21 mars 2024 à Lille : formation "savoir utiliser les Fichiers fonciers"

      Publié: 8 January 2024, 11:30am CET
      Publié le 09 novembre 2023

      Une session de formation "Savoir utiliser les Fichiers fonciers"&nbsp;se tiendra&nbsp;du 19 au 21 mars 2024 dans les locaux du Cerema Hauts-de-France à Lille.Cette session est à destination des bénéficiaires des Fichiers fonciers et des bureaux d'études.Vous trouverez le contenu et le coût de la formation dans la rubrique AccompagnementInscription jusqu'au 15 février (…)

      Lire la suite
    • sur L’outil « Nos Villes Vertes » de Kermap

      Publié: 5 January 2024, 1:20pm CET par @mjchail1

      Cet article L’outil « Nos Villes Vertes » de Kermap est apparu en premier sur Veille cartographique 2.0.

      L’outil « Nos Villes Vertes » de Kermap représente une avancée dans la cartographie de la végétation urbaine en France. Utilisant des données ouvertes telles que le Référentiel à Grande Echelle (RGE) et le CORINE Land Cover, cette plateforme offre une vision complète et homogène de la végétation arborée, comblant ainsi le manque de données exhaustives pour […]

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    • sur Phrases

      Publié: 4 January 2024, 2:31pm CET par MyCSULBadminstudentwebsite
      /*! elementor - v3.5.3 - 28-12-2021 */ .elementor-widget-text-editor.elementor-drop-cap-view-stacked .elementor-drop-cap{background-color:#818a91;color:#fff}.elementor-widget-text-editor.elementor-drop-cap-view-framed .elementor-drop-cap{color:#818a91;border:3px solid;background-color:transparent}.elementor-widget-text-editor:not(.elementor-drop-cap-view-default) .elementor-drop-cap{margin-top:8px}.elementor-widget-text-editor:not(.elementor-drop-cap-view-default) .elementor-drop-cap-letter{width:1em;height:1em}.elementor-widget-text-editor .elementor-drop-cap{float:left;text-align:center;line-height:1;font-size:50px}.elementor-widget-text-editor .elementor-drop-cap-letter{display:inline-block}

      “.

      Elodie Poux  – Cher Vlad 21/03/22 ‘5:15

      “Cher  Vlad, je me permets de te tutoyer et de d’appeler Vlad pour te donner un coté humain car physiquement tu serais plus proche de l’androïde que aurait mal tourné.”

      Les Goguettes reprennent Hexagone de Renaud ‘4.30

      “En avril je suis allé voter. Je suis un bon citoyen tu vois. Tu sais que dans d’autres pays voter, on aimerait bien avoir le droit. Ca me rappelle quand j’étais gamin, on me disait “fini ton casse dalle , dans d’autres pays ils meurent de faim”. J’ai tout mangé , ca change que dalle.

    • sur La Tresse

      Publié: 4 January 2024, 11:37am CET par MyCSULBadminstudentwebsite

      ” 

      Chapitre 1 : Smita

      On découvre le quotidien de Smita. Femme indienne de la caste des intouchable, femme et mère d’une petite fille. Son travail ingrat (vider à main nue les toilettes des plus riches) qu’elle ne veut pas transmettre à sa fille la décide à parler à son mari. Sa fille ira à l’école, ils ont soudoyé le professeur.

       

      Chapitre 2 : Guilia

      On découvre la vie que Guilia , jeune femme italienne qui aime lire, fille d’un chef d’entreprise. De génération en générations ils récupèrent parfois teignent et trie les cheveux pour en faire des perruques. Ce matin-là, elle ouvre l’entreprise, son père est en déplacement. Enfin le chapitre se termine sur une triste nouvelle : son père à eu un accident.

       

      Chapitre 3 : Sarah

      Sarah, mère de famille au canada et femme active. Elle exerce le métier d’avocate et s’est battu toute sa vie (à un rythme effréné) pour réussir professionnellement là ou la majorité des femmes ont échoué. Elle à divorcé 2 fois et à eu 3 enfant dont des jumeaux. Elle culpabilise énormément de ne leur consacrer que peu de temps.

       

      « Les vêtements ont été préparés la veille par Ron, ils n’ont qu’à se débarbouiller et les enfiler pendant qu’Hannah remplit les lunchboxes, c’est une affaire qui roule, aussi vite que la berline de Sarah dans les rues de la ville, pour les déposer à l’école, Simon et Ethan en primaire, Hannah au collège. »

       

      Chapitre 4 : Smita

      1er jour d’école pour sa fille. Smita est pleine d’espoir pour sa fille. On découvre aussi que son mari chasse les rats en contrepartie d’avoir le droit des les manger.

       

      Chapitre 5 : Guillia

      Elle se souvient de moments avec son père qui est actuellement entre la vie et la mort. A l’hôpital, sa mère la convint d’assister à la fête religieuse de la ville pour avoir l’occasion de demander la guérison de son père. Avant qu’une de ses amies l’aperçoit, elle voit un indien refuser de retirer son turban et se faire emmener par les gendarmes. Elle repense par la suite à cet Indien.

      Chapite 6 : Sarah

      Sarah fait un malaise en pleine plaidoirie. Les pompiers l’emmènent à l’hôpital dont elle ressort contre l’avis du médecin.

      « Elle déteste qu’on lui donne du Madame, le mot claque sur elle comme une gifle. Au Cabinet, tous le savent : on l’appelle Maitre ou Mademoiselle, jamais Madame. Deux fois mariée, deux fois divorcée, les effets s’annulent. »

      Chapitre 7 : Smita

      Sa fille revient avec son vêtement déchiré. Smita s’emporte puis réalise que sa fille s’est faite battre pour avoir refusé de balayer la classe. Sa fille n’a finalement pas accs à l’école.

       

      Chapitre 8 : Guillia

      Son père est toujours inconscient à l’hopitale. A la bibliothèque, elle croise son bel indien et lui conseille un livre. Elle passe un peu de temps avec lui et rentre tard prétextant quelle a crevé une roue de son vélo. On apprend également comment Kamal est arrivé en Italie et ses différents travails difficile qu’il a du faire avant de pouvoir obtenir un titre de séjour pour finalement faire un métier qu’il aime dans une huilerie.

       

      Chapitre 9 : Sarah

      Sarah fait des tests et apprend qu’elle a un cancer du sein de la taille d’une Mandarine.

      « Dan l’affaire Sarah Cohen versus M », puisque tel sera désormais son nom de code, il y aura des attaques, des contre-attaques, des coups bas, aussi, sans doute. La partie adverse ne s’avouera pas vaincue si facilement, Sarah le sait, la mandarine est vicieuse, sûrement l’adversaire la plus retorse qu’elle ai eu a affronter. »

       

      Chapitre 10 : Smita

      Smita est hors d’elle. Elle songe à l’incident toute la nuit et essaye de convaincre son mari de prendre la fuite. On découvre également le sort réservé aux intouchables qui refusent de se soumettre ou s’enfuient.

       

      Chapitre 11 : Guillia

      Kamal et Guilllia sortent ensemble et se voient de plus en plus dans une cachette secrète le midi. 

      “Un jour elle essaye de l’entraîner mais il refuse. La mer est un cimetière, lui dit-il, et Guilia n’ose le questionner. Elle ne sait rien de ce qu’il a vécu, de ce que l’eau lui a volé.”

      La mère de Guilia lui demande d’aller dans le bureau de son père pour récupérer un papier mais elle y découvre quelque chose dans un tiroir verrouillé.

      “D’une main tremblante, elle donne un tour de cle. Le tiroir s’ouvre enfin : il renferme une liasse de papiers.. Guilia s’en saisit. 

      La sol, alors, se dérobe sous ses pieds. “

      Chapitre 12 Sarah 

      Elle décide d’affronter seule la maladie. Ni ses enfants, ni son père/frère, ne sont au courant. Encore moins au travail, sauf qu’un jour elle croise son assistante à l’hôpital : Elle sait.

      Chapitre 13 Smita

      Smita, attend que son conjoint dorme et en pleine nuit s’enfuie avec sa fille. Elle lui a laissé l’adresse ou elles se rendent. Elle ne peut plus faire demi tour car elle récupéré en douce l’argent qu’elle avait donné au maitre d’école pour sa fille.

      Chapitre 14  : Guilia 

      Son père , l’entreprise, la maison familiale hypothéquée.. Ils ont des dettes, les affaires vont mal. Guilia est triste, muette avec Kamal et (scène pitoyable) se met à pleurer quand elle voit une arraignée prise au piège dans sa baignoire.

      Chapitre 15 : Sarah

      La secrétaire a tout dit au cabinet. Toute le monde est différent avec elle et l’écarte des sujets.

      Chapitre 16 Smita

      Elle attendent le bus un long moment. Au moment de partir son mari apparait mais trop tard pour monter dedans. Le voyage est dur. Elle arrive à la gare et se fait escroquée de l’argent par le vendeur de billet. Sa fille a faim et elles n’ont plus rien. Une dame lui donne de la nourriture pour sa fille. On découvre que cette dame est veuve et comment les femmes veuves sont traitées en Inde.

      Chapitre 17 Guilia 

      Elle annonce les dettes à sa famille Sa mère lui dit d’épouser le jeune homme relativement riche qui a des vues sur lui. Elle écrit à Kamal (lettre qu’elle laissera dans la cachette secrète pour lui dire au revoir en lui expliquant la situation. Le chapitre se clos sur Kamal qui vient à sa fenetre, la fait descendre. “c’est alors qu’un miracle se produit”

       

      Chapitre 18 : Sarah

      Elle est anéantie. On l’évince de plus en plus de son job , jusqu’à ce que le poste qu’elle voulaitt avoir (et pour lequel elle etait la mieux placé) soit remis à son concurrent. 

      Chapitre 19 Smita

      Elles entre dans le train.  Rencontre une dame qui s’arrête avant elle pour aller prier au temple. Smita décide de ne pas aller directement à sa destination mais de s’arrêter aussi pour remercier les dieux.

      Chapitre 20 Guillia

      Kamal lui donne une solution a son problème. Récuperer des cheveux indien puisque la source des problèmes de l’entreprise est que les italiens ne donnent plus leurs cheveux). Elle veut y croire.

       

      Chapitre 21 Smita

      Elles sont au temple et commencent l’assenions. Sa fille est faible. Elles trouvent refuge pour la nuit.

      Chapitre 22 Sarah

      De plus en plus abattue par le comportement de ses collègues, et ses cheveux qui tombent elle abandonne . Puis se ressaisit et décide de se prendre en main.

      Chapitre 23 Guillia

      Elle parle de l’idée d’importer des cheveux mais sa soeur et sa mère ne veulent pas. Elle est désespérée et vas coir son père à l’hopitale.

      Chapitre 24 Smita : 

      Elle poursuivent leur pelrinage et on apprend que les pauvre en offrande donnent leurs cheveux. Elle et sa filles se font raser la tete. Tout ira bien maintenant avec cette offrande.

      Chapitre 25 : Guillia 

      Son père est mort. Elle trouve la force de continuer quand meme en demandant aux salariée ce qu’elle veulent faire. Et remet l’entreprise en route.

       

      Chapitre 25  Sarah

      Sarah va chez un marchand de perruque. trouve celle de l’entreprise de guillia et trouve le courage de vivre

       

       

    • sur Paris colonial et anticolonial

      Publié: 3 January 2024, 7:39pm CET par r.a.

      Dorigny M., Ruscio A., 2023, Paris colonial et anticolonial. Promenades dans la capitale. Une histoire de l’esclavage et de la colonisation, Maisonneuve et Larose Nouvelles Éditions/Hémisphères-Éditions, Paris, 315 p.

      Marcel Dorigny et Alain Ruscio livrent une importante publication, sur les traces, sur l’empreinte viaire et statuaire, dans l’espace public parisien, à travers quatre siècles d’histoire esclavagiste et coloniale. Ces deux historiens placent au cœur de leur recherche la traite négrière et les conquêtes coloniales. La posture intellectuelle adoptée évite tout excès de paradigme victimaire, toute proximité avec certaines positions woke contemporaines, et recommande une contextualisation des statues et des noms de rues qui sont en débat ou contestés. Cette publication, qui a demandé douze ans de recherches, a été conduite à son terme par Alain Ruscio, postérieurement au décès de Marcel Dorigny en 2021.

      Deux composantes occupent une grande part de l’ouvrage, d’une part une recension des noms de rues, des places et des monuments, en lien avec la colonisation, présentés par arrondissement, d’autre part un long inventaire biographique des personnalités citées dans l’étude. La qualité de l’iconographie, en particulier photographique, souvent l’œuvre de Alain Ruscio et de Françoise Dorigny, mérite d’être soulignée.

      La méthode retenue pour mesurer l’empreinte coloniale et anticoloniale, dans l’espace public, a recours à l’odonymie, à l’analyse des monuments, à celle des effigies, au contenu des musées et des cimetières. Par contre, les auteurs excluent les œuvres trop éphémères de l’art urbain.

      Les deux historiens privilégient le terme de roman national, plus ouvert aux figures artistiques et aux personnalités religieuses, à celui de récit national, une notion davantage politique et moins inclusive. Il n’est donc pas surprenant que l’entrée sur le Panthéon, temple du récit national, soit assez restreinte, bien que commémorant certaines personnalités opposées à l’esclavagisme (Victor Schoelcher, Toussaint Louverture, Louis Delgrès). Mettre en avant le roman national permet également aux auteurs d’évoquer certaines figures littéraires : Albert Camus, André Breton, Louis Aragon, Roland Dorgelès, Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire, Kateb Yacine.

      Participant des recherches contemporaines et de la publication de la Liste des 318, réunie par l’historien Pascal Blanchard, à la demande du Président Emmanuel Macron, le volumineux inventaire biographique de cet ouvrage consacre une large part aux « nouveaux héros », dont les noms sont utilisés de manière croissante par les municipalités françaises, pour dire l’espace public. Ils ont pour noms Abd-el-Kader, Faraht Hached, la mulâtresse Solitude, Abdelkader Mesli, louis Delgrès, Franz Fanon, Toussaint Louverture. Les hommages récents aux femmes dans la colonisation ou dans la décolonisation, rendus à Paris, par une odonymie volontariste, sont judicieusement présentés (les sœurs Nadal, Isabelle Eberhardt, Madeleine Rebérioux).

      Les auteurs insistent également sur le peu de noms liés au monde religieux, partisans ou opposés à la colonisation, dans l’odonymie parisienne (cardinal Lavigerie, le père Charles de Foucauld, Albert Schweitzer, la religieuse Anne-Marie Javouhey). Les figures musulmanes ayant gravité autour de la mosquée de Paris (Kaddour Benghabrit, Abdelkader Mesli), mais également Mohamed Akroun, font également partie de la recension biographique.

      Le livre montre bien également, l’absence de deux régions du monde, dans le paysage viaire parisien : l’océan Pacifique et l’Afrique subsaharienne. À l’inverse, l’empreinte nominale des anciennes colonies françaises d’Amérique, sans recourir à une incarnation historique, mais au moyen de noms d’îles, de régions et de pays, maille le quartier dit de l’Olive, en fait le marché de la Chapelle, dans le XVIIIe arrondissement. Il s’agit des rues de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Louisine, du Canada et de la place de la République Dominicaine.

       

      Jean Rieucau, Professeur émérite de géographie, janvier 2024

    • sur Protéger la forêt au pays du soja ? (Brésil)

      Publié: 2 January 2024, 9:23pm CET par r.a.

      Les Cafés Géo de Montpellier ont reçu Ludivine Eloy, directrice de recherche au CNRS et membre du laboratoire ART-Dev à Montpellier, afin de parler des causes et des conséquences sociales, économiques, politiques et surtout environnementales de la déforestation au Brésil.

      La déforestation au Brésil
      Le phénomène de déforestation au Brésil commence avec la colonisation au Sud et à l’Est du pays et progresse depuis, en direction du Nord et de l’intérieur des terres. Sur les 82 millions d’hectares de végétation naturelle perdus entre 1985 et 2020 (9,6 % de la superficie nationale), 71 millions d’hectares (86%) sont situés en Amazonie et dans le Cerrado, c’est-à-dire la moitié nord du pays, où se trouvent également l’essentiel des aires protégées (90%). Pendant cette période, le Brésil a innové dans la lutte contre la déforestation avec la mise en place de différents outils financés et issus de mobilisations locales, régionales et internationales. Malgré ces innovations la question reste la même, pourquoi la déforestation continue-t-elle de progresser ? Le Brésil a mis en place différents instruments de politique environnementale selon le statut foncier : alors que les aires protégées correspondent, pour la plupart, à des terres publiques, sur les propriétés privées, c’est le code forestier qui s’applique. Les aires protégées, dépendantes de l’Etat, bénéficient normalement d’un périmètre délimité, avec une équipe de protection. Cependant, le mandat de Bolsonaro a sapé ce système de contrôle, qui, combiné à une baisse drastique du budget, a conduit à un déboisement record dans les aires protégées. Les terrains privés sont régis par le code forestier. Ce code a été créé dans les années 1930 et a établi depuis 1965 deux nouvelles modalités : la Réserve Légale et l’Aire de Protection Permanente. Il impose aux propriétaires d’avoir sur leur terrain une réserve légale. Il s’agit d’un pourcentage de la propriété privée qui doit être préservé en végétation naturelle, avec un pourcentage qui varie selon la région considérée indiqué dans la loi : il varie entre 20% dans le Cerrado et 80% dans l’Amazonie.
      Cependant, jusque dans les années 2000 le pays avait peu de moyens de contrôle de ces règles. Un tournant est marqué par l’arrivée à la tête du gouvernement de Luiz Inácio Lula da Silva, qui place Marina Silva au ministère de l’environnement. En effet, de nouveaux moyens sont mis en place afin d’endiguer le déboisement illégal. Parmi eux, entre autres, une police environnementale, l’usage de la télédétection pour contrôler les parcelles, le blocage des crédits bancaires des municipalités en tête de la déforestation. C’est à partir de 2005 que la déforestation diminue, ce qui s’avère être une nouvelle importante pour le Brésil qui peut par la suite se positionner de manière plus forte sur la scène internationale, notamment dans les négociations sur les changements climatiques. Le taux de déforestation remonte cependant en 2012 et s’accentue en 2019 sous la présidence de Jair Bolsonaro. Depuis 2021, le gouvernement du président Lula a remis en place une politique forte de lutte contre la déforestation en Amazonie, mais au détriment de la région du Cerrado.

      La région du Cerrado :  un eldorado de l’exploitation ?
      La baisse de la déforestation ne s’applique qu’à l’Amazonie. C’est en effet vers le Cerrado, un territoire composé majoritairement de terres privées, que la pression et l’utilisation agricole extensive des terres se sont déplacées. Légalement, dans le biome Cerrado, la réserve légale oscille entre 20% et 35% du territoire. En 2021 seulement 13,4% de ce territoire rentre dans le classement des aires protégées, contre 34,4% de l’Amazonie (où 65% des terres sont publiques). Même si depuis 2021, la politique de lutte contre la déforestation en Amazonie bat son plein, la déforestation dans le Cerrado ne cesse d’augmenter. En 2023 les chiffres le prouvent, avec une baisse de la déforestation de 7,4% en Amazonie et une hausse de 16,5% dans le Cerrado (Gabriela Monceau, 2023). Le Cerrado est la région des hauts plateaux centraux et la savane tropicale la plus riche en biodiversité du monde. La région alterne entre des prairies naturelles, des forêts sèches, humides, des palmeraies et des cours d’eau. Le Cerrado abrite par exemple le Jalapão, une mosaïque d’aires protégées qui abrite une grande biodiversité. Le Cerrado abrite les sources de huit des douze fleuves principaux du pays, ce qui lui donne le nom de “Château d’eau du Brésil”. Il s’agit en fait d’une « forêt inversée » composée d’arbres tortueux et petits avec un système racinaire très développé qui permet à l’eau de s’infiltrer et d’alimenter les nappes phréatiques. Toutes ces caractéristiques font du Cerrado un biome considéré comme sacrifié face à une déforestation deux fois plus élevée qu’en Amazonie. Le Cerrado, comme d’autres savanes, n’a été reconnu comme “utile à l’environnement” et donc comme un espace à protéger qu’à la fin des années 1990. Les forêts tropicales comme l’Amazonie étaient, elles, reconnues et protégées dans les années 1960. La protection tardive du Cerrado a contribué à faire de ce territoire un haut lieu de la déforestation. L’explosion de la production de soja à des fins d’exportation en Europe et en Asie (transformation du soja en nourriture pour l’élevage), dans les années 1990, est décisive dans ce processus. Aujourd’hui, la production de soja et les investissements se concentrent dans la région.

      Le rôle et le poids de la production de soja, de l’agroindustrie et de l’agrobusiness dans la déforestation et la réformation du code forestier.
      Le soja[1] est le fer de lance de l’agriculture entrepreneuriale brésilienne. En effet, il représente à lui seul 20% de la surface cultivée, et ce sont plus de 45 millions d’hectares qui lui sont consacrés : il façonne ainsi le territoire brésilien. Le démantèlement progressif des politiques environnementales au Brésil, dans le but de favoriser l’implantation du soja, a commencé en 2012 avec le changement du code forestier appuyé par les lobbies de l’agrobusiness. Ce dernier consiste, entre autres, à réduire les Aires de Protection Permanente, les pourcentages réglementaires des réserves légales ; ou encore une diminution des moyens de contrôle du déboisement illégal, notamment dans les aires protégées. Bien qu’un système de compensation via un marché de quotas a été mis en place, ce dernier ne fonctionne pas. En outre, les réserves légales peuvent être déplacées d’un lieu à un autre, permettant de choisir des lieux moins propices à l’agriculture. Cette nouvelle réglementation favorise l’expansion agricole et donc la déforestation.
      Un autre point central de la réforme du code forestier en 2012 est la création du Cadastre Environnemental Rural (CAR). Outil de contrôle contre la déforestation, ce registre obligatoire conditionne l’obtention de prêts bancaires, mais reste auto déclaratif. On constate une quasi absence de contrôle sur les informations rentrées par les agriculteurs (taille de la parcelle, taille de la réserve, etc.) et laisse une part de fraude possible. L’adhésion en masse au CAR s’explique par des campagnes d’enregistrement sur le terrain, financées en partie par le “Fonds Amazonie”. En effet, l’équivalent de 90 millions d’euros est utilisé entre 2008 et 2020 de ce fonds pour financer la mise en place du CAR.
      Pourtant, le CAR est la condition pour obtenir des licences de déboisement et des droits d’eau. Des conflits émergent donc : entre l’accès à l’outil pour des personnes sans titre de propriété et les figures de l’agrobusiness, et entre les agriculteurs et les aires protégées.
      Le soja était auparavant cultivé par des petites entreprises familiales, aujourd’hui l’agro-industrie les absorbe en prenant la forme de plus grosses entreprises familiales ou de sociétés d’investissement qui se développent en filiales. Ce secteur déploie par ailleurs un discours environnemental qu’il convient d’analyser. Dans les faits, les entreprises sont multi-situées et organisées en filiales. Elles peuvent donc se positionner sur les fronts de déforestation via leurs filiales et afficher un contrôle du déboisement et le respect de la loi dans les zones dites « consolidées ». Ainsi, le soja induit de nombreux conflits socio-environnementaux, notamment dans la préservation des ressources et de l’accaparement de celles-ci.

      Quelles conséquences pour ces territoires : liens entre conflits de déboisement, conflits hydrauliques et d’usage
      Dans l’ouest de l’État de Bahia, un scénario de conflit autour des ressources hydriques et forestières a émergé, opposant les agriculteurs de l’agrobusiness aux petits exploitants. Cette lutte est alimentée par une utilisation intensive de l’eau par le secteur de l’agrobusiness, mettant en péril l’équilibre hydrique de la région. Face à cette situation, les communautés locales ont pris l’initiative de clôturer les sources des rivières (veredas) dans le but de protéger la ressource en eau, essentielle à la survie de plus de 3000 familles. Ces clôtures sont pourtant peu de chose face au déploiement de systèmes d’irrigation en pivot sur les plateaux en amont, utilisés par les grands agriculteurs, privant ainsi les communautés locales de leur accès à cette ressource vitale.

      La surexploitation de l’eau a conduit à une diminution significative du volume et du débit du Rio Grande. A l’échelle du Cerrado, c’est environ une perte de 15% des réserves d’eau. Cette réduction drastique affecte également les canaux d’irrigation ancestraux, cruciaux pour la culture durant la saison sèche par les petites exploitations, mettant en péril les moyens de subsistance de nombreuses populations locales.

      En parallèle, l’intensification de la culture du soja a eu des conséquences dévastatrices sur les écosystèmes. L’arrachage des systèmes racinaires, essentiels à la rétention et à la circulation de l’eau, a engendré une érosion accélérée des sols. Cette dégradation combinée à l’amendement des sols en calcaire a perturbé la capacité d’infiltration de l’eau, ce qui, associé au pompage croissant de l’eau souterraine, favorise ainsi la baisse du niveau de la nappe phréatique. Ce rabaissement de la nappe a augmenté les risques de feux de tourbières (incendies souterrains), aggravant davantage la détérioration des écosystèmes locaux.
      Face à ces défis multiples et interconnectés, la collaboration des communautés locales pour préserver les ressources naturelles et restaurer l’équilibre écologique s’avère cruciale, mais il est également essentiel de mettre en évidence et de quantifier l’impact environnemental de l’agrobusiness. Ces actions collectives visent non seulement à assurer l’accès équitable à l’eau, mais aussi à protéger les écosystèmes fragiles du Cerrado, nécessitant une approche durable et collaborative pour un avenir environnemental plus viable dans la région de l’ouest de l’État de Bahia

      Conclusion

      Un constat grave et des enjeux multiples et interconnectés
      Les enjeux de géopolitique environnementale, de déforestation, de gestion hydrique de conflits agro-pastoraux et de conflits d’usage sont liés. La stratégie du secteur agroindustriel et des réglementations gouvernementales a des impacts environnementaux et sociaux qui alimentent les inégalités sociales. Historiquement, un contre-pouvoir se dresse face à ces pratiques à travers des associations locales, régionales, organisées en fédération, mais qui se focalisent sur les problématiques foncières. Les ONG (Organisations Non Gouvernementales) ont une position ambivalente et tentent surtout de produire des informations environnementales. Ces structures, agissant à différentes échelles, pointent du doigts les irrégularités de réglementations contournées.

      Des pistes futures
      Un des enjeux de la régulation de l’agriculture semble s’orienter vers le numérique et la télédétection, mais les outils de vérification restent peu nombreux et peu appliqués. Il serait intéressant de pousser les chercheurs à travailler sur cette thématique. Un durcissement des réglementations brésiliennes et européennes permettrait également de protéger les ressources de bois et d’eau. Finalement, la responsabilité du consommateur entre aussi en jeu par le biais d’une responsabilisation et d’une sensibilisation à ce qui compose les produits consommés.

       

       

      Esmée Parada, Sarah Traoré, Laura Delaunay

      Compte rendu du Café Géo du 15/11/2023

    • sur Où trouver des cartes pour vos randonnées ?

      Publié: 2 January 2024, 12:27pm CET par Moussa DIABY

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      Lorsque vous vous aventurez en pleine nature, la nécessité d’une carte topographique s’impose ; l’utilisation d’une simple carte routière serait vouée à l’échec. Les cartes topographiques, telles que celles produites par l’IGN (Institut national de l’information géographique et forestière) en France, se démarquent par leur échelle détaillée, offrant une représentation précise du relief. Ce dernier […]

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    • sur Comment Google Maps est devenu l’empereur des routes (et des rues)

      Publié: 2 January 2024, 12:02pm CET par Moussa DIABY

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      1.L’Influence Mondiale de Google Maps Google Maps, avec son service de cartographie, détient une position dominante mondiale, étant utilisé par plus d’un milliard de personnes à travers le monde. Cette prééminence s’étend bien au-delà de tout autre concurrent, que ce soit en termes de boîtiers GPS, d’applications ou de sites web concurrents. Le chiffre réel […]

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    • sur Promouvoir le tourisme local avec une carte interactive

      Publié: 2 January 2024, 11:42am CET par Moussa DIABY

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      1.Évolution des Habitudes Touristiques  En 2017, une transition significative dans le comportement des Français a été observée, marquée par le fait que près de 80% d’entre eux ont opté pour la préparation en ligne de leurs vacances. Cette tendance souligne un détachement progressif des canaux traditionnels au profit d’approches plus digitalisées dans la planification des […]

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    • sur QGIS Server, MapServer et GeoServer : Comparaison des trois serveurs cartographiques

      Publié: 2 January 2024, 11:26am CET par Moussa DIABY

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      1.Etude des trois serveurs cartographiques Les serveurs cartographiques, tels que MapServer, QGIS Server et GeoServer, jouent un rôle crucial dans la diffusion et la gestion des données géospatiales. Chacun de ces serveurs présente des caractéristiques distinctes, des avantages et des inconvénients qui les rendent adaptés à des contextes d’utilisation spécifiques. a) MapServer: MapServer, pionnier dans […]

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    • sur La modernisation du réseau ferré allemand grâce au LIDAR : Partie 2

      Publié: 30 December 2023, 11:11am CET par Tran
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      Introduction aux Systèmes de Perception Basés sur Capteurs dans le Ferroviaire Les nouveaux systèmes de perception basés sur capteurs permettent aux trains d’analyser avec précision leur environnement et leur position, jouant un rôle crucial dans la surveillance des voyages en train. Ces systèmes, combinés à la technologie de conduite de train automatique (ATO), sont des […]

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    • sur Le journal d’Aurélie Laflamme

      Publié: 29 December 2023, 4:54pm CET par MyCSULBadminstudentwebsite

      “Le Journal d’Aurélie Laflamme” est une série de romans écrits par India Desjardins, racontant les péripéties et les aventures d’une adolescente québécoise, Aurélie Laflamme, à travers ses journaux intimes.

      Le premier livre de la série, intitulé “Le Journal d’Aurélie Laflamme – Extraterrestre… ou presque !”, nous présente Aurélie, une adolescente de 14 ans confrontée aux hauts et aux bas de l’adolescence. Elle navigue à travers les défis de l’école, les amitiés, les premiers amours et les changements familiaux, tout en exprimant ses pensées et ses émotions dans son journal intime.

      L’histoire se concentre sur les expériences personnelles d’Aurélie, sa vision du monde, ses rêves, ses désirs et ses inquiétudes typiques de l’adolescence. C’est une série divertissante et touchante, qui aborde avec humour et sensibilité les questions que rencontrent les jeunes durant cette période charnière de leur vie.

      /*! elementor - v3.5.3 - 28-12-2021 */ .elementor-heading-title{padding:0;margin:0;line-height:1}.elementor-widget-heading .elementor-heading-title[class*=elementor-size-]>a{color:inherit;font-size:inherit;line-height:inherit}.elementor-widget-heading .elementor-heading-title.elementor-size-small{font-size:15px}.elementor-widget-heading .elementor-heading-title.elementor-size-medium{font-size:19px}.elementor-widget-heading .elementor-heading-title.elementor-size-large{font-size:29px}.elementor-widget-heading .elementor-heading-title.elementor-size-xl{font-size:39px}.elementor-widget-heading .elementor-heading-title.elementor-size-xxl{font-size:59px}Chapitre 1

      -Aurélie est punie par sa mère pour une blague faite à sa prof (relou) de Math (ne pas regarder les frères Scott)

      – Elle dine, se vexe que sa mère ne se souvienne pas d’une anecdote de son enfance et essaye sans succès de négocier pour voir quand même l’épisode. 

      -De nouveau dans sa chambre, elle pense à ce qu’elle voudrait : se réconcilier avec sa meilleure amie, que sa mère soit plus présente, et pense à son père décédé les larmes aux yeux

      “si vous étiez capable de rendre les biscuits aux brisures de chocolats bons pour la santé ce serait génial parce que je pourrais en manger plus. Ma mère ne limiterait pas ma consommation à 3 biscuits par repas et je ne serais pas obligée de manger les autres en cachette.”

      -Sa mère pense que sa fille est triste à cause de la punition et lui avoue qu’elle a enregistré l’épisode et que sa blague était drole. Elle a rdv avec le proviseur le lendemain et promet de plaider sa cause.

      Temps de conflits froids vs reconciliations

      Chapitre 2

      -Elle dit avoir choisit d’aller dans une école de fille pour le secondaire. Avant elle a eu des histoires avec une ancienne amie pour des problèmes de garcons.

      “Tout ca pour dire que je suis sortie avec William pendant 1 semaine. A 11ans, je jouais encore à la poupée barbie. Je sais c’est vieux pour jouer encore à la poupée barbie mais je n’étais pas capable de m’en empecher et j’adorais ma barbie mèche bleue car je la trouvais rebelle. William riait un peu de moi, avec raison j’imagine. D’ailleurs j’aimerais que sur les boites de poupée barbie il y ait écrit officiellement l’age auquel on est sensé arreter de jouer avec sans passer pour “jeune”.

      -William lui avait demander se s’embrasser, elle lui avait dit de se laver les dents et des personnes s’étaient moquées d’elle. 

      Trahison de sa part et comportement pueril vs bonne résolution et comportement mature (volonté d’aller dans une école de fille).  

      Chapitre 3

      -Sa mère a rencontré son directeur et Aurélie la suspecte d’avoir craqué dessus. Horreur ! + Le directeur à dit à sa mère qu’elle pourrait avoir de meilleurs résultats si elle travaillait plus. 

      Amour de sa mère vs dégout + plans imaginé pour contré cet amour (maladie de peau du directeur)

       

      Chapitre 4

      -Elle ne peut manger avec personne d’autre que Catherine avec qui elle mange depuis el début du secondaire mais elles sont fachées car elle a gaffé et l’a affiché devant des gens. On en apprend plus sur leur relation via le souvenir de leur rencontre + un test d’amitié issue d’un magasine.

      Chapitre 5

      -Elle est allée manger des crepes chez sa grand mère. Elle aime les crepes mais pas la conversation qui l’ennuie.

      -Elle dit a sa mere qu’elle ne veut plus y retourner. Sa mere lui dit qu’elle est égoiste car elle était la seule personne qui pouvait lui rappeler son fils

      -Elle raconte le jour ou elle a appris la mort de son père il y a 5 ans.

      Chapitre 6

      En classe de bio (qu’elle aime grace à la prof), elle s’imagine extraterrestre. A la fin du cours, la prof lui dit qu’elle n’écoute pas, puis elles ont eu une discussion amicale.

      Chapitre 7

      Elle écrit à sa meilleure amie pour se voir

      Chapitre 8

      Elle mange encore dans les toilettes et se rend compte que sa meilleure amie aussi. Elles se rabibochent. Elle lui parle du directeur et de sa mère. Une histoire de fin du monde prévue dans l’apres-midi occupe ses pensées.

      Chapitre 9

      elles jouent à l’arcade. Pour se faire pardonner sa boulette , elle doit danser sur du britney spears . Elles chahutent en essayant d’afficher l’autre de plus en plus (“elle met du papier dans son soutif” , “elle dors sur un oreiller avec l’image de robert pattinson” etcc) et se font expulser de l’arcade, sauf qu’une fois à l’exterieure elle se rend compte qu’il y a des affaires de son sac qui sont tombées. Un gas les lui ramasse et les lui donne. Parmi ses affaires il y a un tampon et elle prétend qu’il ne lui appartient pas. Malaise. Son amie vient à sa rescousse et prétend que c’est une mini flute… fou rire. Le soir elle repense a ce garcon et à la honte puis à l’oreiller avec l’image de robert pattinson et se dit que ce n’est pas une mauvaise idée.

      Chapitre 10

      Elle se fait réveiller par des vendeuses de balayette qui font du porte à porte. Sa mère n’est pas là. Quand sa mère rentre elle lui dit que c’est “ménage” aujd. Elle mangent ensemble et parlent de son père. pour ne pas que sa mere ne pleure , elle fait le pitre.

      Chapitre 11

      Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit. Ut elit tellus, luctus nec ullamcorper mattis, pulvinar dapibus leo.

    • sur Accrocher le regard

      Publié: 28 December 2023, 12:01pm CET par Isabelle Coulomb

      Qu’est-ce qui retient notre attention ? Dans le flot d’informations dans lequel nous baignons en permanence, il arrive que quelque chose accroche notre regard. C’est le eye catching content, le graal que recherche toute personne souhaitant communiquer. 

      Je reçois chaque jour des dizaines de courriels, que je ne peux pas tous lire. Dans ce flot, un titre a capté mon attention, il y a quelques jours : walking or cycling 30 minutes per day. Dans mon filtre personnel, les mots-clés walk ou marche sont très réactifs. Cela m’a conduite à cette image :

      Une carte statistique qui parle de marche, cela ne pouvait pas m’échapper ! Cette image, indéniablement accrocheuse, m’a sauté aux yeux, avec ses couleurs très brillantes, jaune radieux, vert éclatant, rouge lumineux.

      Le message de cette carte est loin d’être aussi brillant que ses couleurs ! D’ailleurs, le commentaire qui accompagne la carte souligne : “si le pourcentage est très variable d’un pays à l’autre, dans aucun pays une majorité de personnes ne se déplace à pied ou à vélo au moins une demi-heure par jour”. Pour l’ensemble des 27 pays pris en compte, moins de 2 personnes sur 10 atteignent cette durée ! Et pendant ce temps-là, les maladies chroniques de tout type prolifèrent…

      J’aurais imaginé trouver un autre contraste entre les pays du nord et du sud, ces derniers bénéficiant d’un climat plus clément. Les aléas de la météo ne sont apparemment pas un frein pour les piétons et les cyclistes. Les pays avec les pourcentages les moins bas sont aussi les pays de faible superficie.

      Cela a éveillé ma curiosité : j’ai eu envie de creuser le sujet, d’abord pour trouver une représentation cartographique moins agressive pour mes yeux, ensuite pour remonter à la source des données.

      À la source des données

      La source des données, c’est évidemment Eurostat. Sa base de données contient des centaines d’indicateurs, rigoureusement classés dans une arborescence détaillée. Celui que je cherche se trouve logiquement dans Santé > Déterminants de santé > Activité physique.

      L’explorateur de données d’Eurostat, Data Browser pour les intimes, permet de visualiser ces données sous plusieurs formes. La première est un tableau statistique de 27 lignes : une par pays, une de moins depuis que le Royaume-Uni vogue de son côté.Sa base

      Le tableau comprend plus de colonnes que j’imaginais, puisque l’indicateur en question se décline selon 3 critères : sexe, âge et niveau de formation. Cela valait la peine de creuser le sujet ! L’explorateur de données offre aussi des possibilités de datavisualisations : diagrammes et cartes. Pas de courbes d’évolution possibles ici, car l’indicateur n’est disponible que pour l’année 2019. Voici la carte que j’obtiens pour l’indicateur global Marcher et faire du vélo au moins 30 minutes par jour :

      La palette de couleurs est nettement moins agressive que pour la première : je préfère. L’adage dit “des gouts et des couleurs, on ne discute pas.” Il convient toutefois de trouver un équilibre : de la couleur oui, mais pas trop !

      La carte est dépouillée de la surcharge des chiffres : plus reposant et plus lisible. Les valeurs se retrouvent indiquées au survol de chaque pays : une ébauche d’interactivité très utile. L’image est également allégée du palmarès illustré avec les drapeaux des pays cités : une surcharge visuelle qui détournait de l’essentiel.

      La légende est curieusement positionnée, avec toujours un découpage en 6 classes, mais selon une discrétisation moins adaptée : elle ne met pas en évidence l’écart entre les Pays Bas (44 %) et les pays suivants (autour de 20 %). Dans cet export au format png, la carte ne comporte pas de titre, ni de rappel du nom de l’indicateur (ce dernier est présent en dessous de la carte dans l’export au format pdf).

      Plus actifs (ou moins inactifs) :
      les hommes ou les femmes ?

      Maintenant que j’ai découvert que l’indicateur auquel je m’intéresse se décline selon d’autres critères, je suis curieuse de voir quelles informations supplémentaires cela apporte. Par exemple, existe-t-il des différences notables entre les hommes et les femmes ?

      L’explorateur de données d’Eurostat me permet d’obtenir une carte pour chaque colonne du tableau de données, en particulier, une pour les hommes et une pour les femmes. Sauf que, pour chaque carte, la discrétisation est recalculée automatiquement et elle est chaque fois différente. Les cartes ne sont donc pas comparables entre elles.

      Il y a quelques années, j’aurais tout naturellement utilisé une application fonctionnant avec Géoclip pour créer les cartes de mon choix. Aujourd’hui, je m’en vais explorer d’autres outils de cartographie thématique en ligne. Voyons par exemple ce qu’il est possible de construire avec Khartis, l’outil de création de cartes thématiques proposé par l’Atelier cartographique de Sciences Po.

      Dans le Data Browser d’Eurostat, j’exporte très simplement la table de données dont j’ai besoin. Après un petit détour par un tableur, j’importe cette table dans Khartis, d’un rapide copier-coller. La Tchéquie se convertit aisément en République tchèque pour établir la jointure avec les 27 pays du fond de carte.

      Reste le paramétrage de la visualisation qui demande plus de soin. Je choisis le même découpage en tranches de valeurs pour les 2 cartes hommes et femmes, afin d’obtenir deux représentations cartographiques comparables.

      Pour finir, l’export est possible dans plusieurs formats : png ou svg. Le format svg est très pratique, car plus facilement modifiable pour une personnalisation plus poussée. 

      Le résultat obtenu en png convient déjà très bien. Khartis propose un joli choix de palettes de couleurs pour les dégradés : bien contrastées, sans être trop agressives. 

      Il y a beaucoup d’éléments personnalisables : titre, position de la légende, dimensions, couleur des éléments d’habillage, ajout d’étiquettes…

      Pour finir, il est possible de sauvegarder le projet, pour le conserver ou le transmettre à une autre  personne. Je n’ai pas testé cette possibilité, mais c’est une bonne idée.

      Voilà les 2 cartes que j’obtiens, avec les femmes à gauche et les hommes à droite :

      Les pays les plus foncés et les plus clairs restent à peu près les mêmes. Les hommes sont (un peu) plus actifs que les femmes. Apparaissent toutefois quelques différences selon les pays. Cependant, les cartes thématiques ne sont pas les mieux à même de les faire ressortir. 

      Je fais donc appel à mon conseiller en datavisualisation préféré. Il me suggère un outil dont il est fan : Datawrapper. L’objectif annoncé dès la page d’accueil : No code or design skills required. Là encore, un copier-coller de la table de données, quelques réglages pour choisir les paramètres, dans un cadre bien guidé. Et hop, un graphique en barres horizontales, qui montre mieux les différences : 

      Ce graphique met en évidence que les pays où les femmes sont proportionnellement les plus nombreuses à se déplacer à pied ou à vélo sont aussi les pays où les femmes devancent les hommes dans cette pratique. Bravo et merci à ces 3 pays, Pays-Bas, Danemark, Finlande. Je n’ai jamais eu l’occasion d’y voyager. Je sais cependant qu’ils sont connus pour disposer d’aménagements confortables, qui encouragent et facilitent les modes actifs de déplacement. 

      Ce n’est pas une découverte, la cartographie thématique est un moyen puissant de “faire parler les données”. Pourtant, un graphique tout simple permet parfois une lecture plus directe et efficace. C’est ce qui ressort régulièrement des exemples que choisit Éric dans ses interventions, en formation, en conférence ou en accompagnement. Certes, il existe des outils pour créer facilement des cartes et des graphiques. Pour éviter de tomber dans le piège de produire des images aussi multicolores que des perroquets, mieux vaut connaître les fondamentaux de sémiologie graphique.

      L’article Accrocher le regard est apparu en premier sur Icem7.

    • sur Recension d'ouvrages de cartographie historique

      Publié: 23 December 2023, 11:58am CET


      Matthew Edney a recensé sur son blog "Mapping as a process" une liste d'ouvrages de cartographie historique parus durant l'année 2023. Parmi la liste, on trouve quelques ouvrages accessibles en open data.


      Ouvrages disponibles en open data :

      • Trudel, Claude. 2023. Atlas du Québec en Amérique et dans le monde : Cartes et plans géographiques et historiques du 16e siècle à nos jours,  Le monde en images, Centre collégial de développement de matériel didactique, collège de Maisonneuve.
        URL : [https:]]
        Ce livre propose trois types de documentation : un répertoire chronologique de cartes et de plans, depuis le 16e siècle jusqu’à nos jours?; plusieurs cartes et plans commentés?; une bibliographie exhaustive. Le répertoire chronologique contient une sélection de cartes et de plans relatifs au Québec. Les liens pointent vers les documents numériques originaux, dans les collections de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Archives de Montréal, Bibliothèque nationale de France, Bibliothèque du Congrès, et autres.
      • Lange, Diana, and Oliver Hahn. 2023. Colours on East Asian Maps: Their Use and Materiality in China, Japan and Korea between the Mid-17th and Early 20th Century. Leiden : Brill.
        URL : [https:]]
        « Les couleurs sur les cartes de l’Asie de l'Est. Leur utilisation et leur matérialité en Chine, au Japon et en Corée entre le milieu du XVIIe et le début du XXe siècle » (voir ce billet)

      • Alexander, Isabella. 2023. Copyright and Cartography : History, Law, and the Circulation of Geographical Knowledge. London: Bloomsbury Academic.
        URL : [https:]]
        Ce livre explore les histoires étroitement liées de la cartographie et du droit d'auteur en Grande-Bretagne depuis le début de la période moderne jusqu'à la Première Guerre mondiale, en se concentrant principalement sur les XVIIIe et XIXe siècles. Adoptant une approche multidisciplinaire et faisant un usage intensif des archives, il s'agit du premier compte rendu historique détaillé de la relation entre les cartes et le droit d'auteur. À ce titre, il examine comment l’émergence et le développement du droit d’auteur ont affecté les cartographes et le commerce des cartes et comment l’application du droit d’auteur au domaine de la cartographie a affecté le développement de la doctrine du droit d’auteur. Ses explorations jettent un nouvel éclairage sur la circulation des connaissances géographiques, les différentes cultures d’auteur et de créativité, ainsi que les liens entre le droit d’auteur, la culture de l’imprimé, la technologie et la société. 
      • Jeske, Martin. 2023. Ein Imperium wird vermessen : Kartographie, Kulturtransfer und Raumerschließung im Zarenreich (1797–1919). Berlin : De Gruyter.
        URL : [https:]]
        Ce livre porte sur la cartographie et les mesures de la Russie tsariste au XIXe et au début du XXe siècle. Il considère l'étude topographique et cartographique du plus grand pays du monde comme un aspect de la territorialisation de la Russie et examine l'importance des transferts culturels depuis l'Europe occidentale. Les cartes interprétées ici révèlent les images fragmentaires de cet immense empire qui ont été créées au cours du processus.

      Articles annexes

      The History of Cartography : une collection monumentale consacrée à l'histoire mondiale de la cartographie

      La grille de Jefferson ou comment arpenter le territoire américain

      Derrière chaque carte, une histoire (série de billets)

      L'histoire par les cartes (série de billes) 

      Rubrique cartes et atlas historiques

    • sur Parcellaires agraires et dynamiques d'exploitation du sol dans la longue durée (projet Parcedes)

      Publié: 22 December 2023, 6:48pm CET


      Le projet PARCEDES, financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR), a pour but d’étudier l’organisation et l’évolution des parcellaires agraires – ou limites de champs – de la Protohistoire à nos jours. Cette analyse se déroule sur quatre terrains différents situés entre la France (Vendée et territoire Nîmois), l’Italie (vallée de l’Ombrone – Toscane) et l’Angleterre (South Hams – Devon) et implique plusieurs institutions et centres de recherche (entre autres, Université Rennes 2, Université de Sienne, Université de Newcastle et l’INRAP).

      Ce choix reflète le souci de confronter des espaces différents et/ou similaires mais complémentaires du point de vue:

      • du contexte géographique et topographique,
      • des limites agraires existantes (fossés, earth banks, crêtes de labour…)
      • du poids historique de l’héritage romain
      • des usages économiques des terres
      • des expériences scientifiques locales

      L’ANR Parcedes, en se positionnant dans le champ des travaux de l’école française d’archéogéographie, qui évalue, sur le long terme, le rôle joué par le temps et les sociétés dans la transmission des planimétries (agraires et urbaines), poursuit trois objectifs :

      1. Faire l’histoire de la variabilité spatiale et temporelle de l’emprise humaine sur les espaces ruraux et des manières selon lesquelles les sociétés ont composé avec les spécificités et contraintes des milieux géographiques
      2. Élargir la notion de patrimoine aux structures agraires encore visibles dans les campagnes européennes
      3. Démontrer que ces parcellaires constituent un objet de recherche utile pour penser la durabilité des projets d’aménagements actuels des espaces ruraux.

      Cette approche comparée entre quatre terrains et cette synergie collective vise à identifier des scenarii généraux d’évolution des parcellaires agraires, sans pour autant écraser les diversités locales. Toutes les données collectées au cours de l’ANR, sur tous les terrains de recherche, sont traitées et modélisées, puis mises à disposition sur un webSIG en open access hébergé par la TGIR Huma-Num via le consortium « Projets Time Machine ».

      Version inédite des 3 webSIG de l’ANR PARCEDES :


      Articles connexes

      La parcelle dans tous ses états (ouvrage en open access)
      Cartographier le parcellaire des campagnes européennes d’Ancien Régime

      L'histoire par les cartes : le mouvement des enclosures en Grande Bretagne aux XVIIIe et XIXe siècles
      L'histoire par les cartes : la carte archéologique de Paris
      Atlas archéologique de la France
      Des images Lidar pour rendre visible l'invisible. L'exemple de l'archéologie
      Humanités numériques spatialisées (revue Humanités numériques, n°3, 2021)

      WorldCover (ESA), une couverture terrestre de l'occupation du sol à 10m de résolution
      Dynamic World : vers des données d'occupation du sol quasi en temps réel ?

      Cartes et données sur l'occupation des sols en France (à télécharger sur le site Theia)

      OneSoil, la carte interactive des parcelles et des cultures en Europe et aux Etats-Unis


    • sur Derrière chaque carte, une histoire : Colombia Prima ou la carte détaillée de l'Amérique du Sud en 1807

      Publié: 22 December 2023, 3:54pm CET


      Colombia Prima est le nom d'une carte détaillée de l'Amérique du Sud avec ses différentes possessions coloniales, telles qu'elles pouvaient exister sur le continent au début du XIXe siècle. La carte monumentale mesure 110 cm par 79 cm. Elle a été dessinée par le cartographe anglais Louis Stanislas D'Arcy Delarochette et publiée en 1807 par William Faden, géographe de Sa Majesté et de Son Altesse Royale le Prince de Galles. Elle se compose de 8 feuilles détaillées avec différentes échelles. Il s'agit d'une compilation réalisée à partir de nombreuses sources qui sont toutes énumérées en dessous du titre. Le but est de « délimiter l'étendue de notre connaissance de ce continent à partir des dernières enquêtes espagnoles et portugaises ». 

      Colombia Prima (1807) ou l'Amérique du Sud par William Faden (source : David Rumsey Map Collection)

      La carte constitue une référence et a été utilisée pour régler de nombreux conflits frontaliers à travers le continent. Les limites des dominations espagnoles, portugaises, françaises et hollandaises y sont nettement reconnaissables par des couleurs vives réhaussant les frontières. Par sa taille et sa précision, la carte de William Faden ne peut être comparée qu'à la carte d'Aaron Arrowsmith publiée à la même époque. Si on la compare à la carte de Cruz Cano y Olmedilla de 1775, rééditée par Faden en 1790, elle est beaucoup plus précise et montre le découpage colonial de l'Amérique du sud juste avant la vague des indépendances des années 1810-1820. La carte de Faden de 1807 a fait l'objet de plusieurs rééditions, dont celle de James Wyld dans les années 1860 montrant l'apparition de nouveaux états ainsi que le développement du chemin de fer dans certaines zones.

      Colombia Prima ou carte de l'Amérique du Sud vers 1860 (source : David Rumsey Map Collection)


      La carte de 1807 Colombia Prima fait référence à une Colombie qui contient encore toute l'Amérique du Sud. Si on la compare à la Mapa de Colombia publiée quelques années plus tard en 1827 par José Manuel Restrepo, on s'aperçoit que la Colombie ne couvre plus tout le continent, mais seulement les territoires que nous reconnaissons aujourd'hui comme appartenant à la Colombie, au Panama, à l'Équateur, au Venezuela et à certaines parties de la Guyane et du Brésil. Comme le montre Lina Del Castillo, « Restrepo a besoin d'une carte de la Colombie scientifiquement informée qui permettrait de faire reconnaître son indépendance vis-à-vis de toutes les puissances étrangères » (Castillo, 2018).

      Mapa de Colombia (1827) par José Manuel Restrepo (source : David Rumsey Map Collection)

      Carmen Marques Rodrigues a écrit un article sur les conditions de production de la carte de 1807 dans un numéro spécial de la revue História e Cultura consacré à La culture imprimée à l’époque moderne : débats et possibilités (XVe-XVIIIe) publié en portugais en 2023. Dans cet article (disponible en open data), elle s'intéresse aux relations entre la culture imprimée et les intérêts diplomatiques portugais à la fin du XVIIIe siècle. Elle met notamment en évidence le rôle de Luís Pinto de Sousa Coutinho (1735-1804), vicomte de Balsemão, pour fournir plusieurs cartes du Brésil au géographe anglais William Faden (1749-1836), dans le but d'influencer la conception d'une Amérique portugaise sur la carte Colombia Prima publiée en 1807. Selon Carmen Rodrigues, la carte Colombia Prima représente la synthèse des connaissances géographiques portugaises sur la Brésil, accumulées tout au long du XVIIIe siècle. En participant à cette construction, le Vicomte de Balsemão avait l'intention d'utiliser l'autorité de la carte pour montrer les limites des possessions portugaises en Amérique du Sud, consolidant ainsi auprès d'une opinion publique éclairée les limites continentales du Brésil face à une Amérique espagnole sur le point de s'effondrer.  

      Selon l'historienne Lina del Castillo, Francisco Miranda a eu une grande influence sur ce travail et « l’indice le plus évident qui suggère que Colombia Prima pourrait refléter la vision de Miranda, c’est précisément le titre » (Castillo, 2012, p. 385). En renommant l'Amérique du Sud Colombie, Faden corroborait les aspirations indépendantistes de Miranda, qui utilisait cette nouvelle appelation pour faire référence à un continent indépendant (Castillo, 2012, p. 385 et 2017, p. 119). Quelques années plus tôt, en 1783, Miranda entreprit un voyage à travers les États-Unis et c'est lors de cette tournée qu'il découvrit le nom par lequel les Républicains nord-américains désignaient autrefois l’Amérique : Columbia. « L'argument selon lequel le Nouveau Monde devrait porter une partie du nom de Christophe Colomb à la place d'Américo Vespucci circulait déjà dans les Amériques et en Europe depuis le début du XVIe siècle » (Castillo, 2017, p. 116). En effet, comme le montre l'historienne Andréa Doré, les cartes avec leurs « éléments rhétoriques de persuasion, de propagande ou de spéculation » sont capables de nommer et de renommer la géographie selon les circonstances (Doré, 2020, p. 213). C'est ainsi qu'au XVIe siècle, certains cartographes ont décidé d'appeler la partie sud du nouveau continent découvert par Colomb Peruana, s'inspirant des immenses richesses du Pérou. En élargissant le nom à l'ensemble continent, ces hommes voulaient que les richesses péruviennes soient également présentes sur l'ensemble de ces terres. 

      Comme le montre Carmen Rodrigues, « la cartographie, souvent considérée comme un miroir objectif de la réalité géographique est, en fait, profondément influencée par une myriade d’intérêts sociaux, politiques et économiques. Les représentations visuelles des territoires et des frontières dans les cartes ne sont pas simplement une transcription impartiale des contours géographiques, mais reflètent activement les intentions et les perspectives des individus qui ont façonné ces représentations. Au sein de la société des Lumières, hommes politiques et individus liés à l’État, la circulation de l'information et des objets cartographiques devient une composante stratégique. Le réseau de relations entre géographes, diplomates, dirigeants et collectionneurs influence la production et la diffusion de cartes, qui ne se sont pas produites en vase clos. Grâce à ces connexions, les cartes n'étaient pas seulement des représentations neutres de données géographiques, mais reflétaient des programmes plus larges » (Rodrigues, 2023, p. 118-119).

      Sources : 

      Rodrigues, Carmen (2023). Colombia Prima : As Relações entre Cultura Impressa e os Interesses Diplomáticos Portugueses no Final do Século XVIII [Colombia prima. Les relations entre la culture imprimée et les intérêts  diplomatiques portugais à la fin du XVIIIe siècle], História e Cultura. Dossiê Temático. Cultura impressa no período moderno : debates e possibilidades (XV-XVIII), v.12, n.2, dez/2023. URL :  [https:]]

      Del Castillo, Lina. (2012). La cartografía impresa en la creación de la opinión pública en la época de la independencia [Le rôle de la cartographie imprimée dans la création de l'opinion publique pendant la période de l'indépendance]. Dans Francisco A. Ortega Marínez et Alexander Chaparro Silva (éd.), Disfraz y pluma de todos: Opinión pública y cultura política, siglos XVIII y XIX (377-420). Bogotá : Universidad Nacional de Colombia et Helsinki URL : [https:]]


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    • sur Cartographier pour le web avec bertin

      Publié: 22 December 2023, 8:42am CET par Nicolas Lambert

      Camarades cartographes, vous connaissez bien évidemment le célèbre Jacques Bertin. Mais connaissez-vous la bibliothèque bertin ?

      bertin.js est une bibliothèque JavaScript consacrée à la réalisation de cartes statistiques vectorielles dont le développement a débuté en novembre 2021. La bibliothèque a été nommée ainsi en hommage au géographe français Jacques Bertin (1918 – 2010) et ses travaux fondateurs sur la sémiologique graphique dont l’influence est aujourd’hui encore majeure dans le domaine de la visualisation de données. Néanmoins, la bibliothèque ne propose en aucun cas un décalque de la sémiologie graphique de Jacques Bertin, mais plutôt des méthodes de représentations classiques telles que présentées dans les différents manuels de cartographie. La bibliothèque repose sur de nombreuses dépendances open source, principalement liées à l’écosystème D3.js mais également sur des bibliothèques spatiales telles que jsts, turf et proj4js. Elle est publiée sous licence MIT. Un “wrapper” de cette bibliothèque est également disponible dans les langages R et Python.

      Explications ?

       

      Nicolas Lambert

      Ingénieur de recherche CNRS en sciences de l'information géographique. Membre de l'UMS RIATE et du réseau MIGREUROP / CNRS research engineer in geographical information sciences. Member of UMS RIATE and the MIGREUROP network.

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    • sur Observable pour les géographes

      Publié: 22 December 2023, 8:17am CET par Nicolas Lambert

      Camarades cartographes, vous la savez tous, de nombreux langages informatiques ont le vent en poupe pour faire de l’analyse de données et de la cartographie. On parle beaucoup de Python et de R. Il y a pourtant un autre candidat sérieux : le JavaScript. Certes, ce langage vieux de 30 ans n’a pas été inventé du tout dans ce but. Mais il dispose de nombreux avantages. Ce langage est mature. C’est le langage du web. Il est installé par défaut sur tous les ordinateurs et même sur les smartphones. La communauté est très grande. De nombreuses librairies permettent déjà de manipuler et représenter les données. Les performances sont aujourd’hui très bonnes.

      C’est de ce constat qu’est né ObservableHQ, une plateforme collaborative 100 % en ligne qui propose pour concevoir, partager et diffuser des visualisations de données interactives et exploratoires. Objectif : fédérer et faire collaborer une communauté autour de l’analyse et la visualisation de données. Dans ce tuto Mate-SHS, je présente en détail cette plateforme, les principes innovants sur lesquels elle repose et explique en quoi elle facilite l’exploration interactive de données. J’insiste particulièrement sur l’écosystème spatial de cet environnement prometteur en présentant plusieurs bibliothèques développée par le RIATE, dédiées à la manipulation et la représentation de données géographiques : bertin, geotoolbox et geoviz.

      Bon film !

      Nicolas Lambert

      Ingénieur de recherche CNRS en sciences de l'information géographique. Membre de l'UMS RIATE et du réseau MIGREUROP / CNRS research engineer in geographical information sciences. Member of UMS RIATE and the MIGREUROP network.

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    • sur THEIA : a tricky transition period caused production delays, but the production resumes

      Publié: 21 December 2023, 4:52pm CET par Olivier Hagolle

      =>

      Update the 8th of January, 2024 : A new change in the interface from the Copernicus Dataspace on January the 2nd, implemented without prior notice, has caused a new interruption of our downloads, and the real time processing at THEIA, at a moment when no one was available to change things on the our side :(. The teams are now working to resume downloads.

      As the screenshot above shows, the end of 2023 was a tricky time for THEIA’s MUSCATE production center.

      • ESA changed its main data distribution center, and the transition brought us a few surprises. The colleagues at CNES who download data to PEPS had to make last-minute changes. This caused a few weeks’ delay (from November 10 to December 4).
      • The data made available on this server don’t stay there for long, and some were deleted before they could be retrieved from CNES. We therefore had to retrieve the missing data from other servers. This activity is still on going, and we have still have a few missing data.
      • At the same time, our production system had to be migrated to the new CNES HPC system, and with these kinds of migrations, there are always surprises. Everything had been validated on the test datasets, but the transition to mass production triggered major delays. This problem was solved in a few days, and production can now restart just before the vacations. We’ll soon be able to remove the red message from our site !

      A big thank you at the technical teams at CNES (including contractors) who maintain the PEPS and THEIA centers, et qui gave us the very nice Christmas present. I would like to thank especially Marie France Larif, for all her work and dedication, as she is leaving the center for a new position within CNES !

      The outlook is bright for next year, with the commissioning of our new Hesperides production center, and the new data access center GeoDataHub (the name is going to change). Their official openings are scheduled for mid-2024, but test versions already exist. And by the way, MAJA now only requires 6 minutes to detect clouds and correct atmospheric effects on a Sentinel-2 product! We should therefore be able to significantly increase the areas we cover.

       

    • sur Le brouillage et l'usurpation de signaux GPS participent de nouvelles formes de guerre électronique

      Publié: 21 December 2023, 12:33pm CET


      Les cas d'usurpation de signaux GPS sont de plus en plus fréquents aujourd'hui. Le « GPS spoofing », comme on le nomme, est pratiqué par la Russie, l'Ukraine, la Syrie, Israël et beaucoup d'autres pays dans le monde. Il concerne les zones de conflits ou de tensions comme en témoigne la cartographie réalisée sur la plateforme Felt.

      Cartographie des secteurs d'usurpation d'identité GPS entre le 11 et le 17 décembre 2023 (source : Felt)


      Pratiquée à grande échelle, la manipulation des services de navigation par satellite participe de la guerre électronique (« La nouvelle guerre GPS et ses risques », Le Monde, 2019). Pour Matt Berg, l'usurpation d'identité GPS épaissit le brouillard de la guerre. Israël utilise cette technique à son avantage. Mais d'autres pays comme l'Iran, la Russie ou les Etats-Unis ont aussi recours au brouillage électronique. Cette technique de masquage des signaux satellites semble être un moyen astucieux d’épaissir le brouillard de la guerre face à des capacités de reconnaissance toujours croissantes. Mais les experts craignent qu’elle ne propage ce brouillard au-delà du champ de bataille, créant ainsi un avenir de guerre encore plus chaotique et imprévisible. Il existe un risque que le brouillage ou l'usurpation de données GPS perturbe le transport aérien civil. Et il est également possible qu’un missile mal orienté, initialement dirigé vers une cible militaire, puisse toucher par erreur des civils, ce qui est déjà arrivé. (« GPS spoofing thickens the fog of war », Politico, 2023).

      Tout en reconnaissant l'importance du brouillage et de l’usurpation d’identité GPS, Robi Sen porte un regard critique sur l’article de Matt Berg. Les menaces seraient à relativiser. Les systèmes GPS présents sur les plateformes disposent désormais de mesures de sécurité anti-brouillage et anti-usurpation d'identité. D'autres systèmes de guidage que le GPS sont utilisés par les belligérants, notamment pour les missiles. Le brouillage et l’usurpation d’identité pratiqués à grande échelle par Israël ne sont pas quelque chose de nouveau. D’autres acteurs font de même, notamment la Russie. Ce serait bien d'avoir des articles sur l’évolution du paysage de la guerre électronique, en termes d'opportunités et de défis. À mesure que ces technologies progressent, il est impératif d’évaluer continuellement leurs implications éthiques et pratiques. L’utilisation de techniques d’usurpation d’identité GPS, avec leur divers scénarios, soulève des questions quant à leur impact plus large sur les infrastructures civiles et sur les lois internationales. Cela devrait être également discuté (« Quick Critical Look at "GPS Spoofing Thickens the Fog of War" by Matt Berg », Linkedin, 2023).

      Tegg Westbrook, de son côté, montre à quel point le système de positionnement global et le brouillage militaire débouchent sur de nouvelles géographies de la guerre électronique  (« The Global Positioning System and Military Jamming: The geographies of electronic warfareJournal of Strategic Security », 2019). Il souligne le fait que la grande majorité des récepteurs GPS sont très sensibles au détournement en raison de la faiblesse des signaux reçus à partir de satellites en orbite lointaine. Cette faiblesse du signal crée de nombreuses opportunités pour les criminels ainsi que pour les acteurs étatiques en quête de gains stratégiques. Les brouilleurs varient eux-mêmes en puissance et en capacité. Ces facteurs sont déterminants quant aux intentions des utilisateurs finaux. Le brouillage est utilisé pour bloquer le suivi GPS. Il peut également être utilisé à des fins de harcèlement ou pour désorienter les informations de navigation et de positionnement. Le brouillage est souvent aveugle et provoque des perturbations intentionnelles et non intentionnelles qui transcendent les frontières. Pour Tegg Westbrook, l'un des problèmes les plus préoccupants liés au brouillage ou à l'usurpation concerne les cas où les utilisateurs ne sont pas conscients qu'ils reçoivent des données de navigation et de localisation inexactes. Les systèmes militaires basés sur le GPS, tels que les drones utilisés dans les zones de conflit ou à proximité des frontières d’États « ennemis », sont vulnérables au brouillage et à l’usurpation d’identité. Il n’est pas réaliste pour les gestionnaires d’infrastructures critiques, en particulier dans les zones urbaines denses, de créer des distances de sécurité physiques suffisantes pour atténuer les interférences.

      Le site GPSJam fournit une cartographie  des zones probables d'interférences GPS. Cette cartographie est dressée à partir des rapports fournis par le système de navigation des avions (données ADS-B Exchange). Ces données représentées sous forme d'hexagones ont une précision relative. Les compagnies aériennes évitent par exemple de survoler l'Ukraine, ce qui explique la quasi absence de données pour certaines zones géographiques. Il est remarquable que des pays entiers voire des grandes zones continentales échappent à la détection des signaux brouillés dans GPS Jam. Ce que l'on peut considérer comme des "déserts de données". Mises à jour quotidiennement, ces données permettent néanmoins d'appréhender les évolutions et les permanences dans les zones de conflictualité.

      Cartographie des zones d'interférence GPS sur le site GPSJam



      Concernant le trafic maritime, des cas de détournement ou de coupure de signaux AIS sont visibles à travers des sites comme Marine Traffic ou Vessel Finder qui permettent de suivre la localisation des navires en temps réel. Mais certaines données, notamment l'historique des données AIS, sont accessibles uniquement en version payante. La désactivation des signaux AIS peut masquer le comportement des navires en mer, en particulier pour des navires pratiquant la pêche illégale (voir cette étude Hot spots of unseen fishing vessels). Au Venezuela ou en Ukraine, il n'est pas rare que des navires utilisent des fausses coordonnées GPS et détournent le système AIS pour contourner le droit et les sanctions internationales (New York Times, 2022).


      Géolocalisation des navires et suivi du trafic maritime en temps réel sur le site Vessel Finder


      Qu'il soit volontaire ou non, le brouillage (GPS jamming) est à distinguer de l'usurpation d'identité (GPS spoofing) qui peut aller jusqu'à des formes très sophistiquées, telles la transmission de faux signaux ou la diffusion d'informations malveillantes (« Jamming and Spoofing of Global Navigation Satellite Systems », Intertanko, 2019).

      Lien ajouté le 26 février 2024

      La Russie intensifie sa guerre électronique contre la Norvège. La région du Svalbard et + largement la zone frontière avec la Finlande et les Etats baltes sont particulièrement exposés
      Voir le suivi en temps réel du brouillage électronique sur GPS Jam [https:]] pic.twitter.com/8HIn8sCjP6

      — Sylvain Genevois (@mirbole01) February 26, 2024

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    • sur THEIA : une délicate période de transition : retards de production bientôt résolus

      Publié: 20 December 2023, 6:56pm CET par Olivier Hagolle

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      Mise à jour du 8 janvier 2024 : un nouveau changement sans préavis dans le format des métadonnées distribuées par le DataSpace Copernicus, effectué aux alentours de la Noël, a causé un plantage des téléchargements à une période où il n’y avait personne pour maintenir les logiciels de téléchargements ? . Les équipes techniques essaient de suivre et de faire les modifications nécessaires pour reprendre les traitements.

      Comme le montre la copie d’écran ci-dessus, la fin de 2023 fut une période délicate pour le centre production MUSCATE de THEIA .

      • l’ESA a changé son principal centre de distribution de données, et la transition nous a réservé quelques surprises, et les collègues du CNES qui rapatrient les données sur PEPS ont du faire des changements de dernière minute qui ont occasionné quelques semaines de retard (du 10 Novembre au 4 décembre)
      • les données mises à disposition sur ce serveur n’y restent pas longtemps, certaines ont été supprimées avant d’avoir pu être récupérées au CNES. Il a donc fallu aller récupérer les données manquantes sur d’autres serveurs.
      • dans le même temps, notre système de production a du migrer sur le nouveau système HPC du CNES, et là aussi, il y a toujours des surprises. Tout avait été validé sur les jeux de données de tests, mais le passage à la production de masse a déclenché de grosses lenteurs. Ce problème a été résolu en quelques jours, et la production peut donc redémarrer juste avant les congés. Nous allons donc bientôt pouvoir supprimer le message en rouge sur notre site.

      Un gros merci aux équipes techniques du CNES qui exploitent les serveurs PEPS et THEIA, et qui nous offrent ce beau cadeau de Noël, et notamment, pour l’ensemble de son œuvre et son professionnalisme hors pair, un grand merci à Marie-France Larif qui nous quitte pour un autre poste !

      Les perspectives sont belles pour l’année prochaine, avec la mise en service de notre nouveau centre de production Hesperides, et du nouveau centre d’accès aux données, le GeoDataHub (le nom va changer). Leurs ouvertures officielles sont prévues pour mi 2024, mais des versions de test existent déjà, et MAJA n’y demande plus que 6 minutes pour détecter les nuages et corriger les effets atmosphériques sur un produit Sentinel-2! ). Nous devrions donc pouvoir largement augmenter les zones traitées.

    • sur Oslandia rejoint la Fédération des Pros d’OSM

      Publié: 20 December 2023, 7:00am CET par Caroline Chanlon

      En octobre 2023, Oslandia est devenu membre de la Fédération des Pros d’OSM, la fédération représentant les intérêts des entreprises françaises proposant des prestations liées à OpenStreetMap. [https://fposm.fr/\]

      Utilisateurs des données OSM depuis 15 ans, les équipes d’Oslandia disposent aujourd’hui d’une connaissance approfondie des données et du modèle et contribuent sur certains outils de la stack (e.g. PostGIS)

      Des clients d’Oslandia, comme Orange par exemple, déploient aujourd’hui des projets avec les fonds de carte OSM.

      « Grâce au support de nos clients, nous allons continuer à investir dans les outils OSM, notamment pour la maintenance et l’évolution » Vincent Picavet, Co-Founder et CEO Oslandia

    • sur 3 explorations bluffantes avec DuckDB – Croiser les requêtes spatiales (3/3)

      Publié: 19 December 2023, 10:33am CET par Éric Mauvière

      Nous sommes entourés de données géolocalisées. La séparation données statistiques / données spatiales est bien souvent arbitraire. Mais si elle perdure, c’est parce que les outils SIG (systèmes d’information géographiques) sont lourds à installer et complexes à utiliser.

      Avec son extension spatiale, DuckDB met enfin l’analyse géographique à la portée de tou·tes.

      Comme dans les deux articles précédents, je vais présenter deux cas concrets, l’un avec les données GTFS de transports en commun dans la métropole toulousaine, l’autre avec la base adresse nationale (BAN).

      A - Le standard GTFS pour analyser les transports en commun à Toulouse

      Le format GTFS (General Transit Feed Specification) permet aux gestionnaires de transports en commun de mettre à disposition, quotidiennement, des informations détaillées sur leur réseau, les horaires et emplacement des arrêts, le niveau de service. Mis au point par Google en 2005, il s’est imposé comme un standard mondial.

      Comme bien d’autres en France et dans le monde, le gestionnaire toulousain Tisséo propose en téléchargement un fichier rafraichi tous les jours, dont la carte ci-dessous restitue l’information purement géographique. Si vous zoomez sur ce composant cliquable (l’IGN propose un fort bel outil web intitulé « Ma carte »), vous verrez apparaître aussi les points d’arrêt.

      J’ai construit cette carte interactive avec DuckDB à partir de ce fichier GTFS, gtfs_v2.zip (11 Mo), qui contient sous forme d’archive zippée une collection de fichiers CSV, disposés et structurés selon la norme :

      La table routes décrit en bon français des « lignes », de façon purement textuelle, par type  (0 = tramway, 1 = métro, 3 = bus, 6 = téléphérique…) : un identifiant unique route_id se distingue du code usuel de la ligne (ex. : ligne A du métro).

      La table trips décrit des navettes. Par exemple le bus de la ligne 26 partant à 6 h 03, lundi 18 décembre 2023, de Montberon, terminus Borderouge correspond à une navette identifiée par un trip_id. Une navette a donc une caractéristique symbolique (la ligne), temporelle – horaire et jours – (elle ne circule pas forcément tous les jours à la même fréquence) et spatiale. Elle emprunte un itinéraire physique particulier définit par un shape_id.

      La table shapes décrit ces itinéraires et c’est la première table véritablement géographique.

      Chaque itinéraire se définit par une suite ordonnée de points GPS (latitude, longitude). Ces points ne correspondent pas aux arrêts, ils sont plus nombreux et définissent les changements d’orientation de l’itinéraire, afin de pouvoir le tracer précisément. Pour une même ligne, il y a généralement un itinéraire aller et un itinéraire retour, qui peuvent légèrement différer.

      Les arrêts sont décrits dans la table stops, qui constitue la seconde table géographique. On distingue (via location_type) une zone d’arrêt globale des deux points physiques de l’arrêt, selon la direction désirée.

      La table stop_times décrit chaque navette (identifiée par un trip_id) comme une suite d’arrêts situés spatialement et temporellement (stop_id, arrival_time…)

      Voilà l’essentiel à retenir de ce riche format. Le site transit.land agrège les principales sources GTFS mondiales et en propose une élégante visualisation.

      En avant avec DuckDB spatial

      Voyons comment la produire nous-même, avec DuckDB. Je l’utilise ici au sein de l’utilitaire gratuit DBeaver. DBeaver permet de gérer facilement ses scripts SQL (édition, sauvegarde) et de consulter de façon interactive (y compris cartographique) le résultat des requêtes adressées à DuckDB.

      Note : depuis le 18 décembre 2023, l’extension SPATIAL de DuckDB est aussi utilisable dans le navigateur.

      Chargeons d’abord les tables. Les fichiers du standard GTFS sont généralement mis à disposition sous forme d’une archive .zip. DuckDB ne sait pas lire directement un zip. Deux méthodes sont possibles :

      1 – Télécharger et dézipper manuellement sur un disque local, puis, pour chaque table, écrire une instruction comme :

      				
      					CREATE OR REPLACE TABLE routes AS 
      FROM read_csv_auto('c:\...\routes.txt') ; 
      				
      			

      2 – Utiliser un proxy capable de charger le zip et d’extraire à la volée la table désirée, le tout via une simple requête [https.] C’est possible avec un petit script PHP prenant comme paramètre le nom de la table à extraire et l’URL du zip :

      https://icem7.fr/data/proxy_unzip.php?file=routes
      &url=https://data.toulouse-metropole.fr/api/explore/v2.1/catalog/datasets/
      tisseo-gtfs/files/fc1dda89077cf37e4f7521760e0ef4e9

      Utilisons une MACRO pour simplifier les écritures :

      				
      					CREATE OR REPLACE MACRO get_gtfs(f, cache) AS 'https://icem7.fr/data/proxy_unzip.php?clear_cache=' || cache || '&file=' || f 
      || '&url=https://data.toulouse-metropole.fr/api/explore/v2.1/catalog/datasets/
      tisseo-gtfs/file/fc1dda89077cf37e4f7521760e0ef4e9';
      
      				
      			

      Le paramètre cache va indiquer au script de conserver le zip sur le serveur proxy le temps d’extraire successivement toutes les tables, ce qui prend 10 secondes.

      				
      					-- 1er appel forçant le téléchargement du dernier gtfs
      CREATE OR REPLACE TABLE routes AS FROM read_csv_auto(get_gtfs('routes', 1)) ; 
      CREATE OR REPLACE TABLE trips  AS FROM read_csv_auto(get_gtfs('trips', 0)) ;
      CREATE OR REPLACE TABLE shapes AS FROM read_csv_auto(get_gtfs('shapes', 0)) ;
      CREATE OR REPLACE TABLE stops  AS FROM read_csv_auto(get_gtfs('stops', 0)) ;
      CREATE OR REPLACE TABLE stop_times AS FROM read_csv_auto(get_gtfs('stop_times', 0)) ;
      CREATE OR REPLACE TABLE calendar_dates AS FROM 
      read_csv_auto(get_gtfs('calendar_dates', FALSE), 
                    types=[VARCHAR,DATE,INT], dateformat='%Y%m%d') ;
      
      				
      			

      Pour cartographier le réseau, revenons donc à la table shapes :

      Pour la traduire dans un format spatial, les x lignes décrivant un shape_id particulier doivent être condensées en une seule entité spatiale de type LINESTRING. Autrement dit, la table shapes doit être regroupée par shape_id, chaque enregistrement décrira in fine un itinéraire complet.

      Commençons par créer des entités géométriques de type POINT. Conventionnellement, une telle colonne est dénommée geometry :

      				
      					LOAD spatial ;
      SELECT shape_id, shape_pt_sequence, 
      ST_Point(shape_pt_lon,shape_pt_lat) AS geometry
      FROM shapes ;
      				
      			

      Rajoutons une agrégation pour rassembler tous les points d’un tracé (shape_id) en une seule ligne :

      				
      					WITH shapes_pt_geo AS (
       SELECT shape_id, shape_pt_sequence, 
       ST_Point(shape_pt_lon,shape_pt_lat) AS geometry
       FROM shapes
       ORDER BY shape_id, shape_pt_sequence
      )
      SELECT shape_id, 
      ST_MakeLine(list(geometry)) AS geometry
      FROM shapes_pt_geo
      GROUP BY ALL ;
      				
      			

      Je n’ai plus que 328 enregistrements (sur les 200 000 de la table shapes).

      Et surtout, grâce à la petite manip expliquée ici, je peux visualiser chacun de ces itinéraires, directement dans DBeaver :

      Pour obtenir une table agrémentée du nom des lignes, je vais devoir procéder à deux jointures, ce sont les charmes du format relationnel GTFS :

      				
      					CREATE OR REPLACE TABLE reseau_gtfs_toulouse_met AS
      WITH shapes_pt_geo AS (
       SELECT shape_id, shape_pt_sequence, shape_dist_traveled, 
       ST_Point(shape_pt_lon,shape_pt_lat) AS geometry
       FROM shapes
       ORDER BY shape_id, shape_pt_sequence
      ),
      shapes_lines_geo AS (
       SELECT shape_id, max(shape_dist_traveled)::int AS shape_length,
       ST_MakeLine(list(geometry)) AS geometry
       FROM shapes_pt_geo
       GROUP BY ALL
      )
      SELECT r.route_id,r.route_short_name,r.route_long_name,r.route_type,
      	   s.shape_id,s.shape_length,s.geometry
      FROM shapes_lines_geo s
      LEFT JOIN (SELECT DISTINCT route_id, shape_id FROM trips) t 
      	ON s.shape_id = t.shape_id
      LEFT JOIN routes r ON r.route_id = t.route_id
      ORDER BY r.route_type, r.route_id ;
      
      				
      			

      Et voici dans cet aperçu les deux lignes de métro (A et B), sens aller et retour, deux lignes de bus :

      Il ne me reste plus qu’à exporter en GeoJSON pour l’exploiter à ma guise dans une autre application, comme le bien pratique outil web IGN Ma carte.

      				
      					COPY reseau_gtfs_toulouse_met
      TO 'C:/…/reseau_gtfs_toulouse_met.json'
      WITH (FORMAT GDAL, DRIVER 'GeoJSON');
      
      				
      			

      J’ai procédé de la même manière avec la table des arrêts, que vous pourrez voir apparaitre en zoomant suffisamment sur la carte.

      Simplicité des calculs géométriques

      À partir d’un tel fonds de carte et des informations associées, on peut calculer la longueur de chaque itinéraire, le temps de parcours, et donc la vitesse moyenne, pour déterminer les lignes les plus longues, les plus rapides, etc.

      Pour chaque shape, nous pouvions lire dans la table shapes d’origine la distance totale parcourue, renseignée par Tisséo. Mais il est possible de la calculer à partir de sa géométrie.

      Au préalable, pour obtenir une distance en mètres, il convient de projeter à la volée chaque géométrie vers un référentiel métrique, autrement dit de passer du référentiel « GPS » en longitude/latitude (codé conventionnellement EPSG:4326) au référentiel français Lambert 93 (codé EPSG:2154) :

      				
      					SELECT route_short_name, route_long_name, shape_length,
      ST_length(ST_Transform(geometry,'EPSG:4326','EPSG:2154', true))::int 
      AS shape_length_calc
      FROM reseau_gtfs_toulouse_met
      ORDER BY shape_length DESC ;
      				
      			

      Comme on peut le constater, le calcul géométrique est très proche, à quelques mètres près, de l’information fournie par Tisséo.

      Pour éviter l’empilement des parenthèses, je préfère la syntaxe alternative suivante, plus lisible, inspirée de la programmation fonctionnelle, que DuckDB implémente également :

      				
      					SELECT route_short_name, route_long_name, shape_length,
      geometry.ST_Transform('EPSG:4326','EPSG:2154', true)
              .ST_Length()::int 
      AS shape_length_calc
      FROM reseau_gtfs_toulouse_met
      ORDER BY shape_length DESC ;
      
      				
      			
      Quels sont les arrêts Tisséo les plus proches de chez moi ?

      Autre approche spatiale, et pratique : quels sont les arrêts Tisséo les plus proches de chez moi, et quand sont les prochains départs, et pour où ?

      Voici d’abord chez moi :

      				
      					SELECT ST_Point(1.46158, 43.69875) AS home_location ;
      				
      			

      Les arrêts proches de mon domicile (à moins de 700 mètres) se déterminent ainsi :

      				
      					CREATE OR REPLACE VIEW arrets_proches AS 
      SELECT ST_Point(stop_lon, stop_lat) AS geometry, 
      ST_Distance(
       ST_Point(stop_lon, stop_lat).ST_Transform('EPSG:4326','EPSG:2154', true),
       ST_Point(1.46158,  43.69875).ST_Transform('EPSG:4326','EPSG:2154', true)
      )::int AS distance_home, 
      stop_id, stop_name FROM stops
      WHERE distance_home 
      				
      			

      Rappelez-vous, il y a généralement deux arrêts dans la même zone, selon la direction du bus.

      Pour faire le lien avec les horaires, le nom de la ligne, et s’en tenir aux horaires valides aujourd’hui à partir de maintenant, engageons une série de jointures et de filtres adaptés (vous n’êtes pas obligés de tout analyser, sauf si vous êtes passionnés par GTFS) :

      				
      					SELECT route_short_name, route_long_name, stop_name, arrival_time, 
      trip_headsign, distance_home, trips.trip_id
      FROM arrets_proches
      JOIN stop_times ON arrets_proches.stop_id = stop_times.stop_id
      JOIN trips ON stop_times.trip_id = trips.trip_id
      JOIN calendar_dates ON trips.service_id = calendar_dates.service_id
      JOIN routes ON routes.route_id = trips.route_id
      WHERE arrival_time > localtime AND calendar_dates.date = current_date
      ORDER BY arrival_time, distance_home ;
      
      				
      			

      Il reste que la ligne 26 propose plusieurs arrêts près de chez moi ; je souhaite ne retenir que le plus proche. 

      Il suffira d’un QUALIFY avec une “window function” pour nettoyer le résultat :

      				
      					WITH trips_proches AS (
      	SELECT route_short_name || ' - ' || route_long_name AS ligne, 
      	trip_headsign AS terminus, 
      	stop_name, distance_home, arrival_time, trips.trip_id, geometry 
      	FROM arrets_proches
      	JOIN stop_times ON arrets_proches.stop_id = stop_times.stop_id
      	JOIN trips ON stop_times.trip_id = trips.trip_id
      	JOIN calendar_dates ON trips.service_id = calendar_dates.service_id
      	JOIN routes ON routes.route_id = trips.route_id
      	WHERE arrival_time > localtime AND calendar_dates.date = current_date
      )
      SELECT * EXCLUDE(trip_id),
      FROM trips_proches
      WHERE terminus IN ('Borderouge', 'Argoulets')
      QUALIFY rank() over(PARTITION BY trip_id ORDER BY distance_home) = 1
      ORDER BY arrival_time, distance_home ;
      
      				
      			

      Et le plus drôle, c’est que ma fille vient de passer me voir et se demandait quand était le prochain bus pour Argoulets. Elle n’en est pas revenue que je lui montre la réponse dans cette étrange interface ! Son appli Tisséo marche très bien aussi…

      Note : vous pouvez déclencher une requête SQL GTFS via une simple URL.

      B – Base adresse nationale (BAN), filaire de voies et GeoParquet

      Mon second cas d’étude porte sur des fichiers bien plus volumineux, et me permet d’introduire le format GeoParquet.

      Mon précédent logement se trouvait dans une rue limitrophe des communes de Toulouse et de Launaguet. L’état déplorable de la voie s’expliquait, disait-on, par son statut hybride, aucune des deux communes ne voulant s’en occuper à la place de l’autre.

      À l’époque, j’aurais pu vouloir rameuter tous les ménages concernés, habitant le long de cette voie limitrophe, ou à proximité immédiate, pour tancer les autorités (mais c’est juste une fable que j’élabore pour l’occasion). 

      Comment donc compter tous ces voisins ?

      Cette voie s’appelle Chemin des Izards, dont une large portion sud commence dans Toulouse, et une autre délimite Toulouse (à gauche) et Launaguet (à droite).

      À partir du filaire de voies de Toulouse métropole, je vais récupérer l’ensemble du tracé de la voie. Plutôt que lire un GeoJSON de 20 Mo, j’utilise la version GeoParquet du filaire, que j’ai ainsi réduite à 3 Mo. Comme d’habitude, je lis directement les données sur le web, ici sur data.gouv :

      				
      					CREATE OR REPLACE TABLE troncons_izards_ as
      SELECT code_insee, street, fromleft, fromright, 
      ST_GeomFromWKB(geometry) AS geometry
      FROM 'https://static.data.gouv.fr/resources/filaire-voiries-toulouse-metropole-format-geoparquet/20231219-050942/filaire-de-voirie-toulouse-met-geo.parquet'
      WHERE motdir LIKE 'IZARDS%'
      ORDER BY fromleft, fromright ;
      
      				
      			

      Grace à la lecture ciblée du fichier, les seuls « row-groups » du fichier parquet qui contiennent les données seront chargés et scannés. Ainsi, 1 Mo seulement a transité par le réseau. Ceci est possible parce que j’ai constitué le fichier GeoParquet en le triant sur code_insee et motdir, champs de recherche les plus naturels.

      Notez que le champ de géométrie d’un fichier GeoParquet est, selon cette spécification, encodé dans un format spécifique (le WKB). Pour le ramener au format géométrique de DuckDB spatial, il suffit de lui appliquer un ST_GeomFromWKB().

      Pour isoler la partie du chemin des Izards qui est limitrophe de Toulouse et Launaguet, je cherche à identifier des doublons. En effet, ces tronçons limitrophes sont décrits deux fois dans le fichier, pour chaque commune qui gère son côté de voie.

      				
      					CREATE OR REPLACE TABLE frontiere_izards AS 
      SELECT DISTINCT a.geometry,a.fromleft,a.fromright 
      FROM izards_troncons a 
      CROSS JOIN izards_troncons b 
      WHERE ST_Equals(a.geometry, b.geometry) AND a.code_insee  b.code_insee
      ORDER BY a.fromleft, a.fromright ;
      				
      			

      Vérifions visuellement dans DBeaver : je retrouve bien la partie nord du chemin des Izards, celle qui sépare Toulouse et Launaguet :

      Ma deuxième entreprise consiste à élaborer un tampon de 100 mètres autour de cette voie.

      Pour ce faire, je projette en coordonnées métriques avant de calculer le « buffer » :

      				
      					CREATE OR REPLACE TABLE buffer_izards AS 
      SELECT ST_Union_Agg(geometry)
      .ST_Transform('EPSG:4326','EPSG:2154',true)
      .ST_Buffer(100) -- buffer de 100 mètres
      .ST_Transform('EPSG:2154','EPSG:4326',true) AS geom,
      quadkey_min_geo(geom) AS quadkey
      FROM frontiere_izards ;
      
      				
      			

      Vérifions l’allure de ce tampon, cela semble assez correct :

      Indexation spatiale avec une quadkey

      La dernière requête inclut le calcul d’une nouvelle information quadkey, qu’on appelle un index spatial. Ce quadkey suit le modèle de Microsoft avec Bing : la terre est découpée en une pyramide de quadrillages. On peut aller jusqu’au niveau 12 par exemple, et affecter à chaque petit carreau de ce niveau un code à 12 chiffres.

      Bing Maps Tile System

      Ainsi, quand on travaille sur une zone géographique particulière, il est pratique de connaitre le quadkey du carreau qui l’englobe (à un niveau <=12). Cela servira à filtrer d’autres couches, comme la base d’adresses nationale que l’on va découvrir, si elle intègre elle aussi une colonne de quadkey.

      La fonction ST_QuadKey() vient d’apparaitre dans la branche de dev de DuckDB spatial, elle sera disponible prochainement en version 0.9.3. Si vous voulez la tester, il suffit de l’installer de la façon suivante, dans le client DuckDB ou même dans la version web

      				
      					FORCE INSTALL spatial FROM 'http://nightly-extensions.duckdb.org' ;
      				
      			

      ST_Quadkey() calcule le quadkey d’un point géométrique.

      Le concepteur de l’extension DuckDB spatial prévoit même une fonction de calcul du quadkey du carreau le plus petit englobant une entité géographique quelconque (ligne, polygone). 

      Je la préfigure par cette macro : 

      				
      					CREATE OR REPLACE MACRO quadkey_min_geo(geom) AS (
       WITH t1 AS (
      	SELECT 
      	unnest(split(ST_Quadkey(ST_XMin(geom), ST_YMin(geom),12),'')) AS a, 
      	unnest(split(ST_Quadkey(ST_XMin(geom), ST_YMax(geom),12),'')) AS b, 
      	unnest(split(ST_Quadkey(ST_XMax(geom), ST_YMin(geom),12),'')) AS c, 
      	unnest(split(ST_Quadkey(ST_XMax(geom), ST_YMax(geom),12),'')) AS d 
       ) 
       SELECT string_agg(a,'') AS quadkey FROM t1 WHERE a = b AND b = c AND c = d
      ) ;
      
      				
      			

      Ainsi, le quadkey calculé de notre tampon de 100 m autour du Chemin des Izards est :

      Examinons maintenant la base adresse nationale (BAN), je l’ai constituée au format GeoParquet à partir du csv.gz national, en l’enrichissant, pour chaque point adresse (et il y en a 26 millions), du quadkey correspondant. En voici un aperçu, sur un territoire mieux reconnaissable que la banlieue toulousaine :

      BAN en GeoParquet dans QGIS, Finistère nord - coloration par quadkey niveau 12

      Ainsi, la requête filtrée suivante ne charge que 6 Mo de données sur les 600 Mo du fichier parquet national – c’est tout l’intérêt de ce quadkey :

      				
      					SELECT geometry FROM 'https://static.data.gouv.fr/resources/ban-format-parquet/20231228-103716/adresses-france-2023.parquet'
      WHERE quadkey LIKE '120222030220%' ;
      				
      			

      Et je vais maintenant préciser ma demande avec un autre filtre spatial : que les adresses soient dans le “buffer Izards” :

      				
      					SELECT ST_GeomFromWKB(geometry) AS geom FROM 'https://static.data.gouv.fr/resources/ban-format-parquet/20231228-103716/adresses-france-2023.parquet' a
      JOIN buffer_izards b 
           ON ST_Within(ST_GeomFromWKB(geometry), b.geom)
      WHERE a.quadkey LIKE '120222030220%' ; -- 1 s
      				
      			

      L’exécution ne prend ici qu’une seconde. C’est tout bonnement ahurissant.

      Un opérateur de comparaison spatiale comme ST_Within() est coûteux, et s’il fallait le jouer sur les 26 millions d’adresses de la BAN, ce serait monstrueusement long. Restreindre le champ de cette comparaison aux seules adresses du carreau/quadkey pertinent nous fait gagner un temps fou.

      Cela va vite aussi parce que j’ai recopié manuellement le quadkey du buffer. Une manière plus dynamique d’écrire cette requête serait :

      				
      					SELECT ST_GeomFromWKB(geometry) AS geom FROM 'https://static.data.gouv.fr/resources/ban-format-parquet/20231228-103716/adresses-france-2023.parquet' a
      JOIN buffer_izards b ON ST_Within(ST_GeomFromWKB(geometry), b.geom)
      WHERE a.quadkey LIKE (b.quadkey || '%') ;  -- 10 s
      				
      			

      Cette version prend désormais 10 secondes, ce qui reste peu, mais je trouve anormal qu’elle soit bien plus longue que la précédente. J’ai signalé ce cas concret à l’équipe DuckDB et ne doute pas qu’elle saura remettre la vélocité nécessaire ici !

      J’obtiens surtout 153 adresses de ménages qui auraient ainsi pu se mobiliser pour réclamer que la voie soit refaite.

      Mais certains ont bien dû le faire, car la route a été aménagée à neuf depuis peu, agrémentée comme il se doit de moult chicanes et ralentisseurs…

      Pour visualiser ensemble ces adresses, le buffer, la portion limitrophe du chemin et les limites de Toulouse et Launaguet, tentons enfin de réunir ces différentes couches dans une seule table :

      				
      					SELECT ST_union_agg(geometry) AS geometry FROM frontiere_izards
      UNION SELECT geom FROM buffer_izards
      UNION (SELECT ST_GeomFromWKB(geometry) AS geom FROM 'https://static.data.gouv.fr/resources/ban-format-parquet/20231228-103716/adresses-france-2023.parquet' a
       JOIN buffer_izards b ON ST_Within(ST_GeomFromWKB(geometry), b.geom)
       WHERE a.quadkey LIKE '120222030220%')
      UNION SELECT ST_ExteriorRing(geom) FROM st_read('https://geo.api.gouv.fr/communes?code=31555&format=geojson&geometry=contour')
      UNION SELECT ST_ExteriorRing(geom) FROM st_read('https://geo.api.gouv.fr/communes?code=31282&format=geojson&geometry=contour') ;
      				
      			

      J’ai mobilisé au passage une API web, l’API Géo, pour récupérer le contour des deux communes. Ainsi, cette ultime requête mobilise ensemble des sources web indépendantes : la BAN (GeoParquet), le filaire de Toulouse métropole (GeoParquet), et l’API Géo (GeoJSON).

      Et voici le résultat directement affiché dans DBeaver !

      153 adresses à proximité du tronçon limitrophe du Chemin des Izards Le format GeoParquet

      Ce format nait d’une initiative communautaire, désireuse d’utiliser Parquet pour encoder des fichiers géographiques. Parvenu en 2023 à sa version 1.0, GeoParquet est lu par le logiciel libre QGiS, qui permet donc de le visualiser, et supporté par des éditeurs majeurs (Esri, Carto, FME, Microsoft…) 

      Depuis août 2023, un groupe de travail au sein de l’OGC est chargé d’en affiner encore la spécification pour l’asseoir définitivement comme un standard géographique mondial. L’IGN anglais, l’Ordnance Survey, utilise déjà GeoParquet.

      Un fichier GeoParquet est un fichier Parquet qui comprend des métadonnées géographiques spécifiques et encode la géométrie, officiellement au format WKB, mais aussi possiblement au format Arrow. Le format GeoArrow est donc un GeoParquet dans lequel la colonne de géométrie, au lieu du classique WKB, utilise une structure bien plus rapide à charger en mémoire, sans décodage.

      D’une façon générale, le format GeoParquet est bien plus compact que ses alternatives. Comme tout fichier Parquet, on peut le lire (avec DuckDB par exemple) de façon sélective sur le web avec des « range requests », ce qui permet de requêter directement en [https] sans avoir à télécharger le fichier complet en local.

      Il existe de multiples façons de convertir en GeoParquet un fichier géographique classique de type GeoJSON, shp, gpkg ou autres, par exemple :

      • OGR/GDAL,
      • librairies GeoPandas (Python), geoarrow (R),
      • utilitaire gpq.

      J’utilise plutôt ce dernier car, comme DuckDB, c’est un petit exécutable (30 Mo), sans dépendance. DuckDB ne sait pas – encore, mais ça va venir – exporter en GeoParquet. Mais il peut exporter un fichier géographique en Parquet standard, gpq venant ensuite le transformer en GeoParquet.

      Ainsi, pour convertir la base adresse nationale (BAN) en GeoParquet, je commence dans DuckDB par un export Parquet :

      				
      					COPY (
      WITH ban AS (
       SELECT *, ST_AsWKB(ST_point(lon, lat)) AS geometry, 
       ST_QuadKey(ST_point(lon, lat), 12) AS quadkey 
       FROM 'c:\...\adresses-france.csv.gz' 
      )
      SELECT * EXCLUDE(lon,lat,x,y) FROM ban
      ORDER BY quadkey
      ) TO 'c:\...\adresses-france.parquet' ;
      				
      			

      Notez qu’une fois le champ de géométrie créé (obligatoirement en WKB), je n’ai plus besoin des colonnes redondantes lon, lat, x et y. Par ailleurs, je rajoute une colonne quadkey et, je trie sur cette colonne – très important – pour donner à cet indexation spatiale toute son efficacité.

      Puis, en ligne de commande, je passe de Parquet à GeoParquet :

      gpq convert c:\...\adresses-france.parquet c:\...\adresses-france-geo.parquet 
      --from=parquet --to=geoparquet --compression=zstd

      Je peux aussi préciser un –row-group-length= pour ajuster la taille des row-groups dans le fichier, paramètre important pour accélérer les requêtes [https] : je dois avoir suffisamment de row-groups (une dizaine typiquement) pour que lire le ou les row-groups qui contiennent les données que je recherche soit efficace, fasse économiser beaucoup de bande passante.

      adresses-france-geo.parquet est un peu plus léger (600 Mo) que le csv.gz téléchargeable (700 Mo). Et surtout, il est directement requêtable en [https,] avec une extraordinaire efficacité pour ses 26 millions d’adresses.

      Conclusion de cette série de trois articles sur DuckDB et ses bluffantes potentialités

      DuckDB, Parquet et GeoParquet nous font entrer dans un nouvel univers, qui dépasse le classique modèle client / « serveur spécialisé de base de données », ou client / API web.

      À la place des boites noires sur serveur, qui implémentent en silo des API et des requêtes, le web entier devient une base de données généraliste, et c’est l’ordinateur de l’utilisateur qui fait le travail de requêtage, capable de charger sélectivement et sans enrobage inutile des flux de données brutes directement utilisables en mémoire.

      Peu de personnes encore ont saisi toutes les implications de cette mutation. Voici quelques avantages très concrets :

      • Économiser en gestion des données et d’accès concurrents sur les serveurs de mise à disposition : il suffit de déposer des fichiers et de laisser la magie du protocole [https] et des systèmes de cache opérer.
      • Éviter à l’usager de télécharger des fichiers en local, de les dézipper, à chaque fois qu’il veut accéder aux données les plus fraiches.
      • Dépasser la syntaxe obscure et variable des API web et surtout leurs limitations : formats de sortie verbeux, identification nécessaire parfois, limite en volume ou en nombre d’appels, lenteur souvent, pannes à l’occasion.
      • Pouvoir dans la même requête interroger simultanément plusieurs sources de données sur le web, faire les jointures nécessaires à la volée.
      • N’utiliser, côté utilisateur, que deux ou trois logiciels très simples, légers, rapides à charger, gratuits (le navigateur, év. un exécutable DuckDB indépendant si l’on utilise pas DuckDB dans le navigateur, DBeaver pour la productivité) et surtout un seul langage, le standard parmi les standards, SQL, flexible et intuitif.
      • Accéder avec une vitesse incroyable à des fichiers plus volumineux, même avec une mémoire limitée.

      Au-delà de la technique, j’ai voulu dans ces trois articles vous faire (re)découvrir la belle richesse des sources de données open data en France, en élaborant des cas d’usage les plus concrets et reproductibles possibles.

      J’espère enfin que les gestionnaires de ces bases open data et des API liées sauront saisir les avantages, pour l’utilisateur, à proposer en complément de leur dispositif actuel des bases au format (geo)parquet.

      Pour en savoir plus

      L’article 3 explorations bluffantes avec DuckDB – Croiser les requêtes spatiales (3/3) est apparu en premier sur Icem7.

    • sur Questions à la géographie féministe, Marianne BlidonCafé géo du 3 janvier 2023

      Publié: 18 December 2023, 8:06pm CET par r.a.
      Café géo de Montpellier du 3 janvier 2023

      Marianne Blidon est géographe féministe, spécialiste de géographie sociale et politique au prisme du genre et des sexualités. Elle est maître de conférences habilitée à diriger des recherches à l’Institut de Démographie de l’Université Paris 1-Panthéon Sorbonne (IDUP) où elle est aussi référente égalité et membre du comité d’éthique de l’Université Paris 1-Panthéon Sorbonne. Par ailleurs, elle est membre du bureau de la commission genre et géographie de l’UGI et de la commission diversité de l’alliance UNA Europa.

      Ses recherches récentes concernent la géographie du trauma et son élaboration épistémologique, théorique et méthodologique. Elle conduit actuellement une enquête longitudinale et un suivi de cohorte sur les projets d’émigration vers Israël et l’Amérique du Nord en lien avec l’expérience et les représentations de l’antisémitisme.  Elle est aussi membre du projet collaboratif européen RESIST – Fostering Queer Feminist Intersectional Resistances against Transnational Anti-Gender Politics (EU Horizon Europe) sous la direction de la géographe irlandaise Kath Browne[1].

      Définir le féminisme et la géographie féministe

      Il n’est pas possible de concevoir la géographie féministe, et de la définir, sans d’abord définir le féminisme. Cependant, comme l’a souligné Marianne Blidon, le féminisme étant multiple, il est lui-même difficile à définir, au point que certain·es résistent à le faire. L’idée première, simpliste, que nous avons du féminisme est celle d’une lutte pour l’égalité entre les hommes et les femmes. Or, le féminisme ne concerne pas que les femmes, ni seulement cette lutte vers l’égalité des genres. C’est ce qu’a proposé de nous montrer Marianne Blidon en se basant sur diverses sources théoriques. Selon Angela Davis, le féminisme serait une méthode pour mieux lutter pour le changement, dans tous les domaines, ce qui explique que l’autrice y ajoute des notions de race et de classe (2008). Cette idée trouve sa continuité dans le concept d’intersectionnalité de Kimberley Crenshaw, qui propose de penser l’ensemble des intersections des situations de discrimination et leurs impacts (1989). Prenant tout ceci en compte, on peut s’accorder sur le fait que le féminisme est un moyen de penser le changement social au sens large (S. Bourcier et A. Molinier, 2012).

      La géographie féministe est influencée par ces définitions, mais reste complexe à définir de manière succincte. Aussi Marianne Blidon nous a-t-elle proposé de reprendre la définition de la géographe afro-américaine Rickie Sanders, qui définit la géographie féministe à partir de 8 caractéristiques :

      – Remettre en question les relations de pouvoir, à la fois comme objet et comme pratique réflexive, c’est-à-dire que les relations de pouvoirs sont non seulement un objet d’étude à part entière, mais elles servent aussi de grille d’analyse d’autres phénomènes ;
      – Avoir une approche intersectionnelle ;
      – Prêter attention à l’ordinaire, au quotidien, plutôt qu’à l’extraordinaire ;
      – Donner une voix à celleux qui n’en ont pas, grâce à des travaux collaboratifs ; travailler « avec » les personnes étudiées et pas seulement « sur » elles ;
      – Agir en accord avec ses principes féministes ;
      – S’engager dans des débats épistémologiques sur la vérité et la production de la connaissance ;
      – S’inscrire dans la perspective des savoirs situés ;
      – Donner quelque chose en retour de ces études.

      Cette première définition nous donne une bonne idée de ce que la géographie féministe est, et de ses perspectives tant épistémologiques que méthodologiques. Malgré cela, féminisme et géographie féministe font face, comme l’a très bien expliqué Marianne Blidon, à des résistances qui les empêchent de trouver une place reconnue et durable notamment dans les institutions universitaires françaises.

      Les résistances au féminisme et à la géographie féministe : quelles raisons, quels arguments ?

      Au cours de sa conférence, Marianne Blidon a insisté sur la résistance à l’institutionnalisation de la géographie féministe en France aujourd’hui alors qu’elle s’est largement développée dans les espaces académiques anglo-saxons (première chaire en GB en 1994 par Liz Bondi, création de la revue Gender, Place and Culture, etc.). Elle demeure un angle mort de la géographie nationale. Ce désintérêt et cette invisibilisation sont renforcés par une présentation stéréotypée et peu informée ainsi que la stigmatisation dont ce champ fait l’objet. La géographie féministe est soit disqualifiée comme un champ a-scientifique car engagé et militant, soit réduite à une particularité anglo-saxonne de la géographie culturelle. JF. Staszak ou C. Chivallon ont parfois cette lecture culturaliste : la géographie française s’intéresse à la classe, l’anglo-saxonne au genre et à la race. Ainsi, elle reste souvent en marge ou absente des appels à projets, des manuels et des présentations généralistes. Par ailleurs, l’ancienneté et la vitalité de ce courant de la géographie sont gommés au profit du récit de la figure pionnière – Jacqueline Coutras  – qui aurait fait seule émerger le champ sans continuité, appuis ou ancrages ; invisibilisant par la même d’autres figures importantes comme Jeanne Fagnani ou Renée Rochefort (voir notamment Ginsburger, 2017).

      Par ailleurs, la France souffre d’une ambiguïté quant au féminisme et, par extension, à la géographie féministe. La portée de cet héritage est ambiguë et le combat pour l’égalité apparaît pour beaucoup comme un combat dépassé du fait du « mythe de l’égalité déjà-là » et ce malgré les nombreuses objectivations chiffrées des inégalités et des violences systémiques (harcèlement de rue, violences de genre et féminicides, inégalités salariales et inégales disposition des temps sociaux…). Si le mouvement #Metoo a suscité beaucoup d’espoirs de changement parmi la jeune génération, le bilan demeure en demi-teinte et la vigueur et les attaques des mouvements antiféministes ont de quoi inquiéter. Ces discours sont éclairants quant à la résistance aux idées et aux épistémologies féministes. Marianne Blidon nous en a proposé une liste non exhaustive. Les arguments vont d’une considération du féminisme comme un combat dépassé, l’égalité effective étant atteinte, au refus de la victimisation, en passant par une attention se reportant sur une crise de la masculinité qui voudrait que les hommes soient en réalité les véritables victimes dans la société actuelle. Tous ces arguments sont réfutables par les statistiques, qui prouvent que l’égalité hommes-femmes est loin d’être atteinte et que les violences de genre persistent. Marianne Blidon a aussi insisté sur la nécessaire distinction entre expérience personnelle et les rapports sociaux. Vivre dans un couple hétérosexuel égalitaire, être mieux payée que son conjoint, avoir eu régulièrement des promotions face à des hommes n’invalident pas des inégalités systémiques qui ne se situent pas seulement à un niveau individuel mais collectif.

      La géographie féministe fait face à des résistances similaires, notamment en raison de son lien avec le mouvement féministe. Le féminisme n’étant pas considéré comme une démarche scientifique, mais comme un engagement politique et militant, la géographie féministe souffre donc d’une forte disqualification. N’étant pas prise au sérieux, elle ne trouve pas, ou peu, sa place dans les institutions universitaires françaises. Ainsi, on ne trouve pas, ou peu, en France de cours sur la question et encore moins de départements ou de cursus dédiés contrairement aux espaces anglophones. Ce déséquilibre entre la France et ses voisins britanniques ou nord-américains conduit à envisager à l’instar de Christine Chivallon que ce champ serait le propre de ces espaces académiques plus ouverts à une approche communautaire. Cette lecture culturaliste achoppe sur l’histoire de cette discipline et l’oubli que dès 1982, le CNRS lance l’Action Thématique Programmée « Recherches sur les femmes et recherches féministes », à la suite du colloque « Femmes, féminisme, et recherche », tenu à Toulouse (Rouch, 2001).Tout ceci explique que, comme le dit Gillian Rose, citée par Marianne Blidon lors que sa conférence, « la géographie féministe reste “en dehors du projet” de la géographie » (1993).

      Néanmoins, la géographie féministe est aujourd’hui plus visible en partie grâce à une nouvelle génération plus demandeuse et au courant des luttes féministes et de leurs apports. Dans le milieu universitaire, la mise au jour d’affaires de harcèlement et d’agressions sexuelles permet l’apparition de discours et de pratiques militantes et critiques. Les questions féministes trouvent aussi leur place dans le monde universitaire via la circulation des savoirs académiques et le poids des normes anglophones dans le milieu, permettant d’imposer plus durablement la géographie féministe. Enfin, les institutions s’emparent des questions féministes, conscientes de leur impact dans la protection du système démocratique. Tout cela tend à rendre la géographie féministe plus visible et reconnue, et avec elle ses nombreux apports à la discipline géographique.

      Apports de la géographie féministe

      Comme l’a montré la définition de R. Sanders rappelée par Marianne Blidon, la géographie féministe est vectrice de changements importants dans la discipline géographique et dans les sciences humaines au sens large. Marianne Blidon nous a permis de le voir en nous présentant les apports de la géographie féministe. Même s’il existe plusieurs mouvements de géographie féministe avec leurs spécificités, on peut résumer de manière globale les apports de la discipline à une refondation des principes de la discipline à la fois ses concepts, ses catégories et ses théories mais aussi sa manière d’enseigner et de conduire des recherches. C’est tous les fondements androcentriques de la discipline que la géographie féministe invite à dévoiler et à transformer. Parmi les perspectives ouvertes par ce courant de la géographie, on peut citer :

      – Redonner leur place aux femmes en géographie en revisitant les travaux des pionnières mais aussi des petites mains qui ont fait la science dans l’ombre des pères fondateurs (voir les travaux de Janice Monk) ;
      – Dévoiler les biais androcentriques des catégories et des concepts de la discipline à l’instar du travail réalisé par Claire Hancock avec le terme territoire ;
      – Favoriser le développement d’une science plus réflexive et éthique (Cf les travaux de Gillian Rose) ;
      – Questionne la place du corps, des sens et du sensible dans la production d’un savoir géographique médié par le terrain (voir notamment les travaux d’Anne Volvey).

      La géographie féministe, enfin, travaille à l’historicisation des rapports de pouvoir dans la science et à la conscientisation de ces rapports. Elle nous montre que plus qu’une lutte politique et sociale, le féminisme est une épistémologie, un corpus théorique mais aussi une praxis et une éthique, et une volonté de sortir de la victimisation dans une perspective d’empouvoirement, d’émancipation, et de justice sociale.

      Au cours de sa conférence, Marianne Blidon nous a donc montré les spécificités et les apports de la pratique scientifique et politique qu’est la géographie féministe, et nous a permis de mieux comprendre son intérêt pour une science et une société émancipatrices. Nous la remercions chaleureusement pour cette intervention passionnante et au cours de laquelle nous avons pu vérifier certaines des thèses de la géographie féministe grâce aux interventions véhémentes et parfois agressives d’une partie du public.

      Compte-rendu de Léo Boulanger – Relecture de M. Blidon, 2023.

      [1] Source : [https:]]

    • sur Produire et manger localement, utopie ou réalité ?

      Publié: 18 December 2023, 7:49pm CET par r.a.

      Lors du café-géo du 6 décembre 2022 à Montpellier, Nabil Hasnaoui Amri (chercheur associé, UMR Innovation) (1) a présenté les résultats de sa thèse (2) dans laquelle il observe toute une collectivité s’interrogeant sur les emplacements à dédier à l’agriculture. Sont observés les jeux d’acteurs qui président à la mise en place de cette politique de réintroduction d’espaces agricoles au sein de l’agglomération; les leviers d’action  utilisés pour la mise en place de cette agriculture urbaine ainsi que les limites spatiales, foncières et actorielles de ce projet. Quelles sont les réalités géographiques et politiques de ce jeune projet innovant et quelles en sont les dimensions utopiques ?

      Contexte général

      Le projet P2A s’inscrit dans un contexte général de mutation de l’agriculture :

      Une défiance générale des citoyens au sujet de la qualité des produits agricoles suite aux différentes crises sanitaires comme celle de la vache folle dans les années 90. Le souci des pays riches porte désormais davantage sur la qualité des produits agricoles que sur leur quantité.
      Une évolution du monde agricole marquée par une baisse des actifs agricoles, une diversification de leur profil social et une crise de légitimité au plan tant politique, social que sur  le plan des pratiques agricoles (usage des ressources, pollutions…)
      Une délégation croissante de l’action publique vers les collectivités locales et une prise en charge par ces mêmes collectivités des actions liées à la transition agricole.

      Le projet P2A : une transition qui accompagne une vaste transformation politique.

      La métropole vise dans ce cas une transition vers une agriculture nourricière en partie implantée au sein des espaces urbains. De nouvelles compétences économiques et de développement ont été déléguées à la Métropole de Montpellier du fait de la loi NOTRe. Elle devient ainsi l’interface entre les problèmes locaux et les changements globaux (environnement, alimentation de proximité) mais aussi entre les différentes sphères sectorielles (agriculture, urbanisme …). La collectivité locale devient médiatrice entre  les échelles et les acteurs  alors que c’était autrefois l’État qui jouait ce rôle de régulation comme l’avait montré P.Muller (Le technocrate et le paysan, 2014, L’Harmattan).  Dans le cas de Montpellier, N.Hasnaoui Amri, est parti de l’hypothèse qu’il existait de nombreux décalages entre les attendus des acteurs urbains, des citoyens engagés dans la transition agro-alimentaire de la métropole et les projets de tout un archipel agricole fait d’une diversité d’agriculteurs devant  coexister dans cet espace.

      Une généalogie agraire de l’agglomération permettant de distinguer plusieurs périodes.

      1820-70 : un système traditionnel de polyculture et d’élevage + développement du vignoble de masse.
      1950-80 : une modernisation de la viticulture et une urbanisation accélérée 1980-2000 : arrachage viticole et « désactivation » des vignes + extension de l’urbanisation
      2006-2012 : de plus en plus de désactivation, les terres étant en attente d’urbanisation, on y plante du blé dur subventionné par la PAC. Les travaux du SCOT montrent que la surface urbaine passe de 1000 ha à 10 000 ha entre 1960 et 2004 dans l’agglomération érodant largement les espaces agricoles restants.

      Trois modèles urbains se succèdent donc à Montpellier :
      Technopole à bâtir
      Ville durable ? création des Agriparcs
      Ville en Transition ? P2A: Politique Agroécologique et Alimentaire
      L’agriculture devient un objet urbain

       

       

       

      Les leviers pour une transition agroécologique et agro-alimentaire existent bien que la métropole ait peu de compétences proprement agricoles :

      – La gestion du foncier peut se faire du fait de compétences d’urbanisme et grâce à des liens avec la SAFER
      – Quelques entrées agricoles peuvent se faire par la gestion des déchets, celle des risques ou de questions économiques.
      – L’impulsion du pôle de compétitivité Agropolis permet également une entrée agricole.
      – La promotion des produits du terroir est un levier d’action.
      – L’application de l’Agenda 21 (issu des préconisations de Rio en 1992) a permis la mise en place d’un projet d’Agriparc pour y répondre.
      – La rédaction des documents d’urbanisme offre une réflexion nouvelle sur les espaces agricoles notamment cette du SCOT 2 qui propose “d’inverser le regard” et de mettre l’accent sur l’aménagement des espaces de nature et des espaces agricoles dans la ville au lieu de les percevoir comme des « vides de la carte ».

      L’adhésion en 2010 de Montpellier à la politique des villes en transition a motivé d’autres actions au plan agricole…

      L’agriculture est ainsi introduite comme un objet d’aménagement de la ville à travers une complexe superposition de référentiels et d’outils.
      En 2010 apparaît ainsi la première politique alimentaire de la métropole ce qui n’empêche cependant pas que la ville ait continué à perdre des espaces agricoles (120 ha perdus entre 1994 et 2008). L’espace occidental de la métropole (autour de Lavérune et Fabrègues) est présenté comme la plaine nourricière à venir. Les demandes sociales d’écologisation des productions et de relocalisation des productions (une proximité entre consommateur et producteur) sont portées en 2015 par le « pacte alimentaire de Milan » qui donne l’occasion aux élus de Montpellier de s’associer à la démarche d’un réseau international de « grandes villes ». L’agriculture change alors de statut, c’est une agriculture multifonctionnelle que l’on promeut : nourricière d’une part mais également apte à résoudre les changements globaux et dotée de fonctions environnementales multiples (alimentation durable, lutte contre les risques, services écosystémiques contre l’inondation, contre l’érosion de la biodiversité …).
      Le marketing urbain se transforme dans ce sens comme le montre le marketing territorial de la métropole de Montpellier  (ci-dessous): on passe de l’imagerie de la technopole hors-sol à l’image d’une métropole enracinée…

      Hasnaoui Amri évoque enfin les logiques du projet P2A (Politique Agricole et Alimentaire)  qu’il a analysé dans plusieurs articles (voir bibliographie). Ce projet montpelliérain consiste à promouvoir des productions agroécologiques urbaines et des circuits plus locaux  grâce à plusieurs actions :

      – mettre à disposition du foncier public pour les agriculteurs dans la continuité du projet du SCOT de conserver des espaces agricoles et freiner l’étalement urbain à Montpellier (2000) ;
      – introduire des procédures de New public management par appel à projets (un instrument d’action public qui s’est développé depuis 15 ans) pour initier des projets agroécologiques ;
      – négocier directement avec les agriculteurs qui souhaitent s’investir dans le P2A.

      Nabil Hasnaoui Amri évoque 3 projets :

      1) L’aménagement d’un agri-parc : en 2010, la Communauté d’Agglomération de Montpellier (CAM) acquiert le domaine de Viviers situé au Nord de Montpellier. 20 % des 111ha de terres sont dédiés à des cultures vivrières, viticulture et céréaliculture en conventionnel pour le reste (commercialisées en filières longues). Seul un projet agricole alternatif (TerraCoopa) est présent – plus en adéquation avec le discours tenu sur la multifonctionnalité et qui a réussi à obtenir une part (10 % environ) du foncier alloué.

      2) Installation de fermes nourricières: La question agri-alimentaire est alors actionnée comme ressource politique pour favoriser des alliances entre Montpellier et les communes périurbaines et rurales de son territoire. Le choix est ainsi fait d’attribuer à nouveau du foncier agricole appartenant à la Métropole (14 ha sur deux domaines à l’abandon, des friches agricoles dont une part est en attente d’urbanisation) à des agriculteurs pour installer des micro-fermes maraîchères. L’allocation foncière se fait directement sans passer par la SAFER, syndicats viticoles et chambre d’agriculture. Une allocation est donnée en fonction de réseaux affinitaires et idéologiques (la critique du modèle productiviste faisant l’unité). Cela conduit à l’installation de nouveaux agriculteurs sur de petites parcelles dans des interstices urbains. N. Hasnaoui Amri souligne que la marginalité et précarité de ces nouveaux fermiers demeure une donnée qui empêche d’en faire un modèle vertueux au plan social et spatial.

      3) Redéploiement pastoral en garrigue : appel à bergers pour entretien des garrigues et de la biodiversité. Les espaces concernés sont le Domaine de Mirabeau à Fabrègues  (il s’agit d’y évincer un projet de décharge), des terres acquises en compensation de grandes infrastructures – achat par les aménageurs selon la procédure Éviter-Réduire-Compenser (dite « ERC ») (renforcée par loi Grenelle 2011 et 2016) et gérées par le Conservatoire des Espaces Naturels (CEN)

      La fin de l’intervention a permis à Nabil Hasnaoui Am ri de répondre à quelques questions sur la quantification de cette agriculture urbaine (il ne s’agit pour le moment que d’une centaine d’hectares sur la métropole), sur la nécessité de politiques inter-territoriales intégrant espaces ruraux et espaces urbains, sur les actions de « Terres de liens » dans l’acquisition du foncier.

      Pour aller plus loin

      ASNAOUI AMRI Nabil, « Entre utopie, transition et rupture, quelle politique pour accompagner le développement d’une agriculture écologique et nourricière ? Illustration à partir du cas de Montpellier Métropole », Pour, 2018/2-3 (N° 234-235), p. 271-278. URL : [https:]
      HASNAOUI AMRI Nabil, « La ville comme moteur de recompositions viticoles ? Réflexions à partir du cas montpelliérain », Pour, 2019/1-2 (N° 237-238), p. 319-334.  URL : [https:]
      HASNAOUI AMRI Nabil, MICHEL Laura, SOULARD Christophe-Toussaint, « Vers un renouvellement du dialogue entre agriculteurs et r
      égions urbaines autour de laccès au foncier agricole. Cas de la Métropole de Montpellier, France », Norois, 2022/1 (n° 262), p. 61-78. URL : [https:]

       

      Prise de notes : Sian CERRATO, Margot PEREMARTI, Ch.CASTAN,  juin 2023

       

      (1) Agronome et géographe, N. Hasnaoui Amri travaille sur la re-territorialisation de l’agriculture en ville dans le cadre de la politique de transition P2A à Montpellier (Politique Agro-écologique et Alimentaire menée par les 31 communes de l’Agglomération).

      (2) HASNAOUI AMRI Nabil, «  La participation des agriculteurs à une politique alimentaire territoriale : le cas de Montpellier Méditerranée Métropole », thèse soutenue en 2018 à Montpellier (Direction Laura Michel et Christophe Soulard – Géographie sociale et approche cognitive des politiques publiques).

      Thèse fondée sur des observations participantes, l’analyse des délibérations des collectivités, des entretiens qualitatifs avec élus, agriculteurs, éleveurs, agents de développement (= métropole, communes, autres collectivités, chambre d’agriculture…), travaux sur des appels à projets, travaux dans le cadre du renouvellement du SCOT de Montpellier)

    • sur La rue : évolution d’un espace public en France

      Publié: 17 December 2023, 5:48pm CET par r.a.

      Michèle Vignaux présente Claude Gauvard (au centre) et Danielle Tartakowsky (droite), cliché M.Huvet-Martinet

      Les Cafés Géo ont eu le plaisir d’accueillir au Flore à l’occasion de la sortie récente de l’Histoire de la rue, de l’antiquité à nos jours * deux éminentes historiennes intéressées par la géographie urbaine. Claude Gauvard (C. G) est professeure émérite d’histoire médiévale à Paris I-Panthéon Sorbonne, spécialiste de la société et de la justice du Moyen Âge.  Danielle Tartakowsky (D.T) est professeure émérite d’histoire contemporaine à Paris 8, spécialiste des mouvements sociaux.

      La rue est à ce point familière au citadin qu’on n’y prête plus guère attention. C’est aussi un espace à connotation affective : on parle de « gosses des rues », « chansons des rues » … Quel était cet espace autrefois, quel est-il aujourd’hui ?  Quelle place pour le piéton ?  A quoi ressemblait cet espace avant l’éclairage, l’automobile ? Quelles sont les permanences, les ruptures depuis l’Antiquité ?

      Interrogée en introduction sur le choix d’un découpage chronologique original, privilégiant « un long Moyen Âge » (du 5ème au 19ème siècles). C.G insiste sur le fait que les médiévistes travaillent toujours sur le long terme voire le très long terme.  En ce qui concerne la rue en France, on peut considérer que du Moyen Âge à Haussmann, la configuration, la largeur, l’hygiène, la sociabilité des rues, les hommes et femmes qui la fréquentent et y travaillent, demeurent pratiquement les mêmes.

      La rue, lieu de circulation.

      C.G. La continuité dans le temps long est frappante. Les embouteillages décrits par Boileau pourraient dater du Moyen Âge, voire de l’Antiquité. Dans toutes les villes moyennes (environ 20 000 à 30 000 habitants) tout comme à Paris (200 000 habitants au début du 14ème siècle), l’espace est le plus souvent totalement saturé. La congestion anarchique est provoquée par le nombre croissant de véhicules et d’hommes concentrés dans un tissu urbain resté identique, constitué d’un lacis de ruelles et de rues étroites et tortueuses souvent de deux mètres de large atteignant très rarement six mètres maximum comme la rue neuve construite (1160) par l’évêque de Paris pour rejoindre Notre-Dame au palais royal dans l’IIe de la Cité en faisant détruire des blocs d’habitations. Il y a certes quelques villes neuves qui dérogent à la règle générale avec des rues au carré plus spacieuses à l’image des rues de l’Antiquité qui découpaient l’espace en lignes droites bordées de portiques.

      Ceux qui circulent sont des marchands, des artisans, qui travaillent sur place et évacuent leur production. Les bêtes de trait et les charrettes provoquent beaucoup d’accidents. D’après les sources, on sait il y a beaucoup d’hommes mais c’est plus difficile de connaitre la place des femmes. Celles-ci circulent comme travailleuses : elles sont nombreuses notamment dans le travail de la soie à Paris et elles vendent parfois à la criée leur production. Les femmes se promènent-elles dans les rues ? C.G n’a pas de réponse quantitative car les sources sont extrêmement fugitives sur ce point.

      D.T. fait remarquer que la perception de la rue comme lieu d’embarras est vieille comme la rue. L’apparition de l’automobile a été une rupture majeure dans une histoire de longue durée qui n’est pas univoque et dont l’évolution n’est pas linéaire mais où se superposent les mutations technologiques et politiques. Les travaux qu’Haussmann a imposés à la ville médiévale méritent d’être réévalués positivement dans la mesure où il a repensé l’espace urbain avant l’arrivée de l’automobile, en ayant une vision avant-gardiste remarquable.  L’automobile ne devient un élément essentiel dans les interactions avec la ville que dans les années 1950 qui constituent une rupture majeure dans l’histoire longue de la rue. C’est en 1832 qu’une ordonnance de la préfecture de police de Paris définit, pour la première fois, les usages fonctionnels de la rue en affectant la voie publique à la circulation, principe réitéré théoriquement par Le Corbusier. Mais ce sont les années Pompidou qui marquent la ferme volonté d’adapter la ville à la circulation automobile, remettant en cause, pendant environ une vingtaine d’années l’hégémonie de la rue comme espace public même si les architectes recourant à l’urbanisme de la dalle ont souhaité préserver la rue comme structure de base du plan urbain.

      La rue, lieu de sociabilité.

      C.G.  La rue au Moyen Âge et pendant très longtemps est un lieu de vie où on se rencontre, se parle, se connait, où on se jauge et où on définit ce qu’on est. En effet, jusqu’au 18èmesiècle, surtout pour certaines catégories sociales, on aime se comparer aux yeux des autres qui font ce que vous êtes, c’est à dire votre renommée, bonne (la fama) ou mauvaise (la diffamation). On est alors dans une société d’honneur et c’est dans la rue ouverte, dans l’atelier, entre gens qui se connaissent que se fait et se défait la réputation à un point tel qu’il y a des rues honorables et d’autres pas : on voit au 15ème siècle des bourgeois de Paris aller se plaindre au Châtelet de la présence de prostituées qui déshonorent leur rue. Il y a un honneur de la rue qui par osmose se répercute sur l’honneur de la ville qui décide, parfois, à certains moments, d’exclure les prostituées comme à Toulouse, Paris, Dijon, Lyon…Les bagarres commencent le plus souvent à la taverne mais se terminent toujours dans la rue, lieu public où se défend l’honneur.

      Beaucoup d’enfants, de pauvres, de mendiants vivent dans la rue, plus ou moins bien acceptés parfois expulsés.

      D.T. Si les enfants sont autrefois nombreux dans la rue jusque dans les années 1950, ce n’est plus le cas actuellement car les parents ont peur pour leur sécurité. Les petits boutiquiers qui veillaient ferment tour à tour ; il y a une nostalgie de la « rue creuset » qui n’est plus. A chaque époque, et sous des formes qui diffèrent, il y a les exclus de la rue : dans la longue durée ce sont les pauvres, les prostituées, les SDF. On peut ajouter plus récemment la question de la construction des mosquées.

      Les trottoirs ont pour fonction de protéger les piétons. L’Antiquité avait ses portiques, Pompéi avait des trottoirs mais ceux-ci disparaissent pendant près de deux millénaires pour réapparaitre au début 19ème siècle mais surtout au 20ème siècle. Ils sont une réponse ordonnée à l’organisation de l’espace en protégeant les piétons car les villes grandissent avec l’industrialisation, elles se transforment et s’ouvrent. Avec les travaux d’Haussmann et les grandes percées, la rue et les boulevards deviennent des lieux de promenade : les piétons doivent être protégés de la circulation car maintenant ce sont des promeneurs qui flânent dans les rues élargies où on trouve toutes sortes de sollicitations, notamment les kiosques à journaux. Être dans la rue, ce n’est plus être dans sa rue.

       La construction des trottoirs a engagé un phénomène de segmentation, voire de semi-privatisation qui se poursuit actuellement avec les couloirs d’autobus, de vélo. A Shanghai on trouve même, parallèlement aux couloirs pour cyclistes, des couloirs réservés aux joggeurs.

      C.G. Au Moyen Âge on ne flâne pas dans les rues qui sont immondes. La flânerie est un luxe et la rue devient progressivement et plus récemment, un lieu du luxe tout en se démocratisant.

      La rue, lieu d’expression politique.

      D.T. La rue est un lieu d’échanges et est, dans notre histoire très spécifique, depuis le 18ème siècle jusqu’à la Commune, le lieu fantasmatique de l’expression du peuple en armes. C’est la rue du peuple des barricades glorifié par Victor Hugo, Delacroix, qui peut faire et défaire les régimes. Avec la victoire des Républicains dans les années 1880, on assiste à un lent processus de basculement de ces mouvements de rue, révoltes du peuple des faubourgs qui descend dans la rue, aux manifestations de rue. Tous les acteurs politiques et sociologiques peuvent descendre dans la rue, espace public pour manifester, revendiquer, protester. Le mot manifestation est polysémique et a recouvert longtemps des évènements divers : processions, parades, défilés…ce n’est que tardivement qu’il prend son sens actuel familier : la manif’. La centralité politique récurrente de la rue au 19ème siècle, puis, sous d’autres formes, en 1934 ou 1968, constitue une spécificité française.

      C.G.  Au Moyen Âge aussi on exprimait ses opinions dans la rue, lieu de transmission des rumeurs, et lieu possible des insurrections. La rue fait peur aux autorités. C’est donc un lieu qu’il faut dominer et contrôler, éventuellement en installant des chaines comme en 1382 à Paris lors de la révolte des Maillotins. Les 14ème et 15ème siècles sont dans plusieurs pays (France, Angleterre, Italie) des moments de révoltes urbaines, le plus souvent d’origine fiscale, qui partent de la rue. Ainsi celle d’Etienne Marcel (1356-57) qui devient une véritable guerre civile.

      C.G. La rue médiévale est aussi le lieu d’information et de transmission des décisions du pouvoir politique par les crieurs royaux et tout un personnel urbain affecté à l’information. Et les villes s’informent entre elles et savent très bien ce qui se passe ailleurs. L’affichage existe dès le Moyen Âge souvent sur les portes des églises, il est systématisé avec la création par François Ier d’un corps chargé des affichages dans les rues de Paris.

      Les efforts pour assurer la sécurité notamment sanitaire de la rue.

      C.G. Les épidémies ravageuses témoignent des mauvaises conditions sanitaires notamment en raison de la saleté mais aussi en raison des rivalités entre les juridictions, administrations, et seigneuries qui se chevauchent. Ainsi la place Maubert à Paris, place importante économiquement par la présence d’un marché et d’artisans, est réputée pour sa saleté : le roi et l’abbaye de Ste Geneviève veulent tous les deux se l’approprier. Il y a cependant des efforts pour aménager la voierie et les communes imposent des règlements, souvent répétés, pour interdire de jeter les immondices par les fenêtres, pour enlever le fumier et les détritus en dehors de la ville, pour empêcher les bêtes, particulièrement les porcs de divaguer.  A Paris, le roi essaie de mettre la main sur les grandes artères pour imposer son contrôle sur la voirie. Au Moyen Âge, les épidémies, la peste particulièrement, se propagent très vite aussi car la coutume est de rester en famille et de mourir entouré de ses proches. C’est aux 14ème – 15ème siècles qu’on commence à comprendre timidement l’intérêt du confinement et celui de fermer les portes des villes en cas d’épidémie.

      D.T. Au 18ème siècle les progrès sont évidents quand, en abattant les murailles, la ville close s’ouvre, et qu’avec les Lumières un courant hygiéniste émerge et réfléchit à la circulation de l’air.  Nicolas Delamare dans son Traité de la police (en trois volumes 1717-1719), s’indigne que Paris soit un cloaque et met l’accent sur la propreté nécessaire.  Le choléra de 1832, les travaux de Rambuteau puis ceux d’Haussmann à Paris permettent l’accélération des progrès de l’hygiène en veillant à l’alimentation de la ville en eau potable et à l’évacuation des eaux usées par les égouts. En 1883, le préfet Poubelle transforme la physionomie de la rue en imposant le ramassage et même le tri des ordures. La période haussmannienne et immédiatement post-haussmannienne a véritablement transformé les rues et la ville dans de multiples domaines y compris dans le ravitaillement avec la construction de halles modernes.

      La rue, lieu d’expression culturelle.

      D.T On a évoqué l’effacement du mot « rue » au profit de la « street ». A partir des années 1960, le street art venu des Etats-Unis est une des formes de réappropriation de la rue.  La première exposition de ces nouveaux usages culturels de la rue, en rupture avec les normes et les usages convenus, a lieu à New-York en 1968. IL y a aussi tous les sports de rue (le skate, le roller), la street dance, mais aussi la street food…Toutes ces activités témoignent de la popularité grandissante de la culture de la street-rue, évidente volonté de casser l’ordre établi. Ces usages hors-normes, au début combattus, conduisent progressivement à une redéfinition de l’espace public et produisent des effets sur les conceptions urbaines.

      C.G. Au Moyen Âge, toute expression est très ordonnée :  il y a des enseignes, des sculptures religieuses, des bornes. En revanche, le spectacle envahit la rue : montreurs d’ours, jongleurs, manifestations parfois très grivoises des charivaris, du carnaval, des processions, toutes faites à la fois de ritualité et de spontanéité. Quelques scènes de théâtre peuvent être montées aussi dans la rue.

       

      Interventions de la salle :

      Trois remarques d’un géographe qui applique à la rue, la méthode de la géohistoire chère à F. Braudel réutilisée par Ch. Grataloup.  La rue a une topographie (sa forme, sa longueur, sa largeur), mais la place sous ses diverses formes (place de grève, du marché, parvis de la cathédrale…) mérite aussi une réflexion. Par ailleurs dans la temporalité courte et moyenne, il est intéressant de distinguer ce qui se passe le jour et la nuit, l’été et l’hiver, en temps ordinaire et temp festifs. Enfin, l’étude des noms de rues, l’odonymie qui a fait l’objet d’un café de géo ( [https:]] ) est aussi un objet d’intérêt.

      D.T. fait remarquer que les places, surtout les places royales à l’époque moderne sont largement étudiées dans l’ouvrage.

      La rue : lieu d’insécurité ? Quelle place pour les piétons ?

      C.G. La rue peut faire peur mais le sentiment d’insécurité n’est pas forcément rattaché à la rue. Au Moyen Âge la police est indigente (200 sergents à Paris).  On a peur du viol, du meurtre, de l’homicide. Les viols, certainement nombreux mais difficiles à évaluer, sont des crimes punis mais peu déclarés. Ils concernent peu les « femmes d’honneur », davantage les servantes et encore plus les pauvres. La rue, notamment la nuit peut être un coupe-gorge. L’éclairage public n’arrive tardivement qu’au 19ème siècle en raison de la fréquence des incendies.

      D.T. La « mort de la rue » préconisée par Le Corbusier avec les grands ensembles et l’urbanisme sur dalles (remis en cause dans les années 1970) puis les esplanades, créent des conditions de circulation et de sociabilité différentes.   Dans le retour récent de la rue-street , le rôle des politiques présidentielles a été essentiel. V. Giscard d’Estaing a mis un terme aux grands travaux et projets de Pompidou en faveur de l’automobile, notamment à la radiale Vercingétorix qui devait enjamber Paris.  Giscard D’Estaing mais aussi   Mitterrand, avec Jack Lang, ont développé une politique volontariste dans la redéfinition des usages de l’espace public notamment à l’occasion des fêtes.  Les Champs-Elysées « voie sacrée » deviennent un espace festif, en accueillant le Tour de France à partir de 1975 et autres les sportifs (joueurs de foot) ; les nuits blanches à partir de 2002, la fête de la musique le 21 juin font repenser le rapport jour/nuit.

       

      *Histoire de la rue, de l’Antiquité à nos jours, s.d Danielle Tartakowsky avec Joël Cornette, Emmanuel Fureix, Claude Gauvard, Catherine Saliou, éditions Tallandier, 2022

       

      Compte rendu de Micheline Huvet-Martinet, relu par Claude Gauvard et Danielle Tartakowsky    décembre 2023

    • sur Les centres militaires d’essais français au Sahara

      Publié: 16 December 2023, 2:37pm CET par r.a.

      Les trois principaux centres militaires d’essais, objets du présent article, étaient situés en Algérie et apportèrent à la France des possibilités très intéressantes pour développer et mettre au point, après la Seconde guerre mondiale, son expertise spatiale et nucléaire. Nous passons en revue ce que furent leurs activités qui, conformément aux accords d’Evian de 1962, furent arrêtées entre 1965 et 1967.

      Le Centre Interarmes d’Essais d’Engins Spatiaux (CIEES)

      Dès 1946, l’Etat-Major français avait compris la nécessité de faire évoluer la stratégie militaire en y incluant l’espace et l’atome. La conquête de l’espace passa par la construction de missiles initialement inspirés par les V1 et V2 allemands. Mais, en parallèle à ces travaux, on suscita fin 1947 des vocations (surtout au sein des régiments et écoles d’artillerie) pour constituer les premières sections appelées à aller servir trois ans, sans retour en métropole, à… (secret militaire) ? Ce fut à Colomb-Béchar.

      Cette ville était déjà correctement desservie par deux voies ferrées, une piste allant jusqu’à Kenadza (mine de charbon), une piste d’aviation en terre puis ensuite en béton pour les avions à réaction civils et militaires. Soit tout un ensemble propice aux exigences d’installation d’un centre militaire : éloignement, isolement, secret, facile à défendre.

      L’Etat-Major y a retenu 3 zones pour installer 3 champs de tir qui disposeront chacun, à terme, de leur terrain d’aviation : Béchar, pour les essais type V1 et Air-Air ; Ménouar, à 70 kilomètres au sud, pour les tirs de petites et moyennes fusées ; Hammaguir, à 120 kilomètres au sud, destiné aux gros engins.

      Les premiers tirs sont effectués fin 1948 à Béchar, où une première logistique de suivi des engins a été mise en place. Mais ces engins sur rampe sont encore mal maîtrisés et l’un d’eux explosera au décollage (1 mort, 1 blessé grave). Les conditions initiales de vie et de travail étaient dures et pas les meilleures pour développer ce nouvel aspect des armes françaises. Mais le CIEES eut la chance d’avoir pour chef le Colonel Michaux, homme très exigeant pour lui-même comme pour ses hommes. Il est vraiment celui qui a permis au CIEES de se construire et de « décoller ».

      A Ménouar, on testa des fusées à propergols liquides. Elles conduiront à la définition du 1er étage de la fusée Diamant, qui mit en orbite le 26 novembre 1965 le premier satellite français (Astérix A1).

      La base d’Hammaguir, opérationnelle en 1952, comprenait 4 aires de lancement : 2 pour les fusées sondes (type Véronique), 1 pour les missiles sol – air et 1 (Brigitte) pour les gros engins comme le 4200 (à propergols solides) d’une portée de 120 kilomètres ou le 4500 dont un vol, prématurément interrompu par une panne technique, causa dans son vol erratique une grande frayeur à des spectateurs qui n’avaient pas respecté les consignes de sécurité.

      Aire de lancement de la fusée Diamant

      Conformément aux accords d’Evian, les 3 bases de Colomb-Béchar furent transférées à l’Algérie en 1967, après 4 lancements réussis de la fusée Diamant entre 1965 et 1967. Le relai fut assuré par le CEL (Centre d’Essais des Landes) pour les engins militaires et Kourou, en Guyane, pour les lancements de satellites par les fusées Ariane.

      Le Centre saharien d’expérimentations militaires de Reggane (CSEM)

      Le 18 octobre 1945 le général de Gaulle avait créé le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA). La décision d’accéder au nucléaire militaire est prise le 5 décembre 1956. Le Groupe mixte des expérimentations nucléaires, présidé par le général Ailleret, choisit le 10 mai 1957 une zone de 108 000 km2 au sud-ouest de Reggane, qui est alors classée terrain militaire. Les raisons de ce choix ? « …l’absence totale, je dis bien totale, de vie animale ou végétale…Il apparaissait clairement que ce serait l’endroit idéal pour y faire des explosions nucléaires sans danger pour les voisins, puisqu’il n’y en avait pas…l’absence de vie était bien entendu l’élément essentiel en faveur du choix de ce site… ». Ces propos du général Ailleret prêtent aujourd’hui à sourire car nous savons tous que les nuages radioactifs ne restent pas stationnaires au-dessus du site d’explosion mais s’en vont quelque fois très loin !

      Les travaux d’aménagement commencent fin 1957. Le commandant du Centre et les familles civiles logeront à Reggane-Ville tandis que le base vie (Reggane-Plateau) rassemblera plus de 1 500 personnes (militaires des trois armes, civils du CEA, de la DAM, des entreprises de construction…ainsi que la main d’œuvre locale) (cf. note 1). Tous les services nécessaires y sont progressivement installés. Les transports aériens utilisent plusieurs aérodromes provisoires avant que le définitif, avec sa piste de 2 400 mètres, n’entre en service en mai 1958.

      Porte de l’Enfer

      Dès son retour aux affaires en 1958, le général de Gaulle assure une priorité absolue à l’entreprise en disant que la bombe atomique sera « un moyen politique de s’asseoir à la table des Grands ». La DAM (Division des Applications militaires) est créée le 12 septembre 1958.

      Pour les tirs, les postes de commandement de l’armée et du CEA sont installés à Hamoudia, à 45 km au sud-ouest de Reggane-Plateau. Le champ de tir lui-même se situe au sud d’Hamoudia. Le Point Zéro (PZ) en est à 16 km. C’est là que seront érigés les pylônes de 106 m, supports des engins expérimentaux. A 900 m du PZ, les caméras et instruments de mesure se trouvent dans un très grand blockhaus en béton. En complément, 9 points d’observation (M01 à M09) disposent d’instruments enterrés dans des caissons.

      En 1959, 4 avions Vautour sont transformés en version PP (prélèvement poussières) par adjonction sous l’aile gauche d’un bidon tronqué dont l’entrée comporte une tuyère de prélèvement, ouverte par le navigateur lorsque l’avion traverse le nuage de l’explosion. Ces avions ont été rendus étanches. Leur pressurisation, assurée normalement par prélèvement d’air au niveau des compresseurs des réacteurs l’est ici par emploi de bouteilles d’air comprimé, afin d’éviter toute entrée dans l’appareil d’air contaminé.

      En complément à ces 4 Vautour, un Mistral télécommandé effectue un travail similaire grâce à une tuyère fixée sous son aile droite. Au sol de nombreux dispositifs sont mis en place pour tester les effets souffle et chaleur des bombes. Après chaque tir, les avions PP ayant traversé le nuage subissent une décontamination totale par aspersion d’eau sous pression. Les équipages sont soumis à des douches abondantes.

      Les appareils et équipements tests passifs, après examen de leur état et de leur contamination, sont enterrés. Les essais suivants auront lieu à In Eker, qui fut préparé parallèlement à l’utilisation de Reggane. Le CSEM restera militairement occupé jusqu’en 1967, en vertu des accords d’Evian. Dans le cadre de mes fonctions à In Amguel, je me suis rendu plusieurs fois à Reggane en 1964. L’essentiel du dispositif était constitué par un détachement de la Légion (4ème REI). Il y avait aussi une compagnie de l’Infanterie légère d’Afrique (les Bat’d’Af), quelques éléments de l’armée de l’air pour le fonctionnement de l’aéroport et des services d’intendance.

      Le Centre d’expérimentations militaires des oasis à In Amguel (CEMO)

      Le CEMO prend la suite du CSEM. Sa création a été lancée en parallèle avec celle de Reggane, afin de remplacer les essais aériens, aux retombées très critiquables, par des essais souterrains a priori « inoffensifs », mais également pour éviter trop de problèmes politiques avec les pays voisins de l’Algérie, mécontents des risques liés aux essais aériens. La structure du CEMO est donc similaire à celle du CSEM et les problèmes à résoudre sont les mêmes : création d’un aérodrome, approvisionnement en eau et électricité, ravitaillement d’une population importante, etc.

      Le site retenu est le massif granitique Taourirt Tan Affela, situé à environ 180 km au nord de Tamanrasset, près de l’ancien bordj militaire d’In Eker.

      Vue aérienne du massif Taourirt Tan Affela

      La base vie principale est créée à quelques kilomètres au nord de l’oasis d’In Amguel. Elle n’abrite que des militaires, les civils (essentiellement du CEA et de la DAM) étant logés plus au nord, à proximité d’In Eker. Au total ce seront parfois près de 9 000 personnes qui seront présentes lors des expérimentations (2 500 militaires, 4 000 civils et 2 500 PLO). (cf. note 2)

      Le tableau ci-dessous situe les 13 essais souterrains réalisés à In Amguel.

      La bombe était déposée au fond d’une galerie en spirale de 800 à 2 000 m de longueur, apte à contenir la radioactivité résultant de l’explosion. Un seul essai (Béryl) fut défaillant : le 1er mai 1962 les bouchons de la galerie ne résistèrent pas au choc et un nuage radioactif se répandit en direction de la base vie, créant une grande panique et obligeant de très nombreuses personnes – dont le Ministre des Armées Pierre Messmer, présent ce jour là – à passer à la douche ! Cet incident entraina une surveillance accrue de la structure de la montagne et, avant un nouveau test, toute faille suspecte au-dessus de la galerie était cimentée par précaution.

      Schéma type d’une galerie

      Mais Béryl laissa aussi des traces au sol. Une zone dite contaminée fut délimitée. Elle était bien sûr interdite d’accès, sauf pour ceux qui, comme moi, y allaient régulièrement pour mesurer la radioactivité et éliminer les pierres radioactives que l’on pouvait y trouver.

      L’un des problèmes, pour les concepteurs, était de mesurer la puissance de la bombe. De nombreuses méthodes furent testées. L’analyse des ondes sismiques en fut une. Mais il y eut aussi la boucle du Professeur Rocard (Père de Michel Rocard) : une boucle de 1 km (?) de diamètre, posée à même le sol, où l’on mesurait le courant induit par la variation du champ magnétique terrestre après l’explosion.

      Les bases d’In Amguel et d’In Eker ont été fermées en 1965, lors du transfert des expérimentations dans le Pacifique. On dit que les matériels contaminés lors de la fuite Béryl ont été sommairement enterrés. Vrai ? faux ? je ne le sais pas. En 1969 le Sous-préfet de Tamanrasset m’a dit qu’il disposait d’une carte les localisant. Mais certains journalistes, encore aujourd’hui, se font régulièrement l’écho de demandes algériennes de réparations financières pour soigner des victimes locales, dont les dossiers n’ont jamais été présentés.

      Notes :

      (1) Cette main d’œuvre locale fut baptisée PLBT (Population laborieuse du Bas-Touat) en évocation, parait-il, de la contrepèterie sur les « Populations laborieuses du Cap ».

      (2) Après les PLBT de Reggane, on eut les PLO (Populations laborieuses des oasis) à In Amguel. Leur nom fut vite déformé et, à mon arrivée en 1964, j’entendis parler des Pélots et de leurs femmes les Pélotes. Je crus alors qu’ils venaient d’une tribu touarègue ainsi nommée.

      (3) L’auteur, Marcel Cassou, fut officier en 1964 à In Amguel au titre du CERAM (Centre d’Etudes et de Recherches Atomiques Militaires), avec supervision de certaines installations de Reggane. En 1965 et 1966 il participa à plusieurs campagnes de tirs à Hammaguir (missiles de la force de frappe).

      Bibliographie : de nombreux documents sont disponibles sur internet. Soulignons l’apport du rapport d’Yvon Chauchard sur le CIESS (1948-54) et des diaporamas de Pierre Jarrige sur le CSEM et le CEMO.

      Toutes les illustrations sont publiées avec l’aimable autorisation de Pierre Jarrige. Elles sont extraites de ses diaporamas sur l’armée française en Algérie.

      Marcel Cassou, décembre 2023 (cf. note 3)

    • sur Les Cafés géo ont 25 ans.Rendez-vous dans 25 ans. En 2048.

      Publié: 12 December 2023, 1:58pm CET par r.a.

      Utopie ? Dystopie ? Difficile de choisir pour imaginer ce que nous pourrions être dans un quart de siècle. Car en 1998, nous n’aurions pas imaginé les centaines de Cafés géo qui se sont réunis à Paris et ailleurs. Nous n’aurions pas imaginé les voyages, poussés par la curiosité de quelques-uns d’entre nous, des voyages-cultes notamment sur une… des très antiques Routes de la Soie.

      Nous n’aurions pas pensé qu’ils se seraient installés dans le paysage des géographes, lorsqu’on veut débattre, se retrouver, se confronter, diffuser des savoirs. Les cafés tels que nous les pratiquons sont nés au 18e siècle. Jean-Sébastien Bach y écrivit et y jouait une Cantate du café dans le célèbre Café Zimmermann de Leipzig. Un siècle plus tard, le géographe allemand Frédéric Ratzel a pu imaginer que ces cafés pourraient aider les jeunes géographes à penser leur métier. Cent ans plus tard, l’idée germe en France lors d’un festival de géographie autour des bières allemandes, à Saint-Dié, là où des cosmographes inventèrent l’Amérique cartographiée pour la première fois au 16e siècle.

      Du « 1507 », bar historique de la Déodatie, ils migrent sur l’ancien forum romain de Lutèce, rue Soufflot en 1998 et s’installent sur Internet. Deux ans plus tard, les voici sur la place de la Sorbonne, au pied d’une chapelle baroque, où ils se mêlent aux touristes de l’Europe du Nord qui les chassent à l’heure du dîner. D’où la migration au Flore, ronflante adresse où l’on croisait encore à l’époque de célèbres grands couturiers, des stars du cinéma et de l’art, parce que cet antre des philosophes existentialistes offrait une belle salle dédiée aux débats à l’étage.

      De là, est né place de la Bastille, un café dédié à la géopolitique, qui, à son tour a migré dans le Marais. Des dizaines d’autres ont campé à Lyon sur la grande place louis-quatorzienne, à Metz, Annecy, Toulouse, Albi, Rouen, Reims, Lille, Orléans, Tours, Besançon, Clermont-Ferrand, Bordeaux, Chambéry, Pau, Bruxelles, Genève, Liège, Montréal, etc. et se sont tenu occasionnellement lors de rencontres de géographes à Washington, Mexico, San Paulo, Kyoto, Moscou, Le Cap, Abu Dhabi, Istanbul, Bologne, Lausanne, Varsovie… Les voici devenus Cafés « histoire » dans le quartier populaire de la très chic ville de Sceaux. Comme les hirondelles sur le fil, ils apparaissent, disparaissent, réapparaîtront sous d’autres formes en Afrique, en Océanie, au Groenland ou à la Réunion. Et qui ont-ils invité » ? Reclus plus que Vidal, et ils ont redécouvert la physique de la Terre avec Humboldt, adoré Lacoste et ses élèves.

      A Paris, l’écran a changé le Café qui a pu reprendre une forme doctorale. Sur les tables, la bière, l’eau minérale ou le vin ont été souvent préférés à la boisson noire. Les étudiants se sont serré la ceinture pour grimper sur l’addition mais ont pu se régaler à écouter un vieux ponte ou telle chercheuse sur des sujets parfois haut perchés…

      Demain ? On dit déjà que les écrans vont bientôt être remplacés par des implants oculaires bioniques. D’exocentriques, ils deviendront égocentriques. Ce qui est sûr : notre interprétation du monde se renouvelant à chaque génération, ils vont nous surprendre. On traque les dominations, les violences, les inégalités au fur et à mesure qu’elles augmentent, changent de forme, deviennent plus subtiles.

      En 2048, les Cafés géo ont 50 ans. Ils ont de nouvelles interfaces rétiniennes et neuronales, comme on visite une exposition avec le regard de quelqu’un d’autre, on peut voir, en archive, Delphine Papin imaginer la dernière carte de la guerre israélo-arabe qui s’est achevée le 14 mai 2048, centenaire de la création de l’Etat hébreu. On remonte, en séance virtuelle, sur le Haut-Karabakh avec Henry Jacolin dont ChatGPT aura reconstitué la voix pour comparer la situation qu’il a évoquée en 2023, vingt-cinq ans plus tôt.

      A moins que le changement climatique ruine la planète par des températures dignes du Rub al-Khali saoudien, qu’El Niño ait desséché l’Amazonie, accéléré la fonte des glaciers himalayens dont l’eau manque dans les fleuves asiatiques… Rien de tout cela est vrai comme il était impensable à la Révolution que les femmes ne meurent plus en couche, que les humains ont des robots qui les dispensent d’apprendre les langues étrangères et qu’ils peuvent désormais se nourrir sans agriculture. Mais, pour l’instant, on n’a pas montré qu’ils pourraient se passer de géographie. Alors ? Les Cafés géo sont toujours là pour peu qu’ils sachent dépasser les folies de leur jeunesse qui s’achève aujourd’hui.

      Gilles Fumey, 2 décembre 2023